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    Si vous avez déjà eu le coup
    de foudre pour un roman,
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    Vous savez de quoi je parle
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    Vous regardez l'heure,
    il est une heure du matin
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    Et vous ne pouvez toujours pas vous arrêter.
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    Vous êtes tombé dans un monde, sorti
    de l'imagination de quelqu'un d'autre,
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    où les pensées et les
    sentiments des personnages
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    sont aussi vrais que les vôtres.
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    C'est difficile d'imaginer qu'à une
    époque les romans n'existaient pas.
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    Pourtant il y a bien eu un
    premier roman.
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    Et si on veut comprendre
    comment il a pu voir le jour,
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    Nous devons nous pencher plus
    de 1000 ans en arrière
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    sur le pupitre d'une femme.
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    Son nom était Murasaki Shikibu,
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    ou tout du moins, c'est le seul
    nom qu'on lui ait trouvé.
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    Née au sein d'une famille aristocratique
    japonaise dans les années 970
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    Elle a vécu à une époque où le nom des
    femmes était rarement consigné
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    Au lieu d'un nom, les femmes
    de bonne famille comme Murasaki
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    avaient des surnoms, en général
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    En lien avec leur rang ou la
    position d'un homme proche d'elles.
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    Elle vivait complètement recluse
    dans un monde où les femmes
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    étaient constamment cachés du
    public par des paravents ou des rideaux.
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    Parfois, il était plus facile
    d'identifier une aristocrate
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    grâce aux motifs présents sur
    ses manches, que par son visage.
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    Malgré les restrictions
    asphyxiantes qu'elles subissaient,
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    Les femmes comme Murasaki
    étaient éduquées
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    et on attendait d'elles
    une instruction sans failles.
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    À la fois petite-fille d'un poète
    renommé et fille d'un savant,
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    Murasaki maîtrisa le Japonais
    et le Chinois si rapidement
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    qu'elle fut considérée
    comme une prodige littéraire.
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    Dans son journal intime,
    Murasaki décrit la réaction
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    de son père lorsqu'il réalisa
    l'importance de ses dons.
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    Il dit :
    "Quelle malchance.
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    Quel dommage
    qu'elle ne soit pas un homme."
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    À l'aube de ses 20 ans, elle épouse
    un homme qui pourrait être son père
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    qui meurt deux ans plus tard,
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    mais pas avant qu'ils
    aient eu une fille.
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    Au lieu de se remarrier, la jeune
    veuve et mère commence à travailler
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    sur "Le Dit du Genji"
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    Une histoire complexe, pleine de romance
    et d'intrigue, sur la vie d'un prince impérial.
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    Le Dit du Genji est souvent considéré
    comme le premier roman moderne,
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    Parce que Murasaki n'offrait pas
    seulement aux lecteurs
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    un rapport d'évènements, mais une
    perception psychologique profonde
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    des personnages et de leurs vies.
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    Son roman est rentré dans l'histoire
    parce que c'était plus qu'un simple récit.
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    C'était la description littéraire
    complexe d'une vie humaine.
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    Bien que le héros du "Dit de Genji"
    soit un homme, le "Prince Genji",
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    Shikibu a rempli son roman de
    femmes au caractère
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    complexe et multiple ce qui nous permet
    d'avoir un aperçu, autrement rare,
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    de la vie d'une femme dans son monde.
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    Comme l'a écrit Virginia
    Woolf plus tard,
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    quand Murasaki a voulu
    mettre en valeur
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    la vie compliquée du prince,
    elle a naturellement choisi
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    de le faire par le biais
    des femmes qui l'entouraient
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    Le Dit du Genji a permis à Murasaki
    d'entrer dans l'histoire de la litterature.
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    Cela lui a peut-être aussi fourni une
    place sûre au sein de la cour impériale,
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    où elle est devenue la suivante et parfois
    même la tutrice de l'impératrice Shoshi.
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    Murasaki est devenue très proche
    de l'impératrice et lui a même appris
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    en secret le chinois, une langue
    habituellement réservée aux hommes
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    Même si elle a vécu une vie à l'abri
    du besoin, Murasaki a souvent été seule,
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    et à cause de sa gloire littéraire,
    elle est devenue la risée de la cour,
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    qui la qualifiait de prétentieuse,
    d'arrogante ou d'hostile.
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    Des remarques que même les femmes
    qui réussissent aujourd'hui subissent.
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    Personne ne sait exactement
    quand Murasaki est morte,
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    mais son héritage a changé
    à jamais la littérature japonaise
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    Et a laissé une marque indélébile
    dans le monde de la fiction en général.
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    Au cours de l'histoire, on a souvent
    considéré que les grands romans
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    étaient le fait d'hommes,
    alors que les romances,
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    surtout celles écrites
    par des femmes
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    Sont souvent considérées
    comme frivoles ou inférieures.
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    Mais l'Histoire elle-même
    nous comte un récit différent.
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    Non seulement le premier roman
    était une histoire d'amour,
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    Mais c'était aussi un des plus grands
    chefs d’œuvre de l'Histoire
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    Et il a été écrit par une femme.
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    Parce qu'elle a osé imaginé un monde
    d'une manière jamais encore explorée
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    Nous pouvons encore entendre sa voix
    résonner plus de mille ans plus tard,
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    nous encourageant à imaginer nos propres mondes.
Title:
www.youtube.com/.../watch?v=KZyBpUOVH_4
Video Language:
English
Team:
Feminist Frequency
Duration:
03:40

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