Notre impératif moral d'agir pour le climat en trois étapes

La crise climatique mondiale exige que nous transformions notre manière d'agir. S.S. le pape François nous parle depuis le Vatican en tant que dirigeant spirituel, il nous suggère trois pistes pour agir vers une résolution des problèmes environnementaux qui s'accentuent et les inégalités économiques. Il illustre comment nous pouvons unir nos efforts, transcendant pour cela nos confessions et nos sociétés, pour protéger la Terre et garantir la dignité de tout un chacun. « Nous construisons l'avenir aujourd'hui », nous dit-il. « Nous ne pourrons pas le construire dans l'isolement mais seulement en tant que communauté et dans l'harmonie. »

Bonjour.

Nous savons tous

que nous vivons un moment historique
marqué par des défis difficiles.

Le monde est bouleversé par la crise
provoquée par la pandémie de la Covid,

qui met davantage en relief
un autre défi mondial :

la crise socio-environnementale.

Cela nous met tous devant
la nécessité de faire un choix.

Le choix entre ce qui compte

et ce qui ne compte pas.

Le choix entre continuer d'ignorer
la souffrance des plus pauvres

et de détériorer notre maison commune,

la Terre.

Ou bien nous engager à tous les niveaux

pour changer nos façons d'agir.

La science nous dit,
chaque jour avec plus d'acuité,

qu'une action urgente est nécessaire -

je n'exagère pas,
c'est la science qui l'affirme -

si nous voulons avoir l'espoir
d'éviter un changement climatique

radical et catastrophique.

Nous devons agir sans plus attendre.

C'est un fait scientifique.

Notre conscience nous dit que
nous ne pouvons pas rester indifférents

à la souffrance des plus démunis,

à l'accentuation
des inégalités économiques

et aux injustices sociales.

Par ailleurs, l'économie ne peut plus
se limiter à la production

et à la distribution.

Elle doit nécessairement tenir compte

de son impact sur l'environnement
et sur la dignité de la personne.

Nous pouvons dire que l'économie

se doit d'être créative,

intrinsèquement et dans ses méthodes,

et dans ses modes de fonctionnement.

La créativité.

J'aimerais vous inviter
à entamer un voyage ensemble.

Un voyage de transformation et d'actions.

Un voyage qui n'est pas fait de paroles,

mais bien d'actions concrètes
et irréversibles.

J'appelle cela un voyage

parce qu'il implique
un changement de cap, un changement.

Personne ne doit sortir
de cette crise de la même manière.

Ce n'est pas une option

car personne ne sort jamais
de la même manière d'une crise.

Et cela demandera du temps et des efforts.

Nous devrons avancer pas à pas,

aider les plus vulnérables,
convaincre ceux qui doutent,

imaginer de nouvelles solutions

et nous engager à les mettre en œuvre.

Mais l'objectif est clair :

construire dans la prochaine décennie,

un monde capable de satisfaire

les besoins des générations actuelles,

les besoins de tout le monde,

sans compromettre
le potentiel des générations futures.

Je voudrais inviter
toutes les personnes de foi,

chrétiennes ou non,

et toutes les personnes de bonne volonté,

à entreprendre ce voyage,

en suivant votre foi,

et si vous ne croyez pas,
en suivant votre bonne volonté,

votre volonté d'agir pour le bien.

Chacun d'entre nous, en tant qu'individu
et membre d'une collectivité -

que ce soit une famille, une communauté
religieuse, une entreprise,

une ssociation, un gouvernement -

a le pouvoir d'apporter
une contribution significative.

Il y a cinq ans, j'ai écrit une encyclique
intitulée « Laudato si' » [Loué sois-tu]

consacrée la sauvegarde
de notre maison commune.

Elle propose le concept
d'écologie intégrale

pour répondre ensemble
à l'appel à l'aide de la Terre

et à celui des pauvres.

L'écologie intégrale est une invitation
à une vision holistique de la vie,

fondée sur la conviction que
tout est intimement lié dans le monde

et, comme la pandémie nous l'a rappelé,

que nous sommes interdépendants
les uns des autres

et que nous dépendons aussi
de notre Terre, mère nourricière.

De cette vision découle la nécessité
de rechercher d'autres manières

pour comprendre et mesurer le progrès,

sans se limiter à ses seules
dimensions économique,

technologique, financière
et du PIB,

mais en accordant une importance centrale

aux dimensions éthico-sociale
et éducative.

Permettez-moi de vous proposer
trois pistes d'action.

Comme je l'ai écrit dans « Laudato si' »,

le changement et la réorientation juste
du voyage vers une écologie intégrale

nécessitent avant tout
une démarche pédagogique.

Par conséquent, la première proposition

consiste à promouvoir à tous les niveaux,

une éducation pour soigner
notre maison commune,

développant la compréhension

que les problèmes environnementaux
sont liés aux besoins humains.

Nous devons comprendre cela
dès le départ :

les problèmes environnementaux
sont liés aux besoins humains.

Nous avons besoin d'une éducation
fondée sur la science

associée à une approche éthique.

Les deux sont cruciales.

Je suis encouragé
par le fait que de nombreux jeunes

nourrissent déjà une nouvelle
sensibilité écologique et sociale

et que certains d'entre eux se battent
avec générosité

pour la protection
de l'environnement et la justice.

Le deuxième axe d'action est le suivant :

nous devons mettre l'accent
sur l'eau et la nutrition.

L'accès à l'eau potable et sûre

est un droit humain
fondamental et universel.

Elle est essentielle,

car elle détermine la survie des personnes

et c'est pourquoi elle est une condition

pour l'exercice de tous les autres droits
humains et responsabilités.

Garantir une alimentation
adéquate pour tous

grâce à des méthodes agricoles
non destructrices

doit dès lors devenir
l'objectif fondamental

du cycle de production
et de distribution alimentaires.

La troisième proposition concerne
la transition énergétique :

le remplacement progressif,
mais sans plus attendre,

des combustibles fossiles
par des sources d'énergie propres.

Il nous reste quelques années,

les scientifiques ont estimé le temps
qu'il nous reste

à moins de trente ans environ.

Nous avons donc un peu moins de trente ans

pour éliminer les émissions de gaz
à effet de serre dans l'atmosphère.

Cette transition ne doit pas
seulement être rapide,

elle doit être effectuée de manière
à répondre aux besoins énergétiques

actuels et futurs.

Elle doit également être attentive

à son impact sur
les personnes vulnérables,

les populations locales,

et les personnes travaillant
dans la production d'énergie.

Une façon d'encourager ce changement

est de conduire les entreprises
vers la nécessité incontournable

de s'engager dans le soin intégral
de notre maison commune

et d'exclure les investissements

dans des entreprises qui ne répondent pas
aux paramètres de l'écologie intégrale.

Et de récompenser ceux
qui sont véritablement engagés

dans cette transition

en mettant au cœur de leur activité

les paramètres tels que
ceux de la durabilité,

la justice sociale et la promotion
des biens communs.

De nombreuses organisations catholiques
et d'autres confessions

ont déjà pris leurs responsabilités

et travaillent dans ce sens.

En fait, la Terre a besoin
d'être travaillée et soignée,

cultivée et protégée.

Nous ne pouvons plus la presser
comme un citron.

Nous pouvons dire sans hésiter
que soigner la Terre

est un droit humain.

Ces trois propositions doivent être
comprises comme faisant partie

d'un vaste ensemble d'actions

que nous devons poursuivre
de manière intégrée

afin de parvenir à une solution durable.

Le système économique actuel
n'est pas soutenable.

Nous sommes confrontés à l'impératif moral
et à l'urgence concrète

de repenser beaucoup de choses :

notre façon de produire et de consommer,

notre culture du gaspillage,

notre vision à court terme,

l'exploitation des pauvres
et l'indifférence à leur égard,

l'augmentation des inégalités

et notre dépendance
aux combustibles fossiles.

Tant de défis !

Mais nous devons y réfléchir.

L'écologie intégrale suggère
une nouvelle conception

de notre relation avec la nature.

Cela ouvre les portes
d'une nouvelle économie

dans laquelle la production de richesse

est orientée vers le bien-être intégral
de l'être humain

et l'amélioration

- et non la destruction -

de notre maison commune.

Cela signifie aussi revoir la politique

et de la concevoir comme une
des plus hautes formes de bienfaisance.

Certes,

l'amour est relation,

mais l'amour est aussi politique.

Il implique tous les peuples,
il implique la nature.

Je vous invite donc toutes et tous
à vous lancer dans ce voyage.

Comme je l'ai proposé
dans le « Lauda si' »

et dans l'encyclique « Fratelli tutti »
[sur la fraternité et l'amitié sociale].

Le nom « Countdown » le suggère très bien,

nous devons agir de toute urgence.

Chacun d'entre nous peut jouer
un rôle précieux

si nous entamons tous ce voyage,

dès aujourd'hui, pas demain, aujourd'hui !

Car l'avenir se construit maintenant.

L'avenir ne se construit pas seul,

mais ensemble et en harmonie.

Merci.