0:00:01.000,0:00:11.000 Suite de la conférence de Henri Guillemin de 1970. Merci à Jérome pour la retranscription. 0:00:11.000,0:00:18.000 Mais alors, comment se fait-il que la convention vote d'enthousiasme et à l'unanimité le calendrier révolutionnaire ? 0:00:18.000,0:00:25.000 C’est bien clair, dit Monsieur SOBOUL. Dans l’ancien calendrier (grégorien), il y avait des dimanches, on se reposait tous les dimanches. 0:00:25.000,0:00:30.000 Tandis que maintenant, on ne se reposera que tous les dix jours. Alors, vous comprenez, le patronat est ravi, les ouvriers travailleront deux jours de plus. 0:00:30.000,0:00:33.000 Donc : enthousiasme pour le calendrier révolutionnaire. 0:00:33.000,0:00:41.000 Le pauvre évêque constitutionnel de Paris, qui s’appelait GOBEL, va se voir menacé, sommé de démissionner et de dire le lendemain 8 novembre à la Convention : 0:00:41.000,0:00:45.000 « j’ai menti toute ma vie, je n’y croyais pas, tout ça ne sont que des blagues… » 0:00:45.000,0:00:56.000 Qui lui demande de se désavouer ? C’est Léonard BOURDON, député dantoniste de l’Oise, et Anacharsis CLOOTS, qui était un banquier prussien multi millionnaire. 0:00:56.000,0:01:03.000 Qui va représenter la « Déesse de la raison » à l’église Notre Dame de Paris ? J’avais toujours cru que c’était une prostituée… Pas du tout ! 0:01:03.000,0:01:08.000 C’était une femme de très bonne compagnie qui s’appelait Madame MOMORO, femme d’un imprimeur très riche de Paris, et lui aussi, dantoniste. 0:01:08.000,0:01:17.000 Donc l’opération de la déchristianisation est une tentative poussée par DANTON pour mettre ROBESPIERRE dans une situation difficile. 0:01:17.000,0:01:25.000 On savait que ROBESPIERRE était un homme qui croyait en Dieu. Comme il croyait en Dieu, DANTON avait dit de lui : « Il habite une jésuitière ». La jésuitière des DUPLAY, vous vous rendez compte… 0:01:25.000,0:01:32.000 Alors, évidemment, ROBESPIERRE va protester, il va dire « Non, il ne faut pas faire cette persécution !». On pourra donc le dénoncer comme un ami de la Réaction. 0:01:32.000,0:01:40.000 Mais c’est que le « petit peuple » ne marche pas ! On trouve facilement de la canaille pour casser les têtes des saints dans les églises, on les paye un petit peu et puis ça y est… 0:01:40.000,0:01:48.000 Mais l’ensemble de la population parisienne ne marche pas, au point que Le Journal de Paris, dont je vous ai cité une phrase tout à l’heure (ROBESPIERRE monté à la tribune et auquel on a coupé la parole…), 0:01:48.000,0:01:57.000 voyant que la déchristianisation ne prend pas va écrire avec irritation la phrase que voici : « Alors quoi, les hommes du 10 août veulent aller à la messe ? » 0:01:57.000,0:02:00.000 Non, ils ne voulaient pas aller à la messe, mais ils ne voulaient pas que l’on se battît là-dessus. 0:02:00.000,0:02:07.000 Alors, quand DANTON voit que ça ne marche pas, c’est lui-même qui monte à la tribune après un congé qu’il avait pris et qui dit : « je demande l’arrêt de ces mascarades anti religieuses ». 0:02:07.000,0:02:12.000 Deuxième tentative : ratée. Troisième tentative, DANTON va faire une volte-face complète : 0:02:12.000,0:02:20.000 Le 5 décembre de cette année 1793, ce même DANTON qui, au mois de septembre demandait « une tête par jour », le voilà qui fait de l’humanitarisme. Et à la tribune de la Convention il dit : 0:02:20.000,0:02:32.000 « Je demande l’économie du sang des hommes ». Et le 5 décembre, lançant son petit ami Camille DESMOULINS avec son journal Le vieux Cordelier dans une entreprise périlleuse, il fait demander l’élargissement des suspects. 0:02:32.000,0:02:43.000 Ouverture des prisons. Il y avait 200 000 suspects à ce moment-là en prison. C’était probablement trop. J’ai vu d’assez près la résistance et la Libération en France. 0:02:43.000,0:02:48.000 J’étais, tout le monde le sait, du côté de la résistance, mais j’ai été assez écœuré de ce qui s’est passé au moment de la libération 0:02:48.000,0:02:55.000 où j’ai vu très souvent sous mes yeux des gens qui n’avaient rien fait mais que quelques ennemis personnels déclaraient collaborationnistes. 0:02:55.000,0:03:03.000 Eh bien, je suis convaincu que sur les 200 000 emprisonnés, il devait y en avoir pas mal qui étaient là sur des dénonciations personnelles, alors qu’ils n’étaient pas dangereux politiquement. 0:03:03.000,0:03:12.000 Au point que ROBESPIERRE, en novembre, avait dit « il faut faire absolument un triage » parmi ces 200 000 il faut les regarder un par un et élargir tous ceux contre lesquels il n’y a rien. 0:03:12.000,0:03:17.000 Mais entre ce triage des incarcérés et la libération totale des 200 000, il y a un abîme. 0:03:17.000,0:03:26.000 Parce que sur ces 200 000, mettons qu’il y en avait la moitié qui étaient des agents royalistes ou des girondins, c’était immédiatement remettre en circulation des gens qui allaient ruiner la République 0:03:26.000,0:03:35.000 vous voyez la situation terrible dans laquelle se trouvait ROBESPIERRE d’un côté il y a les enragés à la façon d’HEBERT qui veulent du sang et du sang, des « vers dans l’arbre » 0:03:35.000,0:03:41.000 et de l’autre côté vous avez un DANTON qui est la « scie dans l’arbre » qui essaie de détruire la République. 0:03:41.000,0:03:52.000 ROBESPIERRE avait des raisons de se réjouir et des raisons de ne pas se réjouir. Raisons de se réjouir : situation militaire qui marchait bien et MALLET du PAN, ce genevois dont je vous avais parlé et qui avait collaboré au manifeste de Brunswick. 0:03:52.000,0:04:00.000 Dans un rapport au Prince, il était à la solde – je crois oui – des Princes. Les Princes, ça veut dire les candidats royaux. Vous savez, le futur Louis XVIII, le futur Charles X. 0:04:00.000,0:04:15.000 MALLET du PAN en février 1794 disait aux ennemis de la France « il faut reconnaître que nous sommes en train de 'recevoir des piles' enfin les français gagnent parce que nous (les austro-prussiens), nous n’avons que des soldats matériels ». 0:04:15.000,0:04:25.000 C’est-à-dire des automates des robots, indifférents au sort de la guerre tandis que les soldats de la République, sont des soldats passionnés, disait-il. 0:04:25.000,0:04:32.000 Ces soldats qui croient qu'ils se battent pour eux-mêmes ou pour leurs enfants, ceux-là en effet ont un tel élan, un tel mordant, un tel moral, 0:04:32.000,0:04:36.000 qu'ils remportent des victoires que nous, nous ne savons pas remporter. Alors, sur le plan militaire : avantage. 0:04:36.000,0:04:45.000 Sur le plan financier, gros avantage. A partir du maximum et à partir d'une loi que j'ai oublié de vous dire, c'est vrai : peine de mort contre l'agiotage sur les assigniats. 0:04:45.000,0:04:54.000 Si bien que quand ROBESPIERRE était entré au pouvoir, l'assigniat était à 37 . Ca veut dire 100 francs papier = 37 franc or 0:04:54.000,0:05:02.000 Au bout de sept mois de pouvoir, ROBESPIERRE a fait monter l'assigniat de 37 à 74 ! Donc ça marche. Mais il y a d'autres choses qui ne marchent pas. 0:05:02.000,0:05:09.000 En particulier, ROBESPIERRE a vu devant lui CAMBON, chef du Comité des Finances qui a fait une singulière déclaration. 0:05:09.000,0:05:15.000 Autre chose que vous ne savez sans doute pas et que je ne savais pas moi, enfin peut-être que vous saviez, ces comités sont indépendants les uns des autres. 0:05:15.000,0:05:22.000 Ne croyons pas qu'il y a le Comité de Salut Public qui coiffe tout, il y a la Convention, qui coiffe tout, qui contrôle tout, et puis il y a des comités parallèles. 0:05:22.000,0:05:28.000 Comité de Salut Public pour les affaires générales, Comité de Sûreté Générale pour la police, Comité des Finances et Comité des Subsistances. 0:05:28.000,0:05:38.000 CAMBON, l'industriel CAMBON, est à la tête du comité des finances. Il avait fait le 24 août 1793 quelque chose de bien, il avait créé le Grand Livre de la République, 0:05:38.000,0:05:43.000 le Grand Livre de la Dette, comme on dit pour montrer que la République française gère un peu mieux ses finances que la monarchie, excellent. 0:05:43.000,0:05:50.000 Mais voila qu'au début de l'année 1794 il fait à la Convention une déclaration que ROBESPIERRE ne comprend pas. Là aussi, je vais parler plus lentement. 0:05:50.000,0:05:59.000 CAMBON dit : “nous allons distinguer parmi les créanciers de l'Etat entre ceux qui recoivent moins de 1000 francs de pension par an, et ceux qui reçoivent plus de 1000 francs”. 0:05:59.000,0:06:06.000 Ceux qui reçoivent moins de pension, on leur paiera leur pension en assigniats, et ceux qui reçoivent plus de 1000 francs on leur paiera en numéraires 0:06:06.000,0:06:10.000 Alors après, ROBESPIERRE va aller trouver CAMBON et lui dit qu'il pense que sa langue a fourché, 0:06:10.000,0:06:14.000 que c'est un lapsus et qu'il pense qu'il voulait dire que les plus pauvres vont être payés en monnaie non dévaluée. 0:06:14.000,0:06:22.000 CAMBON le reçoit avec violence en lui disant de s'occuper de ce qui le regarde car il est chef chez lui. ROBESPIERRE a vu ce que faisait CAMBON à ce moment là. 0:06:22.000,0:06:25.000 Il se dit “on est en train de me saboter”. En plus, dès qu'il aura frappé les hébertistes, 0:06:25.000,0:06:30.000 c'était surtout des hébertistes qui étaient les cadres de la petite armée révolutionnaire dont je vous ai parlé qui surveillait le maximum. 0:06:30.000,0:06:35.000 BARERE demande immédiatement la suppression de l'armée révolutionnaire et dès que l'armée révolutionnaire est supprimée, 0:06:35.000,0:06:47.000 le maximum va être abandonné et l'un des chefs du Comité des Subsistances, qui est un ami du gros commerce, va faire savoir aux commerçants qu'il fermera les yeux sur la non application du maximum. 0:06:47.000,0:06:55.000 Alors vous voyez qu'il y a des choses qui sont heureuses et d'autres qui sont très malheureuses. Or, ROBESPIERRE est de plus en plus malade. 0:06:55.000,0:07:05.000 Déjà il avait pris un congé le 13 février et il était revenu au pouvoir le 13 mars. Dans sa maladie, il avait réfléchi et s'est dit “il faut tout de même y aller”. 0:07:05.000,0:07:16.000 Alors on va frapper contre DANTON. Ce n'est pas un sanguinaire ROBESPIERRE, c'est un homme à qui la guillotine a toujours paru assez révoltante, mais enfin la situation est telle que si on ne frappe pas DANTON, qu'est-ce qui va arriver ?... 0:07:16.000,0:07:24.000 Mais frapper DANTON, c'est extrêmement grave, d'abord il connaissait les enfants de DANTON, il les aimait bien. Si on frappe DANTON, on va frapper le groupe, FABRE d’ÉGLANTINE. 0:07:24.000,0:07:33.000 FABRE d’ÉGLANTINE est un ancien pédéraste que lui, ROBESPIERRE, avait converti. Il avait fait son mariage, le jeune homme avait maintenant un petit enfant. 0:07:33.000,0:07:43.000 ROBESPIERRE aimait les gosses, alors je vais faire trois petits malheureux, les deux fils de DANTON puisque je vais couper la tête au père et le fils de Camille DESMOULINS et cet enfant me doit la vie. 0:07:43.000,0:07:50.000 D'autre part, l'opinion publique. Nous, maintenant à la distance où nous sommes, nous faisons des distinctions formidables entre un MIRABEAU ou un MARAT par exemple . 0:07:50.000,0:07:59.000 Mais les braves gens de Paris voyaient ça grosso-modo : il y avait les amis du peuple et les ennemis. Un homme comme DANTON, comme MARAT, comme ROBESPIERRE, comme MIRABEAU, tout cela c'était pareil. 0:07:59.000,0:08:07.000 C'était la bonne gauche quoi, les amis du peuple. Alors si on voit les républicains qui s'entretuent, il y a de quoi “glacer la Révolution”, c'est le mot que va employer SAINT-JUST... 0:08:07.000,0:08:20.000 Eh bien ROBESPIERRE s'est dit : “il faut quand même le faire”. Le 5 avril 1794, on guillotine DANTON et ses camarades. ROBESPIERRE est prostré. 0:08:20.000,0:08:29.000 Alors comme il voit que c'est fini, enfin qu'il a l'impression que, ou bien on va le tuer, ou bien la fièvre qui est en train de le miner va l'emporter, décide de mettre les bouchées doubles, 0:08:29.000,0:08:36.000 c'est à dire de vider le fond du sac, c'est à dire d'expliquer aux gens de la convention son idée derrière la tête. 0:08:36.000,0:08:41.000 J'ai fait peut-être le savez-vous un livre qui s'appelle “L'arrière pensée de JAURES” on pourrait faire un livre sur l'arrière pensée de Jean-Jacques ROUSSEAU, 0:08:41.000,0:08:48.000 on ne peut pas expliquer le Contrat Social si on ne connaît pas la Profession de foi du Vicaire Savoyard, et il y a une arrière-pensée de ROBESPIERRE. 0:08:48.000,0:08:53.000 Et dans les trois cas, Jean-Jacques ROUSSEAU, JAURES, ROBESPIERRE, c'est la même arrière pensée. 0:08:53.000,0:09:00.000 Alors ROBESPIERRE va, dans deux discours du printemps 1794, expliquer aux gens son but dernier. Grosso modo qu'est-ce que c'est cette arrière pensée ? 0:09:00.000,0:09:06.000 Eh bien ces trois personnes que je viens de vous dire, qui ont l'air de s'occuper d'affaires sociales et politiques, 0:09:06.000,0:09:14.000 ils pensent tous que ce n'est pas la constitution d'une Nation qui est importante, cette constitution doit servir à l'individu. 0:09:14.000,0:09:22.000 Le but n'est pas une organisation sociale plus équitable. Le but c'est de permettre à l'individu humain, comme disait Jean-Jacques ROUSSEAU, d'accomplir sa destination. 0:09:22.000,0:09:31.000 Tenez, par exemple, quand JAURES dira "sous le régime capitaliste, l'individu est enfoncé dans la matière jusqu'au coeur sous l'écrasement économique et sous l'obsession militaire. 0:09:31.000,0:09:43.000 Je veux essayer de construire une cité d'espérance où l'Homme s'aperçoit que les étoiles existent." C'est la même chose pour ROBESPIERRE. Il va prononcer un discours que j'ai recopié en partie : 0:09:43.000,0:09:54.000 "Nous voulons une Patrie qui procure du travail à tous les citoyens ou les moyens de vivre à ceux qui sont hors d'état de travailler. 0:09:54.000,0:10:03.000 Nous voulons une cité où les transactions seront la circulation de la richesse et non pas le moyen pour quelques uns d'une opulence fondée sur la détresse des autres. 0:10:03.000,0:10:13.000 Nous voulons une organisation humaine (ça c'est l'enfantillage de ROBESPIERRE) où les mauvaises passions seront enchaînées, l'égoïsme, la cupidité, la méchanceté. 0:10:13.000,0:10:23.000 Nous voulons substituer la droiture aux bienséances, substituer le mépris du vice au dédain du malheur (j'aime mieux la suite), 0:10:23.000,0:10:34.000 substituer les braves gens à la bonne compagnie. Nous voulons une demeure des hommes où toutes les âmes s'agrandiront, nous voulons accomplir les destins de l'humanité." 0:10:34.000,0:10:38.000 Et à la suite de ce discours, c'est là où il fait sa proposition, folle peut-être, où il dit 0:10:38.000,0:10:46.000 "je voudrais que la Nation française reconnaisse l'existence d'un Etre Suprême. Parce que si la nation française reconnaît l'existence d'un Etre Suprême, 0:10:46.000,0:10:56.000 la première conséquence de cette proclamation sera que la Nation française s'engagera du même coup à travailler pour la Justice, à défendre les opprimés et à respecter les misérables". dit-il. 0:10:56.000,0:11:07.000 Alors effectivement le jour de la Pentecôte, ça lui sera assez reproché, sur le nouveau calendrier ça n'apparaissait pas (c'était le 10 prairial), le jour de la Pentecôte 1794, il y aura cette Fête de l'Etre Suprême. 0:11:07.000,0:11:13.000 La plupart des livres que j'ai lu la ridiculisent. Et je comprends bien qu'elle ait des côtés ridicules. 0:11:13.000,0:11:20.000 Il avait demandé l'organisation matérielle ou artistique de la Fête à un nommé DAVID, que vous connaissez, et qui confondait la grandeur et le grandiose. 0:11:20.000,0:11:29.000 Alors DAVID avait décidé de mettre au sein du Champ de Mars une énorme statue de l'Athéïsme, et puis on la brûlerait cette statue, parce qu'elle serait en carton. 0:11:29.000,0:11:38.000 Et dedans il y aurait une statue en dur qui serait la statue de la Sagesse Humaine. Alors vous imaginez le coup, on a brûlé l'Athéïsme et quand la Sagesse Humaine est apparue elle était plutôt charbonneuse. 0:11:38.000,0:11:47.000 On avait aussi donné aux gosses de Paris de petites histoires à chanter. Tous ces pauvres petits enfants avaient appris dans les écoles des petits cantiques laïques et complètement idiots. 0:11:47.000,0:11:51.000 Il ne faut pas s'arrêter à ça et essayer de comprendre ce qu'il a voulu faire ce jour-là. 0:11:51.000,0:12:03.000 RENAN raconte dans ses souvenirs d'enfance et de jeunesse que quand il était gosse il a vu un vieux type qui lui avait montré, les tirant d'un tiroir, trois épis de blé qui tombaient en poussière bien-sûr. 0:12:03.000,0:12:08.000 Et ce vieux type avait dit au petit RENAN "tu vois p'tit, ces épis de blé ils viennent de la Fête de l'Etre Suprême". 0:12:08.000,0:12:16.000 A tous les gosses de Paris on avait donné trois épis de blé ce jour-là, parce que ça avait un sens. Et comme le petit RENAN ne comprenait rien, bien-sûr c'était un gamin, 0:12:16.000,0:12:23.000 le vieux disait "c'était beau petit, tu ne peux pas savoir comment c'était beau". Alors je vais essayer de vous faire comprendre pourquoi c'était beau. 0:12:23.000,0:12:34.000 Il y avait au moins 300 000 personnes qui étaient là, réunies au Champ de Mars. Pourquoi le Champ de Mars ? Parce que c'est là que ça s'était passé le 17 juillet 1791, quand les possédants avaient tiré sur les non possédants. 0:12:34.000,0:12:42.000 Alors ROBESPIERRE avait décidé "on fera la fête là pour que plus jamais une chose pareille ne se produise". Il se trouvait être par roulement le président de la Convention, il s'était fait très beau : 0:12:42.000,0:12:51.000 plumet tricolore, et puis l'Eléonore qui avait un béguin pour lui, lui avait donné un bouquet. Il avait aussi un bouquet à la main, un gros bouquet tricolore ! 0:12:51.000,0:12:57.000 Il y avait des roses, il y avait des marguerites et il y avait des bleuets. Il marchait devant la Convention qui était derrière lui. 0:12:57.000,0:13:03.000 Entouré d'une espèce de ceinture tricolore, un ruban tricolore qui entourait les 700 députés. Puis lui marchait à environ 20 pas devant. 0:13:03.000,0:13:11.000 Il était dévoré par sa fièvre ce qui fait que, de temps en temps, les témoins disaient qu'il était tout rouge ou qu'il était tout pâle. Il avançait avec son bouquet, entouré d'acclamations. 0:13:11.000,0:13:18.000 Les gens criaient "Vive ROBESPIERRE !" et lui était tout malheureux, il regardait par terre avec un pauvre sourire, il regardait un peu timidement à droite et à gauche, 0:13:18.000,0:13:23.000 ayant l'air de dire aux gens "mais non, il ne faut pas crier vive ROBESPIERRE, il faut crier vive la République !" 0:13:23.000,0:13:28.000 Puis il a fait son discours, il a expliqué ce que c'était pour lui "l'Etre Suprême". Il n'avait pas osé dire Dieu. 0:13:28.000,0:13:37.000 Je comprends, c'est une syllabe fatiguante, un phonème usé, une syllabe morte. Alors il avait essayé de dire ce que disait Jean-Jacques ROUSSEAU, l'Etre Suprême, peu importe le nom... 0:13:37.000,0:13:49.000 Je crois bien que si un certain nombre de gorges étaient serrées ce jour-là, c'est parce que, à mon sens, c'était la première fois qu'un gouvernant parlait de Dieu aux gens pour autre chose que pour les duper, pour les asservir. 0:13:49.000,0:13:57.000 ROBESPIERRE signait ce jour-là sa condamnation à mort. Il y avait des tas de gens qui le haïssaient. 0:13:57.000,0:14:04.000 Il y avait d'abord tout "le Ventre" comme on dit, vous savez, par opposition à La Montagne il y avait le Marais, Le Ventre de la Convention, c'est à dire les notables, qui ne lui pardonnaient pas son maximum. 0:14:04.000,0:14:14.000 Il y avait les pro-consuls hideux comme CARRIER, vous savez, les mariages républicains, comme FRERON, comme BARRAS, comme TALLIEN qu'il avait fait rappeler et qui lui en voulaient à mort. 0:14:14.000,0:14:25.000 Il y avait CARNOT. La France avait obtenu un succès militaire à Fleurus, c'était le 25 juin 1794. Alors ROBESPIERRE avait dit "On s'arrête !" puisqu'il n'y a plus un seul étranger sur le territoire français. 0:14:25.000,0:14:31.000 Et CARNOT était tombé dans une rage folle en disant "S'arrêter ? au moment ou la guerre va commencer à payer !". 0:14:31.000,0:14:43.000 Et le 13 juillet 1794, CARNOT envoie à PICHEGRU pour son entrée en Belgique la dépêche que voici : " Vous allez entrer en Belgique, vous prenez tout, il faut vider le pays." 0:14:43.000,0:14:47.000 Et ROBESPIERRE lui dit "mais c'est déshonnorant, c'est la honte de la République !" 0:14:47.000,0:14:52.000 CARNOT passe immédiatement du côté de ceux qui décident de tuer ROBESPIERRE. On ne peut pas le tuer tant qu'il aura les faubourgs pour lui. 0:14:52.000,0:14:58.000 La petite plèbe l'aime, alors si l'on touche ROBESPIERRE, ça va être une insurrection. Alors qu'est-ce qu'ils vont faire ses ennemis ? 0:14:58.000,0:15:04.000 Ses ennemis sont tous puissants au Comité de Sûreté Générale et ROBESPIERRE va essayer de demander par deux fois la révocation de FOUQUIER-TINVILLE, 0:15:04.000,0:15:08.000 qui fait tomber toutes les têtes, vous savez, et dont ROBESPIERRE trouve que c'est un affreux. 0:15:08.000,0:15:19.000 Chiffre : Le tribunal révolutionnaire, de sa création jusqu'à maintenant (juin 1794), Le Tribunal Révolutionnaire fait tomber en 6 mois 1200 têtes. 0:15:19.000,0:15:32.000 En 40 jours, 1876 têtes vont tomber, en 40 jours ! Pourquoi ? Pour qu'on puisse dire que c'est ROBESPIERRE, puisqu'il passait pour le numéro un, qui transforme la guillotine en un instrument de folie. 0:15:32.000,0:15:36.000 Et c'est Lamartine, à mon sens qui aura dit là-dessus la phrase la plus pénétrante, je ne l'ai jamais vue reproduite. 0:15:36.000,0:15:44.000 C'est dans "Les Girondins" de Lamartine qui sont bien plus intéressants qu'on imagine : "Ils le couvrirent pendant quarante jours du sang qu'ils versaient pour le perdre". 0:15:44.000,0:15:49.000 Et en effet , dans l'opinion publique, le bruit courait que ROBESPIERRE était devenu fou de rage, il fait tuer des gens ! 0:15:49.000,0:15:53.000 Il y avait eu un attentat. Un nommé ADMIRAT qui avait essayé de tuer ROBESPIERRE de loin, 0:15:53.000,0:15:58.000 il y avait une petite Cécile RENAULT qui avait été saisie avec deux canifs, elle avait dit "oui, c'est vrai, je veux tuer ROBESPIERRE". 0:15:58.000,0:16:02.000 Alors on avait fait passer à la guillotine cinquante personnes d'un seul coup, on n'avait jamais vu ça. 0:16:02.000,0:16:08.000 Revêtus de la chemise rouge des parricides afin de pouvoir affirmer : parricide car le père de la Patrie, 0:16:08.000,0:16:13.000 ROBESPIERRE, a décidé qu'il fallait cinquante personnes quand on avait levé deux mains contre lui. 0:16:13.000,0:16:19.000 On a fait passer à la guillotine l'évêque GOBEL et CHAUMETTE. Avec quelle inculpation ? Ecoutez-bien : Inculpation d'athéïsme ! 0:16:19.000,0:16:26.000 Comme si ROBESPIERRE, transformé maintenant en un inquisiteur, un TORQUEMADA, voulait envoyer à la guillotine ceux qui, métaphysiquement, ne pensaient pas comme lui. 0:16:26.000,0:16:28.000 Et jamais cette pensée n'était venue à ROBESPIERRE. 0:16:28.000,0:16:34.000 Ca-y-est ! maintenant on l'a ! On va faire le nouveau maximum le 21 juillet, on est tout près puisque c'est le 27 qu'il va tomber. 0:16:34.000,0:16:38.000 Le 21 juillet, nouveau maximum, OUF... Non ! Quel nouveau maximum ? Le maximum des salaires ! 0:16:38.000,0:16:48.000 Parce que pour les usines nationales, l'armement, ROBESPIERRE avait fait monter les salaires considérablement, et que le 21 juillet 1794, la Convention décide un abaissement des salaires de 30, 40 et 50%. 0:16:48.000,0:16:57.000 Or, comme on croit toujours que c'est ROBESPIERRE qui dirige tout, les ouvriers parisiens disent "mais il nous abandonne ! Il envoie à la guillotine des gens de chez nous, il fait tomber les salaires à 50% !" 0:16:57.000,0:17:12.000 Alors on peut y aller... ROBESPIERRE était retombé malade le 14 juin. Et vous pensez bien qu'un homme comme lui était guetté. On le suivait. 0:17:12.000,0:17:18.000 Il n'y avait pas de gorilles, mais il y avait des gens qui l'espionnaient. Alors j'ai trouvé le détail que voici : 0:17:18.000,0:17:26.000 Après huit jours passés chez lui sans sortir, M. ROBESPIERRE est réapparu dehors. C'était le printemps 1794, un printemps formidable, radieux. 0:17:26.000,0:17:30.000 La campagne à ce moment là, c'était tout à côté de Paris, en dix minutes on était à la campagne. 0:17:30.000,0:17:35.000 Alors ROBESPIERRE qui était vascillant sur ses jambes mais qui ne voulait pas le montrer, sortait avec son chien. 0:17:35.000,0:17:39.000 Il avait un grand chien qui s'appelait "Brount", dont la tête était assez haute et lui, il était petit. 0:17:39.000,0:17:45.000 Alors les policiers qui surveillaient ROBESPIERRE disent "on le voit de temps en temps, il s'appuie sur la tête de son chien comme s'il avait une canne pour se soutenir en marchant". 0:17:45.000,0:17:52.000 Et puis où il va ? Il va à une "corne de bois" dit le rapport. Ca veut dire, je pense, un bois en pointe, qui donnait sur une pente qui descendait vers la Seine. 0:17:52.000,0:18:01.000 Et là, M. de ROBESPIERRE reste des heures assis là au soleil, les mains dans l'herbe avec son chien couché autour de lui, et la tête renversée. 0:18:01.000,0:18:09.000 Le 26 juillet, ROBESPIERRE apparaît brusquement à la Convention. Emotion... Qu'est-ce qu'il va dire ? Et il dit : 0:18:09.000,0:18:16.000 "Mes mains sont liées, mais je n'ai pas encore de baillon sur la bouche, alors j'ai un certain nombre de choses à vous dire avant de mourir. 0:18:16.000,0:18:23.000 Quand la République tombe entre certaines mains, ce sont ces mains-là qui font la contre-révolution" dit-il. 0:18:23.000,0:18:34.000 "Que voulez-vous que nous fassions quand le responsable des finances (cette fois il y va tout droit : CAMBON) fomente l'agiotage, favorise le riche et désespère le pauvre ? 0:18:34.000,0:18:41.000 J'en ai assez de vivre dans un monde où l'honnêteté est toujours victime de l'intrigue et où la Justice est un mensonge". 0:18:41.000,0:18:47.000 Il fait son discours, le lendemain ça y est c'est le 27 juillet. Dans la nuit, les comploteurs, c'est à dire SIEYES et les autres, 0:18:47.000,0:18:53.000 sont allés trouver la plupart des députés en disant que le discours de ROBESPIERRE n'est que le prélude à une nouvelle tombée de têtes et vous, 0:18:53.000,0:18:57.000 (on dit ça individuellement à chacun) vous êtes sur la liste que ROBESPIERRE veut tuer demain. 0:18:57.000,0:19:04.000 Alors le lendemain 27 juillet quand, dans l'après-midi, SAINT-JUST monte à la tribune pour justifier ROBESPIERRE, on ne lui laisse pas la parole. 0:19:04.000,0:19:10.000 C'est TALLIEN qui le bouscule réellement. Vous savez, la tribune de la Convention, c'était tout petit. SAINT-JUST était installé là debout, 0:19:10.000,0:19:19.000 TALLIEN arrive et lui donne un coup d'épaule pour le faire tomber de la tribune. L'autre s'accorche, ROBESPIERRE descend lui-même des travées, ils sont trois dans ce tout petit espace et TALLIEN, 0:19:19.000,0:19:27.000 qui avait préparé son scenario, tire de sa poche un couteau, le dresse au dessus de la tête de ROBESPIERRE et crie à l'assemblée : 0:19:27.000,0:19:31.000 "Si vous ne votez pas l'arrestation du dictateur, je le tue devant vous !" 0:19:31.000,0:19:35.000 Le scenario était prêt, tout le monde hurle "A bas le dictateur ! A bas le nouveau CROMWELL". 0:19:35.000,0:19:42.000 Arrestation de ROBESPIERRE. Alors il y a un détail que vous savez, c'est assez beau, LE BAS, qui était presque son beau-frère, qui avait épousé Elisabeth, dit : 0:19:42.000,0:19:45.000 "Si vous arrêtez ROBESPIERRE, je demande à être arrêté !" Ca va... Si vous voulez... 0:19:45.000,0:19:54.000 Et puis "Bonbon", Augustin le tout petit, c'était le benjamin, il avait 26 ans et en paraissait 20. Il dit : "Si vous arrêtez Maximilien, alors moi aussi !" Alors ça fera le bon poids... On arrête le petit Augustin. 0:19:54.000,0:20:02.000 Alors on arrête ROBESPIERRE. HANRIOT, qui dirigeait la Garde Nationale qui était maintenant Républicaine et Plébéienne, arrache ROBESPIERRE aux gendarmes. 0:20:02.000,0:20:07.000 On l'enferme à l'Hôtel de Ville, on bat le rappel pour espérer que les faubourgs vont se lever. 0:20:07.000,0:20:15.000 Il y avait 48 sections dans Paris, il y en a 17 qui vont répondre sur 48, pas plus... 3500 gars se réunissent devant l'Hôtel de Ville. 0:20:15.000,0:20:18.000 Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse avec les 3500 gars ? ROBESPIERRE refuse de les envoyer à l'abattoir. 0:20:18.000,0:20:24.000 On lui dit : "mais signez un ordre, qu'ils attaquent !" ROBESPIERRE dit "Non ! assez de sang, d'ailleurs tout est foutu, tout est perdu." 0:20:24.000,0:20:31.000 Alors, comme ces 3500 gars à qui on ne donne même pas une miche de pain, un verre de vin, s'en vont dans la nuit du 27 au 28, à 2h30 du matin, 0:20:31.000,0:20:35.000 il n'y a plus personne pour protéger ROBESPIERRE qui est dans la grande salle de l'Hôtel de Ville. 0:20:35.000,0:20:41.000 C'est alors que Léonard BOURDON, "héroïque", à la tête de 14 gendarmes, décide de mettre la main sur ROBESPIERRE. 0:20:41.000,0:20:48.000 La tradition dit que c'est un gendarme dont le nom est incertain. Les uns disent "MEDA", les autres disent "MERDA", je préfèrerais la deuxième solution... 0:20:48.000,0:20:52.000 Le gendarme MERDA va tirer un coup de revolver sur ROBESPIERRE et lui casse la mâchoire. 0:20:52.000,0:21:01.000 Bonbon, Augustin, prend peur... Le 28 juillet il fait très chaud, il saute par la fenêtre ouverte et il se fracasse les jambes. Quant à LE BAS, il se tue. 0:21:01.000,0:21:08.000 Et les gendarmes qui avaient probablement le goût du divertissement, ont pris COUTHON qui était là. COUTHON, vous savez, c'est un paralytique, il est dans sa petite voiture. 0:21:08.000,0:21:13.000 Alors ils vont le lancer depuis le haut du grand escalier de l'Hôtel de Ville parce que ce sera d'agréables pirouettes. 0:21:13.000,0:21:23.000 Ce qui va permettre à M. GAXOTTE, de l'Académie française, d'écrire : "Et, au bas des marches, COUTHON faisait le mort." Et puis ce sera les 106 exécutions ! 0:21:23.000,0:21:32.000 "C'est la libération de Paris" comme va écrire Monsieur BESSAND-MASSENET dans son livre de 1946. On avait réservé ROBESPIERRE pour la fin, bien entendu, pour qu'il puisse bénéficier du spectacle. 0:21:32.000,0:21:39.000 Et comme il avait la mâchoire cassée et qu'il avait une espèce de bandeau autour de la tête, pour le guillotiner il fallait bien qu'on enlève le bandeau. 0:21:39.000,0:21:47.000 Alors, au moment où, debout devant la guillotine, on lui arrache le bandeau, tout le monde voit cette bouche ouverte et sanglante d'où s'échappe un hurlement... 0:21:47.000,0:21:59.000 Eh bien c'est fini ! La Révolution "inacceptable" est terminée. Il n'y aura plus de maximum. M. BOISSY d'ANGLAS va monter bientôt aux applaudissements du Ventre pour annoncer que l'on rétablit le cens, 0:21:59.000,0:22:10.000 on détruit le suffrage universel et BOISSY d'ANGLAS prononce cette "admirable" parole : "Un pays gouverné par les propriétaires est dans l'ordre social". 0:22:10.000,0:22:18.000 La pauvre Madame de STAEL qui avait dû fermer son salon va pouvoir enfin le rouvrir, elle reviendra de Coppet avec dans ses bagages Benjamin CONSTANT, les poches pleines de juteux francs suisses. 0:22:18.000,0:22:22.000 Alors j'ai à peu près fini. Quelle est la conclusion ? 0:22:22.000,0:22:30.000 On me reproche de plus en plus d'être manichéen, il y a le blanc et le noir, il y a le bien et le mal, tout ce qui est la droite c'est le mal, tout ce qui est la gauche c'est le bien. 0:22:30.000,0:22:35.000 ROBESPIERRE un petit saint... Il n'y a pas de petit saint. ROBESPIERRE est quelqu'un dont je connais parfaitement les défauts. 0:22:35.000,0:22:45.000 Très orgueilleux, assez insupportable, capable de haine. Il y a un prêtre qu'il a détesté, qui s'appelait l'abbé Jacques ROUX, qui faisait partie des "enragés", qui était un prêtre ultra-gauche. 0:22:45.000,0:22:53.000 Je ne sais pas pourquoi ROBESPIERRE l'a poursuivi d'une véritable férocité. Ce prêtre a fini par se suicider en prison tellement ROBESPIERRE le tracassait. 0:22:53.000,0:23:00.000 Je sais aussi que ROBESPIERRE est un homme sanglant. Il a voté la mort de Louis XVI et il a voté d'autres morts. 0:23:00.000,0:23:05.000 Et s'il fallait opter par exemple entre Ganghi et ROBESPIERRE, il est certain que ce n'est pas ROBESPIERRE que je choisirais. 0:23:05.000,0:23:10.000 Mais pour finir je voudrais vous apporter une citation inattendue de Graham GREENE. 0:23:10.000,0:23:15.000 C'est dans "Les Comédiens". A la fin des Comédiens, Graham GREENE met en scène un petit curé de la République Dominicaine, 0:23:15.000,0:23:24.000 tellement peu important qu'il n'avait pas de nom, et un docteur communiste qui s'appelle le Docteur MAGIOT. Et on compare la violence et l'indifférence. 0:23:24.000,0:23:39.000 Et le petit curé dit : "La violence peut-être une forme de l'amour, ça peut être un visage indigné de l'amour. La violence est une imperfection de la charité, mais l'indifférence est la perfection de l'égoïsme". 0:23:39.000,0:23:48.000 Quant au Docteur MAGIOT le communiste, il va dire : "J'aimerais mieux avoir du sang sur les mains que de l'eau de la cuvette de Pons PILATE". 0:23:48.000,0:23:58.000 PEGUY distinguait les hommes en deux groupes grosso-modo : Il disait "Il y a ceux qui ne s'occupent que de leur sexe et de leur compte en banque. J'appelle ça la mer morte" disait-il. 0:23:58.000,0:24:05.000 "Et puis il y a ceux qui s'occupent un petit peu d'autre chose que de leur plaisir et de leur argent". Et puis, à la limite, disait-il reprenant PASCAL, 0:24:05.000,0:24:11.000 "A la limite, il y a les témoins qui se font tuer". Eh bien je crois que je n'ai pas sollicité l'histoire et je ne vous ai rien caché, j'ai essayé d'être loyal. 0:24:11.000,0:24:20.000 Pour moi, ROBESPIERRE, c'est un témoin qui s'est fait tuer. 0:24:20.000,9:59:59.000 Fin de la conférence. Les questions qui suivent ne sont pas retranscrites. Merci beaucoup pour votre attention.