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Douglas Adams: Parrots the Universe and Everything

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    L'Université de Californie
    Santa Barbara présente
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    Voix
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    Douglas Adams, créateur du
    Guide du voyageur galactique
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    Les perroquets, l'univers et tout le reste
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    Merci beaucoup, mesdames et messieurs
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    C'est une expérience très intéressante,
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    inhabituelle et étrange pour moi
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    de parler dans ma ville natale. Qui est…
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    Bien, parmi les livres
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    que Constance a mentionnés
    lorsqu'elle m'a présenté,
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    Le guide du voyageur galactique,
    Un cheval dans la salle de bains, etc
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    Ceux-ci n'étaient pas mes préférés.
    Et mon livre préféré
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    est ce dont je vais
    vous parler ce soir.
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    C'est drôle comme, comme souvent…
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    Pour pratiquement
    tous les auteurs que je connais,
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    leur livre préféré est
    celui qui se vend le moins.
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    C'est un peu l'avorton de la portée,
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    c'est celui que vous
    avez toujours préféré.
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    Et j'aimerais vous raconter
    comment celui-ci est né.
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    À un moment durant
    la moitié des années 1980,
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    le téléphone sonna.
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    Et la voix dit :
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    « Nous voudrions que
    vous alliez à Madagascar.
  • 1:53 - 1:57
    Nous voudrions que vous y cherchiez
    une espèce de lémurien très rare,
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    qui s'appelle Aye-aye.
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    L'avion décolle dans deux semaines,
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    nous souhaiterions que
    vous soyez à bord. »
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    Et là, pensant qu'ils s'étaient
    trompés de numéro, j'ai dit "oui !"
  • 2:07 - 2:09
    avant qu'ils réalisent leur erreur.
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    Mais il se trouve qu'ils avaient décidé
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    « Eh bien voilà quelqu'un qui
    n'y connaît rien aux lémuriens,
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    rien à l'Aye-aye,
    rien à Madagascar,
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    envoyons-le. »
  • 2:25 - 2:27
    Alors j'ai commencé à me renseigner,
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    et il se trouve que
    c'est très intéressant.
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    Les lémuriens étaient autrefois
    les primates dominants sur toute la terre.
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    C'étaient des créatures très
    très douces et gentilles
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    Ils faisaient à peu près
    la taille d'un chat,
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    et ils traînaient en haut des arbres
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    à profiter de la vie.
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    C'est alors que le Gondwana se sépara.
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    Ça sonne toujours comme si un groupe
    de rock des années 70
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    se séparait pour divergences artistiques.
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    Mais comme vous vous
    en rappelez sans doute,
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    le Gondwana était cette vaste
    masse de terre continentale
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    qui consistait en
    ce qui était alors devenu
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    l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde,
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    l'Asie du Sud-Est, l'Australasie
  • 3:20 - 3:23
    —euh, non—l'Australie,
    l'Australie et non pas
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    — et ça sera important plus tard —
  • 3:25 - 3:27
    pas la Nouvelle Zélande
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    qui s'avère n'être qu'un tas de saletés
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    qui a émergé des
    profondeurs de l'océan
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    Et comme je le disais,
  • 3:39 - 3:43
    Les lémuriens étaient les
    primates dominants sur terre
  • 3:43 - 3:46
    et lorsque les continents se sont séparés,
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    et Madagascar en faisait partie,
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    Madagascar a
    en quelque sorte dérivé
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    vers le milieu de ce qui devint
    alors subitement l'Océan Indien.
  • 3:53 - 3:57
    Et prit avec elle
    un échantillon représentatif
  • 3:57 - 3:59
    du cheptel de l'époque,
  • 3:59 - 4:01
    qui incluait nombre de lémuriens.
  • 4:01 - 4:03
    Et ils sont restés comme ça
  • 4:03 - 4:06
    pendant des millions
    et des millions d'années
  • 4:06 - 4:07
    dans une isolation splendide.
  • 4:08 - 4:10
    Tandis que, dans le reste du monde,
  • 4:10 - 4:12
    une nouvelle créature fit surface.
  • 4:12 - 4:14
    Une nouvelle créature arriva,
  • 4:14 - 4:19
    bien plus intelligente que les lémuriens,
  • 4:20 - 4:21
    — du moins d'après elle —
  • 4:25 - 4:27
    bien plus compétitive,
  • 4:27 - 4:29
    bien plus agressive,
  • 4:29 - 4:31
    et incroyablement intéressée
  • 4:31 - 4:34
    par tout ce qu'on peut
    faire avec des brindilles.
  • 4:34 - 4:37
    Les brindilles étaient
    absolument merveilleuses.
  • 4:37 - 4:38
    On peut tant faire avec des brindilles,
  • 4:38 - 4:41
    on peut fouiller
    le sol avec des brindilles,
  • 4:41 - 4:43
    on peut gratter sous l'écorce des arbres,
  • 4:43 - 4:45
    on peut se frapper l'un l'autre avec…
  • 4:45 - 4:48
    S'il y avait eu un
    Brindille Hebdo à l'époque,
  • 4:48 - 4:51
    ces créatures auraient
    fait la queue pour l'avoir.
  • 4:53 - 4:54
    Et ces créatures
  • 4:54 - 4:57
    — qu'on appelle singes comme
    vous l'avez probablement deviné—
  • 4:57 - 5:01
    parce qu'elles étaient plus compétitives
    et plus agressives,
  • 5:01 - 5:04
    et qu'elles vivaient dans
    le même habitat que les lémuriens,
  • 5:04 - 5:06
    ont réussi à supplanter ceux-ci
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    partout dans le monde
    en dehors de Madagascar.
  • 5:10 - 5:14
    Parce que Madagascar se trouvait
    en plein milieu de l'Océan Indien
  • 5:14 - 5:15
    et qu'elles ne pouvaient pas y aller.
  • 5:17 - 5:21
    Du moins jusqu'il y a environ 1500 ans,
  • 5:21 - 5:25
    suite à de stupéfiantes avancées
    des technologies à base de brindilles,
  • 5:32 - 5:35
    qui leur permirent d'y aller en bateau,
  • 5:35 - 5:36
    et par la suite en avion.
  • 5:37 - 5:40
    Et subitement les lémuriens,
    qui ont disposé de cet endroit
  • 5:40 - 5:43
    pendant des millions et des
    millions d'années,
  • 5:43 - 5:46
    faisaient subitement face à
    leur vieil ennemi : le singe.
  • 5:47 - 5:49
    Donc, voilà Madagascar,
  • 5:50 - 5:52
    et il se trouve que le plus
    rare des lémuriens
  • 5:52 - 5:54
    — et quand je dis le plus rare,
  • 5:54 - 5:56
    à ce moment précis des années 80
  • 5:56 - 5:58
    on pensait qu'ils étaient les plus rares;
  • 5:58 - 6:03
    on a depuis découvert un lémurien
    encore plus rare appelé hapalémur doré
  • 6:03 - 6:06
    qui a pris la première place des
    lémuriens en voie de disparition—
  • 6:07 - 6:11
    mais le Aye-aye est
    un animal très singulier.
  • 6:12 - 6:13
    Il ressemble à un mélange
  • 6:13 - 6:15
    de différentes sortes d'animaux.
  • 6:15 - 6:19
    Par exemple, il a des espèces
    d'oreilles de renard,
  • 6:19 - 6:22
    et a des dents un peu comme un lapin,
  • 6:22 - 6:28
    et a une queue qui ressemble
    à une plume d'autruche,
  • 6:28 - 6:32
    et il a des yeux très bizarres,
  • 6:32 - 6:36
    en fait, il a les yeux de Marty Feldman.
  • 6:37 - 6:39
    Un peu comme s'il regardait
    légèrement derrière vous
  • 6:39 - 6:43
    vers une autre dimension juste
    au dessus de votre épaule gauche.
  • 6:46 - 6:50
    Mais il a également une caractéristique
    très très particulière,
  • 6:51 - 6:57
    son majeur sur chaque main est
    squelettique et très très long.
  • 7:01 - 7:03
    Et il se trouve qu'il n'y a
    qu'un seul autre animal
  • 7:03 - 7:07
    dans le monde entier
    qui présente ce trait.
  • 7:08 - 7:10
    Et on appelle celui-ci
  • 7:10 - 7:13
    —j'adore les zoologistes;
    ils ont une imagination tellement vive—
  • 7:13 - 7:16
    on l'appelle triok à longs doigts.
  • 7:17 - 7:21
    Cette créature vit en Nouvelle Guinée,
  • 7:21 - 7:27
    mais c'est son annulaire qui est
    squelettique et allongé.
  • 7:27 - 7:28
    Et c'est bien ce qui démontre
  • 7:28 - 7:31
    qu'il n'y a aucun lien entre ces animaux,
  • 7:31 - 7:33
    c'est de la pure
    convergence évolutive,
  • 7:33 - 7:37
    parce que le facteur commun
    entre Madagascar et l'aye-aye,
  • 7:37 - 7:40
    et la Nouvelle Guinée et
    le triok à longs doigts
  • 7:40 - 7:44
    c'est que dans aucun de ces habitats
    il n'y a de pic-vert.
  • 7:46 - 7:48
    Ce qu'il y a, voyez-vous,
  • 7:49 - 7:53
    — la vie est très très opportuniste,
  • 7:53 - 7:57
    et profitera de toute source de nourriture
    qu'elle pourra trouver autour d'elle.
  • 7:58 - 8:01
    Et s'il n'y a pas de pic-vert
    pour chercher des asticots
  • 8:01 - 8:07
    sour l'écorce des arbres,
    dans ce cas, ce sera les mammifères
  • 8:07 - 8:10
    qui développeront
    un doigt long et squelettique
  • 8:10 - 8:12
    pour gratter sous l'écorce des arbres
  • 8:13 - 8:16
    et accéder à cette source de nourriture
    à savoir les asticots sous l'écorce.
  • 8:17 - 8:22
    Donc, l'aye-aye est une créature
    très très étrange.
  • 8:23 - 8:27
    Et à ce moment là on pensait
    qu'il n'en restait qu'une quinzaine.
  • 8:27 - 8:33
    Et ils ne vivaient pas sur Madagascar
    à proprement parler,
  • 8:33 - 8:36
    mais sur une petite île
    recouverte d'une forêt tropicale
  • 8:36 - 8:39
    juste au large de Madagascar,
    appelée Nosy Mangabe,
  • 8:39 - 8:43
    sur la pointe Nord-Ouest de Madagascar.
  • 8:43 - 8:46
    Et pour y parvenir, vous devez
  • 8:46 - 8:48
    prendre un 747 jusqu'à Madagascar.
  • 8:50 - 8:53
    Puis un vieux coucou lamentable
  • 8:54 - 8:57
    de Madagascar jusqu'au port Nord-Ouest.
  • 8:58 - 9:01
    Et de là vous devez prendre une série
    de moins en moins excellente
  • 9:02 - 9:04
    de charrettes et de camions etc,
  • 9:07 - 9:10
    jusqu'à un petit port où
    devait nous attendre un bateau
  • 9:10 - 9:12
    qui devait nous emmener à Nosy Mangabe.
  • 9:12 - 9:15
    Nous voilà donc arrivés au port,
  • 9:15 - 9:18
    et nous cherchions le bateau
    qui devait nous emmener à Nosy Mangabe,
  • 9:18 - 9:20
    et on n'arrivait pas à le trouver.
  • 9:20 - 9:22
    On demandait autour de nous
  • 9:22 - 9:23
    « Mais où est ce bateau ? »
  • 9:23 - 9:25
    et ils répondaient
    « Il est juste là ! »
  • 9:25 - 9:28
    et on n'arrivait pas à voir ce
    qu'ils montraient du doigt
  • 9:28 - 9:31
    parce que c'était masqué par
    une énorme épave rouillée.
  • 9:31 - 9:33
    Comme vous l'avez deviné,
  • 9:33 - 9:35
    c'était l'énorme épave rouillée
  • 9:35 - 9:37
    avec laquelle nous devions
    aller à Nosy Mangabe.
  • 9:37 - 9:39
    Et elle ne remplissait pas
    ce que je pensais
  • 9:39 - 9:42
    être un critère de base pour un bateau,
  • 9:43 - 9:46
    en cela qu'elle était
    en gros pleine d'océan.
  • 9:46 - 9:49
    Et pour moi la fonction
    première d'un bateau
  • 9:49 - 9:51
    c'était de garder l'océan à l'extérieur.
  • 9:52 - 9:55
    Enfin bref, nous avons navigué
    jusqu'à Nosy Mangabe.
  • 9:57 - 9:59
    C'est une île minuscule
    et très très jolie,
  • 9:59 - 10:00
    recouverte par une forêt tropicale.
  • 10:00 - 10:03
    Et nous nous sommes heurtés
    à un problème majeur
  • 10:03 - 10:07
    qui est qu'évidemment cet animal
    vit non seulement dans les arbres
  • 10:07 - 10:10
    — nul ne l'avait vu
    depuis bien des années —
  • 10:10 - 10:13
    mais en outre c'est
    également un animal nocturne.
  • 10:13 - 10:17
    Et la qualité des batteries
    à Madagascar laissait à désirer.
  • 10:19 - 10:22
    On a donc passé nuit après nuit,
  • 10:23 - 10:25
    errant à travers la forêt tropicale,
  • 10:27 - 10:29
    sous ce qu'on ne peut décrire
  • 10:29 - 10:32
    que comme la pluie.
  • 10:37 - 10:38
    De quoi devenir grincheux,
  • 10:40 - 10:42
    à passer nuit après nuit,
  • 10:42 - 10:44
    blottis sous des bâches,
  • 10:44 - 10:46
    priant pour que la pluie cesse.
  • 10:46 - 10:48
    Et de temps en temps
    l'un de nous s'écriait
  • 10:48 - 10:51
    « Grr, quand va-t-on enfin trouver
    ce satané animal ? »
  • 10:51 - 10:52
    En fait, c'est assez inouï,
  • 10:52 - 10:55
    nous avons trouvé cette hutte
    qui devait être à un garde-chasse
  • 10:55 - 10:58
    — non, pas un garde-chasse—
    un garde forestier.
  • 10:59 - 11:01
    C'était une hutte minuscule.
  • 11:01 - 11:03
    Et en fait elle était pleine
    de vie sauvage.
  • 11:06 - 11:07
    Ce qui se produisait, voyez-vous,
  • 11:07 - 11:12
    c'est que vous ouvriez la porte,
  • 11:13 - 11:15
    et vous entendiez tout ce bruit…
  • 11:19 - 11:22
    et vous allumiez la lumière,
    et ça s'arrêtait.
  • 11:27 - 11:30
    Et là vous voyiez des araignées
    géantes partout sur le mur,
  • 11:30 - 11:33
    chacune avec un insecte
    à demi-dévoré dans la bouche !
  • 11:35 - 11:36
    et là, « Oui ? »
  • 11:41 - 11:43
    Et vous éteigniez la lumière et…
  • 11:46 - 11:48
    C'était donc notre abri,
  • 11:48 - 11:50
    on s'est bien amusés.
  • 11:54 - 11:55
    Et par la suite…
  • 11:55 - 11:57
    Mais une nuit, une nuit,
  • 11:57 - 12:00
    nous étions tous, comme je le disais,
    blottis sous nos bâches,
  • 12:00 - 12:02
    et je suis sorti faire un tour,
  • 12:02 - 12:05
    et subitement, subitement,
    j'ai regardé en l'air, et sur une branche
  • 12:06 - 12:08
    à environ cette hauteur
    au dessus de ma tête
  • 12:08 - 12:11
    une créature émergea.
  • 12:12 - 12:15
    Cette créature avança sur la branche,
  • 12:17 - 12:19
    m'a jeté un regard,
  • 12:20 - 12:23
    et je la regardais,
    et alors qu'elle me contemplait
  • 12:24 - 12:27
    — elle n'a manifestement pas
    du tout aimé ce qu'elle voyait —
  • 12:27 - 12:29
    elle a fait demi-tour et s'en est allée.
  • 12:31 - 12:33
    La rencontre dura une
    dizaine de secondes en tout.
  • 12:34 - 12:36
    Et c'était ce pour quoi nous étions venus.
  • 12:38 - 12:41
    J'avais vraiment vu,
  • 12:41 - 12:45
    — on a tout juste réussi à en prendre
    une photo quand elle est apparue —
  • 12:45 - 12:47
    mais j'ai subitement réalisé
    que nous avions vu un aye-aye.
  • 12:48 - 12:52
    J'étais totalement
    subjugué par cet instant,
  • 12:52 - 12:55
    pour des raisons que je ne
    m'expliquais pas totalement.
  • 12:55 - 12:58
    Parce qu'un mois auparavant je n'avais pas
    même entendu parler de cet animal
  • 12:58 - 13:01
    et me voilà, la fixant du regard,
  • 13:01 - 13:04
    pensant que quelque chose d'extraordinaire
    était en train de se produire.
  • 13:04 - 13:07
    J'ai donc commencé à y réfléchir un peu,
  • 13:07 - 13:09
    et voilà ce qu'il en est ressorti.
  • 13:12 - 13:19
    En voyageant jusque là,
    en prenant un 747 jusqu'à Tananarive,
  • 13:19 - 13:21
    la capitale de Madagascar,
  • 13:21 - 13:23
    puis ce vieux coucou lamentable
  • 13:23 - 13:26
    qui nous a menés jusqu'au coin Nord-Ouest,
  • 13:26 - 13:28
    puis cette série de
    moins en moins excellente
  • 13:28 - 13:30
    de charrettes et de camions,
  • 13:30 - 13:34
    et enfin dans cet énorme épave rouillée
    jusqu'à la forêt tropicale
  • 13:34 - 13:37
    où nous marchions
    à travers la forêt nuit après nuit,
  • 13:37 - 13:40
    c'était comme si nous avions
    fait une sorte de voyage temporel
  • 13:40 - 13:41
    en remontant le temps
  • 13:42 - 13:44
    à travers l'histoire des technologies
    à base de brindilles.
  • 13:46 - 13:49
    Et ce qu'était cette rencontre,
  • 13:49 - 13:52
    ce que ça représentait, c'était que
  • 13:52 - 13:54
    j'étais un singe
    qui regardait un lémurien.
  • 13:55 - 13:56
    Et quand on y pense,
  • 13:56 - 13:59
    il y a une très longue histoire
  • 13:59 - 14:01
    qui mène à ce moment, sans qu'on réalise
  • 14:01 - 14:03
    qu'on la porte en nous.
  • 14:04 - 14:09
    Nos racines sur cette planète
    remontent à très très très longtemps,
  • 14:10 - 14:12
    et on a tendance à ne pas trop y penser.
  • 14:13 - 14:15
    Et il faut une confrontation de cet ordre
  • 14:15 - 14:21
    pour prendre conscience
    de l'ampleur de notre famille.
  • 14:21 - 14:24
    Je me suis dit que
    c'était tout à fait fascinant.
  • 14:25 - 14:30
    J'ai parlé au type
    qui faisait office de guide,
  • 14:30 - 14:32
    un zoologiste qu'on avait envoyé
  • 14:32 - 14:35
    pour s'assurer que je
    ne tomberais pas d'un arbre.
  • 14:35 - 14:39
    Il s'appelait Mark Carwardine,
    et je lui ai dit,
  • 14:41 - 14:43
    « J'aimerais vraiment qu'on puisse…
  • 14:43 - 14:46
    que diriez-vous qu'on aille
    de par le monde
  • 14:46 - 14:48
    à la recherche d'autres espèces rares
    et menacées d'animaux,
  • 14:48 - 14:50
    peut-être pour en faire un livre ? »
  • 14:50 - 14:52
    Il répondit « Eh bien c'est mon métier ! »
  • 14:53 - 14:55
    « Donc oui, d'accord. »
  • 14:56 - 14:58
    Et c'est ce qu'on a fait.
  • 14:58 - 14:59
    Il y a eu une pause à ce moment là
  • 14:59 - 15:03
    parce que je venais d'être
    signé pour quelques romans.
  • 15:03 - 15:07
    j'ai donc écrit Un cheval
    dans la salle de bains
  • 15:07 - 15:09
    et Beau comme un aéroport,
  • 15:09 - 15:11
    et seulement après
    ce fut le moment de partir.
  • 15:12 - 15:16
    Et le premier endroit où nous allâmes,
  • 15:16 - 15:22
    c'était pour un certain lézard,
    à savoir le dragon de Komodo.
  • 15:23 - 15:26
    Bien, vous savez à quoi
    ressemblent les lézards, n'est-ce pas ?
  • 15:26 - 15:28
    je veux dire, ils font environ…
  • 15:31 - 15:34
    Le dragon de Komodo est
    un peu plus grand que ça.
  • 15:37 - 15:43
    Le plus gros que nous ayons vu
    faisait près de quatre mètres de long,
  • 15:45 - 15:46
    sa tête arrivait à peu près ici
  • 15:49 - 15:52
    « un putain de bestiau »,
    selon le terme technique.
  • 15:55 - 15:58
    On pense qu'ils sont à l'origine
    du mythe chinois du dragon
  • 15:58 - 16:02
    — parce qu'ils sont, eh bien, d'énormes
    lézards géants,
  • 16:02 - 16:05
    ils sont couverts d'écailles,
    mangeurs d'hommes,
  • 16:05 - 16:07
    littéralement mangeurs d'hommes,
  • 16:07 - 16:09
    et s'ils ne crachent pas le
    feu à proprement parler,
  • 16:09 - 16:12
    ils sont en revanche dotés de
    la pire haleine connue de l'homme.
  • 16:14 - 16:18
    Et ils vivent sur une île nommée Komodo.
  • 16:19 - 16:22
    Comme si ça ne suffisait pas, il s'avère
  • 16:22 - 16:31
    que cette île comporte mille cinq cent
    dragons mangeurs d'hommes
  • 16:33 - 16:37
    et qu'en réalité l'animal
    le plus menacé de l'île
  • 16:37 - 16:40
    c'est tout sauf les dragons.
  • 16:45 - 16:48
    Et comme je l'ai dit
    ils s'attaquent aux hommes.
  • 16:48 - 16:50
    Ils ne vous dévorent pas immédiatement,
  • 16:50 - 16:53
    ils ne se jettent pas sur
    vous pour vous engloutir.
  • 16:53 - 16:54
    Ils se faufilent en douceur
  • 16:54 - 16:56
    et vous mordent un coup.
  • 16:57 - 17:00
    Mais comme leur salive est très virulente,
  • 17:00 - 17:02
    votre blessure ne guérira pas,
  • 17:02 - 17:05
    et après un moment vous mourrez.
  • 17:05 - 17:07
    Et donc un des dragons pourra vous manger
  • 17:07 - 17:10
    — peu importe que ça ne soit pas
    celui qui vous a mordu—
  • 17:10 - 17:12
    ils se fient simplement à la stratégie
  • 17:12 - 17:15
    d'avoir autant de créature mortes
    et mourantes autour de l'île
  • 17:15 - 17:18
    qu'ils peuvent et ça leur permet de vivre.
  • 17:21 - 17:24
    Comme si ça ne suffisait pas que l'île
  • 17:24 - 17:27
    comporte mille cinq cent
    dragons mangeurs d'hommes,
  • 17:27 - 17:29
    pour rendre les choses
    un peu plus intéressantes,
  • 17:29 - 17:32
    elle dispose également
    de plus de serpents venimeux
  • 17:32 - 17:34
    — par mètre carré de terrain —
  • 17:34 - 17:37
    que n'importe quelle autre
    surface équivalente sur terre.
  • 17:37 - 17:39
    Donc on a approché Komodo
  • 17:40 - 17:42
    — je dois bien le dire —
    assez nerveusement,
  • 17:42 - 17:44
    et de manière légèrement détournée.
  • 17:45 - 17:47
    En fait on l'a approchée
    de manière si détournée
  • 17:47 - 17:50
    qu'on est passés par
    Melbourne en Australie.
  • 17:50 - 17:53
    Et la raison pour laquelle
    nous sommes allés à Melbourne
  • 17:53 - 17:55
    était pour y rencontrer quelqu'un,
  • 17:55 - 17:58
    un certain Dr Struan Sutherland.
  • 17:59 - 18:02
    En fait je voudrais vous lire
    un petit passage à son sujet,
  • 18:02 - 18:08
    c'était un expert renommé
    en venin de serpent.
  • 18:11 - 18:13
    Je devrais d'abord
    m'excuser avant de lire,
  • 18:13 - 18:16
    parce que mon accent australien
    n'est pas très convainquant.
  • 18:17 - 18:18
    Mais après tout peu importe,
  • 18:18 - 18:22
    vous êtes tous américains et
    vous ne ferez pas la moindre différence.
  • 18:34 - 18:35
    Il se trouve à Melbourne un homme
  • 18:35 - 18:38
    qui en connaît probablement
    plus sur les serpents venimeux
  • 18:38 - 18:39
    que quiconque sur terre.
  • 18:40 - 18:42
    Il s'appelle Dr. Struan Sutherland,
  • 18:42 - 18:44
    et a dévoué sa vie entière
  • 18:44 - 18:45
    à l'étude du venin.
  • 18:46 - 18:48
    « Et j'en ai marre d'en parler »,
  • 18:48 - 18:51
    dit-il lorsque nous allâmes
    le voir le matin suivant,
  • 18:51 - 18:52
    bardés de dictaphones et de calepins.
  • 18:52 - 18:55
    « Supporte plus toutes
    ces créatures venimeuses,
  • 18:55 - 18:57
    tous ces serpents, insectes,
    poissons et autres.
  • 18:57 - 18:59
    Fichues bestioles, qui
    mordent tout ce qui bouge.
  • 18:59 - 19:02
    Et après les gens me
    demandent quoi faire.
  • 19:02 - 19:04
    Voilà ce que je leur dis :
    ne vous faites pas mordre.
  • 19:04 - 19:05
    C'est ça la réponse.
  • 19:05 - 19:07
    J'en ai marre de leur dire sans arrêt.
  • 19:07 - 19:10
    L'hydroponie, voilà
    une chose intéressante.
  • 19:10 - 19:12
    J'vous parlerais autant
    que vous voulez de l'hydroponie.
  • 19:12 - 19:13
    Fascinant, ce truc,
  • 19:13 - 19:16
    faire pousser artificiellement
    des plantes dans de l'eau,
  • 19:16 - 19:17
    technique très intéressante.
  • 19:17 - 19:20
    Faudra qu'on sache tout là-dessus
    si on va sur Mars et tout.
  • 19:20 - 19:22
    Vous allez où, déjà ? »
  • 19:22 - 19:22
    « Komodo. »
  • 19:23 - 19:26
    « Ben vous faites pas mordre,
    c'est tout ce que je peux vous dire.
  • 19:29 - 19:32
    Et courez pas me voir si jamais,
    parce que vous n'arriverez pas à temps,
  • 19:33 - 19:36
    et de toutes façons
    j'ai déjà assez à faire.
  • 19:36 - 19:39
    Regardez-moi ce bureau,
    rempli d'animaux venimeux
  • 19:39 - 19:43
    Voyez cet aquarium,
    il est plein de fourmis de feu.
  • 19:43 - 19:45
    Saletés de créatures venimeuses,
    qu'est-ce qu'on y peut ?
  • 19:45 - 19:48
    Enfin bref, j'ai des petites madeleines
    si jamais vous avez faim.
  • 19:48 - 19:49
    Vous en voulez ?
  • 19:49 - 19:51
    Je me souviens plus ce que j'en ai fait.
  • 19:51 - 19:53
    Il y a bien du thé
    mais il n'est pas très bon.
  • 19:53 - 19:55
    Mais bref, asseyez-vous, bon sang.
  • 19:55 - 19:57
    Donc, vous allez à Komodo.
  • 19:57 - 20:00
    Bon, je sais pas pourquoi
    vous faites une chose pareille,
  • 20:00 - 20:02
    mais j'imagine que
    vous avez vos raisons.
  • 20:02 - 20:04
    Il y a quinze types de serpents
    différents sur Komodo,
  • 20:04 - 20:05
    dont la moitié sont venimeux.
  • 20:06 - 20:08
    Les seuls qui sont potentiellement mortels
  • 20:08 - 20:09
    sont la vipère de Russel,
  • 20:09 - 20:12
    la vipère bambou, et le cobra indien.
  • 20:13 - 20:17
    Le cobra indien est le quinzième
    serpent le plus mortel du monde,
  • 20:17 - 20:20
    et les quatorze autres
    sont tous ici en Australie.
  • 20:22 - 20:24
    C'est bien pour ça que j'ai un
    mal fou à trouver du temps
  • 20:24 - 20:28
    pour avancer sur mon hydroponie,
    avec tous ces serpents partout.
  • 20:28 - 20:32
    Et les araignées ! L'araignée la
    plus venimeuse est l'atrax robustus,
  • 20:32 - 20:36
    on a environ cinq cent personnes par an
    qui se font mordre,
  • 20:36 - 20:37
    Beaucoup mouraient,
  • 20:37 - 20:41
    alors j'ai du développer un antidote pour
    qu'on arrête de me déranger tout le temps.
  • 20:42 - 20:45
    Pris un temps fou. Ensuite on a développé
    un kit de détection
  • 20:45 - 20:47
    de morsures de serpents.
  • 20:47 - 20:51
    Non pas qu'il faille un kit pour savoir
    que vous avez été mordu par un serpent
  • 20:51 - 20:54
    vous êtes généralement au courant,
    mais le kit permet de savoir
  • 20:54 - 20:57
    quel type de serpent vous a mordu
    pour vous traiter convenablement.
  • 20:57 - 21:00
    Voulez-vous voir un kit ? J'en ai
    quelques uns dans le frigo à venin.
  • 21:00 - 21:03
    Voyons voir. Ah, voilà, les madeleines
    sont là dedans aussi.
  • 21:03 - 21:06
    Vite, prenez-en tant
    qu'elles sont fraîches.
  • 21:06 - 21:08
    Des madeleines, les ai faites moi-même. »
  • 21:09 - 21:12
    Il distribua les kits de
    détection de venin de serpent
  • 21:12 - 21:16
    et ses madeleines maison,
    et se réfugia derrière son bureau,
  • 21:16 - 21:18
    d'où il nous souriait joyeusement
  • 21:18 - 21:20
    derrière sa barbe bouclée
    et son nœud papillon.
  • 21:20 - 21:23
    Nous admirâmes les kits constitués
    de petites boîtes efficaces
  • 21:23 - 21:27
    proprement remplies de petites bouteilles,
    une pipette, une seringue,
  • 21:27 - 21:28
    et un jeu d'instructions compliquées
  • 21:28 - 21:32
    que je ne voudrais pas avoir à lire
    la première fois dans la panique.
  • 21:33 - 21:37
    Puis nous lui demandâmes par
    combien de serpent il avait été mordu.
  • 21:38 - 21:40
    « Pas un seul », répondit-il.
  • 21:40 - 21:42
    « Une de mes autres spécialités
  • 21:42 - 21:45
    est de faire manier les animaux dangereux
    par d'autres personnes.
  • 21:48 - 21:51
    Le ferais pas moi-même.
    Veux pas être mordu, pas vrai ?
  • 21:51 - 21:54
    Vous savez ce qu'il y a écrit sur
    la couverture de mon livre ?
  • 21:54 - 21:56
    'Passe-temps : jardiner, avec des gants;
  • 21:56 - 21:58
    pêcher, avec des bottes;
  • 21:58 - 21:59
    voyager, avec précaution.'
  • 22:00 - 22:01
    Voilà la réponse. Quoi d'autre ?
  • 22:01 - 22:04
    En plus des bottes, portez des
    pantalons amples et épais.
  • 22:05 - 22:08
    Et préférablement marchez derrière
    une douzaine de personnes
  • 22:08 - 22:10
    faisant autant de bruit que possible.
  • 22:11 - 22:14
    Les serpents ressentent les vibrations
    et libèrent le passage.
  • 22:14 - 22:16
    Sauf si c'est une vipère de la mort,
  • 22:17 - 22:19
    qu'on appelle aussi sourde comme un mort,
  • 22:20 - 22:22
    qui reste là sans bouger.
  • 22:23 - 22:26
    On peut lui marcher par dessus
    sans que rien ne se passe.
  • 22:26 - 22:30
    J'ai entendu parler de douze personnes
    en file indienne qui marchèrent par dessus
  • 22:30 - 22:33
    et la douzième lui a marché dessus
    accidentellement et s'est faite mordre.
  • 22:33 - 22:36
    C'est d'ordinaire assez sûr
    d'être le douzième de la file.
  • 22:36 - 22:38
    Vous ne mangez pas vos madeleines.
  • 22:38 - 22:39
    Allez, avalez-moi ça,
  • 22:39 - 22:41
    il y en a plein d'autres
    dans le frigo à venin. »
  • 22:42 - 22:45
    Nous demandâmes avec hésitation
    si nous pouvions
  • 22:45 - 22:48
    emporter un kit de détection de morsure
    de serpent avec nous sur Komodo.
  • 22:48 - 22:50
    « Sûr, vous pouvez,
  • 22:50 - 22:51
    prenez-en autant que vous voudrez.
  • 22:51 - 22:55
    Vous avancera pas plus, ils ne marchent
    que pour les serpents australiens. »
  • 23:03 - 23:08
    « Alors que faire en cas de morsure par
    animal mortel ? » demandai-je.
  • 23:09 - 23:11
    Il cligna des yeux
    comme si j'étais stupide.
  • 23:12 - 23:15
    « Eh bien que croyez-vous
    que vous ferez ? » dit-il.
  • 23:15 - 23:18
    « Vous mourrez, bien sûr.
    C'est ce que mortel signifie. »
  • 23:25 - 23:29
    « Et si on coupe la plaie et aspire
    le poison ? », demandai-je.
  • 23:30 - 23:33
    « Je n'aimerais pas être
    à votre place », dit-il.
  • 23:33 - 23:35
    « Je ne voudrais pas
    d'une rasade de poison.
  • 23:35 - 23:37
    Devrait pas vous faire de mal, ceci dit,
  • 23:37 - 23:39
    les toxines de serpent ont
    une grande masse moléculaire
  • 23:39 - 23:42
    donc ils ne pénétreront pas
    les veines de la bouche
  • 23:42 - 23:44
    comme l'alcool
    ou certaines drogues.
  • 23:44 - 23:47
    Et ensuite le poison est détruit
    par les acides de l'estomac.
  • 23:47 - 23:49
    Mais ça ne fera pas nécessairement
    grand bien non plus.
  • 23:49 - 23:52
    Vous n'arriverez probablement
    pas à extraire beaucoup de poison,
  • 23:52 - 23:55
    mais vous allez sûrement
    endommager la plaie en essayant.
  • 23:55 - 23:59
    Et dans un endroit comme Komodo, vous
    aurez vite une plaie gravement infectée
  • 23:59 - 24:01
    à gérer, en plus d'une jambe
    pleine de poison.
  • 24:01 - 24:04
    Septicémie, gangrène
    et consorts, ça vous tuera. »
  • 24:05 - 24:07
    « Et si on fait un garrot ? » demandai-je.
  • 24:07 - 24:11
    « Très bien, si ça ne vous embête
    pas de perdre la jambe après.
  • 24:11 - 24:13
    C'est ce qui vous attend
    parce que si vous bloquez
  • 24:13 - 24:15
    complètement l'afflux sanguin,
    elle va nécroser.
  • 24:15 - 24:18
    Et si vous trouvez quelqu'un
    dans cette partie de l'Indonésie
  • 24:18 - 24:21
    en qui vous avez assez confiance
    pour vous couper la jambe
  • 24:21 - 24:23
    alors vous êtes plus courageux que moi.
  • 24:23 - 24:25
    Non, la seule chose
    que vous pouvez faire,
  • 24:25 - 24:28
    c'est d'appliquer un bandage de
    compression sur la plaie
  • 24:28 - 24:30
    et envelopper fermement la jambe,
    mais pas trop.
  • 24:30 - 24:34
    Ralentissez l'afflux sanguin mais ne
    le bloquez pas ou vous perdrez la jambe.
  • 24:35 - 24:38
    Tenez la jambe, ou la partie mordue,
  • 24:38 - 24:40
    plus basse que le cœur et la tête.
  • 24:40 - 24:44
    Restez totalement immobile,
  • 24:44 - 24:47
    respirez lentement,
  • 24:47 - 24:50
    et voyez un docteur immédiatement.
  • 24:51 - 24:53
    Si vous êtes sur Komodo
    ça veut dire pas avant deux jours,
  • 24:53 - 24:56
    à ce point là vous serez raide mort.
  • 24:57 - 24:59
    Non, la seule réponse, et je dis
    ça très sérieusement,
  • 24:59 - 25:01
    c'est : ne vous faites pas mordre.
  • 25:03 - 25:04
    Il n'y pas de raison que ça arrive.
  • 25:04 - 25:07
    Tous les serpents s'écarteront
    de votre chemin
  • 25:07 - 25:08
    bien avant que vous les voyiez.
  • 25:08 - 25:12
    Vous n'avez pas à vous inquiéter des
    serpents si vous faites attention.
  • 25:12 - 25:15
    Non, ce qui devrait vraiment vous
    inquiéter ce sont les créatures marines. »
  • 25:15 - 25:17
    « Quoi ? »
  • 25:18 - 25:21
    « Rascasses, poissons-pierre,
    serpents marins.
  • 25:21 - 25:23
    Bien plus venimeux que
    tout ce qu'il y a sur terre.
  • 25:23 - 25:27
    Faites vous piquer par un poisson-pierre
    et la douleur vous tuera à elle seule.
  • 25:27 - 25:30
    Certains se noient juste
    pour arrêter la douleur. »
  • 25:36 - 25:39
    « Où sont toutes ces choses ? »
  • 25:39 - 25:41
    « Oh, seulement dans la mer. Des tonnes.
  • 25:41 - 25:43
    Je m'en approcherais pas si j'étais vous.
  • 25:43 - 25:45
    Pleine d'animaux venimeux. Les déteste. »
  • 25:45 - 25:47
    « Y a-t-il des choses que vous aimez ? »
  • 25:47 - 25:49
    « Oui », dit-il, « L'hydroponie. »
  • 25:54 - 25:57
    « Non », dis-je, « y a-t-il
    des animaux venimeux
  • 25:57 - 26:00
    auxquels vous soyez
    particulièrement attaché ? »
  • 26:00 - 26:02
    Il regarda à travers la fenêtre un moment.
  • 26:02 - 26:04
    « Autrefois », dit-il, 
    « mais elle m'a quitté. »
  • 26:21 - 26:25
    Enfin, l'animal que je préfère de tous
    ceux que nous sommes allés voir,
  • 26:25 - 26:28
    mon préféré, était
    un animal appelé kakapo.
  • 26:30 - 26:32
    Et le kakapo est un genre de perroquet.
  • 26:34 - 26:35
    Il vit en Nouvelle Zélande.
  • 26:36 - 26:41
    C'est un perroquet ratite,
    il a oublié comment voler.
  • 26:44 - 26:49
    Malheureusement, il a également oublié
    qu'il a oublié comment voler.
  • 26:56 - 27:05
    Donc un kakapo gravement inquiet pourrait
    grimper à un arbre et en sauter.
  • 27:10 - 27:13
    On est partagé sur ce
    qui se produit ensuite :
  • 27:14 - 27:19
    certains disent qu'il a développé un genre
    d'aptitude rudimentaire au parachutisme,
  • 27:20 - 27:23
    d'autres disent qu'il vole
    un peu comme une brique.
  • 27:25 - 27:26
    Mais en réalité
  • 27:26 - 27:28
    — je vous ai parlé d'un
    kakapo gravement inquiet—
  • 27:28 - 27:32
    le fait est que vous aurez du mal à
    trouver un kakapo gravement inquiet
  • 27:32 - 27:35
    parce que les kakapos n'ont
    pas appris à s'inquiéter.
  • 27:37 - 27:39
    Cela semble une chose incroyable à dire
  • 27:39 - 27:42
    parce que nous sommes tous
    très doués pour l'inquiétude
  • 27:43 - 27:45
    et que celle ci nous
    vient très naturellement,
  • 27:45 - 27:48
    nous pensons que ce doit
    être aussi naturel que de respirer.
  • 27:48 - 27:50
    Mais il s'avère que s'inquiéter
  • 27:50 - 27:54
    est tout simplement une habitude
    qui s'acquiert comme tout autre chose.
  • 27:57 - 28:01
    Vous êtes disposé génétiquement
    à le faire ou ne pas le faire.
  • 28:02 - 28:06
    Et comme le kakapo s'est développé
    en Nouvelle Zélande
  • 28:07 - 28:14
    qui était, jusqu'à ce que l'homme arrive,
    un pays qui n'avait aucun prédateur.
  • 28:15 - 28:17
    Et ce sont les prédateurs qui,
    au fil des générations,
  • 28:17 - 28:20
    vous apprendront à vous inquiéter.
  • 28:21 - 28:26
    Et si vous n'avez pas de prédateur, alors
    vous n'aurez pas besoin de vous inquiéter.
  • 28:28 - 28:31
    Comme je l'ai dit plus tôt,
    la Nouvelle Zélande s'avère
  • 28:31 - 28:35
    n'être qu'un tas de saletés qui a
    émergé des profondeurs de l'océan.
  • 28:35 - 28:36
    Et c'est pourquoi, lorsqu'elle a émergé,
  • 28:36 - 28:40
    aucune faune ne s'y trouvait
    — peut-être quelques poissons morts.
  • 28:46 - 28:48
    Donc les seuls animaux qui
    vivaient en Nouvelle Zélande
  • 28:48 - 28:52
    étaient les animaux qui ont pu voler
    jusque là, à savoir les oiseaux.
  • 28:52 - 28:54
    Il y a également quelques
    espèces de chauves-souris
  • 28:54 - 28:57
    qui sont des mammifères,
    mais vous comprenez l'idée.
  • 28:57 - 28:59
    Donc seuls les oiseaux vivaient
    en Nouvelle Zélande.
  • 29:00 - 29:02
    Et, en l'absence de prédateurs,
  • 29:03 - 29:06
    ils n'avaient pas à s'inquiéter.
  • 29:07 - 29:09
    Ce qui est assez compliqué
    à imaginer pour nous
  • 29:10 - 29:17
    parce que nous n'avons jamais rencontré
    d'environnement dépourvu de prédateurs.
  • 29:17 - 29:19
    Pourquoi pas ? Parce que nous sommes
    des prédateurs
  • 29:19 - 29:22
    et qu'en conséquence,
    si nous nous trouvons
  • 29:22 - 29:24
    dans cet environnement,
    celui-ci contient des prédateurs.
  • 29:27 - 29:31
    Pour les européens qui arrivèrent
    originellement en Nouvelle Zélande
  • 29:35 - 29:38
    … pardon, c'était maladroit de ma part.
  • 29:39 - 29:42
    Bien évidemment, il y avait
    avant eux les Māoris
  • 29:42 - 29:48
    et encore avant les Morioris, les
    Māoris ont mangé les Morioris
  • 29:50 - 29:53
    et ensuite les européens sont arrivés.
  • 29:54 - 29:58
    Mais avant que tout cela se produise,
    comme je le disais,
  • 29:58 - 30:05
    l'île ne comportait aucun prédateur, et
    les oiseaux menaient une vie tranquille.
  • 30:05 - 30:09
    Vous pouvez trouver un autre example
    de cela si vous allez au Galapagos,
  • 30:09 - 30:12
    Il se trouve un autre type d'animal,
    un type d'oiseau sur les îles Galapagos,
  • 30:13 - 30:14
    appelé fou à pieds bleus.
  • 30:15 - 30:19
    Et le fou à pieds bleus s'appelle ainsi
    — je pense — pour deux raisons :
  • 30:19 - 30:22
    l'une qui a à voir
    avec la couleur de ses pieds,
  • 30:23 - 30:26
    et l'autre qui concerne
    le comportement suivant.
  • 30:26 - 30:29
    Parce qu'apparemment, vous pouvez
    vous approcher d'un fou à pieds bleus
  • 30:29 - 30:32
    — installé là sur la plage
    ou sur une branche —
  • 30:32 - 30:36
    vous pouvez vous approcher
    et simplement le soulever.
  • 30:37 - 30:39
    Et ce que le fou pensera,
  • 30:40 - 30:43
    c'est qu'une fois que vous en
    aurez fini avec lui vous le reposerez.
  • 30:54 - 30:55
    Et si vous n'avez pas vécu
  • 30:55 - 30:59
    avec des générations et des générations
    de gens qui cherchent à vous manger,
  • 30:59 - 31:01
    on en vient très facilement
    à cette conclusion.
  • 31:02 - 31:05
    Donc le kakapo, comme je le disais,
  • 31:05 - 31:09
    s'était développé dans un
    environnement sans prédateur.
  • 31:09 - 31:11
    Et parce qu'ils étaient tous des oiseaux,
  • 31:11 - 31:17
    et parce que la nature
    est très opportuniste,
  • 31:17 - 31:21
    et que la vie s'infiltrera dans le moindre
    interstice où elle peut exister,
  • 31:22 - 31:25
    donc — si je peux être très osé et faire
    de l'anthropomorphisme un instant —
  • 31:25 - 31:27
    c'est comme si les
    oiseaux avaient réalisé,
  • 31:27 - 31:32
    « Bon, cette histoire de
    vol est très coûteuse.
  • 31:32 - 31:33
    Ça prend beaucoup d'énergie,
  • 31:33 - 31:35
    on doit manger un peu, voler un peu
  • 31:35 - 31:36
    voler un peu, manger un peu,
  • 31:36 - 31:38
    parce qu'à chaque fois qu'on
    mange un truc
  • 31:38 - 31:40
    on est plus lourds
    et c'est plus fatiguant de voler,
  • 31:40 - 31:43
    il doit bien y avoir
    d'autres façons de vivre. »
  • 31:43 - 31:45
    Et donc c'est comme si
    certains oiseaux disaient,
  • 31:45 - 31:49
    « En fait, ce qu'on pourrait faire, c'est
    prendre un plus gros repas,
  • 31:49 - 31:51
    et faire une dandinade après. »
  • 31:56 - 31:59
    Et donc graduellement sur des générations
  • 31:59 - 32:02
    nombre d'oiseaux ont
    perdu la faculté de voler.
  • 32:02 - 32:03
    Ils ont embrassé la vie terrienne.
  • 32:04 - 32:07
    Le kiwi, —je suppose— l'oiseau le plus
    célèbre de Nouvelle Zélande
  • 32:07 - 32:13
    et le weka, et le vieux perroquet nocturne
    — comme on l'appelle — le kakapo.
  • 32:14 - 32:20
    Qui est cette espèce d'oiseau gros, gras,
    doux, duveteux et lugubre.
  • 32:21 - 32:25
    Et parce qu'il n'a jamais
    appris à s'inquiéter,
  • 32:26 - 32:28
    lorsque l'Homme est arrivé avec
  • 32:28 - 32:33
    sa ménagerie mortelle de
    chiens, chats, et hermines,
  • 32:33 - 32:37
    et l'animal le plus destructeur de tous
  • 32:37 - 32:41
    — hormis l'Homme— à savoir rattus rattus,
    le rat du navire,
  • 32:42 - 32:47
    Subitement, ces oiseaux se
    dandinaient à toutes jambes.
  • 32:48 - 32:51
    À ceci près qu'ils ne savaient
    même pas comment faire
  • 32:51 - 32:54
    parce qu'une fois confrontés
    à un animal prédateur,
  • 32:54 - 32:55
    ils ignoraient quoi faire,
  • 32:55 - 32:57
    ils ne connaissaient pas le protocole,
  • 32:57 - 33:00
    ils attendaient simplement que
    l'autre animal fasse le geste suivant,
  • 33:00 - 33:03
    et bien sûr — comme attendu —
    celui-ci était rapide et mortel.
  • 33:07 - 33:11
    On est donc passé subitement
    d'une population de
  • 33:11 - 33:13
    — on ne sait pas exactement combien —
  • 33:13 - 33:15
    vraisemblablement moins d'un million,
  • 33:15 - 33:17
    mais de centaines de
    milliers de ces oiseaux,
  • 33:17 - 33:22
    leur population a chuté à un taux
    incroyable vers la petite quarantaine.
  • 33:22 - 33:27
    Ce qui constitue grossièrement
    la population actuelle.
  • 33:28 - 33:34
    Et donc il y a des groupes de personnes
    qui ont voué leurs vies entières
  • 33:35 - 33:38
    à essayer de sauver ces animaux,
    et de les conserver.
  • 33:39 - 33:42
    Et l'un des problèmes
    qu'ils ont rencontrés
  • 33:42 - 33:45
    est que bien qu'il soit très bon
    de simplement les protéger
  • 33:45 - 33:49
    —des prédateurs—
    ce qui est très très difficile.
  • 33:49 - 33:52
    Mais le problème suivant
    qu'ils ont rencontré
  • 33:52 - 33:56
    c'est les mœurs nuptiales du kakapo.
  • 33:56 - 33:59
    Parce qu'il s'avère
    que ses mœurs nuptiales
  • 33:59 - 34:01
    n'en finissent incroyablement pas,
  • 34:01 - 34:03
    sont fantastiquement compliquées,
  • 34:03 - 34:05
    et quasi-complètement inefficaces.
  • 34:09 - 34:12
    Certains vous diraient
    que l'appel du kakapo mâle
  • 34:12 - 34:15
    repousse activement le kakapo femelle,
  • 34:15 - 34:17
    ce qui est le genre de comportement
  • 34:17 - 34:20
    qu'on ne trouverait par ailleurs
    que dans les discothèques.
  • 34:26 - 34:30
    Les personnes qui ont entendu
    l'appel du kakapo mâle
  • 34:31 - 34:36
    vous diront qu'on ne peut
    qu'à peine l'entendre
  • 34:36 - 34:41
    c'est comme une espèce de…
    je vais vous dire ce qu'ils font.
  • 34:42 - 34:47
    Cet animal, durant
    une centaine de nuit dans l'année,
  • 34:48 - 34:50
    va suivre son rituel nuptial.
  • 34:50 - 34:54
    Et ce qu'il fait, c'est de trouver
    un grand affleurement rocailleux
  • 34:56 - 35:00
    dominant les grandes vallées
    déferlantes de Nouvelle Zélande,
  • 35:00 - 35:03
    parce que l'acoustique est très
    importante pour ce qui va se produire.
  • 35:07 - 35:11
    Il creuse une espèce
    de bol dans lequel il se tient.
  • 35:12 - 35:13
    Et il se tient là,
  • 35:14 - 35:19
    et il remplit ces espèces de
    sacs d'air qu'il a sur le torse.
  • 35:20 - 35:21
    Et il se tient là
  • 35:22 - 35:26
    — et ce sont des caisses de résonance —
  • 35:26 - 35:30
    et il se tient là, nuit après nuit
  • 35:30 - 35:32
    durant une centaine de nuit dans l'année,
  • 35:32 - 35:33
    pendant huit heures d'affilée,
  • 35:33 - 35:37
    il joue les premières mesures
    de Dark Side of the Moon.
  • 35:45 - 35:50
    Je vois qu'il y a des
    cheveux gris parmi vous
  • 35:50 - 35:53
    donc vous voyez de quel album je parle.
  • 35:53 - 35:56
    Qui, comme vous vous en
    souvenez, commence par
  • 35:56 - 35:59
    cet espèce de grand boum, boum, boum,
  • 36:00 - 36:02
    c'est le son d'un battement de cœur.
  • 36:02 - 36:05
    Et c'est le bruit que fait le kakapo.
  • 36:06 - 36:08
    Mais le son est tellement grave
  • 36:08 - 36:12
    que vous le ressentez plus comme un
    tremblement dans le creux de l'estomac.
  • 36:12 - 36:15
    Vous pouvez à peine l'entendre.
  • 36:15 - 36:17
    Je n'ai jamais pu l'entendre moi-même,
  • 36:17 - 36:23
    mais ceux qui l'ont pu,
    disent que c'est un son très étrange
  • 36:23 - 36:27
    parce que vous ne l'entendez pas
    vraiment, vous le ressentez plus.
  • 36:27 - 36:32
    Et c'est un son grave.
  • 36:33 - 36:35
    C'est un son très très grave de basse,
  • 36:35 - 36:37
    juste en dessous de notre
    capacité à l'entendre
  • 36:37 - 36:40
    Il se trouve que les sons graves
    ont deux caractéristiques importantes.
  • 36:41 - 36:47
    La première est que ces ondes très longues
  • 36:47 - 36:50
    ces ondes sonores très longues
    traversent de grandes distances,
  • 36:50 - 36:54
    et remplissent les grandes vallées de
    l'île méridionale de la Nouvelle Zélande.
  • 36:54 - 36:57
    Ce qui est une bonne chose.
    C'est une bonne chose.
  • 36:58 - 37:03
    Mais l'autre caractéristique
    des sons graves,
  • 37:03 - 37:05
    avec laquelle vous êtes
    peut-être familiers,
  • 37:05 - 37:08
    si vous avez ces enceintes
    stéréo qu'on peut trouver.
  • 37:09 - 37:12
    Vous avez deux tout petits haut-parleurs
    qui vous donnent les aigus,
  • 37:12 - 37:16
    et vous devez les placer très
    précautionneusement dans la pièce,
  • 37:16 - 37:18
    parce qu'ils vont définir
    votre paysage stéréo.
  • 37:19 - 37:21
    Et puis vous avez celui connu
    sous le nom de subwoofer
  • 37:21 - 37:25
    qui se charge des sons graves,
  • 37:25 - 37:29
    et vous pouvez le mettre
    n'importe où dans la pièce.
  • 37:29 - 37:32
    Vous pouvez le mettre derrière
    le canapé si vous voulez,
  • 37:32 - 37:34
    parce que l'autre caractéristique
    des sons graves
  • 37:34 - 37:37
    — et rappelez vous qu'on parle ici
    de l'appel du kakapo mâle —
  • 37:37 - 37:40
    c'est qu'on ne peut pas
    déterminer sa provenance !
  • 37:54 - 37:55
    Imaginez donc,
  • 37:57 - 38:00
    le kakapo mâle qui se tient là,
  • 38:01 - 38:06
    faisant ce grondement qui,
  • 38:06 - 38:12
    s'il y a une femelle par là
    —probablement pas—
  • 38:12 - 38:16
    et si elle aime ce grondement
    —probablement pas—
  • 38:18 - 38:21
    alors elle ne peut même pas trouver
    la personne qui le produit !
  • 38:24 - 38:25
    Mais en supposant qu'elle le soit,
  • 38:25 - 38:28
    en supposant qu'elle soit par là
    —probablement pas—
  • 38:28 - 38:31
    et qu'elle aime son grondement
    —probablement pas—
  • 38:31 - 38:33
    en supposant qu'elle le trouve
    —probablement pas—
  • 38:34 - 38:39
    elle ne consentira à s'accoupler que
    si le podocarpus porte des fruits !
  • 38:47 - 38:49
    Bon, on a tous eu des relations comme ça…
  • 39:01 - 39:06
    Mais en supposant qu'ils
    traversent tous ces obstacles,
  • 39:06 - 39:08
    en supposant qu'elle
    parvienne à le trouver,
  • 39:09 - 39:13
    elle ne pondra qu'un œuf
    tous les deux ou trois ans
  • 39:14 - 39:16
    qui sera rapidement gobé
    par une hermine ou un rat.
  • 39:17 - 39:19
    Et vous devez penser à ce stade
  • 39:19 - 39:22
    —avant même d'essayer de
    les sauver et de les conserver—
  • 39:22 - 39:25
    comment diable sont-ils
    parvenus à survivre jusqu'ici !
  • 39:27 - 39:33
    Et la réponse est
    particulièrement intéressante :
  • 39:34 - 39:37
    cela nous paraît un comportement absurde,
  • 39:39 - 39:42
    mais c'est uniquement parce que
    l'environnement a changé
  • 39:42 - 39:45
    d'une façon particulière et dramatique
  • 39:45 - 39:47
    qui nous est totalement imperceptible.
  • 39:48 - 39:52
    Et ce comportement est parfaitement
    adapté à l'environnement
  • 39:52 - 39:54
    dans lequel il s'est développé,
  • 39:54 - 39:58
    et complètement inadapté à celui
    dans lequel il se trouve maintenant.
  • 39:59 - 40:04
    Parce que dans un environnement
    où rien n'essaye de vous tuer,
  • 40:05 - 40:07
    vous évitez de vous reproduire trop vite.
  • 40:10 - 40:13
    Et il se trouve qu'on peut le
    simuler sur un ordinateur.
  • 40:14 - 40:18
    Si vous avez un taux de
    reproduction donné,
  • 40:19 - 40:24
    et que vous prenez la capacité
    de tout environnement
  • 40:24 - 40:26
    à subvenir aux besoins
    d'une population donnée,
  • 40:28 - 40:31
    et que vous commencez par un taux
    de reproduction assez faible,
  • 40:31 - 40:33
    et que vous le tracez
    sur plusieurs générations
  • 40:33 - 40:36
    vous verrez que la population
    grimpe de plus en plus
  • 40:36 - 40:39
    pour finir par se stabiliser
    sur un joli plateau.
  • 40:39 - 40:41
    Augmentez un peu le taux de reproduction,
  • 40:41 - 40:43
    et elle grimpe un peu plus haut,
  • 40:43 - 40:46
    et puis elle se stabilise et s'équilibre.
  • 40:47 - 40:49
    Augmentez encore un peu
    le taux de reproduction,
  • 40:49 - 40:52
    et elle grimpe, et va trop haut,
  • 40:52 - 40:54
    et redescend, et va trop bas,
  • 40:54 - 40:57
    regrimpe trop haut, et se stabilise
    sur une onde sinusoïdale.
  • 40:58 - 41:02
    Augmentez encore, et elle oscillera
    entre quatre valeurs différentes.
  • 41:02 - 41:04
    Augmentez encore et encore,
  • 41:04 - 41:07
    et vous atteindrez subitement la condition
    terriblement chic nommée chaos.
  • 41:08 - 41:16
    Où la population de l'animal bascule
    violemment d'une année sur l'autre,
  • 41:17 - 41:19
    et finira par atteindre zéro à un moment
  • 41:19 - 41:22
    rien que par les simples
    mathématiques de la situation.
  • 41:22 - 41:26
    Et une fois que vous atteignez zéro,
    il n'y a plus vraiment de retour possible.
  • 41:27 - 41:30
    Et donc, parce que la nature tend
    à être très parcimonieuse
  • 41:31 - 41:35
    elle ne va pas mettre de
    l'énergie et des ressources
  • 41:35 - 41:37
    sur quelque chose voué à disparaître.
  • 41:37 - 41:46
    Donc le taux de reproduction d'un animal
    dans un environnement sans prédateur
  • 41:46 - 41:51
    s'ajustera à un niveau de
    reproduction approprié.
  • 41:51 - 41:54
    Donc, s'il n'y a rien qui essaye
    particulièrement de vous manger,
  • 41:54 - 41:56
    alors ce taux de reproduction
    sera très bas.
  • 41:57 - 42:00
    Et c'est celui auquel le
    kakapo se reproduisait,
  • 42:00 - 42:04
    et continue de se reproduire bien qu'il
    soit désormais victime de prédateurs,
  • 42:04 - 42:06
    parce qu'il ne sait pas mieux faire.
  • 42:06 - 42:10
    Parce que rien ne lui a appris
    à faire autrement jusque là,
  • 42:10 - 42:13
    parce que ce changement
    s'est produit si soudainement,
  • 42:13 - 42:15
    qu'il n'y a pas de pente,
  • 42:15 - 42:19
    il n'y a pas de pente de
    pression évolutive graduelle
  • 42:19 - 42:22
    ce qui est la chose qui tend
    à apporter le changement.
  • 42:22 - 42:24
    Si vous avez un changement
    dramatique et soudain,
  • 42:24 - 42:28
    alors il n'y a aucune orientation et
    vous avez simplement un désastre.
  • 42:28 - 42:32
    Donc, si je peux encore verser dans
    l'anthropomorphisme un moment,
  • 42:32 - 42:39
    ce qui semble s'être produit,
    c'est que l'animal
  • 42:40 - 42:42
    qui atteint soudainement une
    crise de population pense,
  • 42:42 - 42:44
    « Ouah ! Je ferais bien de faire
  • 42:44 - 42:47
    ce que je fais parfaitement bien,
    faire ce qui est mon truc,
  • 42:47 - 42:49
    à savoir me reproduire
    très très lentement ! »
  • 42:50 - 42:51
    Et sa population s'effondre.
  • 42:51 - 42:54
    « Bon, je ferais bien de
    vraiment faire mon truc,
  • 42:54 - 42:56
    et me reproduire très très
    très très lentement ! »
  • 42:56 - 43:03
    Et ça nous paraît absurde parce
    qu'on peut voir plus loin qu'eux.
  • 43:04 - 43:11
    Mais si c'est le genre de comportement
    qui vous a permis d'évoluer avec succès,
  • 43:11 - 43:14
    alors faire quoi que ce soit d'autre
    irait à l'encontre de la nature du kakapo,
  • 43:14 - 43:17
    ce serait antikakapoesque.
  • 43:19 - 43:26
    Et il n'a rien pour lui enseigner de faire
    autrement que ce qu'il a toujours fait,
  • 43:26 - 43:28
    de suivre sa stratégie fructueuse,
  • 43:28 - 43:30
    et parce que les temps
    ont changé autour de lui,
  • 43:30 - 43:34
    ça n'est plus une stratégie fructueuse,
    et l'animal est en grand danger.
  • 43:37 - 43:40
    Il y a un autre animal que
    nous sommes allés trouver,
  • 43:40 - 43:43
    qui se trouve encore plus mal à présent.
  • 43:44 - 43:50
    Il s'agit du Baiji, le dauphin
    du Yang-Tsé-Kiang,
  • 43:51 - 43:55
    qui est un dauphin fluvial
    quasiment aveugle.
  • 43:56 - 43:58
    La raison pour laquelle
    il est quasiment aveugle,
  • 43:58 - 44:01
    est qu'il n'y a rien à voir
    dans le Yang-Tsé-Kiang.
  • 44:04 - 44:07
    Des milliers et des milliers
    d'années d'agriculture
  • 44:08 - 44:09
    au long des berges du Yang-Tsé-Kiang
  • 44:09 - 44:13
    ont délavé dedans tant de boue et de vase,
  • 44:14 - 44:16
    que le fleuve est devenu
    totalement turbide,
  • 44:17 - 44:19
    un mot dont j'ignorais le sens
  • 44:19 - 44:21
    avant d'avoir vu le Yang-Tsé-Kiang,
  • 44:21 - 44:23
    et en gros on ne peut rien voir dedans.
  • 44:25 - 44:29
    Donc ces animaux, ces dauphins,
  • 44:29 - 44:34
    ont graduellement abandonné
    l'usage de la vue.
  • 44:34 - 44:39
    Comme nous le savons tous,
    les mammifères marins disposent
  • 44:39 - 44:42
    également d'une autre faculté,
  • 44:42 - 44:45
    qu'ils peuvent développer,
    à savoir celle du son.
  • 44:45 - 44:51
    Et donc pour le dauphin du Yang-Tsé-Kiang
    au cours des millénaires,
  • 44:51 - 44:54
    tandis que leur vue se détériorait,
  • 44:54 - 45:01
    leur capacité au sonar est devenue
    de plus en plus sophistiquée,
  • 45:01 - 45:03
    plus puissante et plus complexe.
  • 45:03 - 45:07
    Et c'est très intéressant, vous pouvez
    réellement observer
  • 45:08 - 45:11
    le développement d'un fœtus de baiji,
  • 45:13 - 45:17
    et vous verrez — comme vous
    le savez peut-être —
  • 45:17 - 45:20
    il y a une certaine validité dans l'idée
  • 45:21 - 45:26
    que le développement du fœtus
    récapitule les étapes
  • 45:26 - 45:28
    dans le développement
    évolutif d'un animal.
  • 45:28 - 45:31
    Et vous verrez, juste au début
    du développement du fœtus,
  • 45:31 - 45:34
    que les yeux sont dans leur position
    normale pour un dauphin,
  • 45:34 - 45:37
    à savoir assez bas sur
    les côtés de la tête.
  • 45:37 - 45:40
    Et graduellement, alors que les
    générations se sont succédées,
  • 45:40 - 45:43
    ses yeux ont en quelque sorte
    migré vers le haut de la tête,
  • 45:43 - 45:46
    et vous pouvez observer cela
    durant le développement du fœtus.
  • 45:46 - 45:49
    Parce que graduellement,
    au fil des générations,
  • 45:49 - 45:52
    sa seule source de lumière
    venait directement d'au dessus
  • 45:52 - 45:54
    et il n'y avait pas de
    lumière ambiante, et enfin,
  • 45:54 - 45:57
    alors que cela aussi
    finit par disparaître,
  • 45:57 - 46:00
    les yeux se sont atrophiés graduellement
    en conséquence.
  • 46:00 - 46:04
    Et le sonar a pris le relai à la place.
  • 46:04 - 46:08
    Et ces animaux ont développé des
    capacités incroyablement sensibles,
  • 46:08 - 46:12
    et incroyablement précise, pour se diriger
  • 46:12 - 46:14
    dans l'eau en utilisant
    seulement le sonar.
  • 46:15 - 46:17
    Et tout se passait pour le mieux.
  • 46:18 - 46:21
    Jusqu'au vingtième siècle, quand l'Homme
    invente le moteur diesel.
  • 46:23 - 46:26
    Et subitement c'est l'enfer
    qui se déchaîne
  • 46:26 - 46:28
    sous la surface du Yang-Tsé-Kiang,
  • 46:28 - 46:30
    parce qu'il est subitement
    rempli de bruit.
  • 46:31 - 46:35
    Et donc subitement, ces animaux se
  • 46:35 - 46:38
    retrouvent pris au piège
    dans une chose qu'ils ne
  • 46:38 - 46:40
    — que personne n'avait
    aucun moyen de prévoir —
  • 46:40 - 46:42
    que ce dont ils dépendaient désormais
  • 46:42 - 46:43
    était totalement anéanti
  • 46:43 - 46:47
    par la pollution sonore qu'on
    a mis dans les océans.
  • 46:47 - 46:51
    Et subitement ces animaux
  • 46:51 - 46:53
    qui étaient si sophistiqués
  • 46:53 - 46:55
    dans leur capacités à se diriger,
  • 46:55 - 46:58
    se retrouvent à se cogner n'importe où,
    contre les bateaux,
  • 46:58 - 46:59
    contre les hélices des bateaux,
  • 46:59 - 47:03
    à se retrouver emprisonnés
    dans les filets de pêcheur etc.
  • 47:03 - 47:06
    parce qu'on a en gros ruiné
    la dernière de leurs facultés.
  • 47:08 - 47:10
    Et c'est un sentiment très étrange,
  • 47:11 - 47:18
    je me souviens être assis sur un
    bateau sur le Yang-Tsé-Kiang
  • 47:19 - 47:20
    essayant de regarder
  • 47:20 - 47:24
    — ce qu'on ne pouvait faire parce qu'il
    est turbide comme vous vous en souvenez —
  • 47:24 - 47:30
    et réalisant que tout ce bruit
    là dessous voulait dire que…
  • 47:31 - 47:34
    C'est très curieux de penser que
  • 47:34 - 47:37
    un dauphin aurait pu
    se trouver là tout près
  • 47:37 - 47:40
    — je n'en savais rien, à ce stade là,
    c'était il y a une dizaine d'années,
  • 47:40 - 47:42
    il n'en restait que deux cents
  • 47:42 - 47:45
    dans un bras d'eau d'environ
    300 kilomètres de long,
  • 47:45 - 47:47
    on ignorait donc s'il s'en
    trouvait un dans les parages—
  • 47:47 - 47:51
    mais c'est curieux parce que
    vous vous dites que si vous
  • 47:51 - 47:55
    et une autre personne,
    une autre créature, vous retrouvez
  • 47:55 - 47:59
    dans le même monde, alors vous
    devez ressentir à peu près la même chose.
  • 47:59 - 48:01
    Mais l'une des choses
    dont vous prenez conscience
  • 48:01 - 48:06
    en observant différents animaux c'est
    qu'à cause de leur histoire évolutive,
  • 48:06 - 48:09
    et à cause des façons
    dont ils se sont développés,
  • 48:10 - 48:13
    et des moyens qu'ils ont
    de percevoir le monde,
  • 48:13 - 48:16
    ils ont beau habiter le même monde,
  • 48:16 - 48:19
    ils n'en vivent pas moins dans
    un univers radicalement différent.
  • 48:19 - 48:22
    Un univers réellement différent,
    parce que vous créez
  • 48:22 - 48:28
    votre propre univers à partir des données
    sensorielles qui vous parviennent.
  • 48:28 - 48:34
    Donc, vous réalisez que vous êtes là,
    et qu'un dauphin est là,
  • 48:34 - 48:38
    et que tout va bien pour vous, tandis que
    le dauphin pourrait bien vivre l'enfer.
  • 48:39 - 48:41
    Mais il n'a aucun moyen
    de vous le communiquer
  • 48:41 - 48:45
    parce que disons que
    nous avons pris le contrôle
  • 48:45 - 48:48
    et il n'y a aucun moyen
    de signifier à la direction
  • 48:48 - 48:50
    qu'il y'a un problème.
  • 48:54 - 49:00
    Donc, je me suis subitement intéressé
    à l'environnement sonore
  • 49:00 - 49:02
    dans le Yang-Tsé-Kiang.
  • 49:03 - 49:08
    Il se trouve que nous étions venus
    enregistrer des émissions pour la BBC,
  • 49:08 - 49:11
    et donc en plus du zoologiste
    Mark Carwardine,
  • 49:11 - 49:14
    nous avions également avec nous
    un ingénieur du son de la BBC.
  • 49:14 - 49:15
    Je lui ai donc dit,
  • 49:16 - 49:19
    « Pourrions-nous immerger
    un micro dans le Yang-Tsé
  • 49:19 - 49:22
    pour voir ce qu'on y entend ? »
  • 49:23 - 49:24
    Et il a dit,
  • 49:25 - 49:28
    « J'aurais préféré que vous me demandiez
    ça avant de quitter Londres. »
  • 49:28 - 49:30
    Et je lui ai dit « Pourquoi ? »
  • 49:30 - 49:32
    Et il a dit, « Eh bien,
    j'aurais pu y prendre
  • 49:32 - 49:34
    un micro étanche mais bon,
  • 49:34 - 49:37
    vous n'avez pas parlé
    d'enregistrer sous l'eau. »
  • 49:38 - 49:41
    Et j'ai dit, « Non, en effet. Peut-on
    y faire quelque chose ? »
  • 49:41 - 49:45
    Et il a dit « Eh bien, il y a bien
    une technique
  • 49:45 - 49:49
    qu'on nous enseigne à la BBC pour
    enregistrer sous l'eau en cas d'urgence.
  • 49:57 - 50:00
    L'un de vous a-t-il des
    préservatifs sur lui ? »
  • 50:02 - 50:05
    Nous n'en avions pas.
    Ce n'était pas ce genre de voyage.
  • 50:09 - 50:12
    Mais nous avons décidé que
    nous ferions bien d'en acheter.
  • 50:12 - 50:16
    Et nous voilà dans les rues de Shanghai,
    tentant d'acheter des préservatifs,
  • 50:16 - 50:19
    et je voudrais vous lire
    un passage à ce sujet.
  • 50:27 - 50:31
    Le Magasin de l'Amitié semblait un endroit
    prometteur pour acheter des préservatifs,
  • 50:31 - 50:35
    mais nous eûmes certaines difficultés
    à faire passer le message.
  • 50:36 - 50:40
    Nous passâmes d'un comptoir à l'autre
    dans le grand magasin en espace ouvert,
  • 50:40 - 50:43
    constitué de divers stands individuels,
  • 50:43 - 50:45
    étals et comptoirs, mais nul
    ne put nous aider.
  • 50:46 - 50:49
    Nous commençâmes par les étals qui
    semblaient vendre
  • 50:49 - 50:51
    des fournitures médicales,
    mais fîmes chou blanc.
  • 50:51 - 50:53
    Lorsque nous arrivâmes aux étals
  • 50:53 - 50:55
    qui vendaient des serre-livres
    et des baguettes
  • 50:55 - 50:57
    nous sûmes que la quête était vaine,
  • 50:57 - 51:00
    mais au moins nous trouvâmes une jeune
    assistante commerciale
  • 51:00 - 51:04
    qui parlait anglais. Nous tentâmes de lui
    expliquer ce que nous voulions,
  • 51:04 - 51:08
    mais semblâmes atteindre les limites
    de son vocabulaire assez rapidement.
  • 51:09 - 51:12
    Alors, je sortis mon calepin et dessinai
    soigneusement un préservatif,
  • 51:13 - 51:15
    y compris le petit réservoir au bout.
  • 51:16 - 51:19
    Elle fronça les sourcils,
    mais ne comprit toujours pas.
  • 51:19 - 51:21
    Elle nous apporta une cuiller en bois,
  • 51:23 - 51:27
    une bougie, une sorte de coupe-papier et,
    assez étonnamment,
  • 51:27 - 51:30
    un petit modèle en porcelaine
    de la Tour Eiffel
  • 51:37 - 51:40
    avant de s'effondrer
    dans une posture de défaite.
  • 51:41 - 51:44
    Les autres filles de l'étal
    s'approchèrent pour nous aider,
  • 51:44 - 51:47
    mais elles furent également
    déroutées par notre dessin.
  • 51:47 - 51:50
    Enfin, je puisai le courage d'effectuer
    un petit mime délicat,
  • 52:03 - 52:05
    et enfin ça a fait tilt.
  • 52:08 - 52:12
    « Ah ! », dit la première fille,
    subitement tout sourire, « Ah oui ! »
  • 52:13 - 52:16
    Elles rayonnèrent toutes avec délice
    alors qu'elles comprenaient.
  • 52:16 - 52:18
    « Vous comprenez ? » demandai-je.
  • 52:18 - 52:19
    « Oui ! Oui, je comprends. »
  • 52:20 - 52:21
    « En avez-vous ? »
  • 52:21 - 52:23
    « Non », dit-elle. « Pas avoir ».
  • 52:23 - 52:24
    « Oh. »
  • 52:24 - 52:25
    « Mais, mais, mais… »
  • 52:25 - 52:25
    « Oui ? »
  • 52:27 - 52:29
    « Je dis à vous où vous aller, OK ? »
  • 52:30 - 52:31
    « Merci, merci beaucoup. Oui. »
  • 52:32 - 52:36
    « Vous aller 616 Nanjing Road.
    OK. Ils ont là.
  • 52:36 - 52:38
    Vous demander 'caoutchouteur'. OK ? »
  • 52:38 - 52:40
    « Caoutchouteur ? »
  • 52:40 - 52:43
    « Caoutchouteur. Vous demander.
    Eux avoir. OK. Bonne journée. »
  • 52:48 - 52:51
    Elle ricana joyeusement,
    la main couvrant sa bouche.
  • 52:51 - 52:54
    Nous les remerciâmes à nouveau,
    abondamment, puis partîmes
  • 52:54 - 52:56
    dans de grands signes et
    de grands sourires.
  • 52:56 - 52:59
    La nouvelle sembla s'être propagée
    très rapidement au sein du magasin,
  • 52:59 - 53:01
    et tout le monde nous salua.
  • 53:03 - 53:05
    Ils semblaient vraiment contents
    qu'on leur ait demandé.
  • 53:08 - 53:12
    Lorsque nous atteignîmes le 616 Nanjing
    Road, qui s'avéra être
  • 53:12 - 53:14
    un autre grand magasin
    et non un lupanar
  • 53:14 - 53:16
    comme on s'y attendait à moitié,
  • 53:16 - 53:19
    notre prononciation de 'caoutchouteur'
    sembla nous faire défaut
  • 53:19 - 53:22
    et produire une autre vague
    d'incompréhension déconcertée.
  • 53:22 - 53:26
    Cette fois je fis directement le mime
    qui nous servit si bien précédemment,
  • 53:31 - 53:33
    et celui-ci sembla faire
    l'affaire immédiatement.
  • 53:34 - 53:38
    L'assistante commerciale, une dame un peu
    plus âgée à la chevelure austère,
  • 53:39 - 53:41
    marcha droit vers une armoire à tiroirs,
  • 53:41 - 53:43
    nous ramena une boîte et la posa
  • 53:43 - 53:45
    triomphalement sur le comptoir
    devant nous.
  • 53:46 - 53:48
    Victoire, pensions-nous
    en ouvrant la boîte
  • 53:49 - 53:52
    pour constater qu'elle contenait
    une plaquette de pilules.
  • 53:54 - 53:57
    « Bonne idée », dit Mark dans un soupir.
    « Mais mauvaise méthode. »
  • 54:05 - 54:07
    Nous pataugeâmes à nouveau rapidement
  • 54:07 - 54:11
    alors que nous tentions d'expliquer à la
    dame désormais légèrement offensée
  • 54:11 - 54:13
    que ça n'était pas exactement
    ce que nous cherchions.
  • 54:13 - 54:17
    À ce point là, une foule d'une quinzaine
    de badauds s'était assemblée alentour,
  • 54:18 - 54:19
    dont certains, j'en étais convaincu,
  • 54:20 - 54:22
    nous avaient suivis depuis
    le Magasin de l'Amitié.
  • 54:23 - 54:25
    L'une des chose que vous découvrez
    rapidement en Chine,
  • 54:25 - 54:27
    c'est que nous y sommes tous au zoo.
  • 54:28 - 54:30
    Si vous restez sans bouger
    pendant un moment,
  • 54:30 - 54:33
    les gens vont s'attrouper
    et vous regarder fixement.
  • 54:33 - 54:37
    Ce qui est perturbant c'est qu'ils ne
    vous fixent pas attentivement
  • 54:37 - 54:41
    ni avec curiosité, ils se tiennent
    simplement là, souvent juste devant vous,
  • 54:41 - 54:44
    et vous observent avec le regard aussi
    vide que si vous étiez une pub pour
  • 54:44 - 54:47
    de la nourriture pour chien.
  • 54:49 - 54:52
    Enfin, un jeune homme à la mine pâteuse
    et portant des lunettes
  • 54:52 - 54:56
    se faufila à travers la foule et dit
    qu'il parlait anglais en offrant son aide.
  • 54:56 - 55:00
    Nous le remerciâmes et lui dîmes que,
    oui, nous voulions des préservatifs,
  • 55:00 - 55:04
    des caoutchouteurs, et que nous lui
    serions reconnaissants de l'expliquer.
  • 55:05 - 55:06
    Il sembla perplexe,
  • 55:08 - 55:11
    prit la boîte rejetée qui
    gisait sur le comptoir
  • 55:11 - 55:13
    devant l'assistante commerciale
    offensée et dit,
  • 55:13 - 55:15
    « Pas vouloir caoutchouteur. Ça mieux. »
  • 55:19 - 55:20
    « Non », dit Mark.
  • 55:20 - 55:23
    « Nous voulons vraiment des caoutchouteurs
    , pas des pilules. »
  • 55:24 - 55:26
    « Pourquoi vouloir caoutchouteurs ?
    Pilules mieux ! »
  • 55:29 - 55:31
    « Dis lui, toi » dit Mark.
  • 55:35 - 55:37
    « C'est pour enregistrer
    les dauphins, » dis-je.
  • 55:45 - 55:47
    « Enfin pas les dauphins eux-mêmes.
  • 55:47 - 55:51
    Ce qu'on veut enregistrer, c'est le bruit
    dans le Yang-Tsé qui…
  • 55:51 - 55:53
    c'est pour recouvrir le micro,
    voyez-vous, et… »
  • 55:53 - 55:56
    « Oh, dis lui simplement que tu
    veux baiser »
  • 55:56 - 55:57
    dit l'ingénieur du son.
  • 55:57 - 55:59
    « Et que tu ne peux pas attendre. »
  • 56:06 - 56:10
    Mais à ce point là le jeune homme
    s'éloignait de nous nerveusement,
  • 56:10 - 56:12
    réalisant subitement que nous
    étions des fous dangereux,
  • 56:13 - 56:16
    avec qui il valait mieux se prêter
    au jeu et s'échapper.
  • 56:16 - 56:19
    Il dit quelque chose avec hâte
    à l'assistante commerciale
  • 56:19 - 56:21
    et se réfugia dans la foule.
  • 56:21 - 56:24
    L'assistante commerciale haussa les
    épaules, ramassa les pilules,
  • 56:24 - 56:28
    ouvrit un autre tiroir et en
    sortit une boîte de préservatifs.
  • 56:28 - 56:31
    Nous en achetâmes neuf,
    juste par précaution.
  • 56:42 - 56:43
    Quelques jours plus tard
  • 56:43 - 56:45
    nous nous tenions sur
    les berges du Yang-Tsé,
  • 56:46 - 56:49
    en un jour bruineux et grisâtre.
  • 56:50 - 56:54
    Et nous avons mis le microphone dans
    cette espèce de petite chose rose,
  • 56:56 - 56:58
    et l'avons plongé dans l'eau.
  • 56:59 - 57:03
    Et, je n'ai pas l'habitude de
    faire des imitations,
  • 57:03 - 57:06
    mais je vais imiter pour vous
  • 57:06 - 57:11
    le son qu'on peut entendre sous
    la surface du Yang-Tsé.
  • 57:11 - 57:13
    Et c'est quelque chose comme ça
  • 57:16 - 57:19
    Le Yang-Tsé-Kiang, Mesdames et Messieurs.
  • 57:23 - 57:28
    Et j'ai réalisé tout d'un coup
    la chose épouvantable
  • 57:28 - 57:31
    que nous infligions à ces pauvres animaux,
  • 57:31 - 57:37
    qui vivaient dans un monde de sons
    et d'ouïe ultra sensible.
  • 57:38 - 57:43
    Et c'était la raison pour laquelle ces
    animaux étaient désormais
  • 57:44 - 57:48
    désespérément en danger parce qu'après
    leur avoir enlevé un mode de vie,
  • 57:48 - 57:50
    nous leur en enlevions
    maintenant un autre.
  • 57:52 - 57:55
    Le problème c'est qu'on est sur le point
    d'en enlever un troisième,
  • 57:55 - 57:59
    je vous ai dit que je me
    trouvais là bas il y a dix ans,
  • 57:59 - 58:01
    il n'en restait que deux cents,
  • 58:01 - 58:02
    aujourd'hui ils sont vingt.
  • 58:04 - 58:11
    Et parce que les Chinois bâtissent
    ces gigantesques barrages
  • 58:11 - 58:14
    pour endiguer le Yang-Tsé sur l'un
  • 58:15 - 58:18
    des sites les plus beaux et les
    plus spectaculaires du monde,
  • 58:18 - 58:22
    les Trois Gorges, qu'ils vont endiguer
  • 58:22 - 58:28
    ce qui veut dire que le dauphin du Yang-
    Tsé sera certainement éteint d'ici là.
  • 58:30 - 58:32
    Et c'est horriblement triste.
  • 58:33 - 58:35
    Ce qu'il y a de particulier
    avec les barrages,
  • 58:37 - 58:39
    c'est qu'on continue d'en bâtir
  • 58:39 - 58:41
    et qu'aucun d'eux ne fait
    jamais le moindre bien.
  • 58:41 - 58:43
    Ça n'est pas tout à fait vrai,
  • 58:43 - 58:44
    parce que malheureusement il y en a
  • 58:44 - 58:46
    — dans l'histoire de l'érection
    des barrages—
  • 58:46 - 58:49
    deux qui ont fonctionné,
    l'un est le barrage Hoover
  • 58:49 - 58:55
    et l'autre se trouve dans le Nord-Ouest
    du Pacifique, le barrage de Grand Coulée.
  • 58:55 - 58:58
    Mais aucun des autres ne fonctionne.
  • 59:00 - 59:03
    Et pour une certaine raison, nous
    n'arrivons jamais à nous en empêcher…
  • 59:03 - 59:06
    nous nous disons toujours qu'on
    n'en construira qu'un seul de plus.
  • 59:06 - 59:10
    Je pense qu'on doit avoir des gènes de
    castor aux tréfonds de notre…
  • 59:11 - 59:15
    Mais ce qu'il y a de triste c'est que
    le dauphin du Yang-Tsé
  • 59:15 - 59:19
    est voué sans le moindre
    doute à l'extinction.
  • 59:21 - 59:26
    Et ça me semble très particulier
  • 59:28 - 59:32
    que nous vivions actuellement
    dans un âge extraordinaire,
  • 59:33 - 59:34
    une renaissance extraordinaire,
  • 59:38 - 59:43
    parce que nous en sommes au point
  • 59:43 - 59:46
    où nous comprenons tout d'un coup
    la valeur de l'information,
  • 59:46 - 59:47
    plus que jamais.
  • 59:47 - 59:50
    L'âge dans lequel nous
    vivons est celui de l'information.
  • 59:50 - 59:52
    Et nous avons découvert
    que l'information est
  • 59:52 - 59:56
    la ressource la plus précieuse
    que nous avons.
  • 59:59 - 60:03
    Et comme vous le savez, nous venons
    de dépenser des milliards de dollars
  • 60:04 - 60:07
    — à juste titre — à essayer de comprendre
    le génome humain,
  • 60:11 - 60:15
    et ça n'est là qu'une espèce,
    rien que nous.
  • 60:15 - 60:17
    Et nous en sommes venus à comprendre et
  • 60:17 - 60:19
    réaliser la valeur incroyable
    de l'information.
  • 60:22 - 60:25
    Et jusqu'ici nous n'avions jamais compris
  • 60:25 - 60:26
    comment tout fonctionnait ensemble,
  • 60:27 - 60:30
    parce que jusqu'ici nous avions…
  • 60:30 - 60:31
    disons-le comme ça.
  • 60:32 - 60:34
    De par le passé nous avons bâti la science
  • 60:35 - 60:36
    en démontant les choses
  • 60:37 - 60:38
    pour voir comment elles fonctionnent.
  • 60:39 - 60:42
    Et cela nous a conduit à
    d'extraordinaires découvertes,
  • 60:42 - 60:44
    un degré de compréhension incroyable,
  • 60:45 - 60:49
    mais le problème de démonter les
    choses pour comprendre leur fonctionnement
  • 60:49 - 60:52
    c'est que même si cela vous emmène
    jusqu'aux particules fondamentales,
  • 60:53 - 60:56
    les principes fondamentaux, les forces
    fondamentales en œuvre,
  • 60:57 - 61:00
    nous ne comprenons pas
    vraiment leur fonctionnement
  • 61:00 - 61:02
    tant que nous ne les voyons pas à l'œuvre.
  • 61:03 - 61:04
    Une des choses qui ont émergé
  • 61:05 - 61:08
    à l'aune de la compréhension
    des principes fondamentaux,
  • 61:08 - 61:11
    c'est cette chose appelée ordinateur.
  • 61:11 - 61:14
    Et ce qu'il y a de formidable avec
    l'ordinateur c'est que,
  • 61:14 - 61:17
    contrairement aux outils
    analytiques précédents,
  • 61:17 - 61:19
    — et ils étaient quelque peu…
  • 61:19 - 61:22
    c'est étonnant combien de ces
    choses ont à voir avec le verre,
  • 61:22 - 61:28
    quand nous avons découvert le verre,
    qui est une forme du sable,
  • 61:29 - 61:33
    nous avons inventé les lentilles,
    et levé les yeux au ciel.
  • 61:33 - 61:37
    Et nous avons découvert,
    avec cela, les choses…
  • 61:37 - 61:38
    en étudiant le ciel
  • 61:38 - 61:42
    nous avons commencé à découvrir
    les choses fondamentales sur la gravité,
  • 61:44 - 61:48
    et nous avons également découvert
    que l'univers semble constitué
  • 61:48 - 61:51
    — de manière assez terrifiante —
    presque entièrement de rien.
  • 61:53 - 61:57
    Ce qu'on a fait avec le verre après,
    c'est le mettre dans des microscopes,
  • 61:58 - 62:04
    et nous avons regardé de près ce monde
    très très solide qui nous entoure,
  • 62:05 - 62:09
    et nous voyons là les particules
    fondamentales, les atomes
  • 62:09 - 62:14
    — faits de protons et de neutrons, avec
    les électrons qui tournent autour —
  • 62:14 - 62:17
    et nous avons également découvert
    qu'ils semblent constitués,
  • 62:17 - 62:20
    terriblement, de presque entièrement rien.
  • 62:21 - 62:23
    Et que même lorsque vous
    trouvez quelque chose
  • 62:23 - 62:25
    il s'avère qu'elle ne s'y
    trouve pas vraiment,
  • 62:25 - 62:27
    il n'y a pas vraiment une chose là,
  • 62:27 - 62:29
    à peine la possibilité qu'il s'y
    trouve quelque chose.
  • 62:33 - 62:35
    Ça ne semble pas aussi réel que ceci.
  • 62:38 - 62:42
    Puis la chose suivante que nous avons
    fait avec le sable c'est le silicium,
  • 62:42 - 62:44
    lorsque nous avons créé l'ordinateur.
  • 62:45 - 62:49
    Et cela nous permet enfin
    d'assembler les choses
  • 62:49 - 62:51
    pour en voir le fonctionnement.
  • 62:51 - 62:55
    Et ça nous permet de voir les
    processus en fonctionnement,
  • 62:55 - 62:59
    et nous commençons à voir comme des
    choses très simples mènent inexorablement
  • 63:00 - 63:01
    — itération après itération —
  • 63:02 - 63:07
    à l'émergence de processus
    énormément complexes.
  • 63:07 - 63:12
    Et à mon avis l'une des choses les
    plus extraordinaires de notre âge
  • 63:12 - 63:15
    — pour ceux qui étaient
    là pour s'en souvenir,
  • 63:15 - 63:18
    voir un homme marcher sur
    la lune pour la première fois—
  • 63:18 - 63:23
    mais je pense que la chose la
    plus extraordinaire et dramatique
  • 63:23 - 63:25
    qu'on ait vue de notre temps
  • 63:25 - 63:27
    c'est de pouvoir observer,
    sur un moniteur,
  • 63:27 - 63:34
    le processus par lequel des choses
    énormément simples et primitives,
  • 63:34 - 63:38
    des processus, des instructions,
    répétés d'innombrables fois,
  • 63:39 - 63:43
    de manière très très rapide, et itérées
    sur des générations d'instructions,
  • 63:43 - 63:46
    produisent des résultats
    énormément complexes.
  • 63:47 - 63:51
    Ce qui nous permet tout à coup de créer,
  • 63:51 - 63:55
    rien qu'avec des instructions
    fondamentalement simples et primitives,
  • 63:56 - 64:03
    nous pouvons recréer la façon dont
    le vent se comporte dans une soufflerie,
  • 64:03 - 64:05
    les turbulences du vent,
  • 64:05 - 64:10
    on peut voir comment la lumière danse
    dans l'œil d'un dinosaure imaginaire.
  • 64:11 - 64:15
    Et on fait tout ça à partir d'instructions
    fondamentalement simples.
  • 64:15 - 64:18
    Et le résultat de tout ceci c'est que
    nous sommes finalement arrivés
  • 64:18 - 64:25
    à comprendre la façon dont la
    vie a effectivement émergé.
  • 64:25 - 64:28
    Bon, il y a énormément de choses
    que nous ignorons sur la vie.
  • 64:29 - 64:32
    Mais n'importe quel biologiste
    vous dira que,
  • 64:33 - 64:35
    bien qu'il y ait énormément de
    choses que nous ignorons,
  • 64:37 - 64:40
    il n'y a désormais plus de
    mystère profond.
  • 64:40 - 64:42
    Il n'y a plus de mystère profond
  • 64:42 - 64:45
    parce que nous avons effectivement
    vu de nos propres yeux
  • 64:45 - 64:49
    la façon dont la simplicité donne
    naissance à la complexité.
  • 64:50 - 64:52
    Quand je dis qu'il n'y a pas de mystère
  • 64:52 - 64:54
    c'est plutôt comme si vous imaginiez
  • 64:57 - 65:00
    un détective du XIXè siècle,
  • 65:00 - 65:04
    faisant équipe avec un détective
    de la fin du XXè siècle,
  • 65:05 - 65:07
    et si vous leur donniez cette
    énigme à résoudre:
  • 65:07 - 65:10
    un suspect de crime
  • 65:10 - 65:14
    a été vu un jour marchant dans les rues
  • 65:14 - 65:16
    au beau milieu de Londres,
  • 65:16 - 65:17
    et le lendemain
  • 65:17 - 65:18
    il a été vu quelque part dans le désert
  • 65:18 - 65:20
    au beau milieu du Nouveau Mexique.
  • 65:20 - 65:22
    Le détective du XIXè dira,
  • 65:22 - 65:24
    « Eh bien je n'ai pas le début d'une idée.
  • 65:25 - 65:27
    Ce doit être l'œuvre
    d'une sorte de magie. »
  • 65:28 - 65:30
    Et il n'aura pas la moindre idée
  • 65:30 - 65:32
    du commencement d'une explication
  • 65:32 - 65:34
    sur ce qui s'est passé ici.
  • 65:34 - 65:36
    Concernant le détective du XXè siècle,
  • 65:36 - 65:39
    celui-ci ne saura peut-être
    jamais si le type
  • 65:39 - 65:42
    a pris un vol de British Airways ou
    d'United ou d'American Airlines
  • 65:42 - 65:45
    ni où il a loué sa voiture,
    toutes ces choses,
  • 65:45 - 65:47
    il ne trouvera peut-être
    jamais ces détails,
  • 65:48 - 65:51
    mais il n'y aura pas de mystère
    fondamental sur ce qui s'est produit.
  • 65:53 - 65:58
    Et donc pour nous il n'y a plus
    de mystère fondamental sur la vie.
  • 65:59 - 66:04
    C'est le produit d'une éruption
    extraordinaire d'information.
  • 66:06 - 66:07
    Et c'est l'information qui nous donne
  • 66:07 - 66:12
    ce monde fantastiquement riche et
    complexe dans lequel nous vivons.
  • 66:12 - 66:15
    Mais au même instant où
    nous découvrons cela,
  • 66:15 - 66:18
    nous la détruisons à une vitesse
  • 66:18 - 66:20
    sans précédent dans l'histoire,
  • 66:20 - 66:24
    à moins de remonter jusqu'au point
    où un astéroïde s'abat sur nous.
  • 66:26 - 66:30
    Il y a donc une ironie assez terrible
  • 66:30 - 66:34
    qu'au moment même où nous sommes
    les plus à même de comprendre,
  • 66:34 - 66:39
    et d'apprécier, et de valoriser la
    richesse de la vie qui nous entoure,
  • 66:40 - 66:44
    nous la détruisons à un rythme plus
    élevé qu'elle ne l'a jamais été.
  • 66:44 - 66:50
    Et nous perdons espèce après
    espèce après espèce,
  • 66:50 - 66:52
    jour après jour, simplement parce que
  • 66:52 - 66:54
    nous gaspillons nos ressources
    comme du petit bois.
  • 66:55 - 66:59
    Et c'est une mise en cause assez
    terrible de notre compréhension.
  • 66:59 - 67:02
    Mais, voyez-vous, nous commettons
    une autre erreur,
  • 67:02 - 67:04
    parce que nous pensons que d'une
    manière ou d'une autre,
  • 67:04 - 67:07
    tout ira bien dans un sens fondamental,
  • 67:08 - 67:12
    parce que nous pensons que tout
    ceci est « voué à se produire. »
  • 67:13 - 67:18
    Laissez-moi vous expliquer comment
    on en vient à ce type de mentalité,
  • 67:18 - 67:21
    parce que c'est exactement le
    même type de mentalité
  • 67:21 - 67:23
    dans lequel le kakapo s'est empêtré.
  • 67:23 - 67:26
    Parce que, ce qui a été
  • 67:26 - 67:29
    une stratégie très fructueuse
    pour le kakapo
  • 67:29 - 67:31
    sur des générations et des générations
  • 67:31 - 67:33
    durant des milliers
    et des milliers d'années,
  • 67:33 - 67:35
    est soudainement devenu
    la mauvaise stratégie,
  • 67:35 - 67:37
    et il n'a aucun moyen de le savoir
  • 67:37 - 67:39
    parce qu'il fait simplement
    ce qui lui a réussi jusqu'ici.
  • 67:40 - 67:44
    Et nous avons toujours été, parce
    que nous fabriquons des outils,
  • 67:44 - 67:46
    parce que nous prenons
    de notre environnement
  • 67:46 - 67:49
    ce dont nous avons besoin pour faire
    ce que nous voulons
  • 67:49 - 67:51
    et cela a toujours été très
    fructueux pour nous…
  • 67:51 - 67:53
    Je vais vous dire ce qui s'est passé.
  • 67:53 - 67:55
    C'est comme si nous avions effectivement
  • 67:55 - 67:56
    appuyé sur le bouton "pause"
  • 67:56 - 67:59
    de notre propre évolution
  • 67:59 - 68:03
    parce que nous avons mis un
    tampon autour de nous,
  • 68:03 - 68:08
    qui consiste en — vous savez —
    la médecine, l'éducation et les bâtiments,
  • 68:09 - 68:11
    et toutes ces choses qui nous protègent
  • 68:11 - 68:13
    des pressions environnementales normales.
  • 68:14 - 68:19
    Et c'est notre capacité à fabriquer des
    outils qui nous a permis de le faire.
  • 68:19 - 68:22
    De manière générale, ce qui
    pousse à la spéciation,
  • 68:22 - 68:24
    c'est qu'un petit groupe d'animaux
  • 68:24 - 68:27
    se voit séparé du reste
    du groupe principal
  • 68:27 - 68:31
    par la pression de la population, ou un
    bouleversement géographique ou autre.
  • 68:31 - 68:36
    Donc imaginez qu'un petit groupe se
    retrouve tout à coup échoué
  • 68:36 - 68:38
    dans un environnement
    légèrement plus froid.
  • 68:38 - 68:40
    Ensuite, sur un petit
    nombre de générations
  • 68:40 - 68:43
    tous ces gènes qui favorisent
    une fourrure plus épaisse
  • 68:43 - 68:44
    vont monter au créneau
  • 68:44 - 68:46
    et quelques générations plus tard
  • 68:46 - 68:48
    l'animal aura une fourrure plus épaisse.
  • 68:48 - 68:52
    Pour l'homme, comme il est capable
    de fabriquer des outils
  • 68:52 - 68:55
    lorsque nous arrivons dans un
    environnement beaucoup plus froid,
  • 68:55 - 68:57
    nous n'avons pas à attendre ce processus.
  • 68:57 - 68:59
    Parce que nous voyons un animal
  • 68:59 - 69:01
    qui a déjà une fourrure plus épaisse
  • 69:01 - 69:02
    et on se contente de la lui prendre.
  • 69:05 - 69:08
    Et donc nous avons en quelque sorte pris
    le contrôle de notre environnement,
  • 69:08 - 69:11
    et tout cela est très bien,
  • 69:11 - 69:17
    mais nous devons dépasser ce processus.
  • 69:19 - 69:22
    Nous devons dépasser cette vision
    et en voir une plus élevée
  • 69:22 - 69:26
    —et comprendre l'effet
    que nous avons de fait.
  • 69:27 - 69:32
    Imaginez, si vous le voulez bien,
    un homme primitif,
  • 69:33 - 69:37
    et voyons comment
    cet état d'esprit émerge.
  • 69:37 - 69:41
    Il est là, observant son monde
    à la fin de la journée.
  • 69:43 - 69:44
    Il le regarde et pense,
  • 69:44 - 69:47
    « Que voilà un monde merveilleux
    dans lequel je me trouve.
  • 69:47 - 69:48
    C'est pas mal du tout.
  • 69:49 - 69:52
    Je veux dire, regardez, me voici,
    derrière moi se trouvent les montagnes,
  • 69:52 - 69:54
    et les montagnes c'est super
  • 69:54 - 69:56
    parce qu'il y a des grottes
    dans les montagnes
  • 69:56 - 69:57
    où je peux m'abriter,
  • 69:57 - 70:00
    que ce soit du climat ou des ours
  • 70:00 - 70:03
    qui essayent occasionnellement
    de m'attaquer.
  • 70:03 - 70:05
    Et je peux m'abriter là, donc c'est super.
  • 70:05 - 70:07
    Et devant moi se trouve la forêt,
  • 70:07 - 70:09
    et la forêt est pleine de noix,
    de baies et d'arbres,
  • 70:09 - 70:11
    qui me nourrissent, et sont délicieux
  • 70:11 - 70:13
    et me permettent de survivre.
  • 70:13 - 70:15
    Et il y a un ruisseau qui la traverse
  • 70:15 - 70:17
    qui contient des poissons,
  • 70:17 - 70:19
    et l'eau est délicieuse, et je bois l'eau
  • 70:19 - 70:21
    et tout est fantastique.
  • 70:21 - 70:22
    Et voilà mon cousin Ug.
  • 70:23 - 70:26
    Et Ug a attrapé un mammouth ! Youpi !!
  • 70:26 - 70:27
    Ug a attrapé un mammouth !
  • 70:27 - 70:29
    Les mammouths sont géniaux !
  • 70:29 - 70:31
    Il n'y a rien de mieux qu'un mammouth,
  • 70:32 - 70:33
    parce qu'avec un mammouth,
  • 70:33 - 70:36
    en gros vous pouvez vous
    envelopper de sa fourrure,
  • 70:36 - 70:39
    manger sa viande,
  • 70:39 - 70:43
    et vous pouvez utiliser les os du
    mammouth, pour en attraper d'autres !
  • 70:45 - 70:48
    Ce monde est un monde
    incroyablement bon pour moi. »
  • 70:50 - 70:55
    Ainsi, une partie de la manière dont nous
    prenons les commandes de notre monde,
  • 70:55 - 70:57
    et de notre environnement,
  • 70:57 - 71:00
    de fabriquer ces outils qui
    nous permettent de le faire
  • 71:00 - 71:03
    c'est de nous poser
    sans cesse des questions.
  • 71:03 - 71:05
    Donc cet homme commence à s'interroger.
  • 71:05 - 71:12
    « Ce monde », dit-il, « eh bien,
    qui… qui l'a fabriqué ? »
  • 71:14 - 71:17
    Il raisonne évidemment de la sorte,
    parce qu'il fabrique lui-même des choses,
  • 71:18 - 71:21
    il cherche donc qui aurait
    pu fabriquer ce monde.
  • 71:23 - 71:26
    Il se dit « Alors, qui aurait pu
    créer ce monde ?
  • 71:26 - 71:28
    Bien, ça doit être un petit peu comme moi.
  • 71:29 - 71:32
    Manifestement, en beaucoup plus grand,
  • 71:33 - 71:37
    et nécessairement invisible,
  • 71:40 - 71:45
    mais il l'aurait créé. Bon, dans quel
    but l'aurait-il créé ? »
  • 71:47 - 71:50
    Nous nous demandons toujours « pourquoi »
  • 71:50 - 71:52
    parce que nous cherchons
    les intentions alentour,
  • 71:53 - 71:56
    car nous faisons tout avec intention.
  • 71:57 - 72:01
    Vous savez, on fait bouillir un œuf
    dans le but de le manger.
  • 72:02 - 72:06
    Alors, on regarde les
    cailloux et les arbres,
  • 72:06 - 72:08
    et on se demande quelle
    intention s'y trouve,
  • 72:09 - 72:10
    bien qu'il n'y en ait pas.
  • 72:12 - 72:18
    On se demande donc dans quelle intention
    cette personne a créé ce monde.
  • 72:18 - 72:20
    Et c'est à ce moment qu'on se dit,
  • 72:20 - 72:22
    « Eh bien, il me sied particulièrement.
  • 72:24 - 72:26
    Vous savez, les grottes et les forêts,
  • 72:26 - 72:29
    et le ruisseau, et les mammouths.
  • 72:30 - 72:32
    Il doit l'avoir créé pour moi !
  • 72:33 - 72:36
    Je veux dire, on ne peut faire
    aucune autre conclusion. »
  • 72:36 - 72:41
    Et c'est un peu comme si
    une flaque se réveillait un matin
  • 72:41 - 72:43
    — je sais qu'elles ne
    le font pas d'ordinaire,
  • 72:43 - 72:46
    mais accordez-le moi, je suis
    écrivain de science-fiction.
  • 72:48 - 72:51
    Une flaque se réveille un matin et pense,
  • 72:51 - 72:55
    « Que voilà un monde intéressant
    dans lequel je me trouve.
  • 72:56 - 72:57
    Il me sied particulièrement bien.
  • 72:59 - 73:02
    En fait, il me sied si proprement,
  • 73:02 - 73:04
    c'est vraiment précis, pas vrai ?
  • 73:11 - 73:14
    Il a du être créé pour moi !
  • 73:15 - 73:18
    Et le soleil se lève, et elle continue
    de se raconter
  • 73:19 - 73:22
    cette histoire du trou
    créé pour la recevoir.
  • 73:22 - 73:24
    Et le soleil grimpe, et
    graduellement la flaque
  • 73:25 - 73:27
    se rétrécit peu à peu,
  • 73:27 - 73:29
    et au moment où la flaque cesse d'exister,
  • 73:29 - 73:32
    elle pense toujours,
    enfermée dans cette idée,
  • 73:32 - 73:34
    que le trou était là pour elle.
  • 73:36 - 73:38
    Et si nous pensons que
    le monde est là pour nous,
  • 73:38 - 73:41
    nous continueront de le détruire
  • 73:41 - 73:43
    comme nous l'avons fait jusqu'ici,
  • 73:43 - 73:46
    parce que nous pensons que nous
    ne pouvons commettre aucun mal.
  • 73:47 - 73:51
    Il y a beaucoup de spéculation
  • 73:51 - 73:53
    d'une manière ou
    d'une autre actuellement,
  • 73:53 - 73:55
    sur l'existence de la vie
    ou non sur d'autres planètes.
  • 73:56 - 73:58
    Carl Sagan, comme vous savez,
  • 73:59 - 74:01
    était très partisan
    qu'il doit y en avoir.
  • 74:02 - 74:03
    Les seuls chiffres dictent,
  • 74:03 - 74:06
    parce qu'il y a des milliards
    et des milliards
  • 74:06 - 74:08
    — comme il ne l'a pourtant pas dit —
  • 74:08 - 74:10
    de mondes au delà,
  • 74:10 - 74:12
    que le simple hasard doit faire
  • 74:12 - 74:16
    qu'il y a d'autres vies
    intelligentes là bas.
  • 74:16 - 74:19
    Mais d'autres voix s'élèvent pour dire
  • 74:19 - 74:21
    que si vous considérez
  • 74:21 - 74:25
    les circonstances réunies ici sur terre,
  • 74:26 - 74:29
    elles sont spécifiques
    de manière si extraordinaire
  • 74:29 - 74:32
    que les chances que ça
    se soit produit ailleurs
  • 74:32 - 74:34
    sont en fait très minces.
  • 74:35 - 74:37
    D'une certaine manière,
    ça n'a guère d'importance.
  • 74:37 - 74:39
    Parce que pensez-y :
  • 74:39 - 74:41
    — Carl Sagan, je crois,
    a lui-même dit ceci.
  • 74:41 - 74:45
    Il y a deux possibilités :
    soit il y a de la vie
  • 74:46 - 74:47
    sur d'autres planètes,
  • 74:48 - 74:51
    soit il n'y en a pas.
  • 74:52 - 74:55
    Voilà deux idées
    incroyablement extraordinaires !
  • 74:59 - 75:06
    Mais il y a une forte probabilité
  • 75:06 - 75:08
    qu'il n'y ait rien qui
    nous ressemble du tout.
  • 75:11 - 75:15
    Et nous agissons comme si cette planète,
  • 75:15 - 75:19
    cette incroyable petite boule de vie,
  • 75:21 - 75:24
    était quelque chose qu'on pouvait
    saloper comme on veut.
  • 75:25 - 75:28
    Et peut-être qu'on ne peut pas.
  • 75:31 - 75:34
    Peut-être qu'on devrait en prendre
    un petit peu mieux soin.
  • 75:34 - 75:37
    Non pas pour le salut du monde
  • 75:38 - 75:41
    — on parle assez orgueilleusement
    de « sauver le monde »
  • 75:41 - 75:43
    Nous n'avons pas à sauver le monde
    - le monde va très bien !
  • 75:43 - 75:47
    Le monde a traversé cinq périodes
    d'extinctions massives.
  • 75:47 - 75:52
    Il y a 65 millions d'années
    lorsqu'une comète a frappé la terre
  • 75:52 - 75:56
    au moment où l'Inde subissait de
    vastes éruptions volcaniques,
  • 75:57 - 75:58
    ce qui vit la fin des dinosaures,
  • 75:59 - 76:02
    et quelque chose comme 90%
    de la vie sur terre à l'époque.
  • 76:02 - 76:05
    Remontez encore, je crois,
    150 millions d'années plus tôt
  • 76:05 - 76:08
    à la limite permienne-triasique,
  • 76:09 - 76:11
    et il y a une autre
    extinction gigantesque.
  • 76:11 - 76:13
    Le monde l'a déjà subi
    de nombreuses fois.
  • 76:14 - 76:16
    Et ce qui a tendance à se produire,
  • 76:16 - 76:19
    ce qui se produit après
    chaque extinction massive,
  • 76:19 - 76:24
    c'est qu'il y a d'énormes
    espaces disponibles,
  • 76:24 - 76:27
    permettant à de nouvelles formes de vie
    d'émerger et les investir.
  • 76:28 - 76:34
    Tout comme l'extinction des dinosaures
    nous a donné de la place.
  • 76:35 - 76:37
    Sans cette extinction,
    nous ne serions pas là.
  • 76:38 - 76:39
    Donc, le monde va bien.
  • 76:39 - 76:41
    Nous n'avons pas à sauver le monde
  • 76:41 - 76:44
    — le monde est assez grand
    pour s'occuper de lui-même.
  • 76:44 - 76:46
    Ce qui doit nous préoccuper,
  • 76:46 - 76:49
    c'est si oui on non le monde
    dans lequel nous vivons
  • 76:50 - 76:54
    sera capable de nous subvenir.
  • 76:55 - 76:56
    Voilà ce à quoi
    nous devons réfléchir.
  • 76:57 - 76:59
    Merci beaucoup Mesdames et Messieurs.
  • 77:29 - 77:31
    Et maintenant si quelqu'un
    a des questions,
  • 77:31 - 77:33
    j'y répondrai avec plaisir,
  • 77:33 - 77:37
    et il y a des micros ici et devant
    donc je vous suggère de les utiliser.
  • 77:38 - 77:39
    Oui, bonjour.
  • 77:40 - 77:41
    Merci, merveilleuse conférence.
  • 77:42 - 77:47
    Vous dites que nous devrions
    éviter de détruire la planète,
  • 77:47 - 77:50
    une suggestion qui a été faite, c'est que,
  • 77:50 - 77:52
    la raison pour laquelle nous
    détruisons la planète,
  • 77:52 - 77:55
    c'est que nous ne payons pas
    le véritable prix des choses
  • 77:55 - 77:56
    quand nous les consommons
  • 77:57 - 77:59
    Le prix de l'essence dégringole
  • 77:59 - 78:03
    en vrai dollars et les véhicules
    deviennent de plus en plus gros,
  • 78:03 - 78:05
    nous avons les
    Stupides Ubuesques Véhicules
  • 78:05 - 78:07
    — je crois que c'est ça — les SUV
  • 78:12 - 78:15
    Vous savez, je dois dire
    en tant que Britannique,
  • 78:15 - 78:17
    vous savez on reste perplexes,
  • 78:17 - 78:20
    « Les américains se plaignent encore
    parce que le prix de leur essence
  • 78:20 - 78:23
    a presque atteint le quart
    de ce que nous payons. »
  • 78:25 - 78:28
    Je me demandais juste si vous pensez
  • 78:29 - 78:34
    que ça serait une bonne solution
    d'avoir le véritable prix des choses,
  • 78:34 - 78:36
    si nous payions les 3 dollars par litre
  • 78:36 - 78:40
    ou quel que soit le prix en termes
    d'impact sur l'environnement,
  • 78:40 - 78:42
    est-ce que ça ferait une différence ?
  • 78:43 - 78:49
    Et bien… ça pourrait… je… c'est…
  • 78:52 - 78:56
    Il y a un problème dont je suis
    particulièrement conscient dans ce cas,
  • 78:57 - 79:04
    qui est que, bien que je parle du point
    de vue d'un défenseur de l'environnement,
  • 79:05 - 79:08
    sans équivoque, si vous
    regardez ce qui s'est passé
  • 79:08 - 79:12
    et ce que nous et le mouvement
    de la défense de l'environnement avons dit
  • 79:12 - 79:15
    durant les dix dernières années,
    et les dix années précédentes,
  • 79:15 - 79:17
    et les dix années qui ont encore précédé,
  • 79:17 - 79:20
    et pour l'essentiel de ce que
    nous avons dit qu'il faudrait faire
  • 79:20 - 79:24
    ou la façon dont nous avons approché
    le problème, se sont avérés incorrects.
  • 79:24 - 79:30
    Donc, c'est très difficile
    pour moi de prétendre
  • 79:30 - 79:33
    que je peux me dresser et
    dire que nous devons faire
  • 79:33 - 79:34
    ceci ou cela.
  • 79:35 - 79:37
    Parce que ça pourrait bien
    ne pas être la bonne solution.
  • 79:37 - 79:41
    J'en suis pertinemment
    conscient d'autant que,
  • 79:41 - 79:43
    rien qu'en regardant derrière nous,
  • 79:44 - 79:49
    en considérant la protection des
    animaux en Afrique, par exemple,
  • 79:50 - 79:53
    à chaque fois, nous avons
    mal approché la question.
  • 79:53 - 79:57
    Et oui, les efforts de défense
    de l'environnement
  • 79:57 - 80:01
    consisteront à chaque
    décennie tout autant à
  • 80:01 - 80:04
    défaire les problèmes causés
    par la décennie précédente.
  • 80:04 - 80:09
    Donc c'est une question
    d'auto-éducation constante,
  • 80:09 - 80:11
    essayer d'assimiler les informations,
  • 80:11 - 80:15
    essayer de voir quelles sont les suites
    de ce que nous avons essayé jusqu'ici,
  • 80:15 - 80:17
    ce que nous pouvons en
    retenir comme leçon.
  • 80:17 - 80:25
    Il se pourrait très bien que si nous
    multipliions le coût de l'essence
  • 80:25 - 80:31
    par dix ou autre, que cela puisse avoir
    des effets que nous pourrions mettre au…
  • 80:31 - 80:36
    cela pourrait attirer des conséquences
    indésirables, qui entrent en jeu.
  • 80:37 - 80:42
    Je pense que la meilleure chose à faire
    c'est de continuer à s'informer
  • 80:42 - 80:46
    être aussi conscient que possible de
    ce qui se passe réellement,
  • 80:46 - 80:51
    et voir comment ce retour l'affecte,
    si nous disons qu'on va faire
  • 80:51 - 80:56
    refléter le vrai coût des dommages que
    nous causons sur ce que nous payons
  • 80:56 - 81:00
    alors ça pourrait très bien être
    une excellente réponse,
  • 81:00 - 81:02
    mais j'ai également peur que
    ça puisse ne pas l'être
  • 81:02 - 81:06
    ce qui est une façon compliquée
    de dire « je ne sais pas »
  • 81:14 - 81:17
    Deux questions : d'abord, savez-vous
    où est votre serviette ?
  • 81:18 - 81:20
    Non.
  • 81:21 - 81:22
    D'accord.
  • 81:22 - 81:24
    Ça a toujours été un problème pour moi.
  • 81:25 - 81:28
    C'est drôle cette histoire
    de serviette parce que…
  • 81:28 - 81:30
    Je vais vous dire d'où ça sort.
  • 81:31 - 81:33
    J'étais en vacances avec un tas de gens,
  • 81:33 - 81:35
    et nous étions dans une villa à Corfou.
  • 81:36 - 81:38
    Et chaque jours nous
    partions pour la plage,
  • 81:38 - 81:41
    et juste au moment du départ
  • 81:41 - 81:42
    il y avait un problème,
  • 81:43 - 81:47
    et le problème était que Douglas
    n'arrivait pas trouver sa serviette !
  • 81:50 - 81:53
    Où pouvait bien être ma serviette ?
    Était-elle sous le lit ?
  • 81:53 - 81:55
    Était-elle au pied du lit ?
    Était-elle dans le lit ?
  • 81:55 - 81:58
    Était-elle dans la salle de bain ?
    Était elle étendue dehors ?
  • 81:58 - 82:00
    Était-elle au lavage… ? Était-elle… ?
  • 82:00 - 82:02
    Je n'avais aucune idée, jour après jour,
  • 82:02 - 82:04
    d'où pouvait bien être
    cette fichue serviette.
  • 82:04 - 82:06
    Et après un moment j'ai commencé à me dire
  • 82:06 - 82:08
    que ça devait être
    symptomatique de quelqu'un
  • 82:08 - 82:11
    qui est si profondément chaotique.
  • 82:12 - 82:14
    Mais alors je…
  • 82:15 - 82:18
    Je ne sais même pas si
    ça m'est venu en premier,
  • 82:18 - 82:21
    ou si c'était quelqu'un sur
    place qui y a pensé avant,
  • 82:21 - 82:22
    que l'idée que quelqu'un
  • 82:22 - 82:24
    qui était plus organisé que moi,
  • 82:24 - 82:27
    serait quelqu'un qui saurait vraiment
    où sa serviette se trouve.
  • 82:27 - 82:35
    Et donc, quand j'écrivais le guide du
    voyageur, j'ai mis en quelque sorte…
  • 82:36 - 82:39
    on met très souvent des choses parce
    qu'on sait ce qu'elles veulent dire.
  • 82:39 - 82:43
    alors que c'est plutôt un
    signal pour vous-même
  • 82:43 - 82:47
    pour que dans la version suivante du
    manuscrit, vous le remplaciez
  • 82:47 - 82:50
    par quelque chose qui veut dire
    la même chose pour tout le monde.
  • 82:51 - 82:53
    Vous voyez. Et puis ça reste quand même,
  • 82:53 - 82:57
    et il s'avère que ça veut dire quelque
    chose pour tout le monde malgré tout.
  • 82:58 - 83:00
    Ça répond à votre question ?
  • 83:00 - 83:03
    D'accord. Est-ce qu'on se comporte
    comme des descendants des singes
  • 83:03 - 83:05
    qui utilisent des bâtons,
  • 83:05 - 83:08
    ou comme des descendants
    de nettoyeurs de téléphones ?
  • 83:11 - 83:14
    Je crains que nous ne tenions des deux.
  • 83:22 - 83:26
    Je ne me le pardonnerai jamais si je
    sors sans vous poser cette question
  • 83:26 - 83:28
    elle m'est venue lorsqu'un de mes amis
  • 83:28 - 83:30
    m'a physiquement obligée à
    prendre le premier livre
  • 83:30 - 83:33
    Le guide du voyageur, et j'ai lu
    les toutes premières phrases
  • 83:33 - 83:35
    du tout premier paragraphe,
  • 83:35 - 83:39
    « que diable cet homme peut-il bien avoir
    contre les montres digitales ?! »
  • 83:46 - 83:48
    je dois admettre qu'elles se
    sont améliorées depuis
  • 83:48 - 83:52
    que j'ai écrit ce passage.
  • 83:53 - 83:56
    Mais si vous y réfléchissez,
  • 83:56 - 83:59
    les premières montres digitales étaient…
  • 84:01 - 84:06
    si vous regardez une montre à aiguilles,
    vous avez un camembert.
  • 84:07 - 84:10
    Vous vous rappelez l'époque où
    on s'enthousiasmait
  • 84:10 - 84:13
    au sujet des camemberts qu'on pouvait
    faire avec les ordinateurs ?
  • 84:13 - 84:15
    « Ouhhhh ! Des camemberts ! »
  • 84:19 - 84:23
    Mais alors même qu'on s'enthousiasmait
    pour des camemberts,
  • 84:23 - 84:26
    et en quoi ils pouvaient nous aider à
    mieux comprendre le monde,
  • 84:26 - 84:29
    nous disions « nous ne voulons plus
    de camemberts sur nos poignets.
  • 84:29 - 84:31
    C'est de la technologie à l'ancienne.
  • 84:31 - 84:34
    Non, on ne veut pas simplement jeter
    un œil pour savoir l'heure qu'il est.
  • 84:34 - 84:36
    On veut quelque chose qui oblige à aller
  • 84:36 - 84:39
    dans un coin sombre et à poser sa valise
  • 84:39 - 84:41
    et à appuyer sur un bouton
    pour pouvoir lire,
  • 84:41 - 84:44
    "oh, il est 11:43, alors
    qu'est-ce que…? euh… ?
  • 84:44 - 84:46
    ça fait combien de temps avant midi ?" »
  • 84:47 - 84:49
    Et ça c'était le progrès.
  • 84:51 - 84:54
    Mais ce qu'il y a de génial
    avec les êtres humains,
  • 84:55 - 84:57
    — puisqu'on en rigole —
  • 84:57 - 85:01
    c'est que non seulement
    on invente des choses nouvelles,
  • 85:02 - 85:05
    meilleures, et plus efficaces.
  • 85:05 - 85:09
    Mais même les choses qui marchent bien
    on ne peut pas s'empêcher d'y toucher,
  • 85:10 - 85:14
    c'est un des aspects les plus
    charmants des êtres humains
  • 85:14 - 85:18
    on continue d'inventer des choses qu'on a
    déjà réussi à bien faire auparavant.
  • 85:18 - 85:23
    Par exemple les lavabos dans les salles
    de bain,c'est pourtant très simple.
  • 85:23 - 85:27
    Vous tournez d'un côté et l'eau sort,
    vous tournez de l'autre et l'eau s'arrête.
  • 85:27 - 85:29
    Et on avait à peu près pigé tout ça.
  • 85:29 - 85:31
    Ça marche. Mais c'est incroyable,
    vous allez dans
  • 85:31 - 85:34
    un hall d'hôtel ou dans un aéroport,
  • 85:34 - 85:36
    et vous approchez la bassine
  • 85:36 - 85:39
    avec un certain niveau d'anxiété.
  • 85:45 - 85:47
    « Qu'est-ce que je fais ?
    Je tourne quelque chose ?
  • 85:47 - 85:49
    Je pousse quelque chose ?
    Je tire quelque chose ?
  • 85:49 - 85:51
    Je lui file un coup de genou ?
  • 85:53 - 85:55
    Est-ce que je dois être
    dans les environs ?
  • 85:59 - 86:01
    Et une fois que l'eau commence à couler
  • 86:01 - 86:04
    parce qu'elle a capté une espèce
  • 86:04 - 86:06
    d'énergie cérébrale ou autre.
  • 86:07 - 86:10
    « Et maintenant, comment je l'arrête ?
    Est-ce que c'est à moi de l'arrêter ?
  • 86:11 - 86:13
    Est-ce que ça s'arrête tout seul ? »
  • 86:17 - 86:20
    Je pense qu'on a réglé la question
    du robinet.
  • 86:21 - 86:25
    Mais je pense que c'est merveilleux
    qu'on continue
  • 86:25 - 86:27
    d'inventer des choses qui marchent déjà,
  • 86:28 - 86:32
    parce que c'est notre façon de nous sortir
    des maximums locaux, n'est-ce pas ?
  • 86:38 - 86:41
    Je crois que c'est tout
    ce que j'ai à dire. Merci.
Title:
Douglas Adams: Parrots the Universe and Everything
Description:

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Video Language:
English
Duration:
01:27:37

French subtitles

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