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Quand prendre position — et quand laisser tomber

  • 0:01 - 0:07
    Cet été, j'étais de retour dans l'Ohio
  • 0:07 - 0:09
    pour un mariage de famille.
  • 0:09 - 0:10
    Pendant mon séjour,
  • 0:10 - 0:14
    une rencontre avec Anna et Elsa
    de « La Reine des Neiges » a eu lieu.
  • 0:14 - 0:18
    Pas les Anna et Elsa
    de « La Reine des Neiges »,
  • 0:18 - 0:20
    puisque ce n'était pas
    organisé par Disney.
  • 0:20 - 0:24
    Ces deux entrepreneuses
    organisaient des fêtes de princesses.
  • 0:24 - 0:26
    Votre enfant va avoir cinq ans ?
  • 0:26 - 0:30
    Elles viendront chanter quelques chansons,
    lancer de la poudre magique, c'est super.
  • 0:30 - 0:34
    Et elles n'allaient
    pas rater l'opportunité
  • 0:34 - 0:36
    que représentait le phénomène
    de « La Reine des Neiges ».
  • 0:36 - 0:38
    Elles sont engagées
    par un magasin de jouets,
  • 0:38 - 0:42
    les enfants viennent un samedi matin,
    achètent des babioles Disney,
  • 0:42 - 0:45
    se font prendre en photo
    avec les princesses, et puis basta.
  • 0:45 - 0:48
    C'est comme le Père Noël,
    sans les contraintes saisonnières.
  • 0:48 - 0:49
    (Rires)
  • 0:49 - 0:54
    Et Samantha, ma nièce de trois ans
    et demi, était en plein dedans.
  • 0:54 - 0:59
    Elle se fichait que ces femmes signent
    des posters et des livres de coloriage
  • 0:59 - 1:03
    en tant que Reine de la Neige
    et Princesse Ana avec un N
  • 1:03 - 1:04
    pour éviter des poursuites.
  • 1:04 - 1:06
    (Rires)
  • 1:06 - 1:10
    Selon ma nièce et les 200 enfants
    dans le parking ce jour-là,
  • 1:10 - 1:15
    il s'agissait bien des Anna et Elsa
    de « La Reine des Neiges ».
  • 1:16 - 1:22
    C'est un samedi matin d'août dans l'Ohio
    où il fait une chaleur écrasante.
  • 1:22 - 1:24
    Nous arrivons à 10h, l'heure indiquée,
  • 1:24 - 1:27
    et on nous donne le numéro 59.
  • 1:27 - 1:31
    À 11h, ils avaient appelé
    les numéros 21 à 25 ;
  • 1:31 - 1:33
    ça allait prendre un moment,
  • 1:33 - 1:38
    et aucun maquillage
    ou tatouages temporaires gratuits
  • 1:38 - 1:41
    ne pouvaient empêcher les crises
    qui se produisaient devant le magasin.
  • 1:41 - 1:44
    (Rires)
  • 1:44 - 1:47
    À 12h30, on nous appelle :
  • 1:47 - 1:50
    « 56 à 63, s'il vous plaît. »
  • 1:50 - 1:51
    Alors que nous entrons,
  • 1:51 - 1:56
    je ne peux décrire la scène
    qu'en la qualifiant de vomi norvégien.
  • 1:56 - 1:57
    (Rires)
  • 1:57 - 2:02
    Des flocons de neige en carton
    recouvraient le sol,
  • 2:02 - 2:04
    des paillettes sur toutes les surfaces,
  • 2:04 - 2:08
    et des stalactites
    partout sur les murs.
  • 2:08 - 2:11
    Pendant qu'on attendait, dans l'espoir
    de donner une meilleure vue à ma nièce
  • 2:11 - 2:13
    que le postérieur
    de la mère numéro 58,
  • 2:13 - 2:15
    je la mets sur mes épaules.
  • 2:15 - 2:20
    Elle fut immédiatement fascinée
    par la vue des princesses.
  • 2:20 - 2:22
    Alors qu'on avançait,
    elle était de plus en plus excitée.
  • 2:22 - 2:24
    Quand nous sommes
    arrivées en tête de file,
  • 2:24 - 2:28
    et que le numéro 58 déroulait son poster
    pour que les princesses le signent,
  • 2:28 - 2:32
    je pouvais littéralement sentir
    l'excitation qui la parcourait.
  • 2:32 - 2:35
    Et pour être honnête, à ce moment-là,
    j'étais aussi plutôt excitée.
  • 2:35 - 2:36
    (Rires)
  • 2:36 - 2:39
    La décadence scandinave
    était fascinante.
  • 2:39 - 2:40
    (Rires)
  • 2:40 - 2:43
    Donc on arrive au début de la queue,
  • 2:43 - 2:45
    et l'employée exténuée se tourne
    vers ma nièce et lui dit :
  • 2:45 - 2:48
    « Bonjour ma chérie.
    Tu es la suivante ! »
  • 2:48 - 2:49
    Tu veux descendre
  • 2:49 - 2:52
    ou tu restes sur les épaules
    de ton papa pour la photo ? »
  • 2:52 - 2:53
    (Rires)
  • 2:53 - 2:57
    Faute d'un terme plus approprié,
    j'étais figée.
  • 2:57 - 2:59
    (Rires)
  • 2:59 - 3:02
    C'est fou comme on peut être confrontée,
    de manière tout à fait inattendue,
  • 3:02 - 3:05
    à la question : « Qui suis-je ? »
  • 3:05 - 3:06
    Est-ce que je suis une tante ?
  • 3:06 - 3:08
    Ou bien une militante ?
  • 3:08 - 3:12
    Des millions de gens ont vu ma vidéo
    sur l'art des conversations difficiles,
  • 3:12 - 3:14
    et je me trouvais dans cette situation.
  • 3:14 - 3:18
    En même temps, rien n'est plus
    important pour moi que les enfants,
  • 3:18 - 3:22
    donc je me retrouvais dans une situation
    à laquelle on est souvent confronté :
  • 3:22 - 3:26
    tiraillée entre deux options,
    deux choix impossibles.
  • 3:26 - 3:28
    Devrais-je me positionner
    comme militante ?
  • 3:28 - 3:31
    Devrais-je enlever ma nièce
    de mes épaules, me tourner vers l'employée
  • 3:31 - 3:35
    et lui expliquer qu'en fait,
    je suis sa tante et non son père,
  • 3:35 - 3:37
    qu'elle devrait faire plus attention
  • 3:37 - 3:39
    et ne pas tirer de conclusions
  • 3:39 - 3:42
    d'après une coupe de cheveux
    ou une balade sur les épaules.
  • 3:42 - 3:43
    (Rires)
  • 3:43 - 3:46
    Et en faisant tout ça,
  • 3:46 - 3:50
    manquer ce qui était, jusqu'ici,
    le plus beau jour de la vie de ma nièce.
  • 3:51 - 3:53
    Ou devais-je être une tante ?
  • 3:53 - 3:56
    Ignorer ce commentaire,
    prendre tout un tas de photos,
  • 3:56 - 4:01
    et ne pas me laisser distraire
    de ce moment de pur bonheur,
  • 4:01 - 4:03
    et en agissant de cette façon,
  • 4:03 - 4:06
    partir avec la honte
    de ne pas m'être affirmée,
  • 4:06 - 4:09
    surtout devant ma nièce.
  • 4:09 - 4:10
    Qui étais-je ?
  • 4:10 - 4:15
    Quelle facette était la plus importante ?
    Quel rôle en valait plus la peine ?
  • 4:15 - 4:18
    Étais-je une tante ? Ou une militante ?
  • 4:18 - 4:21
    Je n'avais qu'une fraction
    de seconde pour décider.
  • 4:23 - 4:28
    On nous apprend que l'on vit dans un monde
    de polarité constante et croissante.
  • 4:28 - 4:33
    C'est tellement noir et blanc,
    tellement nous et eux, vrai et faux.
  • 4:33 - 4:38
    Il n'y a pas de juste milieu,
    pas de gris, juste de la polarité,
  • 4:38 - 4:42
    un état où deux idées ou opinions
    sont à l'opposé l'une de l'autre ;
  • 4:42 - 4:45
    des points de vue
    diamétralement opposés.
  • 4:45 - 4:48
    De quel côté êtes-vous ?
  • 4:48 - 4:51
    Êtes-vous pacifiste, pro-avortement,
    contre la peine de mort,
  • 4:51 - 4:54
    pour la régulation des armes, partisan
    de l'ouverture des frontières
  • 4:54 - 4:56
    et pro-syndicats ?
  • 4:56 - 5:01
    Ou êtes-vous un farouche partisan
    de la guerre, contre l'avortement,
  • 5:01 - 5:04
    pour la peine de mort,
  • 5:04 - 5:05
    un défenseur
    du Deuxième Amendement,
  • 5:05 - 5:07
    contre l'immigration
    et pro-business ?
  • 5:07 - 5:10
    C'est tout ou rien,
    vous êtes avec nous ou contre nous.
  • 5:10 - 5:12
    Voilà ce qu'est la polarité.
  • 5:12 - 5:16
    Le problème avec la polarité
    et les absolus,
  • 5:16 - 5:22
    c'est qu'ils ne tiennent pas compte
    de la singularité de nos expériences,
  • 5:22 - 5:26
    et sont donc contradictoires
    avec la nature humaine.
  • 5:27 - 5:29
    Si nous sommes poussés
    dans ces deux directions,
  • 5:29 - 5:33
    mais qu'elles ne nous correspondent pas,
    que la polarité n'est pas notre réalité,
  • 5:33 - 5:35
    vers quoi allons-nous ?
  • 5:35 - 5:38
    Qu'y a-t-il comme autre choix ?
  • 5:38 - 5:42
    Je ne pense pas que ça soit
    une utopie harmonieuse et inaccessible,
  • 5:42 - 5:46
    je pense que le contraire
    de la polarité est la dualité.
  • 5:46 - 5:52
    La dualité consiste à avoir deux éléments,
    qui ne sont pas diamétralement opposés,
  • 5:52 - 5:55
    et qui coexistent.
  • 5:55 - 5:57
    Vous pensez que c'est impossible ?
  • 5:57 - 5:58
    Voici les personnes que je connais :
  • 5:58 - 6:02
    des catholiques pour l'avortement,
    des féministes en hijabs,
  • 6:02 - 6:04
    des vétérans contre la guerre,
  • 6:04 - 6:06
    des membres de la NRA
    pour le mariage gay.
  • 6:06 - 6:09
    Ce sont les gens que je connais,
    mes amis et ma famille.
  • 6:09 - 6:12
    Il s'agit de la majorité de notre société,
    c'est vous, c'est moi.
  • 6:12 - 6:20
    (Applaudissements)
  • 6:21 - 6:26
    La dualité est la capacité
    à concilier deux opposés.
  • 6:26 - 6:30
    La question est :
    peut-on assumer notre dualité ?
  • 6:30 - 6:34
    Peut-on avoir le courage de concilier
    ces deux opposés ?
  • 6:35 - 6:37
    Je travaillais
    dans un restaurant en ville,
  • 6:37 - 6:40
    et je suis devenue très amie
    avec le commis en salle.
  • 6:40 - 6:42
    J'étais serveuse et nous avions
    de très bonnes relations,
  • 6:42 - 6:45
    on passait du bon temps ensemble.
  • 6:45 - 6:49
    Son espagnol était excellent
    car elle était originaire du Mexique.
  • 6:49 - 6:52
    (Rires)
  • 6:52 - 6:54
    Cette réplique est sortie à l'envers.
  • 6:54 - 6:58
    Son anglais était limité,
    mais bien meilleur que mon espagnol.
  • 6:58 - 7:00
    (Rires)
  • 7:00 - 7:04
    Nous étions unies
    par nos points communs
  • 7:04 - 7:07
    et non séparées par nos différences.
  • 7:07 - 7:10
    Nous étions proches,
    malgré nos milieux très différents.
  • 7:10 - 7:14
    Elle venait du Mexique et avait quitté
    sa famille pour venir ici,
  • 7:14 - 7:17
    et leur offrir une vie
    plus agréable là-bas.
  • 7:17 - 7:20
    Elle était une fervente catholique,
    conservatrice,
  • 7:20 - 7:22
    croyant aux valeurs
    familiales traditionnelles,
  • 7:22 - 7:24
    aux rôles stéréotypés
    des hommes et des femmes,
  • 7:24 - 7:26
    et j'étais... moi.
  • 7:26 - 7:28
    (Rires)
  • 7:29 - 7:33
    Mais ce qui nous liait était lorsqu'elle
    demandait des nouvelles de ma petite amie
  • 7:33 - 7:36
    ou qu'elle partageait
    des photos de sa famille.
  • 7:36 - 7:38
    Ce sont les choses
    qui nous ont rassemblées.
  • 7:38 - 7:40
    Un jour, nous étions à l'arrière,
  • 7:40 - 7:43
    dévorant de la nourriture aussi vite
    que possible, autour d'une table,
  • 7:43 - 7:45
    lors d'une très rare accalmie.
  • 7:45 - 7:47
    Un nouveau gars
    de la cuisine arriva —
  • 7:47 - 7:49
    qui était son cousin —
  • 7:49 - 7:52
    et s'assit avec tout
    le machisme et la bravade
  • 7:52 - 7:54
    que son corps de 20 ans pouvait contenir.
  • 7:54 - 7:56
    (Rires)
  • 7:56 - 8:01
    Il lui demanda, [en espagnol] :
    « Est-ce qu'Ash a un petit ami ? »
  • 8:02 - 8:06
    Et elle répondit, [en espagnol] :
    « Non, elle a une petite amie. »
  • 8:07 - 8:11
    Il dit, [en espagnol] :
    « Une petite amie ? »
  • 8:11 - 8:14
    Et elle posa sa fourchette
    et le regarda droit dans les yeux,
  • 8:14 - 8:19
    et dit [en espagnol] :
    « Oui, une petite amie. C'est tout. »
  • 8:19 - 8:24
    Son sourire suffisant se transforma
    en un sourire de respect maternel,
  • 8:24 - 8:27
    il prit son assiette, s'en alla,
    et retourna travailler.
  • 8:27 - 8:30
    Elle ne m'a jamais regardée.
  • 8:30 - 8:31
    Elle partit, fit la même chose —
  • 8:31 - 8:35
    la conversation avait duré 10 secondes,
    une interaction si courte.
  • 8:35 - 8:37
    Elle avait bien
    plus en commun avec lui :
  • 8:37 - 8:39
    langue, culture, histoire, famille,
  • 8:39 - 8:42
    ici, sa communauté
    était sa bouée de sauvetage,
  • 8:42 - 8:46
    mais sa boussole morale
    l'emportait sur tout ça.
  • 8:46 - 8:50
    Un peu plus tard, ils blaguaient
    en espagnol dans la cuisine,
  • 8:50 - 8:51
    je n'en faisais pas partie,
  • 8:51 - 8:54
    et c'est ça, la dualité.
  • 8:54 - 8:56
    Elle n'avait pas à choisir
  • 8:56 - 8:59
    une prise de position
    pour l'homosexualité à son héritage.
  • 8:59 - 9:02
    Elle n'avait pas à choisir
    sa famille contre notre amitié.
  • 9:02 - 9:04
    Ce n'était pas Jésus ou Ash.
  • 9:04 - 9:08
    (Rires)
  • 9:08 - 9:15
    (Applaudissements)
  • 9:15 - 9:20
    Sa morale individuelle
    était ancrée si fortement
  • 9:20 - 9:23
    qu'elle a eu le courage
    de conserver ces deux choix.
  • 9:23 - 9:26
    Notre intégrité morale
    est notre responsabilité,
  • 9:26 - 9:30
    et nous devons être préparés à la défendre
    même lorsque ce n'est pas évident.
  • 9:30 - 9:32
    Voici ce qu'être un allié signifie,
  • 9:32 - 9:36
    et si vous voulez être un allié,
    vous devez être un allié actif :
  • 9:36 - 9:40
    posez des questions, agissez lorsque
    vous entendez quelque chose d'inapproprié,
  • 9:40 - 9:42
    discutez vraiment.
  • 9:42 - 9:47
    Pendant des années, une amie de ma famille
    a appelé ma petite amie mon amante.
  • 9:47 - 9:49
    (Rires)
  • 9:49 - 9:51
    Vraiment ? Amante ?
  • 9:51 - 9:53
    C'est si ouvertement sexuel,
  • 9:53 - 9:55
    tellement porno gay des années 70.
  • 9:55 - 9:57
    (Rires)
  • 9:59 - 10:01
    Mais elle essayait, et elle a demandé.
  • 10:01 - 10:03
    Elle aurait pu l'appeler mon amie,
  • 10:03 - 10:07
    ou mon « amie »,
    ou mon « amie particulière » —
  • 10:07 - 10:09
    (Rires)
  • 10:09 - 10:12
    ou même pire, ne pas avoir
    demandé du tout.
  • 10:12 - 10:15
    Croyez-moi, nous préférons
    que vous demandiez.
  • 10:15 - 10:21
    Je préfère qu'elle l'appelle amante,
    que ne rien dire du tout.
  • 10:21 - 10:24
    Les gens me disent souvent :
    « Ash, je m'en fiche.
  • 10:24 - 10:28
    Je ne vois pas l'ethnie,
    la religion ou la sexualité.
  • 10:28 - 10:31
    Ça ne m'importe pas.
    Je ne la vois pas. »
  • 10:32 - 10:37
    Mais l'opposé de l'homophobie, du racisme
    et de la xénophobie n'est pas l'amour,
  • 10:37 - 10:39
    c'est l'apathie.
  • 10:39 - 10:43
    Si vous ne voyez pas mon homosexualité,
    alors vous ne me voyez pas.
  • 10:43 - 10:46
    Si avec qui je couche
    ne vous importe pas,
  • 10:46 - 10:48
    alors vous ne pouvez
    pas imaginer ce que ça fait
  • 10:48 - 10:51
    lorsque je marche dans la rue
    la nuit, tenant sa main,
  • 10:51 - 10:53
    que j'approche un groupe
    et que je dois décider
  • 10:53 - 10:55
    de tenir sa main ou de la lâcher,
  • 10:55 - 10:58
    lorsque tout ce dont j'ai envie
    est de la serrer plus fort.
  • 10:58 - 11:01
    Et la petite victoire que je ressens
  • 11:01 - 11:04
    lorsque j'y arrive
    et que je n'ai pas à la lâcher.
  • 11:04 - 11:09
    Et l'incroyable lâcheté et déception
    que je ressens lorsque je la lâche.
  • 11:09 - 11:11
    Si vous ne voyez pas ce combat,
  • 11:11 - 11:15
    qui est unique à mon expérience humaine
    parce que je suis gay,
  • 11:15 - 11:18
    alors vous ne me voyez pas.
  • 11:18 - 11:22
    Si vous devez être un allié,
    j'ai besoin que vous me voyiez.
  • 11:22 - 11:26
    En tant qu'individus, alliés, humains,
  • 11:26 - 11:29
    nous devons pouvoir
    être ces deux choses :
  • 11:29 - 11:31
    ce qui est bien et ce qui ne l'est pas,
  • 11:31 - 11:33
    ce qui est facile et ce qui ne l'est pas.
  • 11:33 - 11:37
    On n'apprend pas comment
    être deux choses avec du coton,
  • 11:37 - 11:40
    on l'apprend avec ses tripes.
  • 11:40 - 11:43
    Et si la dualité
    n'est que le premier pas ?
  • 11:44 - 11:49
    Et si, à travers la compassion,
    l'empathie et l'interaction humaine,
  • 11:49 - 11:52
    nous étions capables
    d'apprendre à être deux choses.
  • 11:52 - 11:53
    Si nous pouvons
    en être deux,
  • 11:53 - 11:58
    nous pouvons en être quatre,
    puis huit, puis des centaines.
  • 11:58 - 12:01
    Nous sommes des individus complexes,
  • 12:01 - 12:02
    des tourbillons de contradiction.
  • 12:02 - 12:06
    Vous êtes tous tellement
    de choses en cet instant.
  • 12:06 - 12:09
    Que pouvez-vous faire pour en être
    juste quelques-unes de plus ?
  • 12:10 - 12:13
    Revenons à Toledo, dans l'Ohio.
  • 12:13 - 12:14
    Je suis en tête de file,
  • 12:14 - 12:18
    ma nièce sur mes épaules,
    l'employée épuisée m'appelle Papa.
  • 12:18 - 12:22
    Vous a-t-on déjà pris
    pour le mauvais sexe ?
  • 12:23 - 12:25
    Même pas ça.
  • 12:25 - 12:30
    Vous a-t-on déjà appelé
    quelque chose que vous n'êtes pas ?
  • 12:31 - 12:34
    Voici ce que ça me fait :
  • 12:34 - 12:38
    immédiatement, je deviens une tempête
    interne d'émotions contradictoires.
  • 12:38 - 12:43
    J'éclate dans une sueur qui est
    une combinaison de rage et d'humiliation,
  • 12:43 - 12:46
    je sens que le magasin entier m'observe,
  • 12:46 - 12:49
    et en même temps,
    je me sens invisible.
  • 12:49 - 12:52
    Je veux exploser
    dans une tirade de fureur,
  • 12:52 - 12:54
    et je veux ramper sous un rocher.
  • 12:54 - 12:57
    Et pour couronner le tout,
    la frustration de porter
  • 12:57 - 13:01
    un t-shirt violet moulant
    qui n'est pas mon style,
  • 13:01 - 13:03
    et le magasin entier
    peut voir mes seins,
  • 13:03 - 13:06
    pour m'assurer que cette chose
    même ne se produise pas.
  • 13:06 - 13:09
    (Rires)
  • 13:09 - 13:12
    Mais malgré mes meilleurs efforts
    pour être vue selon le sexe que je suis,
  • 13:12 - 13:14
    ça arrive encore.
  • 13:14 - 13:19
    Et j'espère de tout mon cœur
    que personne n'a entendu —
  • 13:19 - 13:24
    pas ma sœur, ma petite amie
    et certainement pas ma nièce.
  • 13:24 - 13:26
    Je suis habituée
    à cette douleur familière,
  • 13:26 - 13:31
    mais je ferai tout ce que je peux
    pour en protéger les gens que j'aime.
  • 13:32 - 13:34
    Mais alors j'ôte ma nièce de mes épaules,
  • 13:34 - 13:37
    et elle court vers Elsa et Anna —
  • 13:37 - 13:39
    ce qu'elle a attendu
    pendant si longtemps —
  • 13:39 - 13:41
    et tout s'en va.
  • 13:41 - 13:45
    Tout ce qui m'importe
    est le sourire sur son visage.
  • 13:45 - 13:47
    Tandis que les 30 secondes
  • 13:47 - 13:51
    pour lesquelles nous avons attendu
    deux heures et demi s'achèvent,
  • 13:51 - 13:56
    nous rassemblons nos affaires, et je fixe
    à nouveau des yeux l'employée ;
  • 13:56 - 13:59
    et elle me fait un sourire
    d'excuse et murmure :
  • 13:59 - 14:01
    « Je suis tellement désolée ! »
  • 14:01 - 14:03
    (Rires)
  • 14:03 - 14:09
    Et son humanité, sa volonté d'admettre
    son erreur me désarment immédiatement.
  • 14:09 - 14:14
    Puis je lui dis : « C'est pas grave,
    ça arrive. Mais merci. »
  • 14:14 - 14:17
    Et je réalise à ce moment
  • 14:17 - 14:22
    que je n'ai pas à choisir
    entre tante et militante,
  • 14:22 - 14:25
    je peux être les deux.
  • 14:25 - 14:30
    Je peux vivre en dualité,
    et je peux être deux choses.
  • 14:30 - 14:33
    Et si je peux être deux choses
    dans cet environnement,
  • 14:33 - 14:36
    je peux en être bien plus.
  • 14:36 - 14:39
    Tandis que ma petite amie
    et ma nièce sautillent vers la sortie,
  • 14:39 - 14:42
    je me tourne vers ma sœur et dit :
    « Est-ce que ça valait le coup ? »
  • 14:42 - 14:45
    Et elle répond : « Tu plaisantes ?
    As-tu vu sa tête ?
  • 14:45 - 14:47
    C'était le plus beau jour de sa vie ! »
  • 14:47 - 14:48
    (Rires)
  • 14:48 - 14:52
    « Ça valait les deux heures
    et demi dans la chaleur,
  • 14:52 - 14:56
    ça valait l'album de coloriage
    hors de prix que nous avions déjà.
  • 14:56 - 14:58
    (Rires)
  • 14:58 - 15:02
    Ça valait même
    qu'on t'appelle Papa. »
  • 15:02 - 15:03
    (Rires)
  • 15:05 - 15:10
    Et pour la toute
    première fois de ma vie,
  • 15:10 - 15:12
    ça valait en effet le coup.
  • 15:12 - 15:14
    Merci, Boulder.
    Passez une bonne soirée.
  • 15:14 - 15:19
    (Applaudissements)
Title:
Quand prendre position — et quand laisser tomber
Speaker:
Ash Beckham
Description:

Récemment, Ash Beckham s'est trouvée dans une situation qui lui a fait se poser la question : qui suis-je ? Elle se sentait tiraillée entre deux rôles — en tant que tante et en tant que militante. Chacun d'entre nous ressent parfois ce conflit, dit-elle — et elle offre des suggestions audacieuses sur la façon de défendre son intégrité morale lorsque la situation n'est pas évidente.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
15:35

French subtitles

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