-
Je vous l’ai dit tout à l'heure,
le climat toujours varié,
-
simplement les échelles de temps
de cette variation sont absolument capitales
-
pour savoir si c'est quelque chose
de désagréable ou pas.
-
Pour prendre un parallèle tout de suite,
-
vous avez deux manières de décélérer
de 100 km/h à 0 quand vous êtes en voiture.
-
La première c'est d’appuyer sur
la pédale de frein, ça prend 10 secondes.
-
La deuxième c'est de rentrer dans un mur,
ça prend quelques millisecondes,
-
le résultat n’est pas le même.
-
Eh bien, c'est exactement pareil
en ce qui concerne les variations du climat.
-
Le climat varie, il a toujours varié.
-
Simplement pour les variations qui sont
en train d'être mise en route en ce moment,
-
la question cruciale est celle
des échelles de temps
-
par rapport aux variations
spontanées du système.
-
Le climat peut varier pour plein de raisons.
-
Historiquement, au quaternaire,
-
la première raison
pour laquelle le climat a varié,
-
c'est que le système solaire n'est pas
un ménage à 2, très pacifique,
-
mais un ménage à 10, donc, très turbulent.
-
Et, en particulier, la terre est soumise
-
à la traction des grosses planètes
du système solaire, Jupiter et Saturne,
-
un peu moins Uranus et Neptune.
-
Et donc, l'ellipse que la terre décrit autour
du soleil n'est pas une ellipse régulière.
-
Elle a des petites variations
au cours du temps
-
et ces variations, c'est à la fois
une variation d'excentricité ;
-
elle est plus ou moins allongée ;
-
et une variations de l'inclinaison de l'axe
de rotation de la terre sur le plan de l’orbite,
-
c’est plus ou moins incliné.
-
Et quelque chose que vous allez
comprendre tout de suite
-
c'est que si l’axe était parfaitement perpendiculaire
au plan d'orbites on n'aurait jamais de saisons.
-
L'insolation serait la même tout au long
de l'année, donc, il y aurait pas de saisons.
-
Plus l’axe est incliné sur le plan d'orbites,
plus les saisons sont marquées.
-
Cette inclinaison est un des éléments
qui déterminent de manière capital
-
l'entrée ou pas en glaciation
à l'ère quaternaire.
-
Il y en a d'autres mais celui-là
joue de manière très forte.
-
Donc, le climat varie,
encore une fois, il a toujours varié.
-
Ce qui est en train de se passer
à l’anthropocène, c’est-à-dire aujourd'hui
-
avec l'homme qui est devenu
un agent climatique,
-
c'est que l'homme est en train
de devenir la première cause
-
de variations du climat
à l'échelle du siècle.
-
C'est ça qui est en jeu.
Alors, comment est-ce qu'on fait ça ?
-
On fait ça en augmentant
un phénomène parfaitement naturel
-
qui est là depuis des milliards d'années
qui s'appelle l'effet de serre.
-
L'effet de serre qui est un processus
qui a été identifié par Fourier,
-
Joseph de son petit nom,
il y a deux siècles maintenant ;
-
enfin, 1824, on y presque ;
-
est un effet qui est dû au fait que
vous avez dans l'atmosphère des molécules
-
qui sont parfaitement transparentes
au rayonnement solaire incident
-
et parfaitement opaques au rayonnement
infrarouge émis par la surface de la terre.
-
Si vous avez fait un peu de rayonnement
du corps noir avant de rentrer ici,
-
vous savez que le spectre d'émission
d'un corps dépend de sa température.
-
Alors, le soleil qui a une température
de surface à 6 000 kelvins,
-
nous envoie essentiellement
du visible et l'infrarouge proche.
-
La terre qui a une température de surface
qui est proche de 300 kelvins
-
émet essentiellement
des infrarouges lointains.
-
Eh bien, dans l'air,
vous avez plein de gaz ;
-
tous les gaz triatomiques
ou plus en gros
-
qui sont des gaz qui interceptent
les infrarouges terrestres.
-
Donc, la lumière du soleil,
-
ou le rayonnement solaire avec
les infrarouges visibles,
-
pardon, non visibles passent,
-
les infrarouge proches passent
à travers l'atmosphère ;
-
moins la part qui est réfléchie
par les nuages, la glace, etc. ;
-
est absorbée par le sol et le sol,
lui en réponse,
-
émet des infrarouges dans
des grandes gammes,
-
dans les longueurs d'onde
beaucoup plus importantes.
-
Ces infrarouges sont absorbés près
de la surface par les gaz à effet de serre
-
qui sont donc des opacifiant aux infrarouges
que l'atmosphère a en petites quantités
-
comme le permanganate
de potassium opacifie l'eau
-
quand vous en mettez
dans une baignoire.
-
Avec les émissions
de gaz à effet de serre,
-
nous augmentons l'opacité de l'atmosphère
au rayonnement infrarouge émis par la terre.
-
Donc, ce que nous allons faire, c'est que
nous allons confiner l'énergie près du sol
-
et, de ce fait, augmenter
la température d’équilibre du sol,
-
mais nous allons également corrélativement
refroidir la stratosphère
-
parce qu'il y a moins d'énergie
qui peut aller être absorbée,
-
moins de rayonnement qui peut aller
être absorbée dans la stratosphère.
-
Et ça vous explique tout de suite
une chose très simple, soit dit en passant,
-
c'est que si vous avez une température
près du sol qui augmente
-
et une température de
la stratosphère qui diminue,
-
vous augmentez le gradient
de température dans l'atmosphère
-
et donc vous augmenter la puissance
convective de tout ce qui convecte ;
-
je ne sais pas si on dit ça ; de tous
les mouvements convectifs dans l'atmosphère.
-
Et donc, les orages,
les tornades, les ouragans,
-
la pompe aspirante devient plus puissante.
-
Donc, c'est très logique que vous ayez
trouvé dans le dernier rapport du GIEC
-
que dans un monde qui se réchauffe,
la puissance des ouragans va augmenter.
-
C'est parfaitement normal,
c'est un truc qui est attendu.
-
On se pose également la question
pour les orages et les tornades,
-
comme je l’ai dit juste avant.
-
Ce réchauffement climatique,
-
il est donc provoqué par une augmentation
des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
-
et ces gaz peuvent s'accumuler
dans l'atmosphère, notamment le CO2,
-
pour une raison chimique de base.
-
C'est pas à vous que je vais apprendre que
le CO2 est un oxyde, dit oxyde de carbone.
-
C'est pas non plus à vous que
je vais apprendre
-
que vous ne pouvez pas le dissocier
chimiquement sans apport d'énergie.
-
Si vous tentez de faire pousser des plantes
dans un endroit dans un placard pas éclairé,
-
ça marche pas bien ;
-
peut-être que vous avez fait l'expérience ;
c'est sûr que ça marche pas.
-
Donc, la photosynthèse est
un processus endothermique,
-
vous avez besoin d'un photon,
-
vous avez besoin d'un apport d'énergie
qui va vous dissocier la molécule de CO2
-
parce que la liaison est très forte.
-
Et d'une façon plus générale, tous les oxydes
sur terre sont des molécules très stable.
-
Tous les minerais métalliques par exemple
se trouve sous forme d'oxydé
-
dès lors que le métal peut oxyder.
-
Donc, les oxydes étant
des molécules très stable ;
-
une fois qu'on a mis du CO2
dans l'atmosphère,
-
il n'y a pas de processus chimique
spontané d'épuration.
-
C'est la raison pour laquelle le CO2
peut s'accumuler dans l'atmosphère,
-
c'est qu'il n'y a pas de processus
chimique d'épuration.
-
Vous avez deux processus d'épuration.
-
L'un et physique,
-
c'est une dissolution dans l'océan,
ça se fait à la surface de contact,
-
c’est un équilibrage de pression partielle.
-
C'est un processus physique
-
et en plus c'est un processus qui
est ralenti quand le climat se réchauffe
-
parce que la capacité de l’eau à dissoudre
du CO2 diminue quand l'eau se réchauffe.
-
C'est un puits qui
va s'affaiblir avec le temps,
-
voire même qui pourrait se renverser.
-
Et vous avez un deuxième
processus d'épuration,
-
je viens de vous en parler,
c'est la photosynthèse.
-
Donc, le CO2 s'accumule
dans l'atmosphère
-
et à une constante de temps
qu'il faut garder en mémoire
-
parce que c'est absolument crucial
pour le débat sur le changement climatique.
-
Si demain matin on arrête
les émissions dans le monde,
-
eh bien, le surplus de CO2
que nous avons créé,
-
il n'y en a que 60 % qui sera
parti dans un siècle,
-
il en restera encore 20% dans
1 000 ans et 10% dans 10 000 ans.
-
Donc, vous avez un processus
fondamentalement irréversible
-
en ce qui concerne
le changement climatique.
-
C'est comme le vieillissement,
c'est fondamentalement irréversible.
-
Je peux pas me dire à mon âge,
« Ah ben merde, j'aurais pas dû faire l’X,
-
j’aurais dû faire l'Agro. Allez hop, reset.
Je me retrouve à 18 ans et je change de voie. »
-
Ça marche pas, d'accord ?
-
Donc, le changement climatique,
c'est exactement pareil.
-
À cause de cette constante de temps,
-
du temps de résidence d'un surplus
de CO2 dans l'atmosphère,
-
il n'existe pas de possibilité
de remise en état du système.
-
C'est une notion qui n'existe pas
dans le débat sur le changement climatique.
-
Donc, si un jour comme Petit Gibus on dit,
« Si j'avais su, j'aurais pas venu. »
-
Trop tard.
-
Et la seule garantie que
nous avons dans ce débat,
-
la seule en ce qui concerne
le changement climatique,
-
c'est que si un jour l'expérience
se met à nous déplaire pour de bon,
-
la seule garantie qu'on aura
à ce moment-là, c'est plus tard ce sera pire.
-
C'est important d'avoir ça en tête.
-
C'est parce qu'on n'est pas du tout
des animaux câblés
-
pour être capable de réagir
à ce genre de problème,
-
parce que je vous rappelle ;
et vous le savez à toutes les mensuels ;
-
nous sommes des animaux.
-
Alors, si je suis un tout petit
peu plus sérieux,
-
nous sommes des animaux, c'est-à-dire,
que nous sommes gouvernés par nos sens.
-
Notre rapport à l'environnement
se fait au travers de nos sens
-
et nos sens sont court-termistes
-
et instantanés, enfin, immédiat,
locaux et instantanée.
-
Donc, mes sens me permettent de dire
quelle est la température qui fait
-
dans cette pièce tout de suite, mes sens
ne permettent absolument pas de dire
-
quelle est la température qui fait
en Australie à l'instant où je vous parle
-
et encore moins la température
qui faisait en, je sais pas où,
-
à Vladivostok il y a six mois, d'accord ?
-
Mes sens ne me permettent pas de dire ça.
-
Ma cervelle oui,
-
c'est plus compliqué,
mes sens non.
-
Donc, tout ce qui relève
de la moyenne, du etc.,
-
c’est pas avec nos sens
qu'on peut l'approcher,
-
c'est avec une approche intellectuelle,
mais on n'est pas fait pour ça.
-
Et, par ailleurs, le mode
d'apprentissage qui a été le nôtre,
-
comme tous les animaux qui
sont gouvernés par leur sens,
-
c’est un mode essai-erreur.
-
Alors, le mode essai-erreur fonctionne
très bien dans les situations réversibles
-
sauf pour les quelques-uns qui font
une erreur tellement grave qu’ils y passent.
-
Ça a toujours été le cas dans tous
les représentants d'une espèce animale.
-
De temps en temps, il y en a
qui font une expérience
-
qu’ils auraient pas dû faire,
crac, ils y passent.
-
Les autres le voient, ils disent,
« Je vais peut-être pas faire la même chose. »
-
Mais, donc, vous avez
un apprentissage de type essai-erreur.
-
Mais tant que vous n'avez pas
droit à l'erreur, comment vous faites ?
-
Parce que dans cette affaire-là,
on aura qu'un seul essai.
-
Donc, on n'aura pas droit à l'erreur,
enfin, ou plus exactement
-
si on s'est trompé,
ben, après, perdu quoi.
-
Et c'est très difficile ; ça a l'air
de rien dit comme ça ;
-
mais c'est très difficile
de lutter contre ses sens
-
et de faire prévaloir la partie gauche
ou droite, je sais jamais, de sa cervelle,
-
c'est-à-dire, celle qui vous a permis
de rentrer ici. C’est très difficile.
-
Donc, le changement climatique
est un phénomène à très forte inertie.
-
Alors, pour vous donner
quelques ordres de grandeur
-
sur ce que ça veut dire
ce changement climatique.
-
Le premier ordre de grandeur qu'il faut
avoir en tête, c'est que 5 degrés,
-
que vous avez évidemment en tête
comme étant la fourchette haute ;
-
enfin, maintenant, on ne parle de 6 à 7 ;
du réchauffement climatique,
-
en fait c'est la même chose
que ce qui correspond
-
à une transition glaciaire
et interglaciaire.
-
Donc, quand la France
est passée d'un paysage
-
qui ressemblait au nord
de la Sibérie il y a 20 000 ans
-
à l'état qu'on lui connaissait
dans l'ère préindustrielle
-
et ont presque encore
maintenant il y a 10 000 ans,
-
eh bien, le climat ne se réchauffait
que de 5 degrés sur la planète.
-
Donc, 5 degrés en un siècle,
c'est un réchauffement 100 fois plus rapide
-
que celui qui a vu l'océan remonter
de 120 mètres en 10 000 ans,
-
les écosystèmes devenir
ce qu'on connaît aujourd'hui,
-
alors qu'ils étaient
ceux du nord de la Sibérie,
-
et une calotte de glace
de 3 kilomètres d'épaisseur
-
posé sur la Scandinavie
et le Canada disparaître.
-
5 degrés en 10 000 ans.
-
5 degrés en un siècle, c'est un chaos,
c'est un choc extrêmement violent.
-
Alors, dans les évolutions qualitatives
auxquelles il faut s'attendre.
-
D'abord, il faut savoir que la température
va pas monter de manière homogène.
-
L'inertie thermique
des continents étant plus faible,
-
elle montera plus vite
sur les continents que sur les océans.
-
Si vous avez un réchauffement global
de 2 degrés, ce sera 3 sur les continents.
-
Ensuite, ça va pas être vrai
également pour les extrêmes.
-
3 sur les continents, ça veut dire
5 à 6 pour les extrêmes.
-
Donc, c'est pas du tout
proportionnelle, cette affaire-là.
-
La deuxième chose qu'il faut savoir,
c'est que le réchauffement climatique
-
va globalement augmenter l'évaporation,
donc, augmenter les précipitations.
-
Par contre, la science la plus moderne
permet de dire deux choses,
-
c'est que ça sera encore
plus mal répartie qu'avant.
-
C'est-à-dire, ceux qui en ont beaucoup
en auront encore plus
-
et ceux qui en ont pas beaucoup
en auront encore moins.
-
Et donc, dans ceux qui n'ont pas beaucoup
qui en auront encore moins,
-
le pourtour du bassin méditerranéen va
s'assécher ; je vous signale qu'on est dedans.
-
Nous on est du mauvais côté
de la barrière dans cette histoire.
-
Les Anglais vont se faire inonder
plus souvent, les Scandinaves aussi
-
et la mousson sera plus violente.
-
Mais une mousson plus violente
sur des sols plus secs,
-
ça sera pas nécessairement très
intéressant pour les cultures indiennes.
-
L’indice de sécheresse des sols
va augmenter dans nombre de zones
-
et notamment en France.
-
Donc, on a toutes les chances
en France d'ici 2050,
-
c'est-à-dire quand
vous aurez mon âge,
-
que la sécheresse
que nous ayons connu cet été
-
soit l'état moyen des sols en France.
-
Ça va pas être terrible.
-
J’en vois un qui lève le sourcil.
-
Il est évident que dans ce genre de paysage,
une bonne partie des forêts disparaisse,
-
parce que nous avons aujourd'hui des arbres
qui ont quand même un peu besoin d'eau,
-
qui aiment pas trop quand il fait trop sec,
qui aiment pas trop quand il fait trop chaud
-
et qui aiment pas trop
les incendies non plus.
-
Et, par exemple en 2050,
-
la capacité de la forêt de Fontainebleau
a développé des incendies
-
sera la même que celle
des Landes aujourd'hui.
-
Dans les autres joyeusetés auxquelles
il faut s'attendre, l'océan va monter.
-
L’océan va monter pour deux raisons.
-
La première c'est que quand
vous chauffez l'eau, elle se dilate
-
et, donc, si vous chauffez l'eau
qui est dans une grande baignoire
-
sans toucher au fond,
le niveau de l'eau monte.
-
Mais c'est pas ça qui va faire
le plus monter l'eau.
-
Ce qui va faire le plus monter l'eau,
c'est l'atteinte aux calottes polaires.
-
Alors le Groenland a commencé
à fondre dès à présent
-
et, à partir de maintenant,
-
vous n'avez que des rétroactions
positives qui vont amplifier la chose.
-
La première rétroaction positive,
-
c'est que, comme vous le lisez
probablement dans la presse,
-
l'étendue de la banquise a tendance
à diminuer de plus en plus.
-
Or quand la banquise disparaît,
vous remplacez une surface très réfléchissante
-
par une surface très absorbante
pour le rayonnement solaire
-
et, donc, la température qui environne
la calotte groenlandaise
-
a tendance à s'élever encore plus vite.
-
La deuxième chose c'est que la fonte
de la calotte est une fonte de surface.
-
C'est pas des icebergs
qui se déversent dans la mer,
-
pour l'essentiel
c'est une fonte de surface.
-
Après, l'Antarctique de l'ouest,
c'est autre chose, je vous en parlerai.
-
Comme c'est une fonte de surface,
quand ça fond,
-
le niveau de la calotte, l'altitude maximale
de la calotte baisse un peu
-
et du coup vous vous rapprochez
d'un air ambiant qui est un peu plus chaud,
-
puisque quand vous descendez
en altitude, vous savez que,
-
à cause de la détente adiabatique,
la température augmente.
-
Et donc, la température
environnante augmente.
-
Dernier point,
-
la surface du Groenland est couverte
de poussières qui sont amenés par le vent.
-
Quand vous êtes dans un processus dans lequel
vous avez accumulation annuelle de poussière ;
-
mais de neige qui recouvre
la poussière, c'est pas grave.
-
Mais quand la neige se met à fondre,
-
à ce moment les poussières sont
concentrées en surface
-
et elles augmentent aussi d'albédo,
-
c'est-à-dire, la capacité d'absorption
du rayonnement solaire de la calotte.
-
Il y a que de rétroactions
positives dans cette affaire.
-
Donc, d'ici à ce que l'humanité s'éteigne,
enfin, non quelques siècles,
-
le Groenland va continuer à fondre
-
et ça c'est n'importe quoi entre
3 et 6 mètres d'eau dans l'océan,
-
quelques siècles.
-
De l'autre côté, il y a une instabilité
majeure qui a été mise en lumière
-
par la communauté scientifique,
il y a maintenant quelques années,
-
qui est celle de l'Antarctique de l'ouest.
-
Alors l'Antarctique de l'ouest ; alors,
il n'y a pas d'ouest en Antarctique
-
puisque c'est centré sur
le pôle sud normalement ;
-
l'Antarctique de l'ouest, c'est la partie
de l'Antarctique qui regarde le Chili
-
qui est en face du cap Horn,
-
vous savez avec cette espèce
de grand doigt-là
-
qui remonte vers le vers le Chili.
-
C'est une partie qui est détachée
de l'Antarctique de l'est
-
par deux indentations qui sont
les mers de Ross et de Weddell
-
et elle porte cette Antarctique de l'ouest
une calotte qui est posée
-
sur un socle rocheux
totalement sous-marin,
-
en déclivité
-
et c'est un vaste système de glaciers
en arcs-boutants les uns sur les autres.
-
Et les arcs-boutants terminaux,
-
c'est les glaciers qui
se déversent dans la mer.
-
Alors, tant que ces glaciers qui
se déversent dans la mer
-
se déversent pas trop vite,
ils jouent leur rôle d'arc-boutant
-
par rapport aux glaciers
qui sont au-dessus.
-
À partir du moment où ces glaciers
qui se déversent dans la mer
-
se déverse beaucoup plus vite, et c'est ce qui
est en train de leur arriver en ce moment,
-
les arcs-boutants finaux sont fragilisés et
tout peut s'écrouler comme un château de cartes.
-
En combien de temps ?
-
Il y a trois ans, il y a un papier qui a fait
grand bruit qui est sorti dans Science
-
qui disait en quelques siècles
dès qu'on a passé 2 degrés.
-
Donc, dès que le réchauffement dépasse, --
-
dès que la terre est sur
une trajectoire de réchauffement
-
qui dépasse les 2 degrés en 2100 ;
-
ce qu'on est évidemment parti pour faire ;
-
eh bien, le risque
de déstabilisation existe.
-
Et la science la plus récente dit maintenant,
-
« Quelques siècles ? On sait pas. »
Ça peut être plus court que ça.
-
Et là, il y en a pour 6 mètres d’eau.
-
Donc, 6 plus 3 plus la dilatation,
-
on est en train de jouer en ce moment ;
ça va pas arriver la semaine prochaine
-
mais, le doigt sur la gâchette,
c'est tout de suite ;
-
on est en train de jouer en ce moment avec
10 mètres d’eau en plus dans l'océan mondial.
-
10 mètres d’eau en plus,
vous n'avez plus une ville côtière,
-
vous avez plus, enfin, si vous avez
des villes côtières surélevées ;
-
donc, si vous êtes en haut de la montagne
où il y a la bonne mère,
-
Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille,
vous n'êtes pas inondé ;
-
mais il y a plus un port.
-
Donc, c'est parfait, les routes
maritimes seront ouvertes
-
parce qu'il y a plus de banquise,
-
mais il n'y a plus de port pour partir
et arriver, ça posera un petit problème.
-
Vous avez énormément d'installations
qui sont situées en bord de mer
-
et vous avez évidemment,
ce que vous savez,
-
énormément de plaines alluviales
qui sont des endroits majeurs
-
pour l'alimentation humaine.
-
Le delta du Nil, le delta du Gange, enfin,
je vous en passe et des meilleures.
-
Donc, tout ça, et bien avant que
ça fasse dix mètres,
-
ça sera salinisé à cause
de la pression osmotique
-
parce que, quand la mer monte,
-
ça vous salinise les nappes phréatiques
qui sont situées en dessous.
-
Toujours dans les joyeusetés,
-
vous allez avoir une pression
supplémentaire sur les écosystèmes,
-
mais, enfin, il faut bien voir que
la première pression sur les écosystèmes,
-
c’est 8 milliards de bonhommes,
-
de très, très loin.
-
Parce que la première pression sur
les écosystèmes et la biodiversité,
-
c'est la perte d'habitat, et la première
cause de perte d'habitat,
-
c'est la suppression des écosystèmes
installés pour faire des cultures.
-
Donc, on a deux problèmes
si on aime bien la biodiversité
-
qui s'appelle la taille de la population
et son régime alimentaire.
-
Donc, on a deux sujets de préoccupation
si on aime bien la biodiversité
-
qui s'appelle le planning familial
et manger moins de viande.
-
C'est à peu près ça
les déterminants de l’affaire.
-
Toujours dans les conséquences,
vous allez évidemment avoir après
-
des conséquences sociales
et politiques à large échelle.
-
Alors, dans le dernier rapport du GIEC,
Changement climatique et terres ; --
-
Qui l’a lu ici ?
-
Vous êtes tous virés.
-
Vous êtes à l’Agro et vous avez pas lu ça ?
C’est un scandale.
-
Non, mais je plaisante pas, si je plaisante,
mais, quand même, c'est un scandale.
-
Si vous avez une lecture à avoir
dans l'école dans laquelle vous êtes,
-
c'est celle-là pardon.
-
Donc, lisez le résumé pour décideurs,
Changement climatique et terres,
-
ça fait 35 pages, vous devriez y arriver.
-
C'est vraiment un truc est absolument crucial
compte tenu de la filière qui est la vôtre.
-
Dans le dernier rapport du GIEC,
Changement climatique et terres,
-
le GIEC dit à partir de
3 à 4 degrés de réchauffement,
-
il y a de l'insécurité alimentaire
généralisée sur la planète.
-
Alors, vous vous rappelez
peut-être de 1789.
-
Est-ce que vous savez
ce qui s'est passé en 1788 ?
-
Ah, ça c'est bien, vous savez.
-
Un demi million à un million de morts.
-
Vous avez entendu parler
du printemps arabe.
-
Est-ce que vous savez
ce qui s'est passé juste avant ?
-
Inflation alimentaire intolérable.
-
C'est ça qui s'est passé juste avant
-
dans des pays qui sont
en insuffisance alimentaire locale.
-
C’est des pays qui sont obligés
d'importer leur nourriture ;
-
l’Égypte, la Tunisie ;
-
et ça va en augmentant parce que
le bassin méditerranéen s’assèche
-
alors que la population croît
-
et les importations agricoles ont des prix
-
qui varient très largement
comme ceux du pétrole.
-
En 2010, très forte remontée
des prix du pétrole.
-
Donc, les pays qui importent
de la nourriture
-
voient leur facture alimentaire augmenter.
-
Mai 2010, on est dans l'aftermath
de la crise de 2009
-
et les touristes restent chez eux.
-
Donc, les recettes
à l'exportation de ces pays ;
-
l’Égypte et la Tunisie ;
se sont cassées la gueule.
-
Moins de recettes, plus de charges.
-
On n'est pas capable
de compenser budgétairement,
-
enfin, de compenser le prix
de la nourriture pour les gens
-
qui sont dans les trois, quatre,
cinq premiers déciles de revenus
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qui vivent avec un dollar par jour
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et c'est l'émeute parce qu'ils ont
pas de quoi s'acheter à manger.
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Et, en fait, des émeutes de la faim
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au moment où le prix du pétrole
est repassé par des sommets,
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vous en avez eu dans plein
d'endroits dans le monde.
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Alors, aujourd'hui, on est encore
avec une agriculture très productive,
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des combustibles fossiles de partout,
des engrais de partout, etc.
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Tout ça n'est pas éternel.
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Il est évident que quand vous aurez
une agriculture avec des sols plus secs
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et des intrants en quantités
moins disponibles
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avec une population censée
être plus nombreuses ;
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oui, d'accord on lève
le sourcil une deuxième fois ;
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c'est pas complètement sûr que
tout ça va être un long fleuve tranquille.
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Et donc, il y a également des instabilités
politiques qui sont à la clé
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et, donc, dans les risques
du réchauffement climatique,
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vous en avez aussi un
qui s'appelle la dictature,
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et même en France.
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La démocratie en France, c'est récent.
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Pendant les milliers d'années que
notre pays a hébergé des hommes,
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il s'est passé un siècle en démocratie.
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Donc, c'est court et c'est pas éternel.
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Je suis pas en train de dire
que je souhaite sa disparition,
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je suis juste en train de dire
c'est pas éternelle
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parce que c'est un système fragile
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et c'est notamment un système fragile
parce que c'est un système court-termiste.
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C’est pas moi qu'il a dit,
c'est monsieur Tocqueville
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il y a deux siècles
et il s'était pas trop trompé.
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Le changement climatique,
c'est un processus à large échelle.
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L'insécurité sur
l'approvisionnement énergétique,
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c'est aussi un processus à large échelle.
Alors, je vais finir par ça.
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Dans cette affaire-là ; donc, à ce stade,
vous avez compris plusieurs choses ;
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si on a été capable de mettre tout le monde
en ville avec une agriculture très productive,
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c'est grâce à l'énergie.
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Cette énergie fait qu'on a
été capable de monter
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à 8 milliards d'hommes bien nourris,
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raisonnablement sauf quelques
endroits sur terre,
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parce que justement on a été capable
de rendre l'agriculture
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beaucoup plus productive alors que
la terre n'a pas augmenté de diamètre ;
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c'est toujours la même surface qu'il y a –
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la dérive des continents n'a pas fait
apparaître une quantité
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de surfaces cultivables supplémentaires
majeures en deux siècles.
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Vous comprenez également
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qu'on a un tout petit sujet
avec l'instabilité climatique.
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Alors, l'agriculture contribue, soit dit
en passant, au réchauffement climatique
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puisque dans les émissions
de gaz à effet de serre
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à peu près un tiers, si je prends
en compte la déforestation,
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vient du secteur agricole.
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Alors les émissions de gaz
à effet de serre concernés,
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vous les trouvez dans
la déforestation, c'est 10% sur 30%
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et le reste c'est les émissions
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ou les émanations, plus exactement,
de méthane des rizières.
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Vous savez que dans les rizières,
vous avez de la décomposition anaérobie
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de résidus organiques à l'abri
de l'oxygène de l'air.
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Ça vous fait du méthane
comme dans les marécages.
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C'est la fermentation entérique des bovins ;
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les cochons ont quatre estomacs,
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dégueulasse,
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sauf quand on en fait des tripes ;
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et c'est les déjections
animales pour partie
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et enfin c'est la réduction
des nitrates qui s'opèrent
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quand vous épandez des engrais azotés
dans les champs et qui vous produit
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un gaz qui s'appelle du N2O,
du protoxyde d'azoté
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qui est aussi le gaz qu'on vous a
peut-être fait respirer
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quand vous étiez gamin l'hôpital.
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Un gaz hilarant qui est
un anesthésiant léger.
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Donc, l'agriculture au travers
de toutes ces émissions-là
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contribuent au réchauffement climatique et
les émissions directes du secteur agricole,
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c'est 20 % des émissions
de gaz à effet de serre.
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C'est autant que les centrales
à charbon dans le monde.
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Ce n'est pas
complètement négligeable.
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C'est peut-être plus indispensable que
les centrales à charbon, soit dit en passant,
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mais c'est quand même 20%.
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Donc, l'agriculture a un lien avec
l'énergie et le changement climatique
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qui est extrêmement intime.
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Sa productivité vient de l'énergie ;
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le fait qu'on ait pu mettre les gens
bien nourris dans les villes, c'est l'énergie.
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L'agriculture contribue
au changement climatique
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et le changement climatique en retour
va faire du mal à l'agriculture,
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globalement.
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Donc, voilà le paysage
dans lequel on est
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et comme j'ai pas de slide,
je m'arrête là.
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Donc, maintenant, place aux questions
et la bonne question évidemment c'est :
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Qu'est-ce qu'on fait ?