Le lien étonnant entre le cerveau des femmes et la pilule contraceptive | Sarah E. Hill | TEDxVienna

La pilule contraceptive altère le cerveau des femmes. Par conséquent, elle change les femmes, et souvent de manière étonnante. Cette conférence explique ce que la science sait de la pilule et du cerveau et encourage les femmes à prendre des décisions liées à leur santé en connaissance de cause.

Sarah Hill est une chercheuse en psychologie qui étudie les femmes, la psychologie et la santé grâce à des outils théoriques développés par les sciences de l'évolution. Elle a publié des dizaines d'articles sur des sujets tels que l'alimentation, le comportement sexuel, l'inflammation et les relations amoureuses. Récemment, elle a utilisé son expertise pour révéler ce que nous savons et ce que nous ignorons sur l'impact de la pilule contraceptive sur le cerveau.

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED. Plus d'informations sur https://www.ted.com/tedx

Que savez-vous
de la pilule contraceptive ?

Que savez-vous vraiment
de la pilule contraceptive ?

Si vous êtes une femme dans le public,
vous connaissez sûrement la chanson, non ?

Le risque d'accident vasculaire
cérébral augmente,

la prise de poids,

ou, vous pourriez avoir un risque
d'embolie pulmonaire,

surtout si vous dépassez les 35 ans
et que vous fumez.

Les hommes du public, vous devez savoir
que si votre partenaire prend la pilule,

cela vous épargne
du sort cruel et inhabituel

qu'est devoir porter un préservatif
pendant le sexe.

N'est-ce pas ?

Mais, que savez-vous
de la pilule contraceptive

quand il s'agit de la partie
de notre corps

que la plupart d'entre nous chérissent
plus que toutes les autres ?

Le cerveau.

Que savons-nous
de la pilule contraceptive et du cerveau ?

Vous savez, poser cette question

semble un peu risqué
pour beaucoup de femmes,

parce que poser cette question

enfreint deux règles du féminisme

que la plupart d'entre nous
adoptons inconsciemment pendant l'enfance.

Et la première de ces règles est
« ne critique pas la pilule ».

Les femmes protègent beaucoup
la pilule contraceptive, cela se comprend.

Parce qu'elle a vraiment
beaucoup apporté aux femmes.

Et juste pour vous l'illustrer,

si vous regardez
ce graphique derrière moi,

vous verrez le pourcentage de candidates

aux écoles de droit et de médecine

avant que la pilule contraceptive
n'ait été rendue disponible légalement

pour les femmes célibataires.

Elles représentaient
à peine 10 % des candidats.

Vingt ans plus tard,

les femmes représentent
50 % des candidats.

En permettant aux femmes
de réguler leur fertilité

et de la planifier,

elles ont élaboré des rêves de carrière
et d'éducation sur le long terme.

La pilule contraceptive et toute
la liberté qu'elle nous a apportée

sont responsables de beaucoup
d'avancées pour les femmes

en matière d'indépendance financière.

Et donc la pilule
a été une force vraiment incroyable

dans leur vie.

Et à cause de cela,

remettre en cause
ou critiquer la pilule contraceptive

effraie les gens car cela les fait penser
qu'on devra retourner

à une ère où les femmes
dépendaient financièrement des hommes

et perdre certaines de nos libertés,

malgré le fait que le savoir
est toujours puissant

et que critiquer la pilule contraceptive

ne signifie pas
que l'on doit l'abandonner.

La deuxième règle avec laquelle
nous nous attirons des ennuis

quand nous voulons être critique
de la pilule contraceptive et du cerveau

est la règle qui interdit

de parler de l'implication
des hormones sexuelles dans le cerveau

si vous êtes une femme.

Parce que pendant très longtemps,

la femme était vue comme une version
trop émotive et peu rationnelle de l'homme

à cause de nos hormones
sexuelles changeantes.

Beaucoup de rhétoriques sexistes

disaient que les femmes ne devraient
pas occuper des postes importants,

posséder des terres ou voter

car notre cycle hormonal
nous rendait totalement irrationnelles,

et ainsi, vous voyez,

nous n'étions pas des personnes adéquates
pour avoir ces responsabilités.

Mais cette idée nous empêche

d'avoir des discussions réfléchies
à propos de la pilule.

Et elle ne repose
sur aucun fait scientifique.

Pour commencer,

les hormones féminines changent par cycles
mais elles ne sont pas imprévisibles.

Elles ne sont pas capricieuses,
fantaisistes ou volages.

Si vous me dites l'âge d'une femme,

et vous me dites le premier jour
de son dernier cycle menstruel,

je pourrais prévoir
avec une précision presque alarmante

ce que ses hormones sexuelles font
exactement à ce moment.

Si elle est dans
la première moitié de son cycle,

on constatera que son taux d'œstrogène
est relativement haut

comparé au taux de progestérone.

Et si c'est la seconde moitié
de son cycle,

je peux prédire que
le taux de progestérone sera plutôt élevé

comparé au taux d'œstrogène.

Alors même si les hormones des femmes
changent de façon cyclique,

elles ne sont pas
imprévisibles et capricieuses.

Par contre, la testostérone,
la première hormone sexuelle masculine,

c'est une tout autre histoire.

Des recherches ont montré

que le taux de testostérone change
selon l'âge, le moment de la journée,

si l'homme a des enfants ou non,

s'il vient de regarder du sport,

s'il vient de voir des armes,

s'il voit un pistolet,
son taux de testostérone change,

la présence de femmes attirantes

et aussi un tas d'autres choses.

D'accord, donc si quelqu'un
a des hormones capricieuses,

ce sont les hommes, en fait.

(Acclamations)

(Applaudissements)

Donc -

(Applaudissements)

Donc l'idée

que nos hormones influencent notre cerveau
ne devrait pas être un problème.

Les hormones des femmes changent,
influencent leur comportement

et ce qu'elles pensent,
ressentent et font.

Celles des hommes varient

et quand elles changent, elles influencent
ce qu'ils pensent, ressentent et font.

Et nous devons commencer
à avoir des discussions sur ces sujets

car ne pas le faire est néfaste
pour la santé des femmes.

Car nous devons briser ces règles

qui nous ont empêchés d'avoir
des conversations réfléchies

sur la pilule contraceptive
et comment elle influe sur les femmes.

Car même si les femmes prennent
la pilule contraceptive

pour certaines raisons,

cela a un impact sur leur corps
des pieds à la tête,

y compris le cerveau.

Et le fonctionnement de la pilule

change les taux d'hormones
sexuelles des femmes.

Et même si d'ordinaire
nous considérons celles-ci

comme quelque chose qui nous tombe dessus

ou comme l'origine de la puberté
et de la pousse des poils

à des endroits dont on ne veut pas
parler en société,

nos hormones sont en réalité
une partie clé de la machinerie de signaux

utilisée par le cerveau

pour créer le ressenti d'être
la personne que nous sommes.

Et donc quand on change
les hormones des femmes,

on change en fait la version
de leur cerveau

qu'elles créent.

De plus en plus d'études en psychologie
et en neuroscience

prouvent que cela est vrai.

Par exemple, rien qu'en pensant
à l'activité sexuelle,

ce à quoi nous pensons tous beaucoup,

les recherches montrent

que les femmes sous pilule contraceptive

ont un désir sexuel amoindri
et une activité sexuelle réduite

en comparaison à leurs homologues
au cycle naturel.

Et cela est complétement dû

au profil hormonal qui est créé
par la pilule contraceptive.

Les hormones qui facilitent
la réaction sexuelle chez les femmes

et facilitent le désir sexuel

sont des taux relativement hauts
d'œstrogène et de testostérone

et un taux de progestérone plus bas.

En réalité, la progestérone réfrène
le désir sexuel des femmes.

Et le profil hormonal
de la pilule contraceptive

est essentiellement un anti-venin sexuel.

C'est un taux élevé de progestérone,
un inhibiteur sexuel,

et des taux relativement bas
d'œstrogène et de testostérone.

Et en effet, beaucoup de recherches

indiquent que les femmes ont tendance
à avoir une baisse de libido

quand elles prennent
la pilule contraceptive.

Mais il n'y a pas que le désir sexuel,

le désir des femmes pour le sexe
et leur réactivité sexuelle

qui changent à la prise
de la pilule contraceptive.

Cela peut aussi influencer par qui
les femmes sont attirées.

Et c'est aussi quelque chose

qui est influencé
par les taux d'hormones sexuelles

qui sont créés
par la pilule contraceptive.

Grâce à des décennies de recherche,
nous savons maintenant

que les taux d'œstrogène des femmes

prédisent la quantité de testostérone
qu'elles préfèrent chez leurs partenaires.

Autrement dit,

l'œstrogène augmente
l'attirance des femmes vers des signaux

qui sont historiquement
liés au taux de testostérone des hommes.

Ce graphique que vous pouvez voir ici

montre comment les taux
d'œstrogène des femmes

prédisent la préférence de testostérone.

Et vous pouvez voir

que l'œstrogène adorent la testostérone.

Donc les femmes, quand elles ont
un taux plutôt élevé d'œstrogène,

sont attirées par des signaux faciaux
associés à la masculinité.

Et cela change leurs préférences
au cours du cycle.

Étant donné que la pilule contraceptive
maintient le taux d'œstrogène très bas,

on peut prédire

que les femmes sous pilule contraceptive

devraient préférer

les hommes avec moins de signaux associés
à la testostérone.

Et c'est exactement ce que l'on constate.

Les recherches montrent maintenant

que les femmes sous pilule contraceptive

préfèrent les visages moins masculins
que celles avec un cycle naturel.

Et l'on retrouve cela

quand les femmes identifient des hommes

qu'elles aimeraient
comme partenaires sexuels à court terme

et aussi les personnes qu'elles aimeraient

comme compagnons à long terme.

Les recherches montrent aussi

qu'en réalité, les femmes sous pilule
choisissent comme partenaires

des hommes aux visages moins masculins
en comparaison à celles au cycle naturel.

Il y a eu des études

où on rassemblait les partenaires
que des femmes avaient choisis

selon si elles étaient ou non
sous pilule contraceptive,

on photographiait leurs visages,

on créait des portraits robots,

pour pouvoir connaître le pourcentage

de marqueurs de testostérone
sur le visage des hommes.

Et cela a démontré

que les femmes sous pilule, en effet,
choisissaient comme partenaires

des hommes aux visages avec moins
de marqueurs de testostérone.

Donc la pilule serait en train de changer
les codes de préférences des partenaires.

Et il n'y a pas que la sexualité
et tout ce qui y est lié.

Le sexe et la reproduction,

c'est logique que tout cela change

en réaction à la pilule contraceptive

quand on pense au fait que cela
change les hormones sexuelles des femmes.

Mais ce n'est qu'effleurer le sujet

car nos hormones sexuelles influent aussi
sur les autres hormones de notre corps,

notamment celles
associées à notre réaction au stress.

Nous connaissons tous le stress, je crois.

On connait le stress,

dans les embouteillages,
lors d'un TED Talk devant mille personnes,

devant une ruée de gnous,

des événements quotidiens.

Où que nous soyons,

il y aura toujours une ruée de gnous.

Dès que nous rencontrons
un facteur de stress,

peu importe ce que c'est,

que ce soit un TED Talk ou des gnous,

en environ cinq minutes,

notre corps secrète du cortisol,
l'hormone du stress,

qui a tendance
à avoir mauvaise réputation,

car tout le monde l'associe au stress,

mais le cortisol
n'est pas la cause du stress.

Notre vie est la cause du stress.

En réalité, le cortisol aide
notre corps à gérer le stress.

Il libère du sucre
et des graisses dans le sang

pour qu'on puisse fuir rapidement,

et il prépare notre cerveau
à apprendre et mémoriser,

pour que, si nous sommes confrontés
à une situation similaire dans le futur,

nous puissions mieux la surmonter.

Ainsi, quand nous sommes stressés,

notre corps sécrète du cortisol...

sauf si vous êtes
sous pilule contraceptive.

Des décennies de recherches ont montré

que les femmes sous pilule contraceptive

présentent, en réaction au stress,
une sécrétion de cortisol faible ou nulle.

C'est quelque chose
de potentiellement très important,

et pas seulement
car c'est le type de profil

qu'on voit chez les personnes traumatisées
ou en état de stress post-traumatique,

mais aussi car cela peut causer
des changements structurels du cerveau,

diminuer la capacité à gérer le stress,

causer des problèmes
de régulation des émotions

et affecter la mémoire et l'apprentissage.

De nouvelles études
sur la pilule contraceptive

et son lien avec chacun de ces processus

suggèrent que l'on retrouve
les mêmes phénomènes

chez les femmes sous pilule contraceptive.

Et il n'y a pas que
les femmes individuellement

qui sont changées
par la pilule contraceptive.

Chaque femme vit
dans une toile interdépendante

qui inclut ses amis,
les membres de sa famille,

ses partenaires amoureux et ses collègues.

Et donc lorsque l'on change
les effets des hormones d'une femme,

ces changements se répercutent
dans son corps

et affectent beaucoup son organisme,

mais ils se répercutent aussi
à travers le monde

car les femmes interagissent
et changent la face du monde.

Alors il est temps
d'abandonner les anciennes règles,

et nous devons commencer à avoir plus,
et pas moins, de discussions

sur le cerveau des femmes
et la pilule contraceptive.

Mais ça ne veut pas dire
qu'on abandonne la pilule.

Cela restera la meilleure option
pour beaucoup de femmes

à certaines périodes de leur vie.

Cela a été mon choix
pendant plus de dix ans.

Mais il est temps d'informer les femmes

pour les alerter des compromis

qu'elles font en prenant la pilule,

pour qu'elles prennent de vraies décisions

sur leur santé
et qui elles veulent vraiment être.

Merci.

(Applaudissements)