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Pourquoi apprendre les langues est si dur | Gabriel Wyner | TEDxNewBedford

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    Il y a un mythe au sujet des langues.
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    Le mythe dit que les enfants
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    sont particulièrement doués
    pour apprendre les langues
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    et qu'on perd cette aptitude
    en grandissant.
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    Il y de bonnes raisons
    pour croire ce mythe.
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    On a tous vécu ça.
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    On choisit une deuxième langue
    au lycée ou à l'université
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    qu'on étudie avec acharnement
    pendant trois, quatre ou cinq ans.
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    Et puis on part en France
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    et on croise un gosse français de cinq ans
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    qui parle mieux le français que nous.
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    (Rires)
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    C'est injuste.
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    On a quand-même bossé dur,
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    l'enfant n'a encore jamais travaillé
    un seul jour,
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    mais il corrige notre grammaire.
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    Vous avez raison.
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    C'est injuste.
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    C'est injuste
    car vous vous comparez à un gosse
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    qui a accumulé 15 000 heures
    d'exposition au français
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    alors que vous en avez eu 100,
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    peut-être 200 ou 50.
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    Ça dépend du temps effectivement
    passé en classe à parler français
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    et non à parler du français en anglais.
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    Pour être juste dans la comparaison,
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    il faudrait transplanter
    le gosse de cinq ans en Espagne
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    et l'exposer à la langue
    pendant 500 heures,
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    et un adulte trouve du travail
    en Espagne pour 500 heures d'exposition.
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    Vous constaterez que l'adulte
    gagne à chaque fois.
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    On est meilleur que les enfants
    pour apprendre les langues.
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    On est plus malins.
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    On a appris à apprendre.
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    C'est l'un des avantages de grandir.
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    Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'avantage
    à être un enfant.
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    Il y en a trois.
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    Entre l'âge de 6 et 12 mois,
    une petite fenêtre temporelle,
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    l'enfant entend les sons d'une nouvelle
    langue mais nous perdons cette aptitude.
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    C'est un avantage significatif.
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    Deuxièmement,
    les enfants n'ont peur de rien.
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    Ils vont prendre part à la conversation
    qu'ils connaissent le vocabulaire ou pas,
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    alors que nous allons rester en retrait,
    par crainte.
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    Avantage énorme.
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    Toutefois aucun ne l'emporte sur
    notre capacité à apprendre.
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    Le troisième avantage d'être un enfant
    est l'avantage du temps.
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    On n'a pas 15 000 heures
    à consacrer au français.
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    Pour réussir sur ce plan-là,
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    on a besoin de quelque chose
    de plus efficace que les enfants.
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    Pour vous décrire ce que ça peut être,
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    je vais vous relater
    mes propres expériences.
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    J'ai commencé l'apprentissage des langues
    avec l'hébreu,
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    au jardin d'enfants et à l'école primaire.
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    J'ai étudié pendant sept ans,
  • 2:51 - 2:53
    à la fin de ces sept années d'études,
  • 2:53 - 2:55
    je pouvais lire l'hébreu...
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    juste l'alphabet.
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    (Rires)
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    Alors, j'ai encore essayé.
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    J'ai eu de la chance au lycée.
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    Il y avait des cours de russe
    dans mon école
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    et les profs étaient vraiment bons.
  • 3:06 - 3:08
    J'ai donc appris le russe pendant 5,5 ans.
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    J'ai bossé dur
    et mes résultats étaient bons.
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    J'ai fait tous mes devoirs
    et au bout de ces 5,5 ans,
  • 3:14 - 3:18
    je pouvais lire l'alphabet cyrillique.
  • 3:20 - 3:22
    J'ai retenu environ 40 mots
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    et je suis arrivé à la conclusion que
    les langues, ce n'était pas mon truc.
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    Alors, j'ai pris une mauvaise décision.
  • 3:30 - 3:31
    J'ai toujours adoré les sciences.
  • 3:31 - 3:33
    J'adorais ça et l'ingénierie.
  • 3:33 - 3:36
    Je voulais être ingénieur nucléaire,
    me spécialiser sur la physique du plasma
  • 3:36 - 3:38
    et concevoir des réacteurs pour la fusion.
  • 3:38 - 3:40
    Mon enfance en résumé.
  • 3:40 - 3:43
    Mais j'avais aussi un hobby : le chant.
  • 3:43 - 3:45
    Je chantais la musique de scène
    et l'opéra.
  • 3:45 - 3:48
    Au moment de m'inscrire
    à la fac des sciences de l'ingénieur
  • 3:48 - 3:52
    j'ai choisi une université qui avait
    aussi un conservatoire de musique :
  • 3:52 - 3:57
    « Ce serait plutôt cool d'étudier l'opéra
    et l'ingénierie en même temps.
  • 3:58 - 3:59
    Plutôt rare... »
  • 4:00 - 4:01
    C'est ce que j'ai fait.
  • 4:01 - 4:05
    Un effet secondaire de ça
    fut l'apprentissage des langues.
  • 4:05 - 4:08
    Pour le diplôme d'opéra, il faut
    l'allemand, le français et l'italien.
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    Un ami français m'a dit un jour :
  • 4:11 - 4:16
    « Tu sais que tu peux obtenir les crédits
    de deux semestres en un été
  • 4:16 - 4:17
    en allant dans une école au Vermont. »
  • 4:18 - 4:19
    J'ai pensé que c'était super
  • 4:19 - 4:22
    et je me suis inscrit au programme.
  • 4:22 - 4:23
    Le programme fonctionne ainsi :
  • 4:23 - 4:26
    on signe un contrat le premier jour.
  • 4:26 - 4:30
    Qui dit que si je parle autre chose
    que de l'allemand,
  • 4:30 - 4:32
    écris ou lis autre chose
    que de l'allemand,
  • 4:32 - 4:35
    écoute un message vocal
    qui n'est pas en allemand,
  • 4:35 - 4:37
    je serais renvoyé de l'école
    et pas remboursé.
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    J'ai trouvé ça cool.
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    (Rires)
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    Je me suis inscrit
    et signé le contrat.
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    J'ai alors compris que
    je ne parlais pas vraiment allemand,
  • 4:48 - 4:50
    alors je me suis tu.
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    (Rires)
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    Mais quelqu'un m'a approché et m'a dit :
  • 4:54 - 4:56
    « Hallo, ich heiße Joshua.
    Wie heißt du ? »
  • 4:56 - 4:58
    Et moi : « Eh ? »
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    (Rires)
  • 5:00 - 5:03
    Il a répété : « Hallo, ich heiße Joshua.
  • 5:03 - 5:05
    Wie heißt du ? »
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    Alors j'ai dit : « Ich heiße Gabriel ? »
  • 5:09 - 5:11
    C'est ainsi que j'ai appris l'allemand.
  • 5:11 - 5:15
    En sept semaines, je pouvais avoir
    une conversation digne de ce nom
  • 5:15 - 5:20
    et j'étais devenu accro à la sensation
    de penser d'une manière totalement neuve.
  • 5:21 - 5:25
    Alors, j'y suis retourné l'été suivant
    pour maîtriser l'allemand.
  • 5:26 - 5:31
    En 2007, j'ai déménagé à Vienne pour
    continuer d'étudier l'opéra et le chant.
  • 5:31 - 5:35
    En 2008, je suis allé à Pérouse
    pour apprendre l'italien.
  • 5:35 - 5:38
    Et en 2010, j'ai triché
    à un examen de français.
  • 5:38 - 5:40
    C'est de là que tout vient.
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    Je voulais retourner à cette école
    au Vermont qui nous engage par un contrat
  • 5:44 - 5:47
    car, d'une manière stressante
    et un peu masochiste,
  • 5:47 - 5:49
    c'était assez amusant.
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    Il y avait le niveau 1
    pour les débutants en français,
  • 5:53 - 5:55
    le bon niveau pour moi.
  • 5:55 - 5:58
    Mais il y avait aussi un niveau 1,5
    qui allait plus vite.
  • 5:58 - 6:00
    C'était ma troisième langue
  • 6:00 - 6:02
    et l'italien est proche du français.
  • 6:02 - 6:05
    Alors je me suis dit que
    je pourrais suivre le niveau 1,5.
  • 6:05 - 6:07
    On m'a fait passer
    un test d'aptitude en ligne
  • 6:08 - 6:10
    et j'ai triché autant que je pouvais.
  • 6:10 - 6:14
    En trichant le plus possible, j'espérais,
    bien que je connaissais pas le français,
  • 6:14 - 6:15
    passer au niveau 1,5.
  • 6:16 - 6:19
    J'ai utilisé About.com avec le mot clé :
    « grammaire française »
  • 6:19 - 6:20
    pour répondre aux QCM.
  • 6:20 - 6:24
    J'ai écrit la rédaction
    avec Google Translate.
  • 6:24 - 6:25
    (Rires)
  • 6:26 - 6:27
    Et j'ai soumis le tout.
  • 6:27 - 6:29
    Je n'y ai plus pensé après.
  • 6:29 - 6:31
    Mais trois mois plus tard,
    j'ai reçu un message
  • 6:31 - 6:33
    qui disait : « Félicitations !
  • 6:33 - 6:35
    Vous avez obtenu de très bons résultats
    à votre test.
  • 6:35 - 6:37
    Vous êtes admis
    au niveau intermédiaire. »
  • 6:37 - 6:38
    (Rires)
  • 6:38 - 6:40
    « Vous avez trois mois.
  • 6:40 - 6:43
    Dans trois mois, on vous enferme
    avec un francophone.
  • 6:43 - 6:45
    On va vous parler un quart d'heure
  • 6:45 - 6:47
    pour s'assurer que
    vous n'avez pas fait l'idiot
  • 6:47 - 6:49
    comme, au hasard, tricher au test. »
  • 6:49 - 6:50
    (Rires)
  • 6:51 - 6:52
    J'ai paniqué.
  • 6:53 - 6:55
    Et quand je panique, je vais sur Internet.
  • 6:55 - 6:58
    Car clairement, sur Internet,
    quelqu'un a la réponse à tout.
  • 6:58 - 7:02
    Et de fait, il y avait
    quelques bonnes réponses.
  • 7:02 - 7:04
    Il y a ce principe appelé
    la répétition espacée.
  • 7:04 - 7:06
    C'est comme des cartes-éclair,
  • 7:06 - 7:09
    ces petites cartes qu'on utilisait
    à l'école avec : « un chat - cat ».
  • 7:09 - 7:11
    C'est la version numérique de ça
  • 7:11 - 7:14
    mais qui vous met à l'épreuve
    au moment optimal,
  • 7:14 - 7:16
    juste avant qu'on oublie une information.
  • 7:16 - 7:18
    Ça rend le système hyper efficace.
  • 7:19 - 7:22
    Les gens utilisent ces programmes
    de répétition espacée
  • 7:22 - 7:24
    avec les traductions.
  • 7:24 - 7:26
    Mon expérience avec l'hébreu et le russe
    me disait que
  • 7:26 - 7:28
    ça n'allait pas marcher avec moi
  • 7:28 - 7:31
    alors j'ai fait autre chose.
  • 7:31 - 7:34
    Pour vous expliquer, parlons de deux mots.
  • 7:35 - 7:37
    Nous apprenons le premier à l'école.
  • 7:38 - 7:39
    On apprend le hongrois.
  • 7:40 - 7:41
    Le professeur est au tableau.
  • 7:41 - 7:45
    Elle écrit : fényképezőgép,
    appareil photo en hongrois.
  • 7:45 - 7:47
    Et puis elle en ajoute 39 autres
  • 7:47 - 7:49
    en disant : « Voici votre vocabulaire
    de la semaine.
  • 7:49 - 7:52
    Il y aura un test de contrôle
    à la fin de la semaine. »
  • 7:53 - 7:55
    Le deuxieme mot,
    nous l'apprenons autrement.
  • 7:56 - 7:59
    Vous êtes parti à l'aventure
    avec votre meilleur ami.
  • 7:59 - 8:00
    Vous êtes en Scandinavie
  • 8:02 - 8:04
    et vous vous retrouvez dans un vieux bar.
  • 8:05 - 8:07
    Il y a six vieux clients grisonnants.
  • 8:07 - 8:08
    Vous êtes assis au bar
  • 8:08 - 8:12
    et le barman est un viking, y'a pas photo.
  • 8:12 - 8:14
    Il a une barbe rousse géante
  • 8:14 - 8:17
    et il vous sourit d'un sourire
    qui vous met mal à l'aise
  • 8:17 - 8:20
    en sortant trois petits verres
    et une bouteille.
  • 8:20 - 8:23
    Vous lisez l'étiquette,
    il est écrit : « MOKTOR ».
  • 8:23 - 8:26
    Le barman d'ailleurs dit : « Moktor »
  • 8:26 - 8:29
    en versant dans les verres.
  • 8:29 - 8:32
    C'est une espèce de liquide vert,
    mais pas un vert cool et émeraude.
  • 8:32 - 8:36
    C'est un liquide visqueux
    entre le verdâtre, le brun et le jaune.
  • 8:37 - 8:40
    Il range la bouteille
    et sort un récipient blanc.
  • 8:40 - 8:44
    Il prend une cuillère et ajoute le truc
    du récipient blanc dans chaque verre.
  • 8:44 - 8:47
    L'odeur fait penser au poisson pourri.
  • 8:47 - 8:49
    Le barman répète : « Moktor »
  • 8:49 - 8:52
    et tous les clients du bar
    se tournent vers vous et rient.
  • 8:54 - 8:56
    Le barman prend un allumette,
  • 8:56 - 8:59
    l'allume et met le feu aux trois verres
  • 8:59 - 9:00
    en répétant : « Moktor »,
  • 9:00 - 9:04
    suivi en chœur par les clients du bar :
    « Moktor, Moktor, Moktor ! »
  • 9:04 - 9:06
    Votre ami, dans un geste inconscient,
  • 9:06 - 9:09
    prend son verre et crie : « Moktor ! »
  • 9:09 - 9:11
    Il éteint le feu et boit cul sec.
  • 9:12 - 9:15
    Le barman prend son verre, éteint le feu,
    crie : « Moktor ! »
  • 9:15 - 9:16
    et boit cul sec.
  • 9:16 - 9:19
    Tout le monde vous fixe du regard
  • 9:20 - 9:23
    en chantant : « Moktor ! Moktor ! »
  • 9:24 - 9:26
    Vous prenez votre verre, « Moktor ! »
  • 9:26 - 9:28
    vous éteignez le feux : « Moktor ! »,
  • 9:28 - 9:32
    vous hurlez : « Moktor ! » et cul sec.
  • 9:32 - 9:35
    C'est la pire des choses
    qui vous soit arrivée dans votre vie.
  • 9:37 - 9:41
    Vous n'oublierai plus jamais
    le mot « Moktor »
  • 9:41 - 9:42
    (Rires)
  • 9:45 - 9:48
    alors que vous avez oublié le mot hongrois
    pour appareil photo.
  • 9:48 - 9:49
    (Rires)
  • 9:50 - 9:51
    Pourquoi ça ?
  • 9:54 - 9:56
    Les souvenirs sont fascinants.
  • 9:56 - 9:59
    Ils ne sont pas emmagasinés
    dans une région précise du cerveau.
  • 9:59 - 10:03
    Ils sont emmagasinés dans les connexions
    entre les zones du cerveau.
  • 10:03 - 10:05
    En voyant le verre,
  • 10:05 - 10:08
    en lisant la bouteille avec MOKTOR dessus
  • 10:08 - 10:11
    et le barman qui dit « Moktor »,
  • 10:11 - 10:13
    le son et le mot écrit
  • 10:13 - 10:16
    se sont interconnectés
    et ont formé un souvenir.
  • 10:17 - 10:20
    Ces connexions se sont associées
    à d'autres sons :
  • 10:20 - 10:22
    le glouglou du moktor qu'on verse
    dans les verres,
  • 10:22 - 10:25
    le chant des clients du bar :
    « Moktor, Moktor ! »
  • 10:25 - 10:27
    Tous ces sons et l'orthographe
  • 10:27 - 10:31
    se sont interconnectés et se sont associés
    à des images aussi.
  • 10:32 - 10:34
    L'image de la bouteille verte.
  • 10:34 - 10:35
    L'image des trois verres.
  • 10:35 - 10:38
    L'image du poisson pourri.
  • 10:38 - 10:41
    Le visage du barman,
    le look de viking,
  • 10:41 - 10:44
    tout cela fait partie
    du mot dorénavant.
  • 10:45 - 10:48
    Et cela s'associe
    à l'expérience sensorielle,
  • 10:48 - 10:53
    cet horrible goût dans votre bouche,
    l'odeur du poisson pourri brûlé
  • 10:53 - 10:56
    et la chaleur du feu.
  • 10:57 - 10:59
    Cela s'associe à des émotions :
  • 10:59 - 11:00
    le dégoût,
  • 11:00 - 11:03
    la colère contre son ami,
    l'excitation du moment.
  • 11:03 - 11:05
    C'est associé à votre voyage.
  • 11:05 - 11:08
    C'est associé au sens de l'alcool,
    de la Scandinavie,
  • 11:08 - 11:11
    de l'amitié et de l'aventure.
  • 11:11 - 11:14
    Tout cela est lié au mot.
  • 11:15 - 11:19
    Et cela fait que vous allez
    vous souvenir de ce mot.
  • 11:21 - 11:25
    Alors que le mot hongrois
    pour appareil photo,
  • 11:26 - 11:30
    vous vous souvenez à peine
    comment il se prononce.
  • 11:31 - 11:37
    Ce non-souvenir n'est pas associé avec
    votre iPhone ou un reflex mono-objectif,
  • 11:37 - 11:38
    le bruit d'obturation
  • 11:38 - 11:42
    et la sensation quand on regarde
    des photos de son passé.
  • 11:42 - 11:45
    Toutefois,
    ces associations sont présentes.
  • 11:45 - 11:48
    Mais elles sont liées à un autre mot,
    le mot : « appareil photo ».
  • 11:49 - 11:52
    Mais : « fényképezőgép »
    n'est pas lié à tout ça.
  • 11:54 - 11:55
    Alors, il n'y a rien pour s'y raccrocher.
  • 11:58 - 12:00
    Comment faire alors ?
  • 12:00 - 12:03
    Revenons à ma situation avec le français.
  • 12:04 - 12:06
    J'en étais donc
  • 12:06 - 12:09
    à suivre deux diplômes,
    en chant et en art de l'opéra,
  • 12:09 - 12:11
    ce qui me faisait six jours de cours.
  • 12:11 - 12:14
    Mon trajet d'une heure en métro
    était mon seul temps libre
  • 12:14 - 12:18
    avec les dimanches, les jours fériés,
    nombreux en Autriche, fort heureusement.
  • 12:20 - 12:22
    Pendant ce temps libre,
    j'ai fait une seule chose :
  • 12:22 - 12:25
    j'ai construit et vérifié
    les cartes-éclair
  • 12:25 - 12:28
    d'un de ces systèmes numériques
    de répétition espacée.
  • 12:28 - 12:31
    Mais au lieu d'utiliser
    la traduction des mots,
  • 12:31 - 12:33
    j'ai utilisé des images.
  • 12:33 - 12:36
    Si je voulais apprendre le mot « chien »
    en français,
  • 12:36 - 12:39
    je cherchais une illustration
    de chien sur Google.
  • 12:39 - 12:44
    J'ai réalisé que les blogueurs français
    ne choisissent pas ceux que j'espérais.
  • 12:44 - 12:49
    Ils sont plus petits et plus mignons,
    plus français en quelques sortes.
  • 12:49 - 12:50
    (Rires)
  • 12:50 - 12:53
    J'ai donc utilisé ces chiens
    pour apprendre le mot « chien »
  • 12:53 - 12:54
    et me construire un vocabulaire
  • 12:54 - 12:57
    à partir des images de blogueurs français.
  • 12:57 - 13:01
    Au fur et à mesure,
    je suis passé à des phrases.
  • 13:01 - 13:03
    J'ai continué avec des mots abstraits
    et la grammaire,
  • 13:03 - 13:05
    en utilisant des phrases lacunaires.
  • 13:05 - 13:08
    Pour apprendre un mot, comme
    « allais » est l'imparfait de « aller »,
  • 13:08 - 13:10
    je me racontais une histoire.
  • 13:10 - 13:14
    Enfant, j' - espace -
    et une image d'une école.
  • 13:14 - 13:16
    J'ai appris ma grammaire abstraite ainsi.
  • 13:18 - 13:20
    Trois mois plus tard,
    je passais mon interview.
  • 13:22 - 13:25
    Je me suis retrouvé avec une Française
  • 13:26 - 13:28
    qui a entamé la conversation
    avec un : « Bonjour ».
  • 13:30 - 13:33
    La première chose
    qui m'est venue à l'esprit est :
  • 13:34 - 13:35
    « Bonjour ».
  • 13:37 - 13:39
    Elle a commencé à me parler en français
  • 13:39 - 13:42
    et je me suis aperçu que
    non seulement je comprenais
  • 13:43 - 13:45
    mais je savais quoi répondre.
  • 13:45 - 13:48
    Je ne maîtrisais pas la langue,
    c'était un peu écorché.
  • 13:48 - 13:51
    Mais c'était la première fois
    de ma vie que je parlais français.
  • 13:51 - 13:54
    Et là, je parlais français,
    je pensais en français
  • 13:54 - 13:56
    et j'ai tenu le quart d'heure
    de conversation
  • 13:56 - 13:59
    au bout de laquelle
    le professeur m'a dit :
  • 13:59 - 14:02
    « Je pense qu'il y a un soucis
    avec votre test d'aptitude. »
  • 14:05 - 14:07
    Il est mentionné niveau intermédiaire
  • 14:08 - 14:11
    mais je vais vous surclasser
    en niveau avancé. »
  • 14:13 - 14:15
    Les sept semaines suivantes,
  • 14:15 - 14:18
    j'ai lu 10 livres,
    écrit 70 pages de rédaction
  • 14:18 - 14:22
    et à la fin de cet été,
    je maîtrisais le français.
  • 14:22 - 14:26
    J'ai compris que j'avais mis le doigt
    sur quelque chose de crucial.
  • 14:27 - 14:31
    Alors, j'ai écrit sur le sujet
    et développé des outils numériques
  • 14:31 - 14:32
    et j'ai bidouillé.
  • 14:34 - 14:36
    En 2012, j'ai appris le russe.
  • 14:36 - 14:38
    J'ai eu ma revanche.
  • 14:38 - 14:41
    Entre 2013 et 2015,
    j'ai appris le hongrois.
  • 14:41 - 14:45
    En 2015, j'ai commencé le japonais,
    puis arrêté pour apprendre l'espagnol.
  • 14:45 - 14:48
    Je suis revenu au japonais
    car cette langue est sans fin.
  • 14:48 - 14:51
    À chaque nouvelle expérience,
    j'ai beaucoup appris.
  • 14:51 - 14:56
    J'ai appris comment affiner le système
    pour améliorer son efficacité ici et là.
  • 14:58 - 15:03
    Mais le concept de base est resté le même.
  • 15:04 - 15:08
    Pour apprendre une langue efficacement,
  • 15:09 - 15:14
    il faut lui donner vie.
  • 15:15 - 15:19
    Chaque mot doit être relié
    à des sons, des images,
  • 15:19 - 15:22
    des odeurs, des goûts et des émotions.
  • 15:23 - 15:28
    Chaque petit morceau de grammaire
    ne peut pas rester abstrait.
  • 15:28 - 15:32
    Ça doit être quelque chose
    qui vous aide à raconter votre histoire.
  • 15:35 - 15:37
    Et en agissant ainsi,
  • 15:37 - 15:42
    vous allez vous souvenir des mots,
  • 15:43 - 15:48
    de la grammaire.
  • 15:50 - 15:52
    Et vous allez vous apercevoir
  • 15:52 - 15:56
    que vous n'avez pas besoin
    d'un quelconque gène des langues,
  • 15:56 - 16:00
    ou un don divin pour y arriver.
  • 16:00 - 16:03
    C'est une chose
    pour laquelle nous avons tous
  • 16:04 - 16:10
    un peu de temps et l'aptitude.
  • 16:12 - 16:13
    Merci.
  • 16:13 - 16:17
    (Applaudissements)
Title:
Pourquoi apprendre les langues est si dur | Gabriel Wyner | TEDxNewBedford
Description:

Le seul obstacle à l'apprentissage d'une langue est la mémoire car ce processus est en fait un processus de formation de souvenirs. Ni plus, ni moins. En comprenant comment les souvenirs sont créés, on peut progresser comme jamais on ne l'aurait imaginé auparavant.

Gabriel Wyner est auteur, chanteur d'opéra et polyglotte. il vit à Chicago. Il a maîtrisé l'allemand en 14 semaines avec un programme en immersion de l'école de langues Middlebury et est tombé amoureux du processus d'apprentissage des langues. Après l'allemand, il a vécu deux mois à Pérouse, en Italie, pour suivre un cours intensif d'italien. Il a alors voulu amener le principe d'immersion à la maison et il a développé un système qui mène à la maîtrise d'une langue en courtes sessions quotidiennes. En 2010, ses efforts ont porté leurs fruits et il a appris le français en cinq mois et le russe en dix mois.

Né à Los Angeles, Gabriel a reçu son diplôme de l'université de Southern California avec les félicitations du jury en 2007. Il a une double diplomation en ingénierie mécanique et en art dramatique vocal. Il a été distingué par le prix Renaissance Scholar pour son excellence en des matières sans lien entre elles. Il a ensuite déménagé à Vienne pour poursuivre un triple diplôme complémentaire en opéra au Conservatoire de Vienne, Lieder and Voice, et a reçu son diplôme avec les félicitations du jury en 2011.

Ces dernières années, il a appris le hongrois et l'espagnol. Aujourd'hui, Gabriel apprend le japonais. Il a publié un livre en août 2014 intitulé : « Maîtriser une langue pour toujours : comment apprendre une langue vite et ne pas l'oublier » (maison d'édition : Harmony/Random House). Son projet le plus récent fut de développer un nouvel outil d'apprentissage des langues, qui est devenu un succès immédiat sur Kickstarter pour être transformé en appli, en septembre 2017.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:28

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