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A quoi pourrait ressembler un monde sans prisons

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    Beaucoup de gens me présentent
    comme une « architecte de la justice ».
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    Mais je ne dessine pas de prisons
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    ni de cellules,
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    ni de centres de détention,
    et encore moins de tribunaux.
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    On m'appelle malgré tout chaque semaine,
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    pour me dire : « D'accord, mais vous
    concevez de meilleures prisons, non ?
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    comme ces jolies prisons qu'on construit
    en Europe. »
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    Je marque toujours une pause.
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    Et je les invite,
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    et je vous invite aujourd'hui,
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    à imaginer un monde sans prisons.
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    De quoi aurait l'air cette justice ?
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    Que devons-nous construire
    pour y arriver ?
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    Je voudrais vous montrer aujourd'hui
    quelques idées des choses qu'on construit.
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    Et je vais commencer
    avec un vieux prototype.
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    Je l'ai construit quand j'avais cinq ans.
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    Je l'appelle « la cabane de guérison ».
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    Je l'ai construite après avoir été
    renvoyée de l'école
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    pour avoir cogné à la figure de ce garçon
    qui m'avait traitée de nègre.
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    D'accord, il le méritait.
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    Cependant, ça m'arrivait souvent,
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    car ma famille avait brisé la ségrégation
    dans un village blanc rural de Virginie.
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    Et j'étais vraiment effrayée.
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    J'avais peur.
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    J'étais en colère.
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    Et donc je courais dans la forêt
    pour construire ces petites cabanes.
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    Elles étaient faites de brindilles, de
    feuilles, de couvertures prises à ma mère.
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    Et au fur et à mesure que la lumière
    se diffusait dans mon refuge,
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    je me sentais en paix.
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    Malgré mes efforts pour trouver
    du réconfort,
  • 1:42 - 1:45
    j'ai quand même quitté le village
    dès que j'ai pu.
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    J'ai fait une école d'architecture
  • 1:47 - 1:50
    et puis, dans ma carrière professionnelle,
    j'ai conçu des centres commerciaux,
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    des maisons pour les nantis
  • 1:52 - 1:53
    et des immeubles de bureaux,
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    jusqu'à ce que j'entre dans une prison
    pour la première fois.
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    C'était l'établissement pénitentiaire
    d’État à Chester en Pennsylvanie.
  • 2:02 - 2:04
    Une de mes amies m'avait invitée là-bas
  • 2:04 - 2:07
    pour travailler avec des détenues
    qui étaient ses élèves
  • 2:07 - 2:10
    et leur apprendre la puissance positive
    du design.
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    L'ironie est tellement évidente, non ?
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    Comme j'approchais ce bâtiment en béton,
    ces petites fenêtres étroites,
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    les fils barbelés, les murs hauts,
    les miradors,
  • 2:20 - 2:24
    et à l'intérieur, ces espaces
    froids et durs,
  • 2:24 - 2:26
    sombres et renfermés,
  • 2:26 - 2:29
    les gardiens crient,
    les portes cliquettent,
  • 2:29 - 2:34
    il y a un mur de cellules remplies
    de tellement d'Afro-américains.
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    Et j'ai réalisé que ce que je voyais était
  • 2:38 - 2:43
    le résultat de nos politiques racistes
    à l'origine de l'incarcération de masse.
  • 2:44 - 2:46
    Mais en tant qu'architecte,
    ce que je voyais,
  • 2:46 - 2:50
    c'était qu'une prison est le pire type
    de construction qu'on ait jamais pu créer
  • 2:50 - 2:53
    pour répondre au mal qu'on se fait
    les uns aux autres.
  • 2:54 - 2:57
    J'ai pensé : « Est-ce que je peux
    dessiner une alternative à ça,
  • 2:57 - 2:59
    autre qu'une plus jolie prison ? »
  • 2:59 - 3:02
    Pour moi, ce n'est pas une solution,
    et je n'ai pas changé d'opinion.
  • 3:02 - 3:05
    Mais à l'époque, je ne savais juste pas
    quoi faire.
  • 3:05 - 3:07
    Que peut-on construire à la place de ça ?
  • 3:08 - 3:11
    Et alors j'ai entendu parler
    de la justice réparatrice.
  • 3:12 - 3:14
    Je me suis sentie à nouveau en paix,
  • 3:15 - 3:17
    parce que ce système alternatif
  • 3:17 - 3:22
    considère que lorsqu'un crime est commis,
    c'est une rupture de relation,
  • 3:23 - 3:25
    qu'on doit s'occuper d'abord
    des besoins de ceux
  • 3:25 - 3:27
    qui ont été blessés ;
  • 3:28 - 3:30
    que ceux qui ont commis l'infraction
  • 3:30 - 3:33
    ont l'obligation de se racheter.
  • 3:33 - 3:35
    Et il y a vraiment
    des négociations intenses,
  • 3:36 - 3:41
    où toutes les parties prenantes s'unissent
    pour trouver comment réparer la violation.
  • 3:41 - 3:45
    Les premiers chiffres montrent que la
    justice réparatrice construit l'empathie ;
  • 3:46 - 3:50
    qu'elle réduit le taux de récidive
    violente de plus de 75% ;
  • 3:50 - 3:54
    qu'elle réduit le stress post-traumatique
    des rescapés des plus graves violences.
  • 3:55 - 3:57
    Et pour toutes ces raisons,
  • 3:57 - 4:00
    on voit des procureurs et des juges
  • 4:00 - 4:03
    commencer à détourner les affaires
    des tribunaux vers la justice réparatrice
  • 4:03 - 4:07
    afin qu'au final des gens ne soient jamais
    en contact avec le système.
  • 4:07 - 4:11
    Et donc j'ai pensé : « Mince ! Pourquoi
    on ne bâtit rien pour ce système ? »
  • 4:11 - 4:12
    (Applaudissements)
  • 4:12 - 4:15
    Au lieu de bâtir des prisons,
  • 4:15 - 4:18
    on devrait construire des espaces
    pour amplifier la justice réparatrice.
  • 4:19 - 4:21
    Ainsi, j'ai commencé dans les écoles,
  • 4:22 - 4:25
    car les renvois et les expulsions
  • 4:25 - 4:28
    ont alimenté les emprisonnements
    depuis des décennies.
  • 4:29 - 4:32
    Beaucoup de districts scolaires -
    peut-être le vôtre -
  • 4:32 - 4:35
    se tournent vers l'alternative
    de la justice réparatrice.
  • 4:36 - 4:40
    Donc mon premier projet a été de
    transformer cette petite réserve sale
  • 4:40 - 4:43
    en une salle de médiation
    pour un programme dans un lycée
  • 4:43 - 4:45
    de ma ville d'Oakland.
  • 4:46 - 4:49
    Après avoir réalisé ça,
    la directrice a dit
  • 4:49 - 4:52
    que les réunions qu'elle tenait
    dans ce lieu
  • 4:52 - 4:55
    étaient plus efficaces pour rassembler
    la communauté
  • 4:55 - 4:56
    après des bagarres à l'école
  • 4:56 - 4:59
    ou des violences avec armes à feu
    dans le quartier.
  • 4:59 - 5:02
    Les élèves et les professeurs
    ont commencé à y venir
  • 5:02 - 5:04
    juste parce qu'ils y voyaient
    un espace refuge.
  • 5:05 - 5:11
    Ce qui se passait dans ce lieu
    amplifiait les effets du processus.
  • 5:12 - 5:17
    OK ensuite j'ai fait ce que
    les architectes font toujours.
  • 5:17 - 5:21
    J'allais construire quelque chose
    de massif maintenant, non ?
  • 5:21 - 5:26
    Construire le premier centre de justice
    réparatrice au monde toute seule.
  • 5:26 - 5:29
    Ce sera une forme magnifique
    à l'horizon,
  • 5:29 - 5:31
    comme un phare dans la nuit.
  • 5:31 - 5:35
    Des milliers de gens viendront ici
    au lieu d'aller au tribunal.
  • 5:35 - 5:38
    Je mettrai fin à l'incarcération de masse
    à moi seule
  • 5:38 - 5:40
    et je gagnerai beaucoup de prix
    d'architecture.
  • 5:40 - 5:43
    (Rires)
  • 5:43 - 5:44
    Et puis, je me suis freinée -
  • 5:44 - 5:46
    (Rires)
  • 5:46 - 5:47
    car voici le problème :
  • 5:48 - 5:52
    on met en prison une part plus élevée
    par habitant de nos concitoyens
  • 5:52 - 5:53
    qu'aucun autre pays au monde.
  • 5:53 - 5:56
    Et le taux des femmes noires en prison
    croît plus vite que la moyenne.
  • 5:57 - 6:01
    95% de tous ces gens rentrent chez eux.
  • 6:02 - 6:08
    La plupart sont des rescapés de graves
    abus sexuels, physiques et émotionnels.
  • 6:08 - 6:11
    Ils ont littéralement été des deux côtés
    du préjudice.
  • 6:12 - 6:14
    J'ai pensé que je devrais peut-être
    leur demander
  • 6:14 - 6:16
    ce qu'il faudrait construire
    à la place des prisons.
  • 6:17 - 6:22
    Je suis donc revenue avec un expert
    de la justice réparatrice
  • 6:22 - 6:25
    et on a commencé à animer le premier
    studio de design américain
  • 6:25 - 6:27
    composé d'hommes et de femmes emprisonnés
  • 6:27 - 6:30
    au croisement du design
    et de la justice réparatrice.
  • 6:30 - 6:32
    Ça m'a transformée.
  • 6:32 - 6:36
    J'ai vu tous ces gens emprisonnés
    d'une façon totalement différente.
  • 6:37 - 6:41
    C'était des âmes profondément engagées
    dans leur transformation personnelle
  • 6:41 - 6:42
    et pour devenir responsables.
  • 6:43 - 6:45
    Ils étaient créatifs et visionnaires.
  • 6:46 - 6:48
    Danny est l'une de ces âmes.
  • 6:49 - 6:54
    Il est emprisonné à San Quentin
    depuis 27 ans
  • 6:54 - 6:57
    pour avoir pris une vie à l'âge de 21 ans.
  • 6:57 - 6:59
    Depuis le tout début,
  • 6:59 - 7:02
    il s'est concentré sur la responsabilité
    de cet acte
  • 7:02 - 7:05
    et sur la meilleure façon de se racheter
    derrière les barreaux.
  • 7:06 - 7:12
    Il a concrétisé ce travail à travers
    le dessin d'un centre communautaire
  • 7:12 - 7:15
    pour la réconciliation et le bien-être.
  • 7:15 - 7:17
    C'était un beau dessin, non ?
  • 7:17 - 7:21
    Donc c'est cet espace vert rempli de
    ces structures circulaires
  • 7:21 - 7:23
    pour le dialogue
    entre victimes et délinquants.
  • 7:23 - 7:26
    Quand il m'a présenté le projet,
  • 7:26 - 7:27
    il s'est mis à pleurer.
  • 7:28 - 7:34
    Il a dit : « Je suis depuis si longtemps
    dans la brutalité de San Quentin,
  • 7:34 - 7:36
    on ne pense pas que la réconciliation
    va se produire.
  • 7:38 - 7:42
    Ce dessin est celui d'un lieu qui répond à
    la promesse de la justice réparatrice.
  • 7:43 - 7:45
    Et maintenant ça a l'air plus proche ».
  • 7:47 - 7:50
    Je sais très bien que
  • 7:50 - 7:54
    la seule visualisation des espaces
    de justice réparatrice et de guérison
  • 7:54 - 7:55
    a le pouvoir de transformer.
  • 7:55 - 7:58
    Je l'ai observé sans arrêt
    pendant nos ateliers.
  • 7:58 - 8:01
    Mais on sait bien que juste visualiser
    ces espaces ne suffit pas.
  • 8:01 - 8:03
    On doit les construire.
  • 8:04 - 8:07
    Ainsi, je me suis mise à chercher
    des précurseurs dans la justice.
  • 8:08 - 8:10
    Ils n'ont pas été faciles à trouver.
  • 8:11 - 8:12
    Mais j'en ai trouvé un.
  • 8:13 - 8:15
    J'ai trouvé le Centre pour l'Innovation
    Judiciaire.
  • 8:16 - 8:19
    Ils apportaient des pratiques
    amérindiennes de médiation
  • 8:19 - 8:20
    dans une communauté non-amérindienne
  • 8:20 - 8:23
    pour la toute première fois
    aux États-Unis.
  • 8:23 - 8:25
    Je me suis rapprochée d'eux
    et je leur ai dit :
  • 8:25 - 8:28
    « OK, puisque vous mettez en place
    votre démarche,
  • 8:28 - 8:32
    puis-je travailler avec la communauté
    pour créer un centre de médiation ? »
  • 8:33 - 8:35
    Et ils ont dit oui.
  • 8:35 - 8:38
    Dieu merci ! Car je n'avais
    aucun plan B s'ils refusaient.
  • 8:39 - 8:43
    Ainsi, dans le quartier de Near Westside
    de Syracuse, dans l’État de New York,
  • 8:43 - 8:46
    on a commencé à organiser des ateliers
    de design avec la communauté
  • 8:46 - 8:50
    pour à la fois transformer et ré-imaginer
    un ex-squat servant au trafic de drogues
  • 8:50 - 8:52
    en centre de médiation.
  • 8:53 - 8:56
    Le Projet de Médiation de Near
    Westside est achevé.
  • 8:56 - 8:58
    Ils organisent déjà plus de 80 groupes
    chaque année,
  • 8:58 - 9:00
    avec un résultat très intéressant.
  • 9:00 - 9:02
    Et c'est l'espace lui-même
  • 9:02 - 9:05
    qui convainc les gens de s'engager
    dans la médiation
  • 9:05 - 9:07
    pour la première fois dans leur vie.
  • 9:08 - 9:11
    Isabel et sa fille sont des membres
    de cette communauté.
  • 9:11 - 9:14
    Elles ont fait appel à la médiation
  • 9:14 - 9:17
    pour soulager leur relation après une
    histoire de maltraitance familiale,
  • 9:17 - 9:19
    d'abus sexuels
  • 9:19 - 9:22
    et d'autres problèmes qu'elles ont eus
    dans leur famille
  • 9:22 - 9:23
    et leur communauté.
  • 9:23 - 9:26
    Et vous savez, Isabel ne voulait pas
    faire de médiation.
  • 9:26 - 9:28
    Elle pensait : « Ça ne finira
    qu'au tribunal.
  • 9:28 - 9:30
    C'est quoi, ce truc de médiation ? »
  • 9:30 - 9:32
    Quand elle est venue,
  • 9:32 - 9:34
    elle était stressée et nerveuse.
  • 9:34 - 9:37
    Mais quand elle est entrée,
    elle a regardé autour d'elle
  • 9:37 - 9:38
    et elle s'est installée.
  • 9:39 - 9:41
    Elle s'est tournée vers le coordinateur
    et elle a dit :
  • 9:41 - 9:44
    « Ici, je me sens bien, à l'aise.
  • 9:45 - 9:47
    C'est cosy. »
  • 9:49 - 9:51
    Ce jour-là, Isabel et sa fille
    ont pris la décision
  • 9:51 - 9:54
    de s'engager et d'accomplir
    le processus de médiation.
  • 9:54 - 9:57
    Et aujourd'hui, leur relation
    est transformée ;
  • 9:57 - 9:59
    elles vont vraiment mieux
    et elles se remettent.
  • 10:01 - 10:03
    Donc après ce projet,
    j'ai abandonné l'idée que
  • 10:03 - 10:06
    j'allais construire un immense
    centre de médiation.
  • 10:06 - 10:10
    J'ai voulu qu'il y ait des centres
    de médiation dans chaque communauté.
  • 10:11 - 10:13
    Mais alors une nouvelle idée a émergé.
  • 10:14 - 10:18
    Je faisais un atelier à la prison
    de Santa Rita en Californie
  • 10:18 - 10:22
    et un des prisonniers designers, Doug,
    m'a dit :
  • 10:22 - 10:25
    « Oui, réparer le préjudice, se remettre
    sur pieds, se rétablir -
  • 10:25 - 10:27
    c'est très important.
  • 10:27 - 10:29
    Mais en vrai, Deanna,
    quand je vais revenir chez moi,
  • 10:29 - 10:32
    je n'ai nulle part où aller.
  • 10:32 - 10:34
    Je n'ai pas de travail,
    qui va me recruter ?
  • 10:34 - 10:36
    Je vais juste me retrouver encore ici. »
  • 10:36 - 10:37
    Et il avait raison,
  • 10:37 - 10:42
    car 60 à 75% de ceux qui reviennent
    dans leurs communautés
  • 10:42 - 10:45
    seront au chômage un an
    après leur remise en liberté.
  • 10:45 - 10:49
    On sait que si quelqu'un n'arrive pas à
    subvenir à ses besoins élémentaires,
  • 10:49 - 10:50
    il va commettre un crime -
  • 10:50 - 10:52
    tout le monde le ferait.
  • 10:53 - 10:57
    Donc au lieu de construire des prisons,
  • 10:57 - 11:01
    on pourrait construire des lieux
    pour la formation et l'entrepreneuriat.
  • 11:01 - 11:05
    Voici des lieux pour ce qu'on appelle
    « l'économie réparatrice ».
  • 11:05 - 11:08
    Localisé à East Oakland en Californie,
  • 11:08 - 11:11
    « Réparer Oakland » sera le premier centre
    dans le pays
  • 11:11 - 11:14
    pour la justice réparatrice
    et l'économie réparatrice.
  • 11:14 - 11:20
    (Applaudissements)
  • 11:20 - 11:21
    Donc voilà ce qu'on va faire.
  • 11:21 - 11:24
    On va vider ce bâtiment et le transformer
    en trois choses.
  • 11:24 - 11:27
    Premièrement, un restaurant appelé
    « Les couleurs »,
  • 11:27 - 11:30
    qui va briser la division raciale
    dans le secteur de la restauration
  • 11:30 - 11:32
    en formant des employés à bas salaires
  • 11:32 - 11:35
    pour qu'ils aient un salaire décent
    dans des restaurants.
  • 11:35 - 11:37
    Sans tenir compte
    de leur casier judiciaire.
  • 11:37 - 11:41
    Au deuxième, voici des espaces lumineux,
    ouverts et spacieux
  • 11:41 - 11:44
    pour soutenir un ensemble
    d'organisations militantes
  • 11:44 - 11:47
    et amplifier leurs appels comme
    « La santé, pas les menottes »,
  • 11:47 - 11:49
    « Le logement est un droit fondamental ».
  • 11:49 - 11:55
    Troisièmement, le premier lieu dédié à
    la justice réparatrice dans le comté,
  • 11:55 - 11:58
    plein de nature, de couleur, de cachet
    et d'espaces de refuge
  • 11:58 - 12:00
    pour y soutenir le dialogue.
  • 12:01 - 12:03
    Ce projet va sortir de terre
    dans seulement deux mois.
  • 12:04 - 12:05
    On a l'intention de le reproduire
  • 12:05 - 12:09
    à Washington, Detroit,
    New York et la Nouvelle-Orléans.
  • 12:09 - 12:14
    (Applaudissements)
  • 12:19 - 12:22
    Donc on a vu deux choses qu'on peut bâtir
    à la place des prisons.
  • 12:22 - 12:24
    Et c'est d'un meilleur
    rapport qualité/prix.
  • 12:24 - 12:29
    Pour une prison, on peut construire
    30 centres de justice réparatrice.
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    (Applaudissements)
  • 12:30 - 12:33
    C'est une meilleure utilisation
    de vos impôts.
  • 12:34 - 12:36
    Je veux donc construire
    toutes ces choses à la fois.
  • 12:37 - 12:39
    Mais construire des bâtiments
    est un travail très lourd.
  • 12:39 - 12:41
    Ça prend du temps.
  • 12:41 - 12:44
    Dans les communautés dont je m'occupais,
  • 12:44 - 12:47
    on perdait des gens chaque semaine
    à cause des armes à feu
  • 12:47 - 12:50
    et de l'incarcération de masse.
  • 12:50 - 12:54
    On devait s'occuper de plus de gens plus
    vite et les garder hors du système.
  • 12:55 - 12:57
    Et une nouvelle idée a émergé
    de la communauté,
  • 12:57 - 13:00
    une idée beaucoup plus agile.
  • 13:01 - 13:05
    Au lieu de construire des prisons,
    on pouvait faire des villages roulants.
  • 13:07 - 13:09
    On les appelle
    des Villages Ressources Éphémères
  • 13:09 - 13:12
    et ils apportent
    tout un ensemble de ressources
  • 13:12 - 13:15
    à des communautés isolées
    du Grand San Francisco,
  • 13:15 - 13:19
    notamment des services sociaux et médicaux
    mobiles, des magasins éphémères.
  • 13:20 - 13:21
    Alors ce qu'on fait maintenant,
  • 13:21 - 13:24
    on construit ce village entier
    avec la communauté,
  • 13:24 - 13:29
    en commençant par transformer les bus
    municipaux en salles de classe roulantes
  • 13:29 - 13:33
    qui apportent un enseignement du niveau
    d'un lycée dans les zones défavorisées.
  • 13:33 - 13:34
    (Applaudissements)
  • 13:34 - 13:37
    On s'occupera de milliers d'élèves en plus
    grâce à ça.
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    On crée des espaces mobiles de refuge
  • 13:40 - 13:42
    pour les femmes qui sortent de prison
    au milieu de la nuit,
  • 13:42 - 13:44
    quand elles sont les plus vulnérables.
  • 13:44 - 13:48
    L'été prochain, le village sera lancé et
    il se déplacera chaque semaine
  • 13:48 - 13:51
    pour s'étendre au fur et à mesure à
    de plus en plus de communautés.
  • 13:52 - 13:53
    Donc prêtez-y attention.
  • 13:53 - 13:58
    (Applaudissements)
  • 13:58 - 14:01
    Donc que construisons-nous
    à la place des prisons ?
  • 14:02 - 14:03
    On a vu trois choses :
  • 14:03 - 14:05
    les centres de médiation,
  • 14:05 - 14:08
    les centres pour la justice réparatrice
    et l'économie réparatrice,
  • 14:08 - 14:10
    les villages éphémères.
  • 14:11 - 14:14
    Mais je vous le dis, j'ai une liste
    de plus d'un kilomètre.
  • 14:15 - 14:19
    Avec des logements adaptés aux jeunes en
    transition depuis leur famille d'accueil.
  • 14:19 - 14:22
    Avec des centres de retrouvailles entre
    les femmes et leurs enfants.
  • 14:22 - 14:25
    Avec des espaces
    pour les rescapés de la violence.
  • 14:26 - 14:29
    Avec des espaces qui s'attaquent
    aux causes profondes
  • 14:29 - 14:31
    de l'incarcération de masse.
  • 14:31 - 14:34
    Et aucun d'eux n'est une prison.
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    L'activiste philosophe et écrivain
    Cornel West dit que :
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    « La justice est la face
    publique de l'amour ».
  • 14:45 - 14:49
    Donc en ayant ça à l'esprit,
    je vous demande encore une fois
  • 14:49 - 14:52
    d'imaginer un monde sans prisons
  • 14:53 - 14:57
    et de me rejoindre pour créer tout
    ce qu'on pourrait construire à la place.
  • 14:58 - 14:59
    Merci.
  • 14:59 - 15:06
    (Applaudissements)
Title:
A quoi pourrait ressembler un monde sans prisons
Speaker:
Deanna Van Buren
Description:

Deanna Van Buren conçoit des centres de justice réparatrice qui, au lieu de suivre l'approche punitive utilisée par un système concentré sur l'incarcération de masse, traite le crime comme une rupture de relations et la justice comme une démarche où toutes les parties prenantes arrivent ensemble à réparer cette rupture. Avec l'aide et les idées d'hommes et de femmes emprisonnés, Deanna Van Buren crée des espaces dynamiques qui servent de lieux sûrs pour le dialogue et la réconciliation, l'emploi, la formation professionnelle et les services sociaux pour aider en premier lieu à maintenir les gens hors du système judiciaire. « Imaginez un monde sans prisons », dit Deanna Van Buren. « Et rejoignez-moi pour créer toutes les choses que nous pouvons construire à la place ».

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
15:19

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