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Jancovici : Le rechauffement climatique - 24/09/2019

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    Je vous l’ai dit tout à l'heure,
    le climat toujours varié,
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    simplement les échelles de temps
    de cette variation sont absolument capitales
  • 0:06 - 0:08
    pour savoir si c'est quelque chose
    de désagréable ou pas.
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    Pour prendre un parallèle tout de suite,
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    vous avez deux manières de décélérer
    de 100 km/h à 0 quand vous êtes en voiture.
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    La première c'est d’appuyer sur
    la pédale de frein, ça prend 10 secondes.
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    La deuxième c'est de rentrer dans un mur,
    ça prend quelques millisecondes,
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    le résultat n’est pas le même.
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    Eh bien, c'est exactement pareil
    en ce qui concerne les variations du climat.
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    Le climat varie, il a toujours varié.
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    Simplement pour les variations qui sont
    en train d'être mise en route en ce moment,
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    la question cruciale est celle
    des échelles de temps
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    par rapport aux variations
    spontanées du système.
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    Le climat peut varier pour plein de raisons.
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    Historiquement, au quaternaire,
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    la première raison
    pour laquelle le climat a varié,
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    c'est que le système solaire n'est pas
    un ménage à 2, très pacifique,
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    mais un ménage à 10, donc, très turbulent.
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    Et, en particulier, la terre est soumise
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    à la traction des grosses planètes
    du système solaire, Jupiter et Saturne,
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    un peu moins Uranus et Neptune.
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    Et donc, l'ellipse que la terre décrit autour
    du soleil n'est pas une ellipse régulière.
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    Elle a des petites variations
    au cours du temps
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    et ces variations, c'est à la fois
    une variation d'excentricité ;
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    elle est plus ou moins allongée ;
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    et une variations de l'inclinaison de l'axe
    de rotation de la terre sur le plan de l’orbite,
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    c’est plus ou moins incliné.
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    Et quelque chose que vous allez
    comprendre tout de suite
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    c'est que si l’axe était parfaitement perpendiculaire
    au plan d'orbites on n'aurait jamais de saisons.
  • 1:17 - 1:20
    L'insolation serait la même tout au long
    de l'année, donc, il y aurait pas de saisons.
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    Plus l’axe est incliné sur le plan d'orbites,
    plus les saisons sont marquées.
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    Cette inclinaison est un des éléments
    qui déterminent de manière capital
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    l'entrée ou pas en glaciation
    à l'ère quaternaire.
  • 1:30 - 1:32
    Il y en a d'autres mais celui-là
    joue de manière très forte.
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    Donc, le climat varie,
    encore une fois, il a toujours varié.
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    Ce qui est en train de se passer
    à l’anthropocène, c’est-à-dire aujourd'hui
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    avec l'homme qui est devenu
    un agent climatique,
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    c'est que l'homme est en train
    de devenir la première cause
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    de variations du climat
    à l'échelle du siècle.
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    C'est ça qui est en jeu.
    Alors, comment est-ce qu'on fait ça ?
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    On fait ça en augmentant
    un phénomène parfaitement naturel
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    qui est là depuis des milliards d'années
    qui s'appelle l'effet de serre.
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    L'effet de serre qui est un processus
    qui a été identifié par Fourier,
  • 1:55 - 1:57
    Joseph de son petit nom,
    il y a deux siècles maintenant ;
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    enfin, 1824, on y presque ;
  • 2:00 - 2:04
    est un effet qui est dû au fait que
    vous avez dans l'atmosphère des molécules
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    qui sont parfaitement transparentes
    au rayonnement solaire incident
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    et parfaitement opaques au rayonnement
    infrarouge émis par la surface de la terre.
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    Si vous avez fait un peu de rayonnement
    du corps noir avant de rentrer ici,
  • 2:15 - 2:19
    vous savez que le spectre d'émission
    d'un corps dépend de sa température.
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    Alors, le soleil qui a une température
    de surface à 6 000 kelvins,
  • 2:22 - 2:24
    nous envoie essentiellement
    du visible et l'infrarouge proche.
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    La terre qui a une température de surface
    qui est proche de 300 kelvins
  • 2:27 - 2:30
    émet essentiellement
    des infrarouges lointains.
  • 2:30 - 2:33
    Eh bien, dans l'air,
    vous avez plein de gaz ;
  • 2:33 - 2:34
    tous les gaz triatomiques
    ou plus en gros
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    qui sont des gaz qui interceptent
    les infrarouges terrestres.
  • 2:38 - 2:39
    Donc, la lumière du soleil,
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    ou le rayonnement solaire avec
    les infrarouges visibles,
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    pardon, non visibles passent,
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    les infrarouge proches passent
    à travers l'atmosphère ;
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    moins la part qui est réfléchie
    par les nuages, la glace, etc. ;
  • 2:49 - 2:52
    est absorbée par le sol et le sol,
    lui en réponse,
  • 2:52 - 2:54
    émet des infrarouges dans
    des grandes gammes,
  • 2:54 - 2:56
    dans les longueurs d'onde
    beaucoup plus importantes.
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    Ces infrarouges sont absorbés près
    de la surface par les gaz à effet de serre
  • 3:00 - 3:04
    qui sont donc des opacifiant aux infrarouges
    que l'atmosphère a en petites quantités
  • 3:04 - 3:06
    comme le permanganate
    de potassium opacifie l'eau
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    quand vous en mettez
    dans une baignoire.
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    Avec les émissions
    de gaz à effet de serre,
  • 3:12 - 3:15
    nous augmentons l'opacité de l'atmosphère
    au rayonnement infrarouge émis par la terre.
  • 3:15 - 3:18
    Donc, ce que nous allons faire, c'est que
    nous allons confiner l'énergie près du sol
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    et, de ce fait, augmenter
    la température d’équilibre du sol,
  • 3:22 - 3:25
    mais nous allons également corrélativement
    refroidir la stratosphère
  • 3:25 - 3:28
    parce qu'il y a moins d'énergie
    qui peut aller être absorbée,
  • 3:28 - 3:30
    moins de rayonnement qui peut aller
    être absorbée dans la stratosphère.
  • 3:30 - 3:33
    Et ça vous explique tout de suite
    une chose très simple, soit dit en passant,
  • 3:33 - 3:37
    c'est que si vous avez une température
    près du sol qui augmente
  • 3:37 - 3:39
    et une température de
    la stratosphère qui diminue,
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    vous augmentez le gradient
    de température dans l'atmosphère
  • 3:42 - 3:47
    et donc vous augmenter la puissance
    convective de tout ce qui convecte ;
  • 3:47 - 3:50
    je ne sais pas si on dit ça ; de tous
    les mouvements convectifs dans l'atmosphère.
  • 3:50 - 3:53
    Et donc, les orages,
    les tornades, les ouragans,
  • 3:53 - 3:55
    la pompe aspirante devient plus puissante.
  • 3:56 - 3:59
    Donc, c'est très logique que vous ayez
    trouvé dans le dernier rapport du GIEC
  • 3:59 - 4:02
    que dans un monde qui se réchauffe,
    la puissance des ouragans va augmenter.
  • 4:03 - 4:05
    C'est parfaitement normal,
    c'est un truc qui est attendu.
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    On se pose également la question
    pour les orages et les tornades,
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    comme je l’ai dit juste avant.
  • 4:11 - 4:13
    Ce réchauffement climatique,
  • 4:13 - 4:16
    il est donc provoqué par une augmentation
    des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
  • 4:16 - 4:19
    et ces gaz peuvent s'accumuler
    dans l'atmosphère, notamment le CO2,
  • 4:19 - 4:21
    pour une raison chimique de base.
  • 4:21 - 4:25
    C'est pas à vous que je vais apprendre que
    le CO2 est un oxyde, dit oxyde de carbone.
  • 4:25 - 4:27
    C'est pas non plus à vous que
    je vais apprendre
  • 4:27 - 4:30
    que vous ne pouvez pas le dissocier
    chimiquement sans apport d'énergie.
  • 4:32 - 4:35
    Si vous tentez de faire pousser des plantes
    dans un endroit dans un placard pas éclairé,
  • 4:35 - 4:36
    ça marche pas bien ;
  • 4:36 - 4:39
    peut-être que vous avez fait l'expérience ;
    c'est sûr que ça marche pas.
  • 4:39 - 4:42
    Donc, la photosynthèse est
    un processus endothermique,
  • 4:42 - 4:44
    vous avez besoin d'un photon,
  • 4:44 - 4:48
    vous avez besoin d'un apport d'énergie
    qui va vous dissocier la molécule de CO2
  • 4:48 - 4:50
    parce que la liaison est très forte.
  • 4:50 - 4:54
    Et d'une façon plus générale, tous les oxydes
    sur terre sont des molécules très stable.
  • 4:54 - 4:57
    Tous les minerais métalliques par exemple
    se trouve sous forme d'oxydé
  • 4:57 - 4:58
    dès lors que le métal peut oxyder.
  • 4:59 - 5:02
    Donc, les oxydes étant
    des molécules très stable ;
  • 5:02 - 5:04
    une fois qu'on a mis du CO2
    dans l'atmosphère,
  • 5:04 - 5:06
    il n'y a pas de processus chimique
    spontané d'épuration.
  • 5:07 - 5:09
    C'est la raison pour laquelle le CO2
    peut s'accumuler dans l'atmosphère,
  • 5:09 - 5:12
    c'est qu'il n'y a pas de processus
    chimique d'épuration.
  • 5:12 - 5:14
    Vous avez deux processus d'épuration.
  • 5:14 - 5:15
    L'un et physique,
  • 5:15 - 5:18
    c'est une dissolution dans l'océan,
    ça se fait à la surface de contact,
  • 5:18 - 5:19
    c’est un équilibrage de pression partielle.
  • 5:19 - 5:21
    C'est un processus physique
  • 5:21 - 5:24
    et en plus c'est un processus qui
    est ralenti quand le climat se réchauffe
  • 5:24 - 5:30
    parce que la capacité de l’eau à dissoudre
    du CO2 diminue quand l'eau se réchauffe.
  • 5:31 - 5:33
    C'est un puits qui
    va s'affaiblir avec le temps,
  • 5:33 - 5:35
    voire même qui pourrait se renverser.
  • 5:36 - 5:38
    Et vous avez un deuxième
    processus d'épuration,
  • 5:38 - 5:39
    je viens de vous en parler,
    c'est la photosynthèse.
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    Donc, le CO2 s'accumule
    dans l'atmosphère
  • 5:41 - 5:43
    et à une constante de temps
    qu'il faut garder en mémoire
  • 5:43 - 5:46
    parce que c'est absolument crucial
    pour le débat sur le changement climatique.
  • 5:46 - 5:49
    Si demain matin on arrête
    les émissions dans le monde,
  • 5:51 - 5:54
    eh bien, le surplus de CO2
    que nous avons créé,
  • 5:54 - 5:57
    il n'y en a que 60 % qui sera
    parti dans un siècle,
  • 5:58 - 6:02
    il en restera encore 20% dans
    1 000 ans et 10% dans 10 000 ans.
  • 6:03 - 6:06
    Donc, vous avez un processus
    fondamentalement irréversible
  • 6:06 - 6:08
    en ce qui concerne
    le changement climatique.
  • 6:08 - 6:11
    C'est comme le vieillissement,
    c'est fondamentalement irréversible.
  • 6:11 - 6:13
    Je peux pas me dire à mon âge,
    « Ah ben merde, j'aurais pas dû faire l’X,
  • 6:13 - 6:17
    j’aurais dû faire l'Agro. Allez hop, reset.
    Je me retrouve à 18 ans et je change de voie. »
  • 6:17 - 6:18
    Ça marche pas, d'accord ?
  • 6:19 - 6:23
    Donc, le changement climatique,
    c'est exactement pareil.
  • 6:23 - 6:25
    À cause de cette constante de temps,
  • 6:25 - 6:29
    du temps de résidence d'un surplus
    de CO2 dans l'atmosphère,
  • 6:29 - 6:33
    il n'existe pas de possibilité
    de remise en état du système.
  • 6:33 - 6:36
    C'est une notion qui n'existe pas
    dans le débat sur le changement climatique.
  • 6:37 - 6:40
    Donc, si un jour comme Petit Gibus on dit,
    « Si j'avais su, j'aurais pas venu. »
  • 6:40 - 6:41
    Trop tard.
  • 6:42 - 6:44
    Et la seule garantie que
    nous avons dans ce débat,
  • 6:45 - 6:47
    la seule en ce qui concerne
    le changement climatique,
  • 6:47 - 6:50
    c'est que si un jour l'expérience
    se met à nous déplaire pour de bon,
  • 6:51 - 6:54
    la seule garantie qu'on aura
    à ce moment-là, c'est plus tard ce sera pire.
  • 6:55 - 6:57
    C'est important d'avoir ça en tête.
  • 6:57 - 6:59
    C'est parce qu'on n'est pas du tout
    des animaux câblés
  • 6:59 - 7:01
    pour être capable de réagir
    à ce genre de problème,
  • 7:01 - 7:04
    parce que je vous rappelle ;
    et vous le savez à toutes les mensuels ;
  • 7:04 - 7:06
    nous sommes des animaux.
  • 7:09 - 7:11
    Alors, si je suis un tout petit
    peu plus sérieux,
  • 7:11 - 7:14
    nous sommes des animaux, c'est-à-dire,
    que nous sommes gouvernés par nos sens.
  • 7:14 - 7:17
    Notre rapport à l'environnement
    se fait au travers de nos sens
  • 7:18 - 7:19
    et nos sens sont court-termistes
  • 7:19 - 7:23
    et instantanés, enfin, immédiat,
    locaux et instantanée.
  • 7:23 - 7:26
    Donc, mes sens me permettent de dire
    quelle est la température qui fait
  • 7:26 - 7:29
    dans cette pièce tout de suite, mes sens
    ne permettent absolument pas de dire
  • 7:29 - 7:32
    quelle est la température qui fait
    en Australie à l'instant où je vous parle
  • 7:32 - 7:35
    et encore moins la température
    qui faisait en, je sais pas où,
  • 7:35 - 7:36
    à Vladivostok il y a six mois, d'accord ?
  • 7:36 - 7:38
    Mes sens ne me permettent pas de dire ça.
  • 7:38 - 7:39
    Ma cervelle oui,
  • 7:39 - 7:41
    c'est plus compliqué,
    mes sens non.
  • 7:42 - 7:45
    Donc, tout ce qui relève
    de la moyenne, du etc.,
  • 7:45 - 7:47
    c’est pas avec nos sens
    qu'on peut l'approcher,
  • 7:47 - 7:50
    c'est avec une approche intellectuelle,
    mais on n'est pas fait pour ça.
  • 7:50 - 7:52
    Et, par ailleurs, le mode
    d'apprentissage qui a été le nôtre,
  • 7:52 - 7:55
    comme tous les animaux qui
    sont gouvernés par leur sens,
  • 7:55 - 7:56
    c’est un mode essai-erreur.
  • 7:56 - 7:59
    Alors, le mode essai-erreur fonctionne
    très bien dans les situations réversibles
  • 8:00 - 8:04
    sauf pour les quelques-uns qui font
    une erreur tellement grave qu’ils y passent.
  • 8:04 - 8:06
    Ça a toujours été le cas dans tous
    les représentants d'une espèce animale.
  • 8:06 - 8:08
    De temps en temps, il y en a
    qui font une expérience
  • 8:08 - 8:10
    qu’ils auraient pas dû faire,
    crac, ils y passent.
  • 8:10 - 8:12
    Les autres le voient, ils disent,
    « Je vais peut-être pas faire la même chose. »
  • 8:13 - 8:15
    Mais, donc, vous avez
    un apprentissage de type essai-erreur.
  • 8:16 - 8:18
    Mais tant que vous n'avez pas
    droit à l'erreur, comment vous faites ?
  • 8:19 - 8:21
    Parce que dans cette affaire-là,
    on aura qu'un seul essai.
  • 8:21 - 8:23
    Donc, on n'aura pas droit à l'erreur,
    enfin, ou plus exactement
  • 8:23 - 8:26
    si on s'est trompé,
    ben, après, perdu quoi.
  • 8:27 - 8:29
    Et c'est très difficile ; ça a l'air
    de rien dit comme ça ;
  • 8:29 - 8:32
    mais c'est très difficile
    de lutter contre ses sens
  • 8:32 - 8:35
    et de faire prévaloir la partie gauche
    ou droite, je sais jamais, de sa cervelle,
  • 8:35 - 8:39
    c'est-à-dire, celle qui vous a permis
    de rentrer ici. C’est très difficile.
  • 8:40 - 8:44
    Donc, le changement climatique
    est un phénomène à très forte inertie.
  • 8:44 - 8:46
    Alors, pour vous donner
    quelques ordres de grandeur
  • 8:47 - 8:49
    sur ce que ça veut dire
    ce changement climatique.
  • 8:49 - 8:52
    Le premier ordre de grandeur qu'il faut
    avoir en tête, c'est que 5 degrés,
  • 8:52 - 8:56
    que vous avez évidemment en tête
    comme étant la fourchette haute ;
  • 8:56 - 8:59
    enfin, maintenant, on ne parle de 6 à 7 ;
    du réchauffement climatique,
  • 8:59 - 9:01
    en fait c'est la même chose
    que ce qui correspond
  • 9:01 - 9:03
    à une transition glaciaire
    et interglaciaire.
  • 9:04 - 9:06
    Donc, quand la France
    est passée d'un paysage
  • 9:06 - 9:09
    qui ressemblait au nord
    de la Sibérie il y a 20 000 ans
  • 9:10 - 9:13
    à l'état qu'on lui connaissait
    dans l'ère préindustrielle
  • 9:13 - 9:16
    et ont presque encore
    maintenant il y a 10 000 ans,
  • 9:16 - 9:19
    eh bien, le climat ne se réchauffait
    que de 5 degrés sur la planète.
  • 9:20 - 9:24
    Donc, 5 degrés en un siècle,
    c'est un réchauffement 100 fois plus rapide
  • 9:24 - 9:28
    que celui qui a vu l'océan remonter
    de 120 mètres en 10 000 ans,
  • 9:29 - 9:31
    les écosystèmes devenir
    ce qu'on connaît aujourd'hui,
  • 9:31 - 9:33
    alors qu'ils étaient
    ceux du nord de la Sibérie,
  • 9:33 - 9:35
    et une calotte de glace
    de 3 kilomètres d'épaisseur
  • 9:35 - 9:38
    posé sur la Scandinavie
    et le Canada disparaître.
  • 9:38 - 9:40
    5 degrés en 10 000 ans.
  • 9:40 - 9:45
    5 degrés en un siècle, c'est un chaos,
    c'est un choc extrêmement violent.
  • 9:46 - 9:48
    Alors, dans les évolutions qualitatives
    auxquelles il faut s'attendre.
  • 9:49 - 9:52
    D'abord, il faut savoir que la température
    va pas monter de manière homogène.
  • 9:52 - 9:54
    L'inertie thermique
    des continents étant plus faible,
  • 9:54 - 9:56
    elle montera plus vite
    sur les continents que sur les océans.
  • 9:56 - 10:00
    Si vous avez un réchauffement global
    de 2 degrés, ce sera 3 sur les continents.
  • 10:00 - 10:04
    Ensuite, ça va pas être vrai
    également pour les extrêmes.
  • 10:04 - 10:07
    3 sur les continents, ça veut dire
    5 à 6 pour les extrêmes.
  • 10:08 - 10:12
    Donc, c'est pas du tout
    proportionnelle, cette affaire-là.
  • 10:12 - 10:15
    La deuxième chose qu'il faut savoir,
    c'est que le réchauffement climatique
  • 10:15 - 10:20
    va globalement augmenter l'évaporation,
    donc, augmenter les précipitations.
  • 10:20 - 10:23
    Par contre, la science la plus moderne
    permet de dire deux choses,
  • 10:23 - 10:26
    c'est que ça sera encore
    plus mal répartie qu'avant.
  • 10:26 - 10:29
    C'est-à-dire, ceux qui en ont beaucoup
    en auront encore plus
  • 10:29 - 10:31
    et ceux qui en ont pas beaucoup
    en auront encore moins.
  • 10:31 - 10:33
    Et donc, dans ceux qui n'ont pas beaucoup
    qui en auront encore moins,
  • 10:33 - 10:37
    le pourtour du bassin méditerranéen va
    s'assécher ; je vous signale qu'on est dedans.
  • 10:38 - 10:40
    Nous on est du mauvais côté
    de la barrière dans cette histoire.
  • 10:40 - 10:43
    Les Anglais vont se faire inonder
    plus souvent, les Scandinaves aussi
  • 10:43 - 10:45
    et la mousson sera plus violente.
  • 10:45 - 10:48
    Mais une mousson plus violente
    sur des sols plus secs,
  • 10:48 - 10:50
    ça sera pas nécessairement très
    intéressant pour les cultures indiennes.
  • 10:53 - 10:58
    L’indice de sécheresse des sols
    va augmenter dans nombre de zones
  • 10:58 - 10:59
    et notamment en France.
  • 10:59 - 11:02
    Donc, on a toutes les chances
    en France d'ici 2050,
  • 11:02 - 11:03
    c'est-à-dire quand
    vous aurez mon âge,
  • 11:03 - 11:06
    que la sécheresse
    que nous ayons connu cet été
  • 11:07 - 11:10
    soit l'état moyen des sols en France.
  • 11:12 - 11:13
    Ça va pas être terrible.
  • 11:14 - 11:16
    J’en vois un qui lève le sourcil.
  • 11:18 - 11:21
    Il est évident que dans ce genre de paysage,
    une bonne partie des forêts disparaisse,
  • 11:22 - 11:25
    parce que nous avons aujourd'hui des arbres
    qui ont quand même un peu besoin d'eau,
  • 11:25 - 11:28
    qui aiment pas trop quand il fait trop sec,
    qui aiment pas trop quand il fait trop chaud
  • 11:29 - 11:31
    et qui aiment pas trop
    les incendies non plus.
  • 11:31 - 11:32
    Et, par exemple en 2050,
  • 11:32 - 11:35
    la capacité de la forêt de Fontainebleau
    a développé des incendies
  • 11:35 - 11:38
    sera la même que celle
    des Landes aujourd'hui.
  • 11:40 - 11:44
    Dans les autres joyeusetés auxquelles
    il faut s'attendre, l'océan va monter.
  • 11:44 - 11:45
    L’océan va monter pour deux raisons.
  • 11:45 - 11:48
    La première c'est que quand
    vous chauffez l'eau, elle se dilate
  • 11:48 - 11:50
    et, donc, si vous chauffez l'eau
    qui est dans une grande baignoire
  • 11:50 - 11:52
    sans toucher au fond,
    le niveau de l'eau monte.
  • 11:52 - 11:53
    Mais c'est pas ça qui va faire
    le plus monter l'eau.
  • 11:53 - 11:56
    Ce qui va faire le plus monter l'eau,
    c'est l'atteinte aux calottes polaires.
  • 11:56 - 11:59
    Alors le Groenland a commencé
    à fondre dès à présent
  • 12:00 - 12:01
    et, à partir de maintenant,
  • 12:01 - 12:04
    vous n'avez que des rétroactions
    positives qui vont amplifier la chose.
  • 12:04 - 12:06
    La première rétroaction positive,
  • 12:06 - 12:08
    c'est que, comme vous le lisez
    probablement dans la presse,
  • 12:08 - 12:12
    l'étendue de la banquise a tendance
    à diminuer de plus en plus.
  • 12:13 - 12:17
    Or quand la banquise disparaît,
    vous remplacez une surface très réfléchissante
  • 12:17 - 12:20
    par une surface très absorbante
    pour le rayonnement solaire
  • 12:20 - 12:23
    et, donc, la température qui environne
    la calotte groenlandaise
  • 12:23 - 12:25
    a tendance à s'élever encore plus vite.
  • 12:25 - 12:29
    La deuxième chose c'est que la fonte
    de la calotte est une fonte de surface.
  • 12:29 - 12:31
    C'est pas des icebergs
    qui se déversent dans la mer,
  • 12:31 - 12:33
    pour l'essentiel
    c'est une fonte de surface.
  • 12:33 - 12:35
    Après, l'Antarctique de l'ouest,
    c'est autre chose, je vous en parlerai.
  • 12:35 - 12:39
    Comme c'est une fonte de surface,
    quand ça fond,
  • 12:39 - 12:42
    le niveau de la calotte, l'altitude maximale
    de la calotte baisse un peu
  • 12:43 - 12:46
    et du coup vous vous rapprochez
    d'un air ambiant qui est un peu plus chaud,
  • 12:46 - 12:49
    puisque quand vous descendez
    en altitude, vous savez que,
  • 12:49 - 12:53
    à cause de la détente adiabatique,
    la température augmente.
  • 12:53 - 12:56
    Et donc, la température
    environnante augmente.
  • 12:56 - 12:57
    Dernier point,
  • 12:57 - 13:02
    la surface du Groenland est couverte
    de poussières qui sont amenés par le vent.
  • 13:02 - 13:06
    Quand vous êtes dans un processus dans lequel
    vous avez accumulation annuelle de poussière ;
  • 13:06 - 13:09
    mais de neige qui recouvre
    la poussière, c'est pas grave.
  • 13:09 - 13:11
    Mais quand la neige se met à fondre,
  • 13:11 - 13:13
    à ce moment les poussières sont
    concentrées en surface
  • 13:13 - 13:15
    et elles augmentent aussi d'albédo,
  • 13:15 - 13:18
    c'est-à-dire, la capacité d'absorption
    du rayonnement solaire de la calotte.
  • 13:18 - 13:21
    Il y a que de rétroactions
    positives dans cette affaire.
  • 13:21 - 13:25
    Donc, d'ici à ce que l'humanité s'éteigne,
    enfin, non quelques siècles,
  • 13:27 - 13:29
    le Groenland va continuer à fondre
  • 13:29 - 13:32
    et ça c'est n'importe quoi entre
    3 et 6 mètres d'eau dans l'océan,
  • 13:32 - 13:34
    quelques siècles.
  • 13:35 - 13:38
    De l'autre côté, il y a une instabilité
    majeure qui a été mise en lumière
  • 13:38 - 13:40
    par la communauté scientifique,
    il y a maintenant quelques années,
  • 13:40 - 13:42
    qui est celle de l'Antarctique de l'ouest.
  • 13:42 - 13:44
    Alors l'Antarctique de l'ouest ; alors,
    il n'y a pas d'ouest en Antarctique
  • 13:44 - 13:46
    puisque c'est centré sur
    le pôle sud normalement ;
  • 13:46 - 13:49
    l'Antarctique de l'ouest, c'est la partie
    de l'Antarctique qui regarde le Chili
  • 13:49 - 13:50
    qui est en face du cap Horn,
  • 13:50 - 13:52
    vous savez avec cette espèce
    de grand doigt-là
  • 13:52 - 13:53
    qui remonte vers le vers le Chili.
  • 13:54 - 13:57
    C'est une partie qui est détachée
    de l'Antarctique de l'est
  • 13:57 - 14:00
    par deux indentations qui sont
    les mers de Ross et de Weddell
  • 14:01 - 14:04
    et elle porte cette Antarctique de l'ouest
    une calotte qui est posée
  • 14:04 - 14:06
    sur un socle rocheux
    totalement sous-marin,
  • 14:07 - 14:08
    en déclivité
  • 14:09 - 14:13
    et c'est un vaste système de glaciers
    en arcs-boutants les uns sur les autres.
  • 14:13 - 14:15
    Et les arcs-boutants terminaux,
  • 14:15 - 14:17
    c'est les glaciers qui
    se déversent dans la mer.
  • 14:17 - 14:20
    Alors, tant que ces glaciers qui
    se déversent dans la mer
  • 14:20 - 14:22
    se déversent pas trop vite,
    ils jouent leur rôle d'arc-boutant
  • 14:22 - 14:24
    par rapport aux glaciers
    qui sont au-dessus.
  • 14:24 - 14:26
    À partir du moment où ces glaciers
    qui se déversent dans la mer
  • 14:26 - 14:29
    se déverse beaucoup plus vite, et c'est ce qui
    est en train de leur arriver en ce moment,
  • 14:29 - 14:33
    les arcs-boutants finaux sont fragilisés et
    tout peut s'écrouler comme un château de cartes.
  • 14:33 - 14:35
    En combien de temps ?
  • 14:35 - 14:38
    Il y a trois ans, il y a un papier qui a fait
    grand bruit qui est sorti dans Science
  • 14:38 - 14:41
    qui disait en quelques siècles
    dès qu'on a passé 2 degrés.
  • 14:42 - 14:44
    Donc, dès que le réchauffement dépasse, --
  • 14:44 - 14:47
    dès que la terre est sur
    une trajectoire de réchauffement
  • 14:47 - 14:49
    qui dépasse les 2 degrés en 2100 ;
  • 14:49 - 14:51
    ce qu'on est évidemment parti pour faire ;
  • 14:51 - 14:54
    eh bien, le risque
    de déstabilisation existe.
  • 14:54 - 14:56
    Et la science la plus récente dit maintenant,
  • 14:56 - 14:59
    « Quelques siècles ? On sait pas. »
    Ça peut être plus court que ça.
  • 14:59 - 15:01
    Et là, il y en a pour 6 mètres d’eau.
  • 15:02 - 15:04
    Donc, 6 plus 3 plus la dilatation,
  • 15:04 - 15:07
    on est en train de jouer en ce moment ;
    ça va pas arriver la semaine prochaine
  • 15:07 - 15:09
    mais, le doigt sur la gâchette,
    c'est tout de suite ;
  • 15:09 - 15:13
    on est en train de jouer en ce moment avec
    10 mètres d’eau en plus dans l'océan mondial.
  • 15:13 - 15:15
    10 mètres d’eau en plus,
    vous n'avez plus une ville côtière,
  • 15:15 - 15:17
    vous avez plus, enfin, si vous avez
    des villes côtières surélevées ;
  • 15:17 - 15:22
    donc, si vous êtes en haut de la montagne
    où il y a la bonne mère,
  • 15:22 - 15:25
    Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille,
    vous n'êtes pas inondé ;
  • 15:25 - 15:26
    mais il y a plus un port.
  • 15:27 - 15:29
    Donc, c'est parfait, les routes
    maritimes seront ouvertes
  • 15:29 - 15:30
    parce qu'il y a plus de banquise,
  • 15:30 - 15:33
    mais il n'y a plus de port pour partir
    et arriver, ça posera un petit problème.
  • 15:34 - 15:37
    Vous avez énormément d'installations
    qui sont situées en bord de mer
  • 15:37 - 15:38
    et vous avez évidemment,
    ce que vous savez,
  • 15:38 - 15:42
    énormément de plaines alluviales
    qui sont des endroits majeurs
  • 15:42 - 15:43
    pour l'alimentation humaine.
  • 15:44 - 15:47
    Le delta du Nil, le delta du Gange, enfin,
    je vous en passe et des meilleures.
  • 15:49 - 15:52
    Donc, tout ça, et bien avant que
    ça fasse dix mètres,
  • 15:52 - 15:54
    ça sera salinisé à cause
    de la pression osmotique
  • 15:54 - 15:55
    parce que, quand la mer monte,
  • 15:55 - 15:58
    ça vous salinise les nappes phréatiques
    qui sont situées en dessous.
  • 15:59 - 16:01
    Toujours dans les joyeusetés,
  • 16:01 - 16:03
    vous allez avoir une pression
    supplémentaire sur les écosystèmes,
  • 16:03 - 16:05
    mais, enfin, il faut bien voir que
    la première pression sur les écosystèmes,
  • 16:05 - 16:07
    c’est 8 milliards de bonhommes,
  • 16:07 - 16:09
    de très, très loin.
  • 16:09 - 16:12
    Parce que la première pression sur
    les écosystèmes et la biodiversité,
  • 16:12 - 16:14
    c'est la perte d'habitat, et la première
    cause de perte d'habitat,
  • 16:14 - 16:17
    c'est la suppression des écosystèmes
    installés pour faire des cultures.
  • 16:18 - 16:20
    Donc, on a deux problèmes
    si on aime bien la biodiversité
  • 16:20 - 16:23
    qui s'appelle la taille de la population
    et son régime alimentaire.
  • 16:24 - 16:27
    Donc, on a deux sujets de préoccupation
    si on aime bien la biodiversité
  • 16:27 - 16:29
    qui s'appelle le planning familial
    et manger moins de viande.
  • 16:30 - 16:33
    C'est à peu près ça
    les déterminants de l’affaire.
  • 16:36 - 16:38
    Toujours dans les conséquences,
    vous allez évidemment avoir après
  • 16:38 - 16:41
    des conséquences sociales
    et politiques à large échelle.
  • 16:41 - 16:44
    Alors, dans le dernier rapport du GIEC,
    Changement climatique et terres ; --
  • 16:44 - 16:46
    Qui l’a lu ici ?
  • 16:47 - 16:48
    Vous êtes tous virés.
  • 16:49 - 16:52
    Vous êtes à l’Agro et vous avez pas lu ça ?
    C’est un scandale.
  • 16:52 - 16:55
    Non, mais je plaisante pas, si je plaisante,
    mais, quand même, c'est un scandale.
  • 16:57 - 16:59
    Si vous avez une lecture à avoir
    dans l'école dans laquelle vous êtes,
  • 17:00 - 17:01
    c'est celle-là pardon.
  • 17:01 - 17:04
    Donc, lisez le résumé pour décideurs,
    Changement climatique et terres,
  • 17:04 - 17:07
    ça fait 35 pages, vous devriez y arriver.
  • 17:07 - 17:12
    C'est vraiment un truc est absolument crucial
    compte tenu de la filière qui est la vôtre.
  • 17:15 - 17:17
    Dans le dernier rapport du GIEC,
    Changement climatique et terres,
  • 17:18 - 17:21
    le GIEC dit à partir de
    3 à 4 degrés de réchauffement,
  • 17:21 - 17:25
    il y a de l'insécurité alimentaire
    généralisée sur la planète.
  • 17:26 - 17:29
    Alors, vous vous rappelez
    peut-être de 1789.
  • 17:29 - 17:32
    Est-ce que vous savez
    ce qui s'est passé en 1788 ?
  • 17:34 - 17:36
    Ah, ça c'est bien, vous savez.
  • 17:36 - 17:39
    Un demi million à un million de morts.
  • 17:39 - 17:41
    Vous avez entendu parler
    du printemps arabe.
  • 17:42 - 17:44
    Est-ce que vous savez
    ce qui s'est passé juste avant ?
  • 17:46 - 17:48
    Inflation alimentaire intolérable.
  • 17:48 - 17:50
    C'est ça qui s'est passé juste avant
  • 17:50 - 17:54
    dans des pays qui sont
    en insuffisance alimentaire locale.
  • 17:54 - 17:56
    C’est des pays qui sont obligés
    d'importer leur nourriture ;
  • 17:56 - 17:57
    l’Égypte, la Tunisie ;
  • 17:59 - 18:02
    et ça va en augmentant parce que
    le bassin méditerranéen s’assèche
  • 18:02 - 18:03
    alors que la population croît
  • 18:04 - 18:07
    et les importations agricoles ont des prix
  • 18:07 - 18:09
    qui varient très largement
    comme ceux du pétrole.
  • 18:10 - 18:12
    En 2010, très forte remontée
    des prix du pétrole.
  • 18:12 - 18:15
    Donc, les pays qui importent
    de la nourriture
  • 18:15 - 18:17
    voient leur facture alimentaire augmenter.
  • 18:17 - 18:20
    Mai 2010, on est dans l'aftermath
    de la crise de 2009
  • 18:21 - 18:22
    et les touristes restent chez eux.
  • 18:22 - 18:24
    Donc, les recettes
    à l'exportation de ces pays ;
  • 18:24 - 18:26
    l’Égypte et la Tunisie ;
    se sont cassées la gueule.
  • 18:26 - 18:28
    Moins de recettes, plus de charges.
  • 18:30 - 18:32
    On n'est pas capable
    de compenser budgétairement,
  • 18:32 - 18:36
    enfin, de compenser le prix
    de la nourriture pour les gens
  • 18:36 - 18:38
    qui sont dans les trois, quatre,
    cinq premiers déciles de revenus
  • 18:38 - 18:40
    qui vivent avec un dollar par jour
  • 18:40 - 18:42
    et c'est l'émeute parce qu'ils ont
    pas de quoi s'acheter à manger.
  • 18:44 - 18:45
    Et, en fait, des émeutes de la faim
  • 18:45 - 18:48
    au moment où le prix du pétrole
    est repassé par des sommets,
  • 18:48 - 18:51
    vous en avez eu dans plein
    d'endroits dans le monde.
  • 18:52 - 18:56
    Alors, aujourd'hui, on est encore
    avec une agriculture très productive,
  • 18:56 - 18:59
    des combustibles fossiles de partout,
    des engrais de partout, etc.
  • 18:59 - 19:00
    Tout ça n'est pas éternel.
  • 19:00 - 19:04
    Il est évident que quand vous aurez
    une agriculture avec des sols plus secs
  • 19:05 - 19:08
    et des intrants en quantités
    moins disponibles
  • 19:08 - 19:11
    avec une population censée
    être plus nombreuses ;
  • 19:12 - 19:15
    oui, d'accord on lève
    le sourcil une deuxième fois ;
  • 19:16 - 19:20
    c'est pas complètement sûr que
    tout ça va être un long fleuve tranquille.
  • 19:21 - 19:24
    Et donc, il y a également des instabilités
    politiques qui sont à la clé
  • 19:24 - 19:26
    et, donc, dans les risques
    du réchauffement climatique,
  • 19:26 - 19:28
    vous en avez aussi un
    qui s'appelle la dictature,
  • 19:29 - 19:30
    et même en France.
  • 19:32 - 19:34
    La démocratie en France, c'est récent.
  • 19:35 - 19:39
    Pendant les milliers d'années que
    notre pays a hébergé des hommes,
  • 19:39 - 19:42
    il s'est passé un siècle en démocratie.
  • 19:44 - 19:47
    Donc, c'est court et c'est pas éternel.
  • 19:47 - 19:49
    Je suis pas en train de dire
    que je souhaite sa disparition,
  • 19:49 - 19:51
    je suis juste en train de dire
    c'est pas éternelle
  • 19:51 - 19:52
    parce que c'est un système fragile
  • 19:52 - 19:55
    et c'est notamment un système fragile
    parce que c'est un système court-termiste.
  • 19:56 - 19:57
    C’est pas moi qu'il a dit,
    c'est monsieur Tocqueville
  • 19:57 - 19:59
    il y a deux siècles
    et il s'était pas trop trompé.
  • 20:01 - 20:04
    Le changement climatique,
    c'est un processus à large échelle.
  • 20:04 - 20:07
    L'insécurité sur
    l'approvisionnement énergétique,
  • 20:07 - 20:09
    c'est aussi un processus à large échelle.
    Alors, je vais finir par ça.
  • 20:10 - 20:12
    Dans cette affaire-là ; donc, à ce stade,
    vous avez compris plusieurs choses ;
  • 20:13 - 20:16
    si on a été capable de mettre tout le monde
    en ville avec une agriculture très productive,
  • 20:16 - 20:17
    c'est grâce à l'énergie.
  • 20:17 - 20:21
    Cette énergie fait qu'on a
    été capable de monter
  • 20:21 - 20:22
    à 8 milliards d'hommes bien nourris,
  • 20:23 - 20:25
    raisonnablement sauf quelques
    endroits sur terre,
  • 20:25 - 20:27
    parce que justement on a été capable
    de rendre l'agriculture
  • 20:27 - 20:30
    beaucoup plus productive alors que
    la terre n'a pas augmenté de diamètre ;
  • 20:30 - 20:32
    c'est toujours la même surface qu'il y a –
  • 20:32 - 20:34
    la dérive des continents n'a pas fait
    apparaître une quantité
  • 20:34 - 20:38
    de surfaces cultivables supplémentaires
    majeures en deux siècles.
  • 20:40 - 20:41
    Vous comprenez également
  • 20:41 - 20:44
    qu'on a un tout petit sujet
    avec l'instabilité climatique.
  • 20:44 - 20:47
    Alors, l'agriculture contribue, soit dit
    en passant, au réchauffement climatique
  • 20:47 - 20:49
    puisque dans les émissions
    de gaz à effet de serre
  • 20:49 - 20:52
    à peu près un tiers, si je prends
    en compte la déforestation,
  • 20:52 - 20:54
    vient du secteur agricole.
  • 20:54 - 20:57
    Alors les émissions de gaz
    à effet de serre concernés,
  • 20:57 - 21:00
    vous les trouvez dans
    la déforestation, c'est 10% sur 30%
  • 21:01 - 21:04
    et le reste c'est les émissions
  • 21:04 - 21:07
    ou les émanations, plus exactement,
    de méthane des rizières.
  • 21:07 - 21:09
    Vous savez que dans les rizières,
    vous avez de la décomposition anaérobie
  • 21:09 - 21:12
    de résidus organiques à l'abri
    de l'oxygène de l'air.
  • 21:12 - 21:14
    Ça vous fait du méthane
    comme dans les marécages.
  • 21:14 - 21:16
    C'est la fermentation entérique des bovins ;
  • 21:17 - 21:19
    les cochons ont quatre estomacs,
  • 21:19 - 21:20
    dégueulasse,
  • 21:20 - 21:21
    sauf quand on en fait des tripes ;
  • 21:23 - 21:25
    et c'est les déjections
    animales pour partie
  • 21:26 - 21:30
    et enfin c'est la réduction
    des nitrates qui s'opèrent
  • 21:30 - 21:33
    quand vous épandez des engrais azotés
    dans les champs et qui vous produit
  • 21:33 - 21:36
    un gaz qui s'appelle du N2O,
    du protoxyde d'azoté
  • 21:36 - 21:38
    qui est aussi le gaz qu'on vous a
    peut-être fait respirer
  • 21:38 - 21:39
    quand vous étiez gamin l'hôpital.
  • 21:39 - 21:41
    Un gaz hilarant qui est
    un anesthésiant léger.
  • 21:42 - 21:45
    Donc, l'agriculture au travers
    de toutes ces émissions-là
  • 21:45 - 21:49
    contribuent au réchauffement climatique et
    les émissions directes du secteur agricole,
  • 21:49 - 21:51
    c'est 20 % des émissions
    de gaz à effet de serre.
  • 21:51 - 21:53
    C'est autant que les centrales
    à charbon dans le monde.
  • 21:53 - 21:54
    Ce n'est pas
    complètement négligeable.
  • 21:58 - 22:01
    C'est peut-être plus indispensable que
    les centrales à charbon, soit dit en passant,
  • 22:01 - 22:02
    mais c'est quand même 20%.
  • 22:03 - 22:06
    Donc, l'agriculture a un lien avec
    l'énergie et le changement climatique
  • 22:06 - 22:08
    qui est extrêmement intime.
  • 22:08 - 22:11
    Sa productivité vient de l'énergie ;
  • 22:11 - 22:13
    le fait qu'on ait pu mettre les gens
    bien nourris dans les villes, c'est l'énergie.
  • 22:13 - 22:15
    L'agriculture contribue
    au changement climatique
  • 22:15 - 22:19
    et le changement climatique en retour
    va faire du mal à l'agriculture,
  • 22:20 - 22:21
    globalement.
  • 22:22 - 22:24
    Donc, voilà le paysage
    dans lequel on est
  • 22:25 - 22:26
    et comme j'ai pas de slide,
    je m'arrête là.
  • 22:26 - 22:28
    Donc, maintenant, place aux questions
    et la bonne question évidemment c'est :
  • 22:28 - 22:29
    Qu'est-ce qu'on fait ?
Title:
Jancovici : Le rechauffement climatique - 24/09/2019
Description:

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Video Language:
French
Duration:
22:32

French subtitles

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