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Showing Revision 1 created 06/03/2010 by Retired user.
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Title:
Comment la photographie nous connecte par David Griffin
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Description:
Directeur de la photographie pour National Geographic, David Griffin connaît le pouvoir que détient la photographie pour nous connecter à notre monde. Dans une intervention, illustrée de somptueuses images, il nous parle de la manière dont nous utilisons tous des photos pour raconter nos histoires.
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Commençons par observer quelques belles images.
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Cette photo est une icône du National Geographic,
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une réfugiée afghane prise par Steve McCurry.
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Le Harvard Lampoon s'apprête à publier
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une parodie du National Geographic,
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et je tremble rien qu'a l'idée de deviner ce qu'il adviendra de cette photo.
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Oh, la courroux de Photoshop.
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Voici un avion en train d'attérir à San Francisco photographié par Bruce Dale.
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Il a fixé un appareil photo sur la queue de l'avion.
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Voici une image poétique pour un roman sur Tolstoy par Sam Abell.
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Des pygmées en République Démocratique du Congo par Randy Olson.
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J'adore cette photo parce qu'elle me rappelle
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la sculpture de bronze de la Petite Danseuse de Dega.
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Un ours polaire nageant dans l'Arctique par Paul Nicklin.
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Les ours polaires ont besoin de glace afin de se mouvoir d'avant et en arrière
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ce ne sont pas de très bons nageurs.
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Et l'on sait ce qu'il advient de la glace.
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Voici des dromadaires se déplaçant dans la Rift Valley en Afrique.
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photographiés par Chris Johns.
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Photographiés en plongée, donc ce sont les ombres des dromadaires.
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Voici un propriétaire de ranch au Texas photographié par Abert Allard,
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un grand portraitiste.
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Et Jane Goodall, en pleine connexion privilégiée,
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photographiée par Nick Nichols.
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Voici un soirée mousse en Espagne photographiée par David Alan Harvey.
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Et David a dit qu'il y avait pleins de choses bizarres
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qui se passaient sur la piste de danse.
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Mais, bon, au moins c'est hygiénique.
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(Rires)
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Voici des lions de mer en Australie faisant leur danse à eux,
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par David Doubilet.
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Et voici une comète photographiée par le Dr Euan Mason.
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Et enfin, la proue du Titanic, sans les stars de cinéma,
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photographiée par Emory Kristof.
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La photographie renferme un pouvoir grandissant
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avec le tourbillon incessant du monde saturé des médias,
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parce que la photographie capture l'instant à la manière
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dont notre esprit stigmatise un moment qui lui semble significatif.
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Il y a 4 ans, j'étais à la plage avec mon fils,
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et il apprenait à nager
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dans les vagues relativement calmes des plages du Delaware.
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Mais j'ai tourné le dos un instant et il a été emporté par le contre-courrant
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et a commencé à s'éloigner vers la jetée.
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Je peux être ici et voir,
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alors que je m'élance dans l'eau après lui,
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ce moment ralentir et s'immobiliser de cette manière.
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Je peux voir les rochers de ce côté.
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Une vague est sur le point de l'engloutir.
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Je peux voir sa main émerger,
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et je peux voir son visage terrifié,
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me regardant, et disant, "aide moi Papa".
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Je l'ai attrapé, la vague s'est abattue sur nous.
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Nous sommes revenus sur le rivage, il allait bien.
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Nous étions un peu sonnés.
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Mais cette "mémoire éclair" comme on l'appelle,
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c'est lorsque tous les éléments s'agrègent pour définir
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non seulement l'événement lui-même, mais mon rapport émotionnel à celui-ci.
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Et c'est cela que la photographie pointe
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lorsqu'elle crée sa propre puissante connexion à l'observateur.
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Maintenant je dois vous dire,
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Je discutais de cela avec Kyle la semaine dernière,
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je lui ai dit que j'allais raconter cette histoire.
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Et il m'a dit : "Oh oui, je me rappelle de cela aussi !
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Je me rappelle de l'image que j'avais de toi
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tu étais sur le rivage en train de hurler dans ma direction"
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(Rires)
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Je croyais que j'étais un héro.
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(Rires)
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ceci représente - c'est un échantillonnage de
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quelques images remarquables prises par quelques uns des meilleurs journalistes photo au monde
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au sommet de leur art.
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A l'exception d'un.
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Cette photographie a été prise par Dr Euan Mason
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en Nouvelle Zélande l'année dernière,
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et elle a été proposée puis publiée au National Géographic.
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L'année dernière, nous avons ajouté une rubrique à notre site web intitulée "Vos prises de vue"
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où n'importe qui pouvait proposer des photographies pour une éventuelle publication.
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Et cela s'est transformé en gigantesque succès,
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en interpellant l'enthousiasme de la communauté des photographes.
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La qualité de ces photos d'amateurs
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peut, parfois, être incroyable.
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Et observer cela n'a fait que conforter en moi,
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l'idée que chacun de nous a au moins une ou deux
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magnifiques photographies en lui.
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Mais pour devenir un grand journaliste photo,
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vous devez avoir plus d'une ou deux
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grandes photos en vous.
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Vous devez être capable d'en produire tout le temps.
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Mais encore plus important,
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vous devez savoir créer une histoire derrière l'image.
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Vous devez savoir raconter l'histoire.
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Je vais maintenant partager quelques couverture avec vous
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qui à mon sens illustrent cette dimension narrative de la photographie.
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Le photographe Nick Nichols a travaillé
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sur une toute petite réserve animale plutôt inconnue
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au Tchad, qui s'appelle Zakouma.
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Son intention première était de se rendre sur place
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et rapporter de ce voyage une histoire traditionnelle d'espèces variées,
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d'un endroit exotique.
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Et c'est ce que Nick a fait jusqu'à un certain point.
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Voici un serval d'Afrique.
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Il est en fait en train de se photographier lui-même,
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en utilisant un procédé appelé "camera trap"
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qui consiste en un rayon infrarouge qui traverse la scène,
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il a coupé le faisceau ce qui a déclenché sa photo.
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Voici des babouins à un point d'eau.
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Nick -avec son appareil, encore une fois, un appareil automatique-
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a pris des milliers de photos de cette scène.
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Et Nick se retrouva avec beaucoup d'images
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de derrières de babouins.
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(Rires)
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Voici un lion se régalant tard dans la nuit
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vous pouvez remarquer qu'il a une dent cassée.
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Et voici un crocodile qui sort d'une rive en direction de sa tanière.
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J'aime ce petit filet d'eau
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qui s'écoule le long de sa queue.
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Mais l'attraction principale de Zakouma sont les éléphants.
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C'est un des plus grands troupeaux intact dans cette zone d'Afrique.
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Cette photo a été prise au clair de lune,
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un paramètre que la photographie digitale a grandement changé.
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C'est avec les éléphants qu'eut lieu le tournant de cette histoire.
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Nick, accompagné du chercheur le docteur Michael Fray,
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ont attrapé la matriarche du troupeau.
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Ils l'ont appelée Annie.
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et ils ont commencé à suivre ses déplacements.
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Le troupeau était en sécurité dans les limites du parc
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grâce aux soins de ces rangers consciencieux.
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Mais lorsque les pluies annuelles débutèrent,
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le troupeau commença à se déplacer vers des sols riches en nourriture hors du parc.
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Et c'est là que les ennuies commencèrent pour le troupeau.
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Car à l'extérieur de la zone protégée du parc, il y a avait des braconniers
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qui les chassaient juste pour recueillir leurs défenses en ivoire.
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La martriarche qu'ils avaient suivi grâce au signal radio,
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s'était déplacées à l'intérieur et hors du parc pendant des semaines,
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et vit son histoire s'arrêter là.
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Annie avait été tuée, ainsi que 20 membres de son troupeau.
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Et ils étaient venus uniquement pour l'ivoire.
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Voici un des rangers.
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Ils ont pu chasser l'un des braconniers et récupérer l'ivoire.
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Ils ne pouvaient pas le laisser sur place,
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car cela a de la valeur.
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Mais ce que Nick a fait, c'est qu'il a rapporté
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une histoire qui a dépassé les stéréotypes traditionnels
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où on se contente de dire "n'est ce pas un monde extraordinaire ?"
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Et au lieu de cela, il a crée une histoire qui a profondément touché notre public.
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Au lieu de procurer des connaissances sur le parc,
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il a instauré une relation de compréhension et d'empathie
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avec les éléphants, les rangers et les problématiques
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inhérentes au conflit entre l'homme et l'animal.
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Dirigeons nous à présent vers l'Inde.
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Parfois, on peut raconter une histoire d'un angle de vue rétréci.
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Nous travaillions sur la même problématique que Richard Wurman
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traite dans son projet intitulé "Les nouvelles populations mondiales".
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Pour la première fois de l'histoire,
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plus de gens vivent dans des environnements urbains que dans des environnement ruraux.
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Et la plus grosse partie de cette croissance n'a pas lieu dans les ville.
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mais dans les taudis qui les entourent.
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Jonas Bendiksen, un photographe très dynamique,
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est venu me voir et m'a dit,
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"Nous devons travailler sur ce phénomène et voici ma suggestion :
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faisons le tour du monde et prenons en photo chaque petit taudis"
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Et j'ai répondu : "Et bien, tu sais, ça risque d'être un peu ambitieux étant donné notre budget"
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Alors au lieu de cela,
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au lieu de partir et faire ce qui serait devenu
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un genre de documentaire
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où vous allez juste jeter un oeil et récolter des petits bouts de tout,
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nous avons installé Jonas à Dharavi,
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qui est un quartier de Mumbai, en Inde,
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et nous l'avons laissé là-bas s'imprégner
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du coeur et de l'esprit de cette zone caractéristique de la ville.
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Le travail de Jonas n'a pas été de se contenter d'y aller et de jeter un regard superficiel
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aux conditions horribles de ces endroits.
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Il comprit que cette partie était un organe vivant et vital
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du fonctionnement urbain tout entier.
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En demeurant de manière sédentaire à un seul endroit,
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Jonas a touché l'esprit intrinsèque
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qui sous-tend cette communauté.
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Et il l'a fait de manière remarquable.
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Parfois, cependant, la seule manière de raconter une histoire se fait à l'aide d'une image stéréotypée.
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Nous avons travaillé en collaboration avec le photographe sous marin Brian Skerry
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et le journaliste photo Randy Olson
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afin de travailler sur l'épuisement des ressources poissonnières.
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Nous n'étions pas les premiers à travailler sur ce sujet,
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mais les photos qu'ont prises Brian et Randy
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figurent parmi les plus révélatrices car elles ont mis le doigt sur
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le désastre à la fois sur l'homme et la nature d'une surexploitation de la pêche.
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Ici, sur cette photo prise par Brian,
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un requin qu'on dirait crucifié a été capturé
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dans des filets au loin de Baja.
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J'ai déjà vu des images acceptables de pêche accidentelle,
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l'animal se retrouvant accidentellement capturé
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alors que la pêche était destinée à d'autres espèces.
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Mais ici, Brian a pris un angle de vue inédit
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en se plaçant sous le bateau
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lorsqu'ils jetèrent les déchets par dessus bord.
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Et Brian a prit des risques encore plus grands
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afin d'obtenir cette photo inédite
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d'un filet de chalutier arrachant le fonds marins.
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De retour sur la terre ferme, Randy Olson a photographié
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un marché au poisson improvisé en Afrique,
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où les restes de poissons capturés dans les filets étaient vendus à la population,
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les parties les plus nobles ayant été envoyées en Europe.
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Et ici en Chine, Randy a photographié un marché à la méduse.
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Comme les ressources primaires se sont amenuisées,
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la récolte se fait de plus en plus profondément dans les océans
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et rapporte ce genre de source de protéines.
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Ce procédé s'appelle la pêche à la chaîne alimentaire.
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Mais il y a également des lueurs d'espoir,
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et à chaque fois que l'on provoque l'événement sur de telles questions,
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on ne fait pas juste y aller
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et se contenter de regarder le problème.
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Nous cherchons également des solutions.
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Brian a photographié une réserve marine en Nouvelle Zélande
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un endroit où la pêche à des fins commerciales avait été prohibée,
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résultant ainsi au retour d'espèces surpêchées,
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et avec elle une éventuelle solution à la question de la pêche durable.
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La photographie peut aussi nous forcer à nous confronter
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à des problématiques affligeantes et controversées.
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James Nachtwey, qui a été encensé à TED l'année dernière,
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a jeté un oeil au gouffre du système de santé
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mis en place afin de suivre les soldats américains blessés qui reviennent d'Irak.
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Cela ressemble à un tunnel où le soldat blessé entre par une extrêmité
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et ressort chez lui par l'autre.
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Jim a commencé sur les champs de bataille.
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Ici, vous pouvez voir un technicien médical qui s'occupe d'un soldat blessé
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sur le trajet en hélicoptère qui mène vers un hôpital de campagne.
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Ici, nous sommes dans l'hôpital de campagne.
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Le soldat sur la droite a le prénom de sa fille
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tatoué sur son torse comme un rappel de son foyer.
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De cet endroit, les soldats les plus gravement blessés sont rapatriés
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en Allemagne où il retrouvent leur famille
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pour la première fois.
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Puis ils sont renvoyés aux Etats-Unis où ils effectuent leur convalescence dans des hôpitaux pour vétérans
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comme ici à Walter Reed.
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Et enfin, souvent appareillés de prothèses dernier cri,
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ils sont expulsés du système de santé et tentent
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de retrouver leur vie d'avant le front.
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Jim a pris ce qui aurait pu être une banale histoire médicale
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et lui a donné une dimension humaine qui a profondément touchée le coeur de nos lecteurs.
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Ces histoires sont de merveilleux exemples
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de la manière dont la photographie peut être exploitée
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pour traiter des sujets les plus importants.
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Mais il y a aussi des moments dans la vie où les photographes
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qui sont, lorsqu'ils arrivent,
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du pur bonheur.
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Le photographe Paul Nicklin s'est rendu en Antarctique
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afin de faire un reportage photo sur les léopards de mer.
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Ils ont rarement été photographiés, en partie parce qu'ils sont considérés
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comme étant parmi les plus dangereux prédateurs des océans.
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En effet, une année plus tôt un chercheur
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avait été entraîné par l'un d'entre eux dans les profondeurs et tué.
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Vous pouvez donc imaginer que Paul était un peu hésitant
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au moment de rentrer dans l'eau.
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La principale occupation des phoques léopards est de manger des pingouins.
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Vous connaissez "La marche de l'Empereur" ;
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et bien là c'est "Le mâchage des Empereurs".
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(Rires)
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Ici un pingouin se rend au bord et regarde
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si la voie est libre.
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Et alors tous les pingouins se jettent à l'eau et s'en vont.
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Puis Paul est entré dans l'eau.
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Et il a avoué ne jamais avoir été réellement effrayé par
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cette femelle qui s'approcha de lui.
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Elle devait faire -c'est vraiment dommage car on ne peut pas le voir sur cette photo-
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mais elle mesure 3,60m.
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C'est donc un bel animal.
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Et Paul a dit qu'il n'avait pas vraiment peur,
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parce qu'elle était plus curieuse de le voir plutôt que menacée par lui.
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Cette mâchoire grande ouverte sur la droite
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était vraiment sa manière à elle de lui dire "Hé, regarde comme je suis énorme !"
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ou "Dis donc, quelles grandes dents tu as!"
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(Rires)
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Puis Paul a pensé qu'elle avait eu simplement pitié de lui.
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Selon elle, il y avait dans l'eau cette grande créature maladroite
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qui pour des raisons qui lui étaient inconnues n'avait pas l'air intéressé
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par la chasse aux pingouins.
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Elle a alors commencé à lui rapporter des pingouins,
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vivants et elle les plaçait devant lui.
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Elle les relâchait et ils s'enfuyaient.
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Et elle le regardait comme si elle se disait "Ben alors qu'est-ce que tu fais ?"
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Elle repartait, les attrapait, les rapportait
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et les relâchait devant lui.
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Et elle réitéra cette action en boucle pendant deux jours
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jusqu'à ce elle se sentit tellement frustrée par son attitude passive,
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qu'elle décida de mettre les pingouins directement sur sa tête.
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(Rires)
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Ce qui donna cette magnifique photo.
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(Rires)
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Par la suite, Paul, a pensé qu'elle s'imaginait
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qu'il ne survivrait jamais.
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C'est elle un peu gonflée, vous voyez
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soufflant dans une sorte de dégoût.
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(Rires)
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Et elle se désintéressa de lui pour retourner à ce qu'elle savait le mieux faire.
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Paul est parvenu à photographier
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une créature plutôt mystérieuse, inconnue,
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et il n'est pas revenu qu'avec une série de photos,
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mais aussi avec une expérience hors norme et une histoire fantastique.
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C'est ce genre d'histoires,
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celles qui transcendent le premier degré, le superficiel,
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qui nous prouvent le pouvoir du journalisme photo.
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Je crois profondément que la photographie crée un véritable lien avec les gens,
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et qu'elle peut être exploitée de manière positive
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pour comprendre les défis et les opportunités
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qui attendent notre monde de nos jours.
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Merci.
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(Applaudissement)