- [Narrateur] Dans cette vidéo,
nous allons parler des stratégies
de croissance de population des espèces.
Pourrions-nous créer
une classification générale ?
Ou y en a-t-il déjà une établie ?
Nous savons que des espèces
comme les éléphants
vivent longtemps dans la nature.
Un éléphant d'Afrique peut vivre
aussi longtemps qu'un humain,
50, 60, 70, parfois même 80 ans.
Les orques aussi, par exemple,
vivent longtemps.
Les humains ont une durée de vie
plutôt longue comparée à d'autres choses
dans la nature.
Les gorilles aussi vivent longtemps,
durant de nombreuses décennies.
Ces grands mammifères présentent
d'autres caractéristiques.
Ils sont en général de grande taille,
surtout comparés aux espèces très petites
dans le règne animal.
Ils ont en général peu de petits
à chaque mise-bas.
Peu de petits...
à la fois.
Ils prennent du temps avant la mise-bas.
Et ils en prennent soin pendant un moment.
À l'inverse, il y a les animaux
que nous avons de ce côté.
Les amphibiens comme les grenouilles,
les insectes, les petits poissons,
les bactéries, les moustiques
qui ne vivent pas longtemps.
Courte
vie.
Ils sont en général plus petits.
Et ils ont souvent beaucoup de petits
à la fois.
Beaucoup de petits
à la fois.
Par exemple, une grenouille
ou ce que vous voyez ici,
une araignée qui sort d'un sac d'œufs.
Les grenouilles ou les araignées pondent,
dans de nombreux cas,
des milliers d'œufs à la fois.
Et ils ne s'attendent pas vraiment
à ce que tous ces œufs survivent.
Beaucoup seront tués
par des prédateurs
mais tant que certains survivent,
la génération prochaine pourra
se reproduire
et pondre des milliers d'œufs.
Ils vivent donc moins longtemps.
Une grenouille peut vivre quelques années.
Certains insectes peuvent vivre
entre quelques jours et quelques années.
Des choses comme les bactéries
peuvent vivre encore moins longtemps.
Quand les biologistes ou écologistes
voient ceci,
ils constatent une certaine relation.
Il y a ces larges animaux à la longue vie
qui font peu de petits à la fois.
Et le facteur limitant de leur population
est sa densité.
Ces animaux finiront par entrer
en concurrence pour les ressources.
Et c'est aussi valable pour les humains.
À l'inverse, les animaux
comme les araignées ou les grenouilles
seront limités dans leur reproduction
par des facteurs environnementaux
comme l'humidité ou l'aridité,
la chaleur ou le froid.
Certains ont tenté de classifier
ces types d'espèces :
les "espèces à stratégie K".
J'expliquerai d'où vient le K
dans un instant.
Et ces types d'espèces sont
sont les espèces à stratégie r.
Quant à l'origine des lettres...
Il y a cette idée générale que,
si nous traçons un axe ici pour le temps
et un axe vertical ici pour la population,
la plupart des espèces,
si elles ne sont pas fortement peuplées
et limitées par les ressources,
croîtront exponentiellement comme ceci.
En mathématiques, le taux de croissance
est en général exprimé par la lettre R,
c'est donc là d'où vient la stratégie r.
Et la hauteur de ce r est déterminée
par le potentiel biotique d'une espèce,
c'est-à-dire la vitesse à laquelle
elle peut se reproduire
dans un environnement spécifique,
le pourcentage qui atteindra la maturité
pour pouvoir se reproduire, et cetera.
Vous imaginez bien,
plus le R est élevé,
plus la croissance exponentielle
sera élevée.
Sauf qu'à un moment donné,
les ressources seront limitées.
ll y a donc aussi la capacité de charge.
Disons que ceci est la capacité de charge,
appelons ça K.
Et nous utilisons K au lieu de C
parce que le K vient d'un mot
signifiant capacité en allemand.
À un moment, il y aura tellement de choses
qu'il n'y aura plus assez de ressources
pour en supporter plus.
Et la population se stabilisera
comme ceci.
Donc, en règle générale,
les biologistes classent ces espèces
comme les espèces à stratégie K.
La taille de la population sera déterminée
par les ressources présentes,
la capacité de charge de l'environnement.
Et les espèces comme les grenouilles,
les moustiques, les bactéries
et les araignées
sont des espèces à stratégie r.
Elles croîtront exponentiellement
à leur potentiel biotique,
mais ce potentiel biotique sera déterminé
par la chaleur, le froid,
l'humidité, l'aridité
ou d'autres facteurs environnementaux.
Ils n'atteindront pas une telle densité
qu'ils devront rivaliser
les uns contre les autres.
Comme pour la plupart des classifications,
la nature n'est pas si précise.
Nous ne pourrons pas toujours classer
les choses du côté gauche
ou du côté droit.
Par exemple, les tortues pondent
beaucoup d'œufs à la fois
et vivent pourtant longtemps.
Il faut également savoir
qu'il n'y a aucun jugement de valeur,
une stratégie n'est pas meilleure
que l'autre.
Les deux fonctionnent.
L'existence actuelle de ces espèces
prouve qu'elles ont fonctionné jusqu'ici.
Les espèces envahissantes sont en général
des espèces à stratégie r.
Elles croîtront encore et encore
et seront limitées par l'environnement
mais pas par une autre espèce.
Et les espèces à stratégie K
sont souvent les plus affectées
par les espèces envahissantes.
Une dernière chose que je veux souligner :
nous venons de parler de stratégies
de croissance des populations.
On les confond parfois
avec les stratégies de niche,
selon lesquelles
il y a des espèces généralistes,
qui occupent beaucoup
de niches écologiques différentes,
et d'autres sont plus spécialistes.
Les stratégies de croissance
sont plus générales :
comment les espèces ont
tendance à croître ?
Quand nous parlons de stratégies de niche,
nous parlons des niches écologiques
nécessaires pour acquérir les ressources.
Et nous en parlerons plus
dans d'autres vidéos.