Bonjour à tous. Je m'appelle Stuart. J'ai 22 ans, je suis en dernière année, ici, à l'Université Drake, et j'aime la pizza. Je suis né dans l'Illinois. Mon copain est né en Inde. Il vit en Ohio. Je vis ici en Iowa. J'aime les gâteaux d'anniversaire. Quoi d'autre ? Oh, un jour, je veux jouer à Broadway. Et je veux des enfants. À présent, quelle information est plus importante ? C'est une question un peu ridicule, non ? Je veux dire, chacun a des rêves à réaliser, On naît tous à un endroit, on vit tous à un endroit, on peut tous manger ce que l'on veut, on a tous des rêves. Mais je n'ai pas tous ces rêves, du moins, je ne peux pas tous les réaliser à 100 %, et c'est à cause d'une des choses dont j'ai parlé. C'est parce que je suis homosexuel. Je sais, certains d'entre vous pensent : « Oh non, Stuart, tu es tellement à l'aise avec ta sexualité ! Tu as plein d'amis, tu as tellement de soutien ! Tu n'as pas à t'inquiéter. » Oui, je m'inquiète. J'ai révélé mon homosexualité à 16 ans, j'étais en seconde au lycée, je l'ai dit à ma mère, je l'ai dit à mes deux grandes sœurs, et je l'ai dit à quelques amis proches, puis j'en ai eu vraiment assez, j'en ai eu vraiment assez de me cacher, de m'inquiéter, d'être embarrassé, timide, discret et d'autres choses que je ne suis clairement pas. J'ai donc fait ce que tout ado en crise au début des années 2010 aurait fait, j'ai posté sur Facebook : « Je suis homosexuel, et alors ? » (Rires) Bon, un peu après cela, j'étais en seconde au lycée et je suis allé à une retraite religieuse organisée à mon école. Et nous avons fait un exercice où nous étions d'un côté de la salle, et ça ressemblait à « Allez en face si vous avez déjà été harcelé. » « Maintenant, allez en face si vous vous êtes déjà senti gêné. » Tout le monde bouge - « Allez en face si vous avez déjà été déprimé. » « Si vous avez déjà perdu un être cher, allez en face. » Allées et venues. Après cela, nous avons tous parlé et partagé nos idées au cours d'un forum, et notre conseiller d'orientation a dit : « Quelqu'un a-t-il quelque chose à dire pour vider son sac ou à partager avec le groupe ? » Et j'ai fait ce que je fais là. Je me suis levé face à la moitié de ma classe de seconde, à quelques premières qui géraient la retraite, et à quelques étudiants qui les assistaient, mes genoux tremblaient, et j'ai dit à tout le monde au micro : « Je suis homosexuel, je suis un homme homosexuel. Je suis toujours moi, je suis toujours Stuart, ma famille me soutient, mes amis sont très gentils, et c'est tout. » Applaudissements immédiats. Et c'est ce qui m'a choqué, j'ai trouvé cette réaction très étrange. Je vais vous expliquer pourquoi. Je ne vous ai pas encore tout dit sur mon lycée. J'étais dans un lycée privé catholique pour garçons de 550 élèves, pas dans ma classe mais dans l'école entière, géré par des moines bénédictins qui vivaient dans une abbaye du campus. Oh, et comme 80 % des étudiants, je suivais la formation militaire JRTOC. J'ai eu des applaudissements immédiats. Ils avaient l'air de tant me soutenir ! Des gens qui ne me parlaient même pas au lycée m'ont dit : « Je suis là pour toi. Dis-moi si tu as besoin de quelque chose. » Ce genre de réaction était génial, et j'aimerais que le reste du monde ait ce type de réaction. Prenez mon exemple : quand j'aurai mon diplôme, je vais intégrer le monde du théâtre, mais pendant les périodes d'inactivité, je prévois de vivre en Ohio avec mon petit ami. Et là, il y a deux problèmes. J'aurais besoin d'un emploi à temps partiel, peut-être intérimaire, en attendant mon prochain grand rôle. Dans 22 États et dans quelques comtés, je suis protégé, mais dans 17, il est parfaitement légal de me licencier car je suis homosexuel. Parfaitement légal. Aucune loi au niveau fédéral ne dit que je suis protégé contre les discriminations au travail. La loi dit : « foi, race, couleur, âge, sexe, handicap. » Il n'y a rien sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre là-dedans. Cela dépend des États. Mon État d'origine, l'Illinois, Dieu merci, l'a spécifié. Certains ne l'ont pas fait, et le gouvernement n'a rien dit à ce propos. Mon second problème est qu'il n'y a aucune garantie fédérale que je puisse me loger. Je peux aller demander un bail de location dans un immeuble et le propriétaire peut me regarder en face et me dire : « Je ne veux pas de pédés dans mon immeuble. » Et c'est autorisé. Aucune loi fédérale ne l'interdit. À présent, 22 États ont mis en place des protections contre cela, des villes et des comtés aussi, mais rien au niveau du pays entier. Rien n'a encore été déclaré à ce sujet. Et ce type de problèmes va plus loin que le logement ou la vie professionnelle. La FDA interdit l'utilisation de mon sang, de mes organes et de mes tissus. Je suis homosexuel. Je suis aussi O négatif. Je suis donneur universel, je peux donner à tous. Si l'un de vous avait besoin en ce moment d'une transfusion sanguine, je pourrais vous donner mon sang, votre corps le recevrait. Je peux donner mon sang à tout le monde. Le FDA interdit aux hommes qui ont eu des relations homosexuelles dans l'année de donner leur sang, leurs tissus ou leurs organes. Même si je suis sexuellement actif, que j'ai une relation monogame avec mon petit ami, et que je passe des examens de santé tous les six mois, qui reviennent toujours avec des résultats négatifs, le gouvernement et la FDA n'ont pas vraiment dit que j'étais quelqu'un de sain par crainte du SIDA ou d'autres MST diffusées au sein de la communauté LGBT. Ces problèmes vont bien plus loin qu'on ne le pense. Six États et le district de Colombia interdisent les thérapies de conversion, quelques villes et comtés aussi. Elles sont interdites dans six États, six. On parle juste de thérapies de conversion pour mineurs. Rien n'est spécifié en ce qui concerne les personnes de plus de 18 ans. Passé cet âge, il n'y a plus de règle. Les problèmes concernent aussi le logement, le travail, l'interdiction de la FDA, les thérapies de conversions. Finalement, la loi que je préfère est celle sur la restauration de la liberté religieuse du Michigan, dont l'adoption est maintenant débattue dans l'État du Michigan. Elle a été examinée à la loupe, a fait l'objet de reportages, et elle prévoit qu'un secouriste, un membre du SAMU et un ambulancier, ou toute personne travaillant à l'arrière d'une ambulance peuvent refuser de m'aider, si c'est leur choix. Si j'ai un accident de voiture, que je tombe d'une fenêtre, que je suis agressé dans la rue et qu'une ambulance est appelée, ils peuvent aisément dire : « Je désapprouve votre manière de vivre. Je ne veux pas vous aider », ce qui met ma vie en danger. Ils ne peuvent pas faire leur travail et sauver une vie, s'ils n'ont pas envie, simplement à cause de mes choix amoureux. Mon autre loi préférée est la panique homosexuelle, une défense juridique qui a été interdite en Californie seulement, je crois. Elle déclare que, si quelqu'un agresse, blesse, tue, touche par balle une personne homosexuelle ou transgenre, et dit : « Oh, c'était dans un moment de panique. C'était de la pure panique car ils sont homosexuels ou transgenres », dans ce tribunal, cette personne peut être protégée. Et seul un État interdit cette loi. Il en va de même pour les crimes haineux : il n'y a toujours qu'une fraction d'États qui incluent l'identité sexuelle dans les lois contre les crimes haineux, et encore moins d'États qui y incluent l'identité de genre. Et cette peur est vraiment réelle en Amérique, je le sais, je l'ai personnellement ressentie. Un week-end, l'an passé, lors de mon dernier semestre de troisième année, il me semble, mon petit ami est venu me voir à Des Moines. Je suis allée à une fête du théâtre, puis je comptais le rejoindre au centre-ville de Des Moines, pour aller dans des bars. J'y suis donc allé, je l'ai retrouvé. Nous sommes allés dans un bar gay du coin. Nous nous sommes bien amusés, dansant et riant avec nos amis, nous étions très à l'aise. Nous nous sentions comme à la maison et en sécurité. Nous avons ensuite décidé d'aller chez Fong's Pizza, car ils ferment tard et que c'est vraiment très bon. Nous avons décidé d'y aller à pied. Nous marchions sur Court Avenue en direction du pont, et mon petit ami me tenait la main, j'étais ravi, vous savez. C'est un signe d'affection, j'étais amoureux, j'étais très heureux. J'ai bu quelques verres, j'étais surexcité, je tenais sa main et c'était super. Et des ouvriers du bâtiment sont venus vers nous, ils se rapprochaient de plus en plus et je n'arrêtais pas de penser : « Oh non. Que va-t-il se passer ? Vont-ils nous dire quelque chose ? » Je m'attendais à des remarques, ou à ce qu'on me crache dessus, Je m'attendais à des insultes, je m'attendais à tout. Quelque chose allait arriver. J'ai dû songer : « Vais-je leur rétorquer quelque chose ? Ou vais-je juste continuer à marcher et ne rien dire ? Ou, cela fait-il de moi un lâche ? Vais-je lâcher la main de mon copain ? » Nous nous approchions de plus en plus, j'étais devenu très inquiet et je continuais à marcher tout droit. Soudain, l'un des ouvriers s'est retourné, il nous a regardés, puis il a dit : « Vous formez un très beau couple tous les deux. - Oh, merci. » (Petits rires) Vous voyez, nous avions été remarqués, nous nous étions affirmés, et nous avions été acceptés par deux parfaits étrangers qui, je suis sûr, écoutaient de la country en rentrant chez eux. J'étais vraiment inquiet, et eux étaient totalement normaux. Cela s'est même reproduit plus loin sur le chemin. Nous sommes arrivés au cœur de Court Avenue, au moment où les clients qui font la fermeture des bars partent et affluent dans les rues. Ils essayaient tous d'appeler des taxis, de rentrer chez eux. Et il suffit d'une personne qui a bu un verre de trop, ou d'un homme qui passe la soirée avec ses potes et qui veut impressionner quelqu'un - et je me disais : « Passer par ce lieu va être dangereux pour nous », nous nous tenions toujours la main, c'était bien, mais je ne savais pas si tout le monde allait être du même avis que les ouvriers du bâtiment. Nous marchions, encore et encore, commençant à nous inquiéter, j'évitais les gens, et puis, une fille s'est tournée et nous a lancé : « Vous êtes trop mignons tous les deux ! - Merci ! » (Rires) Nous nous étions encore affirmés, faits remarquer, nous avions été tellement acceptés, et ça me rend si heureux. Et puis j'ai pensé, vous savez, je me disais : « Waouh, je vis à cette époque qui est censée être si bien pour les personnes LGBT du monde entier. Nous sommes censés pouvoir regagner nos jolies petites maisons, y rester, manger un bon dîner, regarder RuPaul's Drag Race, jusqu'au matin suivant, où un brunch nous attend. » (Petits rires) Ce n'est pas vrai ! Nous vivons toujours à une époque où les personnes LGBT ne bénéficient pas pleinement de leurs droits. En 2015, j'étais fou de joie à la légalisation du mariage homosexuel. J'étais hystérique, et tout cela grâce à l'immense travail d'Edith Windsor. Elle a épousé sa femme Thea Spyer au Canada, et elles sont revenues à New York, leur État d'origine. Elles ont vécu ensemble, et elles pouvaient être mariées en toute légalité à New York à cette époque. Lorsque Thea est décédée, Edith a tenté de réclamer sa succession comme les couples américains traditionnels mais en l'absence de garantie fédérale pour reconnaître et rendre leur mariage légal, elle a dû payer plus de 353 000 $ de droits fédéraux de succession. Une fois cela fait, elle est ensuite allée en justice et elle a intenté un procès aux États-Unis à cause de cette injustice. Elle a finalement gagné, et c'est en 2015 que le mariage homosexuel est légalisé. Le monde entier est devenu fou, puis il est devenu silencieux. Tout le monde pensait : « Vous pouvez vous marier maintenant. C'est bon, non ? Vous avez tous les avantages. J'imagine que vous pouvez même avoir les avantages du travail du conjoint. Je ne sais pas, vous êtes bons ! » Non, ce n'est toujours pas terminé. Je peux encore être viré de chez moi ou de mon travail, je peux encore être harcelé dans la rue sans pouvoir poursuivre mes agresseurs car cet État ne me reconnaît pas comme victime d'un crime haineux. Plein de droits sont encore bafoués aux États-Unis. Remarquez que je suis ici en tant qu'homme cisgenre, très à l'aise de m'identifier comme un homme. Il y a encore plus d'injustices au sein même de la communauté trans. Au sein même de la communauté des gens de couleur, il y a encore plus d'injustices. Cette communauté doit encore se battre, cette discussion n'est pas finie. 2015 était une belle année, nous avons obtenu le droit au mariage nous avons eu ce dont nous avions besoin, et ce n'était pas une fin en soi ; cela marquait le commencement. Depuis les débuts jusqu'à Stonewall, j'en suis. Nous devons continuer à lutter, et j'espère qu'à notre marche des fiertés, nous aurons des alliés et des amis, comme vous tous, pour marcher à nos côtés. Merci. (Applaudissements)