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John Berger / Ways of Seeing , Episode 2 (1972)

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    Les hommes rêvent des femmes.
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    Les femmes rêvent d'elles-mêmes
    en train d'être rêvées.
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    Les hommes regardent les femmes
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    Les femmes se regardent en train d'être vues.
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    Les femmes rencontrent constamment des
    regards qui agissent comme des miroirs.
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    qui leur rappellent de quoi elles ont l'air
    ou de quoi elles devraient avoir l'air.
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    Derrière tout regard se trouve un jugement.
  • 1:00 - 1:05
    Parfois le regard qu'elles rencontrent est le leur,
    réfléchi par un miroir.
  • 2:21 - 2:24
    Une femme est toujours accompagnée
    sauf quand elle est seule.
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    Peut-être même alors, par sa propre image
    d'elle-même.
  • 2:29 - 2:33
    Quand elle traverse une pièce, ou pleure la mort
    de son père,
  • 2:33 - 2:37
    elle ne peut éviter de se voir, marchant ou pleurant.
  • 2:38 - 2:40
    depuis sa plus tendre enfance, on lui apprend
    et on la persuade
  • 2:40 - 2:43
    de se surveiller en permanence.
  • 2:44 - 2:47
    Elle doit surveiller tout ce qu'elle est et
    tout ce qu'elle fait
  • 2:47 - 2:50
    car la façon dont elle apparaît aux autres et
    en particulier aux hommes
  • 2:51 - 2:57
    est d'une importance cruciale, car on pense d'habitude
    que de cela dépend le succès de sa vie.
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    Manières de voir
  • 3:16 - 3:20
    Une femme dans la culture des Européens
    privilégiés est d'abord et surtout
  • 3:20 - 3:21
    une vue à regarder.
  • 3:23 - 3:27
    Quel genre de vue est révélé
    dans la peinture à huile européenne standard
  • 3:28 - 3:31
    Il y avait des portraits de femmes comme
    des portraits d'hommes.
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    Mais dans une catégorie de peinture,
    les femmes étaient le sujet principal récurrent.
  • 3:37 - 3:39
    Cette catégorie était le nu.
  • 3:39 - 3:43
    Dans les nus de la peinture européenne, nous pouvons
    trouver un des critères et des conventions
  • 3:43 - 3:46
    par lesquels les femmes étaient jugées.
  • 3:46 - 3:48
    Nous pouvons voir comment les femmes
    étaient vues.
  • 3:50 - 3:51
    Qu'est-ce donc qu'un nu ?
  • 3:57 - 4:03
    Dans son livre sur le nu, Kenneth Clark
    dit que la nudité est simplement
  • 4:03 - 4:04
    l'absence de vêtements.
  • 4:05 - 4:09
    Le nu, selon lui,
    est une forme d'art.
  • 4:11 - 4:15
    Je le dirais autrement.
    Etre nu est être soi-même.
  • 4:16 - 4:19
    Etre un nu est être vu
    nu par les autres et pourtant
  • 4:19 - 4:21
    ne pas être reconnu
    comme soi-même.
  • 4:23 - 4:27
    Un nu doit être vu comme un objet
    pour être un nu.
  • 4:30 - 4:33
    Dans la peinture à huile européenne, la nudité
    n'est pas prise telle quelle
  • 4:33 - 4:37
    comme dans l'art archaïque.
    La nudité est une vue
  • 4:37 - 4:39
    pour ceux qui sont habillés.
  • 4:39 - 4:42
    C'est pourquoi la peinture de Manet qui
    marque la fin de la période que j'envisage
  • 4:42 - 4:46
    est un commentaire si profond sur
    toutes les oeuvres qui l'ont précédée.
  • 4:48 - 4:51
    L'histoire début avec l'histoire d'Adam et Eve
    telle que la Genèse la raconte.
  • 4:53 - 4:56
    La femme vit que l'arbre était
    bon à manger
  • 4:56 - 4:59
    et séduisant à voir
    et que cet arbre était désirable
  • 4:59 - 5:01
    pour acquérir le discernement
  • 5:01 - 5:03
    Elle prit de son fruit
    et le mangea.
  • 5:03 - 5:07
    Et elle en donna aussi à son mari
    et il en mangea.
  • 5:07 - 5:11
    Et leurs yeux s'ouvrirent
    et ils surent qu'ils étaient nus.
  • 5:12 - 5:15
    Et le seigneur Dieu appela l'homme
    et dit
  • 5:15 - 5:16
    Où es-tu ?
  • 5:17 - 5:20
    Et il dit : J'ai entendu une voix
    dans le jardin et j'ai eu peur
  • 5:20 - 5:22
    parce que j'étais nu
    et je me suis caché.
  • 5:23 - 5:27
    A la femme Dieu dit :
    Je vais multiplier les peines de tes grossesses.
  • 5:29 - 5:32
    Dans la peine tu enfanteras
    des fils.
  • 5:32 - 5:35
    et ton désir ira vers ton mari
    et il te dominera.
  • 5:39 - 5:41
    Deux choses sont frappantes
    dans cette histoire.
  • 5:42 - 5:46
    Ils prennent conscience de leur nudité
    en mangeant la pomme
  • 5:46 - 5:49
    chacun voit l'autre différemment
  • 5:49 - 5:53
    la nudité est créée dans l'esprit
    du spectateur.
  • 5:54 - 5:58
    Le second fait frappant est que
    la femme est blâmée et punie
  • 5:58 - 6:00
    en étant soumise à l'homme.
  • 6:02 - 6:05
    Par rapport à la femme, l'homme
    devient l'agent de Dieu.
  • 6:08 - 6:12
    Dans l'art médiéval, l'histoire est
    souvent illustrée scène après scène
  • 6:12 - 6:14
    comme dans une bande-dessinée.
  • 6:16 - 6:19
    Pendant la Renaissance, la séquence
    narrative disparaît
  • 6:19 - 6:23
    et le seul moment qui est clairement peint
    est celui de la honte.
  • 6:25 - 6:29
    Le couple porte des feuilles de figuier
    ou fait un geste modeste de leurs mains
  • 6:30 - 6:34
    Mais à présent, leur honte n'est plus tant
    l'un envers l'autre
  • 6:34 - 6:36
    qu'envers le spectateur.
  • 6:36 - 6:39
    C'est le spectateur qui les regarde
    et les rend honteux.
  • 6:40 - 6:43
    Plus tard, comme la peinture devient
    plus profane,
  • 6:43 - 6:47
    de nombreux autres sujets offrent
    l'opportunité de peindre des nus.
  • 6:47 - 6:51
    Mais dans la tradition européenne,
    le nu implique toujours
  • 6:51 - 6:55
    la conscience d'être vu
    par le spectateur.
  • 6:56 - 7:00
    Ils ne sont pas nus comme ils sont,
    ils sont nus comme vous les voyez.
  • 7:09 - 7:13
    Souvent, comme dans le sujet fréquent
    de Suzanne et les vieillards,
  • 7:13 - 7:15
    c'est même le thème du tableau.
  • 7:15 - 7:18
    Nous nous associons aux vieillards
    pour l'espionner.
  • 7:22 - 7:25
    Elle nous regarde en retour
    la regardant.
  • 7:26 - 7:29
    Parfois la femme, Suzanne, se
    regarde dans le miroir
  • 7:30 - 7:33
    se détaillant comme les hommes
    la voient.
  • 7:34 - 7:37
    Elle se voit d'abord et avant tout
    comme une vue
  • 7:38 - 7:40
    ce qui signifie comme une vue
    pour les hommes.
  • 7:41 - 7:44
    Ainsi, le miroir est un symbole
    de la vanité des femmes.
  • 7:45 - 7:47
    Pourtant l'hypocrisie masculine
    est ici évidente.
  • 7:48 - 7:51
    Vous avez peint une femme nue
    car vous aimez la regarder
  • 7:52 - 7:55
    Vous lui mettez un miroir dans la main,
    et vous appelez la peinture vanité
  • 7:56 - 7:59
    condamnant ainsi moralement
    la femme dont vous avez peint
  • 7:59 - 8:01
    la nudité pour votre propre plaisir.
  • 8:02 - 8:05
    Et ainsi, incidemment, vous répétez
    l'exemple biblique
  • 8:05 - 8:07
    en blâmant la femme.
  • 8:08 - 8:11
    Le Jugement de Paris est une autre sujet
    mythologique fameux
  • 8:11 - 8:16
    avec la même idée implicite de regarder
    des femmes nues en les jugeant.
  • 8:18 - 8:21
    Pâris offre la pomme à la femme
    qu'il trouve la plus belle.
  • 8:22 - 8:25
    La beauté dans ce contexte devient
    concurrentielle.
  • 8:27 - 8:30
    Le jugement de Pâris est transformé
    en concours de beauté.
  • 8:32 - 8:34
    L'esthétique, quand elle est appliquée
    aux femmes
  • 8:34 - 8:37
    n'est pas aussi désintéressée que le
    mot beauté pourrait le suggérer.
  • 8:41 - 8:45
    Je ne veux pas dénier la part cruciale
    que la vision joue dans la sexualité.
  • 8:45 - 8:49
    Mais il y a une grande différence entre
    être vu nu comme soi-même
  • 8:49 - 8:51
    et être vu par un autre de cette façon
  • 8:51 - 8:54
    et un corps exposé.
  • 8:55 - 8:58
    Etre nu c'est être sans déguisement.
  • 8:58 - 9:02
    Etre exposé, c'est être amené à considérer
    la surface de sa propre peau,
  • 9:03 - 9:04
    les cheveux de son propre corps
  • 9:05 - 9:06
    comme un déguisement.
  • 9:06 - 9:09
    Un déguisement qui ne peut pas être retiré.
  • 9:11 - 9:14
    Parmi les dizaine de milliers de
    peintures à huile européennes de nus
  • 9:15 - 9:17
    il y a peut-être 20 ou 30
    exceptions
  • 9:17 - 9:20
    des peintures où l'artiste a vu
    la femme révélée comme soi-même.
  • 9:23 - 9:24
    ce Rubens
  • 9:26 - 9:27
    ce Rembrandt
  • 9:32 - 9:33
    ce Georges de la Tour
  • 9:35 - 9:38
    Ces peintures sont aussi personnelles
    que des poèmes d'amour
  • 9:38 - 9:40
    et leur caractère est assez reconnaissable
  • 9:42 - 9:46
    La plupart des nus dans la peinture à huile
    ont été dessinées par les peintres
  • 9:46 - 9:48
    pour le plaisir du seul
    propriétaire spectateur masculin
  • 9:49 - 9:52
    qui les appréciera et les jugera
    comme des vues.
  • 9:54 - 9:56
    Leur nudité est une autre forme
    de vêtement.
  • 9:57 - 9:59
    Ils sont condamnés à n'être jamais nus
  • 10:00 - 10:04
    Sans leurs vêtements, ils sont aussi
    parés qu'avec leurs vêtements.
  • 10:06 - 10:09
    Celles qui ne sont pas jugées belles,
    ne sont pas belles.
  • 10:11 - 10:13
    Celles qui sont jugées belles,
    on leur donne le prix.
  • 10:14 - 10:15
    Le prix, c'est d'être possédée.
  • 10:16 - 10:18
    C'est-à-dire, d'être disponible.
  • 10:19 - 10:22
    Charles II commanda cette peinture secrète
    à Lely.
  • 10:23 - 10:26
    Comme des centaine d'autres,
    il peut s'agir de Vénus et Cupidon.
  • 10:27 - 10:31
    Mais en fait, c'était le portrait de l'une
    de ses maîtresses, Nell Gwyn.
  • 10:31 - 10:34
    Il choisit de la montrer regardant
    passivement le spectateur
  • 10:34 - 10:36
    qui la voit nue.
  • 10:38 - 10:41
    Sa nudité n'est pas l'expression
    de ses propres sentiments.
  • 10:42 - 10:45
    C'est seulement un signe de sa soumission
    à sa demande.
  • 10:48 - 10:52
    La peinture, quand il la montre à d'autres,
    démontre cette soumission.
  • 10:52 - 10:53
    Ses invités l'envient.
  • 10:54 - 10:58
    Par contraste, dans une autre tradition,
    la nudité est une célébration
  • 10:58 - 11:02
    de l'amour sexuel actif
    entre deux personnes.
  • 11:02 - 11:04
    La femme, aussi active que l'homme
  • 11:06 - 11:08
    Les actions de chacun absorbent l'autre.
  • 11:11 - 11:15
    Dans la peinture à huile, la seconde personne
    ou la seconde personne qui compte
  • 11:15 - 11:17
    est la personnel'étranger qui regarde la peinture.
  • 11:18 - 11:20
    Comparez l'expression de ces deux femmes.
  • 11:23 - 11:26
    L'une est le modèle de ce qui est considéré
    comme un chef-d'oeuvre d'Ingres
  • 11:26 - 11:29
    et l'autre est un modèle mal payé par un
    photographe pour un magazine féminin.
  • 11:30 - 11:31
    ou ces deux-là.
  • 11:35 - 11:37
    Juste l'expression.
    Le regard.
  • 11:38 - 11:40
    Que voyez-vous ?
  • 11:41 - 11:44
    Il me semble que dans chaque paire,
    l'expression est
  • 11:44 - 11:47
    remarquablement similaire,
    et c'est une expression de réponse
  • 11:47 - 11:50
    avec un charme calculé
    à l'homme dont elle sait
  • 11:50 - 11:53
    qu'il la regarde.
    bien qu'elle ne le connaisse pas.
  • 11:54 - 11:57
    Il est vrai que parfois une peinture
    intègre un amant masculin
  • 11:58 - 12:02
    mais l'attention de la femme est
    très rarement adressée à lui.
  • 12:02 - 12:05
    Elle regarde ailleurs
    ou elle regarde hors de la peinture,
  • 12:05 - 12:08
    vers celui qui se considère comme son
    véritable amant
  • 12:08 - 12:10
    le spectateur-propriétaire
  • 12:12 - 12:15
    Cette peinture fut envoyée en cadeau
    par le Grand Duc de Florence
  • 12:15 - 12:16
    au Roi de France.
  • 12:17 - 12:19
    Le garcon agenouillé sur le coussin
    et qui fait un baiser est Cupidon
  • 12:19 - 12:20
    Elle est Vénus
  • 12:21 - 12:24
    Mais la façon dont son corps est arrangé
    n'a rien à voir avec ce baiser.
  • 12:25 - 12:28
    Son corps est disposé de cette façon
    pour être exposé
  • 12:28 - 12:30
    à l'homme qui regarde le tableau.
  • 12:31 - 12:34
    Le tableau est fait pour attiser sa
    sexualité.
  • 12:34 - 12:36
    Il n'a rien à faire
    avec sa sexualité à elle.
  • 12:37 - 12:40
    La convention de ne pas peindre les
    cheveux du corps féminin
  • 12:40 - 12:42
    contribue à la même finalité.
    La chevelure est associée
  • 12:42 - 12:44
    au pouvoir sexuel, à la passion.
  • 12:45 - 12:47
    La passion sexuelle féminine
    a besoin d'être minimisée
  • 12:48 - 12:51
    de telle sorte que le spectateur
    sente qu'il a le monopole
  • 12:51 - 12:52
    d'une telle passion.
  • 12:54 - 12:56
    Il y a des peintures qui montrent
    des amants masculins.
  • 12:56 - 12:58
    Elles existent bel et bien.
    Mais elles sont pour la plupart
  • 12:58 - 13:00
    des peintures privées,
    semi porno-graphiques.
  • 13:01 - 13:04
    Dans la plupart des peintures, qui étaient
    peintes pour être vues,
  • 13:04 - 13:08
    plutôt que pour être cachées,
    le seul rival du spectateur masculin
  • 13:08 - 13:09
    est un Cupidon.
  • 13:10 - 13:13
    Comme il est extraordinaire que le
    symbole de la passion
  • 13:13 - 13:14
    soit un petit garçon.
  • 13:15 - 13:19
    Pour une raison semblable, les femmes
    dans l'art européen de la peinture à huile
  • 13:19 - 13:21
    sont rarement montrées en train de danser.
  • 13:22 - 13:23
    Elles doivent être montrées langoureuses
  • 13:23 - 13:26
    exhibant un minimum d'énergie.
  • 13:26 - 13:30
    Elles sont là pour nourrir un appétit,
    non pour en avoir un elles-mêmes.
  • 13:32 - 13:36
    L'appétit était théoriquement
    gargantuesque
  • 13:38 - 13:41
    L'absurdité de cette flatterie masculine,
    bien qu'elle n'ait pas été perçue absurde
  • 13:41 - 13:45
    à cette époque, atteint son sommet
    dans l'art académique publique du XIXe s.
  • 13:47 - 13:50
    Des premiers ministres discutaient
    sous des peintures comme celle-ci.
  • 13:51 - 13:55
    Quand l'un d'eux se sentait perdre la partie
    il levait les yeux pour une consolation.
  • 13:57 - 14:01
    Le nu dans la peinture à huile européenne
    est habituellement présenté comme
  • 14:01 - 14:06
    un sujet idéal. On dit que c'est une
    expression d'un esprit humaniste européen.
  • 14:08 - 14:12
    Je ne veux pas dénier entièrement la vérité
    de cela mais j'ai essayé d'y apporter
  • 14:12 - 14:14
    un complément, en commençant
    à partir d'un point de vue différent.
  • 14:15 - 14:18
    Dürer, qui croyait dans le nu idéal
  • 14:19 - 14:22
    pensait que cet idéal pouvait être construit
  • 14:22 - 14:24
    en prenant les épaules d'un corps,
  • 14:24 - 14:27
    les mains d'un autre, les seins d'un
    autre encore, et ainsi de suite.
  • 14:28 - 14:31
    Etait-ce cela l'idéalisme humaniste ?
  • 14:32 - 14:36
    ou était-ce le résultat de l'indifférence
    envers qui était vraiment une personne ?
  • 14:38 - 14:41
    Ces peintures célèbrent-elles,
    comme on nous l'enseigne normalement,
  • 14:41 - 14:44
    les femmes qui y sont représentées ?
    ou le voyeur masculin ?
  • 14:46 - 14:49
    Y a-t-il une sexualité dans le cadre ?
  • 14:50 - 14:51
    ou devant lui ?
  • 14:53 - 14:56
    J'ai montré l'émission, comme vous l'avez
    vue jusqu'à maintenant,
  • 14:56 - 14:57
    à cinq femmes.
  • 14:57 - 15:01
    Cela commençait à devenir absurde
    que les seules images que vous voyiez
  • 15:01 - 15:03
    soient des images de femmes
    silencieuses, muettes.
  • 15:03 - 15:05
    Donc je les leur ai montrées et leur ai
    demandé de les commenter.
  • 15:05 - 15:07
    De commenter non pas tant l'émission
  • 15:07 - 15:10
    mais plutôt les questions qu'elle soulève.
  • 15:10 - 15:12
    Surtout, la question de comment les hommes
    voient les femmes
  • 15:12 - 15:14
    ou comment ils les ont vues dans le passé.
  • 15:14 - 15:17
    et comment cela influence la façon
    dont les femmes se voient elles-mêmes
  • 15:17 - 15:18
    aujourd'hui.
  • 15:18 - 15:21
    Nous avons une image, bien sûr,
    nous avons toutes une image de nous-mêmes
  • 15:21 - 15:25
    et c'est une image visuelle, mais
    je me demande comment ce genre de
  • 15:25 - 15:29
    peinture classique européenne
    a façonné cette image.
  • 15:30 - 15:34
    Et dans mon cas, je trouve presque
    impossible quand je regarde les peintures
  • 15:34 - 15:37
    que vous montrez, dans votre film,
    je ne peux pas les prendre au sérieux,
  • 15:38 - 15:42
    je ne peux pas m'identifier à elles
    parce qu'elles sont tellementt exagérées
  • 15:42 - 15:46
    Toujours, vous savez, elles s'attachent
    à une caractéristique sexuelle secondaire,
  • 15:46 - 15:50
    ces poitrines énormes, ces
    fesses bestiales,
  • 15:52 - 15:55
    ces choses énormes comme ça,
    et elles ne sont pas, simplement, réelles.
  • 15:55 - 16:00
    Alors qu'avec des photographies, vous
    pouvez sentir cela comme potentiel,
  • 16:00 - 16:04
    possible, bien que cela ne le soit
    probablement pas.
  • 16:04 - 16:09
    Mais ces peintures que vous montrez sont
    ce qu'on appelle idéalisées.
  • 16:12 - 16:15
    Et donc, elles sont pour moi très irréelles.
  • 16:15 - 16:19
    en relation avec quelque profonde image
    que ce soit que je puisse
  • 16:19 - 16:20
    avoir de moi-même.
  • 16:20 - 16:24
    et en relation à n"importe quel
    plaisir profond que je puisse avoir
  • 16:24 - 16:26
    en regardant un autre corps féminin
  • 16:26 - 16:29
    ils ne me donnent pas ce plaisir du tout.
  • 16:30 - 16:32
    Je peux les admirer comme peintures,
  • 16:32 - 16:36
    mais ils ne signifient pas des êtres
    humains pour moi
  • 16:36 - 16:39
    L'image à laquelle je me compare
    est la photographie
  • 16:39 - 16:41
    parce que c'est avec des photographies
  • 16:41 - 16:44
    que j'ai été encouragée à penser
    à moi-même de cette façon
  • 16:44 - 16:46
    c'est essentiellement la publicité
    pour moi
  • 16:46 - 16:48
    qui a contribué à cela
  • 16:48 - 16:50
    et par conséquent, je trouve
    extrêmement intéressant
  • 16:50 - 16:53
    de revenir en arrière et de penser
    aux nus de cette manière
  • 16:53 - 16:56
    car je ne l'ai jamais fait,
    mais en voyant le film
  • 16:56 - 16:58
    je n'ai aucun doute que
    la même chose s'applique.
  • 16:59 - 17:03
    Et trouvez-vous que les nus en peinture
    sont irréels de la même façon ?
  • 17:03 - 17:04
    Oui.
  • 17:06 - 17:10
    Vous ne pouvez obtenir aucune information
    à partir d'eux, n'est-ce pas ?
  • 17:10 - 17:12
    Il n'u a pas de guide de comment
    on pourrait -
  • 17:12 - 17:14
    Quelle information manque-t-il ?
  • 17:14 - 17:17
    Bien, l'activité. Le dynamisme.
    N'importe quoi.
  • 17:18 - 17:21
    C'est la façon dont quelqu'un
    vous voit et c'est tout
  • 17:21 - 17:22
    c'est posé sur vous..
  • 17:23 - 17:25
    Je suis contente que vous ayez
    montré les hommes en peinture
  • 17:25 - 17:28
    car j'ai toujours trouvé extrêmement
    choquant
  • 17:28 - 17:32
    les hommes sont habillés
    et les femmes sont nues
  • 17:32 - 17:34
    et cela semble résumer
    toute la situation
  • 17:34 - 17:36
    c'est humiliant
  • 17:36 - 17:38
    car ces femmes sont bien humiliées
  • 17:39 - 17:41
    et je pense que c'est une partie
  • 17:41 - 17:42
    de toute la structure des choses
  • 17:42 - 17:44
    comme la plupart des gens ont,
  • 17:44 - 17:45
    à un certain moments de leur vie,
  • 17:45 - 17:47
    des cauchemars où ils courent
  • 17:47 - 17:48
    dans la rue complètement nus
  • 17:48 - 17:49
    alors que tout le monde est habillé.
  • 17:49 - 17:53
    Et cela me semble être un élément
    des peintures.
  • 17:53 - 17:55
    Une chose très intéressante
    dans ce que vous avez dit dans le film
  • 17:55 - 17:59
    était au sujet de la nudité
  • 17:59 - 18:01
    comme une sorte de déguisement
  • 18:01 - 18:04
    ce n'était pas les réelles personnes
    elles-mêmes et libres
  • 18:04 - 18:07
    Mais c'était juste une autre parure
    qu'elles portaient
  • 18:07 - 18:09
    et pire qu'une parure, en un sens,
  • 18:09 - 18:11
    parce que c'était quelque chose
    que vous ne pouvez pas enlever.
  • 18:11 - 18:13
    Cela vient, je pense,
  • 18:13 - 18:16
    de la nudité combinée à une pose.
  • 18:16 - 18:18
    et c'est inévitable si vous allez
  • 18:18 - 18:21
    faire une peinture avec un modèle.
  • 18:24 - 18:26
    Dans un sens, je pense que
  • 18:26 - 18:28
    nous sommes toujours habillés.
  • 18:28 - 18:30
    Nous nous habillons toujours
    pour une part
  • 18:30 - 18:33
    Nous mettons toujours un uniforme
  • 18:33 - 18:34
    d'un genre ou d'une autre
  • 18:34 - 18:35
    et je pense que les femmes
    font cela
  • 18:35 - 18:36
    plus que les hommes.
  • 18:36 - 18:38
    Les hommes ne le font que
    depuis assez récemment.
  • 18:39 - 18:41
    Les femmes s'habillent toujours
    pour montrer
  • 18:41 - 18:44
    le genre de personnage qu'elles
    veulent représenter :
  • 18:44 - 18:48
    la mère, la travailleuse,
    la jolie petite poupée.
  • 18:48 - 18:52
    et la nudité est un uniforme,
    en un sens, pour dire
  • 18:52 - 18:55
    je suis prête pour le plaisir sexuel.
  • 18:56 - 18:57
    vous voyez
  • 18:58 - 19:00
    et donc ça ne le fait pas.
    Vous ne pouvez pas
  • 19:00 - 19:04
    vous identifier en étant nue
    à être en liberté.
  • 19:04 - 19:07
    Je viens de lire ce livre Histoire d'O
  • 19:07 - 19:11
    qui décrit la manière dont une femme
    est réduite au plaisir sexuel
  • 19:12 - 19:14
    pour l'homme dont elle est amoureuse.
  • 19:14 - 19:15
    pour devenir complètement un objet
  • 19:15 - 19:17
    et ce qui m'a frappé dans tout ce livre
  • 19:17 - 19:20
    comme la plus impressionnante image
    était le fait que
  • 19:20 - 19:24
    on lui disait qu'il ne fallait jamais
    qu'elle se touche les seins
  • 19:25 - 19:29
    qu'elle ferme totalement sa bouche ou
    serre les jambes.
  • 19:31 - 19:35
    Et donc tout l'intérêt de son attitude
    est qu'elle est disponible en permanence
  • 19:35 - 19:39
    et cette sensation d'être disponible
    d'attendre d'autres gens
  • 19:40 - 19:41
    est la totale antithèse de l'action
  • 19:44 - 19:47
    et vous savez c'est comme
    la publicité des bureaux de Brook Street.
  • 19:47 - 19:50
    Tony n'a pas couru, il laisse
    sonner le téléphone trois minutes
  • 19:50 - 19:53
    Et vous sentez toute cette situation,
    le nombre de femmes à qui vous parlez
  • 19:53 - 19:55
    qui disent : je reste tant de nuits
    par semaine
  • 19:55 - 19:56
    à attendre que quelqu'un appelle
  • 19:57 - 19:59
    Le concept de disponibilité
  • 19:59 - 20:01
    implique la passivité
  • 20:01 - 20:03
    car si vous attendez simplement
    que quelqu'un d'autre agisse
  • 20:03 - 20:04
    alors vous ne pouvez pas agir
    vous-même.
  • 20:04 - 20:08
    Oui, c'est comme quand vous vous
    réveillez
  • 20:08 - 20:09
    quand un homme vous touche,
  • 20:09 - 20:12
    quand un homme vous embrasse,
    vous allez vous lever et sortir du lit
  • 20:14 - 20:17
    mais même s'il s'agit d'une excuse
    pour faire quelque chose de vous-même
  • 20:17 - 20:19
    je pense que les femmes sont trop timides
  • 20:22 - 20:24
    elles attendent trop longtemps.
  • 20:25 - 20:26
    Oui, oui
  • 20:27 - 20:29
    Puis-je dire quelque chose sur
    le narcissisme ?
  • 20:29 - 20:32
    Je pense qu'autant les hommes que les femmes
    sont narcissiques
  • 20:32 - 20:36
    mais dans un sens différent, et je pense
  • 20:36 - 20:39
    que de temps en temps j'ai l'impression
  • 20:40 - 20:43
    que les hommes et les femmes sont
    terriblement narcissiques
  • 20:43 - 20:44
    et sont coupés les uns des autres
  • 20:44 - 20:46
    de leurs images d'eux-mêmes.
  • 20:46 - 20:49
    Mais alors que l'image qu'une femme
    a d'elle-même
  • 20:49 - 20:53
    dérive directement d'autres personnes,
    le miroir dont vous parlez,
  • 20:53 - 20:57
    l'image qu'un homme se fait de lui-même
    dérive du monde
  • 20:58 - 21:01
    qui est le monde qui lui donne
    en retour son image
  • 21:01 - 21:03
    parce qu'il agit dedans.
  • 21:04 - 21:07
    et les femmes sont attirées à lui
    comme une source,
  • 21:07 - 21:09
    une activité centrale,
  • 21:10 - 21:12
    comme une source de valeur
  • 21:12 - 21:14
    comme il est dans le monde,
    le fait qu'il donne de la valeur à elle
  • 21:14 - 21:15
    est important.
  • 21:17 - 21:21
    Et ainsi comme leurs centres
    de narcissisme sont différents,
  • 21:22 - 21:24
    et que celui de la femme est seulement
    essentiellement
  • 21:24 - 21:27
    relié à autrui,
    elle est dans une position beaucoup plus
  • 21:27 - 21:29
    passive que lui,
    en relation à cela.
  • 21:30 - 21:30
    Oui
  • 21:32 - 21:35
    Voyez-vous le narcissisme comme
    essentiellement
  • 21:36 - 21:38
    un phénomène négatif
    ou positif ?
  • 21:41 - 21:44
    Eh bien, je pense qu'il est très
    difficile de répondre
  • 21:44 - 21:47
    mais dans le sens où il est relié
  • 21:47 - 21:50
    à une identité, c'est un
    phénomène positif ;
  • 21:52 - 21:55
    et il me semble que ce qu'envient
    les femmes chez les hommes en cela
  • 21:55 - 21:56
    tout le temps est qu'ils ont
    un sens de leur identité
  • 21:56 - 21:58
    qu'il y a quelque chose d'important
    en eux et pour eux
  • 21:59 - 22:02
    autre que simplement ce que
    les autres pensent d'eux
  • 22:02 - 22:06
    et je pense que cela est le produit
    de leur interaction dans le monde
  • 22:07 - 22:09
    c'est autre chose chez
    d'autres gens
  • 22:09 - 22:12
    et c'est presque comme si
    à travers cette interaction
  • 22:12 - 22:15
    ils avaient vraiment construit un
    magasin de valeur
  • 22:15 - 22:18
    de leur sens d'eux-mêmes.
  • 22:19 - 22:22
    qui est une constante
    cela ne peut pas être perdu.
  • 22:22 - 22:25
    et parce qu'une femme ne sort pas
  • 22:25 - 22:26
    elle ne crée pas de magasin
  • 22:27 - 22:30
    elle attend l'interaction présente
    avec un homme
  • 22:32 - 22:34
    et ça peut aller, ça peut
    s'arrêter à tout moment
  • 22:37 - 22:41
    Il y a quelque chose ici
    que j'aimerais réellement
  • 22:41 - 22:43
    développer un petit peu,
  • 22:44 - 22:47
    parce que le narcissisme est une
    façon très marquée
  • 22:47 - 22:52
    de statuer une relation avec le monde
  • 22:53 - 22:55
    qu'on soit un homme ou une femme
    n'est-ce pas
  • 22:56 - 23:00
    mais l'autre question qui est contenue
    dans celle-ci,
  • 23:01 - 23:05
    mais qui ne va pas aussi loin
    comme idée
  • 23:05 - 23:09
    est l'espèce de plaisir de soi-même
    d'une personne
  • 23:10 - 23:12
    que ce soit un homme ou une femme
  • 23:14 - 23:17
    dans la vie, dans la mort;
    dans les relations
  • 23:17 - 23:19
    avec un homme ou une femme
  • 23:23 - 23:25
    et je pense que cela compte
    énormément
  • 23:27 - 23:30
    et je pense que ce n'est pas seulement
    une chose intérieure
  • 23:30 - 23:31
    avec laquelle vous vivez
  • 23:31 - 23:34
    mais c'est une chose totalement
    extérieure
  • 23:34 - 23:37
    par laquelle vous obtenez
    des relations
  • 23:38 - 23:40
    avec votre propre milieu dans le monde
  • 23:40 - 23:42
    que vous ne pouvez pas obtenir
    d'une autre façon
  • 23:44 - 23:47
    c'est quand vous vous êtes rendu
    en un sens
  • 23:47 - 23:49
    si inconscient de vous-même
  • 23:50 - 23:53
    que vous sortez facilement,
    naturellement,
  • 23:53 - 23:54
    comme compulsivement
  • 23:54 - 23:56
    vers ce qui vous entoure
  • 23:59 - 24:01
    maintenant, quand vous êtes un enfant
  • 24:01 - 24:06
    vous êtes attiré vers les autres personnes
    plus que par autre chose, n'est-ce pas ?
  • 24:07 - 24:10
    les montagnes, les rivières, où
    que vous alliez
  • 24:14 - 24:17
    et alors seulement comme vous
    continuez graduellement
  • 24:18 - 24:23
    vous faites cet espèce de contact
    absolument nécessaire avec les gens
  • 24:27 - 24:31
    mais je pense vraiment que l'espèce
    d'essence du plaisir de soi
  • 24:34 - 24:38
    comme une sorte de chose possible
    dans le monde moderne
  • 24:38 - 24:40
    et quelque chose que moins de
    femmes que d'hommes ont
  • 24:40 - 24:42
    et veulent et doivent posséder
  • 24:44 - 24:47
    est le pouvoir ; la compulsion,
    pas le pouvoir
  • 24:47 - 24:50
    la compulsion d'entrer en contact
    avec le monde
  • 24:51 - 24:53
    comme vous vivez dedans
  • 24:54 - 24:55
    et quand je dis cela je ne veux
    pas simplement dire
  • 24:55 - 24:56
    les gens d'à-côté
    ou vos amis
  • 24:57 - 24:59
    je veux dire
    que se passe-t-il ?
  • 25:00 - 25:01
    Oui
  • 25:02 - 25:04
    Je ne suis pas si sûre à propos
    du plaisir
  • 25:04 - 25:06
    Je pense que c'est vraiment
    une chose à deux bords
  • 25:07 - 25:08
    Je sais
  • 25:08 - 25:10
    comme je suppose que je l'ai
    toujours su
  • 25:10 - 25:12
    que j'ai pris conscience de cela
    dans ce film
  • 25:12 - 25:14
    Je ne me suis jamais regardée
    dans le miroir
  • 25:14 - 25:16
    en me voyant comme je suis
  • 25:16 - 25:19
    J'ai toujours vu l'image
    que je voulais
  • 25:19 - 25:21
    Je sais et mes enfants
    l'ont remarqué
  • 25:21 - 25:23
    que si je me maquille
    je mets une certaine expression
  • 25:24 - 25:27
    Si, depuis l'adolescence,
    je me suis vue nue
  • 25:27 - 25:30
    dans le miroir, je n'ai pas
    pensé à moi-même nue,
  • 25:30 - 25:31
    J'ai pensé à moi-même
    comme un nu
  • 25:31 - 25:34
    et je pense que cela vient
    d'avoir été trainée
  • 25:34 - 25:36
    dans toutes les grands musées d'art
  • 25:36 - 25:40
    c'est la culture, c'est la beauté
    avec un B majuscule
  • 25:42 - 25:44
    bien sûr, jusqu'à un certain point
    par la publicité aussi
  • 25:44 - 25:46
    mais beaucoup plus par la peinture
  • 25:49 - 25:51
    vous pensez que le corps féminin
    est beau
  • 25:51 - 25:55
    je suis un bel objet, sinon, je dois
    faire quelque chose pour ça.
  • 25:56 - 25:59
    et de là, la partie douloureuse
    d'une chose narcissique
  • 25:59 - 26:01
    est le sentiment d'inadéquation
  • 26:03 - 26:05
    cette occupation de toujours
    poser devant un miroir
  • 26:05 - 26:08
    je pense qu'on la fait
    absolument automatiquement
  • 26:09 - 26:11
    et le résultat, c'est que si
    vous vous attrapez vraiment
  • 26:11 - 26:14
    dans un miroir par hasard
    non de façon délibérée
  • 26:14 - 26:17
    parce que vous vous habillez
    ou vous allez prendre un bain
  • 26:17 - 26:21
    mais parce qu'il y en a un dans la rue,
    ou vous vous voyez
  • 26:21 - 26:23
    dans une vitrine, cela fait
    un choc terrible
  • 26:23 - 26:25
    parce que vous voyez soudainement
    comme vous êtes
  • 26:26 - 26:28
    c'est-à-dire échevelée, négligée,
    mal habillée,
  • 26:28 - 26:30
    fatiguée, et ainsi de suite
  • 26:30 - 26:33
    vous ne voyez pas la pose du tout
    et je pense que
  • 26:33 - 26:34
    c'est ce qui arrive aux femmes
  • 26:34 - 26:36
    elles sont toujours en train d'essayer
    de mesurer
  • 26:36 - 26:38
    cette image érotique qui est projetée.
  • 26:40 - 26:42
    Il y a certaines peintures
  • 26:42 - 26:45
    et je pense en ce moment
    à une peinture
  • 26:45 - 26:47
    où il y a une femme qui porte
    une parure
  • 26:47 - 26:49
    elle n'est pas nue
  • 26:49 - 26:53
    mais la tenue est si légère,
    si confortable, si facile
  • 26:56 - 26:59
    et, selon moi, tout à fait
    comme ce à quoi
  • 26:59 - 27:02
    la peinture d'une femme
    devrait ressembler
  • 27:03 - 27:05
    je pense qu'elle vient d'une période
    avant celle que vous étudiez,
  • 27:05 - 27:07
    elle est d'il y a longtemps
    elle est de Lorenzetti
  • 27:08 - 27:09
    C'est dans le Bon et le Mauvais
    Gouvernement
  • 27:09 - 27:12
    c'est une fresque,
    très très ancienne
  • 27:12 - 27:14
    et c'est l'image d'une femme
  • 27:14 - 27:16
    qui est sensée représenter
    la paix
  • 27:16 - 27:18
    c'est assez extraordinaire
    mais elle pourrait être
  • 27:18 - 27:21
    l'une de ces femmes libérées
    d'aujourd'hui
  • 27:21 - 27:23
    ou qui essayent de l'être.
  • 27:23 - 27:26
    Elle est à l'aise, relax,
  • 27:26 - 27:29
    elle ne joue aucun rôle du tout
  • 27:29 - 27:33
    elle est capable de combiner
    le plaisir et la pensée
  • 27:35 - 27:36
    et le rêve
  • 27:37 - 27:40
    et elle pourrait se jeter dans l'action
    à tout moment
  • 27:41 - 27:42
    et pour moi
  • 27:43 - 27:45
    elle a beaucoup, beaucoup
    plus à voir
  • 27:46 - 27:49
    avec la nudité, avec elle-même,
  • 27:49 - 27:51
    avec la vérité d'elle-même
  • 27:51 - 27:53
    qu'aucun des autres nus
    que j'ai vus.
Title:
John Berger / Ways of Seeing , Episode 2 (1972)
Description:

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Video Language:
English, British
Duration:
28:28

French subtitles

Incomplete

Revisions