Cette vidéo est sponsorisée par 'World Anvil',
assurée à 100% de ne pas faire des choses
horribles aux personnages secondaires.
J'ai déjà abordé le sujet dans
un précédent 'Trope Talk',
mais la mort d'un personnage est
quelque chose d'important
C'est un moment clef, dans l'histoire et en dehors,
non seulement car le personnage est mort,
ce qui est déjà assez tragique,
mais aussi car cela signifie la perte irrémédiable
de tout son potentiel développement.
Tous ses arcs narratifs, dynamiques, relations, tout,
dans le seul but d'un choc émotionnel violent.
Beaucoup d'auteurs reconnaissent que c'est une
lourde perte pour leur histoire,
et font en sorte d'être sûrs que
l'impact en vaille le prix.
Bien sûr, la plupart des morts de
personnages principaux sont des morts héroïques,
présentées comme des tragédies, ou comme une
conclusion délicate de leur arc narratif
après en avoir peaufiné les derniers détails.
On leur donne généralement du temps et un poids narratif important pour rentabiliser ce coût.
Les survivants vont en porter le deuil,
réfléchissant à ce que cette perte signifie pour eux
et sont souvent fondamentalement changés
par cette expérience. Parfois ils vont continuer
sur la route de leur devoir, sur celle de la vengeance
ou analyser ce qui était sa vie
pour s'en inspirer et s'en servir comme guide.
CECI, n'est pas ce cliché.
"Fridging" (Refrigérer), est le le nom mignon et
abrégé de ce cliché 'rangé dans le frigo'.
Appelé ainsi d'après le tristement
célèbre comic de Green Lantern,
où la fiancée de Green Lantern (Kyle Rayner)
est assassinée par le principal méchant
et placée dans le frigo pour qu'il
la trouve à son retour.
"Fridging" est le cas spécifique dans
la mort de personnages
où un personnage est subitement
et brutalement tué,
spécifiquement dans le but narratif de choquer
un autre personnage plus important.
Cette motivation peut être
Watsonnienne ou Doyliste,
c'est à dire être la motivation du méchant
dans l'univers ou l'intention spécifique de l'auteur.
Dans le cas Watsonien, le tueur est
spécifiquement motivé à tuer le personnage
parce que cela fera du mal au personnage qui tient à lui.
Dans le cas Doyliste, le tueur peut avoir
n'importe quelle raison
de vouloir nuire au personnage, mais la logique
derrière le geste de l'auteur est seulement
de traumatiser le personnage important.
Le seul rôle narratif de ce meurtre est de
blesser un autre personnage,
et est malgré ça exécuté
rapidement et sans pitié.
"Fridging", presque toujours, réfère à la
mort d'un personnage, mais parfois
le personnage est sujet à une torture
ou a un destin pire que la mort
avec le même impact général; le
personnage important n'est pas
la victime de ces horreurs, mais celui qui y
réagit, et la réaction de la victime
est souvent effacé par le degré de
souffrance du personnage central.
A cause de certaines 'raisons', 'fridging' affecte
disproportionnellement plus les personnages féminins,
souvent d'anecdotiques mères ou intérêts
amoureux, dont le seul trait est 'que le héros les aime'.
Ainsi, quand elles sont brutalisées/tuées,
souvent hors-champ, leur héros masculin plus
détaillé peut devenir très
triste à cause de ça.
En fait, c'est un très bon test pour
savoir si la mort d'un personnage est un
'fridging' ou non : si l'action peut se dérouler
entièrement hors-champ et avoir le même impact
dans l'histoire (spécifiquement si ça arrive
hors-champ) c'est probablement un 'fridging'.
Son seul impact narratif est : à quel point
cela déprime le personnage important, sans explorer
comment cela affecte le personnage
mourant ou brutalisé.
Etre tué hors-champ est tellement
un 'niq*e-toi' dissimulé au personnage...
Il n'y a pas d'adieux, pas de tragédie
admise : le personnage devient juste
un procédé pour causer la colère d'un autre.
Personnage secondaire ou non, personne ne mérite ça.
En fait, le test du 'hors-champ' n'est
pas tout à fait suffisant pour savoir
s'il s'agit de 'fridging' ou non.
Si 'fridging' est seulement dans le but
d'agacer un autre personnage, une mort
bien écrite touchent presque tout le
temps les autres personnages aussi,
et comme la victime elle-même est souvent
trop morte pour avoir une opinion,
la majorité des conséquences de sa
mort n'affectent que les autres.
Typicallement en les énervant.
Ainsi la distinction entre 'fridging'
et 'non-fridging' n'est pas
évidente juste avec cette définition.
La différence clef, est que
'fridging' blesse les autres
de manière brève et superficielle,
alors qu'une mort de vrai personnage
leur fait porter un vrai deuil.
Fréquemment, les personnages qu'on 'fridge'
ne sont plus jamais mentionnés après la
fin de l'arc narratif, voire même avant.
Essayez de me convaincre que Luke
Skywalker était toujours triste
pour l'oncle Owen
et tante Beru 10 minutes plus tard.
C'est pourquoi je propose un second test,
un corolaire de l'iconique
'test de la lampe sexy'
qui évalue si l'histoire
changerait significativement
si on remplaçait le personnage
par une lampe sexy.
C'est le test de dégâts aux biens.
Si un personnage mort pouvait être
remplacé par une carte pokemon précieuse
et que leur perte avait globalement
le même impact émotionnel dans l'histoire,
ce personnage a probablement été 'fridgé'.
Ecoutez, c'est quelque chose de plutôt rare dans cette
série, mais 'fridging' est un mauvais cliché.
Il n'est pas fréquemment mal utilisé, ou difficile à gérer,
c'est une mauvaise écriture.
La mort de personnages n'est pas
essentiellement mauvaise, mais 'fridging'
indique un manque de respect pour
le personnage et son potentiel narratif.
'Fridging' examine le potentiel
narratif du personnage,
et conclue que toutes ses futures
interactions et développement
valent moins qu'un autre personnage
se sente un peu mal pendant un moment.
Ça se reflète en dehors et dans l'histoire,
car le tueur du personnage,
que ce soit le personnage qui
tue ou l'auteur qui lui ordonne,
n'en avait rien à f*utre d'eux,
choisissant plutôt de montrer
comment cela énervera
un autre personnage pour un arc ou deux.