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Quelle obligation les réseaux sociaux ont-ils envers le bien commun ?

  • 0:01 - 0:04
    Lors d'une soirée en Californie,
    je parlais à un gars
  • 0:04 - 0:06
    des plateformes technologiques
  • 0:06 - 0:09
    et des problèmes qu'elles créent
    au sein de la société.
  • 0:09 - 0:13
    Il a dit : « Si les PDG
    consommaient plus de drogues
  • 0:13 - 0:14
    et allaient à Burning Man,
  • 0:14 - 0:16
    nous ne serions pas dans un tel pétrin. »
  • 0:16 - 0:17
    (Rires)
  • 0:17 - 0:20
    J'ai dit : « Je ne suis pas sûr
    d'être d'accord. »
  • 0:21 - 0:24
    Pour commencer, la plupart des PDG
    sont déjà allés à Burning Man.
  • 0:24 - 0:25
    (Rires)
  • 0:25 - 0:28
    Je ne suis pas sûr que regarder
    un tas de gens à moitié nus
  • 0:28 - 0:30
    courir partout et brûler des trucs
  • 0:30 - 0:32
    est vraiment l'inspiration
    dont ils ont besoin.
  • 0:32 - 0:34
    (Rires)
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    Je suis d'accord
    que c'est un sacré pétrin.
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    Nous en reviendrons à ce gars-là
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    mais parlons de ce pétrin.
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    Notre climat se réchauffe sans cesse.
  • 0:44 - 0:47
    Différencier la vérité
    de la fiction se complique.
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    Et il y a cette crise migratoire mondiale.
  • 0:50 - 0:53
    Juste au moment où nous avons
    vraiment besoin de nouveaux outils
  • 0:53 - 0:56
    et de nous rassembler en tant que société,
  • 0:56 - 1:00
    il semble que les réseaux sociaux
    déchirent notre étoffe civique
  • 1:00 - 1:02
    et nous dressent
    les uns contre les autres.
  • 1:02 - 1:05
    Nous avons de la désinformation
    virale sur WhatsApp,
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    du harcèlement sur Instagram
  • 1:07 - 1:10
    et des pirates russes sur Facebook.
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    Je pense que la conversation
    que nous avons actuellement
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    sur les préjudices
    créés par ces plateformes
  • 1:17 - 1:18
    est très importante.
  • 1:19 - 1:21
    Mais je m'inquiète également
  • 1:21 - 1:24
    que nous laissions aller à vau-l'eau
  • 1:24 - 1:27
    une bonne crise existentielle
    dans la Silicon Valley
  • 1:27 - 1:30
    si le seuil à atteindre pour réussir
    est qu'il soit un peu plus dur
  • 1:30 - 1:33
    pour les adolescents macédoniens
    de publier de fausses informations.
  • 1:34 - 1:37
    A mon avis, la grande question
    n'est pas seulement
  • 1:37 - 1:40
    ce que nous voulons
    que les plateformes arrêtent de faire,
  • 1:40 - 1:42
    mais maintenant
    qu'elles ont pris le contrôle
  • 1:42 - 1:44
    de notre place publique en ligne,
  • 1:44 - 1:47
    qu'avons-nous besoin qu'elles fassent
    pour l'intérêt général ?
  • 1:48 - 1:52
    Pour moi, c'est l'une des questions
    les plus importantes de notre ère.
  • 1:53 - 1:56
    Quelles obligations ont
    les plateformes technologiques envers nous
  • 1:56 - 1:58
    en échange du pouvoir
  • 1:58 - 2:01
    que nous les laissons avoir
    sur notre discours ?
  • 2:01 - 2:03
    Je pense que cette question
    est si importante
  • 2:03 - 2:06
    car même si les plateformes
    actuelles disparaissent,
  • 2:06 - 2:07
    il faut répondre à cette question
  • 2:07 - 2:11
    pour pouvoir nous assurer
    que les nouvelles plateformes qui arrivent
  • 2:11 - 2:12
    en seront une amélioration.
  • 2:13 - 2:16
    L'année passée, j'ai travaillé
    avec le Dr Talia Stroud
  • 2:16 - 2:17
    de l'université du Texas, à Austin.
  • 2:17 - 2:21
    Nous avons parlé à des sociologues,
    des politologues et des philosophes
  • 2:21 - 2:23
    pour essayer de répondre à cette question.
  • 2:24 - 2:25
    Nous avons demandé :
  • 2:25 - 2:27
    « Si vous étiez Twitter ou Facebook,
  • 2:27 - 2:29
    essayiez de hiérarchiser
    les contenus pour la démocratie
  • 2:29 - 2:32
    plutôt que pour des clics
    et de l'engagement,
  • 2:32 - 2:34
    à quoi cela ressemblerait-il ? »
  • 2:34 - 2:36
    Mais nous avons réalisé
  • 2:36 - 2:39
    que cela suggère que c'est
    un problème d'informations
  • 2:39 - 2:41
    ou un problème de contenus.
  • 2:42 - 2:46
    Or pour nous, la crise des plateformes
    est un problème de personnes.
  • 2:47 - 2:50
    C'est un problème lié aux choses
    étranges et émergentes qui arrivent
  • 2:50 - 2:52
    quand de grands groupes de gens
    se réunissent.
  • 2:53 - 2:56
    Nous nous sommes alors tournés
    vers une autre idée, plus ancienne.
  • 2:56 - 2:57
    Nous avons demandé :
  • 2:57 - 3:01
    « Que se passe-t-il quand nous voyons
    les plateformes comme des espaces ? »
  • 3:01 - 3:04
    Nous savons de la psychologie sociale
  • 3:04 - 3:06
    que les espaces
    façonnent les comportements.
  • 3:06 - 3:10
    Vous mettez le même groupe
    dans une pièce comme celle-ci
  • 3:10 - 3:12
    et il se comportera très différemment
  • 3:12 - 3:14
    que dans une pièce comme celle-ci.
  • 3:14 - 3:17
    Quand des chercheurs ont mis
    du mobilier plus mou en classe,
  • 3:17 - 3:20
    les taux de participation
    ont augmenté de 42%.
  • 3:21 - 3:23
    Les espaces ont même
    des conséquences politiques.
  • 3:24 - 3:28
    Quand les chercheurs ont considéré
    les quartiers avec des parcs
  • 3:28 - 3:29
    en comparaison à ceux sans,
  • 3:29 - 3:32
    après un ajustement
    pour les facteurs socio-économiques,
  • 3:32 - 3:34
    ils ont découvert
    que les quartiers avec des parcs
  • 3:34 - 3:36
    avaient plus de confiance sociale
  • 3:36 - 3:39
    et étaient meilleurs à défendre
    politiquement leurs intérêts.
  • 3:40 - 3:42
    Les espaces façonnent le comportement,
  • 3:42 - 3:45
    en partie par la façon
    dont ils sont conçus
  • 3:45 - 3:50
    et en partie par celle dont ils intègrent
    certaines normes comportementales.
  • 3:51 - 3:54
    Nous savons tous qu'il y a
    des comportements acceptables dans un bar
  • 3:54 - 3:56
    et inacceptables dans une bibliothèque
  • 3:56 - 3:58
    et vice versa peut-être.
  • 3:58 - 4:00
    Cela nous donne une indication
  • 4:00 - 4:02
    car il y a des espaces en ligne
  • 4:02 - 4:05
    qui intègrent les mêmes genres
    de normes comportementales.
  • 4:06 - 4:09
    Par exemple, le comportement sur LinkedIn
  • 4:09 - 4:11
    semble plutôt correct.
  • 4:11 - 4:13
    Pourquoi ?
  • 4:13 - 4:15
    Car c'est perçu comme un lieu de travail.
  • 4:15 - 4:18
    Alors les gens suivent les normes
    des lieux de travail.
  • 4:18 - 4:21
    Vous pouvez le voir dans la façon dont
    ils s'habillent pour leur photo de profil.
  • 4:21 - 4:22
    (Rires)
  • 4:22 - 4:26
    Si LinkedIn est un lieu de travail,
  • 4:26 - 4:27
    à quoi Twitter ressemble-t-il ?
  • 4:27 - 4:28
    (Rires)
  • 4:28 - 4:32
    C'est comme une vaste étendue caverneuse
  • 4:32 - 4:34
    où il y a des gens qui parlent de sport,
  • 4:34 - 4:36
    débattent de politique,
    se crient dessus, flirtent,
  • 4:36 - 4:38
    essayent d'obtenir un travail,
  • 4:38 - 4:40
    tout cela au même endroit,
    sans murs, sans divisions
  • 4:40 - 4:43
    et plus il y a de bruit,
    plus le propriétaire est payé.
  • 4:43 - 4:44
    (Rires)
  • 4:44 - 4:46
    Pas étonnant que ce soit le chaos.
  • 4:47 - 4:49
    Cela soulève une autre chose
    qui devient évidente
  • 4:49 - 4:53
    quand nous pensons aux plateformes
    en tant qu'espaces physiques.
  • 4:53 - 4:56
    Les bons espaces physiques
    sont presque toujours structurés.
  • 4:57 - 4:58
    Ils ont des règles.
  • 4:59 - 5:03
    La Silicon Valley
    s'est établie sur cette idée
  • 5:03 - 5:07
    qu'un espace non structuré
    est favorable au comportement humain.
  • 5:07 - 5:10
    Je pense qu'il y a une raison
    à cette myopie
  • 5:10 - 5:13
    intégrée à l'emplacement même
    de la Silicon Valley.
  • 5:14 - 5:17
    Michele Gelfand est une sociologue
  • 5:17 - 5:20
    étudiant comment les normes
    varient selon les cultures.
  • 5:20 - 5:23
    Elle observe comment
    des cultures comme celle du Japon --
  • 5:23 - 5:25
    qu'elle appelle « stricte » --
  • 5:25 - 5:27
    sont très conformistes
    et suivent les règles
  • 5:27 - 5:30
    et des cultures comme celle du Brésil
    sont très décontractées.
  • 5:30 - 5:32
    Cela peut même se voir
  • 5:32 - 5:35
    dans la façon dont les horloges
    sont synchronisées dans une rue.
  • 5:35 - 5:40
    Comme vous le voyez, les États-Unis
    sont l'un des pays les plus décontractés.
  • 5:40 - 5:43
    Et l’État le plus décontracté
    des États-Unis est,
  • 5:43 - 5:46
    vous l'aurez deviné, la Californie.
  • 5:47 - 5:49
    La culture de la Silicon Valley découle
  • 5:49 - 5:52
    de la contre-culture
    californienne des années 70.
  • 5:52 - 5:53
    Pour récapituler :
  • 5:53 - 5:56
    les espaces dans lesquels
    le monde vit découlent
  • 5:56 - 5:59
    de la culture la plus décontractée
    de l’État le plus décontracté
  • 5:59 - 6:01
    dans l'un des pays
    les plus décontractés au monde.
  • 6:02 - 6:05
    Ce n'est pas surprenant
    qu'ils sous-estiment la structure.
  • 6:06 - 6:10
    Je pense que cela importe vraiment
    car les gens ont besoin de structure ;
  • 6:11 - 6:13
    Vous avec peut-être entendu
    le mot « anomie ».
  • 6:13 - 6:16
    Cela signifie littéralement
    « absence de normes » en français.
  • 6:16 - 6:18
    Le mot a été inventé par Émile Durkheim
  • 6:18 - 6:22
    pour décrire l'immense
    sentiment d'accablement
  • 6:22 - 6:24
    que les gens ont
    dans des espaces sans normes.
  • 6:25 - 6:28
    L'anomie a des conséquences politiques.
  • 6:28 - 6:33
    Car ce que Gelfand a découvert, c'est que,
    quand les choses sont trop décontractées,
  • 6:33 - 6:36
    les gens ont besoin
    d'ordre et de structure.
  • 6:36 - 6:41
    Et ce besoin d'ordre et de structure
    est fortement corrélé
  • 6:41 - 6:43
    au soutien pour des gens
    comme ces mecs-là.
  • 6:43 - 6:45
    (Rires)
  • 6:45 - 6:48
    Je ne pense pas qu'il soit fou de demander
  • 6:48 - 6:53
    si l'absence de structure
    dans la vie en ligne alimente l'anxiété
  • 6:53 - 6:56
    qui accroît la réceptivité
    à l'autoritarisme.
  • 6:59 - 7:02
    Comment les plateformes
    pourraient-elles rassembler les gens
  • 7:02 - 7:04
    d'une façon qui génère du sens
  • 7:04 - 7:06
    et aide les gens à se comprendre
    les uns les autres ?
  • 7:07 - 7:10
    Cela me ramène à notre ami de Burning Man.
  • 7:11 - 7:13
    Car en l'écoutant, j'ai réalisé :
  • 7:13 - 7:16
    ce n'est pas seulement
    que Burning Man n'est pas la solution,
  • 7:16 - 7:19
    c'est une parfaite métaphore du problème.
  • 7:19 - 7:20
    (Rires)
  • 7:20 - 7:23
    C'est un super endroit
    où aller pour une semaine,
  • 7:23 - 7:27
    cette formidable ville d'art s'élevant
    de nulle part, dans la poussière.
  • 7:27 - 7:29
    Mais vous ne voudriez pas y vivre.
  • 7:29 - 7:30
    (Rires)
  • 7:30 - 7:32
    Il n'y a pas d'eau courante,
  • 7:32 - 7:34
    pas de collecte de déchets.
  • 7:34 - 7:36
    A un moment donné,
    les hallucinogènes s'épuisent
  • 7:36 - 7:39
    et vous êtes coincé avec un tas
    de riches mecs blancs
  • 7:39 - 7:40
    dans la poussière, dans le désert.
  • 7:40 - 7:41
    (Rires)
  • 7:41 - 7:45
    Ce qui est parfois mon impression
    des réseaux sociaux en 2019.
  • 7:45 - 7:47
    (Rires)
  • 7:47 - 7:50
    Un super endroit, amusant,
    hallucinatoire, sympa pour une visite,
  • 7:50 - 7:52
    est devenu notre maison.
  • 7:53 - 7:57
    Si nous considérons les plateformes
    via le prisme des espaces,
  • 7:57 - 7:59
    nous pouvons nous demander :
  • 7:59 - 8:03
    qui sait comment structurer des espaces
    pour le bien public ?
  • 8:04 - 8:06
    Il s'avère que c'est une question
  • 8:06 - 8:09
    à laquelle les gens réfléchissent
    depuis longtemps pour les villes.
  • 8:10 - 8:12
    Les villes étaient
    les plateformes initiales.
  • 8:12 - 8:14
    Un marché biface ?
  • 8:14 - 8:15
    Fait.
  • 8:15 - 8:19
    Un lieu pour entretenir les liens
    avec des amis et parents lointains ?
  • 8:19 - 8:20
    Fait.
  • 8:20 - 8:22
    Un vecteur pour du partage viral ?
  • 8:22 - 8:23
    Fait.
  • 8:23 - 8:25
    Les villes ont rencontré
  • 8:25 - 8:29
    nombre des mêmes défis
    sociaux et politiques
  • 8:29 - 8:31
    que les plateformes rencontrent.
  • 8:32 - 8:34
    Elles ont fait face
    à une croissance massive
  • 8:34 - 8:37
    qui a accablé les communautés existantes
  • 8:38 - 8:40
    et l'essor de nouveaux
    modèles commerciaux.
  • 8:42 - 8:45
    Elles ont même eu de nouvelles
    technologies sans accroc
  • 8:45 - 8:47
    qui promettaient de mettre
    tout le monde en contact
  • 8:48 - 8:49
    et, au lieu de cela,
  • 8:49 - 8:52
    ont creusé les divisions
    sociales et raciales existantes.
  • 8:53 - 8:56
    Mais du fait de ces antécédents
    de délabrement et de renouveau,
  • 8:56 - 8:59
    de ségrégation et d'intégration,
  • 8:59 - 9:01
    les villes sont la source
    de certaines de nos meilleures idées
  • 9:01 - 9:05
    sur la manière de bâtir des communautés
    fonctionnelles et florissantes.
  • 9:06 - 9:10
    Face à une vision verticale
    et automobile de la vie urbaine,
  • 9:10 - 9:13
    des pionniers tels que
    Jane Jacobs ont dit :
  • 9:13 - 9:17
    plaçons plutôt les relations humaines
    au centre de l'aménagement urbain.
  • 9:18 - 9:22
    Jacobs et ses compagnons de route
    comme Holly Whyte, son éditrice,
  • 9:22 - 9:26
    étaient de très bons observateurs
    de ce qu'il se passait dans la rue.
  • 9:26 - 9:30
    Ils ont observé : où les gens
    s'arrêtaient-ils pour parler ?
  • 9:30 - 9:32
    Quand est-ce que les voisins
    devenaient-ils amis ?
  • 9:32 - 9:34
    Et ils en ont beaucoup appris.
  • 9:35 - 9:39
    Par exemple, ils ont remarqué
    que les endroits publics réussis
  • 9:39 - 9:43
    généralement avaient trois façons
    de structurer le comportement.
  • 9:43 - 9:45
    Il y a l'environnement construit,
  • 9:45 - 9:49
    où l'on va mettre une fontaine ici
    ou un terrain de jeux là.
  • 9:50 - 9:52
    Puis il y a la programmation :
  • 9:52 - 9:56
    mettons un groupe à sept heures
    et faisons sortir les enfants.
  • 9:57 - 9:59
    Puis il y a cette idée de maires,
  • 9:59 - 10:02
    les gens qui s'approprient l'espace
    de façon informelle
  • 10:02 - 10:04
    pour le garder accueillant et propre.
  • 10:06 - 10:09
    Ces trois choses ont
    des équivalents en ligne.
  • 10:09 - 10:12
    Mais les plateformes
    se concentrent sur le code,
  • 10:12 - 10:14
    sur ce qui est physiquement
    possible dans l'espace.
  • 10:15 - 10:17
    Elles se concentrent bien moins
  • 10:17 - 10:20
    sur ces deux sphères sociales,
    non techniques.
  • 10:20 - 10:21
    Qu'y font les gens ?
  • 10:21 - 10:23
    Qui en prend la responsabilité ?
  • 10:24 - 10:27
    Comme Jane Jacobs
    l'a fait pour les villes,
  • 10:27 - 10:30
    Talia et moi avons besoin
    d'un nouveau mouvement de conception
  • 10:30 - 10:32
    pour les espaces en ligne,
  • 10:32 - 10:34
    un qui ne considère pas uniquement
  • 10:34 - 10:38
    « Comment créer des produits marchant pour
    les utilisateurs ou consommateurs ? »,
  • 10:38 - 10:41
    « Comment faire quelque chose
    adapté à l'utilisateur ? »,
  • 10:41 - 10:44
    mais « Comment créer des produits
    adaptés au public ? »
  • 10:46 - 10:50
    Car nous avons besoin de produits
    qui ne servent pas les individus
  • 10:50 - 10:54
    aux dépens de l'étoffe sociale
    dont nous dépendons tous.
  • 10:55 - 10:56
    Et nous en avons besoin urgemment,
  • 10:56 - 10:58
    car les politologues nous disent
  • 10:58 - 11:03
    que les démocraties saines ont besoin
    d'espaces publics sains.
  • 11:05 - 11:08
    Le mouvement de conception numérique
    adaptée au public
  • 11:08 - 11:10
    que Talia et moi imaginons
  • 11:10 - 11:11
    pose cette question :
  • 11:11 - 11:15
    à quoi ressemblerait cette interaction
    dans un espace physique ?
  • 11:15 - 11:17
    Et il pose la question inverse :
  • 11:17 - 11:19
    que pouvons-nous apprendre
    des bons espaces physiques
  • 11:19 - 11:22
    sur comment structurer le comportement
    dans l'univers en ligne ?
  • 11:22 - 11:25
    Par exemple, j'ai grandi
    dans une petite ville du Maine
  • 11:25 - 11:28
    et je suis allé à beaucoup
    de ces assemblées publiques
  • 11:28 - 11:29
    dont on entend parler.
  • 11:29 - 11:33
    Contrairement aux histoires,
    elles n'ont pas toujours été agréables.
  • 11:33 - 11:36
    Les gens avaient de gros conflits,
    des sentiments forts...
  • 11:36 - 11:38
    C'était dur parfois.
  • 11:38 - 11:41
    Mais du fait de la façon
    dont cet espace était structuré,
  • 11:41 - 11:43
    nous avons réussi à aborder les choses.
  • 11:44 - 11:45
    Comment ?
  • 11:45 - 11:47
    Il y a un élément important.
  • 11:48 - 11:51
    L'air découragé, le regard noir,
  • 11:51 - 11:53
    les sourcils froncés, la toux...
  • 11:54 - 11:58
    Quand les gens poursuivaient
    trop longtemps ou perdaient la foule,
  • 11:58 - 12:01
    ils n'étaient pas bannis, bloqués
    ou traînés dehors par la police,
  • 12:01 - 12:04
    ils recevaient juste
    ce léger retour social négatif.
  • 12:05 - 12:07
    C'était très efficace.
  • 12:08 - 12:11
    Je pense que Facebook et Twitter
    pourraient créer cela,
  • 12:11 - 12:13
    quelque chose comme cela.
  • 12:15 - 12:18
    (Rires)
  • 12:19 - 12:22
    Il y a d'autres choses
    que les espaces en ligne peuvent apprendre
  • 12:22 - 12:24
    des espaces hors ligne.
  • 12:24 - 12:27
    Holly Whyte a observé
    que dans des espaces publics sains,
  • 12:27 - 12:29
    il y a souvent différents espaces
  • 12:29 - 12:31
    offrant différentes façons
    de nouer des liens.
  • 12:31 - 12:35
    La table de pique-nique
    où vous déjeunez avec votre famille
  • 12:37 - 12:38
    n'est peut-être pas adéquate
  • 12:38 - 12:41
    pour la promenade romantique
    avec votre partenaire
  • 12:41 - 12:43
    ou la discussion
    avec un collègue de travail.
  • 12:44 - 12:46
    Il est bon de noter
    que dans un espace réel,
  • 12:46 - 12:50
    dans aucun de ces endroits, il n'y a
    de grands signes publics d'engagement.
  • 12:51 - 12:54
    Les créateurs numériques
    pourraient réfléchir
  • 12:54 - 12:57
    au genre de conversations
    que nous voulons avoir
  • 12:57 - 13:00
    et à comment bâtir spécifiquement
    pour ce genre de conversations.
  • 13:01 - 13:05
    Vous vous souvenez du parc
    qui instaure de la confiance sociale ?
  • 13:05 - 13:09
    Ce n'est pas arrivé car les gens
    avaient ces grands débats politiques.
  • 13:09 - 13:11
    La majorité des inconnus
    ne se parlent même pas
  • 13:11 - 13:14
    les trois, quatre ou cinq
    premières fois qu'ils se voient.
  • 13:15 - 13:18
    Mais quand les gens,
    même des gens très différents,
  • 13:18 - 13:19
    se voient beaucoup,
  • 13:19 - 13:20
    ils deviennent familiers
  • 13:20 - 13:23
    et cela crée le fondement
    pour des relations.
  • 13:24 - 13:27
    Et je pense, vous savez,
  • 13:27 - 13:32
    que cette ancienne idée du cyberespace
    comme un lieu incorporel de rencontre
  • 13:32 - 13:34
    de purs esprits et idées
  • 13:34 - 13:36
    nous a menés dans la mauvaise direction.
  • 13:37 - 13:40
    Peut-être avons-nous plutôt besoin
    de trouver comment être à proximité,
  • 13:40 - 13:42
    parler majoritairement entre nous
  • 13:42 - 13:45
    mais en partageant tous
    le même soleil radieux.
  • 13:46 - 13:48
    Finalement :
  • 13:48 - 13:52
    les espaces publics sains créent
    un sentiment d'appropriation et d'équité.
  • 13:52 - 13:56
    C'est là que la métaphore
    de la ville se complique.
  • 13:56 - 13:57
    Car si Twitter est une ville,
  • 13:57 - 14:00
    c'est une ville détenue
    par juste quelques personnes
  • 14:00 - 14:03
    et optimisée pour le rendement financier.
  • 14:04 - 14:07
    Je pense que nous avons besoin
    d'environnements numériques
  • 14:07 - 14:10
    que nous nous approprions vraiment tous,
  • 14:10 - 14:14
    des environnements qui respectent
    la diversité de l'existence humaine,
  • 14:14 - 14:17
    qui nous donnent notre mot à dire
    et une contribution au process.
  • 14:17 - 14:19
    Nous en avons urgemment besoin.
  • 14:19 - 14:21
    Car Facebook actuellement --
  • 14:21 - 14:24
    je pense à New York dans les années 70.
  • 14:24 - 14:25
    (Rires)
  • 14:25 - 14:28
    Les espaces publics se détériorent,
    il y a des déchets dans les rues,
  • 14:28 - 14:31
    mentalement et émotionnellement,
    les gens se réchauffent
  • 14:31 - 14:33
    autour de poubelles en feu.
  • 14:33 - 14:34
    (Rires)
  • 14:34 - 14:35
    Et --
  • 14:36 - 14:42
    (Applaudissements)
  • 14:42 - 14:45
    La réponse naturelle à cela
    est de vous terrer dans votre appartement
  • 14:45 - 14:47
    ou d'envisager fuir vers la banlieue.
  • 14:48 - 14:50
    Cela ne me surprend pas
  • 14:50 - 14:54
    que les gens renoncent à l'idée
    d'espaces publics en ligne
  • 14:54 - 14:57
    comme ils ont renoncé
    aux villes durant l'histoire.
  • 14:58 - 15:00
    Parfois -- et je serai honnête --
  • 15:00 - 15:04
    il semble que ce projet
    de connecter une civilisation
  • 15:04 - 15:07
    et de mettre en contact
    des milliards de personnes
  • 15:08 - 15:09
    est simplement impossible.
  • 15:10 - 15:13
    Mais les villes modernes nous disent
    que cela est possible
  • 15:13 - 15:16
    pour des millions de gens très différents,
  • 15:16 - 15:18
    vivant parfois
    les uns au-dessus des autres,
  • 15:18 - 15:20
    non seulement de ne pas s'entre-tuer,
  • 15:20 - 15:23
    mais de construire des choses ensemble,
  • 15:23 - 15:25
    de trouver de nouvelles expériences,
  • 15:25 - 15:28
    de créer des infrastructures
    magnifiques et importantes.
  • 15:29 - 15:33
    Nous ne pouvons pas
    renoncer à cette promesse.
  • 15:34 - 15:39
    Si nous voulons résoudre les gros
    et importants problèmes se posant à nous,
  • 15:39 - 15:41
    nous avons besoin de meilleurs
    espaces publics en ligne.
  • 15:42 - 15:44
    Nous avons d'urbanistes numériques,
  • 15:44 - 15:46
    de nouveaux Jane Jacobs,
  • 15:46 - 15:50
    qui vont créer les parcs
    et les bancs de l'univers en ligne.
  • 15:50 - 15:53
    Et nous avons besoin d'architectes
    numériques qui se préoccupent des gens
  • 15:53 - 15:56
    et qui vont créer
    ce qu'Eric Klinenberg appelle
  • 15:56 - 16:00
    « des palaces pour le peuple » --
    des librairies, des musées, des mairies.
  • 16:00 - 16:03
    Nous avons besoin
    d'un mouvement transnational
  • 16:03 - 16:05
    où ces espaces peuvent
    apprendre les uns des autres
  • 16:05 - 16:07
    comme l'ont fait les villes,
  • 16:07 - 16:12
    au sujet de l'agriculture urbaine,
    de l'art public et du transit rapide.
  • 16:13 - 16:16
    L'humanité avance
  • 16:16 - 16:20
    quand nous trouvons de nouvelles façons
    de compter sur les autres,
  • 16:20 - 16:22
    de nous comprendre
    et de nous faire confiance.
  • 16:22 - 16:25
    Nous en avons besoin
    maintenant plus que jamais.
  • 16:26 - 16:30
    Si les espaces numériques en ligne
    doivent être notre nouveau chez nous,
  • 16:30 - 16:34
    faisons-en un espace confortable
    et magnifique où vivre,
  • 16:34 - 16:36
    un endroit où
    nous nous sentons tous inclus
  • 16:36 - 16:38
    et dont nous avons
    un sentiment d'appropriation.
  • 16:39 - 16:41
    Un espace où apprendre à nous connaître.
  • 16:41 - 16:45
    Un espace où vous voudriez aller
    pas seulement pour une visite,
  • 16:45 - 16:46
    mais pour y amener vos enfants.
  • 16:47 - 16:48
    Merci.
  • 16:48 - 16:53
    (Applaudissements)
Title:
Quelle obligation les réseaux sociaux ont-ils envers le bien commun ?
Speaker:
Eli Pariser
Description:

Les réseaux sociaux sont devenus notre nouveau chez nous. Pouvons-nous mieux les élaborer ? En s'inspirant des urbanistes et des sociologues, le technologue Eli Pariser montre comment les problèmes auxquels nous faisons face sur les plateformes numériques ne sont pas nouveaux et il fait part de comment, en suivant le modèle de villages et villes prospères, nous pouvons créer des communautés dignes de confiance en ligne.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:06

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