Les thérapies contre le SIDA ont évolué. Mais pourquoi les stigmates restent-ils visibles ?
-
0:01 - 0:05Permettez-moi tout d'abord
de vous montrer une photo. -
0:05 - 0:07Beaucoup parmi vous
l'ont sans doute déjà vue. -
0:08 - 0:11Prenez le temps
-
0:11 - 0:13de l'observer,
-
0:13 - 0:16de réfléchir à ce que ça évoque pour vous
-
0:16 - 0:18et à mettre des mots sur ces pensées.
-
0:20 - 0:23Maintenant, regardez-moi.
-
0:24 - 0:27Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit
quand vous m'observez ? -
0:29 - 0:31Qu'est-ce qui rend cet homme sur la photo
-
0:31 - 0:33différent de moi ?
-
0:35 - 0:37Il s'appelle David Kirby.
-
0:37 - 0:38La photo a été prise en 1990
-
0:38 - 0:40alors qu'il mourait
d'une maladie liée au SIDA. -
0:40 - 0:43Cette photo a été publiée dans « Life ».
-
0:44 - 0:48La seule vraie différence
entre Kirby et moi, -
0:48 - 0:52c'est 30 ans d'avancées médicales
dans le traitement du VIH et du SIDA. -
0:53 - 0:57J'ai une question importante :
-
0:58 - 1:01alors que nous avons fait
des progrès exponentiels -
1:01 - 1:03dans notre combat contre le VIH,
-
1:03 - 1:07pourquoi nos perceptions sur ceux qui
en sont affligés n'ont-elles pas évolué ? -
1:08 - 1:11Pourquoi le VIH provoque-t-il
une telle réaction -
1:11 - 1:13alors qu'il est aisément géré ?
-
1:14 - 1:17Quand cette stigmatisation est-elle née ?
-
1:17 - 1:19Pourquoi n'a-t-elle pas disparu ?
-
1:21 - 1:24Ce ne sont pas des questions
avec des réponses faciles. -
1:24 - 1:28Elles cristallisent
tant de facteurs et d'idées. -
1:28 - 1:30Il y a ces images puissantes,
comme celle de Kirby, -
1:30 - 1:34prises aux pires moments de la crise
du SIDA dans les années 80 et 90. -
1:34 - 1:37Simultanément, cette crise
avait un impact évident -
1:37 - 1:39sur une population déjà stigmatisée :
-
1:39 - 1:40les hommes homosexuels.
-
1:41 - 1:45Le grand public hétérosexuel
observait en fait cette chose affreuse -
1:45 - 1:49en train de toucher un groupe de gens
déjà en marge de la société. -
1:50 - 1:54Les média de l'époque ont commencé
à utiliser deux termes indistinctement : -
1:54 - 1:55gay et SIDA.
-
1:55 - 1:58À la convention nationale
du Parti Républicain en 1984, -
1:58 - 2:01un orateur a fait un jeu de mot sur gay :
-
2:01 - 2:04« Got AIDS Yet ? »,
ou « T'as pas encore le SIDA ? » -
2:04 - 2:06C'était l'esprit à l'époque.
-
2:07 - 2:09Mais à mesure qu'on comprenait le virus,
-
2:09 - 2:11son mode de transmission,
-
2:11 - 2:14on a compris que le risque
de propagation avait augmenté. -
2:15 - 2:19En 1985, il y a eu le cas de Ryan White,
qui a fait beaucoup de bruit. -
2:19 - 2:21Ryan était un jeune hémophile de 13 ans,
-
2:21 - 2:25qui avait contracté le VIH
avec un traitement sanguin contaminé. -
2:25 - 2:30Ça a provoqué un changement profond
dans la perception du VIH aux États-Unis. -
2:30 - 2:34Il ne se limitait plus à ceux qui vivaient
dans les zones d'ombre de la société, -
2:34 - 2:36les homosexuels, les toxicomanes.
-
2:36 - 2:38Maintenant, il affectait aussi
-
2:38 - 2:41une population qui mérite l'empathie :
-
2:41 - 2:42les enfants.
-
2:42 - 2:48Cependant, angoisse profonde
et perception subsistent. -
2:48 - 2:51J'aimerais que vous leviez la main
pour les questions suivantes. -
2:51 - 2:55Combien d'entre vous savent
qu'avec un traitement, -
2:55 - 2:58les personnes atteintes du VIH
ne développent plus le SIDA -
2:58 - 3:00et peuvent vivre une vie normale ?
-
3:02 - 3:04Vous êtes bien informés.
-
3:04 - 3:05(Rires)
-
3:05 - 3:07Combien parmi vous savent
qu'avec un traitement, -
3:07 - 3:11le VIH peut atteindre un niveau
indétectable chez les personnes atteintes, -
3:11 - 3:13ce qui les rend virtuellement
non contagieuses ? -
3:15 - 3:16Beaucoup moins.
-
3:17 - 3:21Combien parmi vous savent
que des traitements pré et post exposition -
3:21 - 3:24sont disponibles et réduisent
le risque de transmission -
3:24 - 3:25de 90 % ?
-
3:27 - 3:32Tels sont les pas de géants réalisés
pour combattre le VIH. -
3:32 - 3:35Cependant, ils n'ont pas
écorné la perception -
3:35 - 3:38que de nombreux Américains ont
du virus et des personnes qui vivent avec. -
3:39 - 3:44Ne croyez pas que j'essaie
de minimiser le danger de ce virus. -
3:44 - 3:48Je suis loin d'ignorer le passé douloureux
de l'épidémie de SIDA. -
3:49 - 3:52Mon message est qu'il y a un espoir
pour ceux qui en sont infectés ; -
3:52 - 3:55le VIH n'est plus la sentence
de mort des années 80. -
3:56 - 4:00Vous pourriez maintenant vous demander,
comme je l'ai fait : -
4:00 - 4:01où sont les histoires ?
-
4:01 - 4:05Où sont les gens qui vivent avec le VIH ?
Pourquoi ne s'expriment-ils pas ? -
4:05 - 4:09Comment croire ces résultats,
ces statistiques, -
4:09 - 4:12sans connaître les succès ?
-
4:12 - 4:16C'est une question très simple en fait.
-
4:17 - 4:20La peur, les stigmates et la honte.
-
4:20 - 4:24Ils enferment ceux qui vivent
avec le VIH dans un placard. -
4:24 - 4:28Nos récits sexuels sont tout aussi
personnels que nos récits médicaux. -
4:28 - 4:30Quand les deux se superposent,
-
4:30 - 4:32on se retrouve
dans un environnement très sensible. -
4:33 - 4:35La crainte de la perception des autres
quand on est honnête -
4:35 - 4:38nous empêche d'accomplir
de nombreuses choses dans la vie -
4:38 - 4:41et c'est aussi le cas
avec la population séropositive. -
4:41 - 4:47Affronter le regard social et le ridicule
est le prix à payer pour la transparence. -
4:47 - 4:50Pourquoi devenir un martyr
-
4:50 - 4:53quand on peut passer
pour une personne sans le VIH ? -
4:53 - 4:57Après tout, il n'y a aucun
symptôme physique du virus. -
4:57 - 4:58On ne porte pas de signe distinctif.
-
5:00 - 5:03L'intégration est rassurante.
-
5:03 - 5:05L'invisibilité est rassurante.
-
5:07 - 5:10Je suis ici pour ôter ce voile
et partager mon récit. -
5:11 - 5:15Fin 2014, j'étais en première
année à l'université -
5:15 - 5:19et comme la plupart des étudiants,
j'avais une vie sexuelle active. -
5:19 - 5:23Je prenais en général des précautions
pour minimiser les risques liés au sexe. -
5:23 - 5:27Je précise bien en général,
car ça n'a pas toujours été le cas. -
5:27 - 5:30Il suffit d'un seul faux pas
pour être touché -
5:30 - 5:32et mon faux pas est évident.
-
5:32 - 5:35J'ai eu une relation sexuelle non protégée
sans vraiment y penser. -
5:36 - 5:38Trois semaines plus tard,
-
5:38 - 5:42j'avais l'impression qu'un rouleau
compresseur m'était passé sur le corps. -
5:42 - 5:46Tout mon corps était douloureux
comme jamais auparavant. -
5:47 - 5:50J'avais des crises
de fièvre et des frissons. -
5:50 - 5:53J'avais la nausée
et j'éprouvais du mal à marcher. -
5:54 - 5:58J'étais étudiant en biologie et donc,
j'étais exposé à des pathogènes. -
5:58 - 6:01J'étais aussi un homo bien informé
et j'étais informé sur le VIH. -
6:01 - 6:05J'ai donc fait le lien
avec une séropositivité, -
6:05 - 6:08comme c'est parfois appelé,
une infection VIH aiguë. -
6:08 - 6:09Mon corps était en train de réagir
-
6:09 - 6:12et de produire des anticorps
contre l'antigène VIH. -
6:13 - 6:17Notez bien que tout le monde
ne traverse pas cette phase -
6:17 - 6:19mais j'ai eu la chance
de faire partie de ceux-là. -
6:19 - 6:23Dans ma malchance, j'ai eu de la chance
de subir les symptômes physiques -
6:23 - 6:26qui m'ont averti
que quelque chose n'allait pas -
6:26 - 6:28et m'ont permis de découvrir
le virus de manière précoce. -
6:29 - 6:33Pour être clair
et enfoncer des portes ouvertes, -
6:33 - 6:35j'ai passé les tests sur le campus.
-
6:36 - 6:40Ils m'ont dit qu'on m'appellerait
dès le lendemain avec les résultats. -
6:40 - 6:41Ce qu'ils ont fait.
-
6:41 - 6:44Mais ils m'ont demandé
de venir parler avec le médecin. -
6:44 - 6:49La réaction de la doctoresse
n'était pas ce à quoi je m'attendais. -
6:50 - 6:54Elle m'a confirmé ce que je savais déjà,
que ce n'était pas une sentence de mort -
6:54 - 6:57et elle m'a même proposé
de me mettre en contact avec son frère -
6:57 - 6:59qui vivait avec le VIH
depuis le début des années 90. -
7:00 - 7:03J'ai décliné sa proposition
mais cela m'a profondément touché. -
7:03 - 7:05Je m'attendais à une réprimande.
-
7:05 - 7:08Je m'attendais à de la pitié
et du mécontentement. -
7:08 - 7:12Mais ils ont fait preuve de compassion
et de chaleur humaine. -
7:12 - 7:14Je leur suis reconnaissant
pour ce premier échange. -
7:16 - 7:20Bien entendu, mon état physique
était affreux les premières semaines. -
7:20 - 7:23Émotionnellement
et mentalement, j'allais bien. -
7:23 - 7:24J'encaissais bien.
-
7:25 - 7:27Mais mon corps était ravagé.
-
7:27 - 7:29Mes proches n'y sont pas
restés insensibles. -
7:29 - 7:32J'ai donc réuni mes colocataires
-
7:32 - 7:35et je leur ai annoncé
mon diagnostic de VIH, -
7:35 - 7:39que j'allais suivre un traitement
et qu'ils ne devaient pas s'inquiéter. -
7:39 - 7:42Je me souviens de leur expression.
-
7:42 - 7:45Ils se tenaient l'un l'autre
sur le divan et ils pleuraient. -
7:45 - 7:47J'ai dû les consoler.
-
7:47 - 7:50J'ai dû les consoler
au sujet de ma propre mauvaise nouvelle -
7:50 - 7:53mais leur compassion m'a ému.
-
7:54 - 7:57Mais depuis cette nuit-là,
j'ai constaté un changement -
7:57 - 7:59dans la manière dont
on me considérait à la maison. -
7:59 - 8:02Mes colocataires ne touchaient
plus mes affaires -
8:02 - 8:04et ne mangeaient plus
ce que j'avais préparé. -
8:04 - 8:07Dans le sud de la Louisiane,
vous le savez, -
8:07 - 8:09personne ne refuse un repas.
-
8:09 - 8:10(Rires)
-
8:11 - 8:14Et en plus, je cuisine super bien.
Ce n'est donc pas passé inaperçu. -
8:14 - 8:16(Rires)
-
8:16 - 8:20Ces premiers indices du début
ont évolué vers une aversion claire -
8:20 - 8:21et plus agressive.
-
8:22 - 8:26Ils m'ont demandé de ne plus déposer
ma brosse à dents dans la salle de bains, -
8:26 - 8:29de ne plus partager les serviettes
-
8:29 - 8:32et même de laver mon linge
à une température plus élevée. -
8:33 - 8:34Hé ! Je n'ai pas de poux.
-
8:34 - 8:37Ce n'est pas la gale. C'est le VIH.
-
8:37 - 8:39Ça se transmet par le sang,
-
8:39 - 8:42les fluides sexuels comme le sperme,
les fluides vaginaux, -
8:42 - 8:43et le lait maternel.
-
8:43 - 8:46Je ne couchais avec aucun
de mes colocataires. -
8:46 - 8:48Je ne leur donnais pas le sein.
-
8:48 - 8:49(Rires)
-
8:49 - 8:51Je n'essayais pas
d'interpréter « Twilight ». -
8:51 - 8:54Je ne leur posais donc aucun risque
-
8:54 - 8:56et je le leur ai fait savoir.
-
8:56 - 8:59Mais leur malaise était bien installé.
-
8:59 - 9:01Finalement, ils m'ont demandé
de déménager. -
9:02 - 9:03Ils m'ont demandé de partir
-
9:03 - 9:07car une de mes colocataires a parlé
de ma santé avec ses parents. -
9:07 - 9:12Elle a transmis des informations médicales
sur moi à des étrangers. -
9:13 - 9:17Aujourd'hui, je parle de ma santé
devant 300 personnes -
9:17 - 9:20mais à l'époque,
je n'y étais pas encore habitué. -
9:20 - 9:24Les parents ont donc exprimé leur malaise
de voir leur fille vivre avec moi. -
9:25 - 9:28Je suis homo et j'ai été élevé
dans une famille religieuse, -
9:28 - 9:29dans le Sud :
-
9:29 - 9:31je ne découvrais pas la discrimination.
-
9:32 - 9:34Mais sous cette forme,
-
9:34 - 9:36elle a causé une grande déception
-
9:36 - 9:39car elle venait d'une source improbable.
-
9:40 - 9:44Il s'agissait après tout
de personnes éduquées -
9:44 - 9:47et parmi elles, il y avait des membres
de la communauté LGBT -
9:47 - 9:49et c'était mes amis.
-
9:50 - 9:54J'ai donc déménagé à la fin du semestre.
-
9:54 - 9:56Mais pas pour les rassurer.
-
9:56 - 9:58Je l'ai fait pour mon honneur personnel.
-
9:58 - 10:01Je n'avais pas l'intention
de subir des gens -
10:01 - 10:04incapables de trouver
un remède à leur ignorance, -
10:04 - 10:07ni de leur permettre d'utiliser contre moi
-
10:07 - 10:09une chose qui faisait partie de moi.
-
10:09 - 10:13J'ai choisi ainsi la transparence
au sujet de ma santé, -
10:13 - 10:15d'être toujours visible.
-
10:16 - 10:19C'est ce que j'appelle
le plaidoyer quotidien. -
10:19 - 10:23Le but de cette transparence,
de ce plaidoyer quotidien, -
10:23 - 10:25est de réduire l'ignorance,
-
10:25 - 10:28car l'ignorance est
une chose très effrayante. -
10:28 - 10:31Personne ne souhaite
être vu dans un moment d'ignorance -
10:31 - 10:33et encore moins être considéré ignorant.
-
10:34 - 10:37Mais l'ignorance n'est pas
synonyme de stupidité. -
10:37 - 10:39Ce n'est pas l'incapacité d'apprendre.
-
10:39 - 10:42C'est l'état avant un apprentissage.
-
10:42 - 10:45Quand je rencontre quelqu'un
dans un état d'ignorance, -
10:45 - 10:49je vois l'occasion qu'ils ont d'apprendre.
-
10:49 - 10:52Ainsi, j'ai pu contribuer
à informer la société -
10:52 - 10:54et ensuite, j'ai pu aider
d'autres à ne pas vivre -
10:54 - 10:56ce que j'ai vécu avec mes colocataires
-
10:56 - 10:59et les sauver de l'humiliation.
-
11:01 - 11:04Toutes les réactions
ne sont pas positives. -
11:05 - 11:07Dans le Sud,
-
11:07 - 11:10nous sommes marqués des stigmates
de la pression religieuse, -
11:10 - 11:13du manque d'éducation sexuelle
-
11:13 - 11:17et de notre vision conservatrice
sur tout ce qui touche le sexe. -
11:17 - 11:20Le VIH est considéré
comme une maladie d'homo. -
11:20 - 11:24Or, la plupart des nouvelles infections
ont lieu entre partenaires hétérosexuels. -
11:24 - 11:27Aux États-Unis, les femmes,
surtout celles de couleur, -
11:27 - 11:28ont un risque accru.
-
11:29 - 11:32Ce n'est pas une maladie d'homo.
Ça ne l'a jamais été. -
11:32 - 11:34C'est une maladie qui nous concerne tous.
-
11:35 - 11:39Au début, je me sentais limité.
-
11:39 - 11:43Je souhaitais étendre mon influence
et toucher plus de gens autour de moi. -
11:44 - 11:46Alors, naturellement,
-
11:46 - 11:50je me suis tourné vers le monde obscur
des sites de rencontres, -
11:50 - 11:52des applis comme Grindr,
-
11:52 - 11:54si vous n'êtes pas familiers
avec le sujet, -
11:54 - 11:56il s'agit de sites
de rencontres pour homos. -
11:56 - 11:58On télécharge un profil et une photo
-
11:58 - 12:01et l'appli trouve des hommes
disponibles à proximité. -
12:01 - 12:03Vous connaissez sans doute Tinder.
-
12:03 - 12:05Grindr existe depuis bien plus longtemps
-
12:05 - 12:08car c'est beaucoup plus difficile
de rencontrer votre futur mari gay -
12:08 - 12:10à l'église ou au supermarché,
-
12:10 - 12:12ou tout autre lieu utilisé par les hétéros
-
12:12 - 12:16avant qu'ils ne s'aperçoivent
que c'est possible avec un téléphone. -
12:16 - 12:16(Rires)
-
12:16 - 12:19Avec Grindr, quand on aime
ce qu'on voit et lit, -
12:19 - 12:23on envoie un message,
on se rencontre et plus si affinité. -
12:23 - 12:28Sur mon profil, j'ai mentionné
ma séropositivité, -
12:28 - 12:32le fait que ce n'était pas décelable
et j'invitais à poser des questions. -
12:32 - 12:34J'ai reçu plein de questions
-
12:34 - 12:37et pleins de commentaires,
positifs et négatifs. -
12:37 - 12:40Je vais d'abord parler des négatifs
-
12:40 - 12:43pour vous faire comprendre
ce que signifie l'ignorance. -
12:44 - 12:49Ces commentaires négatifs étaient en fait
des suppositions ou des remarques. -
12:49 - 12:52Les gens supposaient des choses
sur ma vie sexuelle et mes habitudes, -
12:52 - 12:55que je prenais des risques
ou que je mettais les autres en péril. -
12:55 - 12:59Souvent, j'ignorais
ces remarques stupides. -
13:00 - 13:04Dans la communauté gay,
on utilise souvent le terme « pur » -
13:04 - 13:07pour parler de quelqu'un
qui est séronégatif. -
13:07 - 13:10Évidemment, le revers de cela
évoque l'impureté, la souillure, -
13:10 - 13:12quand on a le VIH.
-
13:12 - 13:13Je ne suis pas très sensible
-
13:13 - 13:16et je suis sale après avoir travaillé
dans les champs, -
13:17 - 13:19mais c'est un langage très péjoratif.
-
13:19 - 13:21Dans une communauté
qui est déjà stigmatisée, -
13:22 - 13:25où de nombreux hommes gay
évitent de dévoiler leur orientation, -
13:25 - 13:26les nouveaux diagnostiqués
-
13:26 - 13:29n'y trouvent même pas de soutien.
-
13:29 - 13:31Ça me déprime profondément.
-
13:31 - 13:35Heureusement, les réactions positives
sont bien plus nombreuses -
13:35 - 13:38et émanaient d'hommes à l'esprit curieux.
-
13:38 - 13:41Ils étaient curieux sur les risques
de transmission, -
13:41 - 13:43sur le sens exact de « non décelable »
-
13:43 - 13:45ou des lieux où on fait le test.
-
13:45 - 13:47Certains posaient des questions
sur mon expérience -
13:47 - 13:49et j'ai pu partager mon histoire avec eux.
-
13:50 - 13:52Plus important encore,
-
13:52 - 13:56des hommes nouvellement diagnostiqués
séropositifs m'ont contacté. -
13:56 - 13:59Ils étaient effrayés, ils étaient seuls.
-
13:59 - 14:01Ils ne savaient pas quoi faire.
-
14:02 - 14:04Ils ne voulaient pas
en parler à leur famille, -
14:04 - 14:05à leurs amis.
-
14:06 - 14:08Ils se sentaient dégradés, sales.
-
14:09 - 14:13J'ai fait ce que j'ai pu pour les calmer
-
14:13 - 14:15et puis, je les ai mis en contact
avec AcadianaCares -
14:15 - 14:19une ressource extraordinaire
au sein de notre communauté -
14:19 - 14:20pour les séropositifs.
-
14:20 - 14:23Je les mettais en contact
avec les personnes que je connaissais -
14:23 - 14:28pour leur permettre de trouver
un environnement où ils se sentent humains -
14:28 - 14:30et où ils trouvent les ressources
dont ils ont besoin -
14:30 - 14:32pour financer leur traitement.
-
14:32 - 14:35Cet aspect de ma transparence
-
14:35 - 14:37est celui qui offre le plus d'humilité :
-
14:37 - 14:43avoir un impact positif auprès de ceux
qui souffrent comme j'ai souffert, -
14:43 - 14:45pouvoir aider ceux
qui étaient dans le noir, -
14:45 - 14:49parce que j'avais aussi traversé ça
et ce n'est pas un moment agréable. -
14:49 - 14:52Ces hommes venaient de différents milieux
-
14:52 - 14:54et peu d'entre eux étaient
aussi bien informés que moi. -
14:54 - 14:57Ils m'approchaient d'un monde de peur.
-
14:58 - 15:00Je connaissais personnellement certains
-
15:00 - 15:01ou eux me connaissaient,
-
15:01 - 15:04mais la plupart étaient anonymes.
-
15:04 - 15:07Des carrés blancs sans photo
sur les profils témoignent de la peur -
15:07 - 15:09de ce qu'ils m'ont dit.
-
15:09 - 15:12Quant à la transparence,
-
15:12 - 15:15j'aimerais vous quitter
avec quelques réflexions. -
15:15 - 15:18J'ai découvert que quel que soit
mon risque ou mon pari -
15:18 - 15:20en me faisant connaître,
-
15:20 - 15:23ça valait la peine de subir
tous les commentaires négatifs -
15:23 - 15:24et les camouflets
-
15:25 - 15:28car je sentais que mon action
avait un impact réel et tangible. -
15:29 - 15:33Ça m'a fait comprendre
que nos efforts sont répercutés, -
15:33 - 15:36que nous pouvons changer des vies
rencontrées pour le meilleur -
15:36 - 15:40et que celles-ci peuvent s'emparer
de cet élan et continuer cette mission. -
15:40 - 15:44Si vous-mêmes et des personnes
que vous connaissez ont le VIH, -
15:44 - 15:48si vous souhaitez accéder à de ressources
accessibles dans votre communauté -
15:48 - 15:51ou simplement en apprendre
davantage sur cette maladie, -
15:51 - 15:54voici quelques très bons sites.
-
15:54 - 15:57Vous pouvez aussi venir
me trouver plus tard -
15:57 - 15:58et me poser toutes vos questions.
-
15:59 - 16:03Nous connaissons tous l'expression :
« l'arbre cache la forêt ». -
16:04 - 16:08Je vous invite avec insistance
à voir l'humain caché derrière la maladie. -
16:09 - 16:13Il est aisé de voir
les chiffres et les statistiques -
16:13 - 16:16et de ne percevoir que les dangers.
-
16:16 - 16:21C'est plus difficile de voir les visages
qui se cachent derrière les chiffres. -
16:22 - 16:25Quand vous penserez
à ces choses, ces mots, -
16:25 - 16:28à ce que vous auriez pu penser
en observant David Kirby, -
16:29 - 16:31je vous invite
-
16:31 - 16:33à penser à votre fils,
-
16:33 - 16:35à votre frère,
-
16:35 - 16:37à votre ami
-
16:37 - 16:40et plus vital encore, aux humains.
-
16:41 - 16:44Recherchez l'information
quand vous êtes dans l'ignorance -
16:44 - 16:46et soyez attentionné
-
16:46 - 16:48et mu par la compassion.
-
16:49 - 16:50Merci.
-
16:50 - 16:54(Applaudissements)
- Title:
- Les thérapies contre le SIDA ont évolué. Mais pourquoi les stigmates restent-ils visibles ?
- Speaker:
- Arik Hartmann
- Description:
-
Les traitements pour soigner le VIH ont évolué de manière significative ces trois dernières décennies. Pourquoi la perception des gens à l'égard des personnes qui souffrent de cette maladie n'a-t-elle pas évolué aussi ? Quand on a diagnostiqué le VIH chez Arik Hartmann, il a choisi de vivre dans la transparence, d'être ouvert sur son état de santé dans le but d'éduquer les gens autours de lui. Il nous parle avec candeur de ce que cela signifie de vivre avec le SIDA et nous invite à ignorer nos préjugés au sujet de cette maladie.
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 17:06
eric vautier approved French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
eric vautier edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Morgane Quilfen accepted French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Morgane Quilfen edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Our treatment of HIV has advanced. Why hasn't the stigma changed? |