Désolé ma puce, ça n’existe pas pour les filles ! | Mélissa Plaza | TEDxSaintBrieuc
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0:09 - 0:12Je suis née un certain 28 juillet
de l'année 1988, -
0:13 - 0:17et comme pour des milliers d'autres
petites filles nées ce jour-là, -
0:17 - 0:18avant ou même après moi,
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0:19 - 0:22un contrat tacite avait été pré-établi
entre les différentes parties, -
0:23 - 0:26à savoir mes parents et la société.
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0:28 - 0:29Ce contrat comprenait :
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0:31 - 0:33une chambre ornée de rose,
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0:34 - 0:39un abonnement aux Polly Pocket, pour
trois ans, renouvelable et sans condition, -
0:40 - 0:42une inscription au club
de gymnastique du coin, -
0:43 - 0:47ainsi qu'une garde-robe qui ne contenait
évidement que des robes. -
0:49 - 0:52Ce contrat te permet à toi,
jolie petite fille, -
0:53 - 0:58calme, douce, docile et sensible,
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0:58 - 1:01de choisir parmi un large panel
de métiers, -
1:02 - 1:07tels que secrétaire, infirmière
ou encore puéricultrice. -
1:09 - 1:13Oh ne vous inquiétez pas messieurs,
ça fonctionne exactement pareil pour vous. -
1:13 - 1:15Chambre bleue,
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1:15 - 1:16Action Man,
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1:16 - 1:18inscription au club de rugby,
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1:18 - 1:19et ingénieur.
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1:20 - 1:23Allez hop, emballez, c'est pesé.
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1:25 - 1:27Tout était donc prêt.
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1:27 - 1:31La petite fille que j'étais n'avait qu'à
apposer sa signature au bas du contrat, -
1:32 - 1:36sauf que cette petite case qu'on
lui avait décernée à la naissance -
1:36 - 1:40était en fait bien trop étroite
pour accueillir ses envies et ses rêves. -
1:42 - 1:45Des rêves à l'époque peu communs
pour une petite fille, c'est vrai, -
1:45 - 1:48mais cette gamine a tout simplement
fait le choix -
1:48 - 1:51de faire ce qu'il lui plaisait
dans la vie. -
1:51 - 1:52Rétrospectivement,
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1:52 - 1:55je me dis que c'était le choix
le plus judicieux que je puisse faire -
1:55 - 1:59parce qu'en fait, on n'est jamais
aussi heureux et épanoui -
2:00 - 2:02que lorsque ce contrat est fait
sur mesure. -
2:03 - 2:07J'ai donc personnellement élaboré
un contrat, mon contrat, -
2:08 - 2:09dont la clause numéro 1 -
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2:09 - 2:12plutôt la première promesse
que je m'étais faite à moi-même - -
2:13 - 2:16était de devenir un jour
footballeuse professionnelle. -
2:17 - 2:19Footballeuse professionnelle.
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2:20 - 2:22Footballeuse professionnelle !
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2:23 - 2:24(Rires)
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2:25 - 2:26(Applaudissements)
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2:30 - 2:32J'entends encore mon père me dire :
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2:34 - 2:37« Je suis désolée, ma puce,
mais ça n'existe pas pour les femmes. -
2:39 - 2:41- Mais pourquoi Papa ?
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2:41 - 2:44- C'est comme ça. Ça n'existe pas
pour les femmes. -
2:46 - 2:48- Mais si Papa, ça doit
forcément exister ! -
2:49 - 2:52Et puis ça existe même, c'est juste
que tu connais pas, c'est tout. » -
2:53 - 2:56Mon père, désolé, avait pourtant raison :
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2:56 - 2:57en France dans les années 90,
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2:57 - 3:00les femmes n'étaient pas
des joueuses professionnelles. -
3:00 - 3:03Elles avaient même du mal à trouver
un club avec une section féminine. -
3:03 - 3:07Il faut dire que de 1941 à 1971,
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3:07 - 3:10elles n'avaient même pas
le droit de jouer au football. -
3:10 - 3:13D'ailleurs, au début du 20e siècle,
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3:13 - 3:17les médecins déconseillaient aux femmes
la pratique sportive en général, -
3:18 - 3:21sous prétexte que ça pourrait endommager
leur appareil de procréation. -
3:23 - 3:27Ça par exemple, c'est ce qu'ils
qualifiaient de « machine à stérilité ». -
3:30 - 3:35D'autres encore assimilaient la bicyclette
à une pratique masturbatoire. -
3:36 - 3:37(Soupir)
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3:39 - 3:43Et en réalité, le vélo a surtout été
un outil émancipateur pour la femme. -
3:44 - 3:48Vestimentairement d'abord,
avec le raccourcissement des jupes, -
3:48 - 3:50et l'autorisation de porter le pantalon,
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3:50 - 3:54et puis moralement, une façon
de s'éloigner du foyer, -
3:54 - 3:56une première liberté acquise.
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3:58 - 4:02Vous connaissez aussi probablement
Pierre de Coubertin, -
4:02 - 4:05l'homme qui a restauré
les Jeux Olympiques, -
4:05 - 4:07mais savez-vous ce qu'il disait ?
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4:08 - 4:09Il disait :
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4:09 - 4:12« Une olympiade femelle serait impratique,
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4:13 - 4:15inintéressante,
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4:15 - 4:17inesthétique et incorrecte.
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4:18 - 4:20Les JO doivent être réservés aux hommes,
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4:20 - 4:24le rôle des femmes devrait être avant tout
de couronner les vainqueurs. » -
4:26 - 4:27(Huées du public)
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4:28 - 4:29(Elle rit)
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4:30 - 4:33Ahh, l'esprit olympique !
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4:35 - 4:39Mais au fait, c'est quoi les principes
de l'olympisme ? -
4:40 - 4:44Eh bien, par exemple, l'article 4
de la charte olympique dit que : -
4:44 - 4:46« la pratique du sport
est un droit de l'homme, -
4:46 - 4:50chaque individu doit avoir
la possibilité de faire du sport, -
4:50 - 4:53sans discrimination d'aucune sorte. »
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4:53 - 4:57« La pratique du sport
est un droit de l'homme. » -
4:57 - 5:00Et si on réécrivait cette phrase...
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5:01 - 5:03avec un grand H ?
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5:03 - 5:05Vous ne trouvez pas ça mieux ?
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5:07 - 5:12En 1990, les femmes avaient tout juste
obtenu le droit de jouer au football, -
5:13 - 5:14alors de là à en vivre,
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5:15 - 5:17c'était carrément du grand délire.
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5:17 - 5:20Toujours est-il que je trouvais ça
profondément injuste, -
5:20 - 5:23et que je continuais à crier à qui
voulait bien l'entendre -
5:23 - 5:26qu'un jour je serais
footballeuse professionnelle. -
5:26 - 5:27Papa,
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5:28 - 5:31tu verras, un jour je serai
footballeuse professionnelle. -
5:32 - 5:36Il faut dire que le football,
je suis tombée dedans toute petite, -
5:36 - 5:40c'est une passion viscérale, le genre de
truc dont on a du mal à se débarrasser. -
5:40 - 5:43Sur cette photo, c'est l'anniversaire
de mes quatre ans, -
5:43 - 5:44et si je fais cette tête,
-
5:44 - 5:48c'est parce que je ne comprends pas
pourquoi j'ai eu une Barbie -
5:49 - 5:51alors que je voulais un ballon de foot.
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5:52 - 5:54Mordue quoi !
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5:54 - 5:56Les journalistes m'ont souvent demandé :
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5:56 - 6:00« Mais pourquoi le football ?
Vous aviez un papa footballeur ? -
6:00 - 6:03- Non, pas spécialement.
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6:03 - 6:05- Ah, un grand frère alors ?
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6:05 - 6:08- Non plus, c'est moi l'aînée
de la famille. -
6:08 - 6:10- Bah v'là aut'chose !
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6:10 - 6:14Vous êtes sûre que vous n'aviez pas
un cousin ou un oncle qui joue au foot ? » -
6:15 - 6:16(Elle soupire)
-
6:17 - 6:20Aujourd'hui je n'ai plus du tout envie
de me justifier parce qu'en fait, -
6:20 - 6:23le football a toujours eu pour moi
le goût de l'évidence. -
6:23 - 6:25D'ailleurs, soit dit en passant,
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6:25 - 6:29je ne suis pas sûre que ce journaliste
m'aurait posé la même question -
6:29 - 6:32si j'avais fait de la danse ou de la gym.
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6:32 - 6:35Bon, toujours est-il que
j'avais choisi le foot, -
6:35 - 6:37que le foot m'avait choisie,
je ne sais plus trop. -
6:37 - 6:42Et que j'allais tout faire, tout faire,
pour atteindre mes rêves. -
6:43 - 6:47Des rêves de Ligue des champions
et d'équipe de France, -
6:47 - 6:50des rêves de coupe aux grandes oreilles
et de maillot bleu, -
6:51 - 6:54des rêves de stades qui scandent ton nom
quand tu viens de planter un but. -
6:56 - 6:59Bien sûr, ces rêves n'étaient pas
du goût de tout le monde dans ma famille, -
6:59 - 7:03ma grand-mère a tenté à maintes reprises
de me remettre dans le droit chemin, -
7:04 - 7:07notamment en m'offrant des robes,
à chaque Noël. -
7:07 - 7:09Wouhou !
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7:09 - 7:13Des robes qui ont évidemment toutes fini
en lambeaux et je n'avais aucune excuse -
7:13 - 7:18si ce n'est que jouer avec une robe
au foot, c'est tout à fait inapproprié. -
7:18 - 7:20Je passais donc tout mon temps libre
à jouer au foot -
7:20 - 7:23et puis quand je n'avais pas de copain
pour jouer avec moi, -
7:23 - 7:27je chargeais mon pauvre petit frère
d'une mission absolument ingrate : -
7:28 - 7:31compter mes jongles
et établir mes records. -
7:31 - 7:33Oui j'ai vraiment fait ça.
-
7:33 - 7:36« 512, 513, 514...
-
7:36 - 7:38- Tu rigoles ou quoi,
je suis au moins à 600, -
7:38 - 7:41t'as pas appris à compter au CP
ou quoi ? » -
7:43 - 7:45Bon je vous rassure,
il s'est bien vengé plus tard. -
7:46 - 7:48Et comme tous les enfants,
-
7:48 - 7:51j'ai eu le droit des dizaines de fois
à cette fameuse question : -
7:52 - 7:55« Alors, qu'est-ce que tu veux faire
quand tu seras grande ? -
7:57 - 7:58- Footballeuse professionnelle. »
-
7:58 - 8:00Les gens étaient d'abord assez perplexes
-
8:00 - 8:03et puis ils se tournaient très vite
vers mes parents en s'esclaffant : -
8:04 - 8:07« Ahahah, mais quel garçon manqué ! »
-
8:09 - 8:10« Quoi ?
-
8:11 - 8:13Il me manque quelque chose ? »
-
8:15 - 8:20On aurait malencontreusement interverti
mon bracelet à la maternité ? -
8:20 - 8:22Je ne comprends pas.
-
8:22 - 8:25Dites, vous en connaissiez vous
à l'école des filles -
8:25 - 8:28qui se faisaient traiter
de garçons manqués ? -
8:28 - 8:30Je vous pose vraiment
la question, allez-y, -
8:30 - 8:34levez la main ceux qui parmi vous
ont déjà été témoins d'une telle scène. -
8:34 - 8:36Ouais, ouais, je vois qu'il y en a
un paquet. -
8:36 - 8:39Alors faisons un peu de théorie.
-
8:39 - 8:43Des chercheurs en psychologie font
la distinction entre le sexe biologique, -
8:43 - 8:46c'est-à-dire le sexe plus ou moins
fixé à la naissance, -
8:46 - 8:49et le genre psychologique des individus,
-
8:49 - 8:55la façon dont une personne se définit
indépendamment de ce sexe biologique. -
8:55 - 8:59Par exemple, en termes de traits
de personnalité ou de comportement. -
8:59 - 9:02Si on reprend le continuum de la féminité
et de la masculinité -
9:02 - 9:05qui était fréquemment employé
avant les années 70, -
9:05 - 9:09le garçon manqué serait en fait
un individu de sexe biologique féminin -
9:10 - 9:13qui adopterait des comportements
ou attributs sociaux -
9:13 - 9:15typiquement liés aux hommes.
-
9:16 - 9:19Par exemple, si vous mesdames,
-
9:19 - 9:23vous aimez parler fort ou regarder des
matchs de foot en buvant une bonne bière, -
9:23 - 9:27il y a de fortes chances que
vous soyez catégorisée à votre insu -
9:27 - 9:29comme un garçon manqué.
-
9:30 - 9:35Heureusement, les travaux de Sandra Bem
qui était une psychologue américaine, -
9:35 - 9:38ont mis sur la table le concept
d'androgynie, -
9:38 - 9:40le fait de posséder à la fois
-
9:40 - 9:43des caractéristiques psychologiques
masculines et féminines. -
9:43 - 9:48Pour elle, les dimensions
de masculinité et de féminité -
9:48 - 9:51était deux dimensions distinctes
et indépendantes. -
9:51 - 9:55Ainsi, un individu, quel que soit
son sexe biologique, -
9:55 - 9:58peut se positionner fortement
sur la dimension de féminité -
9:59 - 10:00ou de masculinité,
-
10:01 - 10:04ou sur les deux dimensions en même temps.
-
10:04 - 10:08Et en fait, on peut se positionner
à peu près n'importe où sur ce graphique. -
10:09 - 10:12D'ailleurs, dans un monde utopique,
-
10:13 - 10:15l'idéal d'un point de vue psychologique,
-
10:15 - 10:19serait que rien ne soit considéré
comme masculin ou comme féminin, -
10:19 - 10:23et qu'au contraire,
la diversité soit valorisée. -
10:25 - 10:28Sauf que les attentes sociales
vis-à-vis des hommes et des femmes -
10:28 - 10:30dans notre société sont telles
-
10:30 - 10:34que très peu d'entre nous osons
exploiter cette possibilité. -
10:35 - 10:37L'ensemble de ces possibilités.
-
10:38 - 10:43Il est plutôt attendu d'un homme qu'il
soit compétitif, ambitieux et indépendant, -
10:43 - 10:45tandis qu'il est plutôt attendu
d'une femme -
10:45 - 10:50qu'elle soit bienveillante,
à l'écoute des autres et compatissante. -
10:51 - 10:56En fait, chaque individu est restreint
à jouer sur une seule moitié de terrain, -
10:57 - 11:00celle correspondant à son sexe biologique.
-
11:00 - 11:03À droite, la moitié de terrain
réservée aux femmes. -
11:04 - 11:07À gauche, la moitié de terrain
réservée aux hommes. -
11:08 - 11:12Mais qui aurait envie de jouer
sur une moitié de terrain -
11:13 - 11:16alors qu'il pourrait en utiliser
la totalité ? -
11:16 - 11:21Qui aurait envie de faire le marathon
à cloche-pied plutôt qu'en courant ? -
11:21 - 11:23Personne !
-
11:23 - 11:28Et puis, c'est pas seulement
une restriction psychologique, -
11:29 - 11:33c'est aussi une restriction
des libertés individuelles. -
11:33 - 11:35C'est une abstraction
des potentiels humains. -
11:35 - 11:39En fait, on joue sur une moitié de terrain
dans pas mal de domaines. -
11:40 - 11:43À l'université, les femmes sont
très nombreuses en langues, -
11:43 - 11:45en sciences humaines et sociales,
-
11:45 - 11:48et à l'inverse, les hommes sont
omniprésents en STAPS, -
11:48 - 11:49c'est-à-dire faculté de sport,
-
11:49 - 11:55ou en sciences fondamentales : biologie,
[astronomie], physique, chimie etc., etc. -
11:55 - 11:57Dans le monde professionnel,
c'est pareil : -
11:57 - 12:00si on trouve beaucoup d'hommes ouvriers
du bâtiment ou encore ingénieurs, -
12:00 - 12:04très peu sont en revanche secrétaires
ou encore assistants maternels. -
12:05 - 12:08Alors bien sûr, la palme revient
au contexte sportif -
12:08 - 12:11parce que le cyclisme, le rugby
ou encore le football -
12:11 - 12:13sont presque exclusivement
l'affaires des hommes, -
12:13 - 12:16alors que la danse, la gymnastique
ou encore la natation synchronisée -
12:17 - 12:20sont presque exclusivement
l'affaire des femmes. -
12:21 - 12:23L'erreur ici
-
12:24 - 12:26serait de penser que ces différences
-
12:26 - 12:29sont uniquement dues
à des différences biologiques. -
12:30 - 12:31Parce qu'en fait,
-
12:32 - 12:35elles sont également
construites socialement. -
12:35 - 12:37Et pour preuve, dans le contexte
sportif justement, -
12:37 - 12:43cette répartition inégale des effectifs
est observable avant même l'âge de 12 ans. -
12:43 - 12:47C'est-à-dire avant même que les processus
de maturation liés à la puberté -
12:47 - 12:49ne mènent à de réelles
différences physiques -
12:49 - 12:53entre les filles et les garçons.
-
12:56 - 12:57Pour ma part,
-
12:58 - 13:01le football a été une vraie école de vie.
-
13:01 - 13:04Ce sport et les gens
que j'y ai rencontrés, -
13:04 - 13:07m'ont appris à être résiliente,
-
13:07 - 13:10Ils m'ont aussi inculqué le goût
de l'effort et du travail bien fait, -
13:10 - 13:13sans quoi la réussite n'est pas possible.
-
13:13 - 13:17Je ne saurai vous dire combien
de tours de terrain j'ai pu faire, -
13:17 - 13:18des milliers sûrement,
-
13:18 - 13:22tout ça pour avoir le ballon dans
les pieds une minute par match, -
13:22 - 13:2590 minutes de jeu et seulement une minute
-
13:25 - 13:28où l'on touche individuellement
ce foutu ballon. -
13:28 - 13:31Tant d'efforts pour une
si maigre récompense. -
13:31 - 13:34J'ai aussi dû répéter un million de fois
les mêmes gestes, -
13:34 - 13:39contrôle, passe, remise de volée,
de demi-volée, amorti de poitrine. -
13:39 - 13:42Sans compter tout le travail athlétique.
-
13:42 - 13:45Un travail acharné, qui m'a permis,
à 20 ans, -
13:46 - 13:49de signer mon premier contrat en tant que
joueuse professionnelle de football, -
13:49 - 13:53et également de décrocher ma première
sélection en équipe de France. -
13:53 - 13:57C'était en 2009, et en 2009,
-
13:57 - 14:02ce premier contrat professionnel
s'élevait à 400 euros net par mois. -
14:03 - 14:05400 balles.
-
14:05 - 14:09Et c'était un travail à temps plein
avec 6 à 8 entraînements par semaine, -
14:09 - 14:11les déplacements, les matchs le week-end,
-
14:11 - 14:12les cours à la fac...
-
14:12 - 14:14Pour d'autres, c'était pire encore,
-
14:14 - 14:18parce les entraînements s'additionnaient
à une journée de 8 heures de boulot, -
14:18 - 14:21des repas qui sautent le midi pour caler
une séance manquante, -
14:21 - 14:25la course en sortant du travail le soir,
enfiler son équipement dans la voiture, -
14:25 - 14:29et je vous épargne les conditions parfois
déplorables d'entraînement ou de voyage. -
14:30 - 14:33Malheureusement, cette situation
est encore le quotidien -
14:33 - 14:36de nombreuses footballeuses
professionnelles en France, -
14:36 - 14:38avec un rapport
investissement / rémunération -
14:38 - 14:40complètement déséquilibré.
-
14:41 - 14:44Pour ma part, j'ai eu la
très grande chance de jouer -
14:44 - 14:48dans l'un des plus grands clubs d'Europe,
l'Olympique lyonnais, -
14:48 - 14:51où les conditions et les structures sont
réellement dignes d'un club pro, -
14:51 - 14:53et pour ceux qui ne connaitraient pas,
-
14:53 - 14:56et bien c'est peu l'équivalent
du Barça chez les garçons. -
14:56 - 15:00Autant vous dire que c'est un rêve
de gosse qui s'est réalisé. -
15:00 - 15:05À 20 ans donc, la première partie
de mon contrat était remplie. -
15:07 - 15:09Mais en 2011,
-
15:10 - 15:12alors que ma carrière aurait dû décoller,
-
15:12 - 15:15je me blesse gravement au genou.
-
15:15 - 15:17Une grosse désillusion.
-
15:18 - 15:19Mais pas un coup d'arrêt.
-
15:19 - 15:21J'ai profité de ce répit sportif
-
15:21 - 15:24pour élaborer la deuxième
clause de mon contrat, -
15:24 - 15:29cette clause numéro 2, plutôt la seconde
promesse que je m'étais faite à moi-même, -
15:29 - 15:33c'était d'obtenir un doctorat en parallèle
de ma carrière de footballeuse. -
15:34 - 15:36Le sujet de ma thèse ?
-
15:37 - 15:40Les stéréotypes sexués dans le sport,
évidemment. -
15:41 - 15:44Comprendre les mécanismes
psychologiques et sociaux -
15:44 - 15:46impliqués dans les inégalités en sport.
-
15:47 - 15:51Mettre enfin des mots et des théories sur
ce que je vivais en réalité au quotidien. -
15:53 - 15:56Simone de Beauvoir disait très justement :
-
15:56 - 15:58« On ne naît pas femme, on le devient. »
-
15:58 - 16:02Depuis la naissance, on nous encourage,
nous, petites filles, -
16:02 - 16:03mais aussi vous, petits garçons,
-
16:03 - 16:07à adopter des comportements
appropriés à notre sexe. -
16:07 - 16:11On nous apprend en fait à devenir de
vrais hommes et de vraies femmes. -
16:12 - 16:16Tous les jours, tous les jours,
nous sommes bombardés de stéréotypes : -
16:16 - 16:20en allumant la télé, en naviguant
sur internet, en marchant dans la rue -
16:20 - 16:23ou encore au détour
d'une conversation familiale. -
16:24 - 16:26Et si cette image nous fait sourire,
-
16:28 - 16:30c'est qu'on comprend très bien
ce qu'elle sous-entend, -
16:30 - 16:34et que donc nous avons bien appris
notre leçon. -
16:34 - 16:40À notre décharge, ces stéréotypes nous
sont même enseignés à l'école primaire, -
16:40 - 16:43où l'on est censé apprendre des valeurs
telles que celles liées à l'égalité. -
16:43 - 16:45Pas plus tard qu'il y a trois mois,
-
16:45 - 16:47je faisais une intervention
dans une école primaire -
16:47 - 16:50pour parler d'égalité avec les enfants,
-
16:50 - 16:53je demande à la maitresse de prendre
n'importe quel manuel scolaire -
16:53 - 16:56et de l'ouvrir à n'importe quelle page.
-
16:56 - 16:59Et voici ce sur quoi je suis tombée :
-
17:01 - 17:02« Nulle en calcul. »
-
17:03 - 17:06Ou autrement dit :
« Toi, petite fille nulle en calcul. » -
17:06 - 17:09Voilà donc ce qu'on apprend à nos enfants.
-
17:09 - 17:12On leur apprend tant
et si bien ces clichés -
17:12 - 17:13que même ceux qui n'y adhèrent pas,
-
17:13 - 17:16même ceux qui ne les croient
pas vrais pour eux, -
17:16 - 17:18peuvent en être affectés.
-
17:18 - 17:22C'est ce qu'un psychologue américain,
Claude Steele, a appelé -
17:22 - 17:24« la menace du stéréotype ».
-
17:24 - 17:26Pour bien comprendre ce qu'est
cette « menace du stéréotype », -
17:26 - 17:28nous allons prendre un exemple.
-
17:28 - 17:31Tenons-nous en au stéréotype
qui veut que les femmes -
17:31 - 17:33ne soient pas douées en mathématiques.
-
17:34 - 17:38Prenons maintenant deux groupes mixtes,
d'un très bon niveau en mathématiques, -
17:38 - 17:43à qui on décide de faire passer
un examen de mathématiques complexe. -
17:44 - 17:49À un groupe, on dit aux participants que
le test n'a jamais montré de différences -
17:49 - 17:51entre les hommes et les femmes.
-
17:51 - 17:55À l'autre groupe, on dit aux participants
que le test a déjà montré -
17:55 - 17:58des différences entre les hommes
et les femmes. -
17:58 - 18:02Autrement dit dans ce second groupe,
on active le stéréotype négatif -
18:02 - 18:05vis-à-vis des femmes en mathématiques.
-
18:05 - 18:09À votre avis, quels seraient
les résultats ? -
18:10 - 18:15Eh bien, en fait, cette étude a réellement
été conduite aux Etats-Unis, -
18:15 - 18:18et si dans le premier groupe aucune
différence significative n'est apparue -
18:18 - 18:20entre les hommes et les femmes,
-
18:20 - 18:22dans le second groupe en revanche,
-
18:22 - 18:26les femmes ont obtenu des performances
plus faibles que les hommes. -
18:27 - 18:31En résumé, lorsqu'un stéréotype négatif
à l'égard d'un groupe social -
18:31 - 18:35ou d'une personne est activé
dans une situation d'évaluation, -
18:35 - 18:39les individus ciblés par le stéréotype
craignent de confirmer la croyance. -
18:40 - 18:44Ce qui génère chez eux de l'anxiété
et les conduit à sous-performer. -
18:47 - 18:50Ce qu'il faut savoir, c'est que ce type
d'études a été répliqué -
18:50 - 18:52dans d'autres domaines,
sportif ou académique, -
18:52 - 18:55et que des résultats similaires
ont été obtenus. -
18:56 - 19:00Et si je vous parle de tout ça, c'est
parce qu'on peut aisément comprendre -
19:00 - 19:02que dans un domaine où on se sent menacé,
-
19:02 - 19:06on renonce plus facilement que
dans un domaine où on se sent favorisé. -
19:07 - 19:11Alors si vous vous demandez
pourquoi en 2016, -
19:11 - 19:13le nombre de femmes astronautes
ou encore pilotes de chasse -
19:13 - 19:16peut se compter sur les doigts d'une main,
-
19:16 - 19:19la réponse se trouve peut-être
du côté des stéréotypes. -
19:21 - 19:23Aujourd'hui,
-
19:26 - 19:29je dirais à cette petite fille
que nos seules limites -
19:29 - 19:32sont finalement celles que l'on s'impose.
-
19:32 - 19:37Je lui dirais de faire ce qu'il lui plaît
dans la vie, le plus souvent possible, -
19:37 - 19:41et je lui dirais surtout de ne jamais
laisser personne lui dire -
19:41 - 19:43qu'elle est quelqu'un de manqué.
-
19:45 - 19:49Beaucoup de gens lui disaient que c'était
impossible, qu'il fallait faire un choix, -
19:50 - 19:53mais le 16 juin 2016, la petite fille
devenue grande -
19:54 - 19:56a obtenu son doctorat
en psychologie du sport -
19:56 - 19:59en parallèle de sa carrière
de footballeuse. -
20:00 - 20:02Alors, pourquoi pas ?
-
20:04 - 20:09Je voudrais conclure ce TED en vous disant
que si j'avais écouté tous les gens -
20:09 - 20:12qui me disaient que c'était impossible,
-
20:12 - 20:14si je m'étais conformée
à ce que cette société -
20:14 - 20:17attendait de moi en tant que petite fille,
-
20:17 - 20:20je serais probablement passée à côté
des meilleurs moments de ma vie. -
20:20 - 20:22Merci.
-
20:22 - 20:24(Applaudissements)
- Title:
- Désolé ma puce, ça n’existe pas pour les filles ! | Mélissa Plaza | TEDxSaintBrieuc
- Description:
-
Footballeuse professionnelle, ancienne internationale et docteure en psychologie sociale, Mélissa Plaza développe le sujet des stéréotypes sexués en tant que frein à la liberté individuelle, notamment dans le sport. Elle montre que ces stéréotypes s’ancrent en nous et peuvent nous influencer au quotidien, même de façon non consciente.
Footballeuse professionnelle passée par l'Olympique Lyonnais et l'EA Guingamp, docteure en psychologie sociale, Mélissa Plaza étudie les stéréotypes de genre. Forte d'un parcours de vie qui l'a conduite à dépasser les cadres qui menaçaient de l'enfermer, elle décode le fonctionnement caché des stéréotypes, pour mieux s'en affranchir.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 20:29