Emily et Zach
lisent ensemble toutes les semaines.
En général, Zach appréhende un peu
de lire devant les autres
parce qu'il a peur de faire des erreurs
et de passer pour un idiot.
Mais pas avec Emily.
Emily a une grande capacité d'écoute :
elle s'intéresse à l'histoire,
elle pose parfois des questions
et elle ne rigole jamais
quand il fait des erreurs.
Zach a hâte de la voir
toutes les semaines,
même si elle bave
et elle perd ses poils.
Mais les chiens sont comme ça.
(Rires)
(Applaudissements)
En matière d’éducation,
avez-vous déjà songé
au fait que les chiens pourraient être
un levier de changement ?
Réfléchissez-y.
Comment s'est passé
votre apprentissage de la lecture ?
Avez-vous connu
cette peur intérieure qui vous paralysait
lorsqu'on vous demandait de lire
en classe à voix haute ?
C'est pour le moins intimidant.
Presque autant que de parler
devant un large public.
Beaucoup d'entre nous étions figés,
incapables de trouver les mots,
à cause de cette peur
qui nous envahissait.
Et si la peur n'est pas le seul problème ?
Les enfants peuvent avoir
des difficultés en lecture,
être en dessous
du niveau des autres élèves,
avec peu de soutien scolaire à la maison.
Ils apprennent peut-être
une nouvelle langue.
D'après la Fondation Annie E. Casey,
les enfants doivent apprendre à lire
avant d'entrer en CM1
afin qu'ils sachent lire pour poursuivre
leur apprentissage pendant toute leur vie.
Selon une autre étude,
seulement un enfant sur dix
qui a des retards en lecture
à la fin du CP
finira par rattraper son retard.
Un seul !
Qu'arrive-t-il aux neuf autres ?
C'est comme s'ils avançaient dans la vie
avec un bras attaché dans le dos.
Toutefois, il y a du positif
dans ces études :
on peut en grande partie rattraper
les retards en lecture des élèves
qui sont en dessous de la moyenne
si on agit tôt et efficacement.
Et si on pouvait fournir un environnement
sain, calme, confortable et rassurant
à ces enfants
afin qu'ils puissent s'améliorer ?
Et si on incluait un chien
dans cet environnement ?
Mais pas n'importe quel chien :
un chien de thérapie dressé
qui a fait ses preuves et qui est assuré.
Pourquoi un chien ?
Des chiens dans les salles de classe ?
En quoi est-ce une démarche constructive ?
De nombreuses études
parlent des effets émotionnels
et physiologiques qui se produisent
lorsqu'on interagit avec un chien :
une baisse de la pression artérielle,
une baisse du rythme cardiaque,
un meilleur savoir-vivre,
un relâchement général plus marqué
et une réduction
des symptômes de la dépression,
pour ne citer que ceux-là.
On sait également
que la présence d'un chien
crée un climat social positif.
C'est une condition préalable essentielle
pour l'apprentissage.
En ayant tout cela à l'esprit,
il y a 20 ans,
on s'est rendu compte,
à Intermountain Therapy Animals,
que les mêmes résultats qu'on observe
en travaillant avec des enfants
et des chiens en milieu médical
peuvent être obtenus dans le cadre
de l'apprentissage de la lecture.
On a créé un programme complet
de soutien à l'apprentissage de la lecture
au cours duquel les enfants
font la lecture à des chiens.
On l'appelle READ,
ce qui signifie « chiens d'aide
à l'apprentissage de la lecture ».
On intervient principalement
dans des écoles et des bibliothèques,
mais il n'y a pas de limites.
On intervient aussi dans des hôpitaux,
des centres d'accueil pour femmes battues,
des refuges pour les sans-abri,
des établissements
pénitentiaires pour mineurs
et auprès d'enfants
qui ont des difficultés d'apprentissage.
On fournit un cadre rassurant
aux enfants en difficulté
pour qu'ils puissent s'entraîner à lire.
Nos chiens ne rient jamais
quand un enfant fait une erreur.
On travaille
avec un seul enfant à la fois.
On s'installe dans un endroit calme
de l'établissement.
On a une grande couverture
sur laquelle tout le monde peut s’asseoir.
On incite l'enfant à caresser le chien
ou à s’appuyer contre lui
pendant la lecture.
C'est à ce moment-là
que tous les effets physiologiques
que j'ai évoqués se manifestent.
Les conditions préalables d'apprentissage
sont alors optimales.
Il y a 20 ans,
Maggie, mon dogue allemand, et moi lisions
avec une élève de CE2 qui bégayait.
C'était incroyable de voir à quel point
le bégaiement diminuait
quand je lui rappelais qu'elle pouvait
caresser le chien en lisant.
On forme aussi nos dresseurs
à interagir de différentes façons
avec l'enfant.
Ils contrôlent la fluidité de la lecture
et la compréhension,
ils discutent de l'histoire,
ils stimulent l'imagination de l'enfant
et ils fournissent même des livres
qu'ils prêtent aux enfants.
L'une de nos belles réussites
a été d'apprendre aux chiens
à regarder les pages du livre.
Public : Oh !
On incite le dresseur a posé des questions
par l'intermédiaire du chien.
Cela aide l'enfant à croire
que le chien de thérapie
s'intéresse à l'histoire
et y prête attention.
Cette technique s'est avérée plus efficace
que nous ne l'imaginions.
Une fois…
Nous avons une dresseuse
qui vit dans le Wisconsin
et qui a un teckel nain
qui s’appelle Biscuit.
Cette dresseuse a appris à Biscuit
à éternuer sur demande.
(Rires)
Un jour,
Dylan leur lisait une histoire
et il a lu :
« Il y avait trois dames assises dehors
qui portaient des bananes sur la tête. »
Sachant que ce n'était pas
ce qui était écrit,
la dresseuse a fait signe
à Biscuit d'éternuer.
Puis elle lui a dit :
« Dylan, Biscuit se demande
pourquoi les dames portaient
des bananes sur la tête. »
Dylan s'est tourné vers le livre
et il a relu la phrase,
puis il a dit :
« Oh ! pardon, Biscuit,
c'était des bandanas, pas des bananes. »
(Rires)
Ensuite, il s'est tourné
vers la dresseuse et il lui a dit :
« Dis donc, Biscuit s'y connaît
vachement bien. »
(Rires)
C'est important de souligner
que ce programme s’appuie
sur des chiens de thérapie
et pas sur n'importe quel chien.
Ces chiens sont bien dressés,
et on évalue leur docilité
et leur tempérament régulièrement
pour s'assurer qu'ils sont inoffensifs,
en bonne santé, dignes de confiance,
mais aussi qu'ils font preuve d'empathie
et qu'ils aiment les enfants.
Ce sont tous des chiens de thérapie
déclarés et assurés.
Nos dresseurs bénévoles sont aussi
bien formés pour animer ces sessions.
Tout peut arriver sur cette couverture
et on les prépare à faire face
à des situations imprévues.
Cependant, de temps en temps,
il peut y avoir des obstacles.
Une fois,
un enfant lisait l'histoire d'une famille
qui allait avoir un bébé
et il s'est arrêté, il a regardé
le dresseur et il a dit :
« Je sais comment on fait des bébés. »
Le dresseur a pris une grande inspiration
et il a répondu
avec une certaine appréhension :
« Vraiment ? »
Et l'enfant a répondu fièrement :
« Oui ! Il faut ajouter un "s" à "bébé". »
(Rires)
Il y a une harmonie dynamique
entre le dresseur,
un adulte digne de confiance,
le chien de thérapie, un participant
actif, curieux et à l'écoute,
et l'enfant qui a moins peur
et moins de pression quand il lit.
Des études montrent
que notre programme fonctionne.
On constate une amélioration
du niveau de lecture
ainsi qu'une participation
plus importante dans d'autres domaines
et une amélioration du savoir-vivre.
Et cerise sur le gâteau :
les enfants qui participent développent
un amour des livres et de la lecture
qui va bien au-delà
des sessions du programme READ.
Certains enfants reviennent
des années plus tard
pour nous raconter à quel point
ce programme a changé leur vie.
Comme Jordan.
Jordan lisait avec Drew,
un lévrier de course à la retraite.
Huit ans plus tard, à l'âge de 15 ans,
il est venu nous voir
dans une bibliothèque
et il nous a dit :
« Avant, je pensais que la lecture,
c'était une corvée,
une prise de tête,
mais Drew m'a permis de m'améliorer
et d'apprendre à lire pour le plaisir.
Vous ne pouvez pas imaginer
à quel point ce programme m'a aidé.
Encore à ce jour, le temps passé à lire
avec Drew compte beaucoup pour moi
et je ne l’oublierai jamais. »
Il y a 20 ans,
on était peu nombreux
quand on a cerné ce besoin
et on a créé ce programme.
Aujourd'hui,
cette idée simple,
qui est née à Salt Lake City,
a mené à la création officielle
de plus de 6 000 équipes READ
dans tous les États-Unis
(Applaudissements)
et dans 25 autres pays dans le monde.
(Applaudissements)
On s'est rendu dans des pays
comme le Japon, la Suède et l'Espagne
pour former d'autres personnes
à ce programme.
J'ai eu le privilège
d'aller à Taïwan, l'année dernière,
pour voir par moi-même
comment ils ont développé le programme.
Non seulement le regard
porté sur les chiens, à Taïwan,
a changé considérablement,
mais ce programme est tellement efficace
que le ministère de l'Éducation
exige désormais
que tous les instituteurs
regardent une vidéo qui en présente
les résultats spectaculaires.
Nos amis à Taïwan sont intervenus
dans 20 écoles primaires,
dont une école dans une région autochtone,
et dans des bibliothèques
dans le cadre d'activités extrascolaires.
Maintenant,
je voudrais vous parler de la contribution
d'un gentil labrador noir aux yeux marrons
qui s'appelait Cassie.
Cassie et son dresseur du Wisconsin
géraient un programme extrascolaire READ.
Ils avaient un tel succès
à la bibliothèque
que quand la section jeunesse a décidé
de réaliser une peinture murale,
les enfants voulaient absolument
inclure Cassie.
Lorsque Cassie est décédée
prématurément,
les enfants se sont réunis
pour partager leurs souvenirs
du temps passé à lire avec elle.
Un enfant a dit au dresseur de Cassie :
« Elle va vraiment me manquer.
Sans l'aide de Cassie,
je ne serai jamais passé en CM1. »
Les études confirment maintenant
ce qu'on a constaté des milliers de fois :
on peut changer la vie des enfants
qui ont des difficultés en lecture,
leur offrant ainsi
de toutes nouvelles opportunités,
un chien et un enfant à la fois.
Je vous remercie.
(Applaudissements)