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William Ury : La marche du "non" vers le "oui"

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    Le thème de la négociation difficile
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    me rappelle une de mes histoires préférées
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    du Moyen-Orient,
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    celle d'un homme qui a laissé à ses trois fils, 17 chameaux.
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    Et au premier fils, il a laissé la moitié des chameaux;
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    et au second fils, il a laissé un tiers des chameaux;
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    et au plus jeune fils, il a laissé un neuvième des chameaux.
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    Les trois fils sont entrés en négociation.
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    17 ne se divise pas par deux.
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    ça ne se divise pas par trois.
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    ça ne se divise pas par neuf.
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    Les caractères des frères ont commencé à se tendre.
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    Finalement, désespérés,
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    ils sont allés consulter une vieille sage.
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    La vieille sage a réfléchi longuement à leur problème,
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    et finalement elle est revenue et a dit,
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    "Bien, je ne sais pas si je peux vous aider,
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    mais au moins, si vous voulez, vous pouvez avoir mon chameau."
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    Dès lors, ils avait donc 18 chameaux.
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    Le premier fils a pris sa moitié -- la moitié de 18 ça fait 9.
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    Le second fils a pris son tiers -- un tiers de 18 ça fait 6.
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    Le plus jeune fils a pris son neuvième --
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    un neuvième de 18 ça fait 2.
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    Vous arrivez à 17.
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    Il leur restait un chameau en trop.
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    Ils le rendirent à la vielle femme sage.
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    (Rires)
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    Alors si vous réfléchissez un moment à cette histoire,
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    je pense que ça ressemble
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    à beaucoup de négociations difficiles dans lesquelles nous nous retrouvons.
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    Elles commencent comme les 17 chameaux -- insoluble.
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    D'une manière ou d'une autre, ce que nous devons faire
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    c'est sortir de ces situations, comme cette vieille sage,
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    regarder la situation avec des yeux neufs
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    et arriver avec un 18ème chameau.
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    Eh bien trouver ce 18ème chameau dans les conflits mondiaux
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    c'est la passion de ma vie.
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    Je vois en fait l'humanité un peu comme ces trois frères;
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    nous sommes tous une famille.
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    Nous le savons de manière scientifique,
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    grâce à la révolution des communications,
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    toutes les tribus de la planète, les 15 000 tribus,
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    sont en contact les unes avec les autres.
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    Et c'est une grande réunion de famille.
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    Et pourtant, comme beaucoup de réunions de famille,
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    ce n'est pas tout rose.
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    Il y a beaucoup de conflits.
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    Et la question est,
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    comment traitons-nous nos différences ?
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    Comment gérons-nous avec nos différends les plus profonds,
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    étant donnée la propension de l'humain pour le conflit
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    et le génie humain
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    à inventer des armes de destruction massive ?
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    Là est la question.
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    Comme j'ai passé la plus grande partie des trois dernières décennies --
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    presque quatre --
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    à voyager de par le monde,
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    à essayer de travailler, en m'impliquant dans des conflits
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    qui allaient de la Yougoslavie au Moyen-Orient
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    de la Tchéchénie au Vénézuela,
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    parmi les conflits les plus difficiles à la surface de la Terre,
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    je me suis posé cette question.
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    Et je pense que j'ai trouvé, d'une certaine manière,
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    le secret de la paix.
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    C'est en fait étonnamment simple.
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    Ce n'est pas facile, mais c'est simple.
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    Ce n'est même pas nouveau.
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    C'est peut-être un de nos plus anciens patrimoines humains.
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    Le secret de la paix, c'est nous.
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    C'est nous qui agissons
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    comme la communauté tout autour
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    de n'importe quel conflit,
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    qui peut jouer un rôle constructif.
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    Laissez-moi vous raconter juste une histoire, un exemple.
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    Il y a environ 20 ans j'étais en Afrique du Sud
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    je travaillais avec les parties dans ce conflit,
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    et je suis resté un mois supplémentaire,
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    alors j'ai passé un peu de temps à vivre
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    avec plusieurs groupes de San Bushmen.
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    J'étais curieux de les découvrir eux, et leur façon de résoudre les conflits.
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    Parce que, après tout, de mémoire d'homme,
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    ils ont toujours été chasseurs et cueilleurs,
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    vivant quasiment comme nos ancêtres ont vécu
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    peut-être 99% de l'histoire humaine.
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    Et tous les hommes ont ces flèches empoisonnées qu'ils utilisent pour chasser --
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    absolument mortelles.
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    Alors comment gèrent-ils leurs différends ?
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    Eh bien ce que j'ai appris
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    c'est qu'à chaque fois que le ton monte dans ces communautés,
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    quelqu'un part cacher les flèches empoisonnées dans la brousse,
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    et ensuite tout le monde s'asseoit en cercle comme ça,
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    et ensuite ils restent assis et ils parlent, et ils parlent.
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    ça peut prendre deux jours, trois jours, quatre jours,
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    mais ils ne se reposent pas
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    tant qu'ils n'ont pas trouvé une résolution,
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    ou mieux encore, une réconciliation.
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    Et si le ton est toujours trop haut,
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    alors ils envoient quelqu'un en visite à des proches,
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    comme une période d'apaisement.
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    Eh bien ce système
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    est, je pense, probablement le système qui nous a gardés en vie jusqu'à ce jour,
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    étant données nos tendances humaines.
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    Ce système, je l'appelle la troisième force.
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    Parce que si on y réfléchit,
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    normalement quand on pense à un conflit, quand on le décrit,
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    il y a toujours deux côtés.
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    Ce sont les Arabes contre les Israéliens, les travailleurs contre les patrons,
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    le mari contre la femme, les Républicains contre les Démocrates,
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    mais ce que nous ne voyons pas souvent,
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    c'est qu'il y a toujours une troisième force.
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    Et la troisième force du conflit c'est nous,
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    c'est la communauté autour,
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    ce sont les amis, les alliés,
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    les membres de la famille, les voisins.
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    Et nous pouvons jouer un rôle incroyablement constructif.
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    Peut-être le moyen le plus fondamental
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    par lequel la troisième force peut aider
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    c'est de rappeler aux deux parties ce qu'il y a réellement en jeu.
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    Pour le bien des enfants, pour le bien des familles,
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    pour le bien de la communauté, pour le bien du futur,
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    arrêtons de nous battre un moment et commençons à parler.
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    Parce que le fait est
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    que quand nous sommes impliqués dans un conflit,
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    il est très facile de perdre le sens des réalités.
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    Il est très facile de réagir.
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    Les êtres humains : nous sommes des machines à réagir.
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    Et comme on dit,
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    quand on est en colère on dit les plus grandes choses
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    qu'on regrettera de sa vie.
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    Et donc la troisième force nous rappelle cela.
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    Cette troisième force nous aide à aller au balcon,
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    qui est une métaphore pour un point de vue en perspective,
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    où nous pouvons garder les yeux sur le prix.
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    Laissez-moi vous raconter une petite histoire tirée de mon expérience en négociation.
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    Il y a quelques années, j'étais impliqué comme facilitateur
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    dans des discussions très dures
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    entre les dirigeants de la Russie
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    et ceux de la Tchétchénie.
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    Il y avait une guerre, comme vous le savez.
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    Et nous nous sommes rencontrés à La Hague,
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    au Peace Palace,
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    dans la même pièce où le tribunal des crimes de guerre en Yougoslavie
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    se tenait.
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    Et les discussions sont parties comme une fusée
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    quand le vice-président tchétchène
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    a commencé à pointer du doigt les Russes en disant
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    "Vous devriez rester assis sur vos chaises,
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    parce que vous allez être jugés pour crimes de guerre."
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    Et il a continué comme ça, et ensuite il s'est tourné vers moi et a dit
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    "Vous êtes un Américain.
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    Regardez ce que vous les Américains vous faites à Porto Rico."
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    Et j'ai commencé à réfléchir à toute vitesse "Porto Rico? Qu'est-ce que je sais de Porto Rico?"
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    J'ai commencé à réagir,
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    mais ensuite j'ai essayé de me rappeler d'aller au balcon.
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    Et ensuite quand il s'est arrêté de parler,
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    et tout le monde m'a regardé en attendant une réponse,
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    avec la perspective du balcon, j'étais capable de le remercier pour ses remarques
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    et j'ai dit "J'apprécie votre critique de mon pays,
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    car c'est un signe qui montre que nous sommes entre amis
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    et que nous pouvons nous parler franchement.
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    Et nous ne sommes pas ici pour parler de Porto Rico ou du passé.
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    Nous sommes ici pour voir si nous pouvons trouver un moyen
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    de mettre fin aux souffrances et au bain de sang en Tchétchénie."
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    La discussion est revenue sur ses rails.
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    C'est le rôle de la troisième force,
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    d'aider les parties à aller au balcon.
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    Maintenant je vais vous emmener un moment
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    dans ce qui est largement considéré comme le conflit le plus difficile,
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    ou le plus impossible,
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    c'est le Moyen Orient.
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    La question est : où est le troisième côté là-bas ?
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    Comment pouvons-nous aller au balcon ?
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    Alors je ne prétends pas avoir la réponse
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    au conflit du Moyen Orient,
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    mais je pense que j'ai un premier pas,
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    littéralement un premier pas,
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    quelque chose que n'importe lequel d'entre nous pourrait faire en tant que troisième côtés.
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    Je vais d'abord vous poser une question.
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    Combien d'entre vous
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    dans les dernières années
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    se sont un jour fait du souci au sujet du Moyen Orient
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    et se sont demandés ce que l'on pourrait faire ?
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    Juste par curiosité, combien d'entre vous ?
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    Ok, donc la grande majorité d'entre nous.
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    Et ici, c'est si loin.
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    Pourquoi portons-nous autant d'attention à ce conflit ?
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    Est-ce le nombre de morts?
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    Il y a cent fois plus de morts
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    dans un conflit en Afrique qu'au Moyen-Orient.
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    Non, c'est à cause de l'histoire,
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    parce que nous nous sentons personnellement impliqués
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    dans cette histoire.
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    Que nous soyons Chrétiens, Musulmans ou Juifs,
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    religieux ou non,
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    nous nous sentons personnellement partie prenante de ce conflit.
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    Les histoires c'est important. En tant qu'anthropologue je le sais.
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    Les histoires sont notre moyen de transmettre la connaissance.
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    Elles donnent sens à nos vies.
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    C'est ce que nous racontons ici à TED : des histoires.
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    Les histoires sont la clé.
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    Et donc ma question est
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    oui, essayons de résoudre la politique
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    là-bas au Moyen Orient,
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    mais regardons d'abord l'histoire.
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    Essayons d'aller à la racine de tout cela.
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    Voyons si nous pouvons y appliquer le troisième côté.
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    Qu'est-ce que cela signifierait ? Quelle est l'histoire là-bas ?
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    Alors en tant qu'anthropologues, nous savons
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    que chaque culture a une histoire originelle.
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    Quelle est l'histoire originelle du Moyen-Orient ?
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    En une phrase, c'est :
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    Il y a 4 000 ans, un homme et sa famille
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    ont traversé le Moyen-Orient,
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    et le monde n'a plus jamais été le même.
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    Cet homme, bien sûr,
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    c'était Abraham.
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    Et ce qu'il défendait c'était l'unité,
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    l'unité de la famille.
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    Il est notre père à tous.
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    Mais ce n'est pas seulement ce qu'il défendait, c'est ce que son message était.
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    Son message fondamental était aussi l'unité,
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    le caractère interconnecté de tout cela, et l'unité de tout.
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    Et sa valeur essentielle était le respect,
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    c'était la gentillesse envers les étrangers.
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    Il est connu pour ça, son hospitalité.
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    Alors en ce sens,
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    il est un troisième côté symbolique
  • 8:53 - 8:55
    du Moyen-Orient.
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    Il est celui qui nous rappelle
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    que nous faisons tous partie d'un plus grand tout.
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    Alors comment vous --
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    alors réfléchissez un peu à ça un moment.
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    Aujourd'hui nous faisons face au fléau du terrorisme.
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    Qu'est-ce que le terrorisme ?
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    Le terrorisme c'est en fait prendre un étranger innocent
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    et le traiter comme un ennemi que vous créez
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    pour générer de la peur.
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    Quel est le contraire du terrorisme ?
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    C'est prendre un étranger innocent
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    et le traiter comme un ami
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    que vous accueillez chez vous
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    pour faire germer et créer de la compréhension,
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    ou du respect, ou de l'amour.
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    Alors qu'est-ce que cela donnerait si
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    vous preniez l'histoire d'Abraham,
  • 9:36 - 9:38
    qui est une histoire de troisième côté,
  • 9:38 - 9:40
    et si jamais c'était --
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    parce qu'Abraham défend l'hospitalité --
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    si cela pouvait être un antidote au terrorisme ?
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    Si cela pouvait être un vaccin
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    contre l'intolérance religieuse ?
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    Comment feriez-vous pour donner vie à cette histoire ?
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    Maintenant il ne suffit pas de simplement raconter une histoire --
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    c'est puissant --
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    mais les gens ont besoin d'expérimenter l'histoire.
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    Ils ont besoin de pouvoir vivre l'histoire. Comment feriez-vous ça ?
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    Et c'était comme ça que j'imaginais que vous alliez le faire.
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    Et c'est ce qui nous amène au premier pas ici.
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    Parce que le moyen simple de faire ça
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    c'est d'aller faire un tour.
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    Vous allez faire un tour sur les traces d'Abraham.
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    Vous marchez dans ses traces.
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    Car marcher a un pouvoir réel.
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    Vous savez, comme anthropologue, je peux vous dire que marcher est ce qui a fait de nous des humains.
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    C'est amusant, quand on marche,
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    on marche côte à côte
  • 10:28 - 10:31
    dans la même direction.
  • 10:31 - 10:33
    Maintenant si je venais vers vous face à face
  • 10:33 - 10:36
    et que je venais aussi près de vous que ça,
  • 10:36 - 10:39
    vous vous sentiriez menacé.
  • 10:39 - 10:41
    Mais si je marche épaule contre épaule,
  • 10:41 - 10:43
    même jusqu'à avoir les épaules en contact
  • 10:43 - 10:45
    cela ne pose pas de problème.
  • 10:45 - 10:47
    Qui se dispute en marchant ?
  • 10:47 - 10:50
    C'est pourquoi dans les négociations, souvent, quand ça se complique,
  • 10:50 - 10:52
    les gens vont marcher dans les bois.
  • 10:52 - 10:54
    Alors j'ai eu l'idée
  • 10:54 - 10:56
    d'inspirer
  • 10:56 - 10:58
    un chemin, une route --
  • 10:58 - 11:01
    pensez à la route de la soie, le sentier des Appalaches
  • 11:01 - 11:03
    qui suit les traces
  • 11:03 - 11:05
    d'Abraham.
  • 11:05 - 11:07
    Les gens ont dit "C'est insensé. On ne peut pas faire ça.
  • 11:07 - 11:10
    On ne peut pas retracer les pas d'Abraham. C'est trop dangereux.
  • 11:10 - 11:12
    Il faut traverser toutes ces frontières.
  • 11:12 - 11:14
    ça passe par 10 pays différents du Moyen-Orient
  • 11:14 - 11:16
    parce que ça les réunit tous."
  • 11:16 - 11:18
    Et donc nous avons étudié cette idée à Harvard.
  • 11:18 - 11:20
    Nous avons fait notre audit de faisabilité.
  • 11:20 - 11:22
    Et ensuite il y a quelques années, un groupe parmi nous
  • 11:22 - 11:24
    environ 25 d'entre nous de près de 10 pays différents,
  • 11:24 - 11:26
    ont décidé de voir si nous pouvions marcher dans les pas d'Abraham,
  • 11:26 - 11:29
    en partant de son lieu de naissance dans la cité d'Urfa
  • 11:29 - 11:32
    dans le sud de la Turquie, en Mésopotamie du Nord.
  • 11:32 - 11:35
    Et ensuite nous avons pris le bus et avons fait plusieurs marches
  • 11:35 - 11:37
    et sommes allés à Harran,
  • 11:37 - 11:40
    où, selon la Bible, il a commencé son voyage.
  • 11:40 - 11:42
    Ensuite nous avons traversé la frontière pour entrer en Syrie, sommes allés à Aleppo,
  • 11:42 - 11:44
    qui est en fait nommée d'après le nom d'Abraham.
  • 11:44 - 11:46
    Nous sommes allés à Damas,
  • 11:46 - 11:48
    qui a une longue histoire liée à Abraham.
  • 11:48 - 11:51
    Nous sommes ensuite allés en Jordanie du Nord,
  • 11:51 - 11:53
    à Jérusalem,
  • 11:53 - 11:56
    qui a tout à voir avec Abraham, à Bethléem,
  • 11:56 - 11:58
    et finalement à l'endroit où il a été enterré
  • 11:58 - 12:00
    à Hébron.
  • 12:00 - 12:02
    Donc littéralement nous sommes allées du ventre maternel à la tombe.
  • 12:02 - 12:05
    Nous avons montré que c'était faisable. C'était un voyage incroyable.
  • 12:05 - 12:07
    Je vais vous poser une question.
  • 12:07 - 12:09
    Combien d'entre vous ont fait l'expérience
  • 12:09 - 12:11
    d'être dans un quartier étranger,
  • 12:11 - 12:13
    ou un pays étranger,
  • 12:13 - 12:16
    et un étranger complet, un étranger parfait,
  • 12:16 - 12:19
    vient à vous et vous témoigne de la gentillesse,
  • 12:19 - 12:21
    vous invite, peut-être, chez lui, vous offre à boire,
  • 12:21 - 12:23
    vous offre du café, vous offre un repas ?
  • 12:23 - 12:25
    Combien d'entre vous ont déjà vécu cette expérience ?
  • 12:25 - 12:27
    C'est l'essence
  • 12:27 - 12:29
    du chemin d'Abraham.
  • 12:29 - 12:31
    Mais c'est ce que vous découvrez si vous allez dans ces villages du Moyen Orient
  • 12:31 - 12:33
    où vous vous attendez à l'hostilité,
  • 12:33 - 12:35
    et vous recevez l'hospitalité la plus incroyable,
  • 12:35 - 12:37
    en lien parfait avec Abraham.
  • 12:37 - 12:39
    "Au nom du père Abraham,
  • 12:39 - 12:41
    laissez-moi vous offrir à manger."
  • 12:41 - 12:43
    Donc ce que nous avons découvert
  • 12:43 - 12:46
    c'est qu'Abraham n'est pas seulement un personnage de livre pour ces gens,
  • 12:46 - 12:49
    il est vivant, c'est une présence vivante.
  • 12:49 - 12:51
    Et pour abréger,
  • 12:51 - 12:53
    ces dernières années,
  • 12:53 - 12:55
    des milliers de gens
  • 12:55 - 12:57
    ont commencé à marcher sur des portions du chemin d'Abraham
  • 12:57 - 12:59
    au Moyen-Orient,
  • 12:59 - 13:02
    et à profiter de l'hospitalité des gens de là-bas.
  • 13:02 - 13:04
    Ils ont commencé à marcher
  • 13:04 - 13:06
    en Israel et en Palestine,
  • 13:06 - 13:08
    en Jordanie, en Turquie, en Syrie.
  • 13:08 - 13:10
    C'est une expérience incroyable.
  • 13:10 - 13:12
    Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux --
  • 13:12 - 13:15
    plus de femmes que d'hommes, en fait, chose intéressante.
  • 13:15 - 13:17
    Pour ceux qui ne peuvent pas marcher,
  • 13:17 - 13:19
    qui ne peuvent pas se rendre sur place actuellement,
  • 13:19 - 13:21
    les gens ont commencé à organiser des marches
  • 13:21 - 13:23
    dans les villes, dans leurs propres communautés.
  • 13:23 - 13:25
    A Cincinnati, par exemple, qui a organisé une marche
  • 13:25 - 13:27
    d'une église à une mosquée puis à une synagogue
  • 13:27 - 13:29
    et ils ont tous pris ensemble un repas Abrahamique.
  • 13:29 - 13:31
    C'était le jour du chemin d'Abraham.
  • 13:31 - 13:33
    A Sao Paulo, Brésil, c'est devenu un événement annuel
  • 13:33 - 13:35
    pour des milliers de gens qui courent
  • 13:35 - 13:37
    sur un chemin d'Abraham virtuel,
  • 13:37 - 13:39
    qui unit différentes communautés.
  • 13:39 - 13:42
    Les médias adorent ça, vraiment ils en sont fous.
  • 13:42 - 13:44
    Ils y accordent beaucoup d'attention
  • 13:44 - 13:46
    parce que c'est visuel,
  • 13:46 - 13:48
    et ça diffuse l'idée
  • 13:48 - 13:50
    l'idée de l'hospitalité Abrahamique
  • 13:50 - 13:52
    de la gentillesse envers les étrangers.
  • 13:52 - 13:54
    Et il y a à peine deux semaines,
  • 13:54 - 13:56
    il y a eu une histoire à la radio sur le sujet.
  • 13:56 - 13:58
    Le mois dernier,
  • 13:58 - 14:00
    il y avait un article dans The Guardian,
  • 14:00 - 14:03
    dans le Manchester Guardian, sur le sujet --
  • 14:03 - 14:06
    deux pleines pages.
  • 14:06 - 14:09
    Et ils ont cité un villageois
  • 14:09 - 14:12
    qui a dit "Cette marche nous connecte au monde."
  • 14:12 - 14:15
    Il a dit que c'était comme une lumière allumée dans nos vies.
  • 14:15 - 14:17
    Cela nous apporte la paix.
  • 14:17 - 14:19
    C'est donc de cela qu'il s'agit.
  • 14:19 - 14:22
    Mais il ne s'agit pas que de psychologie,
  • 14:22 - 14:24
    c'est aussi économique,
  • 14:24 - 14:26
    parce que dans leur marche les gens dépensent de l'argent.
  • 14:26 - 14:29
    Et cette femme, là, Um Ahmad,
  • 14:29 - 14:32
    est une femme qui vit sur un chemin au Nord de la Jordanie.
  • 14:32 - 14:34
    Elle est extrêmement pauvre.
  • 14:34 - 14:37
    Elle est partiellement aveugle, son mari ne peut pas travailler,
  • 14:37 - 14:40
    elle a sept enfants.
  • 14:40 - 14:42
    Mais elle sait cuisiner.
  • 14:42 - 14:45
    Et elle a commencer à cuisiner pour des groupes de marcheurs
  • 14:45 - 14:48
    qui traversent le village et prennent un repas chez elle.
  • 14:48 - 14:50
    Ils s'asseyent par terre.
  • 14:50 - 14:52
    Elle n'a même pas de nappe.
  • 14:52 - 14:54
    Elle fait la cuisine la plus délicieuse
  • 14:54 - 14:57
    qui est fraîche de toutes les herbes de la campagne environnante.
  • 14:57 - 14:59
    Et alors de plus en plus de marcheurs sont venus.
  • 14:59 - 15:01
    Et récemment elle a commencé à avoir un revenu
  • 15:01 - 15:03
    pour subvenir aux besoins de sa famille.
  • 15:03 - 15:06
    Et alors elle a dit à notre équipe équipe là-bas,
  • 15:06 - 15:09
    "Vous m'avez rendue visible
  • 15:09 - 15:11
    dans un village où autrefois les gens avaient honte
  • 15:11 - 15:13
    de me regarder."
  • 15:13 - 15:16
    C'est le potentiel du chemin d'Abraham.
  • 15:16 - 15:18
    Il y a bel et bien des centaines de ces communautés
  • 15:18 - 15:21
    à travers le Moyen Orient, à travers le chemin.
  • 15:22 - 15:25
    Le potentiel c'est en fait de changer le jeu.
  • 15:25 - 15:27
    Et pour changer le jeu,il faut changer le cadre,
  • 15:27 - 15:29
    notre façon de voir les choses --
  • 15:29 - 15:31
    changer le cadre
  • 15:31 - 15:34
    de l'hostilité à l'hospitalité,
  • 15:34 - 15:37
    du terrorisme au tourisme.
  • 15:37 - 15:39
    Et en ce sens, le chemin d'Abraham,
  • 15:39 - 15:41
    c'est un outil pour changer le jeu.
  • 15:41 - 15:43
    Laissez-moi vous montrer une chose.
  • 15:43 - 15:45
    J'ai un petit gland ici
  • 15:45 - 15:47
    que j'ai ramassé quand je marchais sur le chemin
  • 15:47 - 15:49
    cette année.
  • 15:49 - 15:51
    Eh bien ce gland est associé au chêne, bien sûr --
  • 15:51 - 15:53
    il pousse dans un chêne,
  • 15:53 - 15:55
    qui est associé à Abraham.
  • 15:55 - 15:57
    Le chemin à présent est comme un gland ;
  • 15:57 - 15:59
    il est toujours dans sa phase précoce.
  • 15:59 - 16:01
    A quoi ressemblerait le chêne ?
  • 16:01 - 16:03
    Eh bien je repense à mon enfance,
  • 16:03 - 16:05
    dont une grande part s'est déroulée, après ma naissance ici à Chicago,
  • 16:05 - 16:07
    en Europe.
  • 16:07 - 16:09
    Si vous aviez été
  • 16:09 - 16:11
    dans les ruines de, disons, Londres
  • 16:11 - 16:14
    en 1945, ou Berlin,
  • 16:14 - 16:16
    et si vous aviez dit,
  • 16:16 - 16:18
    "Dans soixante ans
  • 16:18 - 16:20
    cet endroit sera le plus paisible, le plus prospère de la planète,"
  • 16:20 - 16:22
    les gens auraient pensé
  • 16:22 - 16:24
    que vous étiez un fou avéré.
  • 16:24 - 16:28
    Mais ils l'ont fait grâce à l'identité commune -- Europe --
  • 16:28 - 16:30
    et une économie commune.
  • 16:30 - 16:33
    Alors ma question est, si on peut le faire en Europe,
  • 16:33 - 16:35
    pourquoi pas au Moyen Orient ?
  • 16:35 - 16:37
    Pourquoi pas, grâce à une identité commune --
  • 16:37 - 16:39
    qui est l'histoire d'Abraham --
  • 16:39 - 16:41
    et grâce à une économie commune
  • 16:41 - 16:44
    qui serait basée en grande partie sur le tourisme ?
  • 16:45 - 16:47
    Alors je vais conclure
  • 16:47 - 16:50
    en vous disant que ces 35 dernières années
  • 16:50 - 16:52
    en travaillant
  • 16:52 - 16:54
    dans les conflits les plus dangereux, difficiles et insolubles
  • 16:54 - 16:56
    de la planète,
  • 16:56 - 16:59
    je n'ai pas encore vu un conflit
  • 16:59 - 17:02
    qui me semble impossible à modifier.
  • 17:02 - 17:04
    Bien sûr ce n'est pas simple,
  • 17:04 - 17:06
    mais c'est possible.
  • 17:06 - 17:08
    Cela a été fait en Afrique du Sud.
  • 17:08 - 17:10
    Cela a été fait en Irlande du Nord.
  • 17:10 - 17:12
    Cela peut être fait partout.
  • 17:12 - 17:14
    Cela ne dépend que de nous.
  • 17:14 - 17:17
    Cela dépend de nous et du fait d'adopter la posture de la troisième force.
  • 17:17 - 17:19
    Alors laissez-moi vous inviter
  • 17:19 - 17:21
    à penser à devenir cette troisième force,
  • 17:21 - 17:23
    même comme un tout petit pas.
  • 17:23 - 17:25
    Nous allons faire une pause dans un instant.
  • 17:25 - 17:27
    Allez simplement voir quelqu'un
  • 17:27 - 17:30
    d'une culture différente, d'un pays différent,
  • 17:30 - 17:32
    d'une appartenance ethnique différente, une différence quelle qu'elle soit
  • 17:32 - 17:35
    et engagez la conversation avec eux ; écoutez-les.
  • 17:35 - 17:37
    C'est un acte de troisième force.
  • 17:37 - 17:39
    C'est marcher sur le chemin d'Abraham.
  • 17:39 - 17:41
    Après une conférence TED,
  • 17:41 - 17:43
    pourquoi pas une marche TED ?
  • 17:43 - 17:45
    Alors je vais vous quitter
  • 17:45 - 17:47
    en vous confiant trois choses.
  • 17:47 - 17:50
    La première, le secret de la paix
  • 17:50 - 17:53
    c'est la troisième force.
  • 17:53 - 17:55
    Le troisième côté c'est nous,
  • 17:55 - 17:57
    chacun de nous,
  • 17:57 - 17:59
    en un seul pas,
  • 17:59 - 18:02
    peut prendre le monde, peut amener le monde,
  • 18:02 - 18:05
    un pas plus près de la paix.
  • 18:05 - 18:07
    Il y a un vieux proverbe africain qui dit :
  • 18:07 - 18:09
    "Quand les toiles d'araignées s'unissent,
  • 18:09 - 18:12
    elles peuvent même arrêter le lion."
  • 18:12 - 18:14
    Si nous sommes capables d'unir
  • 18:14 - 18:16
    nos toiles de paix de troisième force,
  • 18:16 - 18:19
    nous pouvons même arrêter le lion de la guerre.
  • 18:19 - 18:21
    Merci beaucoup.
  • 18:21 - 18:23
    (Applaudissements)
Title:
William Ury : La marche du "non" vers le "oui"
Speaker:
William Ury
Description:

William Ury, auteur de "Getting to Yes" (Comment réussir une négociation) nous offre un moyen élégant, simple (mais pas facile) d'arriver à un accord même dans les situations les plus difficiles -- du conflit familial à, peut-être, le Moyen Orient.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:24
Karine AUBRY added a translation

French subtitles

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