Le mentalisme, la lecture des pensées et l'art de pénétrer votre esprit

« La magie est une super analogie pour notre façon de réviser et de modeler une histoire, puis de méprendre cette histoire pour la vérité », dit l'illusionniste psychique Derren Brown. Dans une intervention habile autour d'une performance de télépathie, il explore le charme séduisant de la découverte de réponses simples aux questions complexes et subtiles de la vie.

Nous sommes tous pris au piège

dans notre propre tête

et nos croyances et notre compréhension
du monde sont limitées

par cette perspective,

ce qui signifie que
nous nous racontons des histoires.

N'est-ce pas ? Nous voilà
dans cette source de données illimitée.

Il y a un nombre illimité de choses
auxquelles nous pourrions penser

mais nous révisons et supprimons.

Nous choisissons à quoi penser,
à quoi prêter attention.

Nous inventons une histoire...

pour donner du sens à ce qu'il se passe

et nous nous trompons sur toute la ligne.

Car nous essayons tous de naviguer
avec nos boussoles faussées

et nous avons tous nos casseroles,

mais les histoires en elles-mêmes
sont profondément convaincantes.

Nous faisons tous cela

et nombre d'histoires que nous suivons
ne sont pas nôtres.

Les premières héritées à un jeune âge
sont de nos parents,

qui ont bien sûr leurs croyances biaisées,

leurs frustrations, leurs vies non vécues.

Pour le meilleur ou pour le pire,
nous les acceptons

puis nous partons dans le monde

en pensant qu'il nous faut peut-être
être prospère pour être aimé,

que nous devons toujours faire passer
les besoins des autres avant les nôtres

ou que nous avons un terrible secret
que nous ne pourrions révéler à personne.

Ce n'est que de la fiction, des histoires,

et nous nous inquiéterions moins
de ce que l'on pense de nous

si nous réalisions à quel point
on pense rarement à nous.

(Rires)

J'ai l'impression que la magie
est une super analogie

pour notre façon de réviser
et de modeler une histoire,

puis de méprendre
cette histoire pour la vérité.

J'ai eu 20 ans de carrière au Royaume-Uni

à mettre en scène pour la télévision
de grandes expériences psychologiques

et c'est maintenant sur Netflix.

J'ai également un spectacle.

J'ai mon premier spectacle sur Broadway
débutant bientôt : « Secret ».

Je le mentionne juste. Zéro pression.

(Rires)

Ce devrait être cette année.

J'essaye de faire quelque chose
de nouveau avec du mentalisme.

Le mentalisme, qui est l'art douteux
consistant à pénétrer votre esprit.

Ce genre de lecture dans les pensées
a eu son apogée dans les années 30.

C'est pourquoi je suis habillé ainsi,

dans mon costume le moins adapté à TED.

Il y avait un acte connu sous le nom
d'« acte de l'oracle ».

Dans l'acte de l'oracle,
des membres du public,

je sais que vous l'avez fait aussi,

écrivaient des questions secrètes,

le genre de questions
que vous poseriez à un voyant,

scellaient cette question
dans une enveloppe

et sur l'extérieur de l'enveloppe,
ils écrivaient leurs initiales

ainsi qu'approximativement
où ils étaient assis dans le public.

Puis l'oracle, le télépathe,
prenait les enveloppes une à une,

ne les ouvrait pas,

mais il essayait de deviner
la question scellée à l'intérieur.

S'il trouvait la question,

il essayait aussi d'y répondre
pour la personne.

L'acte s'est propagé
comme une traînée de poudre.

C'est, je pense, un testament
au charme séduisant

d'une personnalité puissante
vous offrant des réponses faciles, simples

aux questions et anxiétés
complexes et subtiles de la vie.

Je veux remercier
ceux ayant écrit des questions.

Je ne les ai pas vues,
quelqu'un les surveille.

Merci beaucoup.

Je vais les prendre.
Merci à tous ceux qui l'ont fait.

Je devrais probablement dire
deux ou trois choses avant de commencer.

En toute honnêteté,

je ne peux pas voir
à travers les enveloppes.

Ce sont d'épaisses enveloppes
noires et scellées.

Vous le saurez,
je ne peux pas voir à travers.

C'est important,
je ne connais aucun d'entre vous

et personne ne joue de rôle.

Ce n'est pas ainsi.

Troisièmement ...

Je ne crois pas une seconde avoir
de dons psychologiques particuliers,

encore moins de dons psychiques.

Commençons.

Non.

(Rires)

D'accord, celle-ci --

Oh, sympa.

Celle-ci est intéressante.
Il y en a quelques-unes.

Je vais commencer avec celle-ci.

Celle-là est intéressante
car l'écriture ondule.

Elle monte et descend

ce qui normalement signifie,
mais pas toujours,

que la personne ne connaît pas
la réponse à la question,

c'est donc normalement
une question sur l'avenir.

Cela suggère de l'incertitude.

Je dirais que c'est une demoiselle,

pour l'âge, c'est difficile à dire
avec cette écriture minimale,

mais je dirais peut-être la trentaine
ou la quarantaine, découvrons-le.

C'est écrit -- et une question
sur l'avenir --

c'est écrit : « JN, centre ».

C'est quelqu'un
de cette vaste section centrale.

Si vous pensez que c'est vous,
pourriez-vous vous manifester ?

J'ai du mal à voir le centre.

Bonjour, faites-nous signe.

Alors J ...

Jane ? Jessica ?

Jessica : Oui.

Derren Brown : Lequel ?
Jessica : Jessica.

DB : Merci. Juste une supposition.
Un faible murmure d'approbation, merci ?

(Rires)

Je prends.

Jessica, je ne demanderai pas votre âge,

mais est-ce une question sur l'avenir ?

Jessica : Mhm ?
DB : Oui ?

Jessica : Oui.
DB : Oui. OK.

Qu'avons-nous demandé ?

Qu'a demandé Jessica
au sujet de l'avenir ?

Ai-je raison si je dis
aux alentours de la quarantaine ?

Jessica : Je prends.

(Rires)

DB : C'est important

car nous posons des questions
différentes selon notre âge.

Répétez : « Je prends. »

Jessica : Je prends.

DB : Virginie ? Vous êtes de Virginie ?

Jessica : Oui.

DB : Oui. Alors --

(Rires)

Je crois que c'est une demoiselle,

je crois que c'est une demoiselle
qui veut quitter la Virginie.

Je crois que vous considérez des projets,

il s'agit de savoir si les choses
vont s'aligner pour votre départ.

Montrez-moi vos mains.

L'autre côté que je vois les ongles ?

Je pense que vous avez une ferme

et qu'il s'agit de savoir si vous allez
vendre cette ferme et partir de Virginie.

Est-ce correct ?

Jessica : Absolument, c'est la question.

DB : Très bien. Génial. Merci.
C'est une super question !

Quelle était la question ?
Qu'avez-vous écrit ?

Jessica : « Vendrai-je
la ferme en Virginie ? »

DB : Vendrez-vous la ferme ?

C'est une super question
si vous prétendez être un voyant

car il s'agit de l'avenir

donc je peux vous répondre
par oui ou par non.

Ça ne signifie rien.
Vous ne pouvez pas le vérifier.

Et c'est dangereux --

si je réponds oui ou non,
cela vous restera dans la tête

et cela ne peut pas
ne pas influencer vos décisions.

C'est dangereux, cependant --

(Rires)

Je pense que vous vendrez la ferme

car vous êtes le genre de personne

qui obtiendra ce qu'elle veut.

Je pense que quand on souhaite
quelque chose, on se concentre dessus

au détriment d'autres choses

sur lesquelles on devrait
plus se concentrer,

êtes-vous d'accord ?

Éduquée, vous avez passé
quelques années en --

Dites oui de nouveau, le mot « oui » ?
Jessica : Oui.

DB : Non ?
Jessica : Non.

DB : En Californie ? A Berkeley ?
C'est une supposition.

Jessica : Je suis allée à Berkeley.
Arrêtez de faire ça !

DB : C'est donc un oui.

Et vous êtes allée en Inde récemment.

Il y a là un tout petit
quelque chose. Oui ? Non ?

Jessica : Oui, je viens de revenir d'Inde.

DB : Pour moi c'est oui,
je ne veux pas dire que c'est écrit

car ça ne l'est pas et vous devez
en prendre la responsabilité.

DB : Asseyez-vous. Merci.
Faisons-en un autre.

(Applaudissements)

AH, également au centre ? AH.

Ça va être un homme, un peu plus âgé,
proche de la cinquantaine je dirais.

AH au centre, levez-vous
si vous pensez que c'est vous.

AH. Bonjour, peut-on
lui apporter un micro ?

Aussi vite que possible,
que la caméra soit sur lui.

Oh, regardez cela !
Ne bougez pas. Ne bougez pas.

Restez complètement immobile.

Êtes-vous debout ? Où êtes-vous ?

Homme : Je suis debout. Je suis petit.

DB : OK.

Vous avez changé ça.

Vous avez fait quelque chose
en vous levant.

Oui ou non, avez-vous
écrit quelque chose --

vous ne le faites plus
mais l'avez fait en vous levant --

qui a à voir avec votre pied
ou votre jambe gauche, oui ou non ?

Homme : Oui.

DB : Très bien. Il nous donnait
un signal très clair en se levant.

Mettez votre poids
sur votre côté gauche et dites « oui ».

Homme : Oui.

DB : Ôtez votre main de la poche,
mettez votre poids sur l'autre côté,

changez le micro de main
et redites « oui ».

Homme : Oui.

DB : Vous avez une dislocation

du gros orteil du côté gauche ?

Homme : Oui.

DB : Merci beaucoup. Super.
C'était bien. Asseyez-vous, asseyez-vous.

Puis-je avoir le micro ?
Je vais changer de micro pour ceci.

Puis-je avoir un micro ? Merci.

Merci beaucoup. Ici ça serait super.

Je vais changer de micro car --

j'espère que vous m'entendez toujours ?

Je vais me bander les yeux.

Je le fais pour ne pas avoir d'indices
quand vous vous levez.

Je ne peux pas voir
où vous mettez vos mains,

comment vous réagissez à ce que je dis,

ce que les gens autour de vous font.

S'ils connaissent la réponse
à la question, c'est toujours utile.

Je n'aurai pas tous ces avantages,

mais étrangement,

cela me libère

et je veux que cela vous libère aussi

alors si vous n'avez rien écrit

mais auriez aimé le faire,

vous pouvez participer.

L'objectif en écrivant la question
est simplement d'obtenir

une formulation claire
et succincte dans votre tête.

Si vous pouvez trouver
une question dans votre tête

et la rendre claire et succincte,
envoyez-la moi

et je vais essayer de faire cela
sans avoir rien d'écrit.

Commencez à former des questions
mais envoyez-moi aussi votre nom.

« Mon nom est », le nom du gars,

et « qu'est-ce que mon pied a de bizarre »
ou quelle qu'ait été la question.

Un nom et une question.

Il y a déjà quelqu'un,
je suppose que vous êtes devant

car votre nom est assez clair.

J'ai l'impression que vous êtes
devant au milieu.

Laissez-moi... Allan ?

J'ai l'impression que c'est Allan.

Vous allez être plutôt devant
et vers le centre, je pense.

J'ai l'impression que cela vient de là.

Il y a un homme, vers la soixantaine,
quelque chose comme ça.

Allan : Oui.

DB : Vous avez un micro ? Super, merci.

Allan, dites « stop »
quand j'arrive à vous

que je sache où vous êtes,

vers où me tourner.

Allan : Stop.

DB : Êtes-vous capricorne ?
Allan : Oui.

DB : Allan a quelque chose en tête.

Avez-vous entendu
la réserve dans sa voix ?

Cela va être quelque chose
de très délicat.

Je pense qu'avec vous...
Redites « oui » pour moi ?

Allan : Oui.

DB : Cela va être soit --

non, ce n'est pas ça.

C'est un accès, c'est un mot de passe
ou un accès à quelque chose.

Oui ou non, avez-vous quelque chose
avec un mot de passe en tête ?

Allan : Oui.

DB : Un mot de passe d'ordinateur ?

Allan : Oui.

DB : Excellent !

(Rires)

Dans ce cas, je finirai là-dessus.
Laissez-moi --

Si je fais bien les choses,

tout le public le connaîtra
ainsi que des millions de gens.

Vous le changerez, n'est-ce pas ?

Allan : Bien sûr.

(Rires)

DB : Répétez « bien sûr » ?
Allan : Bien sûr.

DB : Si c'est un mot --
j'imagine que c'est un mot --

visualisez le mot de passe
écrit devant vous

en grandes lettres majuscules

et, en le regardant, pensez pour moi
à une lettre vers le milieu,

ne la dites pas à voix haute,

ayez une lettre dans votre tête
qui est au milieu.

Vous en avez une ?
Allan : Oui.

DB : Tenez-vous y.

Vous avez changé, OK.

Vous avez changé d'avis.

Vous vous êtes arrêté sur --

je pense que c'est un « B », oui ?

Allan : Non.

Non, ce n'est pas ça.

DB : Alors c'est un « I » ?
Allan : Correct.

DB : Mais vous aviez un B.
Allan : Oui.

DB : Il a changé d'avis.
Il a changé d'avis.

(Rires)

Je le vois écris là.

Continuez à vous le répéter
dans votre tête.

Vous jouez de la batterie, non ?

Allan : Oui.

DB : Sortez-vous cela de la tête,
sortez-vous cela de la tête,

concentrez-vous seulement
sur ce truc pour moi ;

(Rires)

Mon boulot est
de vous vendre une histoire.

J'essaye de le faire pour vous tous,
que vous prêtiez attention

à la chose que je veux
que vous trouviez importante,

que vous ignoriez
ce que je veux que vous ignoriez,

que vous reliez ces éléments narratifs

pour vous raconter une histoire
sur ce que je fais

et cela marche car nous sommes
des créatures créant des histoires,

nous le faisons au quotidien.

Nous nous promenons
dans ce monde complexe et subtil

plein de gens complexes et subtils
comme vous et moi, Allan,

et nous les réduisons
à ces personnages soignés

qui collent à l'histoire
que nous nous racontons :

« Elle n'est pas sûre d'elle »,
« Il est arrogant »,

« Ils ne sont pas dignes de confiance ».

Ce ne sont que des histoires,

comme l'histoire selon laquelle
je peux lire dans vos pensées.

En ce moment, vous pensez aussi
à vendre votre entreprise, non ?

Allan : Correct.

DB : Qui a à voir avec la peau ?

Allan : Oui.

DB : Les soins de la peau.

Allan : Euh, oui.

La raison pour laquelle j'adore faire cela

est que cela me rappelle d'essayer
d'être plus en vie et attentif

à la complexité et à la subtilité
de ce qui est réel,

il se passe toujours des choses
que nous ignorons

et cela signifie que nous pouvons
être moins coincés, plus gentils

car nous reconnaissons
qu'il y a de la peur derrière leur stress

et qu'une réponse défensive
n'est pas nécessaire,

nous pouvons voir les histoires
pour ce qu'elles sont

et reconnaître que la vie,
il ne s'agit pas que de nous.

Oh !

Votre mot de passe.
Où êtes-vous ? Où est-il ?

Allan : Juste là.

DB : Levez-vous.
Votre mot de passe est « ariboy ».

A-r-i-b-o-y ? Est-ce correct ?
Allan : C'est correct.

DB : Merci beaucoup. Merci beaucoup.

Merci.

(Applaudissements)