Ce qui résoudra les problèmes c'est le dialogue Tonico Benites, Guarani-Kaiowá, Titulaire d'un Mastère et doctorant en Anthropologie Social à l'UFRJ. Témoignage enregistré pendant l'assemblée Aty Guasu, réunie à la suite de l'assassinat du Cacique et guérisseur (ñanderu) Nisio Gomes, novembre 2011. Un an après, son corps n'a toujours pas été retrouvé. En Guarani, mon nom est Awaverarandu, ce qui signifie "homme brillant" et appartient à la cosmogonie de l'univers Guarani. C'est mon nom dans la culture Guarani-Kaiwoá. Officiellement mon nom est Tonico Benites. J'habite à Jaguapiré, dans la commune de Tacuru, et je suis actuellement à Rio où je fais un doctorat en anthropologie, je suis en 3è année. Je mène une recherche sur le terrain, dans l'état du Mato Grosso do Sul, dans le cône sud, région frontalière entre le Brésil et le Paraguay. La situation des Guaranis est extrêmement chaotique à cause de la colonisation et d'attaques violentes que subissent les groupes depuis une vingtaine d'années. Avant, c'était dû a la colonisation et au peuplement de l'état, puis les années 70 et 80 a commencé l'installation de fazendas et ces derniers temps le début de la monoculture du soja et de la canne à sucre. Voilà la réalité de la vie sur le territoire Guarani. Ils vivaient tranquilles avant. Ils ont perdu cette tranquillité. L'environnement qui offrait des ressources a été complètement , le milieu naturel de la rivière est totalement pollué: les rives, la source... L'état du milieu naturel ne permet plus d'offrir les ressources qu'il offrait auparavant. Ceux qui en subissent les conséquences, ce sont les peuples qui dépendent de ces ressources naturelles. Alors il ne reste plus, à ceux qui vivent dans des endroits où règne la misère extrême, qu'à demander l'aide du gouvernement ou des institutions. C'est ça la réalité...ils n'arrivent plus à survivre comme ils survivaient , à vivre leur vie comme elle était avant. Ils sont complètement dépendants et au cours des deux dernières années, sont apparus des groupes d'exterminateurs spécialisés qui attaquent les indigènes de manière violente, utilisant des armes lourdes, des armes à feu, dans le but d'exterminer tous les groupes qui essaient de récupérer leur terre, leur territoire, leur aire d'origine où ils subissent ce processus d'extermination. Ainsi, au cours du deuxième semestre de cette année, il y a déjà eu trois attaques. Trois attaques pendant le deuxième semestre de l'année 2011 Dans tous les campements... ils débarquent en tirant, puis ils font des prisonniers, mettent les menottes aux gens, tapent sur les enfants, sur les vielles... expulsant et emmenant les leaders, et à la fin, ils les tuent. Leurs cibles, ce sont vraiment les leaders, ils veulent les tuer tous, et poursuivent tous ceux qui luttent pour leur terre, pour leur droit Ils sont la plupart du temps poursuivis jusque sur les routes, dans les rues, et dernièrement un camion a voulu passer sur la voiture que je conduisais. Il plane toujours des menaces autour de ma maison, et partout où je suis. La peur est toujours là. Ils me cherchent, tentent de trouver un moyen de me... de me... de m'avoir. Le dernier message que je voudrais laisser à ces exterminateurs et à leurs chefs c'est que ça ne sert à rien de tuer les leaders parce que ce n'est pas ça qui va résoudre le problème. Ce qui va résoudre les problèmes, c'est le dialogue, une bonne discussion, une bonne relation. Par la violence, en tuant les leaders, en tuant les enfants, ils n'arriveront à rien parce qu'ils n'enlèveront pas de la tête des gens, le désir de revenir sur leur aire d'origine. Ils ne leur enlèveront pas ça. Alors ils vont tuer, tuer, et ne résoudront pas le problème. Ca n'est pas la solution, la solution c'est le dialogue et une bonne discussion.