La vraie démocratie, le tirage au sort - Etienne Chouard (Montpellier, 14 mars 2012)
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0:18 - 0:24Une vraie Démocratie
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0:24 - 0:30Merci, merci d'être là. Je suis en train d'arpenter le pays
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0:30 - 0:35à faire des conférences sur un sujet sur lequel je travaille
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0:35 - 0:40depuis six ans, et je suis sur un chantier qui devrait...
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0:40 - 0:48... je pense qui devrait vous intéresser, qui est très mal traité dans nos médias ;
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0:48 - 0:53qui est pourtant un sujet apparemment galvaudé qui est celui de la démocratie.
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0:53 - 1:03Et... À l'occasion du débat référendaire de 2005, et donc en étudiant
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1:03 - 1:08ce qui s'est avéré être à l'étude une anti-Constitution,
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1:08 - 1:13puisque le traité consitutionel européen est en fait une anti-Constitution,
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1:13 - 1:17c'est-à-dire un texte qui sert à détruire les Constitutions nationales.
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1:17 - 1:20Je vais vous expliquer un petit peu ce que je veux dire quand je dis ça.
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1:20 - 1:29En étudiant une anti-Constitution, je me suis réveillé.
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1:29 - 1:31C'est-à-dire que j'étais politiquement complètement endormi,
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1:31 - 1:36j'étais comme la plupart d'entre nous un électeur, sans engagement,
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1:36 - 1:42sans parti, sans syndicat, même sans association.
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1:42 - 1:49Je m'occupais de mes petites affaires comme la plupart des gens. Et, en 2005,
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1:49 - 1:55le débat référendaire... à l'occasion d'une anecdote qui a tourné les regards sur moi,
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1:55 - 2:00et je dis pas ça pour parler de moi,
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2:00 - 2:03je dis ça parce que je réfléchis maintenant aux institutions qui sont capables
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2:03 - 2:05d'opérer la même chose que ce qui s'est passé chez moi
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2:05 - 2:07chez un plus grand nombre de personnes,
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2:07 - 2:11et les Athéniens faisaient ça très bien. C'est-à-dire que les humains sont sensibles,
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2:11 - 2:14la plupart des humains sont sensibles au regard des autres.
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2:14 - 2:19Nous sommes animés par le... souvent, nous sommes animés
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2:19 - 2:23par ce que les autres attendent de nous et nous sommes retenus,
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2:23 - 2:26nous considérons souvent comme une limite le regard suspicieux
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2:26 - 2:30ou réprobateur des autres. C'est-à-dire que le regard des autres,
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2:30 - 2:36bienveillant ou réprobateur, nous aide à nous conduire bien ou mal.
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2:36 - 2:40Et c'est ça qui s'est passé je pense, pour moi, en partie.
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2:40 - 2:43Enfin, pour ce qui est de mon ressort pour agir,
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2:43 - 2:46faire de la politique, essayer de comprendre, me mettre à travailler pour le bien commun.
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2:46 - 2:54Et finalement, après l'intense émotion
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2:54 - 3:02que j'ai vécue pendant deux mois, trois mois, pendant la période référendaire
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3:02 - 3:10mars-avril-mai-juin 2005. Je me suis pas arrêté,
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3:10 - 3:16c'est-à-dire que pendant trois mois on a contesté l'anti-Constitution européenne.
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3:16 - 3:19On en parlera un petit peu, peut-être, sur les questions si vous avez...
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3:19 - 3:22Je vais essayer, j'ai du mal, hein, je vais essayer d'être court
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3:22 - 3:25pour qu'on ait de la place pour les échanges,
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3:25 - 3:28parce que moi je viens chercher des choses aussi, hein, auprès de vous.
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3:28 - 3:32Le piège politique
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3:32 - 3:38Donc après avoir critiqué une anti-Constitution,
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3:38 - 3:50qui était la Constitution européenne, je me suis demandé : qu'est-ce qu'on fait à la place ?
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3:50 - 3:53Est-ce qu'on peut construire quelque chose à la place ?
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3:53 - 3:57Et donc j'ai eu plusieurs chantiers qui se sont mis en place dans ma tête.
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3:57 - 4:07Je cherche à... décrypter, détailler les éléments du piège politique
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4:07 - 4:12dans lequel nous sommes à peu près partout dans le monde.
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4:12 - 4:14Nous sommes dans un piège politique qui a des caractéristiques communes
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4:14 - 4:18dans tous les pays du monde ; notamment en inversant le sens des mots,
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4:18 - 4:24en inversant carrément le sens des mots comme Orwell le signalait dans « 1984 ».
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4:24 - 4:28Vous savez, Big Brother et la novlangue privaient les gens
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4:28 - 4:31qu'ils voulaient dominer de la possibilité même de résister
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4:31 - 4:34en inversant le sens des mots et en supprimant carrément les mots
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4:34 - 4:39qui permettent de désigner le problème, on nous affaiblit.
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4:39 - 4:42Et il y a un vrai travail à faire, que nous devrions tous faire,
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4:42 - 4:47sur la réappropriation du vrai sens des mots
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4:47 - 4:50qui contiennent les solutions et que nous ne savons plus même voir
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4:50 - 4:55parce que nous leur donnons un sens inversé.
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4:55 - 5:03Et puis, et puis je travaille aussi sur une alternative, je cherche...
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5:03 - 5:08Ah ben voilà ! C'est gentil. Ça marche ça ? Vous m'entendez bien ?
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5:08 - 5:14Je cherche de façon constructive, réaliste, pas du tout utopique,
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5:14 - 5:20je cherche à instituer, à imaginer un système d'institutions
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5:20 - 5:23qui, enfin, nous protégerait contre les abus de pouvoir.
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5:23 - 5:28Donc en fait l'épine dorsale de tout mon travail, c'est... - l'épine dorsale
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5:28 - 5:33ou le fil d'ariane - de tout ce que je fais en matière politique depuis six ans,
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5:33 - 5:40c'est... Quelles sont les causes des abus de pouvoir ? Qu'est-ce qui rend possibles
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5:40 - 5:49les injustices sociales ? Et je vais vous exposer là où j'en suis
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5:49 - 5:53dans ce chantier ; et puis comment est-ce qu'on peut faire
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5:53 - 5:57pour s'en protéger efficacement et durablement ? Et là aussi
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5:57 - 6:05je crois que j'ai... je trouve des pistes, c'est-à-dire en cherchant je trouve...
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6:05 - 6:11Mais je viens pas avec une pensée finie, bouclée, terminée, un paquet... Je viens rien vous vendre,
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6:11 - 6:14parce que je suis candidat à rien. Il y a des tas de gens qui me demandent de me présenter.
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6:14 - 6:17Il n'en est juste absolument pas question.
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6:17 - 6:24Je refuse même l'idée d'exercer un pouvoir comme on refuse de se droguer.
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6:24 - 6:26Je sais bien que si je me droguais ce serait délicieux,
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6:26 - 6:28je vois bien que les gens qui se droguent sont dans un monde,
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6:28 - 6:31mais en même temps je sais que c'est super dangereux, donc je me drogue pas.
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6:31 - 6:35Eh bien, c'est pareil avec le pouvoir. Je veux rester lucide,
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6:35 - 6:41essayer de servir à quelque chose sans m'abîmer.
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6:41 - 6:44Quand on étudie l'histoire des hommes, il y a pratiquement pas d'exception :
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6:44 - 6:47le pouvoir corrompt, le pouvoir change les gens en mal ;
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6:47 - 6:54l'argent aussi, mais le pouvoir corrompt... Voilà donc je viens pas
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6:54 - 6:57en essayant de vous convaincre, je compte pas les voix,
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6:57 - 7:01mais par contre je crois que nous avons tous besoin
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7:01 - 7:04les uns des autres pour mettre en place et pour vouloir
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7:04 - 7:10l'idée que je vais défendre et qui à mon avis peut marcher.
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7:10 - 7:14Il s'agit d'instituer une vraie démocratie.
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7:14 - 7:20Chercher la cause des causes
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7:20 - 7:23Ce sur quoi je voudrais me concentrer c'est :
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7:23 - 7:26qu'est-ce que c'est qu'une Constitution ?
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7:26 - 7:30Quel rapport y a-t-il avec les injustices sociales ?
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7:30 - 7:36En quoi ces injustices sociales, les combats contre les injustices sociales
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7:36 - 7:41sont de nature à nous diviser si nous nous occupons des conséquences
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7:41 - 7:44au lieu de nous occuper des causes ?
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7:44 - 7:49Et qu'est-ce qu'il faudrait changer pour que nous ayons enfin
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7:49 - 7:54une vraie Constitution ? Alors, moi je suis un bizu en politique
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7:54 - 7:57- donc ça fait cinq-six ans que je fais de la politique -
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7:57 - 8:01et je suis amené à côtoyer des résistants, des vieux résistants
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8:01 - 8:05qui ont quarante ans de vie politique. Tous les mercredis
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8:05 - 8:12ils vont distribuer des tracts sur les marchés, ils font des réunions sans arrêt,
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8:12 - 8:16ils réfléchissent sans arrêt au bien commun depuis des dizaines d'années.
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8:16 - 8:21Chacun son secteur, j'observe, chacun son secteur. Celui-là a fait une priorité,
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8:21 - 8:28parce que ça lui semble vraiment décisif, essentiel, il a fait une priorité des injustices dans l'entreprise.
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8:28 - 8:32Ce droit injuste qui donne tous les pouvoirs au propriétaire dans l'entreprise
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8:32 - 8:36et quasiment aucun pouvoir ou très peu aux salariés qui n'ont que leur force de travail,
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8:36 - 8:39pour lui c'est essentiel, et il se bat contre ça.
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8:39 - 8:45Il essaie d'améliorer la situation des travailleurs dans les entreprises.
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8:45 - 8:47Mais tel autre militant, qui lui aussi se donne beaucoup de mal,
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8:47 - 8:51travaille sur l'écologie, les catastrophes écologiques
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8:51 - 8:55qui sont de plus en plus menaçantes. Et pour lui... celui-là c'est le nucléaire
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8:55 - 8:59qui lui paraît le danger le plus gravissime ; cet autre, ce sont les OGMs, etc.
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8:59 - 9:05Je détaille pas. Ce que je veux dire, c'est que je rencontre
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9:05 - 9:11des centaines de personnes qui ont chacun une spécialisation
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9:11 - 9:19dans la résistance en prenant à bras le corps une injustice sociale - c'est le mot que j'utilise
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9:19 - 9:27pour regrouper toutes ces résistances - une injustice sociale contre laquelle ils se battent,
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9:27 - 9:31sur laquelle il devient expert, il devient très savant sur les mécanismes de l'injustice
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9:31 - 9:40et la rouerie de ceux qui l'animent, et souvent il est amené
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9:40 - 9:46à considérer comme un ennemi, et ça ça m'étonne, à considérer comme un ennemi un autre résistant
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9:46 - 9:51qui se bat lui aussi contre une injustice sociale qui a rien à voir,
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9:51 - 9:55mais qui est importante aussi. Par exemple, l'exemple qui me vient à l'esprit
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9:55 - 10:00quand je vous dis ça, c'est le militant anti-nucléaire, qui est vraiment...
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10:00 - 10:08... qui a une perception d'un danger imminent, vital, hyper urgent donc,
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10:08 - 10:15en a fait une absolue priorité, et ce militant, quand il va être côte à côte
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10:15 - 10:21avec un autre militant qui lui se bat contre le fascisme financier,
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10:21 - 10:27la prédation financière, et qui en fait, lui, sa priorité absolue,
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10:27 - 10:32mais qui est pro-nucléaire, parce qu'il considère que le nucléaire c'est le progrès,
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10:32 - 10:36c'est... Bon pour l'instant c'est sale mais ça finira par être propre...
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10:36 - 10:41Ils peuvent se haïr ces deux-là, ils peuvent se haïr au dernier degré,
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10:41 - 10:48alors que de mon point de vue, ils sont tous les deux des résistants
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10:48 - 10:51relativement héroïques, tout seuls dans leur coin, ils y passent tout leur temps,
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10:51 - 10:55toute leur énergie, et leur combat vaut la peine
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10:55 - 11:00de part et d'autre. Et leur désaccord mériterait un débat, une discussion
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11:00 - 11:02et puis on votera, on fera un référendum, on verra quoi, hein ;
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11:02 - 11:04pas de quoi s'empailler au moment de résister.
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11:04 - 11:08Alors, ce que je veux dire, c'est... Je pourrais développer là-dessus mais je vais résumer.
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11:08 - 11:17Ce que je veux dire c'est que tous ces résistants ont un point commun,
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11:17 - 11:22c'est qu'ils se battent sur ce que j'analyse, moi, comme des conséquences.
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11:22 - 11:29Les conséquences d'une cause qui elle est commune.
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11:29 - 11:33Je pense que toutes ces injustices sociales, j'analyse ça comme ça,
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11:33 - 11:35donc, peut-être que je me trompe, hein, je suis pas omniscient ;
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11:35 - 11:39mais il me semble, moi, que toutes ces injustices sociales
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11:39 - 11:45ont un point commun, une cause commune qui est notre impuissance politique.
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11:45 - 11:50Notre... Et vous êtes concernés, comme moi, je crois, sauf si vous êtes...
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11:50 - 11:55... même si vous êtes parlementaires. Notre impuissance politique générale
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11:55 - 12:03est je trouve une cause commune de la difficulté
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12:03 - 12:06que nous avons à résister à toutes les injustices sociales,
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12:06 - 12:12pratiquement toutes. Et si vous voulez, je suis une méthode
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12:12 - 12:15qui est précieuse, et je pense qu'elle me servira toute ma vie,
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12:15 - 12:17j'ai découvert ça, je trouve que c'est très très utile,
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12:17 - 12:21j'ai découvert un conseil d'un gars qui s'appelait Hippocrate,
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12:21 - 12:24dans l'Antiquité, qui était médecin, et qui disait... Il a résumé
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12:24 - 12:27une idée qu'il nous a léguée, qu'il nous a laissée, qui est très utile,
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12:27 - 12:31très logique, très pratique, très pragmatique.
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12:31 - 12:35Il nous a laissé juste ces quelques mots : « Cherchez, disait Hippocrate,
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12:35 - 12:39cherchez la cause des causes. » Et puis il est mort, il a disparu
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12:39 - 12:43mais il nous a laissé ça. « Cherchez la cause des causes. »
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12:43 - 12:46Et c'est très malin ça je trouve. C'est-à-dire que...
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12:46 - 12:53On peut prendre un ou deux exemples : on ne soigne pas une maladie
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12:53 - 12:56en s'en prenant aux symptômes ; tout le monde comprend ça je crois.
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12:56 - 13:00On soigne une maladie en cherchant la cause de la maladie
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13:00 - 13:03et en s'en prenant à la cause, on règle la maladie.
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13:03 - 13:05Et s'il y a plusieurs causes, ce qui est souvent le cas,
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13:05 - 13:08pratiquement tout est multifactoriel, s'il y a plusieurs causes,
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13:08 - 13:11on ne s'attaque pas à n'importe quelle cause, on essaie de remonter
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13:11 - 13:17vers la source, c'est une autre image, on essaie de remonter vers la source
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13:17 - 13:21pour prendre la causalité première, pour détecter et se débarrasser
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13:21 - 13:26de la causalité déterminante, qui détermine les autres.
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13:26 - 13:33Et j'ai bien intégré ça. J'ai intégré cette méthode de recherche
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13:33 - 13:36et c'est elle que j'utilise. Donc quand je regarde toutes ces injustices sociales,
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13:36 - 13:39je me contente pas de me bagarrer sur la corruption.
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13:39 - 13:43J'essaie de trouver la cause de la corruption.
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13:43 - 13:45Je me bagarre pas contre les banquiers qui sont en train de nous ruiner.
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13:45 - 13:49J'essaie de comprendre qu'est-ce qui fait que ces banquiers
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13:49 - 13:53ont le pouvoir et moi aucun. Vous comprenez ce que je veux dire ?
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13:53 - 13:58Je m'en prends pas au banquier en disant : « Il est mauvais alors que nous sommes bons. »
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13:58 - 14:01Pas du tout. Je raisonne pas dans ces termes. J'essaie de comprendre
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14:01 - 14:08quelle est la cause, la cause principale de mon impuissance politique.
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14:08 - 14:11Et je raisonne bien sûr en commun puisque je raisonne pour la cité,
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14:11 - 14:13pour notre corps social.
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14:13 - 14:18Une vraie Constitution
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14:19 - 14:22Quand on sort des études de droit, on a l'impression
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14:22 - 14:25que la Constitution... On sait que c'est un outil qui protège les gens,
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14:25 - 14:31mais je pense qu'on le sait pas assez bien, et puis surtout ce qui est pas bien
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14:31 - 14:34c'est qu'on ne l'enseigne que dans les facs de droit.
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14:34 - 14:41Je pense que tous les citoyens devraient savoir, mais depuis l'âge le plus tendre,
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14:41 - 14:44depuis le plus jeune âge, les gens devraient apprendre
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14:44 - 14:52ce qu'ils ont à gagner et à perdre à avoir une bonne ou une mauvaise Constitution.
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14:52 - 14:55Alors je vous explique en deux mots : l'idée de la Constitution elle est simple,
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14:55 - 15:01elle est simple et elle géniale. Elle est faite pour nous sauver.
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15:01 - 15:03On a besoin de ça, c'est ça dont on a besoin aujourd'hui
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15:03 - 15:06- je referai tout à l'heure, je reviendrai sur le lien avec nos problèmes -.
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15:06 - 15:10Mais pour le dire en deux mots, dire ce que nous devrions expliquer à nos enfants
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15:10 - 15:14quand ils sont petits, mais ce que nous devrions
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15:14 - 15:20ensuite entretenir dans notre esprit, entre nous, pour pas perdre de vue l'essentiel.
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15:20 - 15:25Si je mets le peuple en bas, le groupe d'humains qui veut faire société,
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15:25 - 15:30qui tant qu'il n'a pas le droit écrit, donc l'État de droit,
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15:30 - 15:34se tape sur la figure et vit des moeurs brutales,
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15:34 - 15:38et qui pour se pacifier, il y a à peu près 2500 ans d'ailleurs,
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15:38 - 15:44pour se pacifier, décide de se soumettre à un droit
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15:44 - 15:48qui va lui être supérieur et qui va empêcher les plus forts, en gros,
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15:48 - 15:54d'imposer « leur loi » entre guillemets ; qui, précisément, n'est pas une loi.
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15:54 - 15:56La loi du plus fort c'est pas une loi, c'est une vue de l'esprit.
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15:56 - 16:04En tout cas, pour éviter que les plus forts n'abusent des autres,
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16:04 - 16:08la collectivité humaine met en place un droit, donc des règles écrites
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16:08 - 16:12qui sont produites, qui sont écrites par des pouvoirs
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16:12 - 16:20qui sont au-dessus de nous... Donc nous consentons à mettre en place,
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16:20 - 16:23on dit « instituer », des pouvoirs qui vont avoir
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16:23 - 16:30le pouvoir très important pour nous de produire du droit auquel on va consentir,
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16:30 - 16:32très important mais en même temps très dangereux.
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16:32 - 16:35C'est-à-dire que ces pouvoirs que nous acceptons de mettre au-dessus de nous,
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16:35 - 16:41ils sont à la fois très utiles et très dangereux.
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16:41 - 16:44Alors, compte tenu de ça, très tôt les humains,
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16:44 - 16:46mais il y a des milliers d'années déjà, les humains,
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16:46 - 16:49compte tenu de ce danger, parce qu'ils sont pas fous,
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16:49 - 16:55ils ont prévu des règles qui sont au-dessus de ces pouvoirs,
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16:55 - 17:00des règles supérieures qui s'imposent à ces pouvoirs pour nous protéger.
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17:00 - 17:05Ces règles supérieures s'appellent le droit du droit, s'appellent la Constitution.
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17:06 - 17:13La Constitution, c'est du droit, mais c'est du droit supérieur
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17:13 - 17:16qui est chargé d'inquiéter les pouvoirs, de les affaiblir,
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17:16 - 17:20d'affaiblir les pouvoirs pour nous protéger, nous.
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17:20 - 17:26Ça, un enfant le comprend. Un enfant devrait le savoir.
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17:26 - 17:30Un adulte aussi le comprend. Nous devrions être pétris
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17:30 - 17:38de cette organisation protectrice et nous devrions défendre
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17:38 - 17:46cette idée précieuse, protectrice, apaisante qu'est une Constitution.
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17:46 - 17:52Attention ! Une vraie Constitution, pas une fausse.
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17:52 - 17:55On va voir que ceux que j'appelle les « voleurs de pouvoirs » sont champions
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17:55 - 17:58pour inverser les mots, y compris le mot « Constitution ».
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17:58 - 18:00C'est-à-dire qu'ils sont champions pour appeler Constitution
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18:00 - 18:03ce qui est en fait exactement le contraire,
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18:03 - 18:06parce que c'est pas parce que vous mettez un texte que vous êtes débarrassé du problème.
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18:06 - 18:10Il faut que ce texte, je répète, le texte supérieur...
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18:10 - 18:12Il faut pas seulement qu'il organise les pouvoirs.
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18:12 - 18:14Les pouvoirs n'ont pas besoin de nous pour s'organiser.
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18:14 - 18:17Une Constitution ça sert pas à organiser les pouvoirs.
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18:17 - 18:22Une Constitution ça sert à affaiblir les pouvoirs, à inquiéter les pouvoirs
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18:22 - 18:26pour nous protéger, pour protéger tout le monde de tous les abus de pouvoir,
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18:26 - 18:29pour nous protéger tous, à tout moment, riches, pauvres, jeunes, vieux,
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18:29 - 18:33pour nous protéger tous d'un maximum d'abus de pouvoir,
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18:33 - 18:41il y a la Constitution. Une fois qu'on a compris ça,
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18:41 - 18:47normalement, on est tout prêt à comprendre que la personne
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18:47 - 18:51qui va écrire, les personnes qui vont écrire ce texte supérieur
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18:51 - 18:54chargé d'inquiéter le niveau de ceux qui vont produire le droit,
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18:54 - 18:59c'est-à-dire les parlementaires, les juges, les ministres, les présidents,
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18:59 - 19:03même les hommes de médias. Si la Constitution se met à s'occuper des médias,
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19:03 - 19:05les journalistes aussi devront craindre la Constitution ;
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19:05 - 19:09les banques, puisque le pouvoir monétaire aussi devrait faire partie
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19:09 - 19:12d'une Constitution moderne dans laquelle les pouvoirs seraient séparés,
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19:12 - 19:15on en parlera tout à l'heure peut-être. Ces pouvoirs, là,
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19:15 - 19:19qui sont au niveau qui produit des règles que nous craignons, nous,
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19:19 - 19:23ces pouvoirs-là, vous avez compris, doivent craindre la Constitution pour nous protéger, nous,
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19:23 - 19:27vous comprenez, comme ils sont utiles et dangereux,
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19:27 - 19:35il faut qu'ils aient quelque chose à craindre.
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19:35 - 19:39C'est une folie de laisser ces gens-là écrire la Constitution. Vous comprenez bien
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19:39 - 19:43que si les hommes au pouvoir écrivent eux-mêmes les règles
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19:43 - 19:49du pouvoir, les règles qu'ils sont censés craindre...
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19:49 - 20:00Est-ce que c'est clair ? Moi je trouve ça... Moi, ça me paraît pas compliqué
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20:00 - 20:05et très important. Et je suis très surpris que ça soit pas plus
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20:05 - 20:07dans le débat des gens normaux. Alors que ce soit pas
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20:07 - 20:10dans le débat des parlementaires, des ministres, des hommes de pouvoir,
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20:10 - 20:15ça, ça m'étonne pas. Que ce soit pas dans les discussions
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20:15 - 20:20des hommes de parti qui... Bon je sais bien qu'il y a des gens supers dans les partis,
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20:20 - 20:22j'ai plein de copains dans les partis, mais à la tête des partis
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20:22 - 20:23il y a quand même des gens qui sont... Il y a comme un filtre, hein,
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20:23 - 20:29on dirait que les partis arrivent à choisir parmi nous les plus menteurs,
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20:29 - 20:34les plus résistants aux mauvais traitements, les plus traîtres, les plus... Enfin on dirait que...
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20:34 - 20:40pas tous, hein... Je sais bien qu'il y en a qui sont pas... Enfin, en gros, quand même, on dirait...
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20:40 - 20:42'fin, les gens qui sont à la tête des partis ne nous ressemblent plus, quoi.
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20:42 - 20:45On dirait qu'il y a eu un tamis. Donc ça m'étonne pas que parmi ces gens-là ils parlent pas de Constitution.
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20:45 - 20:52Mais que nous, dans le contexte actuel qui est quand même favorable pour moi
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20:52 - 20:54pour vous expliquer ça, parce qu'aujourd'hui les abus de pouvoir
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20:54 - 20:56on les voit, mais c'est impressionnant quand même ! Tous les jours
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20:56 - 21:01on en a quatre-cinq nouveaux, considérables, de nouveaux abus de pouvoir révoltants !
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21:01 - 21:08Et toujours, toujours quelque chose qu'on arrive même plus à formuler
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21:08 - 21:14tellement c'est quotidien, toujours notre impuissance politique.
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21:16 - 21:23Contredisez-moi si j'exagère, si je dis quelque chose qui est...
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21:23 - 21:31... si je suis extrémiste. Cette « démocratie » qu'on nous vante
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21:31 - 21:38comme « ce qui se fait de mieux sur Terre en matière politique »,
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21:38 - 21:43qu'est-ce qu'elle me laisse comme droits ? Le droit de désigner tous les cinq ans des maîtres politiques
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21:43 - 21:49qui vont tout décider à ma place. C'est pas moi qui vote les lois,
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21:49 - 21:53donc je désigne des gens qui vont les voter à ma place
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21:53 - 21:58et qui sont mes maîtres. Je les désigne parmi des gens
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21:58 - 22:03que je n'ai pas choisis : ce sont des faux choix.
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22:03 - 22:08Quand je choisis entre l'affreux A et l'affreux B, oui, c'est un faux choix.
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22:08 - 22:11Je ne peux pas choisir autour de moi des gens que je considère comme bien.
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22:11 - 22:17Pas du tout, librement, je peux pas du tout faire ça.
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22:17 - 22:21Cette « démocratie », soi-disant, ne me laisse comme possibilité
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22:21 - 22:24que le droit de désigner des maîtres, parmi des gens que je n'ai pas choisis
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22:24 - 22:29et contre lesquels je ne pourrai rien faire
-
22:29 - 22:31pendant cinq ans, je dis bien rien faire pendant cinq ans ;
-
22:31 - 22:36je pourrai descendre dans la rue si ça m'amuse, ils s'en tapent complètement.
-
22:36 - 22:39Je ne pourrai rien faire s'ils me trahissent,
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22:39 - 22:43même s'ils me trahissent au dernier degré.
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22:43 - 22:47Je ne peux rien faire. Tout ce que je peux faire,
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22:47 - 22:53c'est à la fin du mandat, ne pas réélire la crapule qui vient de me trahir pendant cinq ans.
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22:53 - 22:57J'exagère, là, je force un peu, mais c'est pour vous dire.
-
22:57 - 23:02Je ne dis pas qu'ils sont tous des crapules. Encore que...
-
23:02 - 23:04Non, je dis pas qu'ils sont tous des crapules. Mais ce que je dis,
-
23:04 - 23:08c'est que même si c'est une crapule finie, et il y en a quelques-unes quand même,
-
23:08 - 23:12même si c'est une crapule finie, tout ce que je peux faire
-
23:12 - 23:17c'est ne pas le réélire, le pauvre chéri. Le pauvre chéri de crapule.
-
23:17 - 23:20Parce que, en fait, c'est pas grave ce qui va lui arriver.
-
23:20 - 23:24Parce que si je le réélis pas, je vais réélire l'autre,
-
23:24 - 23:28celui que j'ai jeté cinq ans avant parce qu'il m'avait trahi les cinq années d'avant,
-
23:28 - 23:32et j'ai que ce choix-là. J'ai que le choix entre deux grands partis.
-
23:32 - 23:34Quand je suis pas content d'un, je prends l'autre ;
-
23:34 - 23:35et quand je suis pas content de l'autre, je reprends l'un ;
-
23:35 - 23:41ils sont à mi-temps. Et ils se sont votés un chômage, vous ne le croirez pas,
-
23:41 - 23:43je ne sais pas si vous êtes au courant, ils se sont votés un chômage
-
23:43 - 23:48qui dure... cinq ans. C'est-à-dire qu'ils continuent
-
23:48 - 23:51à être payés comme si on les avait élus,
-
23:51 - 23:55alors qu'on les a précisément pas réélus, ils continuent à être payés
-
23:55 - 24:02le temps d'attendre que l'autre se fasse virer... Bon, et ils appellent ça « démocratie ».
-
24:03 - 24:07L'éveil politique
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24:09 - 24:14À cinquante ans, j'avais pas bien compris ce que c'était qu'une démocratie.
-
24:14 - 24:18Et donc j'acceptais, j'acceptais comme vous, comme tout le monde, hein,
-
24:18 - 24:24une espèce de leçon incroyable où on me dit, depuis que je suis petit :
-
24:24 - 24:29« Élection égale démocratie. Mon petit, répète : démocratie égale élection.
-
24:29 - 24:34Élection égale démocratie, démocratie égale élection, élection égale démocratie,
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24:34 - 24:37démocratie égale élection... » Et on me répète ça à l'école,
-
24:37 - 24:41on me répète ça dans les journaux, à la télévision, dans les livres...
-
24:41 - 24:44Des livres qui parlent de la démocratie, moi j'en ai... je sais pas...
-
24:44 - 24:48... spécifiquement de la démocratie, de l'organisation démocratique...
-
24:48 - 24:54... quatre ou cinq cents peut-être. Il y en a là-dessus, disons sur 400 livres,
-
24:54 - 24:58il y en a dix qui parlent vraiment de la démocratie,
-
24:58 - 25:01qui parlent de la démocratie digne de ce nom, de la démocratie
-
25:01 - 25:07« dêmos kratos », « le pouvoir du peuple ». Les autres parlent de nos régimes actuels,
-
25:07 - 25:14qu'il faut refuser d'appeler « démocratie ». Le régime dans lequel nous vivons
-
25:14 - 25:17porte un autre nom. Il s'appelle le gouvernement représentatif.
-
25:17 - 25:20On pourrait dire le gouvernement prétendument représentatif.
-
25:20 - 25:23Mais appelons-le par le nom qui est l'étiquette officielle,
-
25:23 - 25:30d'origine, 1789, 1776 aux États-Unis ; les fondateurs de nos régimes
-
25:30 - 25:32ont mis en place pas du tout une démocratie.
-
25:32 - 25:34Ils savaient très bien ce que c'était une démocratie, ils voulaient pas de démocratie,
-
25:34 - 25:38c'étaient des notables. C'étaient pas les 99 % qui ont fait la Révolution française, hein.
-
25:38 - 25:42Quand Sieyès a écrit : « Qu'est-ce que le Tiers état ? »...
-
25:42 - 25:44Vous savez, le Tiers état, pendant la Révolution française,
-
25:44 - 25:50c'était après les nobles, après le clergé, vous aviez tout le reste,
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25:50 - 25:54c'était le Tiers état. C'était le troisième ordre.
-
25:54 - 25:58C'était ce qu'on pourrait... On pourrait dire aujourd'hui les 99 %.
-
25:58 - 26:02Le problème, c'est que Thiers... pardon pas Thiers, c'est un autre affreux.
-
26:02 - 26:06Sieyès, en 1789, un grand penseur, l'abbé Sieyès, un grand penseur
-
26:06 - 26:10de la Révolution française, quand il a écrit « Qu'est-ce que le Tiers état ? »
-
26:10 - 26:16et quand il a pensé le système de remplacement de l'Ancien Régime,
-
26:16 - 26:25Sieyès pensait au 1 % dans le Tiers état. Il pensait aux riches affairistes,
-
26:25 - 26:29les banquiers parmi le Tiers état. C'est eux qui ont financé
-
26:29 - 26:31les guerres du blé, les guerres des farines, qui ont affamé les gens
-
26:31 - 26:33pendant les trois ans qui ont précédé la Révolution française,
-
26:33 - 26:40qui ont fait que le peuple s'est soulevé contre ses maîtres qu'il ne supportait plus,
-
26:40 - 26:43pour ensuite prendre leur place. Mais donc le peuple s'est fait manipuler,
-
26:43 - 26:46d'ailleurs Talleyrand... Faut que je fasse attention avant de dire... non, je peux dire
-
26:46 - 26:50« cette crapule de Talleyrand », je peux dire ça. Je vous conseille d'écouter...
-
26:50 - 26:52Je vais faire une petite parenthèse, c'est pas grave. J'avais dit que j'en ferais pas,
-
26:52 - 26:58mais je vais en faire quand même : je vous conseille chaleureusement
-
26:58 - 27:04de découvrir un historien qui s'appelle Henri Guillemin.
-
27:04 - 27:08Vous cherchez « Guillemin » sur Internet, « Guillemin Napoléon »,
-
27:08 - 27:13« Guillemin la Commune », « Guillemin 14-18 ».
-
27:13 - 27:17Vous allez trouver des conférences télévisées. Ce gars-là est mort,
-
27:17 - 27:20il nous a laissé quelque chose de merveilleux, c'est un vrai trésor,
-
27:20 - 27:23je vous jure que c'est un vrai trésor. J'en ai écouté deux en venant vous voir,
-
27:23 - 27:27deux ou trois. C'est une conférence d'une demie-heure.
-
27:27 - 27:31Il nous explique comment est né le gouvernement représentatif.
-
27:31 - 27:34Il nous explique la Troisième République, [NdT : 1870-1940 en France],
-
27:34 - 27:37la République des affairistes, la République pour rire,
-
27:37 - 27:42la République des « honnêtes gens », ça voulait dire des possédants,
-
27:42 - 27:46la République des « modérés », la République « centre-gauche »,
-
27:46 - 27:49c'est-à-dire des banquiers, des banquiers colonialistes
-
27:49 - 27:53qui sont allés piller volontairement les pays d'Afrique...
-
27:53 - 27:56... qui s'appelaient « centre-gauche », qui s'appelaient « démocrates »,
-
27:56 - 28:00qui s'appelaient... comment ils s'appelaient encore... « progressistes ».
-
28:00 - 28:02Tous des banquiers affairistes. Rien à voir avec la gauche.
-
28:02 - 28:05Enfin, l'idée qu'on pourrait se faire de la gauche.
-
28:05 - 28:12Donc c'est très important, je crois. J'en vois plein qui sont tout jeunes, qui ont vingt ans,
-
28:12 - 28:18vingt ans ou trente ans on dirait, enfin même pas. Moi je me suis réveillé à cinquante ans.
-
28:18 - 28:24J'enrage de pas avoir commencé plus tôt. Il faut du temps quand même pour découvrir tout ça.
-
28:24 - 28:29Il faut s'en occuper ; si vous commencez à vingt ans vous avez de la chance, quoi.
-
28:29 - 28:32Il y a... non c'est vrai, il y a beaucoup de choses à découvrir...
-
28:32 - 28:38On ne comprend bien le présent que si on étudie, et puis il faut bosser un peu
-
28:38 - 28:41mais c'est délicieux ! Il faut bosser l'histoire, quoi.
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28:41 - 28:45Quand vous découvrez comment Bonaparte, puis Napoléon
-
28:45 - 28:52a été poussé par les banquiers privés pour prendre le pouvoir en France,
-
28:52 - 28:57assassiner les idées de la Révolution, créer la banque dite « de France »
-
28:57 - 28:59qui est pas du tout de France, qui est la banque des banquiers
-
28:59 - 29:04qui ont poussé Napoléon... Ça éclaire ce qui se passe aujourd'hui,
-
29:04 - 29:08ça permet de comprendre ce qui se passe aujourd'hui, ça n'a pas changé.
-
29:08 - 29:14Mais c'est très important pour imaginer la solution de bien comprendre, de bien connaître
-
29:14 - 29:16les données du problème. C'est-à-dire que tant qu'on se fait enfumer avec les mots,
-
29:16 - 29:22et qu'on appelle les mots du sens de leur contraire,
-
29:22 - 29:29qu'on appelle les mots... Quand on accepte de donner aux mots
-
29:29 - 29:35une définition qui est l'inverse de ce qu'elle devrait [être], on arrive pas à formuler la solution.
-
29:35 - 29:38Nous ne vivons pas en démocratie, nous vivons volontairement...
-
29:38 - 29:44C'était sciemment que Sieyès a écrit les règles du gouvernement représentatif,
-
29:44 - 29:48c'est-à-dire un régime dans lequel le peuple ne vote pas ses lois,
-
29:48 - 29:53le peuple n'est pas autonome, il ne vote pas lui-même ses lois,
-
29:53 - 29:58il est hétéronome, il subit les lois écrites par d'autres.
-
29:58 - 30:03En bas de la page 11 je vous ai mis une citation de Sieyès
-
30:03 - 30:11qui permet de comprendre quel est le régime dans lequel nous vivons depuis le début.
-
30:11 - 30:13Nous ne vivons pas dans une démocratie qui s'est abîmée,
-
30:13 - 30:18nous vivons depuis le début dans un régime qui est un renoncement à la démocratie.
-
30:18 - 30:22Donc c'est très important de le savoir
-
30:22 - 30:26pour ensuite imaginer une alternative. Que disait Sieyès :
-
30:26 - 30:32« Les citoyens qui se... » - Donc c'est l'abbé Sieyès qui parle, hein. 1789. -
-
30:32 - 30:36« Les citoyens qui se nomment des représentants - qui se nomment à eux-mêmes, hein -
-
30:36 - 30:40des représentants renoncent, et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi.
-
30:40 - 30:45Ils n'ont pas de volonté particulière à imposer.
-
30:45 - 30:48S'ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif,
-
30:48 - 30:53ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète,
-
30:53 - 30:57- dit Sieyès - dans un pays qui n'est pas une démocratie,
-
30:57 - 31:02et la France ne sauraît l'être, le peuple ne peut parler,
-
31:02 - 31:06ne peut agir, que par ses représentants. »
-
31:07 - 31:11La démocratie et le tirage au sort
-
31:13 - 31:17Si, découvrant, découvrant, découvrant que... découvrant dans ce bouquin-là,
-
31:17 - 31:20que je vous recommande, mais alors je vous le recommande...
-
31:20 - 31:24Depuis que j'en parle, ça fait maintenant un an que je fais des conférences là-dessus, un an...
-
31:24 - 31:29... un peu plus... C'est un livre qui m'a remué, qui m'a transformé, qui vous transformera je crois.
-
31:29 - 31:32C'est un livre important, ce livre dont je vais vous parler,
-
31:32 - 31:35pourtant il a un titre qui est pas sexy du tout ;
-
31:35 - 31:39si vous voyez ça dans une bibliothèque sans que je vous en aie parlé avant,
-
31:39 - 31:41vous allez probablement passer votre chemin en vous disant :
-
31:41 - 31:48« Celui-là, ce sera un autre jour. » L'auteur s'appelle Bernard Manin
-
31:48 - 31:53et son livre s'appelle « Principes du gouvernement représentatif ».
-
31:53 - 31:56Ce truc-là... En fait, c'est un livre essentiel. C'est un livre
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31:56 - 32:00qui parle de l'élection et du tirage au sort. C'est un livre qui s'étonne
-
32:00 - 32:02de ce que le tirage au sort ait complètement disparu
-
32:02 - 32:07de la réflexion politique. Et, s'étonnant de ça, il essaie de faire un... comment dire ?...
-
32:07 - 32:14... un état des lieux honnête des avantages et inconvénients de la démocratie,
-
32:14 - 32:17du tirage au sort et de l'élection. Quand est-ce qu'on a utilisé l'élection ?
-
32:17 - 32:20Comment ça a marché ? Est-ce que ça a donné satisfaction ? Qui en parlait
-
32:20 - 32:23et à quel moment s'est passée la transformation ?
-
32:23 - 32:27Et comme nous n'avons jamais entendu parler de tirage au sort,
-
32:27 - 32:29puisque... Enfin, peut-être que vous en avez entendu parler.
-
32:29 - 32:31Moi, de toute ma scolarité, y compris en droit,
-
32:31 - 32:33on m'avait jamais parlé de tirage au sort.
-
32:33 - 32:35Et quand on m'avait parlé de démocratie
-
32:35 - 32:38avec l'existence du tirage au sort, on m'en a parlé comme d'une bizarrerie
-
32:38 - 32:40et puis on est passé rapidement à autre chose. J'ai pas du tout vu
-
32:40 - 32:46la centralité du tirage au sort en démocratie. Et on la découvre avec Manin
-
32:46 - 32:51de façon très vivante, très tonique, c'est littéralement passionnant.
-
32:51 - 32:53Et puis il y a toute une biblio[graphie], toute une biblio
-
32:53 - 32:57qui va vous conduire à lire d'autres bouquins sur la démocratie, la vraie !
-
32:57 - 33:00La vraie, celle d'Athènes, et celle qui pourrait être la nôtre
-
33:00 - 33:04si nous la voulions ! Il faudrait que nous la voulions pour qu'elle advienne.
-
33:04 - 33:10Je vous en parlerai à la fin. Mais des livres comme celui de [Hansen ?],
-
33:10 - 33:15qui décrit minutieusement, qui a passé sa vie à travailler...
-
33:15 - 33:17... tout ce qu'on peut savoir sur Athènes, donc tous les documents,
-
33:17 - 33:20de près ou de loin... C'est un grand savant
-
33:20 - 33:24qui a écrit plusieurs forts volumes sur la démocratie athénienne
-
33:24 - 33:28à l'époque de Démosthène et qui pour nous en a fait un seul bouquin.
-
33:28 - 33:31Donc c'est résumé, c'est passionnant. C'est la vie des Athéniens
-
33:31 - 33:35qui tous les matins vont à l'assemblée... Enfin, quand ils se présentent à l'assemblée,
-
33:35 - 33:38l'assemblée fait 6 000 personnes et il y en a 2 000 qui se présentent au tirage au sort.
-
33:38 - 33:44Et tous les jours ça tire au sort.
-
33:45 - 33:50Alors, je vais vous l'expliquer en quelques mots,
-
33:50 - 33:53et puis je vais vous laisser venir avec les objections. J'en connais plein des objections.
-
33:53 - 33:55Je commence à être bien rôdé,
-
33:55 - 33:58mais peut-être que vous allez avoir des objections que je connais pas.
-
33:58 - 34:01Je suis friand de ça, je cherche ça, hein. Je cherche pas à avoir raison,
-
34:01 - 34:06je cherche à imaginer un système robuste, qui marche,
-
34:06 - 34:10qui soit pas une utopie, qui soit un truc, si j'ai tort, si je me trompe,
-
34:10 - 34:13je m'adapterai, je changerai, je ferai autre chose.
-
34:13 - 34:15Pour l'instant, j'ai l'impression de tenir quelque chose de solide ;
-
34:15 - 34:18je vais le mettre au feu de vos objections.
-
34:18 - 34:23Les Athéniens
-
34:24 - 34:29Les Athéniens, donc il y a 2 500 ans, hein, les Athéniens...
-
34:29 - 34:34Petite cité, 60 000 citoyens, plus ou moins,
-
34:34 - 34:40suivant les périodes, suivant les pestes, ça a duré 200 ans.
-
34:40 - 34:45Les Athéniens, après 800 ans de tyrannie et à l'occasion d'une réforme
-
34:45 - 34:52d'un des notables - c'est quelqu'un de la haute, Solon -,
-
34:52 - 34:57qui a commencé les réformes athéniennes, qui a commencé à changer
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34:57 - 35:04la mécanique du pouvoir pour protéger le corps social des abus de pouvoir.
-
35:04 - 35:08Les Athéniens commencent à mettre en place un régime dans lequel
-
35:08 - 35:14ils écrivent eux-mêmes et ils votent eux-mêmes les lois
-
35:14 - 35:19auxquelles ils obéissent. C'est-à-dire qu'ils se réunissent
-
35:19 - 35:22dans une assemblée, une grande assemblée, 6 000 places,
-
35:22 - 35:27et vient qui veut. Comme aujourd'hui,
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35:27 - 35:29il y en a plein qui ne venaient pas. C'était pas tout le temps les mêmes ;
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35:29 - 35:33il y avait un ordre du jour, qui était publié sur l'Agora,
-
35:33 - 35:37et on venait à l'assemblée quand les sujets nous intéressaient.
-
35:37 - 35:41Je vais peut-être déminer tout de suite l'objection la plus fréquente
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35:41 - 35:46qui est que les Athéniens, le peuple athénien, donc les citoyens
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35:46 - 35:51se reconnaissant comme citoyens à Athènes n'étaient pas tous les humains.
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35:51 - 35:53Il y avait la moitié de l'humanité qui était à l'écart :
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35:53 - 35:59les femmes n'avaient pas de droits politiques, et il y avait des esclaves ;
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35:59 - 36:01les esclaves n'avaient pas de droits politiques non plus.
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36:01 - 36:04Les étrangers qu'on appelait les « métèques », à l'époque, n'avaient pas de droits non plus,
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36:04 - 36:07et puis, bien sûr, les enfants et les animaux non plus.
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36:07 - 36:09Ce que je veux dire c'est qu'il y a des points communs
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36:09 - 36:11encore aujourd'hui ; encore aujourd'hui, les enfants, les animaux, les fous...
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36:11 - 36:16On a encore, nous, des êtres vivants qui n'ont pas de droits politiques.
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36:16 - 36:18Surtout ce que je veux dire pour déminer ce truc-là,
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36:18 - 36:22pour que ça vous taraude pas parce que je sais
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36:22 - 36:26qu'il y en a qui le savent et que ça empêche d'avancer dans le sujet.
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36:26 - 36:30Je sais bien qu'ils étaient esclavagistes et phallocrates,
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36:30 - 36:32mais c'est pas ça qui m'intéresse. Je ne suis pas, moi,
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36:32 - 36:35esclavagiste et phallocrate. Ce que je veux dire,
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36:35 - 36:42c'est que je ne vous suggère pas de transposer aujourd'hui, comme si c'était un modèle,
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36:42 - 36:45le régime d'Athènes ; c'est évidemment pas ça dont il est question.
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36:45 - 36:50Ce que je souligne, c'est que tous les peuples de l'époque
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36:50 - 36:52- il y a 2500 ans c'est autre chose qu'aujourd'hui -,
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36:52 - 36:55tous les peuples à l'époque traitaient mal leurs femmes
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36:55 - 37:02et avaient des esclaves. C'était pas spécifique à la démocratie.
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37:02 - 37:06Et la démocratie aurait très bien fonctionné sans ça.
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37:06 - 37:08Ou en tout cas aujourd'hui... Peut-être qu'à l'époque elle aurait pas fonctionné sans ça,
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37:08 - 37:11parce que les femmes faisaient tout un travail qui dispensait les hommes
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37:11 - 37:14d'avoir à le faire et qui leur libérait du temps
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37:14 - 37:16pour faire de la politique. Les esclaves aussi, ils libéraient du temps
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37:16 - 37:19pour les hommes. Mais aujourd'hui, nous aurions avec le pétrole et les machines,
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37:19 - 37:22nous aurions, mais largement, de quoi nous libérer du temps
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37:22 - 37:25pour faire tous de la politique sans avoir besoin d'esclaves,
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37:25 - 37:28et nous aurions les femmes avec nous, évidemment, dans l'assemblée.
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37:28 - 37:31Ce que je veux dire c'est que cette objection elle ne vaut rien.
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37:31 - 37:35Objectivement, cette objection, elle ne vaut rien.
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37:35 - 37:40Je comprends qu'un élu, un élu qui veut qu'on arrête de réfléchir au tirage au sort
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37:40 - 37:43qui va le foutre au chômage, c'est normal qu'il me dise :
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37:43 - 37:46« Mais M. Chouard, vous savez que vous êtes en train de défendre
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37:46 - 37:47un régime qui était esclavagiste ? - Oui, oui, je sais.
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37:47 - 37:51- Mais vous seriez pas esclavagiste, par hasard ? - Non, non, je suis pas esclavagiste. »
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37:51 - 37:56Ce que j'observe c'est qu'à Athènes, dans le petit peuple d'Athènes...
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37:56 - 37:59Donc là je parle des citoyens athéniens qui étaient...
-
37:59 - 38:03Donc on avait retiré les femmes, OK ; dans ce qui restait
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38:03 - 38:09dans ce peuple de l'époque, il y avait beaucoup de pauvres,
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38:09 - 38:13presque tous étaient pauvres, et il y avait très peu de riches
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38:13 - 38:20très riches. Ah ça, ça par contre ça ressemble à aujourd'hui.
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38:20 - 38:27Et écoutez-bien : pendant 200 ans, 200 ans de tirage au sort
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38:27 - 38:29- et on va voir comment le tirage au sort garantit ça -,
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38:29 - 38:36pendant 200 ans de tirage au sort quotidien, les riches n'ont jamais gouverné.
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38:36 - 38:41Pas un jour. Et d'ailleurs les philosophes, Platon, Aristote,
-
38:41 - 38:45ont passé leur vie à baver sur la démocratie, à dire du mal de la démocratie,
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38:45 - 38:46parce que... Qu'est-ce que c'est que ce régime
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38:46 - 38:49dans lequel les pauvres, la populace, les pauvres dirigent, dirigent mal,
-
38:49 - 38:54ils mentent, ils apprennent à mentir... Donc Platon a calomnié,
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38:54 - 39:00le mot n'est pas trop fort, Platon a inventé des maux
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39:00 - 39:06que quelqu'un qui ensuite étudie la démocratie démonte ;
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39:06 - 39:09il démonte ses mensonges. Platon aurait dû être,
-
39:09 - 39:13c'était un noble, quelqu'un qui aurait dû être le patron,
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39:13 - 39:17un des patrons de la cité, et, pas de pot, il a vécu à l'époque
-
39:17 - 39:20de la démocratie. Donc il a raté sa carrière politique
-
39:20 - 39:23à cause de la démocratie. Donc il a passé sa vie à écrire du mal
-
39:23 - 39:26sur la démocratie. Il faut le savoir. Bon, il a dit des choses très intéressantes,
-
39:26 - 39:33sur nous, notre condition ; je ne conchie pas la totalité de Platon.
-
39:33 - 39:40Je vous invite simplement à être méfiant sur ce que Platon vous dit de la démocratie,
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39:40 - 39:42parce qu'il a un compte à régler, un compte personnel,
-
39:42 - 39:45et qui à mon avis ne correspond pas à l'intérêt général.
-
39:45 - 39:47Il respecte mal l'intérêt général, Platon, quand il nous parle de la démocratie.
-
39:47 - 39:50Donc il faut le savoir quand on lit Platon. Et Aristote c'est pareil.
-
39:50 - 39:56La plupart des philosophes disaient du mal de la démocratie.
-
39:56 - 40:04Donc, les Athéniens pour se protéger des abus de pouvoir,
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40:04 - 40:07constatant depuis 800 ans que le pouvoir change les gens,
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40:07 - 40:10les transforme, et des gens qui étaient bien au départ
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40:10 - 40:13se mettent à devenir des fous furieux et se mettent à servir
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40:13 - 40:15des intérêts particuliers plutôt que l'intérêt général ;
-
40:15 - 40:20constatant ça et pragmatiquement... C'est pas du tout idéaliste,
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40:20 - 40:25c'est très concret, c'est du même coup très robuste
-
40:25 - 40:28et ça marcherait très bien aujourd'hui. Les Athéniens ont mis en place
-
40:28 - 40:34un système de rotation des charges... Vous savez, dans nos conversations,
-
40:34 - 40:40on a encore ça ; je suis sûr que dans vos conversations, souvent vous dites :
-
40:40 - 40:42« Le problème, c'est la professionnalisation de la politique,
-
40:42 - 40:46que ce soit toujours les mêmes qui exercent la politique, ça tourne pas assez dans la politique. »
-
40:46 - 40:49Souvent on dit ça, encore aujourd'hui. Eh bien les Athéniens
-
40:49 - 40:53ont réglé le problème en instituant la rotation des charges :
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40:53 - 40:56c'est-à-dire des mandats courts, un an maximum,
-
40:56 - 41:01souvent six mois, plus courts, même le patron d'Athènes
-
41:01 - 41:06était tiré au sort tous les jours ; tous les jours il était tiré au sort, le chef d'Athènes.
-
41:06 - 41:09Donc des mandats courts, non-renouvelables,
-
41:09 - 41:14qui garantissaient aux Athéniens, donc aux autres,
-
41:14 - 41:17qui garantissaient un amateurisme politique.
-
41:17 - 41:21Les Athéniens ne voulaient pas de professionnels de la politique.
-
41:21 - 41:24Ils n'en voulaient pas, comme ça, dans l'absolu, ils n'en voulaient pas
-
41:24 - 41:28pour se protéger eux-mêmes contre les abus de pouvoir.
-
41:28 - 41:32Ils disaient, et ils savaient, alors... C'était un postulat.
-
41:32 - 41:38Ils postulaient au départ une égalité politique réelle.
-
41:38 - 41:41C'est pour ça que c'est au centre du schéma. Égalité politique réelle.
-
41:41 - 41:43Les Athéniens savaient très bien qu'ils n'étaient pas égaux.
-
41:43 - 41:45Ils savaient très bien qu'il y avait des intelligents
-
41:45 - 41:48et des abrutis ; ils savaient qu'il y avait des vertueux,
-
41:48 - 41:51et des malhonnêtes ; ils savaient qu'il y avait des forts et des faibles.
-
41:52 - 41:55Ils savaient ça. Ils savaient qu'il y avait des gens qui étaient capables
-
41:55 - 41:58de gouverner un navire et d'autres qui n'étaient pas capables.
-
41:58 - 42:00Il n'était pas question de ça. Il était question de politique.
-
42:00 - 42:04« En politique, disaient les Athéniens, il n'y a pas de compétence,
-
42:04 - 42:10nous sommes tous compétents. » Pour donner de la force,
-
42:10 - 42:17pour donner sa force à ce principe central, d'égalité politique réelle,
-
42:17 - 42:22il fallait instituer l'amateurisme politique. Et que nous soyons tous,
-
42:22 - 42:27disait Aristote, dans une démocratie, les citoyens sont alternativement
-
42:27 - 42:30gouvernants et gouvernés, gouvernants et gouvernés,
-
42:30 - 42:38au hasard du sort. La procédure centrale qui rend possible à Athènes
-
42:38 - 42:43la rotation des charges, et donc l'amateurisme politique,
-
42:43 - 42:46et donc l'égalité politique, tout ça tient ensemble !
-
42:46 - 42:48Si vous retirez le tirage au sort, vous perdez tout :
-
42:48 - 42:52vous perdez la démocratie. La procédure qui rend possible
-
42:52 - 42:56la rotation des charges rapide et l'amateurisme politique,
-
42:56 - 43:04c'est le tirage au sort. Au contraire, l'élection, qui consiste par définition
-
43:04 - 43:07- ça fait même pas l'objet d'un débat, ça -, l'élection,
-
43:07 - 43:12qui consiste à choisir le meilleur. L'élection ça consiste pas à choisir
-
43:12 - 43:15le plus mauvais, on est d'accord, je n'exagère pas,
-
43:15 - 43:18l'élection c'est pour choisir le meilleur. En réussissant ou pas,
-
43:18 - 43:25on cherche à choisir le meilleur. Le meilleur, aristos en grec.
-
43:25 - 43:30L'aristocratie, c'est le régime du gouvernement par les meilleurs.
-
43:30 - 43:33Alors, ce qu'Aristote observait déjà il y a 2500 ans,
-
43:33 - 43:39c'est que les aristocraties dégénèrent, se dégradent, toujours, dit Aristote.
-
43:39 - 43:42Déjà il y a 2500 ans, une aristocratie ça reste jamais longtemps
-
43:42 - 43:48une aristocratie, ça devient une oligarchie, dit Aristote.
-
43:48 - 43:53C'est une vieille affaire. Si vous voulez, jusqu'à il y a 200 ans,
-
43:53 - 44:00jusqu'à Rousseau, Montesquieu, tout le monde savait,
-
44:00 - 44:03c'était de la culture générale, tout le monde savait
-
44:03 - 44:11que l'élection est par nature aristocratique, et que la procédure de la démocratie
-
44:11 - 44:15c'est le tirage au sort. Tout le monde le savait.
-
44:15 - 44:17Ce qui me plaît dans la démocratie, c'est pas de trouver quelque chose
-
44:17 - 44:20qui est parfait, je sais bien que ce sera pas parfait.
-
44:20 - 44:23C'est pas du tout la question. Je cherche pas une utopie, un truc parfait.
-
44:23 - 44:27Je cherche à sortir d'une situation épouvantable dans laquelle les gens...
-
44:27 - 44:30On retourne à la guerre, là ; on retrouve les mêmes signes
-
44:30 - 44:33que ce qui a précédé les guerres mondiales précédentes.
-
44:33 - 44:37Mais pour les mêmes raisons, avec la même impuissance politique du plus grand nombre
-
44:37 - 44:39qui ne veut pas de la guerre, et la même puissance politique
-
44:39 - 44:43de ceux qui ont de l'argent, et qui veulent la guerre.
-
44:43 - 44:46Écoutez Guillemin, vous allez voir la genèse des guerres,
-
44:46 - 44:49la genèse des guerres napoléoniennes, la genèse de la Commune
-
44:49 - 44:55et de la guerre de 1870. La genèse de la guerre de 1914-1918,
-
44:55 - 44:59la genèse de la Deuxième Guerre mondiale. À chaque fois ce sont des guerres non nécessaires,
-
44:59 - 45:03des guerres manipulées, des guerres voulues par le 1 %.
-
45:03 - 45:08C'est très important d'écouter Guillemin.
-
45:08 - 45:11Vous allez comprendre ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
-
45:11 - 45:13Alors, vous le savez déjà, en partie sûrement déjà,
-
45:13 - 45:17mais vous allez voir comme c'est plus... comme ça devient fort !
-
45:17 - 45:20C'est-à-dire que ça devient pas seulement clair, ça devient puissant.
-
45:20 - 45:24On se dit : « Mais attends, il faut faire quelque chose, là ! »
-
45:24 - 45:29Donc je peux pas vraiment beaucoup détailler, j'ai pas beaucoup de temps.
-
45:29 - 45:32Ce qu'il faut quand même que je vous explique,
-
45:32 - 45:35c'est que le tirage au sort fait peur, il nous fait peur aujourd'hui.
-
45:35 - 45:37Quand je vous parle de tirage au sort, les premières réactions c'est :
-
45:37 - 45:40« Mais qu'est-ce que c'est que ce truc !? Le tirage au sort,
-
45:40 - 45:43et puis quoi encore ! On va donner le pouvoir aux tirés au sort ? »
-
45:43 - 45:49Non ! Justement, le tirage au sort ça sert à ne pas donner le pouvoir ;
-
45:49 - 45:54ça sert à le garder pour nous, nous tous les 99 %.
-
45:54 - 45:58Jusqu'ici... L'année dernière je disais « les riches et les pauvres »
-
45:58 - 46:00et ça posait un problème. C'est effectivement simple,
-
46:00 - 46:03je pensais aux ultrariches et puis les pauvres, c'est tous les autres.
-
46:03 - 46:06Donc ils sont pas vraiment pauvres, mais c'est nous, et nous avons du mal
-
46:06 - 46:09à nous identifier aux pauvres. On se considère pas comme pauvres,
-
46:09 - 46:12et donc ça collait pas tout à fait. Et puis les riches,
-
46:12 - 46:13On est tous... on sait bien qu'on est les riches de quelqu'un,
-
46:13 - 46:15ça collait pas tout à fait. Mais par contre quand je dis :
-
46:15 - 46:191 % de riches et 99 % les autres, on comprend mieux.
-
46:19 - 46:21Là c'est les Indignés qui nous ont donné ces mots-là,
-
46:21 - 46:26ça sert, ça parle mieux, parce que c'est ça, c'est toujours le même problème.
-
46:26 - 46:29Et donc, en démocratie, dans une démocratie digne de ce nom...
-
46:29 - 46:31Aujourd'hui ce que cherchent les Indignés quand ils disent :
-
46:31 - 46:34« On voudrait une vraie démocratie », eh bien les Athéniens
-
46:34 - 46:36avaient trouvé exactement ce dont ils ont besoin,
-
46:36 - 46:39ce qu'ils cherchent. Mais je trouve pas assez le tirage au sort
-
46:39 - 46:41dans la réflexion des Indignés. Ça leur manque encore,
-
46:41 - 46:43ils ont pas encore découvert le truc. Mais écoutez
-
46:43 - 46:49comment ça se présentait : à Athènes, pour que les 99 %,
-
46:49 - 46:52c'est-à-dire tous ceux qui veulent écrire les lois...
-
46:52 - 46:55Non, pas écrire, parce qu'on peut pas tous écrire les lois.
-
46:55 - 46:57Déjà, là, nous serions presque trop nombreux pour écrire les lois.
-
46:57 - 47:00Pour écrire la loi, il faut être un petit groupe.
-
47:00 - 47:03Mais nous voulons voter nos lois. C'est-à-dire que nous voulons dire,
-
47:03 - 47:08loi par loi, pas parti par parti, loi par loi,
-
47:08 - 47:11nous voulons dire, si nous sommes autonomes, si nous sommes des citoyens
-
47:11 - 47:15et pas de simples électeurs, si nous sommes des citoyens autonomes,
-
47:15 - 47:20nous voulons, disaient les Athéniens, nous voulons voter nous-mêmes nos lois.
-
47:20 - 47:25Alors, comment ça marche ? Eh bien, nous nous réunissons dans une grande assemblée
-
47:25 - 47:29où des gens viennent nous présenter... Donc il y a des orateurs
-
47:29 - 47:31qui viennent en bas de l'assemblée et qui disent :
-
47:31 - 47:34« Il faut faire cette loi pour cette raison ». Et puis un autre orateur...
-
47:34 - 47:36À 6 000 on discute pas, les gens dans l'assemblée
-
47:36 - 47:39ils peuvent demander la parole, ils descendent, ils viennent parler,
-
47:39 - 47:42mais il y a pas de bavardages ; on se tait à l'assemblée.
-
47:42 - 47:45On vote, et c'est à l'extérieur de l'assemblée qu'on parle beaucoup,
-
47:45 - 47:47pour préparer. Mais ensuite, au moment de l'assemblée,
-
47:47 - 47:52on vote. Et on écoute des orateurs. On écoute des discours successifs.
-
47:57 - 48:03Et pour faire marcher le système... L'assemblée ne peut pas tout faire.
-
48:03 - 48:06Elle peut pas donc préparer les lois. C'est pas elle qui va préparer les lois.
-
48:06 - 48:10Elle peut pas non plus exécuter les lois. C'est pas elle qui va aller faire la police,
-
48:10 - 48:15la justice... Donc l'assemblée athénienne, l'assemblée démocratique,
-
48:15 - 48:19ce serait des assemblées de quartier ici. Ici, on est à Montpellier,
-
48:19 - 48:21il y aurait sûrement plusieurs communes, plusieurs communes
-
48:21 - 48:26qui sont plusieurs assemblées. Mais assemblée par assemblée, nous avons besoin,
-
48:26 - 48:32notre assemblée a besoin de représentants,
-
48:32 - 48:35et dans une démocratie digne de ce nom les représentants
-
48:35 - 48:39ne sont pas les maîtres. Ce sont des serviteurs
-
48:39 - 48:42qu'il faut affaiblir pour qu'ils restent des serviteurs
-
48:42 - 48:46et qu'ils deviennent jamais nos maîtres. Et le tirage au sort sert à ça.
-
48:46 - 48:52Le tirage au sort sert à donner un tout petit peu de pouvoir, jamais deux fois de suite,
-
48:52 - 48:58et pendant pas longtemps. Alors, les tirés au sort à Athènes,
-
48:58 - 49:01c'était, par exemple, le Conseil des 500 qui était tiré au sort ;
-
49:01 - 49:06le Conseil des 500 qui préparait les lois. Ils faisaient comme des commissions au Parlement.
-
49:06 - 49:09C'est pas eux qui votaient les lois. C'est pas les représentants qui votaient.
-
49:09 - 49:12Donc le tirage au sort, vous en avez peur quand, premier mouvement,
-
49:12 - 49:14vous vous dites : « On va tirer au sort les gens qui votent à notre place. »
-
49:14 - 49:18Pas du tout, une démocratie ça ne marche pas comme ça.
-
49:18 - 49:20Les représentants, c'est pas eux qui vont voter les lois.
-
49:20 - 49:23Vous comprenez ce que je veux dire ? C'est nous qui allons voter les lois.
-
49:23 - 49:28Les 99 % qui veulent instituer une vraie démocratie,
-
49:28 - 49:30une démocratie digne de ce nom, ils mettent en place
-
49:30 - 49:33le tirage au sort parce qu'il savent qu'ils ont besoin de représentants
-
49:33 - 49:36pour écrire les lois, ou pour exécuter les lois, pour faire la police.
-
49:36 - 49:40Les policiers étaient tirés au sort. Les juges étaient tirés au sort :
-
49:40 - 49:45mandats courts, non-renouvelables avec des redditions des comptes à la fin.
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49:45 - 49:50Il y avait une série de contrôles, en plus du tirage au sort, qui est exceptionnelle !
-
49:50 - 49:57[Être] tiré au sort, c'était pas une sinécure ; c'était une série de charges
-
49:57 - 50:00et un danger : ils pouvaient perdre la vie au moment de la reddition des comptes.
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50:00 - 50:03Bon, c'était des moeurs brutales, d'une époque plus brutale qu'aujourd'hui,
-
50:03 - 50:05On serait pas obligés aujourd'hui, évidemment, de faire pareil.
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50:05 - 50:08On pourrait simplement les punir, sans les mettre à mort,
-
50:08 - 50:11on pourrait les punir, mais ce que je veux dire, c'est que la reddition des comptes,
-
50:11 - 50:14c'était sévère ! Qu'est-ce qu'il avait fait ? Pourquoi il l'avait fait ?
-
50:14 - 50:16On lui posait des questions jusqu'à être bien sûr qu'il avait bien servi l'intérêt général.
-
50:16 - 50:20Et s'il avait bien servi l'intérêt général,
-
50:20 - 50:24on lui faisait, un arc de triomphe, on lui rendait les honneurs,
-
50:24 - 50:31on le regardait avec reconnaissance, il avait une réputation,
-
50:31 - 50:34il avait le regard des autres dont je parlais tout à l'heure, qui lui servait de...
-
50:34 - 50:38Il avait pas besoin d'argent. Faut être un peu malade pour avoir besoin d'argent
-
50:38 - 50:41pour se donner du mal pour la société. La plupart d'entre nous
-
50:41 - 50:45nous donnons du mal pour le bien commun, sans avoir du tout besoin d'argent.
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50:45 - 50:48On a besoin d'argent pour vivre, et puis voilà. Après ça,
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50:48 - 50:50le fait que les gens soient reconnaissants et soient contents
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50:50 - 50:52de ce que vous avez fait, ça nous suffit.
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50:52 - 50:55La plupart des gens normaux, ça leur suffit. Il y a quelques malades
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50:55 - 50:57qui ont besoin d'un million d'euros par an pour se donner du mal,
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50:57 - 51:02mais ceux-là devraient être internés. C'est pas du tout le cas général.
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51:02 - 51:07C'était juste une petite incise. Donc les tirés au sort étaient triés...
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51:07 - 51:13... pas triés. Ils étaient légèrement triés. C'est-à-dire que...
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51:13 - 51:15Dans le schéma, ce que je suis en train de vous dire,
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51:15 - 51:18c'est la partie droite, l'espèce d'alignement vertical
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51:18 - 51:21de quelques contrôles qui étaient appliqués aux tirés au sort,
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51:21 - 51:25parce que les Athéniens, comme vous, avaient peur de tirer au sort des abrutis
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51:25 - 51:29ou des malhonnêtes. Bien sûr qu'ils avaient peur ! Mais ils avaient mis en place des contrôles
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51:29 - 51:33qui leur permettaient de rien craindre du tout de ces tirés au sort.
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51:33 - 51:35C'est-à-dire qu'il y avait le volontariat au début
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51:35 - 51:37qui permettait de filtrer. C'est-à-dire que déjà ceux qui se considéraient
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51:37 - 51:40comme incapables d'exercer les charges ne se présentaient pas
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51:40 - 51:43au tirage au sort, et puis voilà ; donc ceux-là étaient filtrés déjà.
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51:43 - 51:48Ensuite, il y avait l'ostracisme qui permettait de mettre à l'écart
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51:48 - 51:51ceux dont on se méfiait. Et les Athéniens se méfiaient surtout
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51:51 - 51:56de ceux qui parlaient bien. Les Athéniens, ayant une forte expérience politique
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51:56 - 51:59qui est très intéressante à découvrir... On a plein de choses à apprendre
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51:59 - 52:06de ce qu'ils ont mis au point politiquement pour se protéger des abus de pouvoir,
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52:06 - 52:10des démagogues, de la corruption... Ils ont mis en place
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52:10 - 52:13plein d'Institutions qui sont absolument passionnantes.
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52:13 - 52:18Et donc l'ostracisme était une... Aujourd'hui, le mot « ostracisme » c'est un mot qui est négatif.
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52:18 - 52:20Mais à l'époque, non seulement c'était pas négatif,
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52:20 - 52:23mais c'était un mot très important pour la démocratie athénienne,
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52:23 - 52:26parce que ça permettait de mettre à l'écart quelqu'un dont on avait peur.
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52:26 - 52:30Or comme ils cherchaient la concorde, pour pacifier une société,
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52:30 - 52:35il fallait absolument pas qu'il y ait d'individus qui suscitent de la haine,
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52:35 - 52:40ou de la peur, une peur panique. Et donc les gens qui suscitaient cette crainte
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52:40 - 52:43pouvaient, à l'occasion d'une procédure qui s'appelait « l'ostracisme »,
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52:43 - 52:45pouvaient être tenus à l'écart. Je vous en parlerai tout à l'heure
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52:45 - 52:49si ça vous intéresse, vous me demanderez. En tout cas, il y avait le moyen de mettre à l'écart
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52:49 - 52:52les gens dont on avait peur. Il y avait aussi la docimasie.
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52:52 - 52:55Je garde le mot parce que j'aime bien ; il y a une poésie dans certains mots grecs
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52:55 - 52:57comme l'isegoria, le droit de parole pour tous à tout moment,
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52:57 - 53:02ou bien la docimasie, cet espèce d'examen, non pas de compétences,
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53:02 - 53:06puisque je vous ai dit que la compétence elle était postulée comme égale parmi tous les Athéniens.
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53:06 - 53:09Ils la postulaient. Ils savaient bien que peut-être il y avait...
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53:09 - 53:11Mais ils postulaient cette égalité de compétences, mais par contre
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53:11 - 53:17ils sentaient bien qu'il y avait des problèmes possibles d'aptitudes.
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53:17 - 53:20Par exemple, un fou, un fou en plein, ben il fallait être capable
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53:20 - 53:22de le mettre à l'écart. La docimasie servait à écarter les fous.
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53:22 - 53:25Ils avaient aussi des critères - et nous pourrions réflechir à ces critères
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53:25 - 53:28pour choisir les nôtres, modernes -, mais ils avaient des critères
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53:28 - 53:33qui sont amusants, je trouve. Ne pouvait pas être tiré au sort,
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53:33 - 53:35quelqu'un, et donc ne passait pas le cap de la docimasie,
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53:35 - 53:39quelqu'un qui ne s'occupait pas bien de ses parents.
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53:39 - 53:44C'est marrant de voir ça ; ne pouvait pas s'occuper du bien commun
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53:44 - 53:48quelqu'un qui n'était même pas capable de s'occuper de ses parents.
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53:48 - 53:58Une constatation de fait simple devrait nous conduire à étudier le système athénien,
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53:58 - 54:02c'est que pendant 200 ans, ils l'ont pratiqué.
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54:02 - 54:06S'il y avait tant de défauts, si c'était si nul, s'il y avait tant de problèmes,
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54:06 - 54:11si c'était si douteux, ils l'auraient pas pratiqué pendant 200 ans,
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54:11 - 54:14200 ans c'est très long, c'est le même temps que ce que nous avons testé l'élection.
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54:14 - 54:21Depuis 1789, il s'est passé en gros 200 ans. 200 ans à tester l'élection.
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54:21 - 54:25Et à Athènes, il s'est passé 200 ans à tester le tirage au sort.
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54:25 - 54:30Si c'était, s'il y avait tant d'objections graves, sans réponses,
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54:30 - 54:33ça n'aurait pas duré 200 ans. Donc, cherchez, vous allez voir :
-
54:33 - 54:36ce qui vous paraît une objection, quand vous allez creuser...
-
54:36 - 54:38Il faut que vous bossiez ; vous allez bosser un peu mais vous allez voir,
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54:38 - 54:42c'est passionnant. Si vous bossez, vous allez voir que ces objections
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54:42 - 54:49ont trouvé leurs solutions. Quand je fais le bilan...
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54:49 - 54:52Je parle pas de jugements, là, je parle des faits.
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54:52 - 54:55Quand je regarde les faits de 200 ans de tirage au sort,
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54:55 - 54:58et que je vois que pendant 200 ans de tirage au sort,
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54:58 - 55:02c'est les citoyens, donc très majoritairement, mais presque exclusivement
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55:02 - 55:06des pauvres qui votaient leurs lois et qui donc toujours
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55:06 - 55:11pendant 200 ans ont voté les lois. Et ça a donné une société
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55:11 - 55:17qui était prospère, riche, stable politiquement ; ils étaient pas du tout malheureux.
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55:17 - 55:19Pas du tout plus malheureux que leurs sociétés voisines.
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55:19 - 55:22C'était pas le chaos du tout. Ils avaient des problèmes, hein.
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55:22 - 55:25La démocratie avait des problèmes qu'il serait d'ailleurs très intéressant
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55:25 - 55:29pour nous d'étudier pour essayer de les éviter en améliorant le système,
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55:29 - 55:34mais 200 ans de pratique ont permis aux pauvres de diriger
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55:34 - 55:36sans écrabouiller les riches. Ils tuaient pas les riches,
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55:36 - 55:40ils les volaient pas, les riches ont vécu... Ils vivaient très bien les riches à l'époque d'Athènes !
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55:40 - 55:42Ils vivaient beaucoup plus confortablement que les pauvres, hein.
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55:42 - 55:45Ils avaient de grandes maisons, beaucoup plus d'esclaves,
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55:45 - 55:49ils vivaient très bien, mais ils n'avaient pas le pouvoir politique.
-
55:49 - 55:52C'est tellement... On a du mal à concevoir ça,
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55:52 - 55:55nous qui avons grandi dans un régime, depuis que tout petit,
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55:55 - 56:02on a vécu... avec toutes les sociétés dans le monde dans lesquelles
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56:02 - 56:05si on est riche, on a le pouvoir, on a tout ! Et si on est pauvre,
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56:05 - 56:08on a pas le pouvoir, on a rien. Et il y a une synchronisation
-
56:08 - 56:11à laquelle nous nous sommes habitués,
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56:11 - 56:15et je voudrais vous rendre sensibles qu'à Athènes, pendant 200 ans,
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56:15 - 56:22grâce au tirage au sort, le pouvoir politique et le pouvoir économique
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56:22 - 56:26ont été désynchronisés. C'était pas les mêmes qui étaient riches politiquement
-
56:26 - 56:32et riches économiquement. Alors qu'au contraire, pendant les 200 dernières années,
-
56:32 - 56:35le faux suffrage universel, dans notre fausse démocratie,
-
56:35 - 56:41avec les faux citoyens, ces élections qui sont de faux choix,
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56:41 - 56:43pendant 200 ans - écoutez Guillemin, vous allez avoir
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56:43 - 56:45le détail de ce que je vous dis -, pendant 200 ans,
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56:45 - 56:50ce sont toujours, toujours les plus riches qui ont dirigé,
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56:50 - 56:55voté des lois de riches pour les riches... sans exception,
-
56:55 - 57:03et les pauvres, jamais. Même pendant le Front populaire [1936-1938]. Même en 1981.
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57:03 - 57:10Alors cette constatation que le tirage au sort donne le pouvoir aux pauvres,
-
57:10 - 57:12la démocratie, la vraie, donne le pouvoir aux pauvres,
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57:12 - 57:17et que le gouvernement représentatif, l'élection, donne le pouvoir aux riches,
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57:17 - 57:23ça devrait normalement... Peut-être pas adopter le truc tout de suite,
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57:23 - 57:26parce que je sais bien qu'il faut du temps pour l'apprivoiser, l'idée,
-
57:26 - 57:28parce que c'est tellement... c'est bouleversant, il faut se désintoxiquer.
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57:28 - 57:31Ça fait cinquante ans qu'on nous apprend : « Élection égale démocratie,
-
57:31 - 57:35démocratie égale élection. » C'est pas vrai !
-
57:35 - 57:39Les solutions
-
57:43 - 57:48Alors, je quitte la démocratie athénienne jusqu'aux questions
-
57:48 - 57:53et juste, je voudrais devenir... parler concrètement
-
57:53 - 57:56de nos problèmes d'aujourd'hui, et quelles solutions
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57:56 - 58:00j'imagine pour voir un peu ce que ça suggère chez vous.
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58:00 - 58:03Est-ce que ça vous semble possible, jouable ?
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58:03 - 58:06Qu'est-ce qui va pas marcher ? Quelles sont vos objections ?
-
58:06 - 58:11J'ai faim de vos objections, j'ai besoin de...
-
58:14 - 58:16En fait, depuis six ans je ne vis que dans la controverse, hein.
-
58:16 - 58:19Donc je me frotte sans arrêt, quasiment tous les jours,
-
58:19 - 58:21je suis dans une controverse, on me contredit,
-
58:21 - 58:26et on ne progresse jamais tant que dans la contradiction.
-
58:26 - 58:30Nous avons besoin de ça. Là, il y a toutes les chances pour que la plupart d'entre vous
-
58:30 - 58:37vous soyez... peut-être pas d'accord, mais souvent dans nos assemblées,
-
58:37 - 58:40on se réunit parce qu'on est plus ou moins du même avis,
-
58:40 - 58:42plus ou moins. Et ça c'est pas bon pour progresser.
-
58:42 - 58:45Ce qui est mieux pour progresser, c'est qu'on soit...
-
58:45 - 58:50Et c'est ça le pari de la démocratie ; à Athènes, l'idée géniale de la démocratie,
-
58:50 - 58:55c'est de réunir tout le monde, y compris surtout les gens
-
58:55 - 59:02qu'on déteste, pour mettre en scène les conflits : c'est ça qui est important.
-
59:02 - 59:05Pour prendre les meilleures décisions possibles, disaient les Athénienrs,
-
59:05 - 59:08nous devons donner la parole à tout le monde, l'isegoria.
-
59:08 - 59:12Donner la parole à tout le monde, droit de parole pour tous, à tout propos, à tout moment,
-
59:12 - 59:19Isegoria, super beau mot. Ce droit de parole et cette mise en scène des conflits
-
59:19 - 59:24permettaient d'éclairer comme il fallait les décisions.
-
59:24 - 59:27Ce que j'observe partout c'est que dans la Constitution,
-
59:27 - 59:31ne sont pas programmées toutes les règles qui organiseraient
-
59:31 - 59:34notre puissance. C'est-à-dire que dans ces anti-Constitutions
-
59:34 - 59:39manquent les institutions qui organiseraient notre puissance.
-
59:39 - 59:41C'est pour ça que nous sommes impuissants.
-
59:41 - 59:46C'est parce que rien n'est programmé pour nous donner de la puissance.
-
59:46 - 59:49Ça c'est une cause. On est déjà... Vous savez, je vous parlais
-
59:49 - 59:52de l'arbre des injustices sociales avec toutes ces conséquences,
-
59:52 - 59:57toutes ces branches que sont la corruption politique,
-
59:57 - 60:00les abus de pouvoir dans l'entreprise, la catastrophe écologique,
-
60:00 - 60:05le chômage, les bas salaires, etc. Toutes ces injustices sociales :
-
60:05 - 60:10toutes les discriminations, le racisme... Toutes ces injustices sociales,
-
60:10 - 60:16je les prends comme des conséquences de notre impuissance à nous battre contre elles.
-
60:16 - 60:18Nous sommes très nombreux, et il y a pas besoin qu'on soit tous,
-
60:18 - 60:21nous sommes déjà très nombreux à être prêts à nous battre contre elles,
-
60:21 - 60:26mais nous sommes impuissants. Je propose de nous en prendre
-
60:26 - 60:29à la cause de cette impuissance pour en venir à bout.
-
60:29 - 60:32Comme un malade [médecin] ne cherche pas à soigner le mal de tête
-
60:32 - 60:34en donnant de l'aspirine, il essaie de comprendre pourquoi
-
60:34 - 60:36il [le malade] a mal à la tête. Alors, pour les maladies plus graves,
-
60:36 - 60:39parce que pour le mal de tête, en fait, le temps que l'aspirine
-
60:39 - 60:43fasse de l'effet, la cause à disparu. Mais pour des maladies plus graves,
-
60:43 - 60:48le médecin, il va falloir qu'il trouve la cause de la maladie.
-
60:48 - 60:50Alors cette impuissance politique, d'où vient-elle ?
-
60:50 - 60:53Elle vient de la Constitution. Vous voyez, je remonte vers la source,
-
60:53 - 60:55je remonte vers la racine. Elle vient de la Constitution.
-
60:55 - 60:59Ah ! la Constitution. Alors comment se fait-il que ces Constitutions
-
60:59 - 61:02soient des mauvaises Constitutions ? Alors, j'essaie de comprendre.
-
61:02 - 61:06Mais mais mais mais qui a écrit ces Constitutions ?
-
61:06 - 61:09Qui les a écrites ? Alors, qui les a votées ? C'est toujours les peuples.
-
61:09 - 61:12C'est toujours les peuples qui votent les Constitutions.
-
61:12 - 61:13Et manifestement ça suffit pas à régler le problème
-
61:13 - 61:16puisque les Constitutions, comme je vous le disais, programment partout
-
61:16 - 61:19l'impuissance des gens. Donc le vote n'y fait rien.
-
61:19 - 61:23Ne vous contentez pas d'une Constitution qu'on va vous proposer au vote,
-
61:23 - 61:26c'est une arnaque. C'est pas là que ça se joue.
-
61:26 - 61:28Ce qui est important c'est pas qui vote la Constitution,
-
61:28 - 61:31ce qui est important, c'est qui l'écrit. Alors, qui l'écrit ?
-
61:31 - 61:34Partout dans le monde, à toutes les époques, qui écrit la Constitution ?
-
61:34 - 61:36Vous vous souvenez de ce que j'ai dit tout à l'heure ?
-
61:36 - 61:40Il y a nous, il y a les pouvoirs qui sont capables de produire du droit,
-
61:40 - 61:46utile pour nous et dangereux, et puis il y a ces institutions qu'ils devraient craindre.
-
61:46 - 61:50Qui écrit ces institutions qu'ils ne craignent jamais ?
-
61:50 - 61:59Eux-mêmes. Ma thèse. Et je me donne du mal, je viens vous voir,
-
61:59 - 62:02parce qu'il faudrait absolument que ça devienne votre thèse,
-
62:02 - 62:07que ça devienne notre thèse, que nous nous concentrions là-dessus.
-
62:07 - 62:09Si je suis tout seul, ça marchera pas. Mais si on est des millions,
-
62:09 - 62:12des milliards à dire : c'est pas aux hommes aux pouvoir
-
62:12 - 62:13d'écrire les règles du pouvoir. Il faut arrêter d'avoir
-
62:13 - 62:16des professionnels de la politique dans les Assemblées constituantes
-
62:16 - 62:20pour que ça cesse : le fait que ces professionnels de la politique
-
62:20 - 62:22programment l'impuissance des gens. Mais c'est normal,
-
62:22 - 62:26ils ont un intérêt personnel... Je dis pas que c'est des crapules.
-
62:26 - 62:30Je dis que, en tant que professionnels de la politique,
-
62:30 - 62:34même très vertueux, même très gentils, même très généreux,
-
62:34 - 62:37au moment d'écrire une Constitution qu'ils vont craindre,
-
62:37 - 62:41et qui va les empêcher de bosser, par construction,
-
62:41 - 62:46dans cette occurrence-là, ils sont en situation de conflit d'intérêt.
-
62:46 - 62:48Alors, conflit d'intérêt, c'est très important de comprendre ce mot-là,
-
62:48 - 62:52parce que c'est la clé, c'est la clé de toute la merdouille
-
62:52 - 62:56- on dit pas ça -, de toute la catastrophe dans laquelle on est.
-
62:56 - 62:58Écoutez bien : conflit d'intérêt, je vais vous donner un exemple,
-
62:58 - 63:01et je vais revenir ensuite à mon député constituant.
-
63:01 - 63:05Un conflit d'intérêt, c'est comme un juge, un très bon juge,
-
63:05 - 63:10un juge honnête, soucieux du bien général, soucieux de justice,
-
63:10 - 63:17mais vous n'imaginez pas. Il est pointilleux, pas une once de malhonnêteté.
-
63:17 - 63:21Un bon juge. Dans le rôle, dans le planning de ses affaires,
-
63:21 - 63:30arrive son propre fils. Ou sa fille. Soit en victime, soit en accusé(e).
-
63:30 - 63:34Tout le monde sur Terre comprend que ce juge-là,
-
63:34 - 63:39même un bon juge, il est incapable de rendre la justice
-
63:39 - 63:42pour sa fille, pour son fils, vous comprenez ça ?
-
63:42 - 63:44Ça s'appelle un conflit d'intérêt. Le conflit d'intérêt,
-
63:44 - 63:47ça veut pas dire qu'il est malhonnête, pas du tout,
-
63:47 - 63:50ça dit pas que c'est une crapule pourrie, pas du tout !
-
63:50 - 63:58Ça dit que dans cette occurrence-là, il ne peut pas être juste.
-
63:58 - 64:00Alors qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là, partout dans le monde ?
-
64:00 - 64:03Et ça pose aucun problème, même pas au juge !
-
64:03 - 64:06Lui-même va mettre un point d'honneur à se mettre lui-même à l'écart.
-
64:06 - 64:13On le récuse : ça veut dire on le tient à l'écart pour ce procès.
-
64:13 - 64:19Pourquoi ? Parce que là il serait juge et parti, il serait en conflit d'intérêt.
-
64:19 - 64:23Donc ça ne va pas. C'est très important, ça ne va pas du tout.
-
64:23 - 64:28Vous comprenez ça ? Eh bien, ce que je vous dis, c'est que les parlementaires,
-
64:28 - 64:34les ministres, les juges, les présidents, les journalistes,
-
64:34 - 64:38les banquiers, tous ceux qui exercent un pouvoir important.
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64:38 - 64:40Les médias et la banque, il faut qu'on les mette à côté
-
64:40 - 64:44du parlement, du gouvernement et des juges, ça fait partie...
-
64:44 - 64:46Il y a pas trois pouvoirs, il y a cinq pouvoirs importants
-
64:46 - 64:49qui nous menacent, et qu'il faut affaiblir, contrôler avec une Constitution.
-
64:49 - 64:54Donc, tous ces gens-là, et y compris les candidats à ces fonctions-là,
-
64:54 - 64:57donc y compris les gens qui sont pas encore parlementaires,
-
64:57 - 65:00qui sont pas encore ministres, mais qui se projettent dans l'avenir,
-
65:00 - 65:03qui sont candidats à, ils sont dans un parti, ils vont l'être.
-
65:03 - 65:07Vous comprenez ça ? Donc tous ces gens-là, même s'ils sont très gentils,
-
65:07 - 65:12très vertueux, très bons, très dévoués au bien commun,
-
65:12 - 65:18au moment du processus constituant, au moment d'écrire une Constitution,
-
65:18 - 65:21au moment d'écrire ce texte qu'ils vont craindre,
-
65:21 - 65:26si cette Constitution est bien écrite, ils sont dans une situation radicale,
-
65:26 - 65:32criante de conflit d'intérêt, où ils ont un intérêt personnel contraire
-
65:32 - 65:36à notre intérêt général à tous. Nous avons laissé désactiver
-
65:36 - 65:39un outil génial qui est la Constitution, qui nous protégerait
-
65:39 - 65:43efficacement aujourd'hui contre les banquiers, tous les oligarques.
-
65:43 - 65:47Nous avons laissé vider de son sens un mot essentiel,
-
65:47 - 65:51un concept, un outil de protection juridique essentiel.
-
65:51 - 65:55Nous l'avons laissé vider de son sens en laissant écrire
-
65:55 - 66:00les Constitutions par ceux-là mêmes qui devraient la craindre.
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66:00 - 66:05Donc la solution, elle est pas dans ces gens-là. Si on attend de ces gens-là que ça change,
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66:05 - 66:08ça ne changera jamais, c'est pas ça la cause des causes,
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66:08 - 66:13c'est pas eux la cause du problème.
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66:13 - 66:16La cause du problème, c'est ceux qui les laissent écrire ces règles-là :
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66:16 - 66:22c'est nous. C'est nous qui sommes paresseux... ou incultes.
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66:22 - 66:28Ou... Oh déjà ça va pas mal, paresseux, incultes... ou couards,
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66:28 - 66:35peureux. Je le dis gentiment, hein, parce que je... enfin c'est affectueux, c'est pas...
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66:35 - 66:36Mais attendez, attendez, attendez...
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66:36 - 66:44Si vous renoncez, vous, à écrire la Constitution, il faut pas vous plaindre
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66:44 - 66:47de votre impuissance politique : c'est votre faute.
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66:47 - 66:51C'est notre faute. Je crois que je tiens là... Et alors ce qui donne de l'espoir,
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66:51 - 66:55c'est que si c'est en nous, ça peut changer... Ah !
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66:55 - 67:01Si ça tient qu'aux autres, et qu'en plus c'est des affreux qui sont en conflit d'intérêt,
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67:01 - 67:06c'est mal barré ! Mais si c'est en nous et que c'est si simple finalement.
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67:06 - 67:10C'est pas compliqué ! Je vous jure que c'est pas compliqué.
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67:10 - 67:12C'est compliqué si on est pas nombreux, voilà.
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67:12 - 67:15Si on 1000, 2000... Si on est 100 000 ça ne marchera pas,
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67:15 - 67:19ils nous massacreront. « Ils », les Versaillais.
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67:19 - 67:21Écoutez Guillemin, il va vous expliquer la Commune,
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67:21 - 67:22vous allez comprendre ce que veux dire le mot « Versaillais »,
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67:22 - 67:33c'est épouvantable, et c'est les mêmes aujourd'hui qui nous...
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67:33 - 67:37laminent ! Je pense aux Grecs. Mais nous sommes Grecs !
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67:37 - 67:39Je pense aux Palestiniens... Nous sommes Palestiniens !
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67:39 - 67:47Je veux dire, on va prendre... Ça va finir en camps de travail si on se réveille pas, quoi, hein.
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67:47 - 67:51La révolution Internet
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67:53 - 67:57Il me semble que l'Internet, qui est une révolution aussi importante,
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67:57 - 68:01je pense, que l'imprimerie. L'imprimerie nous a donné le pouvoir de lire,
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68:01 - 68:03a donné au peuple un droit incroyable pour s'émanciper
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68:03 - 68:06qui est le droit de lire, mais qui suffit pas
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68:06 - 68:10parce que nous ne pouvons... encore avec l'imprimerie, nous ne pouvons lire
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68:10 - 68:14que les livres qui ont été écrits, en général, par des notables,
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68:14 - 68:21des oligarques, des gens qui sont plus la même chose que la multitude.
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68:21 - 68:23Ce que l'Internet nous donne, ce que l'Internet donne aux peuplex,
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68:23 - 68:28aux peuples au pluriel, c'est le droit d'écrire.
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68:28 - 68:31Et ça, c'est probablement aussi... on en a pas encore vu toutes les conséquences,
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68:31 - 68:33mais c'est... et peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression
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68:33 - 68:36que c'est au moins aussi important que l'imprimerie.
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68:36 - 68:38C'est-à-dire que ça va nous permettre, cette éducation populaire
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68:38 - 68:43dont nous avons besoin, pour remettre au-dessus des pouvoirs,
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68:43 - 68:47au-dessus de nos élites, remettre au-dessus d'eux un texte
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68:47 - 68:51qu'ils vont craindre enfin. À mon avis, ça peut tout changer.
- Title:
- La vraie démocratie, le tirage au sort - Etienne Chouard (Montpellier, 14 mars 2012)
- Video Language:
- French
- Duration:
- 01:08:56
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