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Inflation et chômage
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Ce dont je vais vous parler,
et qui est vraiment quelque chose d'important,
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est fortement contesté par les économistes du moment,
depuis l'époque Friedman,
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l'époque des monétaristes qui prétendent le
contraire.
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Alors, je vais résumer en deux mots.
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Un économiste qui s'appelait Phillips...
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a...
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étudié de façon empirique,
sans donner de... vraiment d'explication,
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mais il a fait le travail de compilation de
chiffres sur un siècle,
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pour voir s'il y avait un lien entre les salaires
et l'inflation.
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Et en fait, d'autres économistes ont repris son
travail pour voir que,
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en fait, c'était entre le chômage et l'inflation
qu'il y avait une corrélation.
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Et en fait, les 2 mécanismes,
chômage et inflation, sont corrélés :
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quand vous gagnez sur un, vous perdez sur l'autre;
et quand vous gagnez sur l'autre, vous perdez sur l'un.
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C'est-à-dire que vous pouvez... vous n'arrivez pas,
—en général, sur le long terme,
sur cette longue série de chiffres—,
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vous n'arrivez pas à avoir à la fois du chômage
et de l'inflation
ou à la fois pas de chômage et pas d'inflation.
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C'est-à-dire que,
si vous voulez vous battre contre le chômage,
vous allez le payer en inflation.
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Et par un mécanisme assez simple à comprendre qui est que,
QUAND IL N'Y A PAS DE CHÔMAGE, LES GENS N'ONT PAS PEUR
DE NE PAS RETROUVER DU BOULOT,
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DONC ILS N'ONT PAS PEUR DE LE QUITTER S'IL Y A UN
CONFLIT AVEC L'EMPLOYEUR,
DONC ILS SONT PLUS REVENDICATIFS...
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Puisqu'ils sont sûrs de trouver du boulot en dehors,
ils sont plus revendicatifs,
DONC ILS DEMANDENT DE MEILLEURS SALAIRES...
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QU'ILS OBTIENNENT PUISQUE LES PATRONS ONT BESOIN,
POUR GARDER LEURS SALARIÉS
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(PUISQU'IL EN MANQUE À L'EXTÉRIEUR, ILS ONT BESOIN,
POUR GARDER LEURS SALARIÉS, DE LES PAYER MIEUX).
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Et donc, c'est vrai que peu de chômage,
comme on en a connu pendant longtemps,
ça pousse à de bons salaires,
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ET LES SALAIRES SONT RÉPERCUTÉS PAR LES ENTREPRENEURS,
QUI VEULENT CONSERVER LEURS MARGES,
LES SALAIRES SONT RÉPERCUTÉS SUR LES PRIX.
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Donc le mécanisme...
(et dans l'autre sens, de la même façon…)
est facile à comprendre :
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QUAND, À L'INVERSE, IL Y A BEAUCOUP DE CHÔMAGE,
IL Y A UNE PEUR, UNE INTIMIDATION FINALEMENT,
DE LA CLASSE OUVRIÈRE (OU DES GENS QUI
TRAVAILLENT),
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IL Y A UNE INTIMIDATION AVEC UNE PEUR
QUI FAIT QUE LES GENS SONT PLUS DOCILES,
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MOINS REVENDICATIFS ET QUI PERMET AU PATRON
DE POUSSER À LA BAISSE LES SALAIRES.
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POUSSANT LES SALAIRES À LA BAISSE,
ILS N'ONT PAS BESOIN D'AUGMENTER LEURS PRIX
POUR CONTINUER À SE GOINFRER...
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Heu... à "faire des profits"....
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Je pense que la corrélation est facile à comprendre
et qu'elle est robuste.
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Je pense que ça correspond à une réalité.
Alors, c'est vrai qu'il y a peut-être d'autres facteurs :
comme on disait tout à l'heure, les événements
n'ont pas qu'une cause, ils en ont plusieurs.
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Les monétaristes se sont appuyés sur une courte
période de l'histoire dans les années 1970
où on a eu en même temps de l'inflation et du
chômage :
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Ils ont dit :
« Ah, vous voyez que ça n'est pas une loi !
Vous voyez, ça ne tient pas debout ! »
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« ... Là, regardez : il y a quelques années
pendant lesquelles on a eu de l'inflation ET du
chômage, DONC TOUT CE QU'A DIT KEYNES ÇA NE VAUT RIEN !... »
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Heu...
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... Là, vous y allez un peu vite (comme si vous aviez
envie que tout ce qu'avait dit Keynes ne vaille
rien), parce que ça ne suffit pas :
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Peut-être que, pendant ces quelques années,
dans les années 70,
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il y a eu un phénomène qu'on n'a PAS BIEN IDENTIFIÉ
(c'est pour ça qu'on n'arrive pas à comprendre),
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mais un phénomène SUPPLÉMENTAIRE qui a été PLUS FORT,
TEMPORAIREMENT, que la corrélation observée par Phillips,
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et puis ensuite, la corrélation, elle est revenue,
la corrélation de Phillips est revenue sur les
années suivantes.
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Mais finalement, LES ÉCONOMISTES PROSTITUÉS
-- C'EST UN PLÉONASME -- ONT FINALEMENT...
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SE SERVENT... SE SONT SERVIS DE CETTE PÉRIODE
COMME D'UN PRÉTEXTE POUR NOUS FILER EN PRIORITÉ
LA LUTTE CONTRE L'INFLATION.
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Mais ça, c'est une catastrophe parce que,
comme la courbe de Phillips
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(c'est-à-dire la corrélation inversée entre le
chômage et l'inflation),
elle EST une réalité, quand les gouvernements...
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décident de lutter contre l'inflation
en toute première priorité...
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(je vous rappelle que les institutions européennes
ont institué une banque centrale indépendante,
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c'est-à-dire que vous pouvez voter à gauche,
à droite..., ça ne changera rien :
la banque, elle s'en fiche, elle est indépendante,
elle peut même refuser de les recevoir, vos élus)
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Et QUAND LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES
ONT DONNÉ À CETTE BANQUE CENTRALE INDÉPENDANTE
LA MISSION UNIQUE DE LUTTER CONTRE L'INFLATION...
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C'EST INCROYABLE : CETTE RÈGLE EUROPÉENNE,
ELLE INSTITUTIONNALISE LE CHÔMAGE !
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Alors, il y a d'autres indices,
parce que vous retrouvez, dans les rapports de l'OCDE,
vous retrouvez le NAIRU,
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C'EST-À-DIRE UN TAUX DE CHÔMAGE MINIMUM,
JE DIS BIEN MINIMUM !
c'est-à-dire que c'est un objectif minimum :
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LES GOUVERNEMENTS SONT SOMMÉS, POUR QUE "TOUT AILLE BIEN"
(ENTRE GUILLEMETS : SUIVANT LA "PENSÉE" ENTRE
GUILLEMETS DE CES ÉCONOMISTES),
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IL FAUT QU'IL Y AIT UN MINIMUM DE CHÔMAGE
POUR QU'ON TOMBE SUR L'ÉQUILIBRE.
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Et c'est eux qui décident de ce NAIRU,
donc de ce taux minimum :
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pour la France c'est 9... 10...
10% DE CHÔMAGE MINIMUM, MINIMUM, C'EST INCROYABLE !
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Dans les institutions européennes,
c'est-à-dire au plus haut niveau du droit
et au niveau international...
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on décide qu'on va lutter contre l'inflation,
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les gens ne voient pas ça,
ils ne connaissent pas la loi de Phillips,
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ils ne connaissent pas la courbe de Phillips...
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Ils ne savent pas que, quand on dit
« bien, on va lutter contre l'inflation :
c'est pour protéger les faibles »...
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BULLSHIT ! C'EST PAS VRAI !
PARCE QUE, AVEC L'INDEXATION, LES FAIBLES
ET LES PAUVRES NE CRAIGNENT PAS L'INFLATION !
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JE RÉPÈTE : AVEC L'INDEXATION, LES PAUVRES,
LES PETITES GENS NE CRAIGNENT PAS L'INFLATION.
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Puisque, dès qu'il y a de l'inflation,
leurs salaires montent avec ;
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c'est indexé.
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Donc, c'est très important ça :
le discours qui consiste à dire : "on va lutter
contre l'inflation pour protéger les plus pauvres",
c'est pas vrai, ce n'est pas vrai.
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C'est pour protéger le tas d'or
de ceux qui ont beaucoup d'argent.
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Beaucoup d'argent...
beaucoup de BILLETS de banque notamment.
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Ah, ceux-là... ceux-là, ils ne veulent pas
voir leurs billets fondre en valeur.
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http://etienne.chouard.free.fr/Europe/monnaie.php
