Nourrir les aspirations spirituelles et l'harmonie communautaire : Frère Phap Luu (cloche) (cloche) (cloche) Cher Thay respecté, chère Noble Communauté, aujourd'hui , nous sommes le 13 octobre 2019, et nous sommes dans le hameau du Bas Aujourd'hui, nous sommes dans la 5ème semaine de la Retraite des Pluies. Le temps passe très vite quand nous pratiquons et demeurons avec la communauté. J'espère que nous tous, monastiques et amis ayant commencé le voyage de 90 jours avons été capables de revenir au corps et à la respiration, et dans la communauté. Dans juste 4 jours, la Sangha va accueillir au Village des Pruniers onze nouveaux monastiques. Et au Monastère de Deer Park, quatre aspirants vont également être ordonnés en même temps que la Famille Gingko. Ainsi nous serons quinze en tout, quinze nouveaux arbres Gingko dans la famille "marron". Et quand nous sommes ordonnés en tant que groupe, au Village des Pruniers nous nous appelons "Famille". C'est pour aider les individus à se soutenir mutuellement, aussi bien que se voir et s'entrainer à se voir comme frères et soeurs de la même famille spirituelle. Et notre tradition, c'est de donner le nom d'un arbre à chaque Famille. Historiquement, au début, on donnait des noms d'animaux comme la Famille Poissons, la Famille Oiseaux. Mais ce qui s'est passé, c'est que les animaux se sont envolés, ils se sont envolés de la communauté. Alors Thay a dit "OK, donnons-leur des noms d'arbres" afin que les familles puissent s'enraciner dans la Sangha, prendre racine dans la pratique et prendre racine dans la nourriture que nous pouvons recevoir de la communauté. Et en tant que membre qui s'engage dans la communauté monastique vous ne faites pas seulement ça pour vous . Tous, vous portez avec vous l'héritage de toute votre lignée d'ancêtres. Ainsi, quand vous devenez moine ou moniale, vos parents, vos frères et soeurs, vos ancêtres peuvent aussi avoir l'opportunité de vivre une vie de spiritualité. Quand nous pratiquons le toucher de la terre, nous ne nous inclinons pas en tant qu'individu. Quand nous touchons la terre profondément, nous pouvons constater que tous nos ancêtres touchent la terre avec nous, en contact avec les merveilles de la vie, en contact avec la gratitude. Quand nous devenons aspirants puis monastiques, nous le faisons aussi dans cet esprit En tant qu'individu, vous portez aussi toute la collectivité, le corps collectif. Et votre chemin pour devenir un monastique n'est pas un chemin séparé. Je suis sûr que vous pouvez réfléchir à toutes les conditions qui vous ont soutenus pour avoir cette aspiration et aussi pour faire ce pas courageux vers la volonté d'apprendre à lâcher toutes les souffrances. Quand j'étais un jeune aspirant dans la communauté avant d'être accepté, j'ai demandé à l'un des moines : "Tu penses que je peux faire cela ? Tu penses que je peux être moine ?" Je n'avais que 13 ans à ce moment là. Je ne sais pas pourquoi je voulais rejoindre cette fière famille "marron", mais la vocation était vraiment forte ! C'était comme si je ne pouvais pas le faire, je ne serais pas capable de respirer avec légèreté. Et j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir interroger l'un des frères les plus âgés de la communauté. Et quand je lui ai dit :"Tu penses que je peux le faire?" il m'a dit "Tant que tu aspireras à aider tous les êtres. Il a dit, si tu peux vérifier dans ton aspiration et dans ton coeur que très profondément en toi tu as cette aspiration alors, je peux te voir devenir moine" Il a dit : "s'amuser n'est pas suffisant, s'amuser n'est pas suffisant - parce que j'étais très jeune et pour moi, s'amuser était très important - Et dans la communauté du Village des Pruniers, on s'amuse beaucoup. Mais le fondement de notre aspiration doit venir d'une source très profonde, pour pouvoir continuer à garder le feu vivant en nous. Dans le 1er mois de notre Retraite des Pluies, nous avons réfléchi à comment garder le feu vivant en nous. Ce que nous appelons l'esprit du débutant ou le bodhicita. Et pour tous ceux qui n'aspirent pas à devenir monastiques mais aspirent juste à pratiquer la pleine conscience il s'agit aussi de feu. Parce que quand nous pratiquons l'art de vivre en pleine conscience, nous voyons soudain que nous devons changer notre manière d'être dans la vie de tous les jours. Car la pleine conscience est le prisme qui nous donne la clarté, La pleine conscience nous permet de voir notre météo intérieure plus clairement. Elle nous permet aussi d'être en lien avec la météo des autres autour de nous, et savoir comment être une fondation solide, un soutien. Elle nous apprend à embrasser ce qui vient. Quand des souffrances se manifestent nous devons inviter le pleine conscience nous devons appeler l'énergie de la pleine conscience pour les reconnaitre, les embrasser et les appeler par leurs vrais noms. Et nous pouvons seulement reconnaitre tout cela quand nous habitons le moment présent, quand nous touchons le premier fruit, la première demeure du Village des Pruniers. Je suis arrivé, je suis chez moi. Je suis arrivé, je suis chez moi, ce n'est pas dans cette maison ou ce bâtiment. Je suis arrivé, c'est arriver dans ce moment, je suis chez moi dans ce moment présent. C'est si simple, mais c'est la pratique de toute une vie. C'est quelque chose que chacun d'entre nous, que nous soyons monastique ou non nous devons nourrir chaque jour, la pratique de revenir au moment présent. Si nous pouvons toucher le moment présent, dans l'ici maintenant, alors nous sommes capables de toucher ce qui se passe dans l'ici maintenant. Et en tant que pratiquant notre demeure s'enrichira chaque jour tant que nous nous investirons dans le travail dans l'intention, la détermination et la pratique. Quand nous rejoignons la famille des moines et des moniales nous ne la rejoignons pas seulement pour nous-mêmes et nous ne nourrissons pas que nos aspirations spirituelles, nous nourrissons aussi tous les frères et soeurs, tous les enseignants qui ont été ici avant nous. Et une ordination, c'est comme une naissance mais c'est aussi une continuation. Nous voyons de nouveaux monastiques se manifester et en même temps, nous voyons le futur. Nous voyons le futur en vous. Chacun d'entre vous, vous allez devenir une partie de cette rivière. Et si vous habitez, prenez refuge et arrivez à cette rivière, vous allez aider cette rivière à avancer, couler vers un océan plus grand. Et ce feu et cette aspiration que vous avez est une partie de notre bodhicita. C'est très puissant. Ne sous estimez jamais votre aspiration à la pleine conscience et votre aspiration à aider tous les êtres vivants, c'est le carburant qui va nous soutenir dans les moments où nous nous sentirons découragés ou perdus. C'est quelque chose que nous devons toucher chaque jour. Et nous avons beaucoup de chance qu'en tant que monastique dans la tradition du Village des Pruniers nous avons un environnement très favorable, nous avons des moines et des moniales à nos côtés, nous avons des amis qui viennent tout au long de l'année pour nous rappeler pourquoi nous sommes monastiques, pourquoi nous cultivons la pratique chaque jour. Nous devons aussi comprendre et voir les fruits de notre pratique. Et pour voir les fruits de notre pratique, nous n'avons pas à attendre d'être moine ou moniale 10 ans, 20 ans. Nous pouvons voir ces fruits juste ici et maintenant. Thay nous apprend habituellement, en tant que nonne moine et moniale, qu'un jeune novice qui fait un pas vers la pleine conscience avec fraicheur c'est un encouragement pour nous tous et c'est un soutien pour la communauté. Votre sourire, votre manière de saluer, votre fraicheur, votre esprit du débutant c'est ce qui nous aide... Je suis encore jeune mais aider les + âgés, retrouver la fraîcheur et aussi se souvenir où et comment nous avons débuté, comment nous avons débuté, et l'engagement que nous avons pris en tant que famille spirituelle, surtout la famille Gingko quand nous avons été ordonnés ensemble, c'est un lien, c'est un réseau qui sera gravé profondément dans votre être. Et cette fraternité et sororité, va aussi vous soutenir. Et c'est aussi le lien qui réunit tous les frères et les soeurs dans notre communauté. Aujourd'hui, je veux partager avec vous l'art de vivre heureux dans la famille monastique et dans la famille du Village des Pruniers. Nous devons reconnaitre la lignée dont nous faisons partie. Nous avons une histoire très riche, une lignée très riche qui retourne à une tradition récente. Quand nous portons le vêtement du moine ou de la moniale, nous représentons les 3 joyaux. Aussi quand nous représentons les 3 joyaux, c'est la pratique de la pleine conscience. Nous devons savoir comment marcher comment s'asseoir, comment respirer, comment partager, comment écouter dans l'esprit des 3 joyaux. Nous ne cherchons pas la perfection. Nous ne nous attendons pas à ce que vous soyez parfait tout de suite. En tant que communauté de monastiques nous sommes aussi des êtres humains. Quelquefois il y a un poids qui pèse sur nous et nous aspirons à être parfait dès le départ, dès le début Et nous n'acceptons pas nos propres imperfections. C'est un état d'esprit qu'il est très facile d'avoir surtout quand nous venons juste de commencer. Tous ceux d'entre nous qui venons juste de commencer la pratique nous touchons l'énergie collective, la pleine conscience et nous voulons être parfaits immédiatement, et nous voulons être super conscients, nous voulons être un bouddha tout de suite. C'est bien de vouloir être un bouddha, mais n'espérez pas en être un tout de suite. Ayez cette aspiration, mais gardez la en vous. Et quand nous essayons trop quand nous nous forçons trop c'est comme si nous forcions notre énergie trop fortement et peut être que notre corps spirituel, notre pratique spirituelle n'est pas encore prête. Et cela peut nous rendre très tendu et très fatigué. Aussi, le secret c' est d'apprendre à devenir flexible apprendre à devenir flexible avec soi-même. Et quand vous êtes souple avec vous même, vous êtes également souple avec la communauté, avec vos frères et soeurs. Vous pouvez aussi arriver avec l'idée que vous, grands frères et grandes soeurs, êtes parfaits. Là je souris mais je peux aussi être très en colère, et c'est un fait. Et si nous sommes pouvons être conscients que nos frères et soeurs plus âgés doivent aussi prendre soin de leurs souffrances et les transformer, pas dans le moment présent mais depuis de nombreuses générations avant eux parce que nous apprenons que les habitudes que nous avons nous ont aussi été transmises par nos parents aussi bien que par la société dont nous faisons partie. Nous sommes influencés par de nombreuses sources Et en tant que pratiquants, nous apprenons à reconnaitre ce que sont ces habitudes Et quelquefois il arrive que nous voyions l'habitude mais que nous ne soyons pas encore assez fort pour la transformer. Donc souvenez vous de ça : vous pouvez reconnaitre l'habitude mais vous pouvez ne pas être suffisamment mûr pour transformer cette habitude. Mais déjà reconnaitre l'habitude et en prendre soin, en pleine conscience c'est le processus de la transformation. Et donc quand nous voyons le côté humain et les habitudes de nos frères et soeurs, nous avons plus de compréhension et avoir la compréhension, ça fait partie de la carrière d'un moine et d'une moniale. Ca continue à renforcer notre compréhension. La pleine conscience la concentration et la pénétration sont les 3 entrainements que nous porterons tant que nous serons des pratiquants, que nous soyons novice," bikchou" ou enseignant du dharma un simple membre un ami qui a pris les 5 entrainements. Ou ceux d'entre nous qui aspirent juste à apprendre et introduire la pratique dans notre vie de tous les jours. Et la compréhension engendrée par la connaissance née de la pratique. Et en vivant dans la communauté, nous apprenons à reconnaitre nos propres habitudes. Vous savez que nous venons d'univers différents. Et c'est incroyable, c'est incroyable de voir que déjà tant de frères et soeurs vivent en harmonie. Bien sûr nous avons les 6 lignes de conduite, les 6 harmonies que nous appliquons, mais chacun d'entre nous devons aussi avoir la compréhension du coeur, afin de lâcher et d'accepter... En tant que moine, je dirais que ma plus importante pratique c'est l'acceptation, accepter la situation, accepter les défauts aussi bien qu'accepter la bonté de la communauté. Quant nous apprenons à accepter, nous apprenons à devenir une partie de... Si nous habitons dans la communauté mais que nous jugeons entre la droite et la gauche, si nous disons "Ah ça c'est bien, aussi je fais partie de ça" "ça c'est laid, ça s'est mal, je ne veux pas en faire partie". Aussi nos racines ont des limites, si nous créons de nombreuses barrières, des murs, autour de notre propre communauté. Aussi reconnaitre quand ce sentiment arrive, c'est aussi pratiquer. Je me souviens d'une fois où Thay a partagé très clairement qu'il n'y a pas de sangha parfaite. Et si nous recherchons une sangha parfaite, nous pourrions bien ne jamais la trouver. La pratique c'est de voir que la sangha est suffisamment bonne, est suffisamment bonne. Quand nous chantons en l'honneur des 3 joyaux louant les joyaux de la Sangha les vers sont très beaux. Ca va comme ça "les joyaux de la Sangha sont infiniment précieux un champ de mérites où de bonnes graines peuvent être plantées. Les trois robes et notre bol de mendiant sont les symboles de la liberté. Les préceptes, la concentration et la connaissance nous sont un soutien mutuel. La sangha habite la pleine conscience jour et nuit, nous apportant la base pour réaliser le fruit de la méditation" Chaque fois que je chante ce verset, ça vient toucher les graines de gratitude en moi. Parce que je reconnais que la Sangha est le champ où de nombreuses bonnes graines ont été arrosées en moi, des graines dont je ne savais pas qu'elles étaient là, des talents dont je ne savais pas qu'ils étaient là, et aussi, dans ce champ de mérites, le champ de la communauté, la communauté m'aide à reconnait ces pousses qui se manifestent un peu partout. Et dans ce champ, la communauté m'a donné des outils pour desherber, couper, rafraichir mon jardin chaque jour et permettre à ces merveilleuses graines de bonté de se manifester plus souvent dans notre vie de tous les jours. Aussi cette nourriture est présente, mais nous devons aussi être présents pour ce champ. Quand nous apprenons à prendre soin de nous, nous apprenons aussi à prendre soin de ce jardin, ce champ, le champ de la Sangha où de bonnes graines peuvent être plantées. En tant que monastique, notre essence - que nous nourrissons chaque jour - c'est l'humilité et la simplicité. L'humilité nous permet de nous souvenir combien nous avons de la chance d'avoir tout ce soutien sur le chemin du moine et de la moniale. Dans l'un des versets que j'ai appris en tant que moine, et je pense que beaucoup d'entre nous l'ont aussi appris, il est dit "aussi longtemps que nous porterons la chemise du Tathagata nous n'avons pas à nous inquiéter de la faim, la chemise du Tathagata, du bouddha. Parce que tant que nous savons que nous sommes sur le bon chemin, nous aurons le soutien approprié pour nous permettre de suivre ce chemin". Et qu'est ce que cela signifie ? ça signifie que nous ne pouvons pas tenir cela pour acquis, nous ne pouvons pas penser que le soutien qui nous a été donné est acquis. Tous nos amis laïcs présents dans cette salle de méditation et dans le monde, les nombreuses Sanghas qui ont été créées elles sont aussi sont le support de la communauté monastique. Et chaque fois que nous les voyons dans notre communauté nous devons être en contact avec notre gratitude pour leur amitié, et leur soutien et pratiques inspirantes Cela nous permet de toucher la pratique de non-moi dans la communauté. Parfois en tant que moine et moniale, nous devons aussi nous souvenir de ça avec gratitude, pour toucher et revenir à la terre et non partir dans les nuages. Ces derniers jours, j'ai travaillé avec une équipe merveilleuse qui s'appelle la TNH Fondation : Thich Nhat Hanh Fondation qui a aidé les centres de pratique aux Etats Unis pour que tous nos amis soutiennent la communauté monastique et soutiennent l'héritage que nos professeurs nous ont transmis. Et quand j'écoute les partages et j'écoute les histoires racontant comment la pratique a touché beaucoup d'amis leur inspirant de continuer et aussi de prendre refuge dans la communauté. Cela renforce et solidifie mon aspiration et cela solidifie mes aspirations de bodhicita. Cela m'inspire Cela me rappelle pourquoi je pratique pourquoi je médite, pourquoi je suis moine. Et quand nous pouvons être en contact avec ça être en contact avec notre profonde gratitude cela nourrit beaucoup c'est une source de nourriture pour vos aspirations. Et le Village des Pruniers, uniquement, c'est aussi la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous ne devenons pas moine ou moniale juste pour nous-mêmes. Nous devenons moine et moniale pour aider tous les êtres vivants. Et l'être vivant que nous connaissons qui peut aider de nombreux êtres vivants c'est l'être humain ! Et il est donc important pour nous d'être en contact avec tous les amis laïcs qui viennent dans notre communauté, d'écouter leurs partages, apprendre comment la pratique a touché leur coeur. Et voir aussi comment nous pouvons les soutenir. Parce que c'est aussi la nourriture dont nous avons besoin en tant que monastique. C'est une nourriture dont la communauté a besoin. Aussi si vous êtes devenu moine dans la tradition du Village des Pruniers, pour rester assis dans la forêt toute la journée vous avez peut être choisi le mauvais monastère. C'est une partie de notre service, c'est une partie de notre apprentissage, une partie de notre vie. Et je sens, et je pense qu'il est très important pour nous, nouveaux monastiques comme anciens monastiques, de se souvenir de ça. Et cela vient aussi des aspirations de nos professeurs. Thay a commencé enfant qui a grandi parmi les conflits et la guerre qui faisaient rage dans le pays. Et autour de ce jeune enfant il y avait beaucoup de desespoir beaucoup de souffrance pas beaucoup de paix. Et un jour il a vu une image d'un bouddha dans un magazine. Et il a vu comme il était paisible et comme il était beau, le sourire du bouddha ! Et cela a touché sa graine d'aspirant. Et ce fut le début du chemin vers devenir moine. Et quand Thay devint moine à l'âge de 16 ans, dans son enseignement l'une des premières choses qu'il vit c'est qu'il devait renouveler le bouddhisme. Parce que les enseignements du bouddha sont si profonds et si beaux mais en même temps, un peu démodés et plus pertinents le langage et la manière dont ils sont présentés Mais Thay avait senti la profondeur de la pratique et des enseignements. Et tandis que la guerre continuait Thay savait qu'il ne pouvait pas juste rester assis dans le monastère et juste prier, et juste chanter... Mais en tant qu'enfant du pays faisant partie de la communauté, il devait aussi s'engager dans ce qui se passait autour de lui. Et avec sa flamme et sa bodhicita il encouragea de nombreux jeunes moines et moniales autour de lui, et de nombreux jeunes travailleurs sociaux des jeunes qui avaient les mêmes aspirations qui ne voulaient pas prendre partie dans le conflit mais juste soulager la souffrance un peu, ici et là quelles que soient leurs capacités Et ce fut le premier travail de la communauté qui commença. Le travail était très difficile, ils allaient dans les villages qui avaient été bombardés, la sécurité des individus n'était pas garantie, mais le coeur, la compréhension et la compassion de la communauté étaient si puissants et grâce à ça aussi les jours de la pleine conscience étaient nés les jours où ils se sont rassemblés au sein d'une communauté, afin de juste pratiquer,comprendre et nourrir leur propre joie et bonheur. Il n'y avait pas les conditions pour créer des retraites alors mais il était très clair que ce qui se passait et ce qu'ils faisaient en tant que communauté nourrissait le feu en eux, le feu de l'amour et de la compréhension Et le Village des Pruniers est aussi une continuation de cela. Si nous regardons profondément et touchons le moment présent, nous voyons la souffrance ici et là, nous voyons le désespoir ici et là et nous devons continuer le travail de transformation en tant qu'individu et tant que collectif. "Réveille-toi", le mouvement qui a commencé en 2008 était aussi la continuation du travail des jeunes travailleurs sociaux. Cette aspiration que j'avais toutes ces graines étaient encore présentes attendant juste le bon moment pour se manifester à nouveau. Le Village des Pruniers est aussi la continuation du travail qui a été accompli et a commencé au Vietnam. Aussi en tant que communauté et étudiants de Thay nous continuons à planter ces graines, et nous continuons de renouveler et renouveler les enseignements et les apporter là où ils ne sont pas encore enseignés. Et nous avons beaucoup de chance, nous avous une grande et belle communauté laïque et vous pouvez parfois aller à des endroits où nous, moines et moniales ne pouvons aller. Et dans le travail de nos professeurs, dans l'héritage de nos professeurs au Village des Pruniers l'un des ses rêves étaient d'apporter la pratique dans les écoles aux plus jeunes, aux enfants. Et nous sommes très heureux que de nombreux professeurs aient rejoint les écoles "Wake up" des retraites que nous offrons un peu partout chaque année. Et nous savons qu'en tant qu'enseignants, en tant que travailleurs sociaux nous pouvons représenter une seconde chance pour de nombreux jeunes qui ne viennent pas de milieux favorisés. Et en tant que professeur, nous pouvons arroser les bonnes graines en eux, les jeunes. Et en tant que communauté, nous faisons aussi cela dans le champ où planter de bonnes graines - tout le monde a des bonnes graines - Mais quelquefois, nous avons besoin de la lumière nous avons besoin de la pluie pour les nourrir et du soleil pour leur donner l'énergie de pousser. Prenons juste un moment pour profiter de notre respiration, en pleine conscience pour nourrir les bonnes graines de la pleine conscience à l'intérieur de nous, les graines de tranquillité, les graines de calme (cloche) Respirer ensemble comme ça est un tel plaisir, j'aimerais respirer ainsi encore pendant 30 minutes, mais je vais continuer à parler. En tant que membre de la communauté, j'ai appris que tout change tout le temps. Thay nous disait toujours que la Sangha est comme un organisme vivant, c'est un corps et nous sommes les cellules de ce corps. Et ce corps continue à devenir plus fort et par moments la Sangha devient faible et dans ces moments, nous ne tombons pas dans le desespoir, c'est le moment où nous devons éclairer les difficultés de la Sangha et nous devons nous réunir en tant que collectif pour faire briller la lumière sur ce qui se passe dans la communauté. Et si nous avons l'expérience d'un corps en bonne santé nous savons que nous pouvons en prendre soin pour revenir à cet état de santé. Je suis très reconnaissant envers tous les frères et soeurs de cette communauté, nous avons été si longtemps ensemble. Je me rappelle fin 2014, début 2015 quand notre maitre est tombé malade je suis sûr que les graines de peur se sont éveillées dans chacun d'entre nous, la peur de ce qui allait arriver. Serions-nous assez forts pour continuer l'héritage de Thay ? Serions-nous assez forts pour continuer ce que nous avions fait pendant de nombreuses années Et aussi la peur que les gens cessent de venir prendre refuge dans la communauté, parce que notre super star n'est plus là. C'étaient de réelles craintes et nous avons commencé à calculer OK, si le nombre de retraites baisse nous allons peut être devoir changer nous avons dressé des plans : plan A, plan B, plan C comment renforcer la communauté. Et nous avons eu tant de chance la première année, la retraite d'été reçut plus de monde que quand Thay était là ! Et nous avons pensé : les gens sont pleins de compassion ils savent que la communauté a besoin de soutien Aussi, ils viennent pour nous soutenir mais ils ne sont pas vraiment là -comment pourrais-je dire- on leur apporte une pratique mais ils sont là pour s'assurer que les moines et les moniales sont OK. Et nous avons senti beaucoup de chaleur et nous nous sommes sentis encouragés. Et la deuxième année, plus de gens vinrent la troisième année, plus de gens vinrent et nous nous sommes dits : je pense que nous sommes sur le bon chemin nous faisons quelque chose de bien. Et j'ai finalement commencé à comprendre ce que Thay avait partagé avec nous. Thay disait : il n'y aura pas un autre Thich Nhat Hanh Thay disait : même si vous prenez une cellule de Thay et vous le clonez, ce ne sera pas votre Thay parce que le Thay que nous connaissons tous et la connaissance et la pratique qu'il a dépend de toutes les conditions qui l'ont fait. Si ce clone de Thay vivait dans un environnement différent avec des soutiens différents, ce ne serait pas le Thay que nous connaissons. Donc ne cherchez pas un autre Thay dans la communauté. Et Thay nous a dit très clairement pendant des années et des années, et je pense que ça a marché "cherche le Thay en toi" et je pense que chacun d'entre nous aussi bien monastiques que laïcs tous nous touchons le Thay à l'intérieur de nous. Nous n'avons pas une super Star, mais nous avons beaucoup d'étoiles et beaucoup de ces étoiles continuent de briller et d'éclairer, et continuent de faire l'éloge de l'étreinte et de l'acceptation. Et encore aujourd'hui, si vous êtes toujours à la recherche de ce Thich Nhat Hanh, ce maître zen, il n'est pas loin, il est en vous et dans la communauté. Et nous avons appris plus que jamais à opérer comme un seul corps. Nous voyons la force et nous voyons la différence mais nous voyons comment nous pouvons pratiquer dans l'unité. Lors de la première tournée "Wake up" en Amérique du Nord c'était je pense une délégation de 9 frères et soeurs, qui ont participé à la tournée américaine avec les professeurs. Et avant d'embarquer pour la tournée ils sont tous allés voir Thay au monastère de La Falaise Bleue, dans sa cabane et ils ont demandé à Thay de leur enseigner comment ils pouvaient avancer dans l'harmonie. Et je pense que Thay savait très bien quoi enseigner à ce groupe parce que ce groupe était un groupe de très jeunes moines et moniales Je pense que beaucoup de jeunes bikchous et novices jeunes ou plus âgés sont pleins de feu ont un grand potentiel et sont très talentueux, mais ils peuvent être très têtus car chacun a un avis et celui ci peut être très fort. Et Thay leur a enseigné qu'il voulait les voir pratiquer comme leurs deux mains : chacune est différente, différente force différente taille, différentes capacités, mais quand les doigts se rassemblent et forment un poing, il n'y a pas de conflit, il y a toujours de l'harmonie il y a toujours de l'unité Thay a appris à ces jeunes moines et nonnes à toujours se regarder comme une main avec différentes forces très puissantes quand elles se réunissent, elles peuvent percer les défenses et se soutenir les unes les autres. Le doigt seul peut être plus faible mais quand les doigts se rassemblent, la puissance de l'unité peut bouger des montagnes. Et je pense que c'est quelque chose que nous continuons à apprendre dans notre communauté nous continuons à y aspirer Et c'est une chose dans laquelle chacun d'entre nous doit continuer à s'investir, ce principe qu'en tant que collectif nous pouvons avancer de manière plus durable. Et dans notre Sangha au Village des Pruniers nous avons un champ et des fondements qui sont si profonds qu'ils peuvent permettre à de nombreux talents de se manifester. Nous acceptons le talent mais nous acceptons aussi la souffrance et nous acceptons aussi les difficultés. Et en tant que communauté, nous devons aussi apprendre à faire briller la lumière sur les bonnes choses et les difficultés qui se présentent à la Sangha. Aussi quand nous en venons, en tant que communauté à nous écouter les uns les autres pendant le partage du dharma ou des réunions c'est la pratique de la compréhension et la pratique pour soutenir la collectivité. Nous apprenons à lâcher prise mais nous devons aussi apprendre à partager notre connaissance. Nous devons, comme Thay nous l'a très clairement partagé, en tant que membre d'une communauté nous devons apprendre à dire ce que nous voyons. Et parfois, ce que nous voyons, ce n'est qu'un aspect de la situation Mais avec l'oeil de la Sangha - nous utilisons ce terme : l'oeil de la sangha- nous voyons les choses plus clairement. Et nous pouvons mettre en évidence la situation avec l'oeil de la Sangha et nous pouvons regarder tous les aspects des choses pour trouver le bon soutien Et parfois dans la Sangha nous avons une difficulté qui se manifeste mais comme dans notre pratique, nous avons parfois besoin de temps pour la transformer. Et le moment est venu pour nous de dénouer le noeud des difficultés. Et cela peut s'appliquer à nos relations, à nos communautés, quelquefois nous voyons une difficulté et nous pensons que nous devons la résoudre immédiatement Mais il se peut que nous n'ayons pas encore les bons outils mais pensez à un noeud le noeud, c'est les difficultés qui existent depuis de nombreuses années Aussi comme il est serré ! Et parfois, un noeud, il faut le dénouer lentement vous utilisez un bout de bois, un cure dent, une baguette pour lentement enlever la tension autour de tout le noeud. Et lentement, lentement, il devient de plus en plus lâche et un jour ça devient vraiment clair : "Ah c'est comme ça et c'est pour cette raison" D'après ma propre expérience en 2016 nous avons fait ça avec la communauté des frères. C'était après deux ans de pratique, pour renforcer et voir quoi faire et comment continuer la communauté. Et nous avions aussi beaucoup de frères et beaucoup de membres de la communauté qui quittaient aussi la Sangha et il y a toujours de la tristesse quand ça arrive. Parce que nous savons que juste comme les arbres et les racines qui étaient connectés quand cet arbre s'en va alors un trou se forme et nous ressentons ce chagrin, nous sentons cette tristesse Et c'est tout à fait normal que nous soyons tristes mais nous devons avoir une vue plus large voir les autres arbres qui sont toujours là et cette année là la balance entre les résidents du Village du Haut et la Sangha était très déséquilibrée, c'était très déséquilibré et il y avait des questions sur quel village est meilleur quel résident est + fort lequel est plus conscient, lequel est plus souple. Nous avions tant de perceptions sur les autres et il était temps pour nous de finalement s'asseoir et juste écouter. Et je me souviens de cette réunion où j'étais facilitateur. Je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer mais je savais que ce noeud était présent et nous avons exposé le problème. Et j'avais encore un plan A, un plan B et un plan C. Mais ce qui fut beau c'est quand nous sommes entrés un frère a dit "vous savez quoi : je suis juste heureux que nous soyons ici " Et c'était la vérité : je suis juste content que nous soyons encore ici Et ce fut le début de la diminution de la tension parce que ça éclaira la connaissance que vous aviez raison pourquoi sommes-nous si durs les uns envers les autres. Nous devrions voir que être toujours là est déjà une joie et c'est quelque chose dont nous devons nous réjouir et nous devons faire briller cette lunière Et à partir de là nous avons permis à de nombreux frères et soeurs beaucoup de frères, pas de soeurs, j'allais dire soeurs beaucoup de frères d' être ouverts et partager sincèrement ce qui arrivait ce qui se passait pour eux. C'était un endroit sûr nous avons créé une zone sûre et tout ce que nous partagions resterait dans le groupe il ne s'agit pas de juger. Nous appelons ça faire la lumière, nous avons éclairé et la première réunion continua pendant trois heures et nous sommes sortis de la réunion sans solution nous sommes sortis de la réunion sans solution mais nous sommes sortis avec le sentiment du début de la compréhension Et j'ai dit "OK, on se retrouve dans deux jours pour trouver la solution Et à nouveau quand nous sommes entrés j'avais plan A, plan B plan C Aucun de ces plans ne servirent car on avait besoin de plus de détente et quand nous avons partagé : lors du partage nous nous asseyons toujours en cercle ainsi il n'y a personne devant personne derrière nous nous asseyons en cercle. Ce peut être beaucoup de cercles mais c'est une étreinte et une unité Et la façon dont nous voyons et nous partageons notre connaissance nous partageons nos propres difficultés nous les mettons dans le coeur de la communauté Et alors cette pratique va permettre cette joie nous permettons ce partage nous permettons que ce partage soit pour la communauté et là nous laissons les choses aller nous avons fait notre part pour partager notre connaissance nous partageons notre lumière Et les autres vont partager et alors plus nous partageons, plus ce que nous devons faire et ce que nous ne devons pas faire devient clair Aussi dans nos réunions de bikshous et bickshounis nous ne votons jamais nous ne faisons pas qui veut suivre le plan A, et alors nous avons 70/30 car si nous faisons ça, nous divisons la communauté Nous avons les gagnants et les perdants Aussi nous allons toujours -la pratique c'est d'aller toujours- vers le consensus et que devient la pratique si quelqu'un pense le contraire de ce qui arrive cette personne a le droit de partager et devrait être encouragée à partager un point de vue différent Mais quand nous partageons nous devons le faire avec l'esprit de la vision profonde et l'amour véritable nous partageons de manière à ne pas rompre mais voir plus clairement sous différents angles Et parfois une personne expose une idée et alors les autres commencent à voir aussi plus clairement Et si une personne partage une idée mais l'avis de la majorité est toujours différent la pratique de ce frère est d'apprendre à laisser partir son idée pour être en harmonie avec ce que la collectivité -ce que nous voyons que beaucoup de membres de notre communauté- a en tête Et ainsi nous arrivons toujours à un consensus Même si j'ai un point de vue différent mais parce que le fondement de notre communauté c'est l'harmonie j'ai appris à laisser couler et j'ai appris à prendre refuge dans la communauté ce qui est aussi notre pratique : apprendre à prendre refuge dans la Sangha La plupart du temps, la connaissance de la communauté est plus forte que la connaissance individuelle Si nous pratiquons la parole juste et l'écoute profonde nous pouvons entendre et nous pouvons voir ce qui est laissé dans le non dit Ainsi c'est notre pratique pour construire l'harmonie en construisant les décisions dans notre communauté et c'est un aspect très important pour les bikshous et les bickshounis de notre communauté à adopter et à pratiquer car les bikshous et les bickshounis sont la fondation de la Sangha monastique et nous sommes ceux qui doivent prendre les décisions et apporter l'harmonie dans notre communauté. Aussi même après la deuxième réunion de trois heures nous n'avions toujours pas pris de décision Mais nous avions commencé à avoir une vue d'ensemble et voir différents angles là où nous devions renforcer, là où nous devions réparer Et quand je suis allé au 3ème meeting il était temps de mettre en oeuvre l'action de changer. Et là tout le monde a ouvert son coeur, et tout le monde a partagé il y avait compréhension mutuelle et quand nous avons demandé des volontaires pour changer, déplacer, rétablir l'équilibre et l'énergie de la communauté tout le monde était partant, ce fut une vraie construction collective de la Sangha. Ainsi parfois nous avons aussi besoin de temps dans la communauté -nous devons le savoir- nous avons besoin en tant que communauté de faire attention, sans s'attendre à être fixé tout de suite et il faut savoir que si vous voulez réparer quelque chose c'est toujours bien de faire partie de la réparation plutôt que de rester extérieur et critiquer car ça n'aide pas du tout. Nous pouvons faire briller la lumière, d'accord nous faisons briller la lumière, c'est quelque chose que nous pratiquons au Village des Pruniers. Mais cela peut aussi être appliqué ailleurs un peu partout dans nos relations, dans nos compagnies dans notre travail en équipe parce que ça apporte l'ouverture et la connection. Et c'est ça qui est puissant avec la compréhension, les choses bougent beaucoup plus facilement et de manière beaucoup plus productive. Ecoutons un autre son de cloche (cloche) Voici mon dernier encouragement avant de terminer. Vous savez que quand je disais que nous voulons être un bouddha en tant que moine, moniale ou pratiquant nous devons avoir ça nous devons avoir cette aspiration de vouloir toucher la lumière en moi, aspirant à être plus éveillé - c'est une très noble, noble aspiration- Mais au jour le jour, nous avons nos soucis quotidiens et nous avons aussi les soucis automatiques et en tant que moine ou nonne nous devons aussi avoir une vision pour nous mêmes. Vous devez voir quelle sorte de moine ou de nonne vous voulez être et ce n'est pas dans la pratique de voir que nous devenons meilleurs que les autres autour de nous. Mais je peux dire que nous sommes tous des étoiles dans la communauté, et pour briller nous devons avoir l'énergie pour briller Nous ne devons pas nous sentir trop à l'aise et se sentir OK et juste flotter tout le temps Nous devons avoir une vision et une aspiration, quel genre de moine et moniale vous voulez être Vous n'avez pas à me le dire vous n'avez pas à le dire à votre mentor, mais nous avons beaucoup de merveilleux modèles dans cette communauté. J'ai commencé avec de nombreux modèles de comportement encourageants dans cette communauté, ce qui m'a permis d'appréhender les caractéristiques que je veux développer la pratique que je veux plus forte, plus affirmée, plus stable. Car nous savons quel impact nous pouvons avoir et quel impact a la Sangha, et quel impact a un moine ou une nonne. Et si nous n'avons pas la vision, alors nous laisserons la flamme mourir C'est aussi pourquoi nous apprenons à reconnaitre -mais nous n'y sommes pas attachés- parce que notre vision et notre aspiration grandira toujours, elles continuent à grandir et c'est la beauté de l'impermanence tout change tout le temps, nous changeons tout le temps et notre aspiration continue de changer Et c'est quelque chose qu'au début nous allons avoir, il nous sera donné d'avoir cette aspiration, cet encouragement. Mais à l'intérieur de nous, nous devons avoir le feu Et les aspirations que nous avons nous devons aussi prendre le temps et faire l'effort de voir comment elles peuvent s'aligner avec les aspirations de la communauté c'est très important. Thay nous a permis de continuer à grandir en tant que communauté de grandir en tant que moine grandir en tant que nonne Mais ce doit être en phase avec la direction de notre Sangha Notre Sangha c'est la fraternité, la sororité coulant comme une rivière, et pratiquer et transformer en tant que Sangha mais de quoi est faite une Sangha, ce sont des individus aussi nous devons aussi reconnaître et prendre soin de nous. Nous n'attendons pas seulement de la communauté qu'elle prenne soin de nous. Prendre soin de nous, c'est aussi prendre soin de la communauté. Et en tant que jeune moine et jeune moniale quand vous entrez pour la première fois vous avez l'impatience et la graine de l'investigation. Je sais qu'il y aura des différences que vous rencontrerez, elles peuvent être culturelles, mais je sais que certains d'entre vous vous êtes peut être la première génération dans toute votre lignée d'ancêtres à rencontrer le bouddhisme, parce que vous avez un héritage différent. Aussi toucher la culture monastique peut être très nouveau et mon encouragement c'est : Ne devenez pas allergique Ne dites pas " oh, ça me démange, je ne vais plus y toucher" mais notre pratique c'est "Oh c'est différent mais c'est là depuis de nombreuses générations" Parce que la culture monastique est là depuis de nombreuses générations Et nous devons avoir l'ouverture pour voir et pour comprendre le comment et le pourquoi. Et nous devons savoir que parfois une partie de la pratique, une partie de la guidance que nous avons pu recevoir n'est pas toujours douce. Quelquefois, ça peut devenir un peu amer, mais comme dans la médecine orientale tout ce qui est amer est bon pour vous, pas tout mais presque tout. Et beaucoup des orientations dont nous sommes issus je peux vous le dire en tant que frère plus âgé, viennent toujours de la volonté de soutenir et la volonté de voir les différents angles et la différence, pour que vous effectuiez cette transformation et pour que vous en soyez conscients. Et c'est aussi un encouragement pour moi continuer dans cet esprit, quand je donne une orientation. Je veux partager avec vous l'une des joies que j'ai eues une réelle transformation que j'ai obtenue Il y a quelques jours j'ai été sollicité par un groupe au Village des Pruniers Et la communauté avait pris une décision. Mais cette décision n'était pas la meilleure car nous avons vu une erreur. Et ce groupe de frères et soeurs ont vu cette erreur et sont venus vers moi pour me dire "cher Phap Hu pourriez-vous s'il vous plait résoudre ce problème". Et je leur répondis : "vous faisiez partie de cette réunion pourquoi n'êtes vous pas intervenus ?" Et ils répondirent "oh j'ai complètement oublié". A ce moment, la colère est montée en moi, l'irritation s'est manifestée envahissant mon discours mental "est ce que vous vous rendez compte comme il m'est difficile de réunir les trois villages pour prendre une décision Vous vous rendez compte comme c'est difficile et combien dénergie ça prend ? Mais j'ai juste écouté. Et j'ai laissé à chacune des personnes l'espace pour exprimer pourquoi. Et j'espère que l'expression de mon visage n'était pas trop évidente, mais j'inspirais et j'expirais très profondément. Et je créais aussi l'espace et restais ouvert à l'idée que tout ce que nous décidons n'est pas la bonne décision. Et à la fin je pense que j'ai dit "OK, je vais essayer de faire mieux je vais essayer de communiquer". Et après ça, j'ai lâché et je me suis senti si heureux ! Parce que Phap Hu l'année dernière aurait argumenté Phap Hu l'année dernière aurait pris sa voix de frère aîné, les deux mains sur la taille, et aurait dit "TATATATATA". Et peut être que j'aurais mis un mois pour restaurer ma relation avec ces frères et soeurs. Et vous savez, cela m'a pris 17 ans de pratique. Aussi sachez que chaque partie du voyage que nous investissons vaut la peine et vous vous verrez grandir d'une manière très organique. Et parfois, nous ne nous voyons pas grandir, mais la communauté nous voit grandir. Je pense que le frère qui avait une difficulté est venu me voir et m'a demandé "Thay, penses-tu vraiment que les frères changent ? Est ce que les gens changent vraiment ?". Ce frère n'était dans la communauté que depuis trois ans Et je lui ai dit "Oui frère, fais-moi confiance j'ai vu des transformations à la base j'ai vu des frères -je te le promets- j'ai vu des frères qui ne pouvaient pas être dans la même pièce Et s'ils étaient dans le même hall, l'un était de ce côté ci et l'autre de ce côté là, avec la communauté au milieu. Et quinze ans plus tard, je les voyais marcher ensemble, se tenant par l'épaule. Et quand j'ai vu ça je me suis dit "Oh, la pratique marche vraiment". Et cela m'encourage tellement, et ça me donne tant d'énergie Aussi, la transformation opère vraiment, se produit vraiment en pratique. Et parfois c'est rapide, on peut la voir tout de suite; mais parfois ça prend du temps. Aussi, soyez ouvert, soyez acceptant, soyez ouvert pour accepter. Si vous avez cette faculté, vous survivrez dans cette communauté. Vous survivrez à ce voyage. Si nous ne touchons pas ces caractères et ces capacités en nous nous nous heurterons à de nombreux murs des murs qui peuvent se manifester ou être créés par vous mêmes C'est ma propre expérience que je partage avec vous tous alors que vous embarquez pour ce merveilleux voyage monastique avec nous. Et nous sommes bientôt mercredi il ne vous reste pas beaucoup de jours, aussi appréciez vos cheveux, appréciez de les brosser, de les coiffer. Je pense que lors de mon initiation en tant que novice, j'avais mis du gel pour faire dresser mes cheveux car je me disais "c'est le dernier jour" Et mon style c'était d'avoir les cheveux hérissés. Aussi mon dernier jour je le fis à fond. Nous devons apprécier chaque moment, ça fait partie de notre voyage. Merci beaucoup chers frères et soeurs, merci beaucoup Communauté. (cloche) (cloche) (cloche)