Les enfants de moins de trois ans, notamment les 2 ans, ont souvent une réputation très négative. Ces "terrible two". Nous pensons souvent que les tout petits sont indisciplinés, qu'ils sont très égoïstes, ce qu'ils sont. Et ils ont besoin de l'être pendant un temps. Nous les voyons souvent comme difficiles à gérer, très difficiles à discipliner. Avant que la volonté se développe, il y a une énergie qui dirige le développement de l'enfant. Cette énergie est appelée le "Horme". Le Horme est souvent défini comme une force de vie, et c'est une évidence dans tous les organismes vivants. C'est cette force qui pousse cet organisme à devenir ce qu'il est sensé devenir. Le doctor Montessori a parlé du fait que nous sommes capables de toucher la périphérie de l'enfant, l'extérieur d'un enfant si vous préférez. Et il y a un centre à l'intérieur de cet enfant. Et à l'intérieur de ce centre, il y a le secret de l'enfance. Cet incroyable paquet d'énergie qu'elle appelle Horme. C'est ce qu'il y a à l'intérieur du noyau, à l'intérieur de chacun de nous, avec lequel nous sommes né. et qui nous donne la possibilité de nous construire nous-même. Aucun parent n'apprend à son enfant à parler ou à bouger. C'est parce que les enfants sont poussés de l'intérieur. Les jeunes enfants ont un "Horme" très actif. Donc les enfants ne sont pas désobéissants à l'adulte. Ils sont juste en train d'obéir à cette force tellement importante, tellement intérieure et qu'ils ne peuvent renier. Donc un enfant qui a besoin de bouger tout le temps est bougé de l'intérieur pour faire ce mouvement. C'est le pouvoir de ce "Horme" La nature sait que c'est le processus. Et met ces enfant sur ce chemin de développement pour qu'ils puissent se mettre debout et libérer leurs mains. Et alors, ils peuvent explorer leur environnement. Et c'est à ce moment là que nous devons leur donner des objets à manipuler, pour développer le contrôle et la coordination qui survient. Le coeur du travail avec les enfants est d'essayer de comprendre ce qu'ils ont besoin de faire, ce vers quoi ils sont poussés par cette énergie et leur demander de le faire. La liberté est la ligne d'arrivée, ce n'est pas par là que nous commençons, ce n'est pas la ligne de départ Et différentes libertés sont données aux enfants en fonction de l'augmentation de leurs capacités à gérer les responsabilités qui viennent avec ces libertés. Montessori a parlé du développement de la volonté. Qu'au fur et à mesure que la volonté de l'enfant se développe, sa capacité à faire un choix et prendre des responsabilités pour ce choix, cela a un énorme impact sur leur capacité à fonctionner dans un environnement social avec ses règles, à accepter ses règles petit à petit, même s'ils ne sont pas d'accord avec elles. L'enfant commence par lever sa tête et ensuite, glisser. Et on peut voir lorsqu'ils glissent. Tout à coup, ils sont à quelques centimètres de là où ils étaient la dernière fois que j'ai regardé. Et ensuite, doucement, ils roulent du dos au ventre et finalement ils marchent à 4 pattes, et se tirent vers le haut et marchent avec soutien et marchent. Puis il y a le défi de courir. Dès qu'ils marchent, ils veulent se mettre à courir et grimper et se mettent des défis de plus en plus difficiles. Donc si nous regardons la continuité de la naissance à 3 ans. en terme de motricité globale comme de motricité fine, du développement de la préhension réfléchie jusqu'à la tenue du crayon, nous nous apercevons qu'ils peuvent apprendre dès l'âge de 9 mois si on leur donne l'opportunité et le matériel pour aider ces muscles à se développer pour aider les neurones à créer des connections afin qu'ils utilisent leurs mains pour agir sur leur environnement. Le mouvement est la clé c'est par le mouvement que nous développons notre cerveau. Un environnement pour de jeunes enfants a besoin d'avoir assez d'espace pour que l'environnement ne soit pas en lui-même un obstacle à leur développement et souvent, inconsciemment, nous créons ses obstacles en faisant des espaces trop petits ou trop encombrés ou trop de meubles donc ils ne peuvent pas vraiment s'entraîner aux mouvements qu'ils ont besoin de faire. Parfois, l'obstacle est l'attitude de l'adulte: "arrête de bouger autant" "arrête de grimper sur cette chaise" "arrête de pousser, de tirer" "arrête d'escalader" Tous les mouvements qu'ils ont besoin de pratiquer! Nous essayons souvent de les arrêter parce c'est un agacement pour nous et pourtant nous devons comprendre que pour perfectionner leur motricité et leur motricité fine, ils ont besoin de s'entraîner et ils ont besoin de beaucoup d'entraînements. Donc l'environnement dont ils ont besoin les 3 premières années va changer de manière significative mais le changement est basé sur leur développement et leurs besoins La main est une alliée du développement du cerveau et du travail du cerveau et parfois, je pense que nous le court-circuitons en ne donnant pas assez au travail de la main. Neurologiquement, les enfants peuvent faire ce qui est appellé une pince primitive ce qui est une sorte de pince très plate entre le pouce et l'index C'est une acquisition neurologique. De passer de cette pince très plate, à une tenue du crayon délicate (préhension correcte du crayon) vient d'une expérience. Ce n'est pas neuro. Cela crée des chemins neurologiques mais ça vient de l'expérience. Cela vient d'un développement neurologique. Combien d'enfants sont coincés à cette étape au lieu d'être autorisés à passer au stade suivant? Et cela arrive très tôt. Et même, si vous enseignez en maternelle, vous voyez des enfants arrivés dans votre classe avec des capacités de motricité fine très immatures C'est uniquement l'environnement qui en est responsable. Ce n'est pas leur cerveau. Ce sont leurs expériences qui causent cela. Durant sa 2ème année, l'enfant devient un être humain social. Jusque là, ils sont très égocentriques. Mais petit à petit, ils comprennent que chacun dans ce groupe a des besoins, certains droits, pas uniquement moi Et quand ils prennent conscience de cela, ce développement social arrive en même temps que le "horme" perd de son énergie et la volonté devient de plus en plus puissante. Nous encourageons ce développement en donnant aux enfants des choix et en leur donnant la possibilité d'expérimenter les conséquences de ce choix. Nous leur donnons le pouvoir en leur donnant le choix. "Tu peux faire A ou B". Nous contrôlons la situation par les choix que nous leur donnons. Mais nous leur donnons la responsabilité de choisir: "Tu as besoin de descendre de la table" 'Tu peux le faire seul? ou tu as besoin de mon aide?" "Nous allons dehors. Tu peux mettre tes chaussures tout seul ou tu veux que je t'aide?" C'est un choix! Quand nous les responsabilisons ainsi, nous nourrissons cette volonté en développement. Car ils prennent des décisions et ils voient directement les conséquences. Le secret pour que cela fonctionne avec les 2 ans est d'avoir très peu de règles. Nous avons une règle principale "Tu ne peux rien faire qui te blesse, blesse les autres ou l'environnement" Si vous pensez à cette règle primordiale, cela vous donne un périmètre tellement grand pour guider ce développement. Nous essayons d'utiliser une approche positive "Nous marchons à l'intérieur, nous courons à l'extérieur" "Nous parlons à l'intérieur, nous crions dehors". Nous leur donnons toutes ces limites, si nous voulons les appeler ainsi, en les exprimant de manière positive. Si les enfants vivent dans un environnement où il n'y a aucune limite, où ils peuvent faire ce qu'ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent, c'est un abandon total, la plus grande peur d'un enfant! Donc les limites que nous créons, et il n'y en a pas beaucoup, mais celles qui existent sont très claires. Elles donnent à l'enfant une structuration, lui donnent la sécurité de savoir: "c'est ce que je peux faire ici" "c'est ce que je ne peux pas faire ici". Et petit à petit, ils atteignent un point où ils peuvent choisirent consciemment d'obéir à cette règle. La Vie pratique avec les 2 ans est intéressante. C'est souvent salissant et implique souvent beaucoup d'eau et vous savez que cela fait partie de l'attrait pour eux. Il y a beaucoup de travail collaboratif autour de la vie pratique au début. En tant qu'adulte, nous observonsl'évolution de ses compétences motrices, le développement de ses compétences cognitives. Et au fur et à mesure, qu'ils arrivent à faire de plus en plus d'étapes de leur travail, de manière autonome, la collaboration diminue et ils prennent à leur charge de plus en plus de travail jusqu'à ce que, soudainement, ils soient autonomes dans leur travail. Les gens sont parfois impressionnés qu'ils arrivent à faire du pain par exemple. L'odeur du pain qui cuit est un super aspect de notre communauté. Mais c'est aussi une contribution qu'ils font pour le déjeuner commun. Ce n'est pas quelque chose qu'ils font pour eux. Leur motivation initiale est égoïste bien sûr. Mais lors du déjeuner, quelqu'un demande "qui a cuit le pain aujourd'hui? Il est tellement bon!" "Merci beaucoup d'avoir préparé ce pain". Quand je rentre dans un environnement, je cherche l'ordre et la propreté, et le matériel approprié à un âge spécifique. Une chose qui peut être un challenge pour l'éducateur quand il sort de formation est "quel matériel est-ce que j'ai dans mon environnement?" Par contre, tous les enfants n'ont pas besoin de tout le matériel que vous avez, au même moment. Donc vous avez besoin de regarder les enfants qui sont là, qui sont présents. Est-ce qu'il y a des choses sur l'étagère que les enfants ne regardent même pas? ou ne voient pas? L'environnement a besoin d'être dynamique, a besoin de changer en fonction des besoins des enfants. Cela ne veut pas dire que nous changeons l'environnement en entier, chaque semaine mais cela veut dire que nous avons besoin d'observer, de faire attention à ce que les enfants utilisent, ce qu'ils n'utilisent pas ce qu'ils utilisent mal aussi car c'est aussi un signe disant "ok, ce n'est pas un matériel approprié pour le moment". Ils essaient de l'utiliser et ils n'en retirent rien et ils sont distraits par lui. Donc cela ne remplit pas un besoin. Donc je regarde si le matériel est connecté avec les enfants et du certaine manière j'aide l'éducateur à comprendre cela aussi. Je lui apprends à observer, à entraîner son oeil à voir ces choses, ce dont l'enfant a vraiment besoin concernant ses compétences motrices, concernant son intérêt parce qu'il ne s'agit pas uniquement de compétences et de ce qu'ils peuvent faire, mais aussi de ce qui les intéresse. Les enfants à cet âge nous montrent tous les jours ce dont ils ont besoin. "Tu peux voir ton visage dans le miroir?" Aller à la rencontre du besoin de l'enfant et réaliser qu'ils y arriveront un jour, ils ont leur propre chemin et ils vont le faire très différement de la manière dont vous le faites. Quand vous allez faire cette présentation du bouton, vous allez le faire parfaitement, et ils vont essayer à leur tour et ils vont tirer, et ils vont essayer d'arracher ce bouton parce qu'ils veulent vraiment qu'il sorte de ce trou, maintenant!!! Et vous devrez être patients avec ça et laisser faire l'enfant et ce n'est pas à cause de votre présentation, c'est que l'enfant apprend. Ils sont dans un processus et nous avons besoin de voir de quoi ils ont besoin avant de faire un pas vers eux. Cette classe a besoin d'être parfaitement nettoyée. Vous devez être capable d'organiser les toilettes, l'apprentissage de la propreté, les repas, la préparation des repas, la vie pratique. Dans cette classe de tout petits, vous savez que, au début, au moment où cet enfant entre dans l'espace, il va toucher à tout. Dans l'espace toilettes, il n'y a possibilité de dire "tu ne peux pas toucher à ça". Donc, je commencerai avec très peu de choses avec beaucoup de conversations. Fondamentalement, c'est une question d'ordre, de routine: comment aller aux toilettes comment enlever les habits, mettre ses chaussures... Il y a tellement de petites choses à faire, pour établir cette routine, et pour faire en sorte que l'enfant soit très confortable et que l'enfant puisse prédire exactement ce qu'il va se passer dans sa classe. L'ordre est extrêmement important pour l'enfant et pour mettre en place l'environnement. Donc les choses ont besoin d'être trouvées à leur place. L'adulte a besoin d'aider dans ce processus. Avec des enfants de moins de 3 ans, nous ne pouvons attendre d'eux de remettre les choses à leur place A partir de 8 semaines, c'est un processus qui se développe. Et au nido, cela arrive rarement. C'est l'adulte qui maintient l'ordre. Mais l'enfant a tout de même besoin de trouver ce dont il a besoin pour satisfaire tout type de développement à l'intérieur de lui. Donc s'ils travaillent sur le passage de la préhension avec 4 doigts au pouce, ils peuvent aller chercher la base mouvante où elle se trouve. Cela ne va pas bouger à un autre espace. Même s'ils ne peuvent le remettre à sa place, ils ont besoin de le trouver pour satisfaire leur développement. Quand ils arrivent à la communauté enfantine (2-6ans), ils comprennent que les objets peuvent être trouvés à la même place, C'est cela l'ordre. Cela les sécurise. Cela fait une référence qui les fait se sentir plus confortables dans leur espace, donc ils peuvent trouver des choses. En général, ils n'apprennent pas à ranger jusqu'à leur passage en primaire. C'est un des signes qui montre qu'ils sont prêts. Ils peuvent faire un cycle complet d'activités. Donc au début, ils vont juste travailler au dessus de l'étagère, en sachant où le trouver. Quand ils grandissent, ils peuvent aller sur un tapis ou une table pour travailler et l'activité reste à table. Elle ne retourne pas. Mais au moins, ils savent que le travail c'est sur un tapis ou une table. C'est une sensibilité à l'ordre qu'ils ont eu de leur environnement par les adultes et les autres enfants. Ensuite, ils commencent à ranger leur activité sur n'importe quelle étagère dans la classe. Donc la base mouvante va aller sur l'étagère où il y a l'activité de nettoyage de chaussures. N'importe quelle étagère dans l'espace. Mais ils ont internalisé cette idée de rangement, que le travail va sur l'étagère. Ils savent que c'est sur l'étagère, pas dans l'évier, ils le mettent sur l'étagère parce qu'ils ont intérioriser cet ordre. Alors, ils le mettent sur une étagère et ensuite, ils le mettent sur la bonne étagère pas au bon endroit mais sur la bonne étagère. Puis, au final, cela revient au bon emplacement, là où ça va. Avoir des activités complètes sont aussi importantes. Cela veut dire que toutes les serviettes pour se laver les mains doivent être en place. Sinon, l'enfant ne peut réussis à se laver les mains s'il ne peut s'essuyer les mains ensuite. Donc nous devons nous assurer que l'enfant après avoir fini, replace la serviette. Et s'il ne le fait pas, on le fait pour lui S'il n'y a plus de serviettes, alors on enlève cette activité, du manière ou d'une autre on le met à un endroit où ce n'est plus accessible. Car l'enfant ne comprend pas qu'il n'y a plus de serviettes. Ils vont continuer d'essayer à faire cette activité. Etre confortable avec les salissures, être confortable avec laisser les enfants faire des expériences qui ne sont pas dans notre inventaire. Etre confortable de les laisser faire des erreurs pour voir ce qui se passe s'ils font des choses différemment. Des choses comme ça sont nos challenges quand on travaille avec des tout petits. On doit abandonner beaucoup de contrôle, être patient et respirer, avoir un centre puissant et être ancré pour accepter les possibilités des enfants et leurs réussites. Et qu'est ce qu'une réussite? Une réussite, c'est apprendre et sourire et être joyeux et se sentir bien à propos de soi. Vous êtes là car vous êtes le soutien et vous êtes celle qui prépare cet environnement physique pour que l'enfant puisse faire cela tout seul, puisse faire ce travail, puisse réussir et puisse trouver ce sentiment de normalisation en utilisant son corps et son esprit, ensemble pour un être humain heureux. Cette expérience positive de pouvoir faire par lui-même, de réussir sans être interrompu va rester en lui et c'est ce que nous voulons qu'il emporte avec lui.