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Dan Pallotta : Notre façon de considérer les œuvres caritatives est complètement erronée.

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    Je veux parler d'innovation sociale
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    et d'entreprenariat social.
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    Il se trouve que j'ai des triplés.
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    Ils sont jeunes. Ils ont cinq ans.
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    Parfois je dis au gens
    que j'ai des triplés.
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    Ils disent, « Vraiment ? Combien ? »
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    Voici une photo de mes enfants.
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    Je vous présente
    Sage, Annalisa et Rider.
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    Bon, il se trouve
    que je suis également gay.
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    Être gay et père de triplés est de loin
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    ce que j'ai jamais fait de plus innovant,
    de plus entreprenant
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    sur le plan social.
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    (Rires) (Applaudissements)
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    La réelle innovation sociale
    dont je veux vous parler
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    concerne les organisations caritatives.
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    Je veux dire comment
    ce qu'on nous a appris à penser
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    sur le don, les organisations caritatives
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    et le secteur à but non lucratif
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    portent atteinte aux causes
    qui nous sont chères
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    et à notre profonde aspiration
    à changer le monde.
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    Mais avant ça, je voudrais demander
    si on pense vraiment
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    que le secteur à but non lucratif
    a un rôle sérieux à jouer
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    pour changer le monde.
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    Beaucoup disent maintenant que c'est
    l'activité économique qui va redresser les pays
    en voie de développement,
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    et que l'activité sociale
    se chargera du reste.
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    Et je pense que l'activité économique va faire
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    avancer l'ensemble de l'humanité.
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    Mais ça laisse toujours de coté
    ces plus ou moins 10%
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    des plus désavantagés
    ou des moins chanceux.
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    Et l'activité sociale a besoin des marchés,
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    et il y a des problèmes pour lesquels
    on ne peut tout simplement pas développer
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    le genre de mesures financières
    nécessaires à un marché.
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    Je fais partie du conseil d'administration
    d'un centre de handicapés mentaux,
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    et ces personnes ont besoin de rire
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    de compassion
    et ils ont besoin d'amour.
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    Comment peut-on monétiser ça ?
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    Et c'est là où
    le secteur à but non lucratif
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    et la philanthropie entrent en jeu.
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    La philanthropie,
    c'est le marché de l'amour.
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    C'est le marché pour tous ces gens
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    pour lesquels il n'y a pas d'autre marché.
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    Donc si nous voulons vraiment,
    comme l'a dit Buckminster Fuller,
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    un monde qui donne sa place
    à chacun d'entre nous,
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    sans que personne, ni quoi que ce soit
    ne soit laissé de côté,
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    alors le secteur à but non lucratif
    doit s'approprier
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    une partie importante de la conversation.
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    Mais ça n'a pas l'air de fonctionner.
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    Pourquoi nos organisations caritatives
    pour la lutte contre le cancer du sein
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    n'ont-elles pas réussi à trouver
    un traitement pour cancer du sein,
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    ou pourquoi nos organisations caritatives
    pour le soutien les sans-abris
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    n'ont-elles pas réussi à résoudre les problèmes
    de logement dans aucune des grandes villes ?
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    Pourquoi la pauvreté
    est-elle restée bloquée à 12%
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    de la population américaine
    depuis 40 ans ?
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    Et la réponse, c'est qu'on fait face
    à ces problèmes sociaux
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    à une échelle massive.
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    Nos organisations
    sont minuscules face à eux,
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    et notre système de pensée
    fait qu'elles restent minuscules.
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    On a deux modes d'emploi.
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    Un pour le secteur à but non lucratif
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    et un pour le reste du monde économique.
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    C'est un apartheid qui discrimine
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    le secteur à but non lucratif
    dans cinq domaines différents,
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    le premier étant la rémunération.
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    Dans le secteur à but lucratif,
    plus on crée de valeur,
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    plus on gagne d'argent.
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    Mais on ne veut pas que les organisations
    à but non lucratif motivent
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    par l'argent leurs collaborateurs afin qu'ils
    produisent davantage de service social.
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    On a une réaction viscérale
    à l'idée que
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    quiconque puisse gagner beaucoup d'argent
    tout en aidant les autres.
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    C'est intéressant qu'on n'ait pas
    une réaction viscérale
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    à l'idée que des gens puissent se faire beaucoup
    d'argent alors qu'ils n'aident personne.
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    Eh bien, si vous voulez gagner
    50 millions de dollars
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    en vendant à des enfants
    des jeux vidéo violents, allez-y.
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    Vous serez en couverture
    du magazine Wired.
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    Mais si vous voulez gagner
    un demi-million de dollars
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    en tentant de soigner
    des enfants atteints de paludisme,
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    alors on vous prendra
    pour un parasite. (Applaudissements)
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    Et on considère tout ça
    comme notre système d'éthique,
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    mais ce qu'on ne réalise pas,
    c'est que ce système
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    a un effet secondaire puissant :
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    il laisse un choix rigide
    et mutuellement exclusif
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    entre bien réussir pour
    vous-même et votre famille,
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    ou faire le bien dans le monde,
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    aux esprits les plus brillants qui sortent
    de nos meilleures universités
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    et ça dirige chaque année des
    dizaines de milliers de personnes,
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    qui pourraient vraiment faire la différence
    dans le secteur à but non lucratif,
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    directement vers le secteur à but lucratif
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    parce qu'elles ne sont pas prêtes à faire ce genre
    de sacrifice économique qui dure toute une vie.
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    Businessweek a fait une enquête et a
    observé les avantages salariaux
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    des diplômés de MBA
    10 après l'obtention de leur diplôme.
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    La rémunération médiane pour
    un diplômé du MBA de Stanford,
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    avec prime, à l'âge de 38 ans,
    était de 400 000 dollars.
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    Dans le même temps, le salaire moyen
    durant la même année
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    d'un PDG d'une organisation caritative médicale
    levant au moins 5 millions de dollars de fonds
    aux États-Unis
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    était de 232 000 dollars, et de 84 000 dollars
    pour une organisation de lutte contre la faim.
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    Bon, il est impossible de trouver
    beaucoup de gens
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    avec un talent à 400 000 dollars prêts à faire
    un sacrifice de 316 000 dollars
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    chaque année pour devenir PDG
    d'une organisation de lutte contre la faim.
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    Certains disent : « Eh bien, c'est juste parce que
    ces types qui ont un MBA ne pensent qu'à l'argent.»
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    Pas nécessairement. Il se pourrait
    qu'ils soient intelligents.
  • 4:54 - 4:56
    Ça coûte moins cher à ce genre
    de personne de faire un don
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    de 100 000 dollars chaque année
    à l'organisation de lutte contre la faim
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    de payer 50 000 dollars d'impôts en moins,
  • 5:02 - 5:06
    et donc de conserver en gros
    un avantage financier de 270 000 dollars
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    et d'être considéré comme un philanthrope
    en raison d'un don de
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    100 000 dollars à l'organisation caritative,
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    tout en faisant tout probablement partie
    du conseil d'administration de l'organisation,
  • 5:13 - 5:15
    supervisant de ce fait le pauvre con
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    qui a décidé d'être le PDG
    de l'organisation caritative,
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    et en jouissant pendant une vie entière
    de ce genre de pouvoir et d'influence
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    et de l'admiration populaire.
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    Le deuxième domaine de discrimination est
    celui de la publicité et du marketing.
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    Alors voilà, on dit au secteur à but lucratif :
    « Dépensez, dépensez autant que vous
    pouvez en publicité
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    jusqu'à ce que le dernier dollar
    ne crée plus un seul cent de valeur. »
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    Mais on ne veut pas que nos dons soient
    dépensés par les organisations caritatives
    pour faire de la publicité.
  • 5:40 - 5:44
    Notre approche est la suivante : « Bon alors,
    si on arrive à obtenir un don de publicité
  • 5:44 - 5:47
    disons à quatre heures du matin,
    pas de problème,
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    Mais je ne veux pas que mes dons
    soient dépensés en publicité.
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    Je veux qu'ils aillent à ceux
    qui sont dans le besoin. »
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    Comme si l'argent investi dans la publicité
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    ne pouvait pas rapporter
    des sommes d'argent beaucoup plus importantes
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    pour aider ceux qui sont dans le besoin.
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    Dans les années 1990,
    ma société a créé
  • 6:00 - 6:03
    les ballades à vélo
    de longue distance AIDSRide
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    et les marches de 100 kilomètres de 3 jours
    pour soutenir la lutte contre le cancer du sein,
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    et sur une période de neuf ans,
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    182 000 héros ordinaires ont participé,
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    et ils ont collecté un total
    de 581 millions de dollars.
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    Ils ont collecté davantage d'argent
    plus rapidement pour ces causes
  • 6:25 - 6:27
    qu'aucun autre évènement
    dans l'histoire,
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    entièrement sur l'idée
    que les gens sont fatigués
  • 6:30 - 6:33
    qu'on leur demande de faire le moins possible
    de ce qu'ils peuvent faire.
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    Les gens aspirent à mesurer
  • 6:35 - 6:37
    l'étendue de leur potentiel
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    pour les causes qui les concernent
    au plus profond d'eux-mêmes
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    Mais il faut le leur demander.
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    On a réussi à faire participer
    autant de gens
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    en achetant des pages entières
    de publicité dans le New York Times,
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    dans le Boston Globe, et de la publicité à l'heure
    de grande écoute à la radio et à la télé.
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    Vous savez combien de gens
    on aurait attiré
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    si on avait mis
    des annonces à la laverie ?
  • 6:56 - 7:00
    Le montant des donations à des organisations
    caritatives est resté bloqué, aux États-Unis,
  • 7:00 - 7:04
    à 2 % du PIB depuis qu'on a
    commencé à les mesurer dans les années 1970.
  • 7:04 - 7:06
    C'est un fait important,
    parce que ça signifie
  • 7:06 - 7:09
    qu'en 40 ans, le secteur à but non lucratif
  • 7:09 - 7:12
    n'a pas réussi à prendre
    de parts de marché
  • 7:12 - 7:15
    au secteur à but lucratif.
  • 7:15 - 7:17
    Si on y réfléchit bien,
    comment un secteur
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    pourrait-il bien prendre des parts
    de marché à un autre secteur
  • 7:20 - 7:23
    si on ne lui permet pas
    vraiment de se vendre ?
  • 7:23 - 7:25
    Et si on dit aux marques :
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    « Vous pouvez faire la promotion de tous
    les avantages de votre produit, »
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    mais qu'on dit aux organisations caritatives :
    « Vous ne pouvez pas faire la promotion
    de tout le bien que vous faîtes, »
  • 7:31 - 7:35
    où pensez-vous que les dollars
    des consommateurs vont affluer ?
  • 7:35 - 7:38
    Le troisième domaine de discrimination
    est celui de la prise de risque
  • 7:38 - 7:42
    dans la quête de nouvelles idées pour
    générer des rentrées d'argent.
  • 7:42 - 7:46
    Ainsi, Disney peut sortir un nouveau film
    qui a coûté 200 millions de dollars et fait un bide,
  • 7:46 - 7:48
    et personne n'appelle le procureur général.
  • 7:48 - 7:52
    Mais si vous faites dans votre communauté
    une levée de fonds de 1 million de dollar
  • 7:52 - 7:55
    au profit des pauvres et que vous ne
    générez pas un profit de 75 %
  • 7:55 - 7:57
    pour cette cause au cours
    des 12 premiers mois,
  • 7:57 - 7:59
    alors on vous remet en cause.
  • 7:59 - 8:02
    Alors les organisations à but non lucratif
    hésitent beaucoup avant de se lancer
  • 8:02 - 8:06
    dans tout nouveau effort de collecte de fonds,
    audacieux et à grande échelle
  • 8:06 - 8:08
    de peur que si le projet échoue,
    leur réputation
  • 8:08 - 8:10
    ne soit traînée dans la boue.
  • 8:10 - 8:12
    Vous et moi savons bien que quand
    on n'autorise pas l'échec
  • 8:12 - 8:13
    on tue l'innovation.
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    Si on tue l'innovation dans la collecte de fonds,
    on n'arrive pas à générer davantage de recettes.
  • 8:16 - 8:18
    Si on ne génère pas davantage de recettes,
    on ne peut croître.
  • 8:18 - 8:23
    Et sans croissance, on ne peut pas
    résoudre les grands problèmes sociaux.
  • 8:23 - 8:26
    Le quatrième domaine
    est celui du temps.
  • 8:26 - 8:30
    Amazon n'a pas rapporté de bénéfices
    à ses investisseurs pendant six ans,
  • 8:30 - 8:32
    et ils ont eu la patience d'attendre.
  • 8:32 - 8:34
    Ils savaient qu'au bout du tunnel,
    il y avait l'objectif à long terme
  • 8:34 - 8:36
    de construire une position
    dominante sur le marché.
  • 8:36 - 8:39
    Mais si jamais une organisation
    à but non lucratif avait le rêve
  • 8:39 - 8:43
    de se construire une échelle critique,
    qui exigeait que pendant six ans
  • 8:43 - 8:45
    aucun argent n'irait à ceux
    qui sont dans le besoin,
  • 8:45 - 8:47
    tout l'argent serait consacré
    à obtenir une taille critique,
  • 8:47 - 8:50
    on s'attendrait à ce qu'elle soit crucifiée.
  • 8:50 - 8:52
    Et le dernier domaine
    est celui du profit lui-même.
  • 8:52 - 8:55
    Le secteur à but lucratif peut verser
    des bénéfices aux gens
  • 8:55 - 8:57
    afin d'attirer leur capital nécessaire
    au financement de ses nouvelles idées,
  • 8:57 - 9:00
    mais on ne peut pas verser de bénéfices
    dans le secteur à but non lucratif, de sorte que
  • 9:00 - 9:05
    le secteur à but lucratif a verrouillé l'accès aux marchés de capitaux de plusieurs milliards de dollars.
  • 9:05 - 9:07
    et le secteur sans but lucratif
    est privé de croissance
  • 9:07 - 9:10
    et d'un capital de risque et d'idées.
  • 9:10 - 9:14
    Alors si on rassemble ces cinq problèmes
    -- on ne peut pas utiliser l'argent
  • 9:14 - 9:16
    pour détourner les talents
    du secteur à but lucratif,
  • 9:16 - 9:18
    on ne peut pas faire
    de publicité à la même échelle
  • 9:18 - 9:21
    que le fait le secteur à but lucratif
    pour attirer de nouveaux clients,
  • 9:21 - 9:23
    on ne peut pas prendre
    les mêmes risques
  • 9:23 - 9:25
    que prend le secteur à but lucratif
    pour attirer de nouveaux clients,
  • 9:25 - 9:27
    on n'a pas les mêmes délais
    que le secteur à but lucratif
  • 9:27 - 9:29
    pour les acquérir,
  • 9:29 - 9:31
    et on n'a pas accès aux marchés financiers
    pour financer tout ça,
  • 9:31 - 9:34
    quand bien même on pourrait le faire,
  • 9:34 - 9:36
    et on place ainsi tout simplement
    le secteur à but non lucratif
  • 9:36 - 9:39
    dans une situation extrêmement désavantageuse
    comparée au secteur à but lucratif
  • 9:39 - 9:41
    à tous les niveaux.
  • 9:41 - 9:45
    Au cas où vous auriez des doutes
    sur les effets de ces règles à part,
  • 9:45 - 9:47
    cette statistique donne à réfléchir :
  • 9:47 - 9:49
    de 1970 à 2009,
  • 9:49 - 9:51
    le nombre d'organisations à but non lucratif
    qui ont réellement connu une croissance
  • 9:51 - 9:55
    qui ont dépassé le seuil de
    50 millions de dollars de recettes annuelles,
  • 9:55 - 9:57
    est de 144.
  • 9:57 - 9:59
    Dans le même temps, le nombre d'organisations
    à but lucratif qui ont dépassé ce seuil
  • 9:59 - 10:03
    est de 46 136.
  • 10:03 - 10:06
    Nous faisons donc face
    à des problèmes sociaux à une échelle massive,
  • 10:06 - 10:09
    et nos organisations n'arrivent pas
    à atteindre une taille critique.
  • 10:09 - 10:13
    Seuls Coca-Cola et Burger King
    obtiennent une taille critique.
  • 10:13 - 10:16
    Mais pourquoi donc
    avons-nous cette façon de penser ?
  • 10:16 - 10:20
    Eh bien, comme la plupart
    des dogmes fanatiques en Amérique,
  • 10:20 - 10:23
    ces idées viennent des croyances
    des anciens Puritains.
  • 10:23 - 10:26
    Les Puritains sont venus ici pour des raisons
    religieuses, du moins c'est ce qu'ils disent,
  • 10:26 - 10:30
    mais ils sont également venus ici parce
    qu'ils voulaient se faire beaucoup d'argent.
  • 10:30 - 10:32
    Ils étaient pieux mais également
  • 10:32 - 10:34
    des capitalistes très agressifs,
  • 10:34 - 10:38
    et on les a accusés de rechercher le profit
    dans ses formes les plus extrêmes
  • 10:38 - 10:40
    comparés aux autres colons.
  • 10:40 - 10:43
    Mais dans le même temps,
    les Puritains étaient calvinistes,
  • 10:43 - 10:46
    et on leur avait appris
    à se détester littéralement.
  • 10:46 - 10:49
    On leur a inculqué que leur intérêt personnel
    était une mer déchaînée
  • 10:49 - 10:52
    qui était le chemin assuré
    vers une malédiction éternelle.
  • 10:52 - 10:55
    Ça a créé un réel problème
    pour ces gens-là, non ?
  • 10:55 - 10:57
    Les voilà qui ont traversé l'Océan Atlantique
    pour gagner tout cet argent.
  • 10:57 - 11:01
    Gagner tout cet argent vous enverra
    directement en enfer.
  • 11:01 - 11:03
    Que pouvaient-ils faire ?
  • 11:03 - 11:05
    Eh bien, les œuvres caritatives
    ont été la réponse.
  • 11:05 - 11:07
    C'est devenu ce sanctuaire économique
  • 11:07 - 11:11
    où ils pouvaient faire acte de pénitence
    pour leurs tendances à rechercher le profit
  • 11:11 - 11:14
    à cinq cents par dollar.
  • 11:14 - 11:16
    Donc bien sûr, comment pouvait-on faire
    de l'argent dans les organisations caritatives
  • 11:16 - 11:19
    si elles étaient un acte de pénitence
    pour avoir gagné de l'argent ?
  • 11:19 - 11:23
    Les incitations financières ont été exilées
    du royaume où on aide les autres
  • 11:23 - 11:26
    de sorte qu'elles pouvaient s'épanouir dans
    le domaine de la réalisation de profit pour soi-même
  • 11:26 - 11:29
    et en 400 ans, personne n'est intervenu
  • 11:29 - 11:35
    pour dire : « C'est contre-productif
    et c'est injuste. »
  • 11:35 - 11:39
    Cette idéologie est par ailleurs contrôlée
    par cette question très dangereuse :
  • 11:39 - 11:43
    « Quel pourcentage de mon don va à la cause
    que je défends par rapport aux frais généraux ?»
  • 11:43 - 11:45
    Il y a de nombreux problèmes
    liés à cette question.
  • 11:45 - 11:47
    Je vais me concentrer
    sur deux d'entre-eux.
  • 11:47 - 11:51
    Premièrement, ça laisse penser que
    les frais généraux sont négatifs
  • 11:51 - 11:55
    qu'ils ne font pas partie de la cause.
  • 11:55 - 12:00
    Mais ils en font absolument partie, en particulier
    s'ils sont utilisés pour la croissance.
  • 12:00 - 12:02
    L'idée que les frais généraux
    sont en quelque sorte
  • 12:02 - 12:04
    un ennemi de la cause
  • 12:04 - 12:07
    crée ce second problème
    bien plus vaste, qui est
  • 12:07 - 12:10
    que ça pousse les organisations
    à se passer des frais généraux
  • 12:10 - 12:12
    dont elles ont réellement besoin
    pour croître
  • 12:12 - 12:15
    dans l'objectif de réduire les frais généraux.
  • 12:15 - 12:17
    On nous a tous appris que les organisations
    caritatives devraient dépenser
  • 12:17 - 12:20
    aussi peu que possible sur les frais généraux
    du type collecte de fonds,
  • 12:20 - 12:24
    selon la théorie qui énonce que moins
    on dépense pour la collecte des fonds,
  • 12:24 - 12:27
    plus il reste d'argent pour la cause.
  • 12:27 - 12:30
    Eh bien, c'est vrai
    dans un monde en récession
  • 12:30 - 12:33
    dans lequel ce gâteau
    ne peut s'agrandir.
  • 12:33 - 12:37
    Mais dans un monde logique dans lequel
    l'investissement dans la collecte de fonds
  • 12:37 - 12:40
    a pour effet d'augmenter les fonds collectés
    et agrandit le gâteau
  • 12:40 - 12:42
    alors c'est tout le contraire,
  • 12:42 - 12:45
    et on devrait investir
    plus d'argent, pas moins,
  • 12:45 - 12:47
    dans la collecte de fonds, parce que
    la collecte de fonds est la seule chose
  • 12:47 - 12:50
    qui a le potentiel de multiplier
    la somme d'argent
  • 12:50 - 12:54
    disponible pour la cause
    qui nous est si chère.
  • 12:54 - 12:57
    Je vais vous donner deux exemples.
    On a lancé les AIDSRides
  • 12:57 - 13:00
    avec un investissement initial
    de 50 000 dollars en capital risque.
  • 13:00 - 13:05
    En neuf ans, on a multiplié
    ce montant par 1 982,
  • 13:05 - 13:11
    et obtenu 108 millions de dollars après déduction de
    toutes les dépenses pour les services liés au SIDA.
  • 13:11 - 13:13
    On a lancé les trois jours pour la lutte
    contre le cancer du sein
  • 13:13 - 13:17
    avec un investissement initial de
    350 000 dollars en capital-risque.
  • 13:17 - 13:21
    En seulement cinq ans,
    on a multiplié ce montant par 554,
  • 13:21 - 13:25
    et obtenu 194 millions de dollars
    après déduction de toutes les dépenses
  • 13:25 - 13:27
    pour la recherche sur le cancer du sein
  • 13:27 - 13:30
    Si vous étiez un philanthrope
    réellement intéressé par le cancer du sein,
  • 13:30 - 13:31
    qu'est-ce qui ferait plus de sens :
  • 13:31 - 13:35
    aller à la recherche du chercheur
    le plus innovant dans le monde
  • 13:35 - 13:38
    et lui donner 350 000 dollars
    pour sa recherche
  • 13:38 - 13:42
    ou donner les 350 000 dollars à
    son département de collecte de fonds
  • 13:42 - 13:47
    afin de multiplier ce montant et obtenir 194 millions
    de dollars pour la recherche sur le cancer du sein ?
  • 13:47 - 13:51
    2002 a été notre meilleure année.
  • 13:51 - 13:54
    Durant cette seule année, on a collecté
    uniquement pour le cancer du sein
  • 13:54 - 13:58
    71 millions de dollars
    après toutes nos dépenses.
  • 13:58 - 14:00
    Et puis on a tout arrêté
  • 14:00 - 14:03
    de la manière la plus soudaine
    et la plus traumatisante qui soit.
  • 14:03 - 14:08
    Pourquoi ? Eh bien, pour faire court,
    notre parrain nous a laissé tomber.
  • 14:08 - 14:10
    Ils voulaient prendre
    leur distance avec nous
  • 14:10 - 14:13
    parce que nous étions crucifiés
    par les médias
  • 14:13 - 14:16
    pour avoir investi 40 %
    des fonds collectés dans le recrutement,
  • 14:16 - 14:19
    le service clients
    et la magie de l'expérience,
  • 14:19 - 14:23
    et il n'y a pas d'autre terminologie
    comptable pour décrire
  • 14:23 - 14:25
    ce type d'investissement
    dans la croissance et dans l'avenir,
  • 14:25 - 14:30
    autre que cette étiquette
    démoniaque de frais généraux.
  • 14:30 - 14:36
    Alors un matin, chacun de nos 350
    fantastiques employés
  • 14:36 - 14:40
    ont perdu leur emploi
  • 14:40 - 14:44
    parce qu'on les avait catalogués
    comme étant des frais généraux.
  • 14:44 - 14:46
    Notre parrain a essayé
    d'organiser les évènements lui-même.
  • 14:46 - 14:47
    Les frais généraux ont augmenté.
  • 14:47 - 14:50
    Les recettes nettes en faveur de la recherche
    pour le cancer du sein ont diminué
  • 14:50 - 14:56
    de 84 %, c'est-à-dire
    60 millions de dollars en un an.
  • 14:56 - 14:59
    Voilà ce qui arrive quand on confond
  • 14:59 - 15:03
    moralité et frugalité.
  • 15:03 - 15:06
    On nous a tous inculqué que la vente de gâteaux
    avec 5 % de frais généraux
  • 15:06 - 15:11
    est moralement supérieure à une entreprise
    professionnelle de collecte de fonds
    avec 40 % de frais généraux,
  • 15:11 - 15:14
    mais il nous manque
    l'information la plus importante,
  • 15:14 - 15:18
    à savoir, quelle est en fait
    la taille de ces gâteaux ?
  • 15:18 - 15:22
    Qu'est-ce que ça peut faire si la vente de gâteaux
    n'a que 5 % de frais généraux
    si elle est toute petite ?
  • 15:22 - 15:25
    Et si la vente de gâteaux ne rapportait que
    71 dollars à l'organisation caritative
  • 15:25 - 15:27
    parce qu'aucun investissement
    de croissance n'a été fait
  • 15:27 - 15:29
    alors que l'entreprise professionnelle
    de collecte de fonds rapportait
  • 15:29 - 15:32
    71 millions de dollars parce
    qu'elle a fait ces investissements ?
  • 15:32 - 15:34
    Alors, quel gâteau
    allez-vous préférer et quel gâteau
  • 15:34 - 15:38
    pensez-vous que les gens
    qui ont faim vont préférer ?
  • 15:38 - 15:42
    Voici comment tout ceci a un impact
    sur la situation dans son ensemble.
  • 15:42 - 15:45
    J'ai dit que les dons à des organisations caritatives
    représentent 2 % du PIB aux États-Unis.
  • 15:45 - 15:48
    Ça représente environ
    300 milliards de dollars par an.
  • 15:48 - 15:52
    Mais seulement environ 20 %,
    soit 60 milliards de dollars,
  • 15:52 - 15:54
    vont à des causes pour la santé
    et à des aides aux personnes.
  • 15:54 - 15:57
    Le reste est donné à la religion,
    l'éducation supérieure et aux hôpitaux
  • 15:57 - 16:00
    et ces 60 milliards sont loin d'être suffisants
  • 16:00 - 16:02
    pour s'attaquer à ces problèmes.
  • 16:02 - 16:04
    Mais si on pouvait
    faire bouger les donations
  • 16:04 - 16:10
    d'un cran, de 2 % du PIB
  • 16:10 - 16:13
    à 3 % du PIB, en investissant
    dans cette croissance,
  • 16:13 - 16:17
    ça représenterait 150 milliards
    de plus par an en contributions,
  • 16:17 - 16:20
    et si cet argent pouvait aller
    de manière disproportionnelle
  • 16:20 - 16:22
    aux organisations caritatives pour la santé
    et les aides aux personnes,
  • 16:22 - 16:25
    parce qu'on aurait encouragé les gens
    à investir dans leur croissance,
  • 16:25 - 16:29
    ça représenterait un triplement
    des contributions à ce secteur.
  • 16:29 - 16:31
    Ça c'est de l'échelle.
  • 16:31 - 16:34
    Ça, c'est la potentiel d'un vrai changement.
  • 16:34 - 16:37
    Mais ça n'arrivera jamais en forçant
  • 16:37 - 16:39
    ces organisations à rabaisser leur objectif
  • 16:39 - 16:45
    à limiter leurs frais généraux.
  • 16:45 - 16:48
    Notre génération
    ne veut pas lire sur son épitaphe :
  • 16:48 - 16:51
    « On a limité les frais généraux
    de nos organisations caritatives. »
  • 16:51 - 16:59
    (Rires) (Applaudissements)
  • 16:59 - 17:01
    On veut y lire qu'on a changé le monde,
  • 17:01 - 17:03
    et que pour y arriver
    nous avons notamment
  • 17:03 - 17:06
    changé la façon dont
    nous pensons à tout ça.
  • 17:06 - 17:08
    Donc la prochaine fois que vous examinerez
    une organisation caritative,
  • 17:08 - 17:10
    ne demandez pas le pourcentage
    de leurs frais généraux.
  • 17:10 - 17:12
    Demandez quelle est l'échelle
    de leurs rêves.
  • 17:12 - 17:16
    leurs rêves à la hauteur
    des Apple, Google et autres Amazon,
  • 17:16 - 17:18
    comment ils mesurent les progrès
    qu'ils font pour atteindre ces rêves
  • 17:18 - 17:21
    et quelles sont les ressources dont
    ils ont besoin pour qu'ils se réalisent
  • 17:21 - 17:23
    quels que soient les frais généraux.
  • 17:23 - 17:28
    Qui se préoccupe des frais généraux
    si ces problèmes sont effectivement résolus ?
  • 17:28 - 17:31
    Si on peut avoir ce genre de générosité,
  • 17:31 - 17:35
    une générosité de la pensée, alors le secteur
    à but non lucratif peut jouer
  • 17:35 - 17:39
    un rôle massif dans le changement
    du monde pour tous ces citoyens
  • 17:39 - 17:45
    qui en ont désespérément besoin..
  • 17:45 - 17:50
    Et si ça peut être l'héritage
    durable de notre génération,
  • 17:50 - 17:53
    que nous prenions la responsabilité
  • 17:53 - 17:56
    de la pensée qui nous a été transmise,
  • 17:56 - 17:59
    pour la revisiter, la revoir,
  • 17:59 - 18:03
    et que nous réinventions totalement la façon
    dont l'humanité peut changer les choses
  • 18:03 - 18:06
    à jamais, pour nous tous,
  • 18:06 - 18:11
    eh bien, je pense que je vais laisser
    les enfants résumer ce que ça serait.
  • 18:11 - 18:13
    Annalisa Smith-Pallotta : Ça serait --
  • 18:13 - 18:15
    Sage Smith-Pallotta : -- une innovation --
  • 18:15 - 18:17
    Rider Simith-Pallotta : -- réellement sociale.
  • 18:17 - 18:20
    Dan Pallotta : Merci beaucoup. Merci.
  • 18:20 - 18:30
    (Applaudissements)
  • 18:30 - 18:34
    Merci. (Applaudissements)
Title:
Dan Pallotta : Notre façon de considérer les œuvres caritatives est complètement erronée.
Speaker:
Dan Pallotta
Description:

Militant et collecteur de fonds, Dan Pallotta dénonce le deux poids deux mesures qui anime notre relation brisée avec les organisations caritatives. Selon lui, trop d'organisations à but non lucratif sont valorisées quand elles dépensent peu - et non pour ce qu'elles réalisent. Au lieu d'assimiler la frugalité à la morale, il nous demande de commencer à valoriser les organisations caritatives pour leurs grands objectifs et leurs grandes réalisations (même si cela s'accompagne de grandes dépenses). Dans ce discours audacieux, il nous dit : changeons la façon dont nous pensons changer le monde.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:54

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