Nourrir les aspirations spirituelles
et l'harmonie communautaire :
Frère Phap Luu
(cloche)
(cloche)
(cloche)
Cher Thay respecté, chère Noble Communauté,
aujourd'hui , nous sommes le 13 octobre 2019,
et nous sommes dans le hameau du Bas
Aujourd'hui, nous sommes
dans la 5ème semaine de la Retraite des Pluies.
Le temps passe très vite quand nous pratiquons
et demeurons avec la communauté.
J'espère que nous tous, monastiques et amis
ayant commencé le voyage de 90 jours
avons été capables de revenir au corps et à la respiration,
et dans la communauté.
Dans juste 4 jours, la Sangha va accueillir
au Village des Pruniers
onze nouveaux monastiques.
Et au Monastère de Deer Park, quatre aspirants
vont également être ordonnés en même temps
que la Famille Gingko.
Ainsi nous serons quinze
en tout, quinze nouveaux arbres Gingko
dans la famille "marron".
Et quand nous sommes ordonnés
en tant que groupe, au Village des Pruniers
nous nous appelons "Famille".
C'est pour aider
les individus à se soutenir mutuellement,
aussi bien que se voir
et s'entrainer à se voir comme frères et soeurs
de la même famille spirituelle.
Et notre tradition,
c'est de donner le nom d'un arbre à chaque Famille.
Historiquement, au début, on donnait des noms d'animaux
comme la Famille Poissons, la Famille Oiseaux.
Mais ce qui s'est passé, c'est que les animaux se sont envolés,
ils se sont envolés de la communauté.
Alors Thay a dit "OK, donnons-leur des noms d'arbres"
afin que les familles puissent s'enraciner dans la Sangha,
prendre racine dans la pratique
et prendre racine dans la nourriture
que nous pouvons recevoir de la communauté.
Et en tant que membre qui s'engage dans la communauté monastique
vous ne faites pas seulement ça pour vous .
Tous, vous portez avec vous
l'héritage de toute votre lignée d'ancêtres.
Ainsi, quand vous devenez moine ou moniale,
vos parents, vos frères et soeurs, vos ancêtres peuvent
aussi avoir l'opportunité de vivre une vie de spiritualité.
Quand nous pratiquons le toucher de la terre,
nous ne nous inclinons pas en tant qu'individu.
Quand nous touchons la terre profondément,
nous pouvons constater que tous nos ancêtres
touchent la terre avec nous, en contact avec
les merveilles de la vie, en contact avec la gratitude.
Quand nous devenons aspirants puis monastiques,
nous le faisons aussi dans cet esprit
En tant qu'individu, vous portez aussi
toute la collectivité, le corps collectif.
Et votre chemin pour devenir un monastique
n'est pas un chemin séparé. Je suis sûr que vous pouvez
réfléchir à toutes les conditions
qui vous ont soutenus
pour avoir cette aspiration
et aussi pour faire ce pas courageux vers la volonté d'apprendre
à lâcher toutes les souffrances.
Quand j'étais un jeune aspirant dans la communauté
avant d'être accepté, j'ai demandé à l'un des moines :
"Tu penses que je peux faire cela ?
Tu penses que je peux être moine ?"
Je n'avais que 13 ans à ce moment là.
Je ne sais pas pourquoi je voulais rejoindre
cette fière famille "marron",
mais la vocation était vraiment forte !
C'était comme si je ne pouvais pas le faire,
je ne serais pas capable de respirer avec légèreté.
Et j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir interroger
l'un des frères les plus âgés de la communauté.
Et quand je lui ai dit :"Tu penses que je peux le faire?"
il m'a dit "Tant que tu aspireras à aider
tous les êtres.
Il a dit, si tu peux vérifier
dans ton aspiration et dans ton coeur
que très profondément en toi tu as cette aspiration
alors, je peux te voir devenir moine"
Il a dit : "s'amuser n'est pas suffisant,
s'amuser n'est pas suffisant
- parce que j'étais très jeune
et pour moi, s'amuser était très important -
Et dans la communauté du Village des Pruniers,
on s'amuse beaucoup.
Mais le fondement de notre aspiration
doit venir d'une source très profonde,
pour pouvoir continuer à garder le feu vivant en nous.
Dans le 1er mois de notre Retraite des Pluies,
nous avons réfléchi à comment garder le feu vivant en nous.
Ce que nous appelons l'esprit du débutant
ou le bodhicita.
Et pour tous ceux qui n'aspirent pas à devenir monastiques
mais aspirent juste à pratiquer la pleine conscience
il s'agit aussi de feu.
Parce que quand nous pratiquons
l'art de vivre en pleine conscience,
nous voyons soudain que nous devons changer
notre manière d'être dans la vie de tous les jours.
Car la pleine conscience est le prisme qui nous donne la clarté,
La pleine conscience nous permet de voir
notre météo intérieure plus clairement.
Elle nous permet aussi d'être en lien
avec la météo des autres autour de nous,
et savoir comment être une fondation solide, un soutien.
Elle nous apprend à embrasser ce qui vient.
Quand des souffrances se manifestent
nous devons inviter le pleine conscience
nous devons appeler l'énergie de la pleine conscience
pour les reconnaitre, les embrasser et les appeler par leurs vrais noms.
Et nous pouvons seulement reconnaitre tout cela
quand nous habitons le moment présent,
quand nous touchons le premier fruit,
la première demeure du Village des Pruniers.
Je suis arrivé, je suis chez moi.
Je suis arrivé, je suis chez moi,
ce n'est pas dans cette maison ou ce bâtiment.
Je suis arrivé,
c'est arriver dans ce moment, je suis chez moi
dans ce moment présent.
C'est si simple, mais c'est la pratique de toute une vie.
C'est quelque chose que chacun d'entre nous,
que nous soyons monastique ou non
nous devons nourrir chaque jour,
la pratique de revenir au moment présent.
Si nous pouvons toucher le moment présent,
dans l'ici maintenant,
alors nous sommes capables de toucher
ce qui se passe dans l'ici maintenant.
Et en tant que pratiquant notre demeure s'enrichira chaque jour
tant que nous nous investirons dans le travail
dans l'intention, la détermination et la pratique.
Quand nous rejoignons la famille des moines et des moniales
nous ne la rejoignons pas seulement pour nous-mêmes
et nous ne nourrissons pas que nos aspirations spirituelles,
nous nourrissons aussi tous les frères et soeurs,
tous les enseignants qui ont été ici avant nous.
Et une ordination, c'est comme une naissance
mais c'est aussi une continuation.
Nous voyons de nouveaux monastiques se manifester
et en même temps, nous voyons le futur.
Nous voyons le futur en vous.
Chacun d'entre vous, vous allez devenir une partie de cette rivière.
Et si vous habitez, prenez refuge et arrivez à cette rivière,
vous allez aider cette rivière à avancer,
couler vers un océan plus grand.
Et ce feu et cette aspiration que vous avez
est une partie de notre bodhicita.
C'est très puissant.
Ne sous estimez jamais votre aspiration à la pleine conscience
et votre aspiration à aider tous les êtres vivants,
c'est le carburant
qui va nous soutenir
dans les moments où nous nous sentirons découragés ou perdus.
C'est quelque chose que nous devons toucher chaque jour.
Et nous avons beaucoup de chance
qu'en tant que monastique
dans la tradition du Village des Pruniers
nous avons un environnement très favorable,
nous avons des moines et des moniales à nos côtés,
nous avons des amis qui viennent tout au long de l'année
pour nous rappeler pourquoi nous sommes monastiques,
pourquoi nous cultivons la pratique chaque jour.
Nous devons aussi comprendre et voir
les fruits de notre pratique. Et pour voir
les fruits de notre pratique, nous n'avons pas
à attendre d'être moine ou moniale 10 ans, 20 ans.
Nous pouvons voir ces fruits juste ici et maintenant.
Thay nous apprend habituellement,
en tant que nonne moine et moniale,
qu'un jeune novice qui fait un pas
vers la pleine conscience avec fraicheur
c'est un encouragement pour nous tous
et c'est un soutien pour la communauté.
Votre sourire, votre manière de saluer,
votre fraicheur, votre esprit du débutant
c'est ce qui nous aide...
Je suis encore jeune mais aider les + âgés,
retrouver la fraîcheur et aussi se souvenir
où et comment nous avons débuté,
comment nous avons débuté,
et l'engagement que nous avons pris
en tant que famille spirituelle, surtout la famille Gingko
quand nous avons été ordonnés ensemble,
c'est un lien, c'est un réseau
qui sera gravé profondément dans votre être.
Et cette fraternité et sororité, va aussi vous soutenir.
Et c'est aussi le lien qui réunit tous les frères et
les soeurs dans notre communauté.
Aujourd'hui, je veux partager avec vous l'art
de vivre heureux dans la famille monastique
et dans la famille du Village des Pruniers.
Nous devons reconnaitre la lignée dont nous faisons partie.
Nous avons une histoire très riche, une lignée très riche
qui retourne à une tradition récente.
Quand nous portons le vêtement du moine ou de la moniale,
nous représentons les 3 joyaux.
Aussi quand nous représentons les 3 joyaux,
c'est la pratique de la pleine conscience.
Nous devons savoir comment marcher
comment s'asseoir, comment respirer,
comment partager, comment écouter
dans l'esprit des 3 joyaux.
Nous ne cherchons pas la perfection.
Nous ne nous attendons pas à ce que
vous soyez parfait tout de suite.
En tant que communauté de monastiques
nous sommes aussi des êtres humains.
Quelquefois il y a un poids qui pèse sur nous
et nous aspirons à être parfait dès le départ, dès le début
Et nous n'acceptons pas nos propres imperfections.
C'est un état d'esprit qu'il est très facile d'avoir
surtout quand nous venons juste de commencer.
Tous ceux d'entre nous
qui venons juste de commencer la pratique
nous touchons l'énergie collective, la pleine conscience
et nous voulons être parfaits immédiatement,
et nous voulons être super conscients,
nous voulons être un bouddha tout de suite.
C'est bien de vouloir être un bouddha,
mais n'espérez pas en être un tout de suite.
Ayez cette aspiration, mais gardez la en vous.
Et quand nous essayons trop
quand nous nous forçons trop
c'est comme si nous forcions notre énergie trop fortement
et peut être que notre corps spirituel,
notre pratique spirituelle n'est pas encore prête.
Et cela peut nous rendre très tendu et très fatigué.
Aussi, le secret
c' est d'apprendre à devenir flexible
apprendre à devenir flexible avec soi-même.
Et quand vous êtes souple avec vous même,
vous êtes également souple avec la communauté,
avec vos frères et soeurs.
Vous pouvez aussi arriver avec l'idée
que vous, grands frères et grandes soeurs, êtes parfaits.
Là je souris
mais je peux aussi être très en colère,
et c'est un fait.
Et si nous sommes pouvons être
conscients que nos frères et soeurs plus âgés
doivent aussi prendre soin de
leurs souffrances et les transformer,
pas dans le moment présent mais depuis
de nombreuses générations avant eux
parce que nous apprenons que les habitudes que nous avons
nous ont aussi été transmises par nos parents
aussi bien que par la société dont nous faisons partie.
Nous sommes influencés par de nombreuses sources
Et en tant que pratiquants, nous apprenons à reconnaitre
ce que sont ces habitudes
Et quelquefois il arrive que nous voyions l'habitude
mais que nous ne soyons pas encore
assez fort pour la transformer.
Donc souvenez vous de ça :
vous pouvez reconnaitre l'habitude
mais vous pouvez ne pas être suffisamment mûr
pour transformer cette habitude.
Mais déjà reconnaitre l'habitude
et en prendre soin, en pleine conscience
c'est le processus de la transformation.
Et donc quand nous voyons le côté humain
et les habitudes de nos frères et soeurs,
nous avons plus de compréhension
et avoir la compréhension, ça fait partie de la carrière
d'un moine et d'une moniale.
Ca continue à renforcer notre compréhension.
La pleine conscience la concentration et la pénétration sont les
3 entrainements que nous porterons
tant que nous serons des pratiquants,
que nous soyons novice," bikchou" ou enseignant du dharma
un simple membre
un ami qui a pris les 5 entrainements.
Ou ceux d'entre nous qui aspirent juste à apprendre
et introduire la pratique dans notre vie de tous les jours.
Et la compréhension engendrée par la connaissance
née de la pratique.
Et en vivant dans la communauté,
nous apprenons à reconnaitre nos propres habitudes.
Vous savez que nous venons d'univers différents.
Et c'est incroyable, c'est incroyable
de voir que déjà tant de frères et soeurs vivent en harmonie.
Bien sûr nous avons les 6 lignes de conduite,
les 6 harmonies que nous appliquons,
mais chacun d'entre nous devons aussi
avoir la compréhension du coeur, afin de lâcher et d'accepter...
En tant que moine, je dirais que ma plus importante pratique
c'est l'acceptation, accepter la situation, accepter les défauts
aussi bien qu'accepter la bonté de la communauté.
Quant nous apprenons à accepter, nous
apprenons à devenir une partie de...
Si nous habitons dans la communauté
mais que nous jugeons entre la droite et la gauche,
si nous disons "Ah ça c'est bien, aussi je fais partie de ça"
"ça c'est laid, ça s'est mal, je ne veux pas en faire partie".
Aussi nos racines ont des limites,
si nous créons de nombreuses barrières, des murs,
autour de notre propre communauté.
Aussi reconnaitre quand ce sentiment arrive,
c'est aussi pratiquer.
Je me souviens d'une fois où Thay
a partagé très clairement qu'il n'y a pas de sangha parfaite.
Et si nous recherchons une sangha parfaite,
nous pourrions bien ne jamais la trouver.
La pratique c'est de voir que la sangha est
suffisamment bonne, est suffisamment bonne.
Quand nous chantons en l'honneur des 3 joyaux
louant les joyaux de la Sangha
les vers sont très beaux.
Ca va comme ça "les joyaux de la Sangha sont infiniment précieux
un champ de mérites où de bonnes graines
peuvent être plantées.
Les trois robes et notre bol de mendiant
sont les symboles de la liberté.
Les préceptes, la concentration et la connaissance
nous sont un soutien mutuel.
La sangha habite la pleine conscience
jour et nuit, nous apportant la base
pour réaliser le fruit de la méditation"
Chaque fois que je chante ce verset,
ça vient toucher les graines de gratitude en moi.
Parce que je reconnais que la Sangha est le champ
où de nombreuses bonnes graines ont été arrosées en moi,
des graines dont je ne savais pas qu'elles étaient là,
des talents dont je ne savais pas qu'ils étaient là,
et aussi, dans ce champ de mérites, le champ de la communauté,
la communauté m'aide à reconnait ces pousses
qui se manifestent un peu partout.
Et dans ce champ, la communauté m'a donné des outils
pour desherber, couper, rafraichir mon jardin chaque jour
et permettre à ces merveilleuses graines de bonté de se manifester
plus souvent dans notre vie de tous les jours.
Aussi cette nourriture est présente,
mais nous devons aussi être présents pour ce champ.
Quand nous apprenons à prendre soin de nous,
nous apprenons aussi à prendre soin de ce jardin,
ce champ, le champ de la Sangha
où de bonnes graines peuvent être plantées.
En tant que monastique, notre essence
- que nous nourrissons chaque jour -
c'est l'humilité et la simplicité.
L'humilité nous permet de nous souvenir
combien nous avons de la chance d'avoir tout
ce soutien sur le chemin du moine et de la moniale.
Dans l'un des versets que j'ai appris en tant que moine,
et je pense que beaucoup d'entre nous
l'ont aussi appris,
il est dit "aussi longtemps que nous porterons
la chemise du Tathagata
nous n'avons pas à nous inquiéter de la faim,
la chemise du Tathagata, du bouddha.
Parce que tant que nous savons que nous sommes
sur le bon chemin,
nous aurons le soutien approprié pour nous permettre
de suivre ce chemin".
Et qu'est ce que cela signifie ?
ça signifie que nous ne pouvons pas tenir cela pour acquis,
nous ne pouvons pas penser
que le soutien qui nous a été donné est acquis.
Tous nos amis laïcs présents dans cette salle de méditation
et dans le monde, les nombreuses Sanghas
qui ont été créées
elles sont aussi sont le support de la communauté monastique.
Et chaque fois que nous les voyons dans notre communauté
nous devons être en contact avec notre gratitude
pour leur amitié, et leur soutien et pratiques inspirantes
Cela nous permet de toucher
la pratique de non-moi dans la communauté.
Parfois en tant que moine et moniale,
nous devons aussi nous souvenir de ça avec gratitude,
pour toucher et revenir à la terre
et non partir dans les nuages.
Ces derniers jours, j'ai travaillé avec une équipe merveilleuse
qui s'appelle la TNH Fondation : Thich Nhat Hanh Fondation
qui a aidé les centres de pratique aux Etats Unis
pour que tous nos amis soutiennent la communauté monastique
et soutiennent l'héritage que nos professeurs nous ont transmis.
Et quand j'écoute les partages
et j'écoute les histoires
racontant comment la pratique a touché beaucoup d'amis
leur inspirant de continuer
et aussi de prendre refuge
dans la communauté.
Cela renforce et solidifie mon aspiration
et cela solidifie mes aspirations de bodhicita.
Cela m'inspire
Cela me rappelle pourquoi je pratique
pourquoi je médite, pourquoi je suis moine.
Et quand nous pouvons être en contact avec ça
être en contact avec notre profonde gratitude
cela nourrit beaucoup
c'est une source de nourriture pour vos aspirations.
Et le Village des Pruniers, uniquement, c'est aussi la raison
pour laquelle nous sommes ici.
Nous ne devenons pas moine ou moniale
juste pour nous-mêmes.
Nous devenons moine et moniale
pour aider tous les êtres vivants.
Et l'être vivant que nous connaissons
qui peut aider de nombreux êtres vivants
c'est l'être humain !
Et il est donc important pour nous
d'être en contact avec tous les amis laïcs
qui viennent dans notre communauté,
d'écouter leurs partages,
apprendre comment la pratique a touché leur coeur.
Et voir aussi comment nous pouvons les soutenir.
Parce que c'est aussi la nourriture dont
nous avons besoin en tant que monastique.
C'est une nourriture dont la communauté a besoin.
Aussi si vous êtes devenu moine
dans la tradition du Village des Pruniers,
pour rester assis dans la forêt toute la journée
vous avez peut être choisi le mauvais monastère.
C'est une partie de notre service,
c'est une partie de notre apprentissage,
une partie de notre vie.
Et je sens, et je pense qu'il est très important pour nous,
nouveaux monastiques comme anciens monastiques,
de se souvenir de ça.
Et cela vient aussi des aspirations de nos professeurs.
Thay a commencé enfant
qui a grandi parmi les conflits et la guerre
qui faisaient rage dans le pays.
Et autour de ce jeune enfant
il y avait beaucoup de desespoir
beaucoup de souffrance
pas beaucoup de paix.
Et un jour il a vu une image d'un bouddha
dans un magazine.
Et il a vu comme il était paisible
et comme il était beau,
le sourire du bouddha !
Et cela a touché sa graine d'aspirant.
Et ce fut le début du chemin vers devenir moine.
Et quand Thay devint moine à l'âge de 16 ans,
dans son enseignement
l'une des premières choses qu'il vit
c'est qu'il devait renouveler le bouddhisme.
Parce que les enseignements du bouddha
sont si profonds et si beaux
mais en même temps, un peu
démodés et plus pertinents
le langage et la manière dont ils sont présentés
Mais Thay avait senti la profondeur de la pratique
et des enseignements.
Et tandis que la guerre continuait
Thay savait qu'il ne pouvait pas juste rester assis dans le monastère
et juste prier, et juste chanter...
Mais en tant qu'enfant du pays faisant partie de la communauté,
il devait aussi s'engager
dans ce qui se passait autour de lui.
Et avec sa flamme et sa bodhicita
il encouragea de nombreux jeunes moines
et moniales autour de lui,
et de nombreux jeunes travailleurs sociaux
des jeunes qui avaient les mêmes aspirations
qui ne voulaient pas prendre partie dans le conflit
mais juste soulager la souffrance
un peu, ici et là
quelles que soient leurs capacités
Et ce fut le premier travail de la communauté qui commença.
Le travail était très difficile,
ils allaient dans les villages qui avaient été bombardés,
la sécurité des individus n'était pas garantie,
mais le coeur, la compréhension et la compassion
de la communauté étaient si puissants
et grâce à ça aussi
les jours de la pleine conscience étaient nés
les jours où ils se sont rassemblés
au sein d'une communauté,
afin de juste pratiquer,comprendre
et nourrir leur propre joie et bonheur.
Il n'y avait pas les conditions
pour créer des retraites alors
mais il était très clair que ce qui se passait
et ce qu'ils faisaient en tant que communauté
nourrissait le feu en eux,
le feu de l'amour et de la compréhension
Et le Village des Pruniers est aussi
une continuation de cela.
Si nous regardons profondément et
touchons le moment présent,
nous voyons la souffrance ici et là,
nous voyons le désespoir ici et là
et nous devons continuer le travail de transformation
en tant qu'individu et tant que collectif.
"Réveille-toi", le mouvement qui a commencé en 2008
était aussi la continuation du travail
des jeunes travailleurs sociaux.
Cette aspiration que j'avais
toutes ces graines étaient encore présentes
attendant juste le bon moment
pour se manifester à nouveau.
Le Village des Pruniers est aussi la continuation
du travail qui a été accompli et a commencé au Vietnam.
Aussi en tant que communauté et étudiants de Thay
nous continuons à planter ces graines,
et nous continuons de renouveler
et renouveler les enseignements
et les apporter là où ils ne sont pas encore enseignés.
Et nous avons beaucoup de chance,
nous avous une grande et belle communauté laïque
et vous pouvez parfois aller à des endroits
où nous, moines et moniales ne pouvons aller.
Et dans le travail de nos professeurs, dans l'héritage
de nos professeurs au Village des Pruniers
l'un des ses rêves étaient d'apporter la pratique
dans les écoles aux plus jeunes, aux enfants.
Et nous sommes très heureux
que de nombreux professeurs aient rejoint
les écoles "Wake up"
des retraites que nous offrons un peu partout chaque année.
Et nous savons qu'en tant qu'enseignants,
en tant que travailleurs sociaux
nous pouvons représenter une seconde chance
pour de nombreux jeunes
qui ne viennent pas de milieux favorisés.
Et en tant que professeur, nous pouvons arroser
les bonnes graines en eux, les jeunes.
Et en tant que communauté, nous faisons aussi cela
dans le champ où planter de bonnes graines
- tout le monde a des bonnes graines -
Mais quelquefois, nous avons besoin de la lumière
nous avons besoin de la pluie pour les nourrir
et du soleil pour leur donner l'énergie de pousser.
Prenons juste un moment pour profiter de
notre respiration, en pleine conscience
pour nourrir les bonnes graines de la pleine conscience
à l'intérieur de nous,
les graines de tranquillité, les graines de calme
(cloche)
Respirer ensemble comme ça est un tel plaisir,
j'aimerais respirer ainsi encore pendant 30 minutes,
mais je vais continuer à parler.
En tant que membre de la communauté,
j'ai appris que tout change tout le temps.
Thay nous disait toujours que la Sangha
est comme un organisme vivant,
c'est un corps et nous sommes les cellules de ce corps.
Et ce corps continue à devenir plus fort
et par moments la Sangha devient faible
et dans ces moments, nous ne tombons pas dans le desespoir,
c'est le moment où nous devons éclairer
les difficultés de la Sangha et nous devons nous réunir
en tant que collectif
pour faire briller la lumière
sur ce qui se passe dans la communauté.
Et si nous avons l'expérience d'un corps en bonne santé
nous savons que nous pouvons en prendre soin pour revenir
à cet état de santé.
Je suis très reconnaissant envers tous les frères et soeurs
de cette communauté,
nous avons été si longtemps ensemble.
Je me rappelle fin 2014, début 2015
quand notre maitre est tombé malade
je suis sûr que les graines de peur
se sont éveillées dans chacun d'entre nous,
la peur de ce qui allait arriver.
Serions-nous assez forts pour continuer
l'héritage de Thay ?
Serions-nous assez forts pour continuer
ce que nous avions fait pendant de nombreuses années
Et aussi la peur que les gens cessent
de venir prendre refuge dans la communauté,
parce que notre super star n'est plus là.
C'étaient de réelles craintes
et nous avons commencé à calculer
OK, si le nombre de retraites baisse
nous allons peut être devoir changer
nous avons dressé des plans : plan A, plan B, plan C
comment renforcer la communauté.
Et nous avons eu tant de chance
la première année, la retraite d'été
reçut plus de monde que quand Thay était là !
Et nous avons pensé : les gens sont pleins de compassion
ils savent que la communauté a besoin de soutien
Aussi, ils viennent pour nous soutenir
mais ils ne sont pas vraiment là
-comment pourrais-je dire-
on leur apporte une pratique
mais ils sont là pour s'assurer
que les moines et les moniales sont OK.
Et nous avons senti beaucoup de chaleur et
nous nous sommes sentis encouragés.
Et la deuxième année, plus de gens vinrent
la troisième année, plus de gens vinrent
et nous nous sommes dits : je pense que
nous sommes sur le bon chemin
nous faisons quelque chose de bien.
Et j'ai finalement commencé à comprendre ce
que Thay avait partagé avec nous.
Thay disait : il n'y aura pas un autre Thich Nhat Hanh
Thay disait : même si vous prenez une cellule de Thay
et vous le clonez, ce ne sera pas votre Thay
parce que le Thay que nous connaissons tous
et la connaissance et la pratique qu'il a
dépend de toutes les conditions qui l'ont fait.
Si ce clone de Thay vivait dans un environnement différent
avec des soutiens différents,
ce ne serait pas le Thay que nous connaissons.
Donc ne cherchez pas un autre Thay dans la communauté.
Et Thay nous a dit très clairement
pendant des années et des années,
et je pense que ça a marché
"cherche le Thay en toi"
et je pense que chacun d'entre nous
aussi bien monastiques que laïcs
tous nous touchons le Thay à l'intérieur de nous.
Nous n'avons pas une super Star,
mais nous avons beaucoup d'étoiles
et beaucoup de ces étoiles continuent de briller
et d'éclairer, et continuent de faire l'éloge
de l'étreinte et de l'acceptation.
Et encore aujourd'hui, si vous êtes toujours à la recherche
de ce Thich Nhat Hanh, ce maître zen,
il n'est pas loin, il est en vous et dans la communauté.
Et nous avons appris plus que jamais
à opérer comme un seul corps.
Nous voyons la force et nous voyons la différence
mais nous voyons comment nous pouvons
pratiquer dans l'unité.
Lors de la première tournée "Wake up" en Amérique du Nord
c'était je pense une délégation de 9 frères et soeurs,
qui ont participé à la tournée américaine avec les professeurs.
Et avant d'embarquer pour la tournée
ils sont tous allés voir Thay
au monastère de La Falaise Bleue, dans sa cabane
et ils ont demandé à Thay de leur enseigner
comment ils pouvaient avancer dans l'harmonie.
Et je pense que Thay savait très bien quoi
enseigner à ce groupe
parce que ce groupe était un groupe
de très jeunes moines et moniales
Je pense que beaucoup de jeunes bikchous et novices
jeunes ou plus âgés sont pleins de feu
ont un grand potentiel et sont très talentueux,
mais ils peuvent être très têtus
car chacun a un avis et celui ci peut être très fort.
Et Thay leur a enseigné qu'il voulait les voir
pratiquer comme leurs deux mains :
chacune est différente, différente force
différente taille, différentes capacités,
mais quand les doigts se rassemblent
et forment un poing, il n'y a pas de conflit,
il y a toujours de l'harmonie
il y a toujours de l'unité
Thay a appris à ces jeunes moines et nonnes
à toujours se regarder comme une main avec différentes forces
très puissantes quand elles se réunissent,
elles peuvent percer les défenses et se soutenir les unes les autres.
Le doigt seul peut être plus faible
mais quand les doigts se rassemblent, la puissance
de l'unité peut bouger des montagnes.
Et je pense que c'est quelque chose que
nous continuons à apprendre dans notre communauté
nous continuons à y aspirer
Et c'est une chose dans laquelle
chacun d'entre nous doit continuer à s'investir,
ce principe qu'en tant que collectif
nous pouvons avancer de manière plus durable.
Et dans notre Sangha au Village des Pruniers
nous avons un champ et des fondements
qui sont si profonds qu'ils peuvent
permettre à de nombreux talents de se manifester.
Nous acceptons le talent
mais nous acceptons aussi la souffrance
et nous acceptons aussi les difficultés.
Et en tant que communauté, nous devons
aussi apprendre à faire briller la lumière
sur les bonnes choses et les difficultés
qui se présentent à la Sangha.
Aussi quand nous en venons, en tant que communauté
à nous écouter les uns les autres
pendant le partage du dharma ou des réunions
c'est la pratique de la compréhension
et la pratique pour soutenir la collectivité.
Nous apprenons à lâcher prise mais
nous devons aussi apprendre
à partager notre connaissance.
Nous devons, comme Thay nous l'a très clairement partagé,
en tant que membre d'une communauté
nous devons apprendre à dire ce que nous voyons.
Et parfois, ce que nous voyons, ce n'est
qu'un aspect de la situation
Mais avec l'oeil de la Sangha
- nous utilisons ce terme : l'oeil de la sangha-
nous voyons les choses plus clairement.
Et nous pouvons mettre en évidence la situation avec l'oeil de la Sangha
et nous pouvons regarder
tous les aspects des choses
pour trouver le bon soutien
Et parfois dans la Sangha
nous avons une difficulté
qui se manifeste
mais comme dans notre pratique, nous avons
parfois besoin de temps pour la transformer.
Et le moment est venu pour nous de dénouer
le noeud des difficultés.
Et cela peut s'appliquer à nos relations, à nos communautés,
quelquefois nous voyons une difficulté
et nous pensons que nous devons la résoudre immédiatement
Mais il se peut que nous
n'ayons pas encore les bons outils
mais pensez à un noeud
le noeud, c'est les difficultés qui existent
depuis de nombreuses années
Aussi comme il est serré !
Et parfois, un noeud, il faut le dénouer lentement
vous utilisez un bout de bois, un cure dent, une baguette
pour lentement enlever la tension autour de tout le noeud.
Et lentement, lentement, il devient de plus en plus lâche
et un jour ça devient vraiment clair :
"Ah c'est comme ça et c'est pour cette raison"
D'après ma propre expérience en 2016
nous avons fait ça avec la communauté des frères.
C'était après deux ans de pratique, pour renforcer
et voir quoi faire et comment continuer la communauté.
Et nous avions aussi beaucoup de frères et
beaucoup de membres de la communauté
qui quittaient aussi la Sangha
et il y a toujours de la tristesse
quand ça arrive.
Parce que nous savons que
juste comme les arbres et les racines qui étaient connectés
quand cet arbre s'en va
alors un trou se forme
et nous ressentons ce chagrin, nous sentons cette tristesse
Et c'est tout à fait normal que nous soyons tristes
mais nous devons avoir une vue plus large
voir les autres arbres qui sont toujours là
et cette année là la balance entre
les résidents du Village du Haut et la Sangha
était très déséquilibrée, c'était très déséquilibré
et il y avait des questions sur
quel village est meilleur
quel résident est + fort
lequel est plus conscient, lequel est plus souple.
Nous avions tant de perceptions sur les autres
et il était temps pour nous de finalement s'asseoir
et juste écouter. Et je me souviens de cette réunion
où j'étais facilitateur. Je n'avais aucune idée
de ce qui allait se passer mais je savais
que ce noeud était présent
et nous avons exposé le problème.
Et j'avais encore un plan A, un plan B et un plan C.
Mais ce qui fut beau c'est quand nous sommes entrés
un frère a dit "vous savez quoi : je suis juste
heureux que nous soyons ici "
Et c'était la vérité : je suis juste content
que nous soyons encore ici
Et ce fut le début de la diminution de la tension parce que
ça éclaira la connaissance que vous aviez raison
pourquoi sommes-nous si durs les uns
envers les autres.
Nous devrions voir que être toujours là est déjà une joie
et c'est quelque chose dont nous devons nous réjouir
et nous devons faire briller cette lunière
Et à partir de là nous avons permis à
de nombreux frères et soeurs
beaucoup de frères, pas de soeurs, j'allais dire soeurs
beaucoup de frères d' être ouverts
et partager sincèrement ce qui arrivait
ce qui se passait pour eux.
C'était un endroit sûr nous avons créé une zone sûre
et tout ce que nous partagions resterait dans le groupe
il ne s'agit pas de juger. Nous appelons ça
faire la lumière, nous avons éclairé
et la première réunion continua pendant trois heures
et nous sommes sortis de la réunion sans solution
nous sommes sortis de la réunion sans solution
mais nous sommes sortis
avec le sentiment du début de la compréhension
Et j'ai dit "OK, on se retrouve dans deux jours
pour trouver la solution
Et à nouveau quand nous sommes entrés
j'avais plan A, plan B plan C
Aucun de ces plans ne servirent
car on avait besoin de plus de détente
et quand nous avons partagé : lors du partage
nous nous asseyons toujours en cercle
ainsi il n'y a personne devant personne derrière
nous nous asseyons en cercle. Ce peut être
beaucoup de cercles mais c'est une étreinte
et une unité
Et la façon dont nous voyons et
nous partageons notre connaissance
nous partageons nos propres difficultés
nous les mettons dans le coeur de la communauté
Et alors cette pratique va permettre cette joie
nous permettons ce partage nous permettons
que ce partage soit pour la communauté
et là nous laissons les choses aller
nous avons fait notre part pour partager notre connaissance
nous partageons notre lumière
Et les autres vont partager et alors
plus nous partageons, plus ce que nous devons faire
et ce que nous ne devons pas faire devient clair
Aussi dans nos réunions de bikshous et bickshounis
nous ne votons jamais nous ne faisons pas
qui veut suivre le plan A, et alors nous avons 70/30
car si nous faisons ça, nous divisons la communauté
Nous avons les gagnants et les perdants
Aussi nous allons toujours -la pratique
c'est d'aller toujours- vers le consensus
et que devient la pratique si quelqu'un
pense le contraire de ce qui arrive
cette personne a le droit de partager
et devrait être encouragée à partager
un point de vue différent
Mais quand nous partageons
nous devons le faire avec l'esprit de la vision
profonde et l'amour véritable
nous partageons de manière à ne pas rompre
mais voir plus clairement sous différents angles
Et parfois une personne expose une idée
et alors les autres commencent à voir aussi plus clairement
Et si une personne partage une idée
mais l'avis de la majorité est toujours différent
la pratique de ce frère est d'apprendre
à laisser partir son idée pour être en harmonie
avec ce que la collectivité
-ce que nous voyons que beaucoup de membres de notre communauté-
a en tête
Et ainsi nous arrivons toujours à un consensus
Même si j'ai un point de vue différent
mais parce que le fondement de notre communauté c'est l'harmonie
j'ai appris à laisser couler
et j'ai appris à prendre refuge
dans la communauté ce qui est aussi notre pratique :
apprendre à prendre refuge dans la Sangha
La plupart du temps, la connaissance de la communauté
est plus forte que la connaissance individuelle
Si nous pratiquons la parole juste
et l'écoute profonde nous pouvons entendre
et nous pouvons voir
ce qui est laissé dans le non dit
Ainsi c'est notre pratique pour construire l'harmonie
en construisant les décisions dans notre communauté
et c'est un aspect très important pour les bikshous
et les bickshounis de notre communauté à adopter et à pratiquer
car les bikshous et les bickshounis sont la fondation
de la Sangha monastique et nous sommes ceux
qui doivent prendre les décisions et apporter
l'harmonie dans notre communauté.
Aussi même après la deuxième réunion de trois heures
nous n'avions toujours pas pris de décision
Mais nous avions commencé à avoir
une vue d'ensemble et voir différents angles
là où nous devions renforcer, là où nous devions réparer
Et quand je suis allé au 3ème meeting
il était temps de mettre en oeuvre l'action de changer.
Et là tout le monde a ouvert son coeur,
et tout le monde a partagé
il y avait compréhension mutuelle
et quand nous avons demandé des volontaires pour changer,
déplacer, rétablir l'équilibre et l'énergie de la communauté
tout le monde était partant, ce fut une vraie
construction collective de la Sangha.
Ainsi parfois nous avons aussi besoin de temps
dans la communauté -nous devons le savoir-
nous avons besoin en tant que communauté
de faire attention, sans s'attendre à être
fixé tout de suite
et il faut savoir que si vous voulez réparer quelque chose
c'est toujours bien de faire partie de la réparation
plutôt que de rester extérieur et critiquer
car ça n'aide pas du tout.
Nous pouvons faire briller la lumière, d'accord
nous faisons briller la lumière, c'est quelque chose
que nous pratiquons au Village des Pruniers.
Mais cela peut aussi être appliqué ailleurs
un peu partout dans nos relations, dans nos compagnies
dans notre travail en équipe
parce que ça apporte l'ouverture
et la connection.
Et c'est ça qui est puissant
avec la compréhension, les choses bougent
beaucoup plus facilement et de manière
beaucoup plus productive.
Ecoutons un autre son de cloche
(cloche)
Voici mon dernier encouragement avant de terminer.
Vous savez que quand je disais
que nous voulons être un bouddha
en tant que moine, moniale ou pratiquant
nous devons avoir ça
nous devons avoir cette aspiration de vouloir
toucher la lumière en moi, aspirant à être
plus éveillé - c'est une très noble, noble aspiration-
Mais au jour le jour,
nous avons nos soucis quotidiens et
nous avons aussi les soucis automatiques
et en tant que moine ou nonne
nous devons aussi avoir une vision pour nous mêmes.
Vous devez voir quelle sorte
de moine ou de nonne vous voulez être
et ce n'est pas dans la pratique de voir que nous
devenons meilleurs que les autres autour de nous.
Mais je peux dire que nous sommes tous
des étoiles dans la communauté, et pour briller
nous devons avoir l'énergie pour briller
Nous ne devons pas nous sentir trop à l'aise
et se sentir OK et juste flotter tout le temps
Nous devons avoir une vision et une aspiration,
quel genre de moine et moniale vous voulez être
Vous n'avez pas à me le dire
vous n'avez pas à le dire à votre mentor,
mais nous avons beaucoup de merveilleux modèles
dans cette communauté. J'ai commencé avec de nombreux
modèles de comportement encourageants dans
cette communauté, ce qui m'a permis d'appréhender
les caractéristiques que je veux développer
la pratique que je veux plus forte,
plus affirmée, plus stable.
Car nous savons quel impact nous pouvons avoir et quel impact
a la Sangha, et quel impact a un moine ou une nonne.
Et si nous n'avons pas la vision,
alors nous laisserons la flamme mourir
C'est aussi pourquoi nous apprenons à reconnaitre
-mais nous n'y sommes pas attachés-
parce que notre vision et notre aspiration
grandira toujours,
elles continuent à grandir
et c'est la beauté de l'impermanence
tout change tout le temps, nous changeons tout le temps
et notre aspiration continue de changer
Et c'est quelque chose qu'au début
nous allons avoir, il nous sera donné d'avoir
cette aspiration, cet encouragement.
Mais à l'intérieur de nous, nous devons avoir le feu
Et les aspirations que nous avons
nous devons aussi prendre le temps et faire l'effort
de voir comment elles peuvent s'aligner
avec les aspirations de la communauté
c'est très important.
Thay nous a permis
de continuer à grandir en tant que communauté
de grandir en tant que moine
grandir en tant que nonne
Mais ce doit être en phase avec
la direction de notre Sangha
Notre Sangha c'est la fraternité, la sororité
coulant comme une rivière, et pratiquer
et transformer en tant que Sangha
mais de quoi est faite une Sangha, ce sont des individus
aussi nous devons aussi reconnaître et prendre
soin de nous. Nous n'attendons pas seulement de
la communauté qu'elle prenne soin de nous. Prendre soin
de nous, c'est aussi prendre soin de la communauté.
Et en tant que jeune moine et jeune moniale
quand vous entrez pour la première fois vous avez
l'impatience et la graine de l'investigation.
Je sais qu'il y aura des différences que
vous rencontrerez, elles peuvent être culturelles,
mais je sais que certains d'entre vous
vous êtes peut être la première génération
dans toute votre lignée d'ancêtres
à rencontrer le bouddhisme,
parce que vous avez un héritage différent.
Aussi toucher la culture monastique peut être très nouveau
et mon encouragement c'est : Ne devenez pas allergique
Ne dites pas " oh, ça me démange, je ne vais plus y toucher"
mais notre pratique c'est "Oh c'est différent
mais c'est là depuis de nombreuses générations"
Parce que la culture monastique est là
depuis de nombreuses générations
Et nous devons avoir l'ouverture pour voir
et pour comprendre le comment et le pourquoi.
Et nous devons savoir que parfois
une partie de la pratique, une partie de la guidance
que nous avons pu recevoir n'est pas toujours douce.
Quelquefois, ça peut devenir un peu amer,
mais comme dans la médecine orientale
tout ce qui est amer est bon pour vous,
pas tout mais presque tout.
Et beaucoup des orientations dont nous sommes issus
je peux vous le dire en tant que frère plus âgé, viennent toujours
de la volonté de soutenir
et la volonté de voir les différents angles
et la différence, pour que vous effectuiez
cette transformation
et pour que vous en soyez conscients.
Et c'est aussi un encouragement
pour moi continuer dans cet esprit,
quand je donne une orientation.
Je veux partager avec vous l'une des joies que j'ai eues
une réelle transformation que j'ai obtenue
Il y a quelques jours j'ai été sollicité par un groupe au Village des Pruniers
Et la communauté avait pris une décision.
Mais cette décision n'était pas la meilleure
car nous avons vu une erreur.
Et ce groupe de frères et soeurs ont vu cette erreur
et sont venus vers moi pour me dire
"cher Phap Hu pourriez-vous s'il vous plait résoudre ce problème".
Et je leur répondis : "vous faisiez partie de cette réunion
pourquoi n'êtes vous pas intervenus ?"
Et ils répondirent "oh j'ai complètement oublié".
A ce moment, la colère est montée en moi,
l'irritation s'est manifestée
envahissant mon discours mental
"est ce que vous vous rendez compte
comme il m'est difficile de réunir les trois villages
pour prendre une décision
Vous vous rendez compte
comme c'est difficile et combien dénergie ça prend ?
Mais j'ai juste écouté. Et j'ai laissé à chacune des personnes
l'espace pour exprimer pourquoi.
Et j'espère que l'expression de mon visage
n'était pas trop évidente,
mais j'inspirais et j'expirais très profondément.
Et je créais aussi l'espace et restais ouvert à l'idée
que tout ce que nous décidons n'est pas la
bonne décision. Et à la fin je pense que j'ai dit
"OK, je vais essayer de faire mieux
je vais essayer de communiquer". Et après ça, j'ai lâché
et je me suis senti si heureux !
Parce que Phap Hu l'année dernière aurait argumenté
Phap Hu l'année dernière aurait pris sa voix de frère aîné,
les deux mains sur la taille, et aurait dit "TATATATATA".
Et peut être que j'aurais mis un mois pour restaurer
ma relation avec ces frères et soeurs.
Et vous savez, cela m'a pris 17 ans de pratique.
Aussi sachez que chaque partie du voyage
que nous investissons vaut la peine
et vous vous verrez grandir d'une manière très organique.
Et parfois, nous ne nous voyons pas grandir,
mais la communauté nous voit grandir.
Je pense que le frère qui avait une difficulté est venu me voir
et m'a demandé "Thay, penses-tu vraiment que les frères
changent ? Est ce que les gens changent vraiment ?".
Ce frère n'était dans la communauté que depuis trois ans
Et je lui ai dit "Oui frère, fais-moi confiance
j'ai vu des transformations à la base
j'ai vu des frères -je te le promets-
j'ai vu des frères qui ne pouvaient pas être dans la même pièce
Et s'ils étaient dans le même hall, l'un était de ce côté ci
et l'autre de ce côté là,
avec la communauté au milieu.
Et quinze ans plus tard,
je les voyais marcher ensemble,
se tenant par l'épaule. Et quand j'ai vu ça
je me suis dit "Oh, la pratique marche vraiment".
Et cela m'encourage tellement, et ça me donne tant d'énergie
Aussi, la transformation opère vraiment,
se produit vraiment en pratique. Et parfois
c'est rapide, on peut la voir tout de suite;
mais parfois ça prend du temps.
Aussi, soyez ouvert, soyez acceptant,
soyez ouvert pour accepter.
Si vous avez cette faculté, vous survivrez dans cette communauté.
Vous survivrez à ce voyage.
Si nous ne touchons pas ces caractères et ces capacités en nous
nous nous heurterons à de nombreux murs
des murs qui peuvent se manifester ou être créés
par vous mêmes
C'est ma propre expérience que je partage avec vous tous
alors que vous embarquez pour ce merveilleux voyage monastique
avec nous. Et nous sommes bientôt mercredi
il ne vous reste pas beaucoup de jours,
aussi appréciez vos cheveux,
appréciez de les brosser, de les coiffer.
Je pense que lors de mon initiation en tant que novice, j'avais mis
du gel pour faire dresser mes cheveux car je me disais
"c'est le dernier jour" Et mon style c'était d'avoir
les cheveux hérissés. Aussi mon dernier jour
je le fis à fond.
Nous devons apprécier chaque moment, ça fait partie de notre voyage.
Merci beaucoup chers frères et soeurs, merci
beaucoup Communauté.
(cloche)
(cloche)
(cloche)