Je vais essayer de trouver un petit lièvre pour ce soir, il commence à faire faim Je me demande comment vous faites, moi je serais incapable de trouver de quoi manger dans la forêt Pour attraper les bêtes, il faut imiter les femelles Là, pour le coup, hop : la femelle lièvre - La haze. - De quoi? - La femelle lièvre, c'est la haze. - Nan mais, je connais que le cri. - Vous les voyez, vous? - Non - Ah bah, tourné vers là-bas, c'est sûr, moi non plus, je vois rien... - Passez la tête! - Passer la tête? Pour me prendre une flèche dedans, non merci!! - Bon, on entend plus rien. Si ça se trouve, ils ont foutu le camp! - "Si ça se trouve"? Alors, pour nous sortir de là, il va falloir un plus solide que du "si ça se trouve"! - Ils sont encore là ces cons! - On va pas rester plantés là comme des radis! ...Si un autre groupe arrive par là, on est marrons des deux côtés! - Si on faisait le coup du bouclier humain? - Quel coup? - Par exemple, sire, Léodagan et moi, on fait semblant de vous prendre en otage on vous met une dague sous le coup, et on traverse le camp adverse en gueulant: "Bougez pas, bougez pas ou on bute le roi!!" - Hé, quelles sont nos chances si on fonce? - Si on fonce où ça? - Droit devant! en plein dans leur tronche! On sait même pas combien ils sont... - Ah oui, mais nous, on est 3! Enfin... 2,5... Alors s'ils sont 10, on est cuits! - On pourrait balancer de la caillasse vers là-bas! Comme ça, ils se disent qu'on y est, et on part dans l'autre sens! - Ah non, s'il vous plaît! Laissez tomber les combines à deux ronds... - Non, non, vous allez voir! - Non, pas par là!! - Putain, en plein dans sa mouille!! - Mais vous êtes complètement con! - Vous allez peut-être me dire que maintenant ils croient qu'on est là-bas?! - Non, mais maintenant, faut se tirer dans l'autre sens! - Ah bah, un peu oui! Surtout que s'ils ont vu d'où venait la pierre, ils sont en train de radiner droit sur nous! - Ouais, mais nous, on change de coin! Et quand ils arrivent là, ils sont pinés, y a personne! - Attendez, je vais les attirer ailleurs! Merde, j'ai plus de pierre! Qu'est-ce qu'on fait? - Ben attendez, je vais vous rendre la vôtre! - Heyy, mais j'ai failli me la prendre! - On pourrait foutre le feu à la forêt pour les obliger à sortir! Non! Faut faire comme avec les scorpions qui se suicident quand ils sont entourés par le feu Faut faire un feu en forme de cercle autour d'eux, comme ça ils se suicident pendant que nous on fait le tour, et on lance de la caillasse de l'autre côté pour brouiller! Non? - C'est pas possible de rester coincés comme ça, je vais devenir dingue, moi! Allez, on fonce dans le tas, tant pis! - Dans une heure, la nuit tombe, là y aura d'autres solutions! Déjà, ils seront obligés d'allumer leurs torches, on verra enfin où ils sont! - Sinon on fait un tunnel jusqu'à notre campement: Léodagan et moi, on creuse, pendant que vous balancez de la caillasse dans l'autre sens pour les éloigner du chantier... - Chuut... Ils sont juste à côté ces cons-là... - Merde, s'ils ont entendu mon plan, c'est foutu - La ferme! - Bougez pas! - Mais arrêtez, bon sang! - Mais on va se faire tuer là! - Animaux de la forêt! Aouh! aouh!... Attendez! - Mais non, mais arrêtez-là.. On va se faire repérer là...putain... Arrêtez maintenant, là! - On construit un barrage, après on balance de la caillasse de l'autre côté de la rivière pour faire croire aux autres qu'on a traversé dans l'autre sens. Une fois qu'ils sont au milieu, on casse le barrage et on les noie! - C'est drôlement ingénieux! - Ouais, le seul problème c'est que quand on passé 4 semaines à construire un barrage, ça fait un peu mal au cul de le détruire... Ou sinon, ce qu'on peut faire: on imite un chevreuil... - Bon allez, beau-père, on se remet au boulot? - Ouais, ça va pas se faire tout seul. - Aujourd'hui, y a du dessert. - Euh, non, moi ça va, merci. - Y a des gens qui ont pris la peine de faire un dessert, la moindre des choses, c'est de rester pour le manger. Y en a marre de se comporter comme des sagouins avec tout le monde sous prétexte qu'on a des responsabilités! - C'est proposé si gentiment... - Qu'est-ce que c'est, ce machin? - C'est une tarte aux myrtilles. Pourquoi, elle vous revient pas? - Mais ça va! Pourquoi vous m'agressez? - Parce que vous regardez ça comme si c'était du purin! - Mais qu'est-ce que ça peut vous foutre de toutes façons? C'est pas vous qui l'avez faite, si? - Ben si, justement c'est moi. - Ah bon? - Elle y a passé la matinée. - Vous faites des tartes, vous, maintenant? - Et alors? C'est pas permis? - La vache! ça vous rend pas aimable en tout cas! - Doit y avoir 80 larbins au château et c'est vous qui tapez la tambouille? - Ça me détend! Bon, ben, qu'est-ce que vous attendez pour la couper? qu'il fasse nuit? Vous dites rien? - Faudrait pouvoir... - Le fruit est bon, hein - C'est pas la peine de faire des ronds-de-jambe, si c'est pas bon, vous avez qu'à le dire... - C'est pas bon. - Merci bien! - Vous posez la question! - Ben, je la pose pas à vous! - La pâte est probablement un peu sèche... - Probablement, oui! ça doit jouer. - J'ai envie de faire des tartes, voilà! Vous allez pas m'obliger à me justifier! - Ben non! tant que vous nous obligez pas à les manger! - J'ai toujours rêvé de faire des tartes pour mes petits-enfants. Seulement, des petits-enfants, y en a pas, ils arrivent jamais. J'attends, j'attends, rien! - Si vous les accueillez avec ça, ils sont pas près d'arriver... - On aime toujours les tartes de sa mamie! - Exactement! C'est comme aller à la pêche avec son papy. C'est dans les gènes, ça - Quoi?! - Mais oui, mon petit père, faudra bien vous y coller à moins que vous préfériez vous taper les tartes! - C'est dingue cette histoire! C'est pas parce que vous faites des tartes pour des petits-enfants qu'existent pas que je dois les emmener à la pêche, non? - C'est pourtant avec ça qu'on leur fait des souvenirs aux petits. La pêche, les tartes, tout ça, c'est du patrimoine! - C'est du patrimoine, ça? - Moi, je sais pas si je les laisserai manger ça, mes enfants... - Oui, ben vous, occupez-vous de les faire, ce sera déjà pas mal! - Y a pas à dire, dès qu'il y a du dessert, le repas est tout de suite plus chaleureux... - Vous savez, c'est quand même pas grave de pas savoir faire des tartes - Vous en faites pas... - Non, je m'en fais pas, je vais m'entraîner jusquà ce que ça marche - Vous voulez dire que vous allez en refaire? - Tous les jours. - Tous les jours? - Nan, mais je vais varier les fruits, vous inquiétez pas. - Et vous allez varier la pâte aussi? - N'exagérez pas non plus, je vous demande quand même pas de manger des briques! - Sans vouloir la ramener, la seule différence concrète, c'est que vous appelez ça des tartes! - Si vous faisiez des confitures, mères? Les enfants, ils adorent ça! - Ouais, pis ils pourraient en manger tout de suite au moins. Tandis que ça, avant un an, ils ont pas assez de chicots de toute façon. - Ah, pis attention, faut pas s'amuser à attaquer ça avec des dents de lait! - Attendez...Au cas où vous ayez un creux dans l'après-midi... - Oui, ou une fissure à colmater dans un muret? - Bon, ben ça va, on plaisante! - On plaisante, on plaisante... Qu'est- ce que c'est que cette lubie de vous faire construire une table? - D'autant qu'il y en a déjà une dans la salle à manger? - C'est une table ronde pour que les chevaliers de Bretagne se réunissent autour De toute façon, autant vous y faire parce qu'à partir de maintenant, on va s'appeler "les Chevaliers de la Table ronde". - Les Chevaliers de la Table ronde? - Encore une chance qu'on se soit pas fait construire un buffet à vaisselle... Non, non, elle est bien. Elle est bien. Elle est bien mais je voyais de la pierre, moi. - Sire, on en a déjà parlé de la pierre. Je peux pas monter une pierre d'une toise et demie dans un escalier à colimaçon! Je suis pas magicien. - C'est pas désagréable le bois... - D'autant que là, je vous ai mis de la qualité! Mettons, pour un banquet: si y a 5 ou 6 dames qui veulent un peu baguenauder là-dessus, ça bougera pas! - Non, c'est pas tellement l'ambiance. - Ah ça, après, pour le détail, je sais pas. - C'est pas tant le bois qui me dérange, moi. C'est plutôt le cuir. - Ça fait un petit peu atelier de cousette. - Oui, oui, c'est pas faux. - Le cuir, ça restera toujours le cuir. Le cuir, ça traverse les âges, les frontières, les modes. D'autant que là, je vous ai pas mis de la vache moisie. Attention! C'est de la tannerie de luxe, assemblée au crochet de six. Y a des heures de main d'oeuvre derrière. - Non mais, faut prendre l'habitude, c'est tout. - Par contre, faudra faire gaffe en mangeant. Parce que là, je vous ai fait un traitement à l'huile de porc pour imperméabiliser mais si y a des tâches de jus de viande, c'est foutu. - Non mais, on va pas manger dessus non plus. - Ah? Après, ça, pour le détail, ça, je sais pas moi... C'est pile la bonne hauteur pour l'écriture, on domine bien la page... - Ah oui? C'est dommage, vous allez pas écrire dessus. - Comment ça? - Vous êtes derrière le pupitre, là-bas, debout. - Attendez, y a une table et des sièges et je devrais me farcir toutes les notes à ratifer debout? - C'est comme ça. Personne n'écrit sur cette table. - Sans être indiscret, si vous y mangez pas, que vous y écrivez pas et que vous dansez pas dessus, pourquoi vous avez besoin d'une telle tablée? - C'est un peu compliqué. - Sire Arthur a eu une révélation de la Dame du Lac, elle lui a ordonné la construction d'une table légendaire autour de laquelle réunir les chevaliers de Bretagne pour organiser la quête du graal. - Voilà. - En gros. - Ben dites donc. La quête du... - C'est un peu compliqué. - Vous binez pas. Même nous, on n'a pas tout compris. - Du coup, là tout autour, va y avoir du beau monde qui va tourner? - Si on veut, oui. - Les seigneurs les plus puissants de l'île. - Et des chevaliers plus modestes aussi. - A priori, il devrait y avoir un peu de tout, quoi. - Un peu de tout mais quand même des chevaliers. Je veux dire, ça sent pas la réunion de bouseux, votre histoire-là. - Non, y a pas de pécore pour la quête du graal! Enfin... à moins que ça ait changé? - Du coup, ça vous dérange si je mets ma petite griffe? - Pour quoi faire? - De la réclame, boudiou. Si un chef de clan vient mettre ses miches par là devant, pis il trouve ça cossu, le jour où il voudra faire un buffet ou un plumard sur mesures, il saura où me trouver, quoi. - Mais attendez, ça va faire super moche une griffe! - Non, je fais ça en tout petit, j'en ai pour 10 minutes...5 minutes. Et voilà le travail. "Conception Bréquanet Fils, Irlande. " Faut bien se donner un petit coup de pouce de temps en temps. - Je comprends. - Sinon pour cette pièce... Il a tout ce qu'il lui faut en mobilier? je peux lui proposer un petit râtelier pour que les gars déposent leurs armes ou alors un joli rangement pour les manteaux? - Ils ont pas de manteau parce qu'ils sont tous en armure et ils sont obligés de porter leurs armes. - C'est carré chez vous. Sinon pour la chambre à coucher, il a tout ce qu'il lui faut? - Comme elle est belle! - Ah, vous êtes là. Alors, qu'est-ce que vous en pensez? - Qu'est-ce que je pense de quoi? - Non, attendez 2 secondes, c'est pas à vous que je parle. C'est... - Ben, c'est à qui d'autre alors? - C'est vrai que j'aurais plutôt vu de la pierre. - Ah! voyez, de la pierre, ça aurait été bien quand même. - C'est à moi que vous parlez là? - Ben oui, à qui d'autre je parle? - De la pierre, je peux même pas le dépanner, je viens de livrer 400 dolmens à Winchester, je suis désolé. Et puis en plus, le colimaçon... Bonsoir... Je sens que de grandes choses vont se jouer autour de cette table, Arthur. - Ouais. Y a plus qu'à réunir les gars maintenant. Au fait, comment je fais pour aborder le coup du graal? pour que tout le monde se fasse bien l'image du truc? Parce que pour le moment, j'en ai touché 2-3 mots à droite à gauche, les mecs sont largués quand même... - Ça viendra en son temps. Allez, zou, je me sauve. Félicitations pour la table. Et faites attention pour le cuir! C'est joli mais c'est quand même salissant... obscure latin Ça vous emmerde ce que je raconte? - Non, non. - Sinon, hésitez pas, hein. Aujourd'hui il est question de tenter d'éclaircir le mystère du Chevalier de Provence. - Le Chevalier de Provence? C'est qui celui-là? - Personne n'est au courant? - Si, si, j'en ai entendu parler. - Vous croyez que c'est vrai cette histoire? Franchement, ça m'a tout l'air d'un bruit qui court. - Permettez-moi de vous le dire: le coup du mystérieux chevalier gaulois solitaire à la rescousse de l'opprimé, ça fait vraiment bidon comme légende. - Ça vous agace, ça, hein? - Quoi donc? - Un chevalier solitaire dont tout le monde parle et qui s'appelle pas Lancelot du Lac... - Dont tout le monde parle? S'il vous plaît... - C'est qu'on commence effectivement à beaucoup en entendre parler. - On en entend parler dans les tavernes à ivrognes, voilà! - Ah bon? moi je passe pas mal de temps à la taverne, j'ai jamais entendu parler de celui-là. - Le problème, c'est que si ce type comment à vraiment faire parler de lui, va falloir qu'on lui fasse une place à la table ronde. - Encore? Y a que 8 places, on est déjà une douzaine. - Arrêtez avec votre chevalier gaulois, je vous dis que c'est des conneries. - Il faudrait sérieusement penser à agrandir la table. - C'est vrai que si les chevaliers se multiplient, il faut faire fabriquer une table en conséquence. - La table encore, ça va, seulement j'ai pas de pièce plus grande que celle-là. Je vais pas me faire fabriquer une table de 15 coudes de long si c'est pour abattre les murs derrière... - C'est pas grave, on continuera les roulements. - De toute façon, le Chevalier de Provence,il faudrait déjà mettre la main dessus. - C'est le Chevalier de Provence ou le Chevalier gaulois? Faudrait savoir! - C'est rien du tout! Il existe pas. - Ça dépend des sources, mais je crois bien que c'est un Chevalier de Provence. - Très exactement, c'est Provençal le Gaulois. - Ben non, c'est moi ça. - Comment ça c'est vous? - Je suis pas mystérieux, moi, je suis même pas solitaire. - Qu'est-ce que vous nous chantez? Vous êtes pas gaulois que je sache! - Ben, je sais pas ce qui vous faut, je suis de Caërdide! - C'est au Pays de Galles, Caërdide! Vous êtes gallois! - C'est bien ce que j'ai dit: Provençal le Gaulois! le Gallois... Je vois ce que vous voulez dire... - Vous êtes pas gaulois. - Oui, oui, je me suis gouré. - Sans vouloir abuser, il me semble pas que vous soyez provençal non plus? - Non, Provençal, c'est mon nom. - Perceval. - Perceval, oui. Qu'est-ce que j'ai dit? - Provençal. - Non, non, Perceval. Je me suis gouré. Ben quoi, c'est pas si grave que ça? - Pas foutu de savoir son nom? - On peut savoir depuis combien de temps vous arpentez la Bretagne en racontant à tout le monde que vous vous appelez Provençal le Gaulois? - J'en sais rien, moi. - Et si ça se trouve, il dit jamais la même chose. - N'empêche que tout le monde parle de moi. C'est quand même un signe. - Perceval le Gallois en tout cas, tout le monde s'accorde à dire que c'est une tanche et ça, c'est pas une légende! - Mais Provençal le Gaulois a une excellente réputation, sire. - Je voudrais bien qu'on m'explique pourquoi! - A cause des faits d'armes. - Les faits d'armes de celui-là? Première nouvelle! - C'est quand même pas de bol pour lui: les rares fois où il arrive à faire quelque chose de ses 10 doigts, il se goure quand on lui demande son nom. Voilà, le mystère du Chevalier de Provence est éclairci. - Suffisait de demander! - En Provence, ils doivent être drôlement fier de l'enfant du pays! - Je pense bien. Surtout que les enfants du pays de Provence qui sont nés à Caërdide,ça doit pas courir les rues. - N'empêche que je suis une légende. Je vous en conjure, sire, n'entrez pas dans cette pièce! - C'est la salle du trône. Il ferait beau voir que je puisse pas y entrer. - Mais Attila vous y attend! Attila!! Le fléau de Dieu! - C'est sûr que c'est pas Joe le Rigolo. - Joe le Rigolo? on dit que là où il passe, l'herbe ne repousse pas! - Y a pas d'herbe dans la salle du trône. - Je vais tout casser ici! Toi! Kaamelott! il va rester un tas de cailloux! Je veux l'or, tout l'or! Sinon c'est la guerre! - Je vais chercher l'or, sire? - Quoi? tout l'or de Kaamelott? Vous vous foutez de moi! - Quand Attila demande de l'or, on lui donne! C'est pas le moment de jouer les pingres! - Vous vous rendez compte de la somme que ça représente? - Peu importe! J'ai pas envie de finir empalé au sommet d'une colline! - Attendez, vous faites semblant de négocier, tranquille, pendant ce temps, je fais celui qui va pisser, pis quand j'arrive à sa hauteur, tac! je sors ma dague et je l'ouvre en deux par le bas. - Vous serez écorché vif avant d'avoir eu le temps de lever la main! Balançons-lui les caisses d'or et fichons le camp d'ici avant qu'ils foutent le feu! - Ah non! personne ne s'en va! - Alors? - Alors désolé, on peut pas payer. C'est pas tellement la peine de vous énerver. C'est pas qu'on veut pas se soumettre, mais si on vous donne tout notre or maintenant, il nous reste plus qu'à fermer boutique. - Et puis, ça va bien, on s'est battus pour le gagner, on le garde. - Qu'est- ce que vous parlez d'or?Vous voyez pas qu'on est à deux doigts de se faire pulvériser? - Je te mettrai à genoux, Arthur de Bretagne! - A genoux, pas à genoux, c'est une chose, en attendant, je vous donne pas tout mon or. - Pourquoi pas? - C'est le nôtre! - Déjà oui! Et puis, vous vous rendez pas compte, on a un fonctionnement ici. Entre le château et les fermes, doit y avoir au moins 150 larbins. - Vous pouvez pas comprendre, vous passez votre vie à cheval. Un feu de bois, un lapin de Garenne et puis ça repart! Nous autres, sédentaires... Alors oui, ça a de la gueule parce qu'on vit dans de la pierre, seulement ça coûte du pognon. - On est cuits, il va raser la Bretagne. - La moitié de l'or, tout de suite! ou tout va brûler! - La moitié de l'or? C'est inespéré, sautez sur l'occasion, sire, avant qu'il ne change d'avis! - C'est pas de la mauvaise volonté, mais la moitié ça fait quand même une sacrée somme! - C'est pas que je veux pas trouver un terrain d'entente, mais si la moitié des réserves se foutent le camp, nous derrière, on tient pas le coup. - Pourquoi pas? - Parce qu'on a des frais! Vous pouvez pas vous rentrer ça dans le crâne! - Ou alors faudrait demander un soutien à Rome, mais Rome en ce moment... - C'est pas Byzance... - Byzance, oui, y a du pognon. Enfin, je les connais pas les mecs, moi... - Alors, les femmes! - Les femmes? Quoi les femmes? - Donnez-nous les femmes! - Ben, faut voir, ça dépend lesquelles. - Toutes les femmes! - Ah non, toutes les femmes, non. - La nourriture! - Et qu'est-ce qu'on bouffe, nous, derrière? - Non, la nourriture, non. - Les couverts! - Non, les couverts, c'est pareil, c'est pas possible. - Le linge de maison! - Le linge de maison? - Allez, les draps, les serviettes, tout ça, c'est pour nous! - Sire, on ne va pas lu donner le linge de nos hôtes! Des étoffes ouvragées aux motifs celtiques d'une qualité exceptionnelle! - Le linge de maison, non, on le garde. - Quelque chose de typique! - Quelque chose de typique? - Quoi comme chose de typique? - N'importe quoi qui est typique. Sinon on casse tout! - Typique, typique, je suis désolé, je vois pas ce qu'on peut vous donner. - Oui, non mais d'accord, mais... - C'est typique? - Ah là, y a pas plus typique. C'est de la viande de cerf mijotée dans le miel... - C'est le plat breton typique. - C'est meilleur chaud, mais là, en cuisine, ils sont sur le repas du soir, ils ont pas trop le temps. - Victoire! C'est sûr? Ils acceptent? - Le messager est formel: ils arrivent à Kaamelott pour signer le traité de paix. - C'est magnifique. La signature d'un traité de paix, c'est la plus belle chose qui soit! Excusez-moi, c'est la joie. - Allez-y mollo avec la joie. Vous êtes sûr que c'est obligé le coup du garde du corps? parce que franchement je suis assez grand pour me protéger tout seul. - Je suis désolé, ça fait partie des conditions. - C'est normal, imaginez qu'il vous arrive quelque chose avant la signature du traité... - Et puis, 2 jours, c'est pas tellement long. Et pour votre protection, je vous ai désigné un gars formidable. - J'en doute pas, c'est pas contre vous. C'est simplement le principe d'être collé par quelqu'un non-stop pendant 2 jours... - Oui, jour et nuit. - Jour et nuit?! - Ça fait partie des conditions. - Vous inquiétez pas, Grudu est un garçon très discret... - Au bout d'un moment, vous saurez même pas que je suis là. - Avec lui, je suis tranquille, c'est une force de la nature. Entraîné à tuer, il a grandi sur la banquise viking, il a été élevé par des ours polaires... Par contre, si vous sentez qu'il s'énerve un peu, vous lui sortez un morceau de viande...Aah! Tu lâches! C'est débile, cette histoire! - J'ai pas le droit de vous laisser. - Avec ses maîtresses, il a bien droit à un peu d'intimité! - Ni avec ses maîtresses, ni avec sa femme. J'ai pas le droit de le laisser. - Au moins, allez vous mettre dans le coin de la pièce. - J'ai pas le droit de m'éloigner. - Regardez ailleurs alors! Parce que là, ça va pas être facile! - J'ai pas le droit de le quitter des yeux. - Qu'est- ce qu'on fait ? On le fait quand même? - Sûrement pas! ça va bien, oui! - Ça fait 2 semaines qu'on s'est pas vus... - Recule! ou je te sors les boyaux! - Mais qu'est-ce qui vous prend? - Personne n'a le droit de le toucher. - Mais ne soyez pas con! Vous croyez peut-être qu'elle veut m'assassiner? - La vache, la trouille! - Personne n'a le droit de vous toucher. - Et si quelqu'un me serre la main? ou me passe un morceau de pain à table? - Je lui démonte sa face. - Vous êtes pas bien! Si je comprends bien, va falloir que je fasse attention pendant 2 jours à ce que personne me frôle dans les couloirs! - Mais personne vous frôlera parce que je lui aurai pété sa tête avant! - Et ma femme? La reine? - Avec tout le respect que je dois à une personne royale, sire, si la reine essaie de vous toucher, je lui bousille sa gueule. - Ce serait bête. Du coup, vous seriez obligé de choisir une autre reine. Dès que vous aurez signé le traité, il vous protègera plus? - Non. Là, il me lâche pas, mais dans 2 jours, je peux bien crever, il en aura plus rien à foutre. - Quand même, faut pas exagérer. - Ben quoi, c'est pas vrai? - Attendez, l'affectif, ça joue aussi. A force d'être ensemble, des liens se créent. C'est obligé. - Des liens se créent? Qu'est-ce qu'il raconte? Vous me filez le train depuis 2 heures de l'après-midi. - Oui, mais je vous apprécie vachement. Je trouve que vous avez beaucoup de noblesse. Vous exercez votre pouvoir avec humilité et grandeur, et c'est vraiment beau à voir. - Si vous m'aimez bien, vous pouvez pas me faire une fleur? - Si. Ce que vous voulez. - Vous pouvez pas quitter la pièce une petite demi-heure? - J'ai pas le droit de vous laisser. - Donnez-moi ça 2 secondes... Et là qu'est-ce qui se passe? je me menace. Il faudrait me buter mais vous avez pas le droit de me toucher! - Arghh... - Non, ça va, calmez-vous, c'était pour déconner. C'était une connerie... Un morceau de viande, un morceau de viande! Putain, ça va être long deux jours. - Si vous laissiez tomber la lecture pour un petit moment? - Recule! ou je te crève les yeux! - Oui, non, j'ai pas le droit parce qu'il y a le traité de paix, tout ça, je suis désolé. En fait, c'est pas désagréable de se sentir protégé. - Comment ça se fait que j'ai pas mon trône aujourd'hui? - J'ai besoin de la place, j'ai fait venir un barde pour ce midi. - Oh non... - Faut bien qu'on sache ce qui se passe dans le monde! - On sait ce qui se passe! - J'ai 25 espions qui me font 2 rapports par semaine... - Ils chantent pas, vos espions. - Il manquerait plus que ça. - Ce qui compte, c'est ce qu'ils disent. - Pour nous, ce qui compte, c'est que ça chante. Joli jeune garçon est tombé...s'en est si bien remis...lendemain était sur pied... - Alors là, personne sait qui c'est qu'est tombé, tout le monde s'en fout. - Qui vous demande de vous occuper des paroles? - C'est le fond sonore qui est agréable. - C'est qui celui qu'est tombé? - Où ça? - Comment où ça? - Vous dites qu'un mec est tombé dans le bois. - Peut-être, mais je peux pas vous dire, ça. C'est des trucs qu'on se passe entre bardes. On les fait tourner la semaine, j'ai pas le détail... J'enchaîne? - Allez-y, roulez, roulez! "...berger de Calédonie... mais la bête sous rude orage... dut attendre bien à l'abri que s'enfuient les gros nuages..." - Vous en avez encore beaucoup du sensationnel, comme ça? - Vous avez pris une heure ou une demie-heure? - Une demie-heure, je crois. - Encore une chance. - Bon, un dernier, et je prends mon repas chaud. - Ben, vous mangerez avec nous. - Parce qu'il bouffe en plus! - Oui, il font comme ça maintenant. - Pis, c'est qu'on y tient. Parce ce, si vous voulez, le système de rémunération des bardes est en plein boom en ce moment. On cherche à nous mettre à la trappe. D'ailleurs, j'ai un truc là-dessus! "le barde n'eut point ripaille...parti sans pain, sans fruit...quand chanta pour les funérailles du roi Loth mort dans son lit..." - De quoi? Qu'est-ce que vous avez dit? - Que... Ils l'ont foutu dehors sans un bout de fromage, ces cons! - Pas le barde, on s'en fout, mais après! - Après quoi? - Après avec le roi Loth! Qui est mort? Qu'est-ce que vous racontez? - J'en sais rien, c'est des trucs qu'on se passe comme ça. - Vous avez parlé de funérailles! - C'est possible, j'en dis tellement. - Essayez de vous souvenir! "Le roi Loth..." - "Le roi Loth..." je sais plus... de toute façon, j'ai fini. Alors, je vais commencer par les crudités, si ça vous dérange pas. - Je vous garantis que la mémoire va vous revenir! - Comment voulez-vous que je me concentre? - Laissez-le enfin, il a même pas mangé! - Si le roi Loth est mort, je vous garantis que ça a des importances un peu plus grandes que les crudités! - Si le roi Loth est mort, je me demande bien ce qu'ils foutent vos fameux espions, parce que vous devez les payer un peu plus cher que 2 pièces d'or et un repas chaud! - Allez, enquille! - "... le barde n'eut point ripaille...parti sans pain et sans fruit". D'ailleurs je vous préviens, si vous me laissez partir sans manger, dans une semaine y a une chanson sur vous! - La suite, bon dieu! - "quand chanta pour les funérailles..." - du roi Loth? - "du prince..." Je suis perdu. Je l'ai perdu. - Si je dis qu'il est mort... Ça veut pas forcément dire qu'il est mort. C'est une chanson. - Je vois pas l'intérêt de dire que le roi Loth est mort s'il est pas mort. - Ça dramatise! Si y a des vieux, des fois ça les fait pleurer. On ramasse beaucoup plus de pognon après! Moi, je passe avec le chapeau normalement. Tenez, vous qui êtes bien populaire, quand je chante que vous êtes mort. Je vous raconte pas ce qu'il tombe! Là!! ... Là! Mais ne courez pas comme des cons! Donne un coup de tut-tut, toi! - Drapeau noir...Drapeau rouge, deux fois. - Mais ils font pas du tout ce qu'on leur demande, ils partent à droite! - C'est pourtant clair! Qu'est-ce que je fais? Je relance? Je relance ou le relance pas? - Relancez si ça vous chante! qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? - Appel... - Déjà à la corne, ils regardent même pas vers ici... Vous pouvez bien agiter tous les drapeaux que vous voudrez... - Allez, insiste! Du souffle! - Mais c'est pas vrai?! Oh! Si on vous emmerde, vous prévenez! Ben oui, c'est un peu là que ça se passe! - Drapeau noir...Drapeau rouge... Drapeaux en V! - C'est quand même magnifique une armée bien coordonnée Ben quoi? Vous allez pas me dire qu'on n'a pas l'air cons avec nos drapeaux? Ça fait une heure qu'on fait des signes, y en a pas un qui va dans le même sens... - Ils ont du mal avec le code. - Ils ont du mal avec tout... - Y a quand même pas 50 trucs à retenir, bon sang: débordement gauche, droit, charge, retrait, 2-3 signes spéciaux pour les archers... - Je sais bien, en plus il est clair ce code, enfin il me semble. - Peut-être qu'il aurait fallu moins de signes différents et plus de couleurs? - Bien sûr, comme ça au lieu de confondre les signes, ils auraient confondu les couleurs... - Vous vous rendez compte qu'on était 2 fois plus nombreux qu'eux et qu'on va quand même perdre parce que ces débiles sont pas foutus de retenir 3 signes de code! - On n'a pas encore perdu! - Ah, y a une faille à gauche - Faut la tenter celle-là! - Allez, donne un coup de tsoin-tsoin, toi! - C'est pas vrai, ils regardent même pas vers ici! - Double l'appel! - Mais ils se foutent de nous ou quoi? - On triple l'appel? - On triple...donne-moi ton zinzin, toi! Allez! - Sortez-vous les doigts du cul!! - il faut sonner la retraite, là... Sire? - Hein? - Si on veut avoir une chance de sauver encore quelques hommes, il faut sonner la retraite! - Ils écoutent pas quand on sonne. - Peut-être que quand c'est la retraite, ils écoutent? - Faites comme vous voulez, ça m'est égal. - Bon, appel! - Ah bah, ça marche, ils se tirent! - Mais j'ai pas fait les signes encore? - Peut-être, mais n'empêche qu'ils se tirent. - Ils ont pas le droit de décider de la retraite d'eux-mêmes, on leur a dit et redit! - Moi, prochaine bataille rangée, je reste à Kaamelott. - Quoi? - Dites pas de connerie. - Vous pouvez pas faire ça! - Je vais vous dire: ils attaquent comme ils veulent, ils passent par où ils veulent, quand ils perdent, ils décident de se tirer sans s'occuper de personne... Je suis chef de guerre, moi, je suis pas là pour secouer des drapeaux et jouer de la trompette... - Il va falloir qu'on trouve un code plus simple. - C'est pas le code qui va pas. - Je sais pas ce qui va pas, mais va falloir que ça aille! - C'est sûr que les hommes vont pas pouvoir se prendre une dérouillée par semaine comme ça pendant longtemps... - Les hommes, c'est une chose, mais lui! un chef de guerre qui commande plus, c'est pas bon. Il va déprimer, il va se mettre à bouffer, il va prendre 40 livres. - Ouais...alors faut voir...Peut-être qu'en changeant le code? Dites, c'est pas aujourd'hui votre entraînement avec le maître d'armes? - Je sais pas, je sais plus quel jour c'est. - Sire! je vous attends! A moins que vous ne préfériez qu'on dise partout que le roi est une petite pédale qui pisse dans son froc à l'idée de se battre! - Ouais, c'est aujourd'hui je crois. - Allez-y doucement, c'est de l'entraînement! - Y a pas de doucement qui tienne. Vous allez me faire le plaisir de vous remuer un peu les miches, sire. J'ai l'impression de me battre contre une vieille! - Parce que là on a dit qu'on se battait pas. C'est juste 2-3 passes, histoire de se dégourdir! - Vous appelez ça des passes, vous? Moi, j'appelle ça des politesses! En garde, ma mignonne! - Mais c'est pas possible, vous pourriez prévenir! - Le jour où vous tombez sur un ennemi, ça m'étonnerait qu'il vous prévienne! - Déjà, je suis pas votre ennemi. Et vous avez failli me couper un bras! - S'il faut ça pour vous réveiller, ça me fait pas peur! - Vous êtes quand même bien allumé! - En garde, ma mignonne! - C'est obligé les prénoms féminins? - C'est pas le tout d'avoir une épée magique, pas vrai? Encore faut-il savoir s'en servir! - Ne me prenez pas trop pour une bleusaille quand même, en combat réel je me défends pas trop mal, figurez-vous. - Dites-vous que c'est un combat réel. Montrez-moi ce que vous avez dans le slibard! Petite pucelle! - Non, non, moi j'arrête. - Bé, pourquoi? - J'en ai ras-le-bol de vos conneries! - Un personnage de votre qualité se doit d'être entraîné! - Je parle pas de ça, je parle de vos provocations à deux ronds. Ça, j'en ai marre! - Mais c'est pour stimuler la colère, sinon on peut rien faire! - A quoi ça rime de me traiter de pucelle, je vous le demande! - Aucun homme ne vous est plus dévoué que moi, j'ai donné mon arme et mon coeur au service de votre divine destinée, c'est justement l'amour profond que je vous porte qui m'empêcherait de lever la main sur vous. - Moi aussi, c'est exactement la même chose, je vous aime bien, j'ai pas envie de vous cogner sur la tronche! - C'est pour ça qu'on s'insulte! Pour oublier qu'on s'apprécie. - En garde, espèce de vieille pute dégarnie! Un petit effort, balancez-moi une bonne insulte! - Faudrait déjà que j'en trouve... - N'importe quoi, ce qui vous vient, pourvu que ce soit vexant. - Bon alors, en garde! ... Fils d'unijambiste! - Quoi? - Qu'est-ce que j'ai dit? Une connerie? - C'est pas une insulte ça, c'est vrai! - Ben évidemment que c'est vrai! vous avez jamais dit que ça devait être faux! - J'ai jamais dit que ça devait être vrai! - Vous avez dit que ça devait être vexant, ben voilà, vous êtes vexé! Alors profitez-en, allez hop! - Ah non. - Allez! Allez maintenant! - Je trouve révoltant d'utiliser l'infirmité d'un père à des fins de... - Profitez-en, traitez-moi de grosse gouine et attaquez-moi puisque vous êtes en colère! - Je suis pas en colère, je suis profondément outré! Qu'est-ce que vous diriez si je me permettais d'en faire autant? - Ben oui, mais mon père, il est pas unijambiste, je suis désolé. - Encore? Mais à la fin, est-ce que ça va finir? - S'il vous plait, faites pas votre mijorée, depuis ce matin je me fais traiter de gonzesse, j'en fait pas tout un cake! - Mais gonzesse, c'est une formule, je le pensais pas! Si j'avais voulu taper dans les potins, j'aurais très bien pu parler du vôtre de père... - Quoi? - Au hasard, l'épisode de la grange de Briguitte! - Quelle grange? - Celle où il s'était endormi dans le foin et il s'est fait chier dessus par un bouc! - Ok, alors là, ça va être un bain de sang. - Il me semble qu'il était musclé l'entraînement hier? - Oui, on a un peu chargé, ça nous fait du bien, ça nous... - Sire! mon père est peut-être unijambiste, mais moi, ma femme a pas de moustache! - Qu'est-ce qu'il dit? - Rien! C'est rien! On fait semblant, c'est pour nous stimuler un peu, ça nous...voyez? - Alors ça vient? 'tite bite! - C'est aujourd'hui que vous partez repousser les barbares? - Oui, affirmatif. Va y avoir du sport, je vous le dis! - J'aime bien quand vous partez au combat, vous êtes toujours joyeux! - Commencez pas. C'était où déjà ça? Là. Bonjour à vous! Restez assis, je sais pas vous, mais j'ai une patate moi ce matin! - Moi pareil! Va y avoir de la danse, j'aime autant vous le dire! - Je connais 2-3 barbares qui feraient bien de s'échauffer! - Et alors, et vous? - Ça va, la pêche! Qu'est-ce qu'il y a de prévu pour aujourd'hui? - Qu'est-ce que vous avez foutu de votre armure? - Ben, chez moi, pourquoi, y a un tournoi? - Vous vous foutez de nous? Les envahisseurs barbares, ça vous dit rien? - La réunion de bataille hier soir, il me semble pourtant pas vous avoir vu roupiller. - Mais c'est fini cette histoire! - Qu'est-ce qu'est fini? - Ils s'en vont les envahisseurs! Bohort a négocié comme un chef! Y a même plus besoin de se remuer les doigts de pied. Je croyais que c'était pour ça que vous étiez content. - Qu'est-ce que c'est que cette histoire de solution diplomatique? - J'ai réussi à éviter la catastrophe, le sang ne coulera pas. - On a eu chaud! - Il n'y a plus qu'à recevoir leur chef. - Recevoir leur chef pour quoi faire? - Ben, pour signer le traité. - Le traité de quoi? - Ben, comme quoi, on leur cède les marais. - Non, c'est moi qui suis abruti... Vous comprenez quelque chose, vous? - Non. - On est pas venu vous faire un rapport? - Non. - Pourtant j'avais bien dit aux gars qu'ils viennent vous voir, mais faut les comprendre, la joie d'avoir été épargnés... Vous les auriez vus quand je leur ai annoncé la nouvelle: "Le négociateur", qu'ils criaient, "vive le négociateur! vive le seigneur Bohort!" - Mais qu'est-ce que les marais viennent foutre là-dedans? - Attendez, vous allez voir. - En échange des marais, nous ne serons pas attaqués. - Comment ça "en échange"? - Vous leur avez pas refilé des terres quand même? - Des terres... Peut-on seulement appeler ça des terres? - Oui, on appelle ça des terres! - Qu'est-ce qui vous a pris de vendre des terres à des ennemis?! - Je les ai pas vendues puisque je les ai cédées. - Mais cédées pour combien? - Pour rien, contre nos vies. - Oui, moi franchement, j'aime autant. - Il est marteau, c'est pas vrai! - On était partis pour les dérouiller! Qui vous a demandé d'éviter les combats, personne! - Alors il donne des terres, il négocie, il arrange les bidons, faudrait savoir si vous êtes chevalier ou promoteur! - Je suis confus, j'avais pas pensé que Kaamelott était encerclé par les marais. - C'est vrai que dans l'urgence du truc... - C'est pas bien grave, au lieu de nous attaquer juste par le sud, ils nous attaqueront de tous les côtés en même temps, hein? - De toutes façons, ils sont chez eux, ils font ce qu'ils veulent. - Mais y a aucune raison qu'ils soient encore agressifs, maintenant qu'ils ont obtenu les marais! - Peut-être qu'ils vont juste y mettre des petits cabanons? - Bah oui, pour les vacances aux barbares, ça leur fait un joli petit pied à terre. - Les barbares ont avancé leurs catapultes jusqu'au bord des marais, on est encerclés! - Tiens donc! - Vous êtes fiers de vous? - Vous aviez bien prévu de les dérouiller? Ça change pas grand-chose au programme! - On en profitera juste pour récupérer nos marais. - Quel dommage quand même qu'on ait perdu ces jolis marais! - On les a récupérés finalement. - On les avait perdus quand? - Ce matin. - Et quand est-ce qu'on les a récupérés? - Cet après-midi. - Ça va trop vite pour moi. - Y a un paquet de trucs qui vont trop vite pour vous. - Donnez votre écuelle, je vous sers des navets. - J'ai pas faim. - Vous mangez! - C'est bien reposant les repas avec vous. - Qu'est-ce qu'il a à faire la gueule, celui-là? - Je fais pas la gueule. - Qu'est-ce que ça doit être... - Oh, fichez-lui la paix - Monsieur voulait dîner chez votre neveu Gauvin, figurez-vous. - Et pourquoi il y est pas allé? - J'estime que sa place est ici, c'est tout! - Il peut bien aller de temps en temps chez son copain... - Vous, occupez-vous de votre cuiller, ça vaut mieux. - Vous m'avez l'air en forme, vous, ce soir... - Je vous demande pas de me soutenir, ce serait miraculeux. - Qu'est-ce que vous voulez que ça me foute à moi qu'il bouffe ici ou chez Gauvin? Il dit tellement rien qu'on dînerait avec un tabouret, ce serait pareil... - Je ne vous comprends plus: celle-là, on la marie au roi; celui-là, on le colle à la Table ronde, tout ce petit monde est casé. La moindre des choses quand on est admis à la table du roi, c'est d'y être! - Entre parenthèses, j'espère que vous avez casé tout ce que vous vouliez caser parce que je compte pas accueillir les oncles, les tantes et toute l'équipe. - Dites tout de suite qu'on est des poids! - Sans être des poids, si vous étiez pas là, je dînerais déjà plus calmement. - Un petit différend familial, vous pouvez supporter ça de temps en temps, non? - Une fois de temps en temps? Vous manquez pas d'air! - Tout dépend de ce que vous appelez un différend. - A partir du moment où on commence à péter la vaisselle, j'estime que le terme est pas excessif. - N'exagérez pas, y a des soirs où c'est calme. - Hier, y a pas eu un mot plus haut que l'autre. - Y a Père a dit qu'Arthur, c'était un emmerdeur et que des rois comme ça, il en faisait un tous les matins. - Tiens, pas un mot plus haut que l'autre? - Je l'ai pas dit fort... - Comme ça bien sûr, sorti de son contexte... - Mais y a toujours un contexte pour se mettre sur la gueule, j'ai jamais dit le contraire, seulement ça brasse tous les soirs, même votre fils en a marre, il préfère aller manger chez Gauvin. - C'est pas de ça dont il a marre. - Oh si, moi les disputes, ça me coupe l'appétit. - Il est sensible, il aime pas quand ça crie. - Vous, on vous a rien demandé, espèce de grosse conne. - Oh! vous voulez une tarte?! - On parle pas comme ça à sa soeur! - Petit pédé, va. - C'est pas parce que vous êtes reine que ça peut pas tomber aussi! - Pas un mot plus haut que l'autre, chaleureux, familial, satiné... - Calogrenant en Calédonie, il mange avec ses ministres et sa famille est dans la pièce d'à côté, pas vrai? - Calogrenant, c'est le roi des cons. - Ça, c'est un fait. N'empêche qu'il doit avoir des soirées plus paisibles. - On disait juste que le petit avait pas à dîner chez Gauvin parce qu'il est le beau-frère du roi! - Le beau-frère du roi... Putain, oui! - Je suis bien le frère de votre femme. - Oui, mais j'avais pas fait le rapprochement. - Moi, je l'avais fait... C'est même à cause de ça que je peux pas dîner où je veux... - Allez-y, manger chez Gauvin. - Il n'en est pas question! - Je suis son supérieur militaire et c'est un ordre! Si vous la ramenez, à partir de demain vous mangez dans la pièce d'à côté! - Pourquoi à partir de demain? Maintenant que l'idée est lancée... - C'est normal, à son âge, on n'a pas envie de manger avec des vieux. - Avec des vieux? - Allez dîner chez Gauvin, vous aussi. - Quoi? - C'est un ordre. - C'est une marotte d'aller dîner chez Gauvin ce soir! - Tenez, ben allez-y aussi, ça vous fera digérer. En fait, c'est pas dans la pièce d'à côté qu'il faut les envoyer...C'est chez Gauvin. - Ben, hého, ils finissent pas leur coupette? - Ça passe pas. - On est noués. - À cause? - On est convoqués à la Table ronde. - Houla! Vous avez fait une connerie? - Une connerie évidemment, mais de là à être convoqués... - On a dû en faire une sévère. - Qu'est-ce qu'on attend là déjà? - Alors pour la 20e fois, on attend une apparition de la dame du Lac. - Ah ouais, c'est ça. - La dame du Lac, par rapport à vous, c'est...? - Comment par rapport à moi? - Votre cousine? - Mais absolument pas. - Il paraît qu'elle accepte de voir que vous. - Alors pour la 30e fois, ça aussi, c'est pas qu'elle accepte de voir que moi, c'est qu'il y a que moi qui peut la voir. - Ah ouais, du coup... - Si elle accepte de voir que vous... - Non. Y a que moi qui "peut" la voir. Y a que moi qui ai la capacité physique, sensorielle, de la voir. Vous, vous pouvez pas. - Ben si elle veut pas, on va pas la forcer. - Ah merde, là! - Voilà. Vous me les avez demandés, ils sont là. - Vous savez que l'un d'entre eux a une destinée tout à fait exceptionnelle? Par exemple... - À qui vous parlez, là? - Attendez une seconde. Je vous ai dit: je m'adresse à la dame du Lac. - Elle va venir? - Mais pas si on est là, elle veut voir que lui. - Elle est là. Mais vous pouvez pas la voir. - Je sais pas si c'est tellement la peine d'insister... - Vous êtes sûre qu'ils ont une destinée exceptionnelle ceux-là? - Mais qui? - Attendez, celui avec les jolis yeux bleus, là? Très gros potentiel... - Perceval? Vous vous foutez de moi? - Pas du tout. - Mais je me fous pas vous, j'ai rien dit! - Si votre cousine arrive, on va peut-être vous laisser parce que... - Perceval de Galles, c'est ça? - Ouais et ben? - Dans 20 siècles, on en parle encore... - Sire, ça devient flippant là! - Mais vous allez fermer vos mouilles, oui? Je vous répète en long, en large, en travers que je m'adresse à quelqu'un que vous ne pouvez pas voir! - Ah non, vous vous énervez pas! - ...alors vous la bouclez, vous restez là et vous attendez que j'aie fini! - Attendez, c'est quand même pas facile à comprendre, faut se mettre à leur place. - Même quand c'est facile à comprendre, ils comprennent rien! - Mais qui? - Voilà, ça s'est pas trop mal passé? - Nous, au bout d'un moment, on a préféré plus rien dire. - Voilà, du coup, ça s'est pas trop mal passé. Alors... j'ai un message pour vous de la part de la dame du Lac. - Ah mais vous l'avez vue finalement? - Non, taisez-vous. Taisez-vous parce que là, ça...chut! écoutez...Voilà. La dame du Lac me charge de vous dire que vous - alors, plutôt vous visiblement - seriez susceptible d'accéder à une destinée hors du commun. - J'ai rien compris. Non? ou alors c'est moi? - Non, moi non plus, j'ai rien compris. - Non, non, c'est moi. Vous, en ce moment, c'est pas terrible. La gloire, la légende, les quêtes, tout ça, c'est pas terrible. Ah non, mais ne réfléchissez pas, je vous l'affirme: c'est pas terrible. C'est nul, nul, archinul, vous êtes des zéros. Voilà. Et bien, soyez patients, ça va aller mieux. - Mais quand? - Pas d'information précise à ce sujet. À mon avis, c'est pas pour après-demain. Voilà, tirez-vous. - Hé ben, ils se sont pas trop faits engueuler, on dirait! - Figurez-vous qu'on a un destin. - Alors regardez bien nos tronches parce que vous allez plus les voir longtemps! On a autre chose à foutre que de se râper les miches sur les tabourets de votre boui-boui. - D'ailleurs, on finit ce verre et on se tire. - Quand je pense qu'on a failli gâcher un destin pareil à boire des canons! Ah tiens, aujourd'hui j'ai fait tailler le rosier de l'arrière-cour parce qu'il en avait drôlement besoin! Et vous? Vous me racontez pas votre petite journée? - Ah ben, faut le temps d'encaisser la vôtre déjà. Pas toutes les émotions d'un coup. - Sire, moi je cherche juste à comprendre. - On réussit à mettre la main sur le voleur de bétail. Il refuse de donner le nom de son complice. Qu'est-ce qu'on attend? - Qu'est-ce qu'on attend pour quoi? Il veut toujours pas parler? - Toujours pas, non. Il dit qu'il nous emmerde. - En plus! - On passe pour quoi, je vous le demande. - Qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse? - C'est pourtant pas les solutions qui manquent! - C'est vrai que c'est curieux, cette manie de pas vouloir torturer...Ça vient de quoi, ça? - Ça vient que chez moi, y a pas de torture. Voilà. - Et c'est très bien comme ça. - Oh ben, oui, c'est très bien, c'est moderne. - En attendant, le complice cavale toujours. - Vous savez, la torture, c'est pas ce que vous croyez. Quand c'est fait par un pro, y a pas une goutte de sang. - Le simple fait de déballer les outils, le gars, il craque. - Et s'il craque pas? - Alors là, c'est la boucherie. Vous mettez le pied de votre gars là-dedans, vous fermez bien, et vous tournez la vis jusqu'à ce que vous entendiez le bruit de l'os. - J'ai chaud, je me sens pas très bien. - Ça, c'est du classique, on en trouve à peu près partout de ça... - Celui-là, c'est le modèle adulte, mais on a toutes les tailles, hein. - Mais qui c'est qu'invente ces trucs? Vous les connaissez les mecs, vous? - Ça, ça a toujours plus ou moins existé. - De temps en temps, on tombe sur un farfelu qui croit qu'il a inventé l'eau chaude, mais le plus souvent c'est une adaptation d'un modèle existant. Ça, par exemple, c'est simple. Pour rester sur le thème du pied, vous dites à votre gars de bien marcher au milieu de la pointe et tac, un coup ferme sur le dessus. - Pas mal, ça! - C'est horrible cette chaleur, je suis en sudation... - Et l'autre là, vous avez la trappe en dessous pour mettre les braises? - Non, celui-là, c'est le modèle au-dessus, il est un poil plus cher. - Attendez, le mec qui est en train de se faire broyer le pied, qu'est-ce que ça peut bien lui foutre qu'on le crame en plus? - C'est pour la mise en scène un peu... - Tout ce qui est feu, ça impressionne bien. - J'ai l'impression que je fais des palpitations... - Sinon vous avez rien de plus festif? - Si vous aimez, j'ai ça. C'est pour arracher les noix. - Les noix? les fruits? - Ah non. Les noix, les noix. Ça fait partie de ce que j'appelle la gamme de voyage. Vous êtes en déplacement, vous avez pas envie de vous encombrer avec du barda, vous avez ça. - Et ça, c'est pour? - Alors là, vous sectionnez le doigt au niveau de la première phalange. - C'est déjà moins vicelard, ça. - Moins vicelard... - Enfin, je veux dire, comparé au reste, quoi. - C'est du progressif. Vous coupez une phalange, vous en coupez une 2e si le gars cause toujours pas, vous revenez sur le premier doigt, vous bouffez une phalange en plus, de toute façon, y a un fascicule livré avec, c'est tout expliqué. - Ça, on peut toujours en prendre 4 ou 5, ce sera jamais perdu, hein? - Je crois qu'on a fait le tour. Sinon, y a ça aussi, c'est le bel outil... - Qu'est-ce qu'on coupe avec ça? - Ce qu'on veut. Enfin, c'est plutôt pour tout ce qui est génital. - Ça vous ennuie si je vomis? - Vous mettez ce bout-là dans un orifice. - Un orifice? - Oui, c'est au choix. Bon, c'est vrai que classiquement, c'est plutôt le ...bref, vous prenez l'aiguille et vous piquez le cul du rat. Bon, là c'est un rat empaillé, mais c'est pour vous montrer. Le rat rentre dans l'orifice et il bouffe tout. Vous avez raison, c'est plus sympa quand on se raconte nos journées. - Ah, Sire. - Tiens, le purgateur, qu'est-ce vous faites là? - Ben, je vous cherchais. - Bonjour... - Ah! m'adresse pas la parole, hérétique! Démon! Excusez-moi, pour moi les femmes, j'aime pas ça, c'est de la saloperie.. Vous me suivez? Je vous attends. - Alors, vous vouliez me voir. - Oui, tout à fait, d'ailleurs, au passage, je vous remercie, vous êtes toujours à l'écoute d'autrui, vraiment quand on veut le voir, on peut le voir, c'est extraordinaire, vous êtes vraiment un roi, très, à l'écoute et ça, c'est extraordinaire. - D'accord. Alors, qu'est-ce que c'est que ce fatras? - C'est un...C'est une loi que je voulais soumettre à votre ratification, une loi toute simple, toute bête, voilà, faut juste signer, hein? - Et le roi vous avait donné un accord de principe ou? - Ben, non, ça justement, je me souviens pas de ça. - Ah oui, non, mais c'est bon ça. Je vais pas vous ennuyer avec toutes les, des réunions, des conférences, des blablas, hein? D'autant que vraiment, vous avez autre chose à faire, vous travaillez énormément et puis, le public apprécie, je crois, cette attitude puisqu'il est vraiment ...et le peuple vous acclame. - Alors, rapport à la loi. - Tout a été pré-mâché, hein, c'est bon, vous n'avez, je vous dis, qu'à signer en bas, à droite, voilà, concernant, ici, tout à fait, ici, hein? - Oui, alors ça, non, d'accord, simplement, remémorez-moi un petit peu. De quoi il s'agit à peu près? - Pour la loi? C'est une loi qui interdit la polygamie. - Donc, si je comprends bien, on pourrait plus avoir plusieurs femmes en même temps? - Non, on pourrait plus avoir plusieurs femmes. - C'est ça, juste une à la fois. - Ah non, juste une. - Juste une? je comprends...comment ça juste une, je comprends rien. - Vous comprenez rien? Vous par exemple... - Non, pas moi. - Ah bon? Bon, ben vous, par exemple... - Ah non, moi ça n'a rien à voir, j'ai juré de ne donner mon âme qu'au véritable amour dont la pureté n'aurait d'égale... - - Voilà, non, mais lui c'est chiant, c'est un peu spécial, lui. - Bon, ben vous par exemple... - Non, pas moi! Ben, prenez lui! - Moi? Ben... - Oui, non c'est vrai, non...pardon. Bon, ben moi alors. - Vous, par exemple, votre femme, c'est Guenièvre, notre reine bien-aimée? - Oui, bon, et alors? - Alors, vous êtes d'accord que de temps en temps, vous avez eu des petites histoires, vous allez pas le nier, ça, hein? Des petites histoires avec des petites paysannes, qu'étaient toujours pas très propres, hein? Puis des petites jeunes filles qu'étaient dans votre lit pour des raisons pas bien claires, c'est pas joli, joli, c'est moche!Bon, d'accord, alors votre femme, c'est Guenièvre, notre rein bien-aimée donc, vous n'êtes qu'avec Guenièvre, point final et c'est tout, voilà vous signez là, pardon... - Je ne suis qu'avec Guenièvre et? - Et c'est tout, un point c'est tout, point final, vous n'allez qu'avec Guenièvre, notre reine bien-aimée qu'est notre reine bien-aimée, vous signez, point final, c'est tout, pardon. - Je vais réfléchir un peu encore. - Mais Sire, - Non, par contre mais, y a pas de problème, c'est très intéressant... - Moi, j'avais jamais entendu parler de ça, mais pourquoi pas? - Non, c'est moderne, c'est... - C'est ça, c'est intéressant, mais faut faire attention ça vraiment que ce soit pas trop moderne, voilà. Posez-le, ça. - Moi, je dis que vous devriez vous débarrasser de ce type avant qu'il ne répande ces idées ridicules dans tout le pays! - Puis de toute façon à force de gonfler tout le monde, un de ces quatre, on va retrouver pendu à un arbre, il demandera pas d'où ça vient! - Une seule femme! Quelle idée! - Qu'est- ce qu'il faut pas entendre comme connerie alors! - Et puis, vous vous ennuieriez avec qu'une seule femme, vous, non? - Ah oui! Ben, ouais. - Par contre, il y a une chose à laquelle on pourrait réfléchir... C'est à autoriser la polygamie pour les femmes. - Non... - Pourquoi non? - Attendez, vous vous rendez compte? Bon, allez, faut signer la loi, s'il vous plaît. - Non, je vous ai dit non, je la signe pas! - Bon, attendez, vous signez la loi et puis, de temps en temps, vous pouvez aller voir toutes les jeunes femmes que vous voulez comme avant. - Allez-y, continuez. - Et puis, vous venez me voir en confession. - En confession? - Je vous expliquerai. Ça prend 5 minutes et puis après on est tranquille, on peut faire ce qu'on veut. - Dépêchez-vous Merlin, bon sang! - Mais qui c'est ce type? - Un gars avec une barbe et un bâton, je suis sûr que c'est un enchanteur! - Mais qu'est-ce vous voulez que j'y fasse, moi? - Il faut que vous veniez à la salle du trône pour protéger le roi Arthur au cas où ça dérape! - Mais vous rigolez? Si c'est un enchanteur, j'y fous pas les pieds, moi! - Je viens mander la jouissance de la Butte aux Cerfs pour mon usage personnel. - Qui c'est ce péquenaud? - Un enchanteur, Sire. - Élias de Kelliwi'ch, dit Le Fourbe, pour ainsi dire un confrère. - Et en quel honneur je vous donnerais ma Butte aux Cerfs, je vous prie? - Si tu refuses, je ferai tomber une pluie de calamités sur ton royaume. - Bon, déjà il me tutoie, ça part mal. Virez-moi ce con. - Et la pluie de calamités? - Attention, je connais un peu le loustic, il en est capable. - Faites quelque chose, c'est votre rayon les calamités. - Attendez, Élias c'est pas n'importe qui, quand il s'y met, c'est pas de la rigolade, j'aime autant vous le dire! - Vous êtes pas à la hauteur? - Je vous avouerai que jusqu'à maintenant, je me suis toujours débrouillé pour pas tomber face à lui. - C'est vrai ce qu'on dit? que vous êtes le fils d'un démon et d'une pucelle? - Oui, pourquoi? - Vous avez plus pris de la pucelle. - Élias de Kelliwi'ch, grand enchanteur du Nord, meneur des loups de Calédonie, pourfendeur du dragon des neiges, concepteur de la potion de toute-puissance, prophète des... - Bon, ben ça va, vous allez pas nous sortir tout le curriculum, si? - Ben, entre enchanteurs, c'est comme ça qu'on fait. - Merlin, enchanteur de Bretagne, grand vainqueur de la belette de Winchester, concepteur de la potion de guérison des ongles incarnés, auteur du parchemin Le Druidisme Expliqué aux Personnes Agées... - C'est bon, vous avez raison, ça va prendre une plombe. Élias! Je vais te soumettre une énigme! Si tu échoues, tu retourneras d'où tu viens, sans demander ton reste! - J'accepte ton défi, Merlin! Énonce ton énigme! - Qu'est-ce qui est petit et marron? - Un marron. - Putain, il est fort ce con. - Quoi, c'est tout? C'est ça votre énigme? - Attendez! Une autre! - Tâchez de pas foirer, je vous préviens, je donne pas ma Butte aux Cerfs! - Ben pour la Butte aux Cerfs, c'est râpé, il l'a gagnée, j'ai donné ma parole! - Mais c'est pas possible d'entendre ça? - Mais pourquoi vous relancez une autre énigme alors? - Attendez, je vais pas rester sur un échec, j'ai une réputation à soutenir, moi! - Récupérez ma Butte aux Cerfs, espèce de crétin, ou je vous en fais une aux pommes, moi, de réputation! - Élias! Serais-tu prêt, sans vouloir te commander, à remettre la Butte aux Cerfs en jeu? Si tu échoues, tu la rends! Si tu réussis! Ben, tu la gardes déjà, et puis, on rajoute une bricole? - SI j'échoue, je garde la Butte aux Cerfs et je fais tomber une pluie de calamités par vengeance! C'est pas pour rien qu'on m'appelle Le Fourbe. Si je réussis, je garde la Butte aux Cerfs, plus le Tertre des Ames! - Ça, c'est sûr, tant qu'il met de la calamité dans la négociation, on a toujours un cran de retard! Élias, goûte cette potion, si tu en énonces tous les ingrédients sans en omettre un seul, tu auras ce que tu désires, sinon... ben, sinon, on parle de tout ça à tête reposée, les calamités, tout le tremblement... - Genièvre, racine de noyer, fraise sauvage, griffe de renard, oeil de libellule, sauge, sel, laurier. - Et? - Et c'est tout. - Ah, perdu! Cette fois-ci, ta légendaire précision ne t'aura pas suffi Élias, tu as omis de mentionner le persil! - Quel persil? - Hé ben le persil! Ah bah, non, merde, il est là, j'ai oublié de le mettre. Non, ben, c'est bon. - Quoi qu'est bon? - Alors, il gagne la Butte aux Cerfs, le Tertre aux Ames, la moitié des Marais maudits et 250 000 pièces d'or. - Ok, il va arrêter le tir avec les défis. - Quand je pense qu'on a perdu la Butte aux Cerfs... - Ça, il est fort! - Pour faire votre potion, vous les mettez dans quoi vos ingrédients? - Ben dans l'eau. - Ben voilà, il l'a pas mentionnée, l'eau. - Mais c'est vrai en plus! - Mais c'est génial comme coup fourré pour une énigme, ça! Ça me serait pas venu à l'idée de penser à l'eau! De toute façon, les énigmes, ça a jamais été mon truc alors... - Un de ces jours, faudra vraiment que vous nous disiez ce que c'est, votre truc. Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire de banquet? Il faut arrêter de faire des banquets à 50 personnes tous les mois! - Non, mais c'est pas pareil là, c'est le banquet des chefs de clan. - Et alors? - Ben, ils sont pas 50, ils sont 2 000. Alors, moi, j'avais pensé à agrémenter chaque table d'un grand bol de fruits de saison. Des noix, des raisins... - Oui, Bohort, c'est très intéressant, d'accord, mais faut pas perdre de vue que nous recevons les chefs de clan. Qui nous dit que les chefs de clans n'aiment pas les fruits de saison? C'est pas le problème d'aimer, Bohort, faites un effort! Vennec, qu'est-ce que vous aviez prévu? Autre chose que des fruits de saison, non? Affirmatif. De la viande, de la viande et de la viande. Cuite dans sa graisse. - Voilà! - Forcément. - Et puis, alors voilà, éventuellement, pour ceux qui veulent, une ou deux corbeilles de fruits. Si vous voulez du fruit, moi je vous mets du fruit, c'est pas pour ce que ça coûte. Un genre de décoration, c'est ça? - Vous bilez pas pour la teur-teur, y aura ce qui faut. - De toute façon, ils viennent pas que pour bouffer, non plus, c'est un sommet politique. - Ce qui n'empêche pas de bien recevoir! - Vous faites pas de cheveux là-dessus, j'ai compté 3 porcs par personne. - Trois porcs! - Attendez, je les connais les chefs de clan, ceux qui débaroulent du bout de la Calédonie, là, vous avez pas vu les bestiaux? Je vous garantis qu'ils viennent pas pour manger des fruits de saison! - C'est pas faux, Bohort, 3 porcs, c'est pas mal, ça fait que ceux qu'en mangent que 2 peuvent en donner un à ceux qui en mangent 4. - Non, mais laissez faire, je connais les loustics, par contre, là où je suis un peu ennuyé, c'est que j'ai plus bien de budget pour les gonzesses. - Ah oui, c'est vrai qu'il y a ça aussi. - Du coup, moi de mon côté, j'ai fait une sélection. Viens voir biquette! Tortille un peu du fion pour le roi Arthur! - Non, sans blague, c'est pas la peine. - Attendez, faut que vous me disiez si ça colle, que je commande le reste. C'est un pote pirate qui me les ramène des îles d'Irlande, par contre, c'est des cagaudes, faut pas leur demander de compter jusqu'à 10... - Non mais, j'y tiens pas, je vous assure. - Je trouve ça d'une vulgarité sans précédent. - Sire, c'est vrai que je suis pas très friand non plus, mais face aux chefs de clan, si y a pas des gonzesses... - Hé ben? - Vous allez passer pour des... - Pour des quoi? - Pour des qu'on peut pas se permettre de passer pour! C'est pas parce qu'on invite des porcs qu'on est obligé d'en être un soi-même! - Bohort, arrêtez de vous vexer sans arrêt comme une grosse dinde, on vous dit que c'est politique! - Non, mais, je suis d'accord en fait, chez nous les femmes sont pas traitées comme ça, c'est à eux de s'adapter. Ben, bonne chance. Quand je pense qu'on les invite pour les fédérer... S'ils arrivent et qu'il y a pas de femmes, vous allez fédérer mes couilles... Hé ben, je prends le risque, j'aime pas l'image que ça donne de nous! - Mais qu'est-ce qu'elle a l'image? Tiens, active-toi les jambons un peu! - Attendez parce que là, elle est toute seule, mais faut s'imaginer que j'en fasse venir 5 douzaines! Je vous garantis qu'avec 60 paires de miches, vous fédérez ce que vous voulez derrière! - J'ai pris ma décision, non, c'est non, point final. - Bravo, Sire! - Hé ben, c'est pas gagné! - C'est bon, arrête! Elles sont vulgaires ces Irlandaises... Je pensais à un bouquet de 7 tulipes par table, représentant les 7 contrées et attachées avec un ruban de la couleur des armoiries du clan. Pas mal, moi je pensais plutôt à ça, voyez? C'est harmonieux, puis c'est de la bonne ferraille, des chaînes, c'est bien rouillé, ça fait barbare. Avec ces gros tarés de chefs de clan, ça fera ton sur ton. Sire! - Hein? qu'est-ce qui arrive? - Tenez, j'ai trouvé ça devant votre porte. - Qu'est-ce que c'est? - C'est un corbeau décédé. Alors qu'est-ce que c'est? - Ben, un corbeau mort. - Merci, je suis pas encore complètement débile! Mais qu'est-ce que ça fout devant la porte de ma chambre? - Ouais, c'est peut-être un présage? C'est chiant les présages! - En l'occurrence, surtout pour moi! Alors? - Oui, ben, une seconde, je connais pas tous les bouquins par coeur! Vous avez bien une petite idée! - À la limite, y a ça, mais ça colle pas tout à fait. - Qu'est-ce que ça dit, c'est mauvais? Les poissons mourront de chaleur et donneront naissance à des serpents qui saliront les femmes, qui donneront naissance à des cochons. - C'est plutôt mauvais quand même! - Oui, mais ça c'est au cas où on tombe sur un bouc boiteux devant une chapelle. Il boitait votre corbeau? Hé ben, mon gendre, le repas est servi depuis une demie heure! - Chut! La ferme, bon sang! - Mais qu'est-ce qu'il fait celui-là? Il fume un merle? - Divination. - Et c'est long la divination? parce que c'est juste chaud. - Alors visiblement le froid va s'abattre sur Kaamelott. - C'est pas neuf! - La barbe! Et après? - Sauf erreur de ma part... - Ce serait étonnant... - Le message est clair. Les fourrures couvriront les chefs et les frères des chefs, un vent glacial fera couler le nez du voyageur et les anciens devront mettre les pieds dans l'eau chaude. - Qu'est-ce que je fais, moi? Je mets tout à réchauffer? - Zut! là! Ensuite? - Ensuite? Plus rien. - Comment ça plus rien? Vous voulez dire? La fin du monde? - Non, plus rien, plus de vision. - Vous vous foutez de moi, non? Qu'est-ce que vous voulez que je foute d'un présage pareil? - C'est de la divination, c'est toujours flou, faut interpréter! - Et comment vous l'interprétez vous, les fourrures qui couvriront les chefs et les frères des chefs et je sais plus quelle connerie? - Faut pas prendre tout ça au pied de la lettre, c'est sûr. - À la limite, Merlin, venez casser une graine avec nous. - Foutez-moi le camp! C'est l'hiver votre présage, c'est tout, ça vaut pas le coup d'en discuter pendant 3 mois. - L'hiver? Quoi l'hiver? - L'hiver, c'est tout! Pas la peine de la boucaner votre bestiole! Les fourrures, la morve au nez, c'est bon, ça annonce que l'hiver va être froid, et je vous annonce que le repas aussi. - Non, mais l'hiver, vous me faites marrer, vous. Pourquoi est-ce qu'il vient caner devant ma porte à moi ce con de corbeau, l'hiver c'est pas spécialement moi que ça concerne, si? - C'est vous qu'êtes de sang divin, quand les dieux veulent dire un truc, c'est plutôt vers vous qu'ils se tournent, moi, jusque là, y a rien qui me choque. - Non, mais les dieux, ils viennent me parler de quête, de mission sacrée, ils m'envoient la Dame du Lac, ils viennent pas me raconter le temps qu'il fait ou ce qu'ils ont mangé le midi! - Je suis désolée, je sais que ça fait maigre(?), mais je suis plutôt de l'avis de votre belle-mère! C'est un présage qui annonce un hiver rude. - Ou alors, une vague de peste. - Quoi? - Qu'est-ce que vous me chantez? - Ben, je sais pas. J'ai toujours entendu dire que les corbeaux morts, c'était toujours une histoire de peste. Ou de choléra, je sais plus. - Ah tiens, il paraît qu'il y a 2 ou 3 cas de choléra en Irlande... - Quoi? Vous déconnez? - Qu'est-ce que je disais! - C'est l'hygiène, ça, les Irlandais, ils sont cradingues comme pas permis. - Merde, mais c'est ça le présage! - Peut-être pas, je vois pas le rapport avec la fourrure. - On coule du nez quand on a le choléra? - Voilà, et une assiette de barbaque pour messire Caradoc et un coup de cache-nez pour messire Perceval! Il est pas beau mon graal? - Bon, qu'est-ce qu'il y a à l'ordre du jour, aujourd'hui? - Avant tout, messire Bohort désirerait soumettre un problème à l'assemblée. - Allez- y Bohort. - Plus qu'un véritable problème, ce serait plutôt une remarque. - Je sens que ça va encore être capital. - Beau-père, s'il vous plaît. On vous écoute. - C'est à propos du graal. - Du graal? Ben, très bien. Pour une fois que c'est pas moi qui mets ça sur le tapis. - Nous sommes d'accord pour dire que depuis le début de cette quête, nous sommes à la recherche d'un vase ou d'une coupe, n'est-ce pas? Hé bien, d'après mes derniers renseignements, il serait tout à fait possible que le graal ne soit ni un vase, ni une coupe, mais...un récipient. - Ça fait plaisir de voir que ça avance. - J'ai l'impression que vous ne saisissez pas bien la nuance. - Bon, on enchaîne? Je vous rappelle qu'il faut qu'on aborde le problème des tourelles de la plage. - Non mais, je vous assure! Vous auriez vu le vieil homme mystérieux qui m'a donné ces indications, il a fait ce geste: Et il a dit: "Méfie-toi, le graal est un récipient". - Du coup, ce serait un genre de saladier. - Oh non mais c'est pas vrai... - Écoutez Bohort, sans vouloir être blessant, est-ce que vous êtes sûr que ça change quelque chose? - Il me semble que pour bien chercher, il faut savoir ce qu'on cherche! - De toute façon, le graal, que ce soit un vase, un saladier ou un service à dessert, on n'a aucune piste alors... - Justement, je pense que ça pourrait être un début de piste. - Un début de piste? Alors maintenant, dès qu'un clodo vient nous taper 2 ronds pour picoler, on tient une piste. - À ce moment-là, moi aussi j'en ai des pistes. Y a un an au Pays de Galles, y a un type tout bizarre qui vient me voir, je m'en souviens, il avait ça de poils dans les oreilles, il sentait la boucane, j'ai failli gerber. Il me dit: "oui, tatati-tatata, le graal en fait, c'est une pierre incandescente". - Quoi? mais vous nous avez jamais parlé de ça! - Ben non. - Mais pourquoi? - Ben déjà parce qu'à l'époque, je savais pas ce que ça voulait dire "incandescente". - Et maintenant, vous savez? - Je l'ai su à une époque, mais maintenant. - Peu importe enfin, ça fait des années qu'on cherche un vase, nous! Un vase ou une pierre incandescente, c'est quand même pas pareil! - Le problème, c'est qu'il y en n'a pas un qui dit la même chose. - Et ouais, c'est pour ça, moi j'ai arrêté le graal. - Comment, "j'ai arrêté le graal"? - Au bout d'un moment, c'est un truc à se casser les dents, ça. Non, moi je m'occupe de mon cas, c'est déjà pas mal! - Je vais m'occuper de votre cas, moi aussi. - Si le graal, c'est une pierre, vous admettrez que ça change tout! - Le "graal" déjà, pourquoi forcément un mot compliqué qui veut rien dire? Ils l'auraient appelé "la coupe" ou "le vase", on serait fixés. - Vous voulez dire qu'on l'aurait trouvé? - Non, mais on serait fixés. - Le graal est un objet dont Joseph d'Arimathie s'est servi pour recueillir le sang de Jésus. - Donc, un récipient. - Un récipient? Un vase ou une coupe, on peut bien recueillir du sang dedans, non? - La question, c'est dans quoi d'autre peut-on recueillir du sang de Jésus? - Dans un récipient! - C'est pas compliqué, comment ils font les mecs avec les porcs pour le boudin? - Avec un récipient! - Un vase ou une coupe pour recueillir le sang de Jésus, d'accord, je visualise, mais avec une pierre incandescente, là pardon, faut qu'on m'explique! - À moins qu'incandescente, ça veuille dire "qui peut contenir du liquide". Franchement, vous êtes Joseph d'Arimathie, vous vous pointez devant Jésus qui pisse le sang, dans quoi vous le récupérez le sang? - Dans un bocal à anchois. Déjà, pour la contenance, je peux pomper un demi-galon de sang, je suis tranquille et surtout qu'après, je peux refermer le bocal, j'en fous pas partout dans mon sac. Si Joseph d'Arimathie a pas été trop con, vous pouvez être sûr que le graal, c'est un bocal à anchois. - Ça fait 3 soirs que vous restez avec moi. - Vous en avez marre? - Non, au contraire, mais c'est la reine. - Elle préfère, elle. Soi disant que quand je reviens d'avec vous, je suis plus aimable et plus détendu. - Remarquez ça se tient. Quand vous revenez d'avec elle, vous êtes chiant et agressif. - Et là, quand je me suis retourné, excusez-moi seigneur Perceval, je ne vous ai pas vu à votre poste. - N'ayez pas honte de le dire. Vous l'avez pas vu parce qu'il y était plus! - Je ne voudrais pas que mon témoignage serve à réprimander le seigneur Perceval qui, par ailleurs, a toujours été un camarade dévoué - Alors, où est-ce que vous étiez encore fourré? - Ben, j'étais pas bien loin. - Pas bien loin, pendant une charge ennemie, on tient son poste, nom de dieu! C'est pas le moment d'aller aux truffes! - Je suis pas allé aux truffes! - Alors où? - Je sais plus! - Ce qui compte, c'est que je m'en sois sorti quand même! - Le roi va vous coller une de ces sentences, mon petit vieux, j'espère qu'elle va être exemplaire. - Non, c'est bon, il a compris. Il le fera plus. - Quoi, c'est tout? - Ça va, il a bougé, oui, il aurait pas dû, la prochaine fois il bougera plus, allez, foutez-moi le camp. - Hé ben, de temps en temps, vous êtes souple! - Vous, vous l'êtes jamais, ça fait une moyenne. - "Belle qui tient ma vie captive dans tes yeux, qui me la ravit d'un sourire radieux, viens-t'en me secourir ou me faudra mourir..." Vous êtes vraiment charmant aujourd'hui. - Pas plus que d'habitude! - Vous voulez rire? Chaque fois, c'est pareil, 3 nuits chez Démétra et vous revenez métamorphosé. - Si vous croyez que c'est ça, vous. - Je me demande bien ce qu'elle vous fait. - Vous voulez vraiment qu'on parle de ça? - Ah non, c'est votre petit jardin secret. - Oui, j'aime autant, oui. - Je suis curieuse, c'est tout. Aujourd'hui, tout le monde vient me voir pour me dire que vous êtes bon et clément, dans 3 jours, les mêmes viendront me dire que vous êtes inflexible et cinglant. - Qui c'est qui vient vous voir pour vous dire ça? - QU'est- ce que ça change? - Ça change que si quelqu'un trouve à redire à mon caractère, c'est pas à vous qu'il doit s'adresser. - À qui alors? - À personne! Il la ferme, et s'il est pas content, il déménage. - Vous voyez? Ça fait pas 1/2 heure que vous êtes à côté de moi, vous êtes déjà en train de crier. - Mais lâchez-moi avec ça, je crie pas plus avec vous qu'avec les autres! Vous me dites qu'il y a des mecs qui viennent vous voir! - Je disais ça comme ça! - Vous dites toujours ça comme ça, ça me scie les nerfs, moi! "Vous êtes content, et pis dans 3 jours, vous serez pas content, vous irez dans les bras de Machine, vous serez re-content, merde là!" Ça va? - Ah vous, ne commencez pas à me faire chier, c'est pas le soir! - Excusez-moi. - C'est pas contre vous... - C'est contre qui? - Mais c'est contre personne, excusez-moi, j'aurais pas dû crier. - Ça va mieux? - Mais bien sûr que ça va mieux, faut pas faire attention. - Ben je fais pas attention. - Ben voilà, ça va mieux. Tenez regardez: "Belle qui tient ma vie...cap...tive, non, vous la connaissez pas celle-là? Ça fait rien, c'est pas grave. Qu'est-ce qui sent le cramé comme ça depuis tout à l'heure? - Ça doit être la bouffe. - Euh Sire, vous avez dormi avec qui cette nuit? - Qu'est-ce que ça peut vous foutre? - Parce que là, sans faire exprès, j'ai foutu le feu à la réserve de flèches. C'est pour savoir si on en parle plutôt maintenant ou si on attend demain. - Seigneur Perceval, qu'est-ce que vous faites? C'est le laboratoire de Merlin. - C'est lui qui m'a dit de venir chercher un truc. - Vous avez pas peur d'entrer là-dedans? - Vous savez, moi je rentre, je sors. - Comme vous voulez. Faites attention aux serpents en liberté quand même! - Sire, on peut plus attendre! Il faut lancer le sort ou battre en retraite! - Je peux pas lancer le sort sans ma dent de requin! - Mais qu'est-ce qu'ils foutent les 2 cons avec cette foutue dent, ça fait déjà 4 heures qu'ils sont partis. - Ils vont sûrement arriver. - Personne à l'horizon, Sire. - Ils ont peut-être du mal à trouver la dent dans votre laboratoire, c'est tellement le merdier aussi... - 2e étagère à droite, à côté du bouquin sur la classification des invertébrés. - Ils savent pas lire, ils risquent pas retrouver un bouquin! - De toute façon, de dent de requin, y en a qu'une au labo. Ils fouillent 2 minutes, ils trouvent. - Sire, je fais sonner la retraite, on peut pas se faire trucider 10 hommes à la minute pour une dent de requin! - Vous êtes sûr qu'il vaut le coup votre sort? - Oui, mais il me faut la dent. - Alors on attend encore un peu. - Allez, une petite en vitesse pis on y va parce qu'ils vont nous attendre. - Qu'est-ce qu'on leur met à nos héros? - 2 cidres! - 2 jus de pommes qui piquent, ça marche! - Qu'est-ce que c'est que ce machin, là? - Une dent de requin, il paraît. - Une dent de requin? Qu'est-ce que vous fabriquez avec ça? - C'est rapport à la magie. - Quand même...Vous vous rendez compte de la taille des chicots? Ça doit lui faire un four comme ça au machin. - Mais pourquoi vous vous baladez avec ça? - Faut qu'on le ramène à l'enchanteur, il paraît qu'il doit faire une incantation de je-sais-pas-quoi. - Il veut attirer le mauvais oeil sur les ennemis d'en face. - Oui, un genre de malédiction, quoi. - Oui, voilà. - Donc, c'est une dent maudite. - Non, c'est une dent... J'en sais rien moi. - Merde! Si ça se trouve, on est en train de s'attirer le mauvais oeil, là. - C'est pour ça qu'ils nous ont envoyés nous! - Pourquoi vous? - Ils nous envoient jamais nulle part, soi disant qu'on est des manches et là comme par hasard, y a une saloperie maudite à ramener, c'est pour notre pomme! - Je trouve qu'on nous prend un peu trop souvent pour des cons en ce moment! - Ouais, allez patron, mettez-moi ça à cramer dans la cheminée, vous serez gentil. Je veux plus la voir cette vacherie! - Ah mais je touche pas à ça moi! - Allez, allez! - Vous allez pas le regretter, hein? - Qu'ils se débrouillent avec leur malédiction, je suis pas transporteur de dent, moi! - Alors, ça vient? - Une seconde! Manipuler une dent de requin ou une dent de furet, c'est pas tout à fait la même chose! - Une dent de furet? - Oui, ben j'ai pris ce que j'ai trouvé figurez-vous. Estimez-vous déjà heureux que j'aie trouvé un furet mort et que j'aie réussi à lui arracher les chicots sans gerber! - Arrêtez de discutailler et lancez ce sort! - On n'a presque plus d'hommes! - Sire, les troupes ennemies se reforment! - Magnez-vous le train! - Flûte! - Allez! - Ça y est. - Mais qu'est-ce que c'est que ce sort de merde? - C'est pas la bonne dent! - Sire! L'ennemi est désorienté! - Mais comment ça se fait? - Ils se marrent, ils sont en train de se payer nos têtes! - Bon alors faut en profiter, celle-là c'est la dernière! - Allez appelle! - Vous avez gagné votre bataille aujourd'hui? - Oui. - Ça a pas été trop dur? - Nouvelle technique: on passe pour des cons, les autres se marrent et on les frappe. C'est nouveau. - Et c'est répandu ça comme technique? - Ah non, ça c'est que nous. Parce qu'il faut être capable de passer pour des cons en un temps record. Là-dessus, on a une avance considérable. - Je suis désolé, c'est marqué, le prochain, c'est le seigneur Jacquat. - Ben, ça peut pas être lui, il est mort. - Il est mort, en attendant, il est derrière la porte. - Bon, on fait entrer. - Mais y a rien à faire rentrer, je vous dit qu'il est mort! - Ça fait plaisir de vous voir à Kaamelott, seigneur Jacquat. - C'est vrai qu'on vous voit pas tellement souvent. - Quand y a pas de problème, je ne vois aucune raison de venir vous déranger. Mais enfin là, cette histoire d'impôt, ça m'a mis dans un état, dès que j'ai su j'ai fait atteler la cariole et fouette, cocher! - Qu'est- ce que vous appelez cette histoire d'impôt? - Comme quoi il faudrait que je paye les taxes de je-sais-plus-quoi. Enfin, attention, si faut payer, je paye, y a pas de problème. - Ben, y a pas de problème alors. Vous payez. - Ah oui mais alors là, je suis désolé, ça fait plus de 200 ans qu'il y a que les paysans qui paient les taxes, alors je vois pas pourquoi aujourd'hui, ça change, comme ça d'un seul coup, et ça me tombe dessus comme une merde sur une planche! - Comment? - Excusez-moi Sire, c'est sur le coup du... - Vous savez cette histoire de taxe, on en a longuement parlé à la Table ronde quand même, seulement comme on vous y a pas vu depuis... - Depuis 6 ans. - C'est vrai, j'ai été pas mal malade. - Nous, on nous a même dit que vous étiez mort alors... - Ah? Oui mais enfin, là , je vais mieux. - C'est tout simple, au vu des dépenses engendrées par les dernières batailles et par les besoins de la défense du territoire breton en général, on a décidé d'imposer tous les seigneurs de terre qui ne prennent pas part aux combats. - Et comme vous n'avez jamais pris part à un seul combat... - Et que finalement, vous êtes pas mort. - Ça vous fera 2500 pièces d'or. - 2 500 pièces d'or? C'est une blague? 2500 pièces d'or? Où vous voulez que je trouve 2 500 pièces d'or? Dans le cul d'une vache?! - Comment? - Excusez-moi, Sire, c'est sur le coup du... - Surveillez-vous! - Et tout ça parce que soi disant, j'ai pas pris part aux combats! - Vous avez pris part aux combats? - Non, parce que j'ai été pas mal malade. - Si vous vous êtes pas battu, vous payez, c'est tout! - Je paie...Et le seigneur Lothar, il paie pas lui, je sais, il me l'a dit! - Non, il paie pas parce qu'il participe aux combats. - Mais vous vous foutez de moi! Il a au moins 95 ans, il a une jambe raide, il est tellement bigleux qu'il trouverait même pas sa bite pour pisser! - Comment? - Excusez-moi, Sire, c'est sous le coup du... - Surveillez votre langue devant le roi, espèce d'abruti! - Au temps pour moi... - La seule solution, ce serait de convertir votre dette en temps militaire. - C'est-à-dire? - C'est-à-dire, vous payez rien maintenant, mais vous rentrez dans l'armée de Kaamelott pour un certain temps. - Vous parlez d'un cadeau, il a jamais tenu une épée de sa vie! Qu'est-ce que vous voulez qu'on en fasse? - Attention, hein! S'il faut servir la Bretagne, moi, en courant, j'y vais! - C'est sûr, maintenant que vous êtes plus malade. - Combien de temps il faudrait que je reste dans l'armée? - Là, au moins 10 ou 12 ans. - Ah oui. Et combien de pièces d'or vous avez dit déjà? - Alors vous payez maintenant? - Tout ça pour pas se battre, vous mériteriez 10 ans de cachot. - Je comprends pas, je croyais que vous n'aviez pas 2 500 pièces d'or. - Non, je les ai pas, je vais demander une participation à mes paysans. - De quoi? - Mais attendez, ça fait combien de dizaines d'années que je leur laisse cultiver mes terres à ces connards? En plus, ils sont même pas polis, ils sont cons comme des tables, ils font un pain dégueulasse, on se pète les dents dessus, là, j'ai besoin d'un peu de pognon alors j'aime autant vous dire qu'ils vont passer à la caisse, les pécores! - C'est formellement interdit de retaxer les paysans! Nous, on les taxe une fois, vous avez rien à leur demander! - Ah bon ? Moi, je les ai toujours taxés. - En plus de nous? - Oui, oui, ils ont jamais rien dit...enfin, y en a bien 1 ou 2 qui sont venus chialer de temps en temps, mais je les ai pendus à un arbre, ça les a fait sécher, ces trous du cul! - Surveillez votre language ou je vous fait enfermer! - Excusez-moi, Sire, c'est sur le coup du... - Alors on vous attend à l'entraînement demain matin? - De toute façon, quand on est riche à l'armée, on est pas placé sur les postes à risque? Si? - Non, on va vous trouver un petit coin tranquille. - Un truc du genre responsable des pigeons voyageurs, ou autre... - Non, on va vous mettre juste devant les soldats à pied. Alors, vous êtes tout devant, vous avez une vue bien dégagée et le but du jeu, c'est d'essayer d'attraper les flèches des archers d'en face avec la tête. - Non mais, je vais réussir à les trouver les 2 500 pièces d'or. - Avec qui vous dormez demain soir? Avec la reine, avec Azénor ou avec moi? - Non mais alors, c'est distingué, je vous assure... - Quoi? - Vous avez une manière de présenter ça! - Parce que courir les plumards, vous trouvez ça distingué, vous? - Ça dépend comment on le présente. - Faudrait quand même bien qu'on arrive à discuter avec ces bon dieu de Romains. - Ça fait 4 fois que j'envoie un message au camp, pas de réponse. - Voilà, ils nous prennent pour des cons. - Non mais en ce moment, ils sont en plein boom, ils viennent de se faire assassiner leur dernier empereur. - Encore? - Oui, encore. - Ils sont dans une dynamique de coup d'État. - Enfin là, c'est plus une dynamique, c'est un sport national. - Cette fois, l'assassin a glissé un scorpion dans le lit impérial. Les gardes ont eu beau se démener, le poison a été le plus fort. - Et puis c'est vicelard comme méthode. - Oui mais c'est efficace. Y a beau y avoir 150 gardes du corps, ils peuvent rien faire, la bestiole est dans le pageot... - N'empêche que, moi, si je devais tuer le roi... Enfin, c'est une supposition, c'est pas... - Ça va pas être possible. - Ah non, je confirme. - Vous voyez bien que ça va pas être possible? - Ce que je vois, c'est que si y a un scorpion qui se pointe, je lui dérouille sa mère. - Qu'est-ce qu'il raconte? - C'est compliqué. - Écoutez, faut être raisonnable, le scorpion à Rome, il était dans le lit déjà avant que l'empereur se couche. - C'est quoi cette histoire de scorpion? - Attendez, 2 secondes. Vous comprenez le raisonnement? - Ce que je comprends, c'est que s'il arrive, je lui pète sa face. - Il va péter sa face à qui? - Écoutez, je peux pas m'occuper de tout en même temps! - Je vous signale que vous êtes tous les 2 dans mon lit et que je me trouve sympathique de pas vous avoir déjà foutus dehors! - 'tendez, je vous préviens, je bouge pas. En plus, ça va vite les scorpions. - Y a pas de scorpion, nom d'un chien, ne soyez pas con! - On n'a pas vérifié. - Quoi. - C'est pas pour prendre sa défense, mais c'est vrai qu'on n'a pas vérifié si y avait un scorpion dans le lit. - Bon alors, aussi débile que ça puisse être: est-ce que ça vous rassurerait qu'on vérifie si y a pas un scorpion dans le lit? - Je m'en tape, moi, s'il y en a un, je le dérouille. - On n'en sortira pas. - Qu'est-ce qu'on fait alors? - Rien, qu'est-ce que vous voulez faire? Éteignez, on dort. - On dort comme ça? Vous vous foutez de moi, je suis à moitié par terre! - Oui, sauf qu'il faut pas éteindre. J'ai besoin de la visibilité, au cas où il y ait une petite salope de scorpion qui se pointe... - Oh, hé! - Hein? Qui c'est qui m'a piqué? Quoi? Qu'est-ce qui s'est passé ? - Regardez-le l'autre! - Et ben quoi? - Il dort! - Ben oui, qu'est-ce que vous voulez qu'il fasse? - Je croyais qu'il devait surveiller les scorpions! - Vous allez pas vous y mettre vous aussi! Une fois pour toutes, y a pas de scorpion en Bretagne! - Alors il a rien à foutre là, virez-le de mon lit! - Vous en avez de belles, vous! Il doit peser 300 livres le machin! - Vous au moins, allez dormir dans votre lit, ça me fera un peu plus de place. - J'aime autant pas. - Pourquoi? - Parce que. Sinon après vous restez toute seule avec.. Non, ça non, j'ai pas envie, sérieux... - Ils m'ont piqué, les fumiers! - Ça va pas bien la tête?! - Putain, j'ai rêvé qu'il y avait des scorpions qui voulaient me piquer! En plus, y en avait un, il était mi-ours, mi-scorpion et re-mi-ours derrière. - Ma mère m'a encore assaisonner sur la question de l'héritier ce midi. - C'est-à-dire? - "Et toujours pas de petit-fils à l'horizon, et que vont dire les gens?" - Qu'est-ce qu'elle va se mêler de ce que vont dire les gens, je vous assure... - J'y connais rien, mais à votre avis, le fait que vous me touchiez pratiquement jamais, ça a une influence sur la fécondité? - Ça joue... - Ça vient, je peux pas faire plus vite que la musique! - Magnez-vous le tronc! On va bientôt se mettre à table! - Il faut le temps que ça épaississe. Sans blague, une potion de fécondité, ça se prépare pas comme un fond de veau! - Alors arrêtez de discutailler, qu'on en finisse! - Qu'est-ce qui vous fait dire qu'ils en veulent des enfants d'abord? Vous leur avez demandé? - J'ai pas d'avis à demander! Un royaume sans héritier, c'est la porte ouverte au fratricide et aux assassinats de couloir! - Vous me faites bosser contre le gré du roi alors? Vous voulez me faire cramer?! - Ça va, on dira pas que c'est vous. Et puis, dites, on vous rince assez l'année à rien foutre, pour une fois qu'on vous demande un service, allez! - Voilà. Dans le vin! - Pourquoi dans le vin? - Dans le vin parce qu'il faut que ça se mélange aux tanins, puis faites ce que je vous dis et cherchez pas à comprendre. - J'espère que ça va lui mettre un coup de fouet! - C'est du garanti. Attendez-vous à des triplés! Finissez votre coupe, vous buvez rien! - Bon dieu, ça fait 3 fois que je la vide, elle est toujours pleine! En plus, il est épais ce picrate, j'ai l'impression d'avaler de la pâte à crêpes... - On peut le goûter pour donner son avis? - Non, pas celui-là. - Pas celui-là? Et en quel honneur? - Parce que celui-là, il vous en fait pas à vous. - Non mais, vous êtes louf! - Vous, vous prenez l'autre carafe. - Mais vous allez me dire pourquoi?! - Parce qu'elle est plus près! - Vous engueulez pas pour du vin quand même. - C'était déjà pas bien convivial. Voilà que c'est chacun sa carafe maintenant! - Honnêtement, j'ai rien contre partager, mais à part un mal de bu du diable, vous perdez pas grand-chose. - Il est un peu robuste, c'est tout. Allez, vous la finissez cette coupe? - Qu'est-ce que vous avez à vous occuper de ce que je descends ce soir? Ça va pas mieux?! - Le mari de ma soeur, il boit 3 pichets par repas, il a déjà 8 gosses, allez! - Quel rapport avec les gosses? - C'est viril, c'est tout. Quand on est un homme, on boit beaucoup de vin. - Alors quand je rentre de la taverne à 4 pattes, vous tapez des crises à rallonge, et ce soir, tout d'un coup, on est viril quand on picole. - Je me comprends! - Ben je sais pas comment vous faites. Ma parole, des engins comme vous, ça devrait être fourni avec une notice! - Qu'est-ce que je me sens mal, ça tourne... - Quelle idée aussi, vous qui supportez pas l'odeur du raisin... - Ah non, parlez pas de raisin. - Y a vraiment des fois où y a quelque chose qui m'échappe... - Mais c'est pour pas contrarier votre mère! Pour une fois qu'elle me sert autre chose que des reproches... Vous pourriez apprécier. - J'apprécie, mais si ça doit vous faire passer la nuit à 4 pattes dans le vomi... - Parlez pas de vomi... - Mon pauvre ami... - Faut pas me toucher là, je me sens pas dans mon assiette. - Quand vous êtes dans votre assiette, on peut pas tellement vous toucher non plus. - Mais non mais là, ça n'a rien à voir, c'est parce que je suis écoeuré. Je vois ce que vous voulez dire, mais là c'est un autre écoeurement, c'est... À l'heure qu'il est, dans la chambre de votre fille, y a un tigre, une bête déchaînée, le petit prince est en marche! Et qu'est-ce qu'on dit? Merci, mamie! - Non mais je crois qu'il y a pas moyen, je pige jamais rien à ce que vous dites. - Vous pouvez pas comprendre. - Ah bah, ça vient de là alors. - Sire, le chef des Burgondes est au château! Il exige un entretien immédiat! - Je peux pas là. - Pourquoi? - J'ai pas d'interprète qui parle le burgonde. - Il est venu avec son interprète! - Vous y allez? - Ben oui, évidemment. - Si ça se trouve, son interprète à lui, il parle pas burgonde non plus. - Qu'est-ce que vous en pensez? - C'est sûr que c'est rude, mais bon, je trouve pas ça malhonnête. - D'accord, allez, dites-lui qu'on accepte les conditions. - Vous êtes sûr? - Comment? - Vous allez pas regretter? - C'est difficile de peser le pour... - 'tendez... De quoi vous vous mêlez? - Je dis ça, c'est pour vous. C'est quand même une lourde décision: le retrait des troupes. - 'tendez, vous êtes interprète ou diplomate? - Interprète, interprète... Enfin, je dis ça, c'est pour vous. Vous êtes en position de force! Ça me ferait mal au cul parce que... - Attendez, écoutez... Dites-lui ce qu'on venait de lui dire et si on a besoin de vos avis, on vous fera signe. - C'est vous le chef. - Aaawui? - Ta gueule, c'est bon, on domine. - Hahaha - Pénible... Alors qu'est-ce qu'on décide? Retrait des troupes, pas retrait des troupes? - À moins que vous ayez une autre solution... - Honnêtement? - Non mais ça va maintenant, y a pas à discutailler de solution avec un interprète alors, on retire les troupes... - Franchement, vous voulez que je vous dise? - Non, ça m'intéresse pas! Vous traduisez, vous la fermez! - Vous tenez le coup encore 2 jours et c'est bon. Vous les saignez comme des chèvres. - Qu'est-ce qui vous fait dire ça? - On s'en fout, on va pas se farcir les stratagèmes d'un interprète! - Pourquoi 2 jours? C'est intéressant, ça non? - Vous vous rendez pas compte de ce que c'est les Burgondes? Déjà, c'est un miracle qu'ils soient pas tous crevés, ils font n'importe quoi, ils sont plus qu'une poignée! - Une poignée? Mais vous nous avez dit qu'ils étaient 700... - Je traduis ce qu'il dit, l'autre, là, mais il sait pas compter alors je sais pas où il va les chercher ses 700... - Vous allez finir par traduire ce qu'on vous demande? - J'y vais. Mais faut pas vous fier à ce qu'il dit, lui. Déjà, à la base, un Burgonde, c'est con comme une meule mais alors celui-là...Vous pouvez pas savoir ce que c'est que de tomber interprète avec un engin pareil... Voilà, toute la journée. Il pue, il pète, il lâche des ruines, Tiens, l'autre jour à table, il devient tout bleu: il était en train de s'étouffer avec un os de caille, cet abruti! Il tousse, il crache, il re-tousse et bingo, il me dégueule dessus, vous le croyez ça? Une autre fois... - Ça va, vous allez pas nous sortir votre biographie! - Biography! - Bon ben, j'y vais. Je peux pas lui dire que vous retirez les troupes, c'est criminel! S'il vous plaît... C'est pas votre intérêt qu'on se retire pas, parce que si on fout une peignée aux Burgondes, ben, vous y passez avec! - J'étais en train de penser: vous laissez repartir le gros con tout seul...Merci...Et moi, j'aurais pu rester chez vous comme interprète. Sauf si vous en avez déjà un. - Je vous remercie, j'ai ce qu'il faut. - Ben non, la dernière fois, vous me disiez, on manque d'interprète... - Non mais attendez, j'ai dit ça, oui, on manque d'interprète...Enfin, oui, c'est vrai que j'ai besoin d'un interprète... - Alors quoi? - Alors un interprète mais pas vous, voilà! - Vous parlez quelles langues? - Burgonde! - Et puis? - 2 autres patois burgondes! - Super, alors j'aime autant vous dire que les types qui parlent le patois burgonde, à part ce morceau-là, il en passe pas tous les jours devant les remparts... - Bon alors on vous prend comme interprète burgonde. - Quoi?! - Merci! Faudrait pas qu'il y ait d'accroc. Parce que si jamais ils gagnent les Burgondes, ça va être la fête à mon cul! Ils sont pas vraiment choucards avec les traîtres. - Vous inquiétez pas. Je voulais vous demander: comment vous en êtes venu à la culture burgonde? - La culture burgonde? Je savais même pas qu'il y en avait une. Moi, je voulais faire grec moderne mais y avait plus de place. Il restait plus que burgonde ou anglais. Mais c'est encore moins répandu. Vous trouvez pas que les loups sont agités en ce moment? - Si. - Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire? - C'est un mauvais présage, ça. Quand les loups sont menaçants dans la nuit, le plus souvent, c'est que le diable s'apprête à sortir. - Si vous dites ça pour me faire peur, c'est pas très malin! - Vous me posez la question, je vous réponds! - Les dieux sont en colère, Arthur, l'esprit des loups gronde, tu dois l'écouter sans quoi ton royaume tombera dans la bise de l'oubli. - Pourquoi il me tutoie à chaque fois ce con, on n'a pas gardé les chèvres ensemble que je sache. - Sûrement histoire de montrer qu'il craint personne. - C'est un genre qu'il se donne aussi, il se l'est toujours un peu pété. - Je vous signale que j'entends tout ce que vous dites. - Bon, les dieux sont en colère, d'accord. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse? - La forêt exige un sacrifice. - Oooh! Stop, ça va, on peut causer quand même, non? - Ah non, mais ça c'est rien, c'est quand je lève le bras, j'ai le bâton qui s'allume. Vous inquiétez pas. - Un sacrifice, vous êtes vraiment sûr? - Je croyais que ça se faisait plus depuis longtemps ces trucs-là, moi. - Une bestiole de temps en temps à la pleine lune, ça marque le coup. - Mais qu'est-ce qu'il vous faudrait à sacrifier, un bouc? - Non, là c'est un cas de force majeure. Il me faut un être humain. - Mais quoi comme être humain, peu importe? - Quelque chose de sérieux, c'est sûr. Si vous me refilez le péquenaud du coin à moitié moisi, ça passera pas. - Si c'est l'esprit des loups qui réclame, il faut du frais. - Exact. Et de préférence, une femme. - Une femme?! Il n'en est pas question! - Ben pourquoi? - Sire, tout de même! - Quoi "sire tout de même"? C'est vrai que vous êtes chiant avec vos principes des fois. Alors une femme, c'est intolérable et puis un homme, ben ça va, on peut en décaniller 10 par jour. - Excusez-moi, Sire. - Et attention, je dis "une femme", mais vu la colère de l'esprit des loups, il va pas me falloir une morue de la taverne. - Qui alors? - La reine. - La reine?! Il n'en est pas question! - La reine, c'est ma femme! - C'est ma fille! - Moi, c'est personne mais je trouve ça inadmissible! - Je vous préviens, si l'esprit des loups se met en colère, ça va pas être une partie de rigolade. - Allez, un beau geste, elle souffrira pas. - N'insistez pas, je vous refilerai pas la reine! - Mais pourquoi? - Mais parce que... Je m'y suis fait, ça a pris assez de temps comme ça, je commence à peine à supporter sa présence - excusez-moi, beau-père, - Ah mais moi, je vous admire, j'ai jamais pu, moi. - Voilà, en tout cas, c'est pas pour l'envoyer se faire sacrifier maintenant sous prétexte que Machin-des-loups est pas jouasse. - C'est "l'esprit des loups". - Oui, ben, l'esprit des loups, il ira se trouver quelqu'un d'autre que ma femme. - Vous avez tord de prendre ça à la légère. Si dans un mois, tous les loups sortent de la forêt pour nous attaquer, vous demandez pas d'où ça vient. - N'ayez crainte, Sire, je protègerai la reine de la férocité des bêtes de la nuit. - Allez boire un coup, je vous assure, ça ira mieux. J'ai peut-être fait une connerie, moi. - Aujourd'hui, j'ai une petite surprise pour vous. - Une surprise? vous m'avez rien dit. - C'est un peu le principe de la surprise, en fait. Ah mais c'est un barde! - Ah bravo... - Un pignouf avec des grelots accrochés aux pompes, ça fait une demi-heure qu'il attend dans le couloir alors la surprise... - Puis un barde, vous parlez d'une surprise. - Moi, des solutions, j'en vois que 2. Soit on les arrête demain quand ils accostent, soit on les arrête dans une semaine quand ils balancent des pierres sur le château. - On n'a jamais dit qu'il fallait attendre qu'ils arrivent au château. - Alors faut donner l'ordre de tirer sur les drakkars! - Peut-être serait-il bon d'attendre le prochain rapport des espions? Sire? - Hein? Qu'est-ce qu'il y a? Vous m'avez parlé? - À propos des Vikings! - Je suis désolé, ma femme a fait venir un barde pour le déjeuner, j'ai cette saloperie de chanson dans la tête, j'arrive pas à m'en débarrasser! - Laquelle? - Le truc avec l'oiseau là... - La Volette! C'est vrai qu'elle reste celle-là. - C'est parce que la mélodie est simple. - La vache, ça me prend la tronche depuis tout à l'heure, je sais pas comment m'en sortir. - Et pour les Vikings? Qu'est-ce qu'on fait? On leur chante des chansons? - C'est une petite chansonnette à 2 ronds en plus! Mais ça tourne, ça va me rendre dingue. - Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse, moi? - Je ne sais pas. Quelque chose, je vous demande jamais rien! - La potion de la chansonnette qui reste dans la tête...C'est pas ça, c'est pas celle-là... - Bon alors, vous trouvez? - Je déconne, Sire, vous imaginez pas que j'ai une potion comme ça toute prête dans mes grimoires! - Super, mort de rire la vanne, quand on aura fini de se poiler, on pourra peut-être s'occuper de mon problème. J'ai des tonnes de trucs à régler aujourd'hui et pas moyen de me concentrer 5 minutes! - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Allez prendre l'air, mangez un morceau, ça finira bien par passer. - J'ai fait 3 fois le tour du château, je me suis farci une demi pintade, ça persiste! Il faut que je prenne des décisions militaires dans l'heure qui vient sinon on va se faire raser le pays par les Vikings! - Pour moi, la meilleure chose à faire, c'est de chanter franchement. - C'est-à-dire? - Quand la chanson vous vient, vous la chantez fort et en entier, parce que ce qui fait que ça tourne, c'est que vous la marmonnez dans votre barbe, du coup elle peut pas sortir. - Je vais pas me mettre à chanter en pleine réunion stratégique?! - Vous le faites une bonne fois! Je suis sûr que ça évacue, qu'est-ce que ça coûte? - Je vais voir... Quand je viens vous voir pour vous demander des trucs, c'est l'enchanteur que je viens voir, pour qu'il me donne des solutions d'enchanteur. Pas des combines à la noix ou des remèdes de bonne femme. Vous êtes mon enchanteur, vous êtes pas ma grand-mère, ok? - Je dis qu'avec 50 archers, 100 mecs à pied, on les pulvérise. - Et les trébuchets? - Attendez, on a pas les moyens de savoir s'ils ont embarqué des trébuchets. - Et s'ils en ont? - Il faudra qu'ils les débarquent, qu'ils les montent, qu'ils rassemblent les pierres, si on est sur place, on les laisse pas faire, on défonce tout, le drakkar avec! - Faut partir tout de suite alors! - Sire, on prépare un bataillon? - Attendez une seconde. "Mon petit oiseau a pris sa volée, a pris sa - ah la volette -, a pris sa volée." Je vous écoute. - À propos des Vikings. - Alors pour les Vikings,...putain, excusez-moi. "...est allé se mettre sur un oranger". - C'était pas une mauvaise idée le barde à midi, non? - La prochaine fois que vous faites venir un barde, je lui ouvre le bide de là à là, je lui sors les boyaux et je file sa langue à bouffer aux chiens. C'est clair? "...a pris sa - ah la volette -, a pris sa - ah la volette -, a pris sa volée..." - Qu'est-ce que vous foutez avec ça, vous allez pas jouer de la flûte pendant la réunion, si? - C'est le seigneur Dagonet qui me l'a ramenée de Judée! Il paraît que c'est typique! - C'est typique... Rangez-moi ça, débile. La Table ronde, c'est pas une fête de l'artisanat! - Bien, saluons le retour du seigneur Dagonet qui, comme vous le savez tous, nous revient de Judée, où il est allé un petit peu...Qu'est-ce que c'set, Bohort, que vous avez là? - Un cadeau du seigneur Dagonet, Sire. Il paraît que c'est local. - Ah ça, y a pas plus local. - C'est peut-être local mais, ça fait pas un peu gonzesse? - C'est traditionnel. - Bref, bienvenue au seigneur Dagonet. Père Blaise! - Aujourd'hui, le seigneur Dagonet doit nous exposer le compte-rendu de l'enquête sur le graal qu'il a menée en Judée. - Très bien, et ça, ça nous prend la séance d'aujourd'hui seulement ou celle de demain aussi? - Ça dépend de la masse d'informations... - Je sais pas, Dagonet? Il vous faut combien de temps votre exposé, un jour, 2 jours? - Mon exposé? À propos du graal? - À propos du graal, oui! - À mon avis, un bon quart d'heure et on a fait le tour. - Le premier truc qui frappe, c'est la langue. - La langue? - Vous savez ce que c'est. On arrive sur place, boum...C'est quand on commence à entendre les gens parler que là... - Hé ben quoi? - Là, on se dit... Je suis pas chez moi. - D'accord, alors ça c'est super, sinon? - Sinon l'autre truc qui m'a frappé, c'est la nourriture. Vous pouvez pas savoir... - Les spécialités sont pas bonnes? - C'est pas que c'est pas bon. - C'est trop épicé? - Je dirais pas ça non plus. - C'est riche? - Ah, c'est riche, oui. J'aurais plutôt tendance à dire... - Deux secondes...Ça me plaît beaucoup, simplement pour aujourd'hui, on va mettre un peu de côté la langue, la bouffe, les coutumes, la musique et le panorama pour se concentrer plus spécifiquement sur? - Les monuments? - Le graal. - Le graal, oui. Alors le graal, j'ai peut-être un truc. - Ce serait pas mal. - Un jour, j'arrive dans une taverne comme ils ont là-bas, je m'assois à une table, je dis: j'ai faim, le type arrive avec une belle assiette, agneau, poivron... - Non, pas le menu. - Pardon. À ce moment-là, y a un vieux qui vient s'assoir à côté de moi... - C'est pittoresque! Au début, il a essayé de me vendre un genre de turban comme ils se mettent sur la tête là-bas, j'ai commencé par l'envoyer chier puis, je me suis dit que ça ferait sûrement plaisir au seigneur Caradoc. - Et après? - Alors après, tenez-vous bien, à force de le cuisiner, j'apprends qu'il est de la famille de Joseph d'Arimathie. - Joseph d'Arimathie? Vous en êtes sûr? - Comme je vous le dis. - Joseph d'Arimathie qu'a recueilli le sang du Christ, le graal, tout le tableau... - La vache! - Ça c'est de l'indice! - Et après? - Après, il est mort. - Quoi? - Dès le début, j'ai vu qu'il était pas bien, il arrêtait pas de se gratter, à un moment il s'est mis à gerber partout et pfuit! il est mort. C'est con, hein? - C'est vrai que c'est fort, mais moi j'aime bien ça. - Pis ça, y a pas plus local. - C'est pas tellement que c'est fort. Je dirais plutôt que ça pique. - En plus, ils en font une pâte qu'ils se tartinent sur la gueule. Paraît que c'est astringent. - Non, moi je dirais plutôt que ça pique. - Allez, une journée de plus en mois! On va aller dormir, pis demain on recommence. Je peux vous dire que tavernier, c'est pas une sinécure. - C'est pas faux. - J'ai jamais su ce que ça voulait dire "sinécure". - Moi non plus. Quand vous comprenez pas, vous dites "c'est pas faux", comme ça, vous passez pas pour un glandu! C'est ma botte secrète. - C'est pas faux? - Faudra quand même qu'on se décide à mettre un poste de garde sur cette route. 3 fois qu'on se fait surprendre comme des bleus par les Vandales. - Le problème, c'est que quand on met des hommes à un poste de garde, la première semaine, ils jouent aux cartes, ils font leur petit rata, mais après avec la solitude, ils sont beurrés du soir au matin. On les retrouve affalés sur la table. - Mais qu'ils se débrouillent! Une relève toutes les 2 semaines, il en faut pas 2 quand même! C'est ça monter la garde, je suis désolé, on n'a jamais dit que c'était une sinécure! - C'est pas faux. - Alors les vandales arrivent, au poste de garde, ils sont surpris, ils ont même pas le temps de donner l'alerte. - La première semaine, ça va. - La première semaine, vous irez leur dire aux Vandales qu'il faut pas qu'ils se pointent en 2e semaine parce que nos gardes supportent pas la solitude. - Je sais bien. - Sans blague, vous trouvez pas que c'est paradoxal? - Oui, c'est pas faux. - On va pas courir vers des points de retraite en sachant qu'il y a 9 chances sur 10 qu'ils soient exposés! - On n'en sait rien, vous allez pas me la jouer! les éclaireurs sont pas rentrés, ça veut rien dire, ça! - Il faut qu'on trouve un autre point! - Je croyais que les cartes étaient fausses, faudrait savoir! - Attendez, j'ai pas dit qu'elles étaient fausses, on m'a dit qu'elles étaient pas d'hier, c'est pas pareil! - Elles sont vielles comment? - J'en sais rien, moi, je vous répète ce qu'on m'a dit. De oute façon, j'y comprends rien aux cartes! - Faites un effort! - Moi, on m'a dit: attention, elles sont pas d'hier! - D'accord, elles sont pas d'hier. Est-ce que vous pensez qu'elles sont obsolètes? - C'est pas faux! - Quoi c'est pas faux? - De quoi? - On vous demande si vous pensez que les cartes sont obsolètes? - Ben, c'est pas faux! - D'accord, on s'est fait refilé des cartes d'il y a 20 ans! - Quoi? J'ai pris ce qu'il y avait moi! - Vous vous êtes encore débrouillé comme un chef, je me demande vraiment ce qu'on peut vous confier! - On tente une passe triple? On est 3. - De quoi? - Une passe triple, c'est pas con. On a nos chances. - Ouais, c'est pas faux. - Convergente? - Divergente, à cause des arbres. - Ouais, c'est pas faux! - Trois, deux, un...A l'attaque! - Ouais, c'est pas faux! - C'est vrai qu'en ce moment, ça va pas fort. Heureusement que vous êtes là pour me réconforter. - C'est bien normal. - Non, quand même... Combien y en a qui se débinent dès qu'il y a quelque chose qui cloche. - Vous me dites ça va pas fort, il faut qu'on se voie, on se voit. Avec moi, vous savez, c'est carré. - Surtout qu'on s'est pas vus beaucoup ces derniers temps. - Les responsabilités, toujours sur la brèche. - Beaucoup d'envahisseurs à repousser ces temps-ci? - C'est pas tellement ça, mais bon, Arthur a souvent besoin de moi pour des conseils stratégiques. Je chapeaute un peu tout ce qui est action militaire sur le territoire breton. Ça fait du travail. - C'est d'autant plus gentil à vous d'avoir pris un peu de temps pour moi. Je sais pas ce qui m'arrive ces jours-ci, je me regarde dans le miroir et j'ai l'impression d'être insipide... - C'est pas faux. - Ça m'a fait du bien de parler, merci. - Les travers de porc, c'est pas mauvais, mais ça vaut pas des côtelettes. Les côtelettes, c'est plus savoureux. - Ouais, c'est pas faux. - Sans blague? Vous savez ce que ça veut dire "savoureux"? - Ben évidemment que si. - C'est "côtelettes" que vous comprenez pas? - Il est pas là votre garde du corps ce soir? - Si, si, il surveille le couloir. - Avec tous ces meurtres, c'est plutôt rassurant. Et puis, c'est plus intime que quand il est juste au pied du lit... - On peut pas, parce qu'il est juste là, il entend tout... Oui, y en a marre, hein. - Un serviteur, Sire, on l'a retrouvé mort dans le couloir. - À part la tête qu'était dans l'escalier... - Mon dieu, quelle horreur, un assassin rôde dans le château. - Sans être spécialement craintif, c'est vrai que c'est préoccupant. - Ça fait 14 serviteurs morts en moins d'un mois! - 15 en comptant celui de ce matin. - C'est là que je me félicite de vous avoir imposé un garde du corps. - C'est vrai, là ça tombe bien. - On peut malheureusement pas tous avoir un garde du corps. - De toute façon, il bute que les loufiats, votre assassin, on n'est pas tellement concernés nous. - Excusez-moi, je pense à une chose: ça fait combien de temps que vous me l'avez collé le garde du corps? - Presque 4 semaines, pour le traité de paix saxon. - Et de quand date le premier mort? - Alors voilà. On vous a convoqué parce que vous n'êtes pas sans savoir qu'en ce moment à Kaamelott... - Où ça? - Kaamelott. C'est ici, c'est le château! - Ah... ...nous sommes victimes d'une série de meurtres. - Vous inquiétez pas, tant que je suis là, vous risquez rien. - C'est pas ça. - On se posait simplement la question... - Par exemple, ce matin, on a retrouvé un serviteur mort dans le couloir. - Celui avec la tête détaché du reste? - Oui, mais comment vous savez? - Non, mais, c'est moi celui-là. - Quoi? - La pauvre homme! - Mais pourquoi vous avez fait ça? - Il venait rôder du côté de la chambre du roi ce bâtard. Ce matin, je l'ai attendu derrière la tenture, et je lui ai mis un putain de coup de masse dans sa tête! La tête a volé de l'autre côté du couloir, j'ai pas réussi à remettre la main dessus. - Elle était dans l'escalier! - Vous êtes complètement givré! - On s'approche pas de la chambre du roi. - Le malheureux venait probablement pour changer les torchères. - Oui, il venait se la péter avec sa petit flamèche là, tac, coupé en deux! - Rassurez-nous, c'est la première fois que ça vous arrive, n'est-ce pas? - Ah non, j'en ai déjà calmé plusieurs. Tout ceux qui viennent chercher la merde. - Mais combien? - J'ai pas compté. - Montrez avec vos doigts. - Attendez, ça fait beaucoup plus que mes doigts. Entre un type qui vient pour tuer le roi et un serviteur qui nettoie les poignées de porte, il faut quand même apprendre à distinguer, bon dieu! - C'est ça, et le temps de distinguer, le roi se retrouve avec une dague dans la nuque. - Vous pouvez pas couper en 2 tous ceux qui se promènent dans les couloirs! - Cette nuit j'en ai loupé un... Je le vois qui prend par l'escalier, ce fumier, je sors ma lame, je voulais lui sectionner la gueule, mais il faisait trop sombre, il a pris par le vestibule et je l'ai loupé. - Mon dieu, c'était moi! - C'était vous? Ben ça va alors. - J'étais allé cherché une poire en cuisine! - Sans blague, seigneur Bohort, avec tout le respect que je vous dois, la prochaine fois que je vous vois tourner autour de la chambre du roi, je vous déglingue la tête. - Sire! - Bon, on interdit l'accès à l'escalier à tous les serviteurs, à tous les chevaliers, à tout le monde quoi. - Oui, à part la reine quoi. - À part la reine... À force de la voir tourner autour du roi, un jour je vais la cisailler celle-là. - Où est-ce que vous allez? - J'ai besoin d'aller aux... - Y a le garde du corps dans le couloir. - Et alors? Vous croyez qu'il me laisserait pas sortir? - Si, mais il vous laissera pas re-rentrer par contre. Après, vous faites comme vous voulez. - C'est bien un bain quand même. On se fait un peu chier, mais c'est bien. Ce serait marrant qu'on ait un canard. - Un canard? - Pas un vrai canard, comme un genre de canard. - Qu'est-ce que vous voulez qu'on foute d'un canard? - Ouais, non, c'est con. - Arrêtez! - Qu'est-ce qu'il y a ce soir? - Rien, je suis juste un peu... - Un peu quoi? - Je sais pas, un peu triste. - Triste? Pourquoi triste? - Non, pour rien. - C'est intelligent... - Vous voulez pas dormir avec moi ce soir? - J'ai dit que je dormais avec ma femme maintenant, faut me le dire avant quand vous êtes triste. - De toute façon, y en a que pour la rein alors... - C'est pas vrai ça. En ce moment, je dors plus avec vous qu'avec elle. - Allez, juste pour ce soir. - Non, si je lui dis que je dors avec vous maintenant elle va encore faire un flan... - Pourquoi, elle a quelque chose contre moi? - Mais pas du tout, elle vous adore. Simplement, elle aime pas être prévenue au dernier moment déjà, et puis alors, elle aussi, elle est triste. - Pourquoi? - Pour rien. Pareil que vous. - Alors comme ça, vous aussi, vous êtes triste? - Ben oui, mais là, ça va. - Je suis désolée d'avoir insisté mais, la nuit toute seule, là, vraiment je la sentais pas. - Et là, ça va? - Là, ça va, oui. - Ben, moi aussi. - Ben moi, non. Je suis désolé de péter l'ambiance mais... - Qu'est-ce qu'il y a qui va pas? - Vous êtes trop serré? - Ben déjà, oui. Pis, non, je sais pas... - Je sais pas quoi? - Je sais pas, je suis pas dans mon assiette. - Vous vous êtes jamais retrouvé avec deux femmes dans votre lit? - Ben si, c'est pas la question! Non, en plus, je suis désolé, je me suis jamais retrouvé avec 2 femmes dans mon lit. - Vous déconnez? - Non, je déconne pas. - Tous les hommes du royaume ont fait ça au moins une fois dans leur vie! - Puis 2, c'est un minimum, soit disant qu'on commence à se marrer à partir de 6. - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ça doit pas être mon truc, c'est tout. - Vous voulez qu'on essaie? Vous me dites, moi, je veux pas vous forcer la main... - Ah mais moi, ça me dérange pas. - Il n'en est pas question! Rien que là, je commence à avoir la gerbe. - Essayez au moins. - Si ça va pas, on arrête. - Mais ça va pas, c'est même pas la peine de commencer! - Qu'est-ce que c'est le problème exactement? - Essayez de nous mettre sur la voie. - J'ai rien à mettre sur la voie. Ah puis, dites, ne me prenez pas pour une bille, svp, si c'était si bien que ça, on dormirait à 3 tous les soirs! - Moi, si ça pouvait m'éviter de me retrouver seule un jour sur deux... - Moi pareil. - Mais sûrement pas, vous pouvez faire une croix dessus! - Pour le reste, si vous le sentez pas à 3... - Je trouve ça bizarre, mais à la limite, je peux comprendre... - Si c'est que ça... - Y en a une de nous 2 qui va prendre une tisane en cuisine et puis voilà. Pour 5 minutes... - 5 minutes?! - Oui, enfin, c'est manière de parler. - Ça moi, je peux pas vous dire. - Vous voyez, c'est pas possible... Écartez-vous, je vais gerber. Ok, ça va. Par contre, je vais aller dormir dans l'écurie, hein? C'est mieux. - Ça, c'est du plan de bataille! - Avec ça, on peut pas perdre. - Juste une chose, la dernière fois, contre les envahisseurs pictes, on avait un plan impeccable aussi. On est bien revenus la queue entre les jambes, si ma mémoire est bonne, non? - C'est le seigneur Caradoc... - En essayant de rattraper son cheval, il avait débaroulé dans le camp ennemi... - Ah oui, ça y est! Ça m'était sorti de la tête cette histoire. - On a bien bouffé, non? - Un peu lourdingue. - Quand même...L'omelette aux champignons était pas dégueu. - C'est le charme de ces repas forestiers, on sent que le cuisinier improvise avec ce qu'il trouve autour du campement. - Pour les champignons d'accord, mais pour les oeufs? Parce que les poules, ça court pas les forêts... - Vous aurez beau dire, j'ai un poids sur le bide. - Qu'est-ce que vous avez à sourire comme des glands? - Les gars sont contents du repas! - Comme c'est nous qu'avons trouvé les champignons. - C'est vous? - On est tombés sur un coin. - Y avait qu'à se baisser! - C'était quoi comme champignon au fait? - Je sais pas, j'y connais rien en champignon. - Je vous signale qu'on annonce des mouvements de troupe au sud-est alors faudrait peut-être réagir! - Réagir, réagir... - Faut que j'enlève mon armure, sinon il va se passer quelque chose d'atroce. - Comment ça se fait qu'ils sont pas malades les 2 cons là? - On en a pas mangé de champignons, on aime pas ça. - Moi j'aime ça, mais je les digère pas. - Des tanches pareilles, on devrait les mettre sous verre! - Les ennemis alors? - Les ennemis? Vous voyez bien qu'on est pas en l'état! - À quoi ils ressemblaient ces champignons? - Ils étaient beaux! - Vous auriez vu ces couleurs, rouge vif, tout tacheté! - Vraiment, ils étaient beaux. - Vous aussi, vous êtes beaux, vous êtes magnifiques! - Des tâches comment? Y avait des points blancs? - Qu'est-ce que ça change puisque vous avez pas aimé? - C'est pour savoir si en en plus de la chiasse, on s'apprête à crever dans la demi heure! - Déjà, ils étaient pas tous pareil. Y en avait des blanc crème. - On est foutus, laissez tomber. - J'ai pas eu le temps d'enlever mon armure. - Passez nous les détails, svp! - Si les troupes ennemies arrivent maintenant! - Les troupes ennemies, mais comment vous faites pour penser aux troupes, vous? - Faut bien que quelqu'un y pense! - Allez, sonnez la retraite! - Quoi? On est supérieurs en nombre, le plan d'attaque est réglé, ils ont pas une chance! Seigneur Léodagan, on est peut-être supérieurs en nombre mais la moitié de nos hommes est disséminée dans les buissons des environs, alors sonnez-moi cette putain de retraite, on rentre à Kaamelott! - Ça va mieux? - Non. - Vous savez, c'est pas obligatoirement les champignons. Vous avez peut-être pris froid au ventre. - C'est ça, et toute mon armée. 135 bonhommes qui prennent froid au ventre en même temps. - Rien ne prouve que vous l'auriez gagnée cette bataille. - 135 contre 60, du tout cuit. - Ça, c'est la guerre, des fois vous gagnez, des fois vous perdez. - Nous, on perd surtout. Enfin, c'est pas chaque fois à cause des champignons, je vous l'accorde. - Mettez-vous à la place de messires Perceval et Caradoc, ils ont voulu vous faire plaisir, ça part d'un beau geste. - Mais ça part toujours d'un beau geste. Tenez, l'autre jour, ils ont voulu faire un feu, soi disant que ça réchaufferait tout le monde, ils ont foutu le feu au stock de flèches. Alors ils sont bien gentils, mais faudrait qu'ils arrêtent avec les beaux gestes. - Un plan d'attaque minuté au poil de fion, le double d'effectif de ceux d'en face, manque de bol, les seigneurs Perceval et Caradoc s'en mêlent, et on rentre chez nous comme des clodos. Avec la chiasse en prime! Qu'est-ce qu'ils sont cons! - Peut-être pas. - Je sais pas ce qu'il vous faut! - Peut-être qu'ils bossent pour ceux d'en face? - Non, je crois qu'ils sont juste cons. - Dites, j'ai mon gorgerin qui m'irrite le cou là. Vous pouvez pas faire quelque chose? - Faut pas toucher ça, laissez le à l'air, ça va passer. - Je croyais que les druides ça soignait. - Oui, on soigne. Mais pas les irritations. - Parce que? - C'est délicat. Imaginez que ça s'envenime. - Ah ben quand même, c'est pas (inaudible). - J'étais à l'autre bout du camp. C'est pour? - La jument du seigneur Perceval. - Elle boîte. Faut me la rafistoler parce que faut que je me tape 15 lieues jusqu'à la frontière. - Attendez, il suffit pas de claquer dans les doigts. - Ben, vous êtes pas druide? - Ben si. - Hé ben? Les animaux, c'est pas votre rayon? - Si, mais les druides ont des spécialités en animaux. - Qu'est-ce que c'est votre spécialité à vous? - Non, moi je suis plutôt polyvalent. - Ben alors, tout va bien. - Ben oui, mais je suis pas polyvalent pour les chevaux. - Vous pouvez rien faire? - Ben non. - Bon, ben, tirez-vous. Au bout d'un moment, il est vraiment druide ce type-là ou ça fait 15 ans qu'il me prend pour un con? - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi? - Chut! Fermez-la! Je ne veux pas qu'on sache que je vous ai amené ici. Ça, c'est le laboratoire de Merlin. - Hé ben? - En tant que druide reconnu, je voudrais que vous observiez un peu cette pièce et que vous me disiez ce que vous en pensez. - Point de vue quoi? Agencement? - Mais non. Vous regardez un peu tout, et vous me dites si vous trouvez ça crédible. - Crédible par rapport à quoi? - Vous êtes con, non? Vous prenez des trucs là, voilà, et vous me dites si c'est normal de trouver ça dans un laboratoire de druide. Ça par exemple, c'est écrit en jargon magique, je sais même pas ce que c'est. - Le Grand Livre du Druide. - Effectivement. - Jusque-là, y a pas de quoi s'alarmer. - Bon, mais c'est un bon bouquin? Je veux dire, c'est sérieux? - C'est un classique. C'est pas ce qu'il y a de plus exhaustif, mais enfin ça reste un base. - Je ne sais pas, les autres bouquins, c'est valable? - Vous savez, le druidisme, c'est plutôt une culture orale. - Justement! ça vous semble pas bizarre? Si c'est oral, comment ça se fait qu'il a des bouquins? - Ah mais on en a tous! Ben, maintenant qu'il y a des recueils, on va pas se faire chier à tout apprendre par coeur. - Je ne sais pas moi, les autres trucs, là, regardez, les plantes, les outils, les machins, comparez avec votre propre laboratoire et dites moi si vous trouvez pas quelque chose qui cloche. - Moi déjà, je me serais jamais mis dans une pièce sans fenêtre. Enfermé la journée là-dedans, c'est un coup à choper la cerise! - Faites-nous un sort. - Pour quoi faire? - Pour qu'on vérifie si vous savez les faire. - Ben, dites tout de suite que vous avez pas confiance! - Non, c'est pas ça, seulement... - Ah si, si, si. Si, c'est ça, je suis désolé, alors moi je vous le dis: je vous soupçonne d'être un gros nul alors faites-nous un beau sort, que je voie si vous êtes un vrai druide. - Un sort, un sort, vous me faites rire. Qu'est-ce que vous voulez comme sort? - J'en ai rien à foutre. Un sort. - Quelque chose qui prouve votre puissance. - Ça y est. - Ça y est quoi? - Prenez une pièce dans votre bourse. - Hé ben? - Hé ben toutes les pièces ont 2 côtés face! - Ah oui. - C'est un sort. - Je voulais vous demander. Pour la prochaine bataille contre les Burgondes, vous le connaissez celui où on fait un noeud sur une corde, on souffle et y a plus de noeud? - Moi, si y a un poste d'enchanteur vacant, je suis preneur. - Non mais, on a gardé Merlin finalement. - Je croyais que vous aviez peur d'embarquer léger pour les batailles? - En fait, hier soir au banquet, il me fait signer une carte, il la plie, il la met sous une pierre et tac! la carte se retrouve dans la poche du seigneur Caradoc à l'autre bout de la table avec ma signature! Quand on est sur place, c'est vraiment impressionnant. - Vous avez fait vos valises pour demain? - Oui mère, ça fait 3 fois que vous me le demandez. - Vous avez fait préparer votre chambre pour l'évêque Boniface? - Ça m'agace un peu de devoir laisser ma chambre à l'évêque. - Vous vous en foutez, vous êtes pas là. - Mais si Arthur revient plus tôt que prévu, il va pas dormir avec l'évêque quand même? - Vous vous en foutez, vous êtes pas là. - J'ai pris la route juste après le banquet, je me sentais pas de passer encore une nuit là-bas, j'en avais marre Vous êtes là vous finalement? Je croyais que vous passiez 3 jours en Carmélides? - Plaît-il? - Mais qui êtes-vous? Qu'est-ce que vous faites là? - Mais je vous rétorque la même question mon petit père! C'est à quel sujet? - C'est au sujet que vous allez décaniller vite fait d'ici ou j'appelle la garde! - Alors, ne vous donnez pas cette peine, j'allais justement le faire... À moi! À l'assassin!! - C'est pas possible d'entendre ça! Mais qui êtes-vous? - Je suis monseigneur Boniface, voyou! Évêque de Germanie. - Ah. C'est vous l'évêque. - Ben, je suis Arthur, roi des Bretons. - Oh...Sire.. Enchanté... Que Dieu vous bénisse. - Je reconnais que c'est pas très fûté de vous avoir donné ma chambre. - C'est une idée originale. - C'est une idée de ma femme surtout. Elle en a 10 par jour des comme ça. - Oui mais quand vous dites, c'est votre chambre, vous voulez dire, c'est votre chambre fixe ou bien alors c'est une chambre...une chambre comme ça, quoi. - Je sais pas quoi vous dire, moi, c'est MA chambre. - Ah oui. Donc ça veut dire, dans votre tête, c'est quelque chose qui est quand même très admis... qui est bien carré, quoi... C'est... - C'est-à-dire que comme je suis roi, j'ai une chambre attitrée, voyez, je tape aux portes tous les soirs pour voir si on peut pas me débarrasser d'un coin. - Mais oui, mais alors figurez-vous que je me demandais justement, parce que ça me fait penser à quelque chose qu'on appelle, je sais pas si vous connaissez, qu'on appelle couramment une chambre d'amis, voyez? - Oui, on en a des chambres d'amis aussi, mais y a des amis dedans, donc voilà. - Oui, cela dit, c'est assez inattendu pour moi de me retrouver dans une chambre d'amis parce que pour une visite protocolaire, j'aurais imaginé quelque chose de plus... ...remarquez, celle-ci est cossue... - Oui, parce que c'est pas une chambre d'amis celle-là. On en a des chambres un peu classe pour le gratin mais bon là, c'est tout plein. - Ah oui, d'accord. Alors là, elle est un peu chic. Et pour les repas, on fait comment? - Alors...Comment on fait là? Parce que, non, je suis désolé, j'ai 8 heures de cheval dans les pattes, moi, il faut un peu que je...sinon, comprenez? - Si je comprends?! J'ai toujours l'habitude de prendre tout le lit... Installez-vous! Vouv voulez des...? - Je voulais vous demander et c'est un petit peu le motif de ma visite: que pense le peuple breton du concept de dieu unique? Ça les inquiète? - Le dieu unique, je sais pas, mais moi qui couche avec un évêque, ça peut les inquiéter, oui. - Non mais parce que, bon, la chrétienté, tout ça, c'est bon, c'est assez jeune, il faut que l'idée fasse son chemin... Et je me demandais justement si on pourrait pas faire, dans un premier temps, cohabiter l'idée du dieu unique avec l'idée de vos dieux anciens à vous... - Voilà...et d'ailleurs, éventuellement, ce qu'on pourrait faire, c'est parler de tout ça demain. - Bien sûr. Mais je prends un exemple, tout à fait au hasard, qu'est-ce que...l'homosexualité est quelque chose de répandu chez vous? - Je sais pas. Pas plus qu'ailleurs, je suppose. - Ah non, parce que nous, figurez-vous que , alors nous, on se tâte...pour savoir si on doit l'autoriser ou l'interdire. - L'interdire? Pour quoi faire? - Ben voilà, ben c'est exactement ce que je leur dis! Voilà! Moi, je fais partie de ceux qui se battent pour qu'on l'autorise et même qu'on l'encourage, voilà! - Mais enfin, c'est très gênant de vous voir dormir par terre, c'est votre chambre tout de même! - Impeccable, vous inquiétez pas, je vais dormir comme un loir. - Ben oui, mais si quelqu'un entre, qu'est-ce qu'il va penser? - Justement, si quelqu'un entre, il pensera moins de trucs si je suis par terre. - Bon alors, qu'est-ce que je fais? J'éteins? - Euh, non. Laissez allumé, je préfère. Arthur! Arthur! - Ah!! Putain, la vache, la trouille! - Il faut que je vous parle. - Nan mais d'accord, mais putain, prévenez! - Donc après la fourche, je continue 60 lieues vers le nord? - Ouais, enfin, 60-65, hein? - Mettons. Et après? - Normalement, vous arrivez à une grande clairière... - À quoi je la reconnaîtrai? - Ben, elle est grande. - Bref, d'accord. - Au milieu, y a un rocher triangulaire qui marque l'entrée de la grotte de Padraig... - La grotte de Padraig, d'accord, donc je rentre... - Vous rentrez et vous parcourez les souterrains à la recherche de l'ogre à 2 têtes! - D'accord, et quand je tombe sur l'ogre à 2 têtes, je le zigouille. Bon, vous avez un petit quelque chose pour moi? Une protection magique? Une potion? - Non, j'ai ça. - Qu'est-ce que c'est? - C'est...un genre de cake. - Mais...un cake magique? - Non, non, c'est un cake, c'est pour la route. - Ben merci. - On n'y voit pas à 2 pas devant soi, quelle épouvante! - Ah bah, c'est une grotte, c'est sûr que c'est pas ce qu'il y a de plus éclairé. - Qu'est-ce qu'il est long ce tunnel, c'est affreux, ça fait combien de temps qu'on marche là-dedans? - Des heures! Les torches vont bientôt s'éteindre et on pourra même plus rebrousser chemin! - On pourra toujours, mais dans le noir. - Et pourquoi pas à cloche-pied? Je vous rappelle qu'à part nous, y a quand même l'ogre à 2 têtes qui se promène dans cette grotte! - Celui-là j'aimerais bien qu'on finisse par tomber dessus! - Et ben moi, je vous annonce tout net que je suis pas pressé! Et ce serait que de moi... - Ce serait que de vous, vous seriez déjà parti en courant comme une femme, ça va, on commence à vous connaître... - Et figurez-vous, j'ai pas honte! Je vois pas ce que ça a de si curieux de vouloir rester en vie... Encore, d'habitude, y a un trésor à la clé ou un objet magique ou une relique, là en plus, on fonce droit sur le péril pour rien! - Comment ça pour rien? - Ben, c'est vrai ou c'est pas vrai? - C'est-à-dire que cette fois, la dame du lac a pas parlé de récompense. - Vous rigolez, j'espère?! - Elle a pas parlé de récompense matérielle, mais y a toujours la gloire... - Oh non, la gloire moi ça va, j'ai ce qu'il faut! - La gloire, de glorieuses funérailles, oui! Encore faudrait-il qu'on vienne retrouver nos carcasses jusqu'ici, à la condition bien sûr de pas terminer dans l'estomac de l'autre aberration à 2 têtes! - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Elle a dû oublier de m'en parler, c'est tout! - Ce serait bien la première fois quand même! D'habitude au contraire, pour vous stimuler, elle vous parle d'abord du pognon! - J'ai pas besoin qu'on me parle de pognon pour être stimulé, figurez-vous, du pognon j'en ai, c'est justement la gloire qui commence à faire défaut, mais ça, la gloire, tout le monde s'en tape! - C'est pas tellement qu'on s'en tape, mais c'est vrai que quand y a 2, 3 piécettes derrière, c'est un petit plus, quoi. - Moi, je veux pas vous forcer la main, si vous voulez pas y aller, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, moi? - On "veut" pas...Jusqu'à preuve du contraire, c'est pas à nous de décider, c'est vous le roi que je sache! - Je suis peut-être le roi mais j'ai pas envie que ça se passe comme ça! Si on y va, tous, soudés, ensemble et qu'on dézingue l'ogre à 2 têtes pour la gloire du truc, ok! Mais si je suis tout seul devant et que les 2 autres traînent la grole sous prétexte qu'il y a pas de récompense, ben ça me gonfle. Honnêtement, je préfère rentrer. - Je veux pas prendre la responsabilité de ça, c'est vous le boss au bout d'un moment... - Oui mais là, le boss, il en a plein sa musette, alors vous vous décidez pour une fois, et moi, je suis. J'expliquerai à la Dame du lac que, je sais pas, on n'a pas trouvé la grotte et c'est marre. - Ah mais non, mais moi, je ne décide rien du tout, moi, rien! - Ben décidez, vous, Bohorte, tiens. - Boarf... je pense qu'il vaut mieux qu'on rentre. - Il y avait plusieurs clairières déjà, et puis...des rochers triangulaires, j'aime autant vous dire, y avait que ça, des rochers triangulaires... - Ah ouais, mais c'est dommage quand même... - Je suis bien d'accord avec vous. - Du coup, vous avez pas ramené l'émeraude géante. - Quelle émeraude géante? - Ben oui, l'ogre à 2 têtes, il a avalé une émeraude géante, c'est pour ça qu'il faut le trouver et l'ouvrir en deux. - Putain, j'avais pas compris ça comme ça, moi. Ben, je vais remonter une petite équipe maintenant que je connais le chemin.