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Le tirage au sort comme bombe politiquement
durable contre l'oligarchie
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Marseille 23 avril 2011
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Alors l'analyse que je fais de notre impuissance
politique c'est que nous appelons démocratie son
strict contraire.
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C'est-à-dire que ce qu'on appelle aujourd'hui
démocratie, ce n'est pas du tout, mais pas du
tout une démocratie : c'est une oligarchie
aristocratique.
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Et ce n'est pas du tout par hasard, ou par le jeu
d'acteurs qui seraient véreux, vicieux... pas du
tout...
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C'est... le mécanisme qui est au coeur de nos
institutions [qui] est aristocratique [et] qui
s'appelle l'élection.
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L'élection, ça consiste à choisir, choisir le
meilleur, le meilleur = "aristos" => "aristos"
aristocratie et...
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on sait depuis des milliers d'années qu'une
aristocratie débouche, se transforme, TOUJOURS,
en oligarchie, c'est-à-dire le pouvoir de
quelques uns.
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"Monarchie", c'est le pouvoir d'un seul ;
"démocratie", c'est le pouvoir du peuple, "demos"
le peuple, "cratie" pouvoir ; et une oligarchie,
c'est le pouvoir de quelques uns, d'un petit
nombre.
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Et on y est, on y est, en oligarchie : vous voyez
bien que quelques uns tiennent les manettes.
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Mais quelques uns tiennent les manettes non pas
parce qu'ils sont particulièrement mauvais ou
particulièrement rusés...
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je voudrais insister sur... la cause des causes,
ce n'est PAS LE VICE de ceux qui nous gouvernent,
pas du tout.
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Vous mettriez... si vous les tuiez tous, vous en
auriez d'autres qui viendraient à la place, si
vous ne changez pas les INSTITUTIONS.
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LE PROBLÈME, CE SONT NOS INSTITUTIONS.
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Et dans les institutions du monde pour
l'instant...
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la procédure reine, celle qui est défendue par
tout le monde...
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les gens de gauche, comme les multinationales,
comme les banques...
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(et c'est ça qui est paradoxal, je vous
interrogerai à la fin là-dessus,
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c'est que des gens aussi différents, aux
intérêts si différents, défendent l'élection,
c'est louche.
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Excusez moi, le fait que Goldman Sachs défende
l'élection, c'est qu'elle n'a pas grand chose à
en craindre.
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Effectivement, Goldman Sachs finance
intégralement —ou quasiment— l'élection du
président qui ensuite sert ses intérêts.
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Mais ce n'est pas propre aux Etats-Unis, c'est
comme ça dans toutes les soi-disant démocraties
qui ne sont pas des... qui NE PEUVENT PAS ÊTRE
des démocraties à cause de l'élection.
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Alors, puisque le régime actuel, ils ont réussi
à l'appeler "démocratie", la place est occupée.
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Et on n'arrive pas à désigner l'ennemi puisqu'on
nomme le régime qui nous pose problème du nom de
ce qui réglerait le problème.
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C'est-à-dire qu'on appelle "démocratie" le
problème.
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Le régime qui pose problème, on l'appelle du nom
de la solution.
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Donc on a un problème de MOTS.
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Alors d'où ça vient, ça ?
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Est-ce que c'est un complot? Pas du tout.
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Pas du tout, pas du tout...
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D'abord, quand ceux qui ont conçu le régime
actuel...
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ça s'est passé fin du 18ème,
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ça s'est passé en Grande Bretagne, puis ça
s'est passé aux États-Unis, puis ça s'est
passé en France en 1789, mais en gros fin du
18ème,
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se sont mises en place des institutions qu'on
appelle et qu'ils ont appelées...
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qu'ils n'ont pas du tout appelé "démocratie" :
ils savaient très bien ce qu'était la
démocratie, ils connaissaient le monde athénien,
ils étaient très cultivés,
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c'étaient des hellénistes, ils connaissaient le
monde grec...
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mais ils n'en voulaient pas du tout :
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Sieyès, vous savez, celui qui a écrit "Qu'est-ce
que le Tiers Etat", un des penseurs, un des plus
grands penseurs de la Révolution française,
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Madison, aux États-Unis, qui est un des plus
grands penseurs, un des Pères Fondateurs de la
constitution américaine,
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ces gens-là n'avaient pas du tout en tête de
fabriquer une démocratie, pas du tout, du tout :
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ils n'en voulaient pas de la démocratie, pour eux
c'était l'anarchie, c'était le gouvernement de
la populace ; ILS ÉTAIENT ÉLITISTES.
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Ils disaient "le peuple n'est pas capable de
gérer ses affaires".
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Les fondateurs des institutions de nos
gouvernements qui s'appelle le "gouvernement
représentatif"...
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"gouvernement représentatif" => pas du tout la
"démocratie" !
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Ces gens-là savaient, pensaient honnêtement...
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ce n'était pas des affreux, puisqu'ils nous
sortaient de l'Ancien Régime qui était un
régime pire, mais ils ne voulaient pas du tout de
la démocratie.
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Et quand on parlait de "démocratie", c'était
presque une insulte, c'était péjoratif, ce
n'était pas un mot positif, ce n'était pas ce
que c'est devenu après.
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Alors, c'est par un retournement de vocabulaire,
c'est par...
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une ruse de l'histoire qu'au début du 19ème
siècle, le mot "démocratie" s'est mis à
désigner ce régime [antidémocratique].
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Par exemple, quand Tocqueville a écrit "De la
démocratie en Amérique",
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il ne parlait pas du tout (comme vous et moi), ce
n'était pas du tout une démocratie, mais c'est
un livre qui a été un best-seller immense ("De
la démocratie en Amérique").
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Et il n'est pas le seul :
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plusieurs auteurs, progressivement, se sont mis a
appeler "démocratie"... parce que vous allez voir
qu'il y a des points communs, il y a un point
commun (entre la démocratie et le gouvernement
représentatif) qui est L'ÉGALITÉ...
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(On va voir quand on va parler de la démocratie
athénienne que le coeur du coeur, l'objectif
central de la démocratie athénienne, c'était
l'égalité :
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mais mais mais mais mais... l'égalité qui était
revendiquée par les Athéniens c'était
l'égalité politique RÉELLE.
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Alors que l'égalité du gouvernement
représentatif, elle est FORMELLE.
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Elle est complètement factice, en fait.
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Elle n'est pas réelle : vous voyez bien que notre
égalité elle est... elle est...
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elle est sur des détails, elle n'est pas sur
l'essentiel.)
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En tout cas, jouant sur l'égalité, prenant en
compte l'égalité comme point commun, les auteurs
politiques se sont mis progressivement à parler
de "démocratie". Et tout le monde s'y est mis.
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Et vous voyez bien que les élus y ont trouvé
leur compte, puisqu'ils appelaient "démocratie"
un régime qui leur permettait de se faire élire
et donc d'avoir le pouvoir... Mais les élus,
c'était des notables :
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ce n'était pas des ouvriers, les élus...
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Donc, ce n'était pas un complot, mais ça s'est
fait parce que les gens y avaient un intérêt.
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Les gens au pouvoir avaient un intérêt
[personnel au choix du "gouvernement
représentatif"].
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Tocqueville disait... (c'est quand même gros,
quoi !)
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Tocqueville, donc, l'icône du libéralisme...
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disait: "JE NE CRAINS PAS LE SUFFRAGE UNIVERSEL :
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LES GENS VOTERONT COMME ON LEUR DIRA".
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ILS SAVAIENT DÉJÀ : 1835, ils savaient déjà,
début du 19ème...
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tout tout tout début de l'élection, ils savaient
très bien :
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on ne renverserait personne, on ne mettrait jamais
des pauvres au pouvoir avec l'élection, JAMAIS,
ils le savent très bien depuis le début.
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Et ça leur va très bien, qu'on appelle ça
"démocratie", parce que...
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"démocratie", ça paraît une espèce d'idéal :
"demos", "cratos", le pouvoir du peuple...
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"Ouais, c'est bien, c'est nous, on va moins se
faire enfumer si c'est nous qui dirigeons"...
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Ben ouais, mais si vous appelez "démocratie" un
régime qui n'a rien à voir, et qui est même son
strict contraire...
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et bien, vous êtes en train de vous faire avoir
dans les grandes largeurs.
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Alors...
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pour... pour en faire un outil pour aujourd'hui,
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pour voir qu'est-ce qui est utilisable
aujourd'hui, il faut comprendre ce qu'il y a dans
la démocratie athénienne.
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Alors on parlera des objections, c'est-à-dire ce
dont on a un petit peu parlé tout à l'heure
quand on a parlé de...
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de xénophobie, de phallocratie, de...
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d'esclavagisme... j'en parlerai quand on verra les
objections.
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Mais je voudrais d'abord vous montrer le coeur
nucléaire d'une vraie démocratie, de la
démocratie athénienne,
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avec le transparent que je vous ai préparé
[http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
centralitedutirageausortendemocratie.pdf].
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C'est un schéma que j'ai fait pour ces
conférences...
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je l'avais fait d'abord à la main, puis en fait,
là, pour vous, c'est une première, je l'ai fait
sur machine ; alors...
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l'inconvénient du fait que ce soit fait sur
machine, c'est qu'il est tout prêt,
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alors que, quand je le faisais à la main, pendant
que je vous parlais, je le dessinais en même
temps,
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alors, on voyait mieux le truc se faire...
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mais en même temps, comme je n'écris pas bien,
et puis en même temps, [quand] on écrit en
parlant, on écrit mal, là, c'est beaucoup mieux.
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Donc je vais vous montrer... Peut-être, oubliez
tout le reste...
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on commence par le commencement :
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Les Athéniens, après des siècles de tyrannie,
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ont UN objectif...
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pratique...
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C'est l'égalité réelle, L'ÉGALITÉ POLITIQUE
RÉELLE.
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Pas l'égalité sociale, pas l'égalité
économique,
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(ils savent bien qu'ils sont pas égaux)...
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pas l'égalité physique...
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Non : l'égalité POLITIQUE.
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Quand on prend des décisions, on les prend
ensemble et...
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à l'Assemblée : un homme = une voix.
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À l'assemblée DU PEUPLE, pas l'assemblée des
représentants : l'assemblée du peuple.
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C'est l'assemblée du peuple, c'est important.
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Donc, l'objectif... et lui, il faudrait lui mettre
une couleur particulière, parce que c'est
comme...
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c'est le centre, c'est le coeur, c'est ce qu'on ne
doit pas oublier quand on doit penser aux autres
institutions.
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Ok.
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Alors, qu'est-ce qu'ils ont constaté, les
Athéniens ?
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(et on constate, nous, la même chose)...
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Ils ont constaté que...
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le pouvoir corrompt...
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et il faut un peu de temps... il faut un peu de
temps...
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mais au bout du compte, personne n'y résiste :
même les plus vertueux deviennent corrompus,
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ils se mettent à poursuivre leur intérêt
personnel au lieu de poursuivre l'intérêt
général.
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Constatant ça...
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(ça, c'est des faits — et c'est des faits qu'on
voit encore aujourd'hui, on voit bien que la
richesse, les pouvoirs, les privilèges, ça nous
change ;
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et même si on est bon au départ, on est moins
bon [ensuite], comme des drogués qui avons besoin
de notre drogue après : quand on y a pris goût,
on a envie que ça dure,
-
et cette envie-là passe avant l'intérêt
général)...
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Prenant acte de ça...
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(ce que ne fait PAS l'élection !),
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prenant acte de ça, les Athéniens ont défini
des SOUS-OBJECTIFS qu'il faut bien comprendre
comme AU COEUR et indispensables :
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Premier sous-objectif et deuxième sous-objectif
(qui vont ensemble) : c'est L'AMATEURISME
POLITIQUE.
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(Donc là, c'est en gris parce que c'est [une
photocopie...
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de couleur, [l'original] est en vert : ce sont les
institutions ; et là, [dans des rectangles
blancs,] ce sont les objectifs qui nous font
choisir telle et telle institution.)
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Et donc, [deuxième sous-objectif :] "ROTATION DES
CHARGES" => ils font tourner le pouvoir : puisque
le pouvoir corrompt, eh bien on ne leur laisse
jamais longtemps.
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On fait tourner le pouvoir pour que ça n'ait pas
le temps de les corrompre.
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Et puis, le résultat, ça va être qu'il n'y a
pas de professionnalisme :
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"on ne veut PAS DE PROFESSIONNELS du tout, [JAMAIS
EN POLITIQUE]", disaient les Athéniens,
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on n'en veut pas parce que c'est le coeur de la
CORRUPTION.
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Bon,
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là, on n'est pas encore dans les institutions :
-
on en est au COEUR de ce qui a motivé la
démocratie : la démocratie a existé pour
atteindre ces objectifs.
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Et on pourrait très bien prendre les mêmes
(objectifs) pour nous aujourd'hui, en disant:
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"on veut qu'ils soient amateurs,
-
donc il faut que ça tourne,
-
c'est parce qu'on veut qu'ils soient amateurs,
qu'il faut que ça tourne ; c'est parce que ça
tourne qu'ils seront amateurs" ; c'est
complètement lié, ça va ensemble, et tout ça
va servir l'égalité.
-
Il faut comprendre qu'il y a une COHÉRENCE
là-dedans,
-
et que, si je laisse se former une caste de
politiciens, je ne vais pas atteindre mon objectif
d'égalité :
-
je vais avoir des professionnels, et on ne va plus
être égaux...
-
politiquement...
-
Politiquement hein ? je ne parle pas
d'égalité... je sais bien qu'on est inégaux ;
ils savaient bien qu'on est inégaux devant la
richesse, devant l'intelligence, devant...
-
mais politiquement, il faut qu'on soit égaux.
C'est ça...
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le projet démocratique, c'est ça.
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Bon, ce qu'il faut comprendre, c'est que ces deux
sous-objectifs...
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(on n'est pas encore à des institutions... si,
peut-être sur les mandats courts et non
renouvelables...)
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Mais les mandats courts et non renouvelables, ce
n'est pas gérable avec l'élection :
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vous n'allez jamais avoir les candidats en nombre
suffisant pour alimenter des postes en mandats
courts et non renouvelables.
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Vous ne les aurez pas à l'élection...
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parce que quand vous élisez quelqu'un, le
mécanisme qui vous a conduit à l'élire, c'est
le même qui va vous conduire à le réélire,
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et donc l'élection, elle entraîne avec elle une
stabilité du corps politique,
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elle entraîne une professionnalisation, une
sédimentation : ça va être toujours les mêmes
[au pouvoir].
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Dans le génome de l'élection, il y a la
professionnalisation de la politique.
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Ça va avec.
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C'est... c'est programmé avec.
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Donc, si vous voulez, s'ils avaient choisi le
tirage au sort, c'est parce que c'est
complètement cohérent :
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pour obtenir l'amateurisme,
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pour obtenir les rotations (c'est les mandats
courts et non renouvelables), IL FAUT le tirage au
sort !
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Vous ne pouvez pas garder tout le reste et puis
mettre l'élection à la place du tirage au sort :
ça ne va pas marcher.
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L'élection ici [au centre] ne permet pas
l'amateurisme et la rotation des charges.
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Donc, ça ne permet pas l'égalité : on ne peut
pas le remplacer.
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LE TIRAGE AU SORT, c'est lui qui permet, en
prenant toujours à chaque fois des gens
différents, au hasard...
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ÇA PERMET LA ROTATION DES CHARGES ET
L'AMATEURISME, DONC L'ÉGALITÉ.
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Alors ça, c'est absolument central. Là, on a le
coeur nucléaire d'une démocratie.
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En institution complémentaire, pour l'objectif
central, ils avaient le droit de parole.
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C'est-à-dire que... (ils savaient bien... ces
gens-là n'étaient pas idéalistes.
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Platon, [lui,] était idéaliste !
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Les philosophes étaient souvent idéalistes
c'est-à-dire qu'ils nourrissaient, ils
alimentaient des MYTHES qui permettaient de
dominer.
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Vous savez que LES MYTHES, ÇA SERT À DOMINER.
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C'est Mirabeau qui disait : "l'homme est comme le
lapin : il s'attrape par les oreilles".
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On marche aux histoires, on a besoin qu'on nous
raconte des histoires.
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C'est le "story telling". Il y a un petit bouquin
que j'ai pas apporté qui est un bouquin
important, tout petit qui résume, qui [résume]
l'état de la science, sur le "story telling" [de
Christian Salmon, éd. La découverte].
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"Story telling", c'est une technique de
commercialisation, mais pas seulement : c'est une
technique de manipulation des humains en leur
racontant des histoires.
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On est [tous] très très très vulnérable aux
bobards.
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Nous tous, vous et moi, on est... on marche :
quand on nous raconte des histoires, on y croit.
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On n'a qu'une envie, c'est de croire.
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Et donc, quand on nous raconte des bobards, on ne
demande que ça ; si ça colle avec ce qu'on a
déjà compris du réel, on ne demande que ça.
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Alors, ...
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Sachant...
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Eux, les Athéniens, ils n'étaient pas
idéalistes :
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Les Athéniens, ils étaient très réalistes,
très pratiques, ILS SAVAIENT QU'ILS ÉTAIENT
IMPARFAITS,
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ils savaient qu'ils allaient pouvoir piquer dans
la caisse,
-
ils savaient qu'ils allaient [avoir tendance à]
tirer l'intérêt général vers leur intérêt
particulier,
-
ils savaient qu'ils étaient menteurs, ils
savaient qu'ils n'étaient pas toujours honnêtes,
ils savaient ça...
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et ils disaient : "eh bien, notre système, il va
faire que CHAQUE CITOYEN EST POTENTIELLEMENT UNE
SENTINELLE.
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Chaque citoyen qui veut parler, qui veut
dénoncer, PEUT dénoncer."
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"Et il garde la vie sauve", (parce qu'à l'époque
ça ne rigolait pas :
-
avant la démocratie, quand il y en a un qui se
mettait en travers,
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les opinions dissidentes étaient maltraitées...
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On les... on s'en débarrassait de façon
expéditive...).
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Et les Athéniens ont fait un autre choix : ils
ont dit : "on va protéger les opinions
dissidentes,
-
on va laisser les gens s'exprimer
-
en instituant...
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l'ISÈGORIA...
-
à quoi ils tenaient plus que l'isonomia ou
d'autres institutions très importantes de la
démocratie :
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l'ISÈGORIA, pour eux, c'était UN PILIER de la
démocratie.
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Ce pilier c'est:
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"chacun à l'assemblée PEUT prendre la parole à
tout propos et à tout moment".
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Ils ne le faisaient pas [tous en même temps, bien
sûr] :
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quand on prenait la parole, on était écouté, et
on était volontiers ridiculisé quand on
s'exprimait mal, quand on disait des bêtises ;
ça ne rigolait pas.
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Donc...
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mais tout le monde POUVAIT le faire.
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Et c'est très important que tout le monde [PUISSE
prendre la parole]... C'était pas du tout le
désordre à l'Assemblée :
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il y avait les magistrats (c'est comme ça qu'on
appelait les représentants tirés au sort, leur
boulot, en partie, c'était de faire régner une
discipline à l'Assemblée, donc de vérifier que
tout ça était ordonné)...
-
Mais le fait que chaque citoyen qui avait une
révolte, quelque chose à dire, puisse le dire en
gardant la vie sauve à l'Assemblée, c'est
absolument essentiel dans L'HYGIÈNE DE LA
DÉMOCRATIE.
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C'est-à-dire que...
-
ça, c'est la GARANTIE que les Athéniens se
donnaient que la démocratie allait DURER,
-
parce que toute dérive oligarchique (ils savaient
bien qu'il y avait des dérives oligarchiques),
-
chaque citoyen -- ils étaient armés, je vous
rappelle -- chaque citoyen...
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avait le pouvoir [de dénoncer publiquement ces
dérives], par les institutions qui le
protégeaient (un peu comme aujourd'hui, nos
institutions devraient protéger les donneurs
d'alerte :
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les gens comme Fabrice Nicolino, comme Denis
Robert, comme cette dame qui a dénoncé le
Mediator...
-
Irène Frachon, voilà c'est ça,
-
donc, les donneurs d'alerte, on en a quelques uns
gratinés quand même, on en a des courageux qui
se donnent du mal,
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il faudrait que les institutions les protègent...
les protègent particulièrement ; un peu comme le
droit du travail protège particulièrement les
délégués syndicaux ou les délégués du
personnel)
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Bon, les institutions athéniennes...
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garantissaient à chacun ce droit de parole.
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Ça s'appelait l'Isegoria, c'est une institution
essentielle.
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Et ça, ça rendait les citoyens actifs.
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Le fait... • quand vous donnez la parole aux
gens et quand vous tenez compte de leur parole,
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et bien les gens, ils se donnent du mal.
-
• Au contraire quand vous avez des institutions
qui font comme si ce que vous disiez n'avait
aucune influence, et bien, ça dissuade les gens
de se donner du mal.
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On se plaint aujourd'hui de citoyens passifs.
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Mais LES INSTITUTIONS RENDENT PASSIF : à quoi bon
être actif puisque, de toute façon, ça ne
changera rien.
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Imaginez, à l'inverse, des institutions qui
soient ouvertes et qui font que vous puissiez
changer quelque chose : vous allez devenir
beaucoup plus actifs.
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Regardez en Suisse, qui n'est pas la panacée,
mais qui est beaucoup plus démocratique, qui est
probablement une des seules démocraties au monde
(avec le Venezuela peut-être),
-
en Suisse, le fait que chaque citoyen puisse
déclencher quasiment à lui seul (avec quelques
amis cosignataires) puisse déclencher un
référendum, c'est-à-dire poser la question [qui
lui semble importante] À TOUS les Suisses...
-
Non, mais ça les rend très actifs : quand vous
allez en Suisse, c'est étonnant, l'activité
politique, quand vous en parlez : ces gens-là
font de la politique.
-
Beaucoup plus que nous. Alors, ce n'est pas
parfait, il reste [des problèmes, évidemment]...
-
Les Athéniens eux-mêmes se plaignaient de la
passivité, on n'est jamais content, on voudrait
toujours que ce soit...
-
mais enfin, c'est quand même (la cité
d'Athènes), dans l'histoire des hommes (de ce
qu'on connaît)... c'est la plus grande activité
politique qu'on ait jamais connue.
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C'est-à-dire : des institutions ouvertes...
-
font des citoyens actifs.
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Donc... et ces citoyens actifs alimentent
l'amateurisme, rendent possible l'amateurisme...
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Et c'est parce qu'il y a l'amateurisme, que vous
les rendez actifs aussi, parce qu'il y a une
chance...
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chacun avait une chance d'être tiré au sort.
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Le tirage au sort, il rend plausible la
possibilité que je sois un jour président
d'Athènes.
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Le président d'Athènes était désigné au sort
TOUS LES JOURS...
-
tous les jours ! tiré au sort...
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Et donc [un citoyen sur quatre] pouvait dire :
"dans ma vie, j'ai été une fois Président
d'Athènes".
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Et aucun ne pouvait dire: "je l'ai été deux
fois" (parce que c'était non renouvelable).
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Ça tournait... ça tournait...
-
Mais quand vous savez que, dans le potentiel de ce
qui va vous arriver, vous allez être un jour le
porte parole du groupe...
-
et bien ça change complètement votre rapport à
la politique :
-
vous vous mettez à faire de la politique de
façon naturelle, parce qu'elle est partout, la
politique.
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Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les
boeufs : il ne faut pas attendre qu'on se mette,
nous, à faire de la politique pour que les
institutions changent.
-
À mon avis, DE BONNES INSTITUTIONS FABRIQUERONT
DE BONS CITOYENS.
-
De bonnes institutions sont pédagogiques, elles
sont UNE ÉCOLE [CIVIQUE]...
-
J'y reviendrai, quand on parlera des jurés et de
ce qu'en disait Tocqueville, parce que Tocqueville
a écrit des pages formidables : Tocqueville
était un défenseur acharné... un défenseur
fervent du tirage au sort.
-
Et les mots qu'il utilisait, je vous les lirai
texto parce que c'est...
-
... Tocqueville, c'est merveilleusement exprimé ;
c'est beau, ce qu'il dit...
-
Alors, [certes,] c'était un aristocrate, qui, je
pense, profondément était antidémocrate ;
antidémocrate, mais qui était honnête,
c'est-à-dire que, quand il décrivait sa pensée,
il essayait de voir le bon côté de chacun des
points de vue.
-
Et c'est ça qui fait que Tocqueville est aimé
par tout le monde, que tout le monde arrive à
trouver ce qu'il veut dans Tocqueville : c'est que
Tocqueville ne montre pas vraiment ce qu'il pense.
-
Il y a d'ailleurs une lettre de son frère (on a
la correspondance de Tocqueville avec son frère),
et Tocqueville [lui] faisait lire les chapitres de
"La démocratie en Amérique" au fur et à mesure
où il l'écrivait,
-
et on a une lettre dans laquelle son frère — je
me souviens plus de son prénom — lui écrit
(écrit à Alexis de Tocqueville), et lui écrit
en lui disant...
-
"ce chapitre que tu m'as envoyé, là, on avait
dit pourtant que tu ne montrerais pas ce que tu
penses...
-
et là, j'ai vu ce que tu penses...
-
Je l'ai vu. Donc tu... tu...
-
Il faut que tu le réécrives."
-
Donc, il réécrivait : il pesait ce qu'il
écrivait pour qu'on ne voit pas ce qu'il pense,
et ça donnait à son écriture une force qui est
extrêmement séduisante parce que...
-
il montre les qualités de la démocratie (enfin,
de ce qu'il appelle la "démocratie" parce que ce
n'est pas du tout une démocratie, je le rappelle,
mais enfin bon c'est plus commode de l'appeler
comme ça)...
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Il décrit le régime américain...
-
avec ses forces et ses faiblesses...
-
avec une honnêteté qui est utile pour nous
aujourd'hui,
-
parce que c'est vrai que le régime représentatif
tel qu'il est, tel qu'on le vit, il a des travers
qui nous conduisent à la dictature,
-
une dictature DOUCE que décrit Tocqueville et qui
est celle qu'on vit en ce moment.
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Donc, Tocqueville, malgré le fait qu'il soit
antidémocrate, on y trouve des choses formidables
et les passages sur le tirage au sort sont une
pure merveille, on verra ça tout à l'heure.
-
Donc, si vous voulez, le coeur nucléaire de la
démocratie c'est ça, là [en montrant le centre
du schéma] :
-
c'est l'objectif, les sous-objectifs et LA
PROCÉDURE QUI REND POSSIBLE ces sous-objectifs...
-
SI VOUS CHANGEZ QUELQUE CHOSE LÀ-DEDANS, VOUS
PERDEZ LA DÉMOCRATIE.
-
Alors...
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ils avaient peur du tirage au sort, comme nous,
pareil, la même peur, les [Athéniens]...
-
C'étaient les mêmes humains, et ils
réfléchissaient bien, ils étaient loin d'être
bêtes, ce n'est pas parce qu'il y avait 2500
ans... Ils réfléchissaient exactement comme vous
aujourd'hui, pareil.
-
Peut-être plus, parce qu'ils faisaient plus de
politique.
-
Et... donc, ils avaient peur de tirer au sort des
abrutis.
-
Alors : d'abord, ils ne donnaient PAS LE POUVOIR
au tiré au sort :
-
LE TIRÉ AU SORT, CE N'ÉTAIT PAS CELUI QUI
DÉCIDAIT :
-
CELUI QUI DÉCIDAIT, C'EST L'ASSEMBLÉE,
-
ce n'est pas les représentants, c'est
l'assemblée.
-
Donc, il faut pas imaginer qu'on remplace
l'élection par le tirage au sort, et puis qu'on
laisse le pouvoir comme [on le laisse aujourd'hui]
aux élus : pas du tout, ça ne marche pas comme
ça. C'est... c'est...
-
Il faut comprendre que LA DÉMOCRATIE, C'EST AUTRE
CHOSE QUE NOTRE SYSTÈME ACTUEL.
-
Alors, [certes,] il y a des points communs
puisqu'on prend des décisions collectives, il
faut qu'on évalue les décisions collectives, il
faut qu'on exécute les décisions collectives, il
faut...
-
qu'on procède au jugement des conflits entre
particuliers... Donc, il y a des tas de points
communs...
-
Il faut qu'on atteigne des objectifs comparables,
mais l'équilibre... LA PHILOSOPHIE DES
INSTITUTIONS, il faut comprendre qu'elle change
complètement.
-
Alors, on verra après comment, quand on est un
grand nombre, ça peut continuer à fonctionner,
-
mais vous verrez qu'avec la FÉDÉRATION, avec la
démocratie qui s'exerce à petite échelle [et]
avec la fédération qui remonte en pyramide, AVEC
DES CONTRÔLES DE POUVOIR À TOUS LES ÉTAGES,
c'est tout à fait imaginable.
-
J'y reviendrai tout à l'heure (sur la
faisabilité aujourd'hui).
-
Mais donc...
-
je vous en parlais tout à l'heure avant qu'on...
qu'on fasse cette 2ème partie...
-
il se trouve que le tirage au sort entraîne
mécaniquement et pratiquement, sans exception,
-
(les exceptions, elles sont marginales),
-
une DÉSYNCHRONISATION, c'est... c'est Hansen qui
parle de ça.
-
Il y a deux livres absolument... là, il y a plein
de livres sur la démocratie athénienne qui sont
vraiment formidables.
-
Mais...
-
l'histoire des Athéniens au quotidien,
-
quand ils vont tirer au sort, les machines qu'ils
utilisent...
-
les problèmes qu'ils ont avec leur démocratie...
C'est dans un très très très bon livre... ce
livre-là se lit... c'est un bonheur :
-
on a l'impression de [voir] vivre une société
qu'on aimerait vivre aujourd'hui.
-
En tout cas, on sent bien ce qui est transposable
dans...
-
C'est quelqu'un qui aime la démocratie
athénienne qui écrit ;
-
il s'appelle Hansen et ça s'appelle "la
démocratie Athénienne à l'époque de
Démosthène".
-
Bon bouquin, bon bouquin pour... pour voir le
quotidien. C'est un des plus grands
connaisseurs...
-
connu de la démocratie athénienne (il y en a
beaucoup des connaisseurs de la démocratie
athénienne, mais celui-là est un grand
bonhomme), qui avait écrit...
-
plusieurs forts volumes sur le sujet et qui les a
résumés pour nous en un seul bouquin, pour que
ce soit accessible.
-
Et puis, il y a un deuxième livre : alors lui,
que je vous recommande plus encore... plus encore,
parce que là, c'est vraiment... c'est le plus
important je pense.
-
De tous les bouquins sur le tirage au sort et
l'organisation politique du pays...
-
Pourtant, ça a un titre qui n'est pas sexy :
"Principes du gouvernement représentatif"...
heu...
-
A priori, vous voyez ça sur une étagère, vous
allez dire : "je vais le laisser là, je le verrai
peut-être demain..."
-
Vous avez tort : ce livre est un très bon livre.
-
C'est l'histoire du tirage au sort, c'est
l'histoire du moment où on a perdu cette
conception, cette importance du tirage au sort.
-
Pourquoi l'élection a triomphé, avantages et
inconvénients, c'est écrit honnêtement...
-
C'est un gars super: Bernand Manin.
-
Je l'ai rencontré, c'est un gars jovial, malin,
cultivé comme tout.
-
C'est un...
-
C'est quelqu'un d'important [qui ne] pensait pas
faire un plaidoyer pour le tirage au sort :
-
lui, il voulait faire un état des lieux honnête.
-
Et c'est tellement honnête que, pour nous qui
n'entendons jamais parler de tirage au sort, on
dirait que c'est un plaidoyer pour le tirage au
sort.
-
Mais en fait, il défend aussi l'élection ; c'est
très honnête, c'est un peu comme Tocqueville.
-
Donc, c'est Hansen qui décrit cette
désynchronisation qui montre que...
-
...
-
les riches de l'époque étaient souvent...
n'avaient SOUVENT AUCUN pouvoir politique.
-
C'était des "métèques" comme on les appelle,
[c'était] des étrangers.
-
Et souvent les Athéniens les faisaient venir
[justement pour et] avec leur richesse :
-
donc, ils leur permettaient de s'installer en leur
garantissant qu'on n'allait pas leur prendre leurs
biens.
-
Et finalement, les riches, là... ces
"métèques", faisaient leurs affaires, ils
vivaient très confortablement, ils étaient très
bien installés, ils n'avaient aucun pouvoir
politique, mais manifestement, pendant 200 ans,
ça ne les a pas empêchés de prospérer.
-
Et Athènes était une cité très prospère.
-
Alors je ne dis pas...
-
je sais qu'elle était colonialiste, qu'elle
était guerrière, qu'ils faisaient des
expéditions, comme tous les peuples de l'époque.
-
Je ne dis pas qu'il faut vivre comme les
Athéniens !
-
Je dis juste que, par rapport aux autres cités de
l'époque, c'était une cité d'une remarquable
stabilité,
-
d'une grande prospérité, avec une activité
politique intense.
-
Et... et surtout, moi, ce qui me paraît
transposable aujourd'hui, et LE GERME qui
m'intéresse...
-
(Castoriadis, un philosophe immense, disait que...
-
Athènes c'est pas un modèle, parce qu'il y a des
tas de choses qu'on ne veut pas [prendre] de la
société Athénienne, mais c'est UN GERME.)
-
Et il me semble que le germe, il est là : ça, ce
truc là, ce truc-là qui fait que les riches ne
dirigent jamais...
-
[Nom d'un chien :-)], ça vous fait pas quelque
chose, ça ?
-
[Enfin !]... et que les pauvres dirigent toujours
!
-
Eh bien bon sang ! Eh bien quand même !...
-
Et bien, c'est quand même une grosse différence
!
-
— "Oui, c'est un détail, on va passer à autre
chose...."
— "Attends, non, non, non..."
Réfléchissez !
-
Alors... bon... en tout cas...
-
Le fait est que, quand on regarde l'expérience de
200 ans [de tests]...
-
200 ans d'expérience de tirage au sort et
d'élection, dans le rapport riches/pauvres et
l'exercice du pouvoir, c'est quasiment du négatif
[jour/nuit, blanc/noir].
-
C'est... c'est...
-
C'est radicalement opposé en résultat.
-
Mais là, je parle de FAITS, je ne parle PAS de
MYTHES.
-
Je ne parle pas de vache sacrée, de "suffrage
universel comme conquête historique de la classe
travailleuse..."
-
REGARDEZ LES FAITS.
-
QUI DIRIGE AVEC L'ÉLECTION ?
-
Qui dirige avec l'élection ?
-
Les pauvres ?
-
Et bien non, jamais (ou marginalement).
-
Même quand c'est Blum [Front populaire en 1936]
qui se fait élire...
-
Vous savez que Blum, avant [de gouverner], Blum
désigne un Ministre des finances...
-
(c'était Auriol)
-
Il désigne son ministre des finances,
-
et, comme d'habitude dans la 3ème république —
élection — comme d'habitude pendant la 3ème
république,
-
le ministre des finances, AVANT de prendre son
portefeuille et de faire son métier de Ministre,
il va où ?
-
(salle: à la Banque de France...)
-
Il va à la Banque de France,
-
dans le bureau de la Banque de France :
-
le patron de la banque... le gouverneur de la
Banque de France, c'est en même temps le patron
du Comité des Forges, donc c'est le patron du
MEDEF de l'époque ; c'est le même bonhomme.
-
(salle: c'était privé à l'époque...)
-
Mais bien sûr, la Banque de France c'était
privé, bien sûr, c'était complètement privé,
tout ça.
-
[Et] le ministre des finances, AVANT de pouvoir
être ministre des finances...
-
va promettre au Gouverneur de la Banque de France
—qui est en même temps [Président] du Comité
des Forges—, il VA PROMETTRE quoi ?
-
... QU'IL N'AUGMENTERA PAS...
-
... LES SALAIRES ! C'EST ÇA, L'OBJECTIF.
-
Et donc l'élection qui amène "la gauche", enfin,
au pouvoir...
-
Eh bien cette "gauche", avant d'avoir le pouvoir,
il faut qu'elle promette aux riches...
-
(salle: le signe d'allégeance)
-
voilà : ... que le pire du pire est garanti pour
nous.
-
Donc l'élection, il faut comprendre que, même
quand on élit des gens qui, soi-disant, [vont
défendre intérêts des non ultra riches]...
-
... regardez en 1981, quoi ! On élit
Mitterrand...
-
moi je chantais, j'étais content... Mitterrand...
-
Attends, combien de temps il a mis à nous trahir
au dernier degré ? À faire ce que jamais
l'extrême droite, l'extrême droite [elle-même]
n'aurait fait, jamais ?
-
Et c'est la gauche...
-
C'est le résultat de l'élection !
-
(salle: c'est lui qui a contribué le plus à la
dette)
-
Mais oui, à la dette, absolument !
-
(salle: il était à gauche de l'extrême droite)
-
Il n'était même pas à gauche : il était à
droite.
-
Il ÉTAIT [dès le départ] à droite, et puis, en
fait, il nous enfume.... Tous ces gens-là nous
enfument avec des mots, quoi, parce que je
rappelle qu'on est très sensibles aux bobards.
-
(salle: aujourd'hui l'histoire est révélée...
avec Mitterrand, l'Oréal et tout ça, parce que
c'est lié aussi à la banque Fédérale
américaine à travers les nazis. Mais bon, ça on
en reparlera un autre jour).
-
Alors... je crois que ce n'est pas la peine de
développer sur la trahison des partis de gauche
une fois au pouvoir...
-
Je veux dire, on en a gros sur la patate, tous...
ce n'est pas la peine de développer, je n'ai
aucune spécificité là-dessus.
-
Moi, je crois que ce qu'il y a d'original dans ce
que je vous raconte, c'est sur L'ALTERNATIVE,
-
qui n'est pas une alternative pour tout de suite,
je suis désolé...
-
ça ne va pas être immédiat, il faut d'abord
qu'on se passe le mot entre nous et qu'on soit des
millions à défendre cette idée :
-
tant qu'on sera une poignée (100 ou 1000
personnes), ça ne suffira pas, ça ne changera
pas.
-
Il faut que ça se diffuse, c'est-à-dire qu'il
faut que chacun d'entre nous, on fasse ce boulot
d'explication pour comprendre,
-
arrêter de croire aux bobards, aux histoires, aux
mythes, et puis qu'on regarde les faits, et puis
quand on regarde les faits, on s'aperçoit que...
-
"attends, mais attends, on est en train de nous
dire que c'est ça, le progrès social, mais on
n'arrive pas au progrès social tant que c'est les
riches qui dirigent..."
-
LES RICHES, ILS NE VEULENT PAS DU PROGRÈS SOCIAL.
-
Eh bien, regardez l'expérience des Athéniens :
c'était il y a 2 500 ans et c'est quand même
sacrément intéressant.
-
Alors...
-
sur le plan pratique de l'organisation,
-
il reste que, si on devait tirer au sort
aujourd'hui des gens, on a quand même PEUR de
tirer au sort :
-
moi, [quand] je vais dans les assemblées, ils me
disent : "mais on va... et si on tirait au sort Le
Pen ?!"...
-
Eux, ils ont peur de Le Pen...
-
Les gens de Le Pen, [eux,] si on tire au sort un
communiste, ça leur fait le même effet.
Bon, si on tire au sort quelqu'un dont on a pas
envie du tout, mmm ?
-
Eh bien, LES ATHÉNIENS, ILS AVAIENT LA MÊME
PEUR,
-
ils avaient exactement la même peur.
-
Ils avaient peur de certaines personnes qu'ils ne
voulaient en aucun cas.
-
Ça existait aussi, déjà à l'époque.
-
Et pourtant...
-
c'est ça qu'ils ont choisi et ça a très bien
marché.
-
Donc, c'est qu'ils ont trouvé autre chose.
-
Et alors, c'est cette partie-là [partie en bas à
droite du schéma]...
-
dans laquelle j'ai regroupé une série
d'institutions [correctices du tirage au sort],
donc elles sont toutes en vert, vous trouvez ça
sur le site
[http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
centralitedutirageausortendemocratie.pdf],
-
vous le trouvez... et puis les commentaires... ce
que je suis en train de vous dire, vous le trouvez
aussi, y compris ce que j'aurais oublié, puisque
là, je vous parle en improvisant,
-
je vais peut-être oublier un point ou deux, mais
vous les retrouverez : il y a [là] le texte de ce
qui me semble être (en n'oubliant pas grand
chose) à dire en commentaire de ça [de ce
schéma].
-
Donc, c'est dans ces institutions-là que les
Athéniens se sont protégés contre le
"tirage-au-sort-n'importe-quoi".
-
Alors, il faut comprendre que... [ce sont] DES
MANDATS COURTS ET NON RENOUVELABLES. Les mandats
courts c'était six mois, un an, rarement plus
d'un an, et non renouvelables.
-
Non renouvelables dans la même fonction.
C'est-à-dire que, si j'ai été tiré au sort
pour une fonction, je peux être tiré au sort
pour une autre fonction, mais plus pour celle-là.
-
En tout cas... bon, il y avait des variations.
-
En tout cas, ça, c'était absolument essentiel.
Je mets ça dans les institutions... le coeur du
coeur d'une démocratie... C'est au centre, ça,
c'est...
-
Si vous retirez ça, ça y est, vous avez perdu...
vous avez perdu la démocratie.
-
Alors, donc, il y a des MANDATS et donc, il y a
des CONTRÔLES...
-
et c'est ça qui est très important. (Il faudra
que je pense à dire ça au moment de la synthèse
parce que, entre l'élection et le tirage au sort,
le fond du fond, ce qui fait que c'est malin...
c'est le fond du fond. Mais j'y reviendrai
après.)
-
Donc, le MANDAT est l'objet de PLEIN DE CONTRÔLES
: des contrôles AVANT, des contrôles PENDANT,
des contrôles À LA FIN du mandat et des
contrôles APRÈS le mandat.
-
Donc des contrôles, ils en avaient tout le temps
: il faut comprendre que le tiré au sort, il
avait PEUR.
-
Ce n'était pas la même chose que les élus
aujourd'hui.
-
Je sais pas si vous voyez la différence, les
tirés au sort ils avaient LE SENS D'UNE
RESPONSABILITÉ, d'un devoir, ils ne venaient pas
se goinfrer en étant impunis de tout,
irresponsables...
-
Ça n'a rien à voir, donc. Alors...
-
AVANT le mandat, qu'est-ce qu'il y avait comme
contrôles pour éviter de tirer au sort n'importe
qui ?
-
• Il y avait le VOLONTARIAT, c'est-à-dire que,
n'étaient tirés au sort que ceux qui se
présentaient le matin à l'assemblée, donc ils
étaient 6000 à peu près, en gros, à
l'assemblée (variable suivant les époques, mais
en gros),
-
et il y en avait en gros 2000 qui se présentaient
pour le tirage au sort de la journée.
-
Alors il y avait une machine, un
"Klèrotèrion"...
-
(Sur le site vous trouverez le fonctionnement [du
tirage au sortet du klèrotèrion]... il y a un
très très bon bouquin de Sintomer "Le pouvoir au
peuple", bouquin vraiment très très intéressant
qui montre toutes les expériences...
-
toutes les expériences actuelles et passées,
mais il y en a beaucoup d'actuelles, de tirage au
sort dans les institutions du monde.
-
Et donc, c'est un florilège d'expériences, avec
les échecs, les réussites... C'est un...
-
C'est assez enthousiasmant parce que là, vous
apercevez que CE N'EST PAS QUE THÉORIQUE, ÇA
MARCHE, il y a des tas de gens qui le pratiquent.
-
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/RessourcesUPCPA/UPdAixsurletirageausortkleroterionSintomerMontesquieuTocqueville.pdf
)
-
Pourquoi je parlais de ça ? Je parlais du... Ah
oui, du "klérotèrion" parce que, là dedans
[dans le livre de Sintomer, "Le pouvoir au
peuple"], il y a un chapitre, son chapitre 2, dans
lequel il explique le fonctionnement du
klèrotèrion,
-
et qu'il explique que... tous les matins, les
boules, les boules blanches, les boules noires,
donc c'est marrant à voir, c'était très
matériel, tout le monde pouvait vérifier.
-
Un peu comme nous dans les bureaux de vote, vous
pouvez y aller, vous avez intérêt à y aller
pour vérifier que tout se passe bien.
-
Eh bien là, c'est pareil, le klérotèrion, la
machine à tirer au sort, tout le monde pouvait
regarder, et puis c'était assez rustique, donc
c'était difficile de tricher.
-
Ce n'est pas un ordinateur. (Et le coup des
machines à voter par ordinateur, c'est un... où
sont les armes, quoi, pour le casser ? on y va
avec une hache, parce que là c'est évident qu'on
va se faire enfumer. Les machines à voter
c'est...
-
IL NE FAUT PAS ACCEPTER LES MACHINES À VOTER.
C'est évident, évident.
-
(salle: on s'est fait enfumer déjà)
-
C'est déjà le cas. C'est fou, c'est fou qu'on
laisse faire.) En tout cas...
-
En tout cas, le matin, il y avait du volontariat.
Alors ce que soulignait Montesquieu, c'est que...
-
cette institution du volontariat... Ça, on
pourrait discuter : sur le forum de mon site
(http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=20),
on discute sur le fait de savoir
-
"est-ce qu'on tire au sort parmi des volontaires,
...
-
ou est-ce qu'on tire au sort parmi tout le monde
et on leur permet de refuser ?"
-
Ce qui fait [dans les deux cas] qu'on ne retient
que les "volontaires", [certes ;] mais
"volontaire", ça n'a pas le même sens suivant
qu'il soit VOLONTAIRE AVANT, ou qu'il VEUILLE BIEN
APRÈS [avoir été désigné]...
-
Parce que celui qui veut avant, c'est quelqu'un
qui veut le pouvoir [et c'est dangereux, en soi].
-
Alors en fait, quand c'est quotidien, que ça
tourne comme ça et que c'est [pour un] mandat
court non renouvelable, on ne peut pas dire ça
comme ça [il ne "veut" pas "le pouvoir" de la
même façon que le veulent nos professionnels
politiques actuels] ;
-
ce n'est pas la même chose que pour les
élections [où les candidats veulent devenir des
PROS de la politique].
-
Mais enfin, quand même, notez la différence :
quand quelqu'un est candidat, ça n'a pas le même
goût que quand il a été désigné [et qu']il
n'a rien demandé et [qu']il accepte pour le bien
commun.
-
Et vous allez voir qu'il y a plein de gens qui ne
veulent pas le pouvoir...
-
mais qui acceptent de le faire parce que c'est
comme ça que ça marche, parce que [ce sont] des
gens bons.
-
Et il y en a plein comme ça.
-
Et ces gens-là ont pas du tout les mêmes
qualités que ceux qui sont actuellement au
pouvoir, qui sont là évidemment pour se
goinfrer, enfin c'est incroy... enfin...
-
on va me traiter de populiste, de démagogue, ou
de fasciste bientôt, je sens, parce que je suis
"antiparlementaire", et puis bientôt de nazi.
Voilà...
-
N'empêche que, quand vous voyez quelqu'un qui, à
la fois... qui cumule plusieurs mandats de
député, de conseiller ceci, de conseiller de
cela...
-
et puis qui, en plus, va faire des gaches d'avocat
pour se goinfrer encore quelques dizaines de
milliers d'euros de plus...
-
mais c'est à vomir, c'est vraiment, c'est de la
cupidité...
-
Ces élus, ces élus, enfin ce qu'ils deviennent
[très souvent, car ils] ne sont pas tous... il y
a quelques élus qui sont tout jeunes, et quand
ils sont au début, ils ne sont pas encore
corrompus, mais en gros quand même, ils sont
vraiment là pour se goinfrer.
-
Quand on imagine, quand on voit comment ils
vivaient à l'époque, là [il y a 2500 ans, en
vraie démocratie]... [enfin,] mais ça n'a RIEN
À VOIR : ils avaient un sens d'un devoir et ils
étaient récompensés, PAS PAR DE L'ARGENT.
-
Alors...
-
[pour leur] participation à l'assemblée, on les
payait, mais rien : on les payait une
demi-journée d'ouvrier ! Donc, on les payait
vraiment "trois francs six sous"...
-
Et puis ensuite, quand on les récompensait, vous
verrez quand on parlera des RÉCOMPENSES,
c'étaient des HONNEURS.
-
C'est pas de l'argent : des honneurs. Les humains,
ils marchent bien à l'honneur.
-
Il y a des tas de gens qui font des tas de choses
pour l'honneur, pour la gloire, pour l'impression
d'avoir servi le bien commun, et le regard des
autres leur suffit. Le regard des autres
reconnaissants, ça suffit. Il y a plein de gens
qui marchent à ça.
-
IL FAUT ÊTRE UN PEU MALADE MENTAL POUR NE MARCHER
QU'À L'ARGENT.
Oui, il faut être un peu détraqué, un peu
drogué, un peu...
-
(salle: déséquilibré)
-
un peu déséquilibré, MAIS... TOUT LE MONDE
N'EST PAS COMME ÇA, IL Y A BEAUCOUP DE GENS QUI
SE CONTENTENT DE LA RELATION À L'AUTRE, LA
RELATION PACIFIÉE ET RECONNAISSANTE À L'AUTRE
POUR SE DONNER DU MAL.
-
Et donc les institutions fonctionnaient comme ça.
En tout cas...
-
Montesquieu soulignait, donc (je parlais du
volontariat), il soulignait que c'était très
important : le tirage au sort n'était pas
parfait, selon lui, mais il était RENDU VERTUEUX
par les institutions complémentaires qui venaient
corriger ses défauts.
-
Et il disait : le volontariat faisait que... le
volontariat ET LES PUNITIONS, (parce que vous
allez voir qu'il y a des tas de punitions), la
combinaison des deux faisait qu'il y avait peu de
volontaires [qui étaient donc comme "triés"].
-
Oui, parce que, quand vous savez que vous [risquez
d']être puni, vous n'y allez [que] si vous avez
un vrai projet, si vous sentez qu'il faut le faire
pour la cité.
-
(salle: ils avaient le droit de démissionner ?)
-
Je ne sais pas... ils [pouvaient] être
révoqués, mais je sais pas s'ils avaient le
droit de démissionner. Je suis pas sûr de ça.
-
Enfin, je sais pas, il faudrait vérifier. Je n'ai
pas lu ça. Ça ne me dit rien.
-
Je pense qu'ils s'engageaient. Ils s'engageaient
et alors, ce qui est marrant [tellement c'est loin
de ce que risquent nos "élus" d'aujourd'hui],
c'est de voir comme ils étaient mis en accusation
à la fin, au moment de la reddition des comptes
ou après coup,
-
et ils se défendaient (et ça marchait) en
disant: "mais attendez, souvenez-vous quand même
que je suis comme vous". Et ça marchait comme
défense parce que les gens voient bien qu'il
s'est dévoué, il a accepté d'être tiré au
sort, il s'est donné du mal...
-
Bon, il n'a pas été... ça n'a pas été un
oligarque, ça n'a pas été un pourri et on ne le
punit pas.
-
Donc, il y avait UN RISQUE de punition, mais il
n'y avait pas du tout, évidemment, toujours des
punitions.
-
Alors, donc, le volontariat, associé au risque
réel de punition, éventuellement sévère, (ça
pouvait d'ailleurs aller jusqu'à la mort. Enfin
bon...
-
je ne dis pas ça... parce que c'est [évidemment]
pas transposable, mais enfin je veux dire
[c'était] des punitions sévères, pour
l'époque)
-
.... la combinaison des deux [(volontariat et
punitions sévères)] faisait que le volontariat
était un vrai FILTRE par rapport aux affreux ou
aux débiles ou au gens que vous redoutez par
rapport au tirage au sort. Vous comprenez ce que
je veux dire ?
-
Ce que je veux vous dire, c'est que, par rapport
à l'objection "on va avoir des idiots"...
-
non : on va se débrouiller pour en éliminer une
bonne partie comme ça.
-
• Ensuite, il y avait la "DOCIMASIE", qui était
une sorte d'examen. Pas un examen de compétences
parce que [rappel : objectif central =] égalité
politique, on a tous la même compétence
politique, c'était un examen d'aptitude.
-
C'est-à-dire qu'on cherchait à voir le gars qui
est fou, qui est vraiment carrément fol-dingue...
Et bien avec la docimasie, on le mettait à
l'écart.
-
Ou le gars... qui ne s'occupait pas bien de ses
parents... (c'est marrant que ce soit si important
pour eux), le gars qui ne s'occupait pas bien de
ses parents, il était mis à l'écart. Il ne
pouvait pas [se présenter au tirage au sort]...
Enfin bon...
-
Il y avait comme ça des... des aptitudes qui
permettaient de mettre à l'écart, donc encore un
filtre. Alors,
-
nous, si nous écrivions nous mêmes nos
institutions, et bien on prévoirait... on y
réfléchirait, et on dirait quelle docimasie on
veut, quel est l'examen de passage [souhaitable],
"qu'est-ce qu'il faut pour...",
-
en faisant attention à ce que ce ne soit pas un
privilège... mais pour nous éviter ce qui nous
fait peur.
-
Mais voilà, donc : un examen avant.
-
• Et puis, il y avait l'"OSTRACISME". Et
l'ostracisme aujourd'hui c'est devenu un mot très
négatif.
-
Bon, l'ostracisme, "faire preuve d'ostracisme",
aujourd'hui, c'est mal.
-
Mais à l'époque, c'était... non seulement, il
n'y avait pas de connotation péjorative, mais ça
faisait partie de l'hygiène de base de la
démocratie.
-
C'est-à-dire que l'ostracisme, ça vient de
"ostrakon" qui est un bout de poterie, donc des
poteries cassées,
-
on prenait un bout de poterie et on gravait sur la
poterie le nom de quelqu'un dont on avait peur.
-
Alors d'abord, avant qu'on fasse ça, à
l'Assemblée, un citoyen proposait qu'on lance la
procédure d'ostracisme.
-
Alors ils disaient "oui", ils disaient "non", mais
s'ils disaient "oui", si l'Assemblée... (pas les
représentants, hein ? l'Assemblée), si
l'Assemblée disait : "oui, il faut qu'on
[utilise] l'ostracisme" (parce qu'il y a plusieurs
personnes qui ont peur)...
-
on lance la procédure ; et la procédure, ça
consiste à ce que chacun, s'il a peur de
quelqu'un...
-
(il a peur de ce tribun, là: "oh la la, lui, il
prend le pouvoir ; lui, il est en train... il
parle trop bien..."
-
— c'est [souvent] pour ça qu'ils ostracisaient
les gens —
-
"Lui il parle trop bien" ou bien "lui il est en
train de magouiller, il est en train de... il nous
fait peur", pour une raison X ou Y...)
-
[alors,] on grave son nom sur un ostrakon,
-
donc c'est un petit bout de poterie, et ensuite on
compte les ostrakons, on compte les noms,
-
et celui qui avait le plus de fois son nom gravé
sur les ostrakons était... on ne le tuait pas,
-
on ne lui prenait pas ses biens, on ne le
déshonorait même pas, mais on le mettait À
L'ÉCART DE LA VIE POLITIQUE pendant 10 ans.
-
C'est quand même pas [une horreur barbare]... et
il y en avait [déjà] plein d'autres qui
n'étaient pas dans la vie politique : je vous
rappelle que les femmes, les esclaves, les
métèques — des gens qui vivaient [parfois]
très bien, les métèques, qui pouvaient être
très riches — ...
-
tous ces gens-là vivaient en dehors de la
politique, donc ils n'étaient pas à
l'Assemblée, ils n'étaient pas citoyens... Ce
n'était pas la mort, quoi...
-
Mais en tout cas, la démocratie avait en elle
même un rouage important qui permettait de
mettre...
-
pas à mort, À L'ÉCART de la vie politique,
pendant 10 ans, quelqu'un dont on avait peur.
-
Donc, rendez-vous compte encore que c'est quelque
chose qui nous manque, encore aujourd'hui :
-
aujourd'hui, quand on vous présente deux
candidats...
-
(prenez l'exemple que vous voulez dans la... dans
le passé récent de votre pays)
-
vous avez deux candidats qui vous paraissent deux
"affreux",
-
qu'est-ce que vous faites ?
-
Vous êtes coincé, vous avez le choix entre la
peste et le choléra.
-
Vous n'avez même pas le vote blanc qui permet de
dire: mais, je veux qu'ils rentrent tous les deux
chez eux.
-
On pourrait avoir un vote blanc qui dirait...
-
LE SENS POLITIQUE DU VOTE BLANC C'EST : "JE NE
VEUX D'AUCUN DE CES GENS-LÀ"
-
ou "LA QUESTION QUE VOUS ME POSEZ, ELLE EST
DÉBILE, JE NE VEUX PAS DE CETTE QUESTION".
-
Le vote blanc, il sert à dire : "rentrez chez
vous avec votre question" ou "rentrez chez vous,
[vous] les candidats, et mettez-moi d'autres
candidats".
-
Et pourtant le vote blanc, il est interprété
[aujourd'hui] comme... valant comme NUL et il est
mélangé avec les [votes] nuls et jeté à la
poubelle !
-
C'est révoltant ! Mais pourquoi ? Qui a écrit
ces règles ? Qui a écrit les règles qui
mélangent le vote blanc avec les votes nuls ?
-
C'est des élus ! Ben c'est normal qu'ils
écrivent ça.
-
On ne peut presque pas leur en vouloir : c'est
[surtout] NOTRE FAUTE D'AVOIR LAISSÉ LES ÉLUS
ÉCRIRE LA CONSTITUTION.
-
C'est juste notre faute. J'insiste, hein. C'est
votre faute à vous, chacun, et puis à moi, parce
qu'on les laisse faire.
-
ON NE DEVRAIT PAS LAISSER LES ÉLUS ÉCRIRE LA
CONSTITUTION.
-
Sinon, ils n'écrivent pas le respect du vote
blanc ; ils n'écrivent pas le référendum
d'initiative populaire ;
-
ils n'écrivent pas les mandats courts et non
renouvelables, évidemment, évidemment ; ils
n'écrivent pas une chambre sur deux tirée au
sort au moins, voire deux chambres tirées au sort
;
-
ils n'écrivent pas les jurés citoyens ; ils
n'écrivent pas... Ils n'écrivent pas toutes les
institutions dont on a besoin.
-
Bon, là, j'anticipe sur la fin, mais en fait,
elle suinte de partout :
-
CE N'EST PAS AUX HOMMES AU POUVOIR D'ÉCRIRE LES
RÈGLES DU POUVOIR.
CE N'EST PAS AUX POLITICIENS DE MÉTIER,
CE N'EST PAS AUX HOMMES DE PARTIS D'ÉCRIRE LES
RÈGLES DU POUVOIR.
-
MÊME SI C'EST LE PARTI QUE VOUS AIMEZ BIEN.
-
Comprenez, prenez du recul, si vous êtes d'un
parti... (vous pouvez...
-
évidemment, puisqu'on n'a que ça pour se
bagarrer, je ne vais pas vous faire le reproche
d'être dans un parti !)
-
Mais ce que je voulais [dire]... ce qu'il faut
comprendre, c'est que, QUEL QUE SOIT VOTRE PARTI,
il faut que vous compreniez que, si vous aspirez
au pouvoir, et bien VOTRE HONNEUR, c'est de NE PAS
écrire la Constitution.
-
Et si vous aspirez au pouvoir et si, en même
temps, vous voulez écrire la Constitution, vous
êtes déjà dans une dérive oligarchique : vous
êtes en train, déjà, d'être un "voleur de
pouvoir".
-
Vous êtes en train de...
-
vous vous préparez à être "juge et partie",
d'écrire les règles pour vous-même et d'enfumer
tous les autres.
-
(salle: c'est ce qui s'est passé avec la
constitution européenne)
-
... européenne, évidemment : européenne,
française... De Gaulle qui écrit pour
lui-même...
-
Non mais, les exemples, ils sont tous... tu prends
toutes les Constitutions du monde (à part celle
du Venezuela, [peut-être]...)
-
et à part celle-là [d'Athènes] évidemment, qui
a été écrite par Solon, Clisthène, et qui
ont... Solon est parti : après avoir écrit les
règles, il est parti...
-
parti pendant 10 ans. Donc, il n'a pas écrit des
règles pour lui-même. [Et] comme par hasard, il
a écrit une démocratie.
-
Alors la suite...
-
Ça, c'est les contrôles avant. Contrôles
PENDANT, faciles à comprendre :
-
• Les tirés au sort étaient RÉVOCABLES :
-
Si on s'aperçoit qu'un tiré au sort se met à
défaillir, à ne pas faire son boulot comme il
faut, en cours de mandat, l'Assemblée peut À
TOUT MOMENT le révoquer.
-
Bon, voilà ; eh bien, ça ne vous rassure pas,
ça ? Attends, est-ce que vous avez ça avec les
élus ? Eh bien voilà... quand même ! Mais ça
va avec [avec le tirage au sort, il faut le
comprendre].
-
Tous ces contrôles, ça va avec. Je reviendrai
après [sur cela] en prenant du recul.
-
Le point commun de tout ça, c'est qu'ON ASSUME
QUE LES GENS NE SONT PAS BONS.
-
Voilà. ON ASSUME LES CONFLITS, on assume
l'imperfection des gens, on assume que la vertu
n'est pas naturelle, n'est pas spontanée, n'est
pas innée.
-
On assume ça et dans les institutions, comme on a
compris ça et on l'assume, eh bien ON MET DES
CONTRÔLES PARTOUT.
-
Et donc après ça, vous pouvez moins vous en
occuper ; j'y reviendrai tout à l'heure, mais
vous verrez que, finalement, ce système-là, il
est BEAUCOUP PLUS ROBUSTE POUR LES GRANDES
STRUCTURES, la grande taille.
-
Si l'Europe était bâtie sur ce modèle-là, eh
bien vous pourriez vous en désintéresser
puisqu'il y a des contrôles partout.
-
Alors que là, avec l'élection qui présuppose
qu'ils sont... [vertueux par le seul fait d'être
élus, on essaie de nous fait croire qu'on n'a pas
besoin de contrôles entre deux élections !]...
-
(salle: on pourrait justement s'en intéresser)
-
Alors, on pourrait aussi s'en intéresser...
C'est-à-dire qu'on pourrait faire les deux.
-
On y reviendra quand on reparlera d'une objection
qui consiste à dire : "oui, mais le tirage au
sort, ça valait parce qu'ils étaient petits,
alors que l'élection [est nécessaire parce
qu']on est [devenus très nombreux]".
-
C'est juste le contraire: [pour utiliser]
l'élection, [il] faudrait qu'on soit petit, et le
tirage au sort marcherait mieux dans un système
de grande échelle.
-
Donc je fais vite [sur la liste des institutions
protectrices à connaître] : la révocabilité,
c'est facile à comprendre.
-
• La REDDITION DES COMPTES, le fait d'avoir à
rendre des comptes à la fin [du mandat]. Vous
imaginez, si vos élus vous rendaient des comptes
?
-
Ils vous rendent des comptes et après ça,
pendant... il a exercé le pouvoir pendant un an
et après ça pendant six mois, voire quelquefois
pendant 1 an... c'est vachement long la reddition
des comptes, ça prenait un temps fou.
-
(D'ailleurs, il fallait des gens tirés au sort
pour aller contrôler les tirés au sort. C'est
d'autres tirés au sort, hein... ils se
contrôlaient entre eux.)
-
Et donc, pendant un an, il fallait qu'ils
expliquent pourquoi ils avaient fait ci, pourquoi
ils avaient fait ça...
-
Attendez, c'est mille fois plus protecteur que
notre système, ce truc là, c'est 1000 fois plus
protecteur !
-
Vous me dites : "et si on tirait au sort
Untel-qui-est-un-affreux"... mais regardez tous
les contrôles qu'il y a...
-
Je veux dire : ce n'est pas [seulement]
"le-tirage-au-sort-à-la-place-de-l'élection" :
on réfléchit, on n'est pas obligés de le faire
bêtement.
-
On peut le faire comme ils l'ont fait,
c'est-à-dire en réfléchissant.
-
C'est-à-dire qu'on [utilise] le tirage au sort
parce qu'on a UN OBJECTIF qu'on veut atteindre et,
comme on voit qu'il y a des inconvénients, eh
bien on fait des institutions qui vont avec les
inconvénients.
-
Et après, l'ensemble a une cohérence, et c'est
bien plus malin que notre système ; bien plus
malin pour l'intérêt général.
-
Ah, c'est moins malin pour les banques... mais
pour l'intérêt général, c'est bien mieux, ce
système-là...
-
Et bien, pour les banques c'est... c'est... mais
à mon avis ils vont nous voir venir, hein... bon
tant pis.
-
En tout cas, dernière institution complémentaire
du tirage au sort (qui fait qu'il n'y a pas à
avoir peur des "affreux"), c'est que...
-
même après coup, même APRÈS le mandat, si on
s'apercevait : "mais attends, là, il y a un gars
qui a amené l'Assemblée à aller envahir une
autre île et on s'est pris une patée du diable.
-
Donc, le gars qui nous a amené à prendre cette
décision, on va le..."
-
• Donc, c'était l'"Esangelie", c'était la
possibilité de mettre en cause publiquement, donc
d'accuser publiquement, donc ça veut dire que
n'importe qui devient potentiellement un
accusateur de quelqu'un qui a fait du tort à la
démocratie...
-
Alors, peut-être qu'il faut le tempérer, ça, je
vous donne juste des... ce sont des pistes, tout
ça, pour nous, et après ça on verra qu'est-ce
qui... Peut-être qu'il faut limiter les
contrôles, [pour] qu'il n'y en ait pas trop, pour
ne pas paralyser les gens...
-
En tout cas, dans les institutions athéniennes,
ça ne rigolait pas.
-
• APRÈS LA FIN du mandat, l'assemblée pouvait
changer de décision, en disant : "non mais là,
ce qu'on a fait, c'est une bêtise, on revient
dessus" : ça s'appelait le "Graphe para nomon",
une procédure qui permettait de revenir [sur une
décision passée] et de changer, c'est-à-dire
que la...
-
(salle: comme ???)
-
(Mais oui exactement...) la société athénienne
avait bâti des institutions qui lui permettaient
—COMME N'IMPORTE QUEL ÊTRE VIVANT— DE PRENDRE
DES DÉCISIONS et de savoir que peut-être elle
allait se tromper ET QUAND ELLE SE TROMPAIT, DE
CHANGER, DE REVENIR EN ARRIÈRE.
-
Ils ont fabriqué UN CORPS capable de... comme
n'importe quel vivant, de corriger et de revenir
en arrière, de s'adapter [(au fur et à mesure,
et pas seulement tous les cinq ans)].
-
C'est tellement plus malin... c'est tellement plus
malin...
-
Bon en tout cas, tout ça est bien plus PROTECTEUR
que nos systèmes actuels et finalement
l'ensemble, compte tenu de ce résultat [(la
désynchronisation entre le pouvoir économique et
le pouvoir politique)] qui est quand même
absolument décisif, pour la prospérité et le
bien commun...
-
ça pourrait... ça devrait se tester, quoi !
-
La deuxième partie de ce que j'ai à vous dire,
c'est "LES OBJECTIONS ET LES RÉFUTATIONS" :
-
Alors, il y a quatre ou cinq objections courantes
:
-
• Donc la première objection, c'est...
-
"mais on va mettre DES AFFREUX AUX MANETTES...
-
avec votre système. On va mettre... on va mettre
des salauds... ou des abrutis... des affreux...
aux manettes".
-
Pas du tout :
- d'abord, ce n'est pas "aux manettes" :
-
celui que vous tirez au sort, il ne va PAS avoir
les manettes !
-
Ce n'est pas les représentants qui exercent le
pouvoir : c'est l'Assemblée !
-
Donc les représentants, ils nous aident...
-
ils font tout ce que l'assemblée ne peut pas
faire :
-
Ils préparent l'ordre du jour, ils affichent
l'ordre du jour, ils vérifient la discipline dans
l'Assemblée, ils exécutent les décisions
[police, justice], ils procèdent au tirage au
sort, ils vont s'occuper de la reddition des
comptes et éventuellement des punitions...
-
Ils font tout ce que l'Assemblée peut pas faire
[elle-même].
-
Mais en fait, ils sont NOS SERVITEURS.
-
Ce ne sont PAS NOS MAÎTRES.
-
Avec l'élection, on choisit nos maîtres.
-
Avec le tirage au sort, on dit : "mais non, mais
on n'a pas besoin de maîtres".
-
Ce n'est pas du tout pareil : il ne s'agit pas
juste d'une procédure à changer ; une
démocratie, c'est AUTRE CHOSE que ce que l'on
connaît.
-
Ce qu'on connaît aujourd'hui, ça consiste à
désigner nos maîtres.
-
(salle: qu'on appelle "représentants")
-
Et qu'on appelle... qui s'appellent [eux-mêmes]
"nos représentants", mais pour mieux nous
tromper, quoi.
-
Vous voyez bien, qu'ils nous trompent ; il n'y a
pas besoin de faire un dessin...
-
Bon, heu... donc...
-
À l'objection : "mais on va désigner des
affreux, on va mettre des affreux aux manettes",
d'abord, il faut répondre : "on ne va pas les
mettre aux manettes, ce n'est pas eux qui ont les
manettes (les tirés au sort)".
-
- Et [il faudra répondre] deuxièmement : "les
affreux, il y a plein d'institutions pour les
filtrer".
-
Je [n'y] reviens pas : il y a plein d'institutions
pour s'en débarrasser, [ou] les punir...
-
Donc, il y a RIEN À CRAINDRE là-dessus. Enfin,
moi, je trouve qu'il y a en tout cas beaucoup
moins à craindre... Parce que vous trouvez,
[vous,] que l'élection, ça ne met pas en place
des affreux ?
-
On dirait que ça [l'élection] les choisit ([(les
affreux)]. On dirait que [grâce à l'élection],
les pires gouvernent...
-
D'ailleurs...
-
je...
-
je pense que ce livre-là... ça je pense...
j'ai... je sais pas je dois avoir...
-
1500 ou 2000 bouquins à la maison, j'ai beaucoup
de livres, je lis énormément.
-
Mais si je devais garder un livre [parmi] tous les
livres...
-
ah là là, ça c'est une merveille : les "Propos
sur le pouvoir" d'Alain [(et tous les "Propos",
d'ailleurs)], mais les "Propos sur les pouvoirs"
d'Alain, c'est un livre de chevet, c'est un truc,
vous le lisez, vous le relisez, vous le...
-
c'est de l'intelligence [pure], c'est... c'est
très très très très très utile. C'est un vrai
bon bouquin qu'on peut prendre à l'adolescence,
et puis après ça, il vous suit toute votre vie.
-
"Propos sur les pouvoirs", c'est génial.
-
Alors, dans les Propos... dans un des "Propos",
une des pensées d'Alain, c'est...
-
et vous allez voir, c'est trois toutes petites
phrases avec sujet, verbe, complément, c'est
très court et il y a tout.
-
Il y a tout pour condamner l'élection...
-
Pour condamner l'élection...
-
Tant que j'avais pas trouvé le tirage au sort, je
trouvais qu'il y avait de quoi se foutre une balle
(cette phrase-là) parce que c'était trop vrai,
et c'était [comme] un piège : on ne pouvait pas
en sortir...
-
Mais avec le tirage au sort [cette forte pensée
d'Alain n'est plus implacable]...
Alors qu'est-ce qu'il disait, Alain ?...
-
Il disait... [tout tient en trois courtes phrases]
-
"les gens bons ne se soucient pas de gouverner".
-
C'est une façon en vieux français de dire: "ils
ne veulent pas gouverner".
-
"Les gens bons n'ont pas envie de gouverner.
-
Tout est là.
-
Autant dire que LES PIRES GOUVERNERONT."
-
C'est vrai que, si vous attendez...
-
si vous avez un système [basé sur] l'élection
qui repose [donc] sur la candidature et que les
gens bons ne veulent pas [être candidats], ils ne
seront pas candidats.
-
Et bieen, vous n'allez avoir que des affreux.
-
Eh bien oui ! Les pires gouverneront... Mais on y
est !
-
On y est, regardez [autour de vous] : vous avez
Paulson au gouvernement des Etats-Unis.
-
Vous avez Paulson, Dick Cheney, Rumsfeld. Des
diables ! Tous !
-
La crème de la crème de l'horreur.
-
(salle: Obama n'est pas mieux)
-
Exactement !
(salle: c'est le bal des vampires)
-
Et en France, vous avez Sarkozy ; en Italie, vous
avez Berlusconi ; en Angleterre, vous avez Tony
Blair... [Partout,] vous avez les pires...
-
Les pires des... des... des...
-
tout à l'heure j'ai dit "prostituées" mais il
faut pas que je dise ça parce que c'est pas
gentil pour les prostituées.
-
Il faut trouver un mot plus grave que ça, parce
que les prostituées... "prostitués", nous on est
prostitués nous aussi, enfin, on se prostitue, on
ne fait pas exprès...
-
Non, c'est pire que... [ce sont] des affreux.
C'est bien, c'est un bon mot : des "Affreux".
-
Donc, on ne va pas dire "prostituées", parce que
les prostituées sont nos amies, mais on va dire
"les affreux".
-
Deuxième objection :
-
Et vous allez voir quand vous allez... parce que
vous avez... si vous jouez le jeu que je vous
propose, qui consiste à...
-
si la graine germe dans votre tête, à aller
vous-mêmes en planter d'autres parce que ça ne
marchera que comme ça, je vous dis c'est...
-
si nous sommes 40... à être convaincu de ça,
[et] puis qu'on en reste là, ça ne changera
RIEN, voilà, RIEN.
-
Si, par contre, la graine que je vous propose de
cultiver, non seulement vous la faites grandir,
vous allez lire, vous la renforcez vous-même,
vous lui mettez de l'eau, de l'engrais, voilà,
elle devient belle dans votre tête,
-
et puis que vous allez la semer ailleurs vous
aussi dans 40 [autres têtes], alors là oui, ça
va se développer très vite. Ah là oui, très
vite.
-
Donc, les objections dont je vous parle, il faut
que vous les connaissiez, et puis que vous
connaissiez leur réfutation, parce que vous
allez... ils vont vous répondre la même chose,
les gens, que ce que je vous dis.
-
• Donc la deuxième objection, c'est...
-
"vous êtes en train de nous appliquer un régime
qui marchait à petite échelle
-
mais aujourd'hui, À GRANDE ÉCHELLE, C'EST PAS
POSSIBLE ton truc".
-
Alors, 2 minutes, 2 minutes, 2 minutes... 2
minutes !
-
L'élection.. ça fait le pari qu'on connaît les
gens... [n'est-ce pas ?]
-
Puisqu'on ÉLIT, ça veut dire qu'on les CONNAÎT
!
-
(salle : hum...)
-
Ah ben si... Eh bien, [sinon,] comment tu fais
pour élire (c'est-à-dire CHOISIR) si tu ne les
connais pas ?!
-
Intrinsèquement, ce qui est dit dans
l'élection... (ah ! sinon, c'est du foutage de
gueule ouvert)... ce qui est dit dans l'élection,
c'est qu'on connaît les gens [les candidats, les
élus].
-
Et ce n'est pas tout ! Puisque l'élection est
censée être le seul contre-pouvoir... [puisque]
la seule punition quand ils déconnent, c'est de
ne PAS les réélire, ça suppose qu'on sait [au
moins] ce qu'ils ont fait pendant qu'ils étaient
élus.
-
Tout ça, c'est du foutage de gueule quand on est
au niveau d'un État, ou au niveau de l'Europe !
-
Est-ce que vous savez... est-ce que vous
connaissez les gens que vous avez élu au niveau
de l'Europe ? Pas du tout. Vous en savez [très
peu]... vous l'avez vu trois fois 30 secondes à
la télé...
-
Et puis, quand il est en Europe, là-bas, vous ne
voyez RIEN, vous ne savez pas du tout ce qu'il
fait !
-
Donc, L'ÉLECTION, ELLE N'EST PAS DU TOUT ADAPTÉE
À LA GRANDE TAILLE !
-
Elle est adaptée à la petite taille :
-
la commune... Vous connaissez votre maire, vous le
voyez tous les jours,
-
vous pouvez l'interpeller, il vous connaît, vous
le connaissez...
-
L'ÉLECTION, ELLE MARCHE BIEN À PETITE ÉCHELLE.
-
Et puis, comme l'élection fait le choix, le pari
idéaliste, le PARI NON RÉALISTE que les gens
sont vertueux, que les élus (comme par miracle)
deviendraient des dieux, qu'ils sont capables de
décider, qu'ils sont compétents sur tous les
sujets, le nucléaire, les OGMs, tout ça, ils
sont "compétents",
-
et donc il n'y a PAS DE CONTRÔLES parce que,
soi-disant, les élus sont "la représentation de
la nation" et donc on leur fait CONFIANCE et donc
il n'y a pas de contrôle...
-
Mais tout ça est complètement contradictoire
avec la grande taille !
-
Je veux dire, UN ORGANISME DE GRANDE TAILLE, il a
besoin de ça : [montrant sur le schéma la liste
d'institutions protectrices], IL A BESOIN DE PLEIN
DE CONTRÔLES, IL A BESOIN D'AVOIR ASSUMÉ QUE LES
GENS NE SONT PAS BONS NATURELLEMENT...
-
ET QU'IL FAUT DES CONTRÔLES PARTOUT ! Ben oui, il
faut des contrôles... Ah ils n'aiment pas ça
[les élus] ? Eh bien, c'est tant pis : ce n'est
pas eux qui décident...
-
Et oui tant pis : ce n'est pas eux qui décident.
-
Ah ! Si c'est eux qui décident, ils ne vont pas
mettre de contrôle ! Eh bien regardez, là
aujourd'hui :
-
C'est eux qui écrivent les constitutions...
-
Eh bien, ils ne mettent des contrôles nulle part.
Eh oui... Mais c'est normal !
-
C'est notre faute À NOUS, parce qu'on les laisse
écrire les constitutions.
-
Ce n'est pas à eux d'écrire les constitutions.
-
Donc, quand on vous dit : "ouais, le tirage au
sort, ça marchait quand ils étaient petits, sur
une petite cité, et ça ne marcherait pas en
grand", [vous pouvez répondre que] c'est
[exactement] LE CONTRAIRE...
-
• Objection suivante que je repère, on me dit :
"mais alors avec votre système, on va tout le
temps changer d'avis, c'est jamais le même
[responsable], vous tirez au sort tous les jours
le bonhomme. Mais attendez, vous allez changer
d'avis tous les jours !
-
Comment allez vous faire pour avoir une politique
de long terme ? Avoir une espèce de vision
d'avenir ?..."
-
Tu vois, c'est ça qu'ils vous disent en disant :
"le tirage au sort, vous allez avoir n'importe
quoi. Vous changez, vous changez de bonhomme, vous
changez de politique, ça va être... vous allez
gouverner en zigzags".
-
D'abord, POURQUOI PAS gouverner en zigzags ? Tout
ce qui est vivant fonctionne comme ça.
-
Vous prenez n'importe quel enfant qui apprend
que... ooops ça brûle ! Eh bien la prochaine
fois, il n'ira pas, il [décide] en zigzags : oui,
il y a été une fois, puis il n'ira pas une 2ème
fois' et tout ce qui est vivant fonctionne comme
ça.
-
Pourquoi pas la société moderne, avec une
Assemblée qui se tromperait [de temps en temps]
et qui dirigerait en zigzags ?
-
Première [réponse à l'objection, donc]. Mais
surtout, surtout, cette objection qui consiste à
dire on va changer tout le temps d'avis, ce n'est
pas vrai : [ce ne sont] pas les tirés au sort qui
décident !
-
[Ce ne sont] pas les tirés au sort qui décident
: c'est l'Assemblée.
-
ET L'ASSEMBLÉE, ELLE EST STABLE ; C'EST TOUT LE
TEMPS LE MÊME PEUPLE...
-
Les Athéniens n'avaient pas un problème de
zigzags en décidant, c'étaient toujours les
mêmes qui décidaient. Alors...
-
ils étaient une trentaine de milliers et ils
n'étaient que 6 000 à l'Assemblée.
-
Donc, ils n'y étaient pas tout le temps, ils
bossaient, et puis, de temps en temps, ils
allaient à l'Assemblée. Quand ça leur
[prenait], ils allaient à l'Assemblée.
-
Donc, quand vous avez envie d'aller à
l'Assemblée, vous y allez ; puis quand c'est
plein, eh bien "vous reviendrez demain"...
-
Mais à l'Assemblée, il y avait, en gros, un
corps de citoyens...
-
Quand vous parlez à l'Assemblée des problèmes
de la cité, est-ce qu'on va faire... est-ce qu'on
va ouvrir une mine ceci, est-ce qu'on va faire un
cela, est-ce qu'on va... qu'est-ce qu'on va faire
de cette terre, sur ce marécage, est-ce qu'on va
l'assécher, pas l'assécher ?
-
Enfin, quand vous discutez à l'assemblée
vous-mêmes, vous, vous discutez des problèmes de
la cité, eh bien quand vous sortez de
l'Assemblée, vous allez en parler autour de vous.
-
Et en fait toute la cité est [ainsi] imprégnée
en permanence des problèmes de la cité.
-
C'est-à-dire que la délégation, elle n'est pas
du tout impérative. Ce n'est pas du tout une
fatalité, le fait d'avoir abandonné votre
pouvoir à des élus : [ce sont] des élus qui ont
décidé ça, ce n'est pas vous.
-
Est-ce qu'un jour, vous, vous avez dit : "moi, je
tiens à l'élection et je renonce au tirage au
sort" ?
-
Vous ne saviez même pas que le tirage au sort
existait...
-
Je veux dire : ce sont des élus qui ont décidé
qu'il fallait les élire.
-
Donc, ce n'est pas du tout une fatalité.
-
Donc, [l'objection] "on changerait d'avis tout le
temps", à mon avis, c'est une objection qui tient
pas la route.
-
• Objection suivante: "vous allez forcément
désigner DES INCOMPÉTENTS. Nous vivons dans un
monde complexe.
-
Ecoutez mon vieux, on est à l'ère du nucléaire,
c'est quand même... une géostratégie mondiale,
avec des choses quand même très très très
compliquées...
-
Alors, vous allez désigner n'importe qui...
-
Vous allez désigner des incompétents".
-
C'est une blague ? Vous trouvez que les élus sont
compétents ?
-
Est-ce que vous savez combien de bombes atomiques
ont été larguées dans l'atmosphère, je dis
bien dans l'atmosphère ?
-
Vous savez Fukushima, c'est un peu des petites
vapeurs, mais là je vous parle de bombes
atomiques.
(salle: ce sont pas des petites vapeurs)
-
Non, non, non, mais je dis des petites vapeurs par
rapport... Est-ce que vous savez ce que c'est
qu'une bombe atomique ?
-
Dans l'atmosphère ! Vous voyez le bordel
radioactif que c'est, de balancer une bombe
atomique ? Vous savez combien ils en ont jetées,
depuis 1945 ?
-
Les élus, là... les responsables, les
compétents, les gens
"on-va-pas-désigner-n'importe-qui-on-va-désigner-des-gens-qui-sont-capables-de-faire-des-choses-[de-façon]-compétentes...
-
Des choses raisonnables...
-
Combien de bombes atomiques ?
-
Plus de 2 000 !
-
2000 bombes atomiques dans l'atmosphère ! Et sous
terre, et dans la mer !
-
Directement, là... pam ! pam ! pam !
-
Il y a une... il y a une animation... il y a un
artiste qui a fait une recension de toutes les
explosions, avec leur date,
-
et qui a fait une petite vidéo qui dure... je
sais plus, une dizaine de minutes, et vous avez le
temps qui passe avec une seconde tous les mois et
puis... ou je sais plus... ou à peu près... peu
importe la graduation,
-
et puis vous avez le 1er truc qui pète juste
avant Hiroshima c'est dans [un] désert
-
d'Amérique [du nord] et puis après ça, vous
avez... poum ! poum ! Les deux coups d'Hiroshima
et Nagasaki... [puis] ça se calme...
-
puis après, ça recommence à péter dans le
désert des Etats-Unis, puis ça se met à
péter... je sais plus dans l'ordre. Je crois
qu'après c'est l'URSS qui commence à faire
péter... péter... péter... bam ! bam bam ! Ça
se met à crépiter.
-
Vous savez, pour en faire 2 000, il en faut un
paquet,
-
des petits points rouges, là... ta ! ta ! ta !
Puis à un moment dans les années 60... mais ça
n'arrête pas !
-
"C'est des responsables" on vous dit... "Avec des
tirés au sort, vous allez désigner des
incompétents".
-
Mais on se fout de nous !
-
(salle: les français ont réussi à s'irradier
eux-mêmes)
-
Eh bien complètement, mais on va arriver à...
Mais c'est que, quand vous faites péter une bombe
atomique, vous n'irradiez pas que vous-même, vous
irradiez toute la planète... et ça va rester
pendant des millions d'années, toutes ces
particules, enfin bon, bref.
-
Et puis combien... (Alors, mais là, vous allez
pouvoir prendre le relais avec moi...)
-
les élus prétendent être compétents ?
-
Mais combien de guerres ils ont déclenché les
élus ? Combien de guerres ?
-
Qui a balancé du napalm et des pesticides sur le
Viet-nam par millions de litres ?
-
Qui, qui ? Des élus ! Ce sont des élus.
-
Attends, c'est épouvantable, ce qu'ils ont fait
sur le Viet-nam, épouvantable, absolument
épouvantable.
-
C'est... c'est... c'est dingue, ce qu'ils ont fait
au Viet-nam.
-
C'est... c'est... c'est... c'est profondément
révoltant, ce qu'ils ont fait au Viet-nam.
-
Mais ce sont des élus qui ont fait ça, des gens
"compétents".
-
Est-ce qu'une assemblée populaire aurait fait ça
? Et bien je ne suis pas sûr du tout.
-
Peut-être que oui, mais je ne suis pas sûr du
tout.
-
Et je... quand on fait des assemblées de
[citoyens]...
-
Vous trouvez dans ce bouquin-là ("le pouvoir au
peuple" de Sintomer), [des récits de] ce que
décident des assemblées de citoyens tirés au
sort.
-
Par exemple, au Mali, il y a une assemblée de
citoyens tirés au sort et qui ont réfléchi sur
les OGMs.
-
Donc on a tiré au sort sur les listes
électorales des gens qui ne connaissaient rien
aux OGMs. Rien de rien, voilà.
-
Vous aviez des mères au foyer, des syndicalistes,
des paysans, il y avait des avocats, de tous les
métiers, tirés au sort. Donc, vous aviez une
assemblée de gens qui ne connaissaient pas le
sujet.
-
Et puis, pendant des mois, ils ont fait (ils
avaient de l'argent pour le faire, ils avaient des
locaux pour recevoir des gens), ils ont fait venir
les gens de Monsanto en leur posant la question :
"pourquoi est-ce qu'il faut les OGMs [à votre
avis] ?".
-
Alors, les gens de Monsanto ont expliqué pourquoi
il fallait les OGMs.
-
Ensuite, ils ont fait venir les gens de la
Confédération Paysanne : "alors, pourquoi vous
ne voulez pas des OGMs ?" Alors, les
[syndicalistes] ont expliqué pourquoi ils n'en
voulaient pas.
-
Ensuite, ils ont fait venir les gens de Bayer
(donc un autre céréalier) [qui ont expliqué :]
"Eh bien voilà pourquoi on le veut"...
-
Ensuite, ils ont fait venir des paysans
d'Amérique latine (qui utilisaient des OGMs
depuis longtemps) en leur [demandant :] "pourquoi
vous avez fait ça ?
-
et puis, vous êtes contents ? ou est-ce que vous
n'êtes pas contents ? Et puis, pourquoi vous
continuez ? Est-ce qu'il y a eu des problèmes ?
Est-ce que tout se passe bien ?"...
-
et puis, ensuite, ils font revenir les gens de
Monsanto en [leur] disant : "eux, ils nous ont dit
que... qu'est-ce que vous [leur] répondez ?".
-
Et puis, pendant ce temps, tout le monde regardait
: tout ça, c'est diffusé à la télé, à la
radio, les gens pouvaient être là, dans
l'enceinte, et les citoyens pouvaient proposer
qu'on pose des questions en disant :"posez-lui la
question parce que..." effectivement, alors on
pose la question [suggérée par le public]...
-
Attendez, au bout de six mois, ces gens-là sont
bien plus compétents que n'importe quel
parlementaire au monde (parlementaire qui doit
traiter tous les sujets... Mais c'est une blague
!).
-
Là, eux, ils se concentrent sur un sujet...
-
ils ne sont pas intéressés, ils ne sont pas
payés par les labos... ils n'ont pas une
réélection à assurer, ils n'ont été financés
par personne...
-
Ils ont juste une mission, tout le monde les
regarde, ils vont devenir des gens... pas des
experts... ils vont devenir des gens ÉCLAIRÉS,
bien plus éclairés que n'importe qui d'autre.
-
Mais ça, c'est un modèle de démocratie !
-
Une démocratie... Des institutions qui
prévoiraient un Parlement tiré au sort.
-
Tirés au sort : DES GENS QUI SAVENT QU'ILS NE
SAVENT PAS.
-
Mais c'est 1 000 fois mieux que les élections qui
se la pètent et des gens qui sont élus qui
croient qu'ils sont Dieu.
-
Là, vous avez des gens qui sont tirés au sort :
ils savent qu'ils ne savent pas, qu'est-ce qu'ils
font ?
-
Sur chaque sujet de société, au lieu de décider
eux, à la place des autres...
-
Eux, qui sont tirés au sort et qui savent que
demain ils vont revenir dans la population
normale,
-
ces gens-là, les institutions vont les aider,
vont les inciter à DÉSIGNER UNE AUTRE assemblée
tirée au sort qui, elle, va être SPÉCIALISÉE
sur le problème qui [lui] est soumis.
-
Et en fonction du rapport que va faire
l'assemblée spécialisée, ils vont décider de
telle ou telle loi.
-
Et éventuellement, si il y a un doute, eh bien,
ils [lancent] un RÉFÉRENDUM.
-
C'est-à-dire que TOUS les gens décident par
référendum.
-
Mais [tout] ça n'a pas le même goût. Vous
comprenez, ça ?
-
Alors, finalement, sur l'assemblée des OGMs,
l'assemblée du Mali, là, elle a décidé que
"[NON : les OGM, non merci], à l'unanimité...
-
Donc, ça, c'est parlant : à l'unanimité, c'est
plutôt NON ; plutôt non, parce que 1) on n'a pas
compris à quoi ça sert, on n'est pas sûr que
ça va être bien, et [en plus,] 2) on n'a pas la
preuve que ce n'est pas dangereux...
-
Donc, eh bien : NON, à l'unanimité."
-
Eh bien, je ne sais pas, moi : je trouve ça plus
[convaincant que l'avis d']une bande d'experts qui
sont payés par les labos... [(véridique)], très
majoritairement les labos qui fabriquent... les
OGMs. Je trouve que c'est évidemment mieux.
-
Donc, cette histoire de compétences, c'est des
conneries.
-
Le parlementaire médecin qui vient d'être élu,
ou le prof qui vient d'être élu, sur le
nucléaire, il ne connaît RIEN.
-
Sur le réchauffement climatique, il ne connaît
rien [(pas plus que vous)]. Ce qui va faire sa
compétence... je ne dis pas qu'il [est
définitivement incompétent] : il va [devenir]
compétent quand il va se mettre à bosser sur un
dossier, [là,] il va devenir compétent.
-
C'EST SON TRAVAIL QUI VA LE RENDRE COMPÉTENT.
MAIS C'EST PAREIL POUR N'IMPORTE QUEL TIRÉ AU
SORT.
-
Les tirés au sort, ils ne sont pas compétents
parce qu'ils sont tirés au sort, ou parce qu'ils
sont élus : ils sont compétents parce qu'ils
bossent.
-
Et c'est leur boulot qui va les rendre compétent.
-
Donc, [l'objction] "on désignerait forcément des
incompétents", c'est des sottises.
-
J'ai presque fini.
-
• [Autre objection courante :] "Le MODÈLE
athénien était ESCLAVAGISTE, PHALLOCRATE ET
XÉNOPHOBE".
-
Ça, alors là, je garde le meilleur pour la fin.
Parce que [cette objection-là,] vous allez
l'avoir.
-
C'est-à-dire qu'on vous dit :
-
"la démocratie athénienne, c'était une
oligarchie : regardez, vous aviez une toute petite
poignée de gens qui avaient le pouvoir, et tout
le reste, c'étaient des esclaves, des femmes, des
métèques... une toute petite poignée de gens
[dominait et exploitait la multitude]...".
-
Attendez, attendez...
-
à l'époque, sur terre...
-
c'est un ANACHRONISME de les juger avec nos
valeurs d'aujourd'hui, alors que eux étaient à
l'époque...
-
alors que c'était impossible de pas être
esclavagiste à l'époque. C'était très
marginal, quoi.
-
Quand vous avez tout le monde autour de vous, tout
ce qui existe est esclavagiste, vous êtes
esclavagiste [naturellement, simplement] comme
tout le monde...
-
(salle: c'est comme si on disait, nous on a des
chiens et des chats)
-
Voilà, c'est comme si on [nous reprochait, dans
bien des années, d'avoir enfermé et mangé] des
vaches...
-
Attendez, [c'est facile à imaginer :] le jour où
ça va être décidé... le jour où l'humanité
(et je crois que ça arrivera un jour), décidera
que TUER UN ANIMAL C'EST COMME TUER UN HOMME,
-
et que, en fait, on peut [très bien] se nourrir
avec de la nourriture artificielle, qui a le même
goût (c'est même bien meilleur !)...
-
À chaque fois que tu manges ce pavé de boeuf
artificiel, fait avec du pétrole ou je m'en fous,
n'importe quoi, c'est meilleur que la meilleure
des côtes de boeuf que jamais personne n'a
mangée quand il a mangé une [vraie] côte de
boeuf...
-
Simplement, tu n'as plus besoin de tuer un animal
[pour prendre du plaisir à manger].
-
Une fois qu'on aura inventé la technologie
nécessaire pour nous nourrir en nous régalant,
en nous donnant toutes les protéines, toutes les
substances dont on a besoin, mais [sans avoir]
besoin de tuer des animaux,
-
ce jour là, ça pourra devenir un crime de tuer
un animal, puisqu'on n'en aura plus besoin,
-
et quand vous allez juger [dans cette période
future lointaine] les gens d'aujourd'hui en disant
"ils tuaient des animaux, c'était une boucherie,
c'était un génocide sans arrêt, regardez les
camps de concentration,
-
regardez les batteries, les animaux en batterie
qui se font assassiner, et avant d'être
assassinés, ils se font torturer,
-
ils se bouffent entre eux, les cochons dans les
étables"...
-
Mais quand on nous jugera (nous, [avec nos moeurs
d']aujourd'hui), nos petits enfants nous
demanderont : "qu'est-ce que tu faisais, papy,
pendant le génocide des animaux ?"
-
Je dirai : "Et bien, je les mangeais, comme les
autres [, naturellement]".
-
Et... si vous voulez, l'esclavagisme à Athènes,
c'est un peu ça.
[il faut absolument éviter les condamnations
anachroniques.]
-
Je ne dis pas ça pour défendre l'esclavagisme,
enfin, faut pas être con : je ne suis pas
esclavagiste ! je ne suis pas phallocrate, je ne
dis pas qu'il ne faut pas que les femmes
[participent à la vie politique]... Quand je vous
demande de vous concentrer sur un thème, je ne
vous dis pas "il faut être misogyne, on met les
femmes [à l'écart]"...
-
C'est évident que je ne dis pas ça...
-
Vous comprenez ce que je veux dire ?... Et celui
qui me fait ce procès-là, qui me dit : "mais
vous êtes en train de défendre un régime
esclavagiste et xénophobe", il me prend pour un
abruti !
-
Enfin, il me prend pour un salaud, il m'insulte,
c'est incroyable ça. J'ai [simplement une
faculté de] DISCERNEMENT, c'est-à-dire que le...
-
(salle: faut lui demander si il met des Nikes)
-
Oui voilà, on va pas leur reprocher de pas voler
en avion ou de pas porter des Nikes, aux
Athéniens. Bon.
-
En tout cas, ce que je veux dire, c'est que...
regardez-le, celui qui vous dit ça,
-
celui qui vous dit : "Bah ! la démocratie
athénienne... vous êtes en train de défendre un
régime qui était un régime d'esclavagistes".
-
M'enfin, vous me prenez vraiment pour un imbécile
?!
-
VOUS ÊTES EN TRAIN DE TOUT MÉLANGER, PARCE QU'IL
Y A UN TRUC QUI VOUS GÈNE LÀ-DEDANS, QUI VA VOUS
FOUTRE AU CHÔMAGE,
-
parce qu'en général, ce sont des élus (ou des
sponsors d'élus) qui vous disent ça.
-
Évidemment, ce sont des gens qui vont tout
perdre, là, qui vont perdre leur pouvoir : L'ÉLU
[bien sûr, MAIS AUSSI] LES RICHES, qui vont
perdre leur courroie de transmission
"élus-à-leur-service".
-
ILS VONT TOUT PERDRE AVEC LE TIRAGE AU SORT !
-
DONC ILS ONT INTÉRÊT À TOUT MÉLANGER, ils
mettent du caca dedans... c'est tout mélangé...
"regardez comme c'est sale !"...
-
Et vous disent : "voilà, circulez, y a rien à
voir".
-
Mais vous, enfin il me semble, nous, NOTRE
INTÉRÊT C'EST D'AVOIR DU DISCERNEMENT :
-
quand quelque chose est mal d'un côté, il n'est
PAS FORCÉMENT TOUT mal.
-
Je suis désolé, la politique... la politique
PARTISANE qui consiste à dire : "moi, j'ai une
ligne politique, et tout ce qui n'est pas
strictement conforme à ma ligne politique, ce
sont des ennemis", pour moi, [cette façon de voir
les choses est] UNE PRISON DE LA PENSÉE. Je ne
suis pas comme ça.
-
C'est-à-dire que chaque individu ou chaque vie
politique peut avoir commis des erreurs
[éventuellement graves], peut présenter des
imperfections.
-
Et puis à côté, [chez le même individu
imparfait,] il y a une perle géniale [une idée
formidable,] qui va me servir à construire le
monde pacifié, la concorde d'aujourd'hui. [Je ne
veux pas rater cette idée géniale pour avoir
disqualifié en bloc son auteur, et m'être
interdit de l'écouter.]
-
Et à Athènes, je vous dis : si vous avez du
discernement... [vous allez trouver des idées
géniales...]
-
Regardez à Athènes. Est-ce que... est-ce que
l'esclavagisme RENDAIT POSSIBLE la démocratie ?
-
Et si vous répondez : "oui, absolument, la
démocratie n'était possible que s'il y avait
l'esclavagisme", alors là, oui, ok, je dirai :
"c'est vrai, donc, c'est un système qui porte en
lui quelque chose d'inacceptable et on laisse
tomber".
-
Mais est-ce que c'est vrai ?
-
Alors... il y a UN PEU de vrai, mais qui n'est
[AUJOURD'HUI] PAS VRAI DU TOUT :
-
"Un peu de vrai", c'est que : "c'est parce qu'il y
avait des esclaves qu'ils avaient DU TEMPS pour
faire de la politique".
-
C'est [aussi] parce que les femmes s'occupaient de
la maison, de la tambouille et de la culture (de
l'agriculture)... que les mecs pouvaient aller
faire de la politique...
-
C'est vrai, ça c'est vrai.
-
MAIS, aujourd'hui, avec le PÉTROLE, les énergies
fossiles, avec les MACHINES, on a des ESCLAVES DE
FER qui remplaceraient 1000 fois, 1000 fois plus
de travail et de temps libéré que les esclaves
de chair de l'époque.
-
C'est-à-dire que, avec de simples machines, on
pourrait très bien travailler beaucoup moins et
avoir le temps de faire de la politique. Et puis
pas que de la politique[, d'ailleurs] : faire
aussi de la philosophie, de la musique, des
conversations et jouer...
-
Donc, ce que je veux dire, c'est que
l'esclavagisme, peut-être qu'à l'époque, ça
rendait possible la démocratie, mais aujourd'hui
on n'a absolument pas besoin de l'esclavagisme
pour que ça marche.
-
On a d'autres moyens qui nous libéreraient du
temps, le temps nécessaire pour...
-
Il faudrait surtout qu'on se débarrasse de nos
[plus gros] parasites, parce que c'est parce
qu'ils nous piquent des milliers de milliards tous
les ans, tout le temps, tout le temps, tout le
temps, qu'on est obligé de tant travailler...
-
Si les richesses que nous créons par notre
activité, par notre industrie, par nos efforts,
si nous les répartissions correctement sans se
les faire piquer par quelques privilégiés, on
aurait beaucoup moins besoin de travailler.
-
Beaucoup, beaucoup moins, genre deux jours par
semaine !
-
Et la retraite à 50 ans, mais oui !
-
Eh oui, il suffit de se débarrasser de nos
parasites.
-
Mais [attention] pas les [petits] parasites... pas
les gueux qui volent une mobylette ou qui sont...
pas les... Ce n'est pas du parasitisme, c'est
rien, ça.
-
Je vous parle de GROS PARASITES. Des parasites qui
vous volent des milliers de milliards, les vrais.
C'est ceux-là dont il faut s'occuper en
priorité.
-
(salle: les obèses financiers)
-
Les obèses financiers, voilà.
-
Donc, sur l'objection "modèle athénien =
esclavagiste, phallocrate, xénophobe" prrrt, pour
moi, c'est hors sujet, je trouve.
-
[Fin des objections et réfutations.]
Si je prends du recul sur tout ça...
[Si j'essaie de comprendre d'où viennent les
vertus du tirage au sort..]
-
Qu'est-ce qui permet d'être sûr que ça marchera
toujours comme ça ?
-
Comment se fait-il qu'un système où l'on
désigne au sort nos représentants, ceux qui nous
aident à exercer le pouvoir,
-
COMMENT ÇA SE FAIT QUE ÇA DÉSYNCHRONISE LA
PUISSANCE POLITIQUE ET LA PUISSANCE ÉCONOMIQUE ?
-
ET COMMENT ÇA SE FAIT QUE ÇA NOUS PROTÈGE MIEUX
CONTRE LES ABUS DE POUVOIR ?
-
Et comment se fait-il que l'élection au
contraire, rende non seulement possibles, mais
impunis tous les abus de pouvoirs, et nous
sélectionne quasiment tout le temps les pires ?
-
Eh bien, il me semble (et j'en ai parlé un petit
peu, mais c'est le moment d'en reparler parce que
je crois que c'est... au moment de finir, au
moment de conclure, vraiment, on est sur
l'essentiel),
-
il me semble que l'élection repose sur un mythe,
-
[l'élection] repose sur une histoire qu'on nous
raconte et qui ne correspond pas du tout à la
réalité, qui est contredite même par les faits,
c'est-à-dire que tous les faits montrent le
contraire :
-
le mythe de l'élection, c'est que...
-
"nous sommes capables de choisir de bons maîtres,
et parce que nous les avons choisis, ils vont
être bons."
-
Ça, c'est un mythe : ça ne marche pas.
-
L'expérience nous montre que, quand on teste,
mais sur 200 ans ! c'est long, quand on teste
l'élection dans tous les pays du monde, à toutes
les époques,
-
l'élection, ça consiste [toujours] à la mise au
pouvoir des plus riches (ou des serviteurs des
plus riches).
-
(salle: ça sert à ça)
-
Alors, je ne sais pas si "ça sert à ça", parce
que je ne suis pas sûr qu'au début, Sieyes et
Madison aient VOULU le gouvernement des riches,
ils ont peut-être voulu le gouvernement des bons,
des "aristos", des vrais "aristos",
-
mais... je ne leur fais pas le procès d'intention
d'avoir comploté, d'avoir su à l'avance ; peu
importe d'ailleurs...
-
Le résultat... LE FAIT EST QUE...
-
L'ÉLECTION PERMET AUX RICHES D'ACHETER LE POUVOIR
(comme on achète une voiture).
-
Je ne parle pas [de n'importe quel] riche... nous
sommes [tous] riches par rapport à des gens qui
sont plus pauvres que nous :
-
je vous parle des ULTRA-riches, je vous parle de
l'hyper-classe, des gens extrêmement riches, des
gens...
-
Est-ce que vous êtes CAPABLES DE CORROMPRE
quelqu'un, [vous] ? Et bien non, et pourtant vous
êtes riches par rapport à certains pauvres...
-
Non, non, on peut jouer sur les mots, là : je
vous parle des riches capables de corrompre
quelqu'un. Alors, pour être capable de corrompre
quelqu'un, il faut avoir BEAUCOUP d'argent.
-
Et manifestement, de fait, l'élection, par le jeu
de la campagne électorale, et par l'acquisition
des médias, la possibilité qu'on leur laisse
d'acheter les médias, donc de fabriquer
l'opinion, d'influencer l'opinion au point
quasiment de la fabriquer...
-
(je dois avoir 20 ou 30 livres sur les
manipulations par les médias : les techniques de
manipulations, c'est incroyable, ça devient une
science exacte, ce truc là),
-
et donc l'élection permet aux riches d'acheter le
pouvoir.
-
L'élection permet aux riches ÉCONOMIQUES
d'acheter le pouvoir POLITIQUE [de
concentrer/accaparer les deux types de pouvoir].
-
Et c'est l'élection qui rend [possible] la
synchronisation entre les deux.
-
C'est l'élection qui fait qu'on est impuissants
politiquement.
-
C'est l'élection de l'Assemblée constituante qui
fait que des gens écrivent des règles pour
eux-mêmes, des règles qui font que tout pourra
se jouer en dehors de nous, après.
-
L'escroquerie politique, c'est de nous faire
croire que le régime actuel, c'est la
démocratie.
-
C'est quand même... Vous vous rendez compte ?
Bon, ça fait une heure que j'en parle, mais vous
vous rendez compte maintenant de l'énormité [de
la différence] qu'il y a entre le nom qu'on donne
à notre régime aujourd'hui et ce qu'il est
vraiment ?
-
Est-ce que vous comprenez que c'est ça le piège,
c'est ça : on n'arrive pas à fabriquer
l'alternative parce que on a...
-
si vous voulez... vous savez, il y a une image que
j'aime bien, je n'en parle pas là [dans le
document écrit correspondant en gros à la
conférence], mais ça me vient là, maintenant,
c'est...
-
les chefs indiens : les Indiens d'Amérique
étaient des sociétés avec DES CHEFS, MAIS SANS
POUVOIR.
-
C'est marrant comme tout, c'est Pierre Clastres
qui explique ça.
-
Il a vécu avec eux et c'est vraiment des travaux
d'anthropologue tout à fait [intéressants] parce
que...
-
... ils savaient, les Indiens savaient qu'ils
avaient à craindre du chef, un peu comme les
Athéniens savaient, ils ne voulaient pas que...
[des chefs deviennent des tyrans]
-
et donc, eux, les Indiens, ils se sont
débrouillés autrement avec les chefs :
-
ils ont fait un grand fauteuil de chef, ils ont
pris un bonhomme, ils l'ont désigné, il ne
pouvait pas refuser et s'il refusait, il se
faisait zigouiller, donc il acceptait...
-
Et on le met à LA PLACE du chef [sur le grand
fauteuil].
-
MAIS ce chef, il n'a PAS DE POUVOIR.
-
Il a juste le pouvoir de PARLER.
-
Et il parlait, il parlait tout le temps et,
pendant qu'il parlait, on passait devant [lui],
l'air de ne pas l'écouter[, ostensiblement peu
respectueux].
-
On le méprisait, on le négligeait. Il parlait et
on passait sans l'écouter.
-
Et son boulot à lui [(le chef indien)], c'était
de tenir la place au chaud de chef pour qu'il n'y
ait pas un gars qui devienne notre chef sans
[notre accord].
-
C'est marrant, ça. C'est-à-dire, ils savaient
qu'ils ne voulaient pas... ils savaient que les
gens ont tendance à... il y en a qui ont tendance
à devenir des chefs, des leaders...
-
Pour se prémunir contre ces gens-là, il y avait
une place de chef, elle était occupée par un mec
qu'on mettait [là], [mais] on ne lui [donnait]
pas de pouvoir, il fallait [même] que lui nous
fasse des cadeaux !...
-
Je vous jure que c'est vrai : il fallait que le
chef fasse des cadeaux à son peuple, et quand les
gens n'étaient pas contents, ils lui en faisaient
voir, il risquait pour sa peau.
-
Comme ils se méfiaient des chefs !... et ce
qu'ils avaient trouvé, [eux,] pour ne pas être
emboucanés par [les "voleurs de pouvoir"], c'est
marrant...
-
Eh bien, on dirait qu'on est victime un peu de
ça, avec des gens [qui aspirent au pouvoir, des
gens qui veulent un jour occuper la place de chef,
des gens] qui...
-
qui ont fait un système qui n'est pas la
démocratie, [des gens] qui ont tout à craindre
de la démocratie,
-
(ils ont tout à craindre de la démocratie, les
oligarques :
-
si la démocratie voit le jour, c'est fini pour
eux,
-
ils n'ont plus le pouvoir, ils ne peuvent plus
abuser)...
-
Alors, qu'est-ce qu'ils font ?
-
Leur système détestable, injuste, ils
l'appellent comment ?
-
Et bien, c'est le même truc que les Indiens, mais
à l'envers :
-
C'est-à-dire qu'ILS NOUS TIENNENT À L'ÉCART
AVEC CE MOT-LÀ,
-
quand ils appellent "démocratie" le système qui
est son strict contraire...
-
Comment on fait, [nous,] pour résister ?
-
On s'est fait prendre un mot-clef, là.
-
Je reviens à [Franck] Lepage dont je vous parlais
tout à l'heure : Franck Lepage et les gens du
"Pavé", ont un travail sur les mots qui est
absolument génial.
-
On retrouve la novlangue... vous connaissez Orwell
et le travail qu'il a fait sur la novlangue,
c'est-à-dire sur un État totalitaire qui nous
domine par les mots,
-
en nous retirant [de notre vocabulaire] les mots
capables de désigner l'ennemi...
-
en nous retirant ces mots-là, en les
criminalisant, en les ridiculisant, en les
remplaçant par d'autres, inoffensifs, on se met
à l'abri des coups (quand on est oligarque).
-
Et ce que fait Orwell, c'est de mettre à jour
cette novlangue.
-
Et ce que Franck Lepage et sa joyeuse bande...
C'est vraiment une bande de gens formidables,
-
("Le Pavé", ça s'appelle :
-
sur Google, vous tapez "Le Pavé" et vous arrivez
sur un site avec des vidéos et des ressources qui
n'arrêtent pas de croître, il faut...
-
Allez voir les vidéos de Franck Lepage et puis de
sa bande, ça vaut quelque chose.)
-
Une [autre] objection qu'on va nous renvoyer
souvent :
-
• L'objection est : "Est-ce que ce système va
marcher avec des médias qui appartiennent aux
oligarques ?"
-
[Effectivement,] vous savez que les 3/4 de la
presse [française] appartiennent à deux
marchands de canons et un marchand de béton.
-
Pourquoi Rothschild achète "Libération" ? Ce
n'est pas pour gagner de l'argent, il en perd.
-
Pourquoi une autre banque achète "Le Monde" ?
Pourquoi une autre banque encore achète "Le
Nouvel Obs" et les "Inrockuptibles" ?
-
Pourquoi les banques achètent[-elles] les
journaux ?
-
Pourquoi les marchands de canons achètent[-ils]
les magazines et les télés ?
-
Pourquoi les industriels achètent[-ils] des
télés ?
-
Ce n'est pas pour gagner de l'argent, ce n'est pas
vrai : ne croyez pas ça, ce n'est pas vrai.
-
C'EST POUR MANIPULER. C'est pour manipuler, parce
que dans un système d'élection, comme vous
choisissez les candidats, c'est très important de
MAÎTRISER L'ACCÈS À LA CANDIDATURE VISIBLE, qui
est la seule qui va pouvoir être élue.
-
Mais la réponse que je ferais à cette objection
c'est que...
-
je vous rappelle que moi, mon cap, c'est...
-
puisque la source, la cause des causes [de notre
impuissance poitique], c'est que ceux qui
écrivent [actuellement] la constitution ne
devraient pas l'écrire parce qu'ils ont un
intérêt personnel qui est contraire au nôtre,
-
(contraire à l'intérêt du plus grand nombre),
-
et puisque, donc, la solution, c'est de tirer au
sort une Assemblée Constituante qui va être
désintéressée parce qu'elle sera non seulement
tirée au sort, mais en plus, elle sera
inéligible aux institutions qu'elle écrit...
-
moi, il me semble que cette Assemblée
Constituante tirée au sort, elle va faire son
compte à la situation médiatique :
-
elle va prévoir dans les institutions que, non
seulement, comme le prévoyait Montesquieu, il va
y avoir un pouvoir législatif...
-
il va [aussi] y avoir un pouvoir exécutif (et on
ne dira [surtout] PAS "gouvernement", parce que le
mot "gouvernement" [est un piège]... l'exécutif,
il va obéir aux ordres de l'Assemblée, il va
être servile.
-
Quand on dit "gouvernement", on se fait déjà
enfumer avec les mots,
-
parce que "gouvernement"... déjà, il y a tout
dans "gouvernement" : il y a "je décide et
j'applique, et je juge même !".
-
Donc, il ne faut pas accepter le mot
"gouvernement".)
-
Une bonne Constitution, elle ne met pas en place
un gouvernement, elle met en place un EXÉCUTIF.
-
Montesquieu, c'est [la] séparation des pouvoirs :
-
"Toi, tu écris les lois (tu es Parlement), mais
tu ne les exécutes pas.
-
Toi, tu es Exécutif, tu exécutes les lois, tu as
la force armée, mais tu n'écris pas les lois.
-
Et puis toi, tu es Juge, donc tu les regardes ;
s'ils déconnent, tu les punis, et puis tu
t'occupes des litiges entre citoyens."
-
Et la TRIANGULATION de ces pouvoirs bien séparés
[(agissant comme autant de contre-pouvoirs)] fait
qu'il n'y en a aucun qui est capable de devenir
tyrannique.
-
Vachement malin, cette idée... [À ceci près
qu']il n'avait pas prévu (parce qu'il ne la
connaissait pas, il n'avait pas la télé...)
Comme il n'y avait pas la télé, Montesquieu a
oublié de prévoir les MÉDIAS.
-
Mais nous, on n'est pas obligé d'être... de se
limiter à ce qu'avait pensé Montesquieu, et on a
toujours intérêt [à continuer à
réfléchir]...
-
On sait bien, nous, que les médias sont un
pouvoir plus important encore que le Parlement, et
donc, on va mettre les médias sous contrôle, et
[même] sous contrôle démocratique, avec des
jurés citoyens tirés au sort qui vérifient que
tout se passe bien,
-
et on va vérifier... et on va évidemment
interdire à toute entreprise d'être en même
temps entreprise et...
-
propriétaire d'un média, eh bien évidemment,
évidemment, évidemment. Et du même coup... mais
ce que je voulais [dire, pour répondre à
l'objection des médias vendus aux riches, c'est
que la démocratie est un tout, un ensemble
d'institutions, et que les médias feront bien
sûr AUSSI l'objet d'institutions de contrôle]...
-
[...]
-
[Mais,] ils ne vous laisseront jamais faire un
bout de ça ; même un bout, ils ne vous
laisseront pas faire...
-
Ce que je voulais dire, c'est que ce projet-là,
un projet de vraie démocratie, jamais ils ne nous
laisseront faire :
-
ça ne se fera pas en étant gentils. Je veux
dire... on ne va pas... leur demander la
permission et ils vont dire "oui"... Ce n'est pas
comme ça que ça va se passer.
-
Et donc, quand vous allez changer les choses, eh
bien vous changerez en même temps les
[institutions sur les] médias...
-
Et à mon avis, il n'y a pas que ça : il va
falloir penser à LA MONNAIE.
-
C'est-à-dire qu'il va falloir penser [la
création monétaire], dans les institutions...
(Montesquieu, il n'en a pas parlé, [de la
monnaie], il a raté un truc parce que c'était en
train [de se mettre en place] ; Montesquieu,
c'était 18ème [siècle], [et au] 18ème, on ne
voyait pas encore le projet [des banquiers privés
pour prendre le contrôle de la puissance
publique].
-
On ne voyait pas encore se former le problème du
pouvoir bancaire.
-
Ça commençait pourtant, déjà, mais ça ne se
voyait pas ; donc, ce n'était pas dans l'air du
temps d'en discuter. Mais aujourd'hui, quand même
!!!
-
Aujourd'hui, dans les institutions, si on ne
prévoit pas le problème, la solution, la
protection, le contrôle des autorités
monétaires,
-
si on ne prévoit pas ça, on est plus con que la
moyenne, je veux dire : il faut quand même y
penser !
-
Évidemment, si on écrit de nouvelles
institutions, l'Assemblée Constituante, il va
falloir qu'elle réfléchisse à la monnaie.
-
Une phrase pour finir.
-
Autant...
-
autant je comprends...
-
qu'un industriel,
-
qu'un banquier,
-
qu'un oligarque défende l'élection mordicus...
-
Je comprends : c'est un moyen qui lui permet
d'acheter le pouvoir, c'est LOGIQUE.
-
Je ne lui en veux même pas : il est dans son
rôle, c'est NORMAL.
-
MAIS QUE DES MILITANTS (de gauche ou de droite)
qui sont humanistes, qui cherchent une société
[juste]...
-
(parce qu'il y en a plein "à droite", des gens
qui cherchent une société apaisée ; bon, c'est
une société un peu plus violente, quand même
qu'une société "de gauche", mais les gens de
gauche ne se rendent pas compte qu'ils nourrissent
aussi une certaine violence, donc je...
-
je ne les départage pas, ça m'est égal),
-
mais que les gens qui sont humanistes de tous ces
bords, qui cherchent à [mettre en place] une
société pacifiée...
-
avec le moins d'injustices possible...
-
(c'est-à-dire des inégalités, mais qui
correspondent aux efforts de chacun,
-
c'est-à-dire qu'il peut y avoir des inégalités,
mais en proportion des efforts : celui qui a fait
beaucoup d'efforts est mieux traité que celui qui
n'en fait aucun, bon)
-
mais que tous ces gens [militants de tous bords]
qui cherchent une société pacifiée, juste,
DÉFENDENT L'ÉLECTION malgré [l'échec
permanent, malgré tous les rêves toujours
brisés]...
-
et [REFUSENT] LE TIRAGE AU SORT... [ça me
dépasse.]
-
Quand j'en parle à mes copains, [du] tirage au
sort, ils disent "non, non mais"... PARCE QU'ILS
SONT DANS DES PARTIS, ILS N'ARRIVENT PAS À
L'IMAGINER.
-
Et ils disent... ils cherchent toujours à
louvoyer.
-
Que ces gens (tous), à la fois...
-
continuent à vénérer comme une vache sacrée
l'élection, le [prétendu] suffrage universel, et
continuent à détester ou vouer aux gémonies le
tirage au sort...
-
alors qu'il y a 400 ans, (200 ans de tirage au
sort + 200 ans d'élection), 400 ans de faits
contraires qui montrent qu'ils ont tort !
-
C'est du déni de réalité.
-
Le patron de supermarché, je le comprends ;
-
Le militant humaniste, je ne le comprends pas. Ça
me paraît incompréhensible.
-
[Pour en savoir plus, voyez :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/tirageausort.php
]