Sous-titres FR : Ismaël Kouddane Bonjour tout le monde ! Joanne Manaster, blogueuse de Scientific American je vous souhaite la bienvenue à cette discussion spéciale de Scientific American que nous diffusons juste derrière la conférence de presse tenue hier par la NASA au sujet de l'orbiteur spatial MAVEN de la NASA , dont le lancement est prévu à la mi-Novembre à destination de Mars, pour étudier l'absence d'atmosphère sur Mars et se poser la question : où est-elle passée ? Je suis donc rejointe par deux invités très spéciaux qui pourront nous éclairer sur ce qu'il en est de l'orbiteur et sur l'exploration spatiale robotisée ou non habitée en général. Tout d'abord je voudrais vous présenter un scientifique de l'espace de la NASA, un des scientifiques du MAVEN Nick Schneider, de l'université de Boulder au Colorado. Il fait partie du Laboratoire de Physique Atmosphérique et Spatiale. C'est long à dire.. Et il est l'un des membres de l’équipe scientifique ...en fait je vais sortir... ...il est professeur associé du Département des Sciences Astrophysiques et Planétaires, à l'université du Colorado. Il a reçu son PhD en Sciences Planétaires de l'université de l'Arizona. Ses recherches incluent les atmosphères planétaires et l'astronomie planétaire avec un intérêt sur le cas particulier d'Io, une des lunes de Jupiter. Il est aussi à la tête du Spectroscope imageur d'Ultra-violets dans la mission à venir pour Mars MAVEN. Il aime enseigner à tous les niveaux et s'efforce d'améliorer l'éducation en astronomie des premiers cycles. Ça, ça m'intéresserait. En dehors du travail il aime explorer la nature avec sa famille et découvrir comment les choses fonctionnent. Qu'est-ce que j'ai ici ? J'aimerais montrer quelque chose que vous avez fait. Vous êtes l'un des auteurs de ce live dont on me dit que c'est la 7ème édition NS : C'est vrai. JM : "La perspective cosmique" C'est un manuel pour débutants en astronomie. NS : C'est ça. JM : Bienvenue Nick Je vais à présent presenter Chris Chris Impey est un professeur émérite de l'université d'Arizona ...donc vous vous connaissez... et il est à la tête du Département d'Astronomie. Ses sujets de recherche incluent l'observation cosmologique, les quasars et les galaxies éloignées. Il a rédigé 160 articles de recherche et deux manuels d'astronomie mais tu dis qu'ils sont en ligne, c'est ça ? CI : Oui, le premier a été modifié. Il s'appelle Enseigner l'Astronomie, il est dispo et gratuit. JM : Oh, super. Il a gagné 11 prix d'enseignement, a servi en tant qu'universitaire émérite de la Fondation Nationale des Sciences, et universitaire invité de Phi Beta Kappa et a été élu Professeur de l'Année par le Conseil Carnegie de l'Arizona. Il est l'ancien vice président de l'Association Astronomique Américaine et membre de AAAS. Il a écrit 4 livres populaires (en fait maintenant 5) : «Le Cosmos vivant», «Comment ça se finit», «Parler de la vie», et celui qu'on a cité aujourd'hui nommé «Rêves d'autres mondes», qui est «L'Incroyable Histoire de l'exploration spatiale inhabitée». Donc bienvenue, Chris. CI : Merci. JM : C'est super de vous avoir tous les deux ici. Avant de poursuivre, dans le News of Space d'aujourd'hui, Chris Hatfield, Colonel Chris Hatfield de l'Agence Spatiale Canadienne qui était sur l'ISS et en est revenu récemment. Comme on le sait il a fait un malheur sur les médias sociaux avec ses images, ses chants, et ses vidéos où il explique sa musique. Il a publié un livre qui sort aujourd'hui. Donc si vous n'en avez pas entendu parler, il s'appelle : «Guide de la vie sur Terre d'un astronaute: Ce qu'aller dans l'espace m'a appris sur l'ingéniosité, la détermination, et être prêt à tout» Et nous, à Scientific American l'aurons pour invité le 14 Novembre à midi. Donc notez-le sur vos calendriers et joignez-vous à nous pour ça. Donc, parlons un peu de MAVEN avant de parler de l'exploration spatiale inhabitée en général ou l'exploration spatiale robotisée. Il y a beaucoup d'intérêt, donc pourquoi ne pas donner quelques détails? Quand est-ce qu'elle va décoller ? NS : MAVEN a son lancement prévu le 18 Novembre après-midi. C'est un délai court chaque après-midi pour quelques semaines quand toutes les planètes sont alignées parce qu'on doit avoir la Terre dans la bonne position par rapport à Mars et la bonne rotation de la Terre pour que le vaisseau arrive sur Mars à l'heure. Si jamais vous vouliez connaître quelqu'un dont la vie est contrôlée par la position des planètes eh bien, c'est celui qui essaye d'envoyer un vaisseau sur une autre planète. JM : Mais pas le reste de nous. Donc ce qu'il y a sur le papier n'est pas pertinent du tout. Mais en réalité il y a quelques jours donc vous avez une fenêtre de quelques jours à ce moment là. NS: Exact, c'est quelques semaines et la chose qui se produit si les planètes se désalignent c'est qu'on perd un peu plus de carburant. Et le carburant est précieux, c'est notre capacité à manoeuvrer quand on est sur Mars. Donc on veut vraiment lancer au moment idéal tôt dans la fenêtre de lancement. JM : C'est fantastique. Je suis excitée car je vais aller voir le lancement, moi. Le seul autre lancement que j'aie vu c'est celui de la dernière navette spatiale. Je suis contente de voir celui-là. Donc, je suis impatiente de voir un Atlis-5 décoller. NS : Moi aussi. JM : Je suis vraiment impatiente de voir ça Donc, en ce qui concerne... On se demande, pour ceux qui n'ont pas pu voir la conférence de presse hier. Que va faire MAVEN ? NS : Bien sûr, je suis content d'expliquer ça. Je suis presque sûr que les membres de cette rencontre ont déjà une certaine connaissance de base sur Mars. Il y a 100 ans ou plus n'importe qui qui observait Mars avec un téléscope se demandait ce qui se passait avec les changements de saison. En fait on soupçonnait qu'il y avait de la vie sur Mars, de l'eau sur Mars, mais au moment où les premières sondes de la NASA sont allées sur Mars ce qu'ils ont découvert à la place c'est qu'aujourd'hui, il n'y a presque aucune atmosphère. Il n'y a pas de points d'eau ou de traces d'eau abondante sur la surface. À la place, on a une planète très froide et très sèche. Pourtant, tu regardes ces images et ce que tu vois du vaisseau spatial ce sont des lits de rivières asséchés, des deltas de fleuves remplissant des cratères. Il a dû y avoir un environnement plus chaud et plus humide il y a des milliards d'années de cela. Et le seul moyen que cela soit possible est qu'il se soit produit un énorme effet de serre avec beaucoup plus d'atmosphère. La meilleure hypothèse émise est que Mars aurait perdu 80, 90, 99 % de son atmosphère au cours de milliards d'années. On pensait que l'atmosphère sur Mars se serait peut-être amalgamée avec la surface. C'est en fait là que le calcaire vient de la Terre. C'est le dioxyde de carbone qui est aspiré à la surface. Mais les missions envoyées sur Mars jusqu'ici n'ont pas pu trouver de preuves suffisantes que l'atmosphère s'était amalgamée avec la surface. Donc il nous reste l'autre possibilité que l'atmosphère se soit échappée dans l'espace. Et c'est ce que MAVEN va aller vérifier. Est-il possible qu'à travers une multitude de processus nous comprenions que le taux de fuite de l'atmosphère dans l'espace soit suffisant pour expliquer où est allée toute l'atmosphère primitive de Mars ? Et je peux entrer dans les détails sur comment on fait ces mesures, si vous voulez mais je voulais juste donner l'idée de base sur le pourquoi de MAVEN. JM : C'est intéressant. Donc... une partie de mon intérêt là-dedans c'est que j'ai été invitée à un atelier Nouveaux Médias à l'Université du Colorado et à vous écouter, vous, scientifiques, parler de ce que MAVEN représentait. Donc je suis heureuse de continuer avec cette discussion pour le public de Scientific American. Une chose qui était intéressante était : Pourquoi n'a-t-on pas envoyé de sonde sur Vénus ? Nous avons envoyé des sondes ailleurs pour observer l'atmosphère. Mais pourquoi pas Vénus ? Je veux dire, c'est si évident, elle est si proche Je vais demander à Chris de donner son avis car tu viens d'écrire un livre sur chaque vaisseau d'exploration non-habité qui a été envoyé. CI : Je pense que le problème actuel avec la planétologie c'est qu'il y a tellement de bonnes idées à développer, et si peu de nouveaux départs possibles avec notre budget. On ne peut pas tout faire. J'étais à JPL, en conférence avec des ingénieurs, et l'un deux était à l'origine d'une mission pour Vénus, un atterrisseur pour Vénus, qui a été annulé à la dernière étape. Arrivé aux 4 dernières, il n'a pas été sélectionné. Et c'était un vrai défi car, vous savez, Vénus est un vilain endroit et ils avaient une mission qui allait se poser là-bas collecter des infos 10 jours avant de cuire et de mourir et apprendre un tas de choses sur Vénus. Donc, vous savez, il y a des missions posées sur une étagère de personnes de la NASA et qui travaillent avec la NASA pour faire presque tout ce que vous pouvez imaginer, jusqu'à Hydrobot qui fait fondre la banquise d'Europe pour y chercher de la vie ou retourner sur Titan avec des dirigeables et échantillonner tous les lacs ou les concepts les plus avancés pour Mars qui en fait chercheraient de la vie en forant pour atteindre ce qu'on pense être des zones aquifères. Il y a tous ces concepts qui sont là et pas assez de pièces de monnaie pour faire la majorité d'entre eux. JM : Oui, avec le nombre de choses qu'on a envoyées et on a appris beaucoup... Ça semble juste infini. Que pourrions-nous apprendre si on pouvait réaliser chaque rêve de tous ces explorateurs. En fait avant de revenir à l'atmosphère de Mars et à MAVEN j'étais intéressée, quand j'en ai parlé la première fois à mon rédacteur en chef, je voulais parler de ce livre et de MAVEN. Le sous-titre est «L'Incroyable Histoire de l'exploration spatiale inhabitée» et j'ai été immédiatement contrée par: «Oh, ce n'est pas le terme correct, «le terme politiquement correct «pour le mot "inhabité".» Et je me suis renseignée à ce sujet. Donc voulez-vous nous expliquer pourquoi choisir «inhabité» plutôt que «robotisé» malgré le fait qu'«inhabité» puisse déranger les gens ? CI : Pour être honnête, c'était la décision de l'éditeur en fait. Ils ont édité un livre et la décision finale leur appartient. Donc «robotisé» aurait été un meilleur choix, je suis d'accord. Et, nous devions tenir compte des différentes langues... Regardez l'évolution de Star Trek, la célèbre réplique, «où aucun homme n'est allé auparavant» devient «où personne n'est allé auparavant» Il y a donc eu une évolution adaptée et appropriée de certaines de ces phrases cultes. JM : Donc vous êtes tous deux d'accord que «robotisé» est un meilleur terme, ou un terme parfait, ou alors il y a un terme encore mieux ? Parce qu'on envoie des téléscopes et quand je pense à «robotisé» j'imagine plein de bras articulés, des trucs qui attrapent d'autres trucs pour les analyser, et donc moins un équipement analytique et optique. Mais je pense que mes connaissances en «robotique» peuvent s'améliorer. NS : J'utilise l'expression «exploration robotique». CI : Il y a une nuance différente. Un téléscope en orbite ou au point de Lagrange est juste une technologie qu'on utilise sur Terre pour observer en étant transplantés dans l'espace. Et sur Terre on observe à distance. Je n'ai plus besoin d'aller au Chili ou à Hawaï car je peux observer depuis mon bureau. Mais je pense que «robotisé» est approprié pour les missions planétaires car ils sont littéralement comme des extensions de nos sens. Ce sont nos yeux et nos oreilles sur un autre monde, et souvent nous les utilisons de cette façon. JM : Donc je vais demander à Chris de nous donner une sorte d'histoire de l'exploration robotisée de Mars et ensuite nous parlerons un peu plus de la mission MAVEN. Alors, repensez à votre livre, ce dont vous avez parlé : les différents robots-explorateurs qui sont allés sur Mars et ce qu'ils ont accompli. Peut-être leurs inconvénients et comment on s'améliore dessus ? CI : Bien. Je me suis intéressé à ce livre parce que je pense que certaines personnes sous-estiment à quel point ces technologies sont fantastiques. Je mets de côté Mars une minute, la sonde Huygens qui atterrit tout en douceur sur un monde à près d'un milliard de kilomètres de nous et qui l'inspecte, et trouve qu'il possède des lacs bizarres semblables à la Terre, une météo, un cryovolcanisme, et tous ces trucs cools. C'est une réalisation incroyable et pour revenir au début les missions Viking, maintenant oubliées depuis longtemps la plupart des américains n'étaient pas nés lors de ces missions. C'était la technologie des années 60 pensez aux ordinateurs à l'époque, pensez à l'électronique. Et ces deux atterrisseurs et deux orbiteurs ont fait des choses admirables. Ils ont fait des expériences de détection de la vie jamais surpassées depuis et un des 2 a donné un résultat ambigu donc les Vikings étaient des missions incroyables pour cette époque-là, il y a 40 ans et on a juste continué la progression avec les rovers. Puis la NASA, en optant pour l'atterrissage avec airbags rebondissants (qui est très sûr, très souple) a énormément augmenté le degré de difficulté avec Curiosity et Skycrane. Donc une fois encore, ces technologies incroyables comportent un risque vraiment très élevé et une immense satisfaction, et des activités très rentables. Ces types de missions ont beaucoup poussé notre technologie. Un géologue vous dirait qu'il n'y a pas d'autre solution pour ramener des roches de Mars. Sur Terre on peut les examiner molécule par molécule. Mais pouvoir comprimer quelque chose, le mettre à l'intérieur d'autre chose qu'on peut lancer et qui survivra au passage et au lancement, et à l'arrivée sur Mars ça reste une technologie vraiment bluffante. Avec les instruments de Curiosity, par exemple, je pense que nous repoussons largement les limites d'à peu près tout ce qu'on peut faire technologiquement quand on conçoit ces missions. NS : Oui, Chris, si je peux intervenir ici et ajouter quelque chose tu parles de technologie de pointe de haute performance, de haute capacité. Mais une chose qui n'est parfois pas comprise c'est qu'il s'agit également d'un coût peu élevé. Si vous pensez à chaque image jamais renvoyée par la navette Cassini ou chaque roche ramassée par un rover sur Mars, le total de toute cette exploration robotisée représente moins de la moitié du budget de la NASA. C'est une petite partie. Mettre des humains dans l'espace aussi spectaculaire et futuriste que ce soit et même si moi aussi j'aime ça ...c'est plus coûteux. Ce qu'on peut faire avec des robots est bien plus abordable on peut aller où on veut, et on peut y aller maintenant. Donc, c'était vraiment l'immédiateté de l'exploration robotisée et notre présence envahissante dans l'espace qui ont rendu ce sujet si impérieux pour moi. CI : Et bien sûr, cet avantage va juste se développer parce que les missions robotisées vont devenir de plus en plus miniaturisées. Elles bénéficieront de la loi de Moore et il sera toujours délicat et difficile de maintenir des humains dans l'espace. L'espace n'est pas un lieu naturel pour l'homme. Nous touchons à un énorme débat qui se joue dans nos différentes communautés : l'homme contre l'inhabité, l'humain contre le non-humain ou le robot Et il n'est pas obligatoire que ce soit l'un ou l'autre. Vous allez parler à Chris Hatfield quand des astronautes comme lui ou J.Grunsfeld qui est déjà venu ici, et qui est un héros, il entre dans l'auditorium et il a une standing ovation de 200 astronomes... le gars qui a réparé Hubble trois fois. Donc, on ne peut pas remplacer ça non plus. Mais c'est coûteux. Le coût réel de la navette spatiale était d'un demi milliard de dollars le lancement et pour le prix de quelques lancements de navettes on peut acheter une sonde planétaire vraiment cool. C'est donc un compromis difficile. JM : En fait, j'ai vraiment aimé votre résumé sur Hubble toute sa construction, son lancement et sa réparation tout est dans votre livre. Ça vaut la peine de jeter un oeil au livre juste pour ça. J'ai vraiment aimé que ce soit raconté. Ce que je voulais dire maintenant que Chris a parlé des différentes sondes que nous y avons envoyé. Bien sûr, on vient d'avoir un arrêt du gouvernement et chez MAVEN vous avez sûrement transpiré... beaucoup mais vous avez obtenu un peu de répit et ils vous ont permis de poursuivre le travail. Voulez-vous expliquer pourquoi vous avez obtenu cette dérogation ? -Bien sûr -Mais que la NAH n'a pas pu l'avoir ? NS : Le projet MAVEN a donc été abandonné pour quelques jours pendant l'arrêt du gouvernement. Nous étions tous inquiets et frustrés par ça. Cette mission était prête à partir et elle était scientifiquement impressionnante mais selon les termes de l'arrêt ça ne suffisait pas pour obtenir la dérogation. Et le fait de manquer cette fenêtre dont j'ai parlé et mettre tout en chambre froide pendant quelques années en attendant la prochaine chance coûterait quelques centaines de millions de dollars même cela n'était pas suffisant. Mais ce qui compte vraiment, c'est le fait que MAVEN fait office de relais des transmissions radio avec les rovers à la surface et c'est donc vraiment pour ces missions en cours que nous devions préserver nos communications. C'était la principale justification pour que MAVEN obtienne une dérogation par rapport à l'arrêt. Il y a quelques satellites autour de Mars qui peuvent effectuer cette fonction de relais mais ils commencent à se faire vieux et nous devions être sûrs que MAVEN partirait dans cette fenêtre de lancement pour pouvoir jouer ce rôle en cas de besoin. Nous espérons maintenant que ces autres missions survivront mais la dernière chose qu'on veut, c'est Curiosity à la surface, qui fait des découvertes et impossible de ramener les données sur Terre. C'est donc ce qui a remis MAVEN sur les rails. Et nous sommes sur la bonne voie pour le lancement le novembre 18. Est-ce que j'ai dit le novembre 18 ? JM : Oui. CI : Je ne peux résister à l'envie de commenter ça. Nous parlons de la situation de l'exploration spatiale high-tech. Un des domaines où elle vieillit vraiment, c'est la communication. Certains de vos spectateurs savent probablement que Vincent Serf, qui est le concepteur de l'internet original travaille avec la NASA sur un internet interplanétaire, parce qu'il y a de vrais problèmes avec l'utilisation d'internet au-delà de la Terre ; car il y a des missions avec des transmissions d'une heure et ils doivent rechercher des adresses IP et ils doivent s'accrocher dans le patchwork qu'est internet et les protocoles qui l'accompagnent. Et il n'y a pas moyen de faire ça pour l'instant. Donc nous devons créer une structure entièrement nouvelle pour un internet interplanétaire dont dépendront toutes les missions spatiales. JM : C'est vraiment intéressant. CI: En fait ça a été inventé par la mission partie sur la Lune JM : Bellary. CI : Bellary a lancé quelques uns des premiers protocoles de transmission de ce nouvel internet un protocole pour l'exploration planétaire... JM : C'est aussi intégré à MAVEN ? NS: Non, nous n'avons pas cette technologie avancée. JM : Vous avez une photo de MAVEN derrière vous et vous avez aussi une maquette. Pourquoi ne pas avancer et expliquer en quelque sorte ce qui se passe pour que les gens aient un... Parce que tout le monde a une idée de ce à quoi ressemble Curiosity, n'est-ce pas ? Car il y a tout le temps des images de rovers visibles sur internet Alors j'ai pensé qu'on pourrait se faire une idée de ce qu'un orbiteur de ce type pourra faire et à quoi il ressemblera NS : Bien sûr, et je suis heureux que vous ayez souligné le mot "orbiteur". Ce vaisseau spatial n'atterrit pas en surface. Il sera en orbite autour de la planète encore et encore toutes les cinq heures environ en étudiant les différentes manières dont l'atmosphère pourrait s'échapper dans l'espace et même comment sont ses propriétés très haut dans l'atmosphère. Mais pour vous donner une idée il s'agit d'une maquette à l'échelle 1/30e. Donc, le vaisseau spatial MAVEN actuel, fait environ la longueur d'un bus scolaire. Et tout ce que vous voyez ici toutes ces installations, ce sont les panneaux solaires. Donc nous recueillons assez d'énergie solaire pour alimenter tous nos instruments et notre électronique. C'est ici que nous gardons les explosifs. C'est le combustible que nous utilisons en entrant dans l'orbite de Mars. Ça doit ralentir tout l'excédent d'énergie avec lequel nous arrivons. Et, donc, les tuyères des fusées sont ici. Et voici notre antenne relais grâce à laquelle nous envoyons nos données vers la Terre ainsi que toutes les données des rovers quand ils ont besoin de nous pour ce faire. Et quand on parle d'exploration robotique on pourrait dire que les humains ont cinq sens Eh bien, je dois dire que ces engins peuvent en avoir des dizaines ou vous pouvez choisir parmi des dizaines de types de sens différents lorsque vous concevez votre explorateur robotique. Et Chris a déjà parlé de comment les robots peuvent être des yeux et des oreilles. Cette analogie est vraiment bien. Ainsi, par exemple, vous pouvez voir qu'on a des antennes ici et des appareils au bout ici. Ce sont comme les oreilles du vaisseau spatial à l'écoute des champs magnétiques et électriques et de comment ils changent à proximité de l'engin. L'une des choses que fait notre vaisseau spatial on peut croire qu'il vole comme ça à travers l'atmosphère En fait il vole dans ce sens-là. C'est pourquoi les panneaux solaires sont inclinés comme ça. Pendant qu'il traverse l'atmosphère en volant nous disposons d'une poignée d'instruments qui agissent comme si on "sentait" ou on "goûtait" l'atmosphère. Particule par particule ils peuvent voir sa composition et même à quelle vitesse ces particules vont et s'ils s'échapperont dans l'espace. Cet instrument juste là, c'est mon petit bébé. C'est le spectrographe imageur d'ultraviolets. C'est les yeux de MAVEN. Vous ne le savez peut-être pas mais toutes les atmosphères du système solaire brillent à la folie dans l'ultraviolet. Il y a un instrument qui élargit le spectre et voit la quantité de dioxyde de carbone, combien d'hydrogène, combien d'oxygène, tous ces différents ingrédients comment ils sont distribués à travers l'atmosphère et même leurs chances de s'échapper. Ce vaisseau spatial est donc parfaitement conçu avec chaque instrument nécessaire à bord pour suivre toutes les différentes voies que les atomes et les molécules de l'atmosphère de Mars peuvent emprunter pour s'échapper dans l'espace Ai-je oublié quelque chose ? Avez-vous des questions ? JM: Quand vous dites que ça traverse l'atmosphère est-ce que c'est vers la planète ou loin de la planète ? Parce qu'il y a des descentes que vous faites, comme prévu... NS : C'est exact. Laissez-moi prendre mon autre accessoire ici. JM: Lequel ne sera pas à l'échelle? NS : Je n'ai pas assez de mains pour le faire vraiment bien. Mais pour garder les choses en perspective rappelez-vous que l'atmosphère d'une planète est vraiment mince à l'échelle de la planète. Mars est bien plus petite que la Terre, plus grande que la lune; une planète de taille intermédiaire mais l'atmosphère est toujours à environ 100, 200 km, là. Et notre vaisseau spatial est conçu pour descendre en piqué depuis les hautes altitudes ici, en bas et voler, survoler les couches supérieures où la résistance de l'air est assez importante et puis remonter. Nous sommes en mesure de prendre des images de la planète d'ici et ensuite nous redescendrons. Et, de temps en temps nous changeons d'orbite, pour aller encore plus loin dans l'atmosphère. C'est encore loin au-dessus de l'endroit où volent les avions en termes de densité dans l'atmosphère terrestre mais c'est une région qui présente un grand intérêt pour les couches supérieures de l'atmosphère où les gaz commencent à s'échapper. C'est ce que nous appelons les "plongeons profonds". Néanmoins, C'est presque... je ne dirais pas ébouriffant, mais déconcertant qu'à chaque orbite où nous plongeons dans l'atmosphère c'est juste un peu de friction et nous sortons à nouveau. C'est pourquoi il nous faut du carburant, pour pouvoir régler l'orbite et ne pas s'enfoncer plus que ce qu'on a besoin scientifiquement. JM : Alors, combien de temps est-ce... Combien de temps MAVEN, votre projet, est censé durer ? Ensuite Chris nous donnera sa vision de la durée des choses parce que tout ça a duré plus longtemps qu'on ne le pensait. Donc combien de temps votre projet est censé durer ? Vous allez collecter des données officiellement... ? CI : La mission principale de MAVEN est d'une durée d'une année terrestre. Nous espérions pouvoir jouer avec les mots, changer l'année terrestre en une année martienne mais il s'avère qu'ils surveillent ça. Mais une année terrestre est suffisante pour nous pour échantillonner toutes les variétés d'atmosphère surtout comment elle réagit quand le soleil fait des "boums". Je suis sûr que les téléspectateurs sont conscients de l'activité solaire et la façon dont le soleil peut cracher des photons extra-énergétiques, des particules d'énergie. C'est ce processus qui appauvrit l'atmosphère de Mars. Et nous voulons étudier comment elle se comporte dans ces conditions et nous devrions voir ça dans notre mission principale d'1 an. JM : Il y a donc une une activité solaire importante ? C'est un sujet d'inquiétude quand on arrive là-bas si je me souviens bien ? NS : Le soleil est imprévisible. On ne sait pas ce qu'il va faire à notre arrivée. Vous pensez peut-être à la comète qui arrive sur Mars à peu près au même moment que nous JM : Ça doit être ce à quoi je pense qui est différent... NS: Il se passe toujours quelque chose dans notre système solaire. JM: Donc, vous ne ferez pas plusieurs analyses de la comète à moins que cela n'affecte l'atmosphère, c'est ça ? NS : C'est trop tôt pour le dire. On met en attente jusqu'à ce que tout soit lancé J'avais juste besoin de corriger quelque chose que j'ai dit il y a une minute, c'est à dire que... nous arrivons sur Mars pendant que le soleil est statistiquement dans une période d'activité. Cette partie était donc correcte. Mais qu'il y ait ou non une tempête solaire quand on démarre on a des souhaits, mais on ne sait pas. JM: Nous n'en sommes pas sûrs, c'est comme ça. Donc je veux en revenir à Chris parce que, tout d'abord, vous êtes en train d'écrire ce livre sur l'exploration spatiale inhabitée mais ce n'est pas votre domaine d'étude d'origine. Ce n'est pas ce que vous préférez même si ça vous intéresse beaucoup. Vous avez eu droit à beaucoup d'idées des personnes que vous connaissez. NS : Oui, il a choisi le mauvais domaine quand il était jeune. CI : J'ai parlé à des gens comme Caroline Porco et elle a dit que c'est comme l'éducation d'un enfant. Il faut mettre de côté une durée de 18 à 20 ans pour faire quelque chose comme Cassini. Je suis juste le genre de personne qui aime être satisfait rapidement. J'aime aller dans un grand télescope prendre mes données, rédiger un papier et en finir dans les 6 mois. Alors, c'est juste de l'impatience c'est la seule chose Je rebondis sur une chose qu'a dit Nick, sur... la trajectoire, et le piqué dans et hors de l'atmosphère. C'est une autre des étonnantes... la mécanique orbitale des personnes qui font ça dans le système extérieur ou n'importe où dans le système solaire... C'est assez incroyable. Cassini à la fin de ses missions de l'équinoxe et du solstice, aura effectué plus d'une centaine de survols. Et bien sûr, ils les reprogramment en temps réel. Quand vous découvrez que c'est intéressant, vous y retournez. Et je pense que la descente la plus proche était à 22 km de Liapitus et c'est incroyable. C'est à 1 milliard de km et on fait descendre en piqué du matériel de plusieurs milliards de dollars. NS : Et n'oubliez pas que ça a été préprogrammé des semaines ou des mois en avance parce qu'il n'y a pas de communication bilatérale. Personne ne conduit Cassini. CI: C'est exact. Ce sont vraiment des exploits remarquables à réaliser, et ceux qui font ça, ils doivent s'amuser comme des fous. Tout comme le gars qui était l'adjoint EP de la mission Deep Impact. Il a été cité après avoir dit : "J'arrive pas à croire qu'ils nous paient pour s'amuser autant" NS : C'est vrai, et de temps en temps quelqu'un vient me voir et dit: «Oh, vous êtes spécialiste des fusées ?» et je suis un peu ému. Mais j'ai été remis à ma place quand quelqu'un m'a dit, «Euh, spécialiste des fusées. Je ne monterais jamais dans une fusée faite par un scientifique.» Ce sont les concepteurs de fusées qui ont tout le mérite Vous savez, nous devons répondre aux grandes questions et c'est ce que nous considérons amusant, bon sang, serons-nous toujours dépendants de l'ingéniosité des ingénieurs, et du travail incroyable qu'ils font. JM : Je dois intervenir. J'ai rencontré une dame, qui était ingénieure, elle a fini par écrire un livre pour les enfants sur les ingénieurs, que font les ingénieurs, parce que son propre enfant de 5 ans regardait un lancement de navette, ou quelque chose du genre, et a dit «Oh, wow ! Regarde ce que font les scientifiques». et elle fait «et des ingénieurs». «Les ingénieurs sont ceux qui font en sorte que cela se produise réellement». donc, oui, c'est très important. Il n'y a pas d'ingénieur dans la commission en ce moment. Il y a deux scientifiques... enfin, trois. Mais je ne fais pas de trucs sur l'espace. Chris, j'aimerais que tu parles rapidement à propos de ça. Nous envoyons... eh bien, nous avons eu quelques fois où les choses ont failli dysfonctionner, mais se sont en quelque sorte réanimées, elles ont pu faire le travail, mais le plus souvent, nous envoyons ces machines, et elles ont une durée de vie prévue. Mais la plupart du temps, elles la dépassent. Si vous pouviez parler à ce sujet, et ce que nous pouvons faire, une fois qu'on a eu de la chance. CI : Et c'est naturel ; c'est de la bonne ingénierie. Bien sûr, les ingénieurs aiment avoir de grandes marges, et ces marges ne sont pas toujours... pour un pont, ou autre chose, c'est un facteur de 2 ou 3. Je pense que dans l'espace, c'est encore plus, comme une magnitude. Donc, évidemment, les deux rovers Le pauvre Steve parle de l'heure de Mars, Steve Squires a vécu au temps de Mars pendant 10 ans, il était censé le faire seulement 3 mois. mais le deuxième de ses rovers fonctionne toujours. Il y a un autre merveilleux exemple. Les Pioneers et les Voyagers laissent nos messages dans une bouteille, jetée dans le système solaire extérieur. Ils s'éteignent. Leurs plans sont réduits à une fraction d'un Watt d'énergie transmise, mais nous avons des télescopes assez grands comme Arecibo pour détecter ça à des milliards de kilomètres. Et donc, encore une fois, Ed Stone, qui est au JPL, il a plus de 80 ans, je crois... Ces missions durent plus longtemps que certains de leurs enquêteurs. Et c'est bien, parce qu'ils envoient toujours des données utiles, et c'est génial. Le problème, bien sûr, c'est que le projet, et l'argent, et le financement impliquent en quelque sorte un point final, et donc c'est horrible quand vous êtes face à la perspective de devoir éteindre quelque chose qui fonctionne toujours, ou juste ne pas regarder les données, ou ne plus faire fonctionner les instruments. Et ce sont des situations réelles parce qu'évidemment, on ne peut commencer de nouvelles choses à moins d'en arrêter certaines qui sont anciennes. JM: Je vais revenir en arrière. Merci, Chris. Je vais revenir à Nick à propos de... Que ferez-vous au-delà du délai d'un an ? Cela dépendra-t-il du financement ? Allez-vous continuer à maintenir les communications avec les rovers à la surface, ou vous associer avec l'ESA pour de futurs projets, ou quoi ? NS : La seule chose dont nous soyons sûrs après notre première année, est que MAVEN sera conservé actif et opérationnel pour servir de relais aux rovers pour aussi longtemps que possible. Et évidemment, les rovers actuels, et il y en a un autre arrivant en Mars 2020, mais que MAVEN fasse de la science, ça reste à voir Chaque mission de la NASA, qu'il s'agisse du télescope spatial Hubble ou les rovers, après 90 jours, passe par un processus très minutieux où l'équipe dit, si vous nous donnez plus d'argent, voilà ce qu'on peut faire scientifiquement. Donc ce sont des décisions réfléchies, bien qu'avec un portefeuille serré. Et donc nous allons passer par ce processus appelé "Senior Review". probablement quelques mois avant la fin de notre première année et nous ferons valoir le cas en disant si vous nous permettez de continuer à prendre des mesures voilà ce qu'on peut accomplir scientifiquement. C'est un vaisseau spatial fabuleux. Il est doté d'instruments excellents, et je suis sûr qu'on va faire un très bon dossier, mais ce sera au groupe d'experts de faire ces choix difficiles. JM : Combien d'instruments y a-t-il sur MAVEN ? NS: Vous savez, en réalité, je ne me souviens pas si c'est 8 ou 9, mais ça fait beaucoup et certains d'entre eux sont conçus pour mesurer les ondes et les champs. D'autres sont conçus pour les particules chargées, d'autres encore pour les particules neutres, pour les photons, et certains ont deux parties et d'autres en ont trois, c'est pourquoi j'ai du mal à suivre. Mais en gros, nous avons tellement d'instruments en marche, qu'un atome ou une molécule ne peut pas s'échapper de Mars sans qu'on ait une idée du processus. JM : Nous l'avons remarqué. Chris, donc, en lisant votre livre, j'ai le sentiment que la moyenne semble être d'une douzaine. Il y en a au moins une douzaine sur chaque sonde que nous envoyons. Est-ce que c'est vrai? J'ai bien compris? CI : Oui, beaucoup d'émissions massiques sont des couteaux de l'armée suisse. Ils ont un grand nombre d'instruments qui se combinent et Cassini est un exemple classique de ces missions à plusieurs milliards de dollars. Hubble en est un exemple, les grands observatoires spatiaux, mais la NASA a également connu un énorme succès avec des missions plus spécifiques, à but unique. Mes deux exemples préférés, bien sûr, c'est Keplar, avec son EP, Bill Burouki, qui a fait la fameuse remarque : «C'est la mission la plus ennuyeuse que vous pouvez imaginer» Elle est conçue pour prendre une photo de la même partie du ciel, toutes les six minutes, pendant des années, et c'est tout ce qu'elle fait. C'est si ennuyeux... Et puis WMAT, un concept complètement différent. Un satellite à micro-ondes observant l'univers primitif et faisant aussi une chose très simple, juste scruter le ciel, encore et encore et encore, et fouiller dans les erreurs systématiques et aléatoires pour faire une carte des micro-ondes, et c'est tout ce qu'il peut faire mais c'est incroyable. Ces deux missions ont eu du succès, et elles ont coûté une fraction d'un milliard de dollars plutôt 100 millions, disons, ce qui n'est bien sûr pas bon marché. Ils font une chose sublimement bien. Il y a donc deux façons de faire avec toutes ces missions JM : Maintenant MAVEN, il y a eu beaucoup de questions sur les coûts dans la conférence de presse hier. Vous souvenez-vous de certains de ces chiffres, Nick ? NS: Non, et j'ai manqué la dernière partie de cette conférence. Les scientifiques se souviennent des chiffres à un facteur de 2, environ. Mais nous avons, bien sûr, des équipes. Les ingénieurs sont un peu plus précis là dedans. Et ceux qui fixent les budgets... encore plus précis. Tout ce que je sais, c'est que MAVEN n'a pas dépassé fortement les coûts. Nous avons un enquêteur principal qui a fait des choix difficiles, surtout au début sur la façon d'éviter des dépassements dans cette mission. Ça s'appelle les «missions dirigées par les EP» Missions dirigées par les enquêteurs principaux, où il est vraiment du ressort d'une personne de s'assurer que ça va se faire, faire de la science, sans dépasser les coûts. Donc la MAVEN va assurément dans la colonne «plus» et être dans le cadre universitaire est un des moyens qu'on a eu d'être vraiment capables de réduire les coûts, et nous souhaitons vraiment que plus d'opportunités comme celle-ci se présentent au bon moment. CI : Ce sont aussi des compromis difficiles, parce que parfois une idée se présente que vous voulez vraiment ajouter à vos instruments pour vous donner une nouvelle capacité et il faut l'adapter à la courbe de coût. L'exemple célèbre que j'aime bien, c'est que les Vikings n'étaient pas conçus à l'origine avec des appareils photo. Et Carl Sagan a déclaré : «Nous allons avoir l'air vraiment stupide «s'il y a des ours polaires sur Mars «et qu'on a pas d'appareil pour les photographier». Il plaisantait, mais sa remarque a été prise en compte, et les Vikings ont donc eu des appareils photo, et c'est l'image de la surface de Mars qui a attiré l'attention de tous. Et puis revenons à l'époque de Curiosity, et ce fut malheureusement une tentative ratée. James Cameron faisait partie de ce projet, et il était sur le point de concevoir une caméra HD à intégrer à Curiosity. Il n'a pas réussi à obtenir tout ce qui est spécifié et verrouillé avant le lancement, Curiosity n'a donc pas eu la connexion de James Cameron. Mais garder ces possibilités en jeu est vraiment important, même si c'est une décision budgétaire difficile. NS : Alors, MAVEN au fait, n'a pas de caméra à lumière visible intégrée dans ses systèmes. Quand on pense à la technologie qu'on a pour l'orbiteur de reconnaissance de Mars, chaque caméra doit être meilleure que celle d'avant. Avec tous ces autres instruments que nous avons à bord, on n'a pas pu prendre de caméra encore meilleure. Mais nous allons renvoyer des images et des films plutôt sympas des planètes à l'ultraviolet, et ce sera une nouvelle contribution. Mais pas tant de mégapixels, ne sont pas scientifiquement importants. JM : En fait je porte... Je vais devoir me rapprocher. Je porte en fait un collier fait par cette fille qui est fascinée par Mars et ça c'est la première photo de Curiosity sur Mars. Elle a donc pris des images emblématiques qui ont été prises sur Mars par Viking et tout ça qu'elle a transformées en bijoux, et j'aime les porter parce que ce sont des sujets de conversations. Donc ma petite contribution pour partager mon enthousiasme de l'exploration spatiale avec les autres. Laissez-moi juste... Il y avait une question que je voulais poser Chris, y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter à cette conversation sur la situation d'ensemble de l'exploration spatiale ? CI : Bon, je vais juste faire une supposition pour l'avenir, qui est que nous sommes à une sorte d'un point de transition intéressant dans l'exploration spatiale du système solaire ou au-delà ou encore de l'astronomie spatiale, où l'on voit cette industrie spatiale privée naissante, en train d'émerger. Tant mieux, puisque l'Amérique ne peut pas mettre des astronautes en orbite. Nous dépendons des Russes, et maintenant nous allons dépendre du secteur privé. Je pense que ça va commencer à se jouer dans les affaires dont on a parlé. N'oubliez pas qu'il y a mille milliardaires sur Terre, et chacun d'eux pourrait financer une sonde planétaire vraiment cool. Donc si la NASA fait le point sur l'envoi cet Hydrobot vers Europe, ou de retourner sur Titan avec la technologie dirigeable, Je pense que certains milliardaires pourraient intervenir, et je pense que tout ça va devenir plus intéressant. Ça limite un peu quand seulement quelques gouvernements le font et les gouvernements se font parfois couper et ils ont un budget serré, des choix difficiles, etc. Je pense que ce sera une sorte de Far West, mais il se passera des choses vraiment cool quand le secteur privé et les entrepreneurs vont commencer à faire ce genre de choses. JM : Alors, voici une question. Une idée du nombre d'idées de projets qui existent, et quel pourcentage se concrétise réellement ? NS : C'est un petit pourcentage. Chaque fois que la NASA annonce une opportunité avec catégories ouvertes, il y a généralement des dizaines de missions pour chacune des une ou deux personnes sélectionnées. Et c'est une douzaine pour chaque opportunité. Donc, très bientôt, ce seront des centaines d'idées que nous n'exploitons pas. Je ne peux pas promettre qu'elles seront toutes bonnes ou faisables avec la technologie actuelle, mais beaucoup plus de bonnes missions, pratiques, ne sont pas choisies parce qu'une nation n'a pas la volonté de les financer. CI : Je suis d'accord. Je veux dire que dans certains concours vous passez de 100 à 25 à 4, à 1, et l'ingénierie, nous avons parlé de l'ingénierie, qui est formidable, et ces projets sont techniquement réalisables. Le problème n'est presque jamais la raison pour laquelle ils n'ont pas été choisis. Donc, c'est vraiment la volonté l'argent, les priorités, etc. C'est pourquoi je pense que s'il y avait plus d'acteurs certaines de ces choses qui sont posées sur l'étagère, la NASA a des projets sur ses étagères, eh bien certains se feront réellement. NS : Permettez-moi de passer des milliardaires dont Chris parle aux milliards d'enfants de la planète, qui sont presque tous enthousiasmés par l'espace. Et l'espace est vraiment une passerelle, je pense la meilleure passerelle vers l'éducation. C'est vraiment important qu'on maintienne ce programme spatial. C'est maintenant un effort international, tant de nations participant pour obtenir ça, ça enthousiasme vraiment la jeune génération. Et avant que les téléspectateurs ne se découragent sur cet état des lieux où nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons, je veux que tout le monde réalise qu'on a tous un rôle à jouer dans ce domaine Et je pense que faire passer le mot sur ce que la NASA a en réserve de missions opérationnelles, si vous avez accès à... Si vous êtes à l'aise, sortez et faites du bénévolat dans une classe. Allez vous assurer que votre chauffeur de taxi ou votre serveur ou serveuse sachent ce qui se passe dans l'espace. Intégrez cela dans les conversations quotidiennes pour que les gens veuillent savoir ce qui va suivre. Que faisons-nous ? Parce que dans l'ensemble du budget fédéral, ce n'est pas une proposition coûteuse dont nous parlons. Il faut juste aider tout le monde à être conscient que c'est abordable et passionnant et ça ouvrira la voie à la prochaine génération. JM : Alors, en fait, vous serez heureux d'entendre que j'ai un retour sur mon fil twitter et mon Google+ : nous avons quelques salles de classe qui nous regardent en ce moment. Je suis si contente, les enseignants ont vu ça et ont dit : «Allez, partageons sur ce sujet.» L'autre chose... Je me souviens d'une question, et la réponse me semble évidente, mais voici une question que quelqu'un a posé hier sur mon fil twitter : «Alors pourquoi retournons-nous sur Mars ? «Pourquoi ne pas viser une planète prédéterminée semblable à la Terre «qui est bien là, plus loin, une exoplanète ?» Alors pourquoi Mars ? NS : Je vais refaire le "Pourquoi Mars ?", et ensuite je laisserai Chris parler de la prochaine exoplanète. Nous refaisons Mars parce que ce que MAVEN fait là-bas n'a jamais été fait auparavant. Il n'y a jamais eu de mission portant essentiellement sur où va l'atmosphère. Nous avons envoyé un grand nombre de missions ayant découvert qu'il y avait une atmosphère plus large dans le passé, mais c'est le plus grand mystère de Mars, de nos jours. Où est passée l'atmosphère ? Et aucune des missions opérationnelles ne peut faire ça. Il faut y retourner. CI : Et je voudrais dire, juste pour rebondir, je dirais qu'il y a encore tellement à apprendre sur Mars, et Mars est en effet potentiellement une planète habitable sous la surface, Nous devons donc trouver une solution. Et nous en apprendrons toujours tellement plus sur une planète du système solaire, que sur quelconque exoplanète, même si elle est proche. C'est juste incomparable. Par contre, ce qui arrive à une planète, car les planètes évoluent et changent et Mars en est un exemple idéal va être vrai ailleurs aussi. Et donc, quand nous commençons à faire le compte des planètes habitables et semblables à la Terre trouvées par Kepler et d'autres missions, le contexte pour les comprendre quand on a très peu de données, vraiment, juste une taille ou une masse et presque aucune autre information notre contexte pour les comprendre ça reste le système solaire, ça reste les planètes terrestres, bien plus proches de nous. NS : Nous devons développer la capacité de caractériser ces planètes plus en détail. Le télescope spatial de James Webb va commencer à le faire, mais c'est un grand défi technologique. Et beaucoup de nos ingénieurs et concepteurs préférés y travaillent, mais à l'heure actuelle, c'est une proposition vraiment coûteuse. C'est beaucoup moins cher pour en savoir plus dans notre propre système solaire que de découvrir dans les moindres détails la richesse des mondes dont nous savons maintenant qu'ils existent. JM : Alors on a parlé un peu plus de 45 minutes. Je voudrais vous donner à tous les deux une opportunité d'exprimer autre chose que vous souhaitez dire à notre public ou quelque chose que j'ai complètement oublié d'aborder, et ensuite nous conclurons. Alors pourquoi ne pas commencer par Nick ? NS : Non, non, voyez avec Chris... JM : Voyons avec Chris. CI: Je veux juste rebondir sur quelque chose que nous avons abordé plusieurs fois, c'est-à-dire qu'on a l'impression que l'exploration du système solaire, l'étude des planètes proches est un sujet mature que nous avons appris la majorité de ce qu'on voulait apprendre, et ce n'est simplement pas le cas. Même avec notre proche voisin Mars, il y a une tonne de questions et de mystères. Et quand on en vient à tous les autres, le meilleur hôte est probablement parmi une douzaine de zones habitables dans le système solaire, principalement dans le système solaire extérieur. Et nous ne savons quasiment rien de ceux-là. Donc quand il s'agit d'aller sur Titan ou Europe ou une autre de ces destinations vraiment fascinantes, notre niveau d'ignorance est presque total. C'est donc encore un peu tôt, pour l'exploration du système solaire, et surtout dans le domaine de la biologie, et où nous pourrions le trouver dans l'univers. NS: Et si je peux juste prendre du recul pour une perspective plus large, Carl Sagan a déclaré : «Il y a une génération qui peut «vivre cette transition où les planètes passent «de points de lumière, à des mondes à part entière». Et les hommes examinent de plus en plus près ces mondes avec les dernières générations d'engins spatiaux. Mon frère est politologue, et il m'a dit un jour : «Tout ce que j'ai dit va être oublié «dans des décennies ou des centaines d'années, «mais cette transition des humains devenant des astronautes, «ça, on s'en souviendra pour mille ans.» Les gens vont parler de cette ère, et donc à nous tous d'apprécier ce moment incroyable que nous vivons et cette opportunité qu'il nous est donné de participer. Faites monter tout le monde à bord. Faites passer le message. C'est une véritable exigence de l'époque que nous avons le privilège de vivre. JM : C'est incroyable. Ma dernière question : Quand envoyons-nous des humains sur Mars ? NS : Quand j'étais jeune j'ai dit que je voulais aller sur Mars et élever des poulets pour découvrir s'ils grossiraient plus en basse gravité. C'est devenu clair pour moi que je n'aurai pas cette opportunité. J'aimerais beaucoup qu'un de mes enfants ait cette chance. J'espère vraiment que ça ne va retomber à la génération suivante. On dit parfois que c'est trop cher d'envoyer des humains sur Mars, mais notre nation a apparemment trouvé la volonté de dépenser de l'argent sur d'autres projets dont je pense qu'on ne se souviendra pas dans mille ans, et j'aimerais bien que cet effort change l'orientation de notre nation, et que même les efforts du monde poussent à faire ce prochain grand pas parce que je pense que c'est le destin de l'homme. Les robots ouvrent la voie, mais les humains peuvent et doivent suivre. CI : Et pour répondre à votre question directement on parle de plus de 20 ans. Et puis je pense que le secteur privé commence déjà à accélérer et à développer des idées. Par exemple, il y a une idée bien publiée pour un aller simple. Ça permettrait évidemment d'économiser de l'argent. D'abord, la NASA a été dénoncée pour avoir une idée très similaire posée sur leur étagère, mais c'est pas une bonne publicité pour la NASA d'envoyer des astronautes mourir sur un... NS : Oui, je pense que la frontière de l'espace sera conquise par les humains, quand les humains sont autorisés à prendre les mêmes types de risques qu'ils ont pris lors du déplacement au Colorado et en Californie, en arrivant dans l'Ouest américain. Des individus ont pris des risques. Beaucoup d'entre eux ont perdu la vie en le faisant mais la façon dont ils se sont faits pionniers pour le reste d'entre nous nous nous en souviendrons toujours. Je pense que ce sera comme Chris le dit. Ça va être le secteur privé et les individus qui prendront des risques qui nous permettront de franchir cette frontière. IC : Et si vous voulez évoquer l'avenir sur plusieurs générations je vous recommande la trilogie sur Mars de Kim Stanley Robinson Mars : Rouge, Vert et Bleu. Des évocations étonnantes de gens pas seulement sur Mars, mais sur la géologie, l'atmosphère, etc. Ce sont des livres fascinants. JM : Merci pour la recommandation du livre parce que c'est un de mes sujets de base. J'aime pousser les gens à lire. Je vous remercie, messieurs, pour votre contribution d'aujourd'hui. Et merci à l'équipe de MAVEN. Nous allons attendre le lancement prévu. Mais merci les gars pour les projets conformes au budget, ou en dessous du budget, et à l'heure, ou avant l'heure, car vous ne faites que répondre à toutes ces exigences et vous rendez les gens heureux. Ils voudront vous réembaucher. NS: C'est exact. Et nous allons répondre à d'autres grandes questions. JM : Merci beaucoup, à vous tous dans le public de nous avoir suivi, pour cette discussion très instructive sur MAVEN. Et n'oubliez pas, nous restons à l'affût du 14 novembre car Chris Hatfield se joindra à nous. Donc, si vous n'avez pas entendu, son livre est sorti aujourd'hui. Si vous voulez le prendre et vous joindre à nous, ce sera le 14 novembre à midi pour un chat Scientific American avec Chris. On se penchera davantage sur l'aspect humain des voyages dans l'espace, et aujourd'hui, bien sûr, nous avons parlé seulement des voyages spatiaux non habités, ou robotisés. Alors, merci Chris, et merci Nick NS : Au revoir, tout le monde. CI : Au revoir. (Traduction : Ismaël Kouddane) (Correction et synchronisation : Ismaël Kouddane) --