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Comment une police de caractères a lancé Apollo

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    En juillet 1969,
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    trois Américains sont partis
    dans l'espace.
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    Ils ont marché sur la surface de la Lune,
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    leurs pas faisant un bond
    de géant pour l'humanité.
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    Buzz Aldrin, Neil Armstrong
    ont marché sur la Lune
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    et planté ce drapeau.
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    Cet instant est légitimement célébré
    comme un triomphe aux États-Unis.
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    Nous pensons qu'il s'agit là
    d'un accomplissement extraordinaire.
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    Ils y ont abandonné plus qu'un drapeau :
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    une plaque.
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    Cette plaque est un objet magnifique
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    que j'aimerais vous décrire.
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    Vous remarquerez d'abord les deux globes
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    qui représentent la Terre.
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    Et il y a cette magnifique déclaration :
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    « Nous sommes venus en paix,
    au nom de toute l'humanité. »
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    Au premier abord,
    c'est un joli langage poétique.
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    Mais c'est écrit dans une police
    de caractères parfaite pour ce moment.
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    Elle semble industrielle,
    pensée par des ingénieurs.
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    Elle porte aussi le nom le plus approprié
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    pour un objet déposé sur la Lune : Futura.
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    Je vais vous parler de polices
  • 0:58 - 1:00
    et de ce qui rend celle-ci
    parfaite pour ce moment-là.
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    Ça va au-delà du cérémonial.
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    À votre arrivée aujourd'hui,
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    vous avez dû penser
    aux polices de caractères.
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    Sans en être conscient,
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    vous êtes tous experts en typographie.
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    La typographie est l'étude de la place
    des polices dans notre univers.
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    Elles sont le langage visuel
    des mots que nous utilisons.
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    Un de leurs aspects est vraiment curieux.
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    Je sais que vous n'êtes pas
    fana de polices comme moi.
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    Certains peut-être,
    mais rien de grave à ne pas l'être.
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    Je peux passer des heures chaque jour
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    à choisir le caractère parfait
    pour un projet.
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    Je peux dépenser des sommes énormes
    tous les ans pour trouver la bonne.
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    Vous aussi, vous passez des heures
    à analyser les polices.
  • 1:42 - 1:45
    Comment êtes-vous arrivés ici ?
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    Les signes vous ont conduit à évaluer,
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    sans doute sur votre téléphone,
  • 1:48 - 1:52
    et déterminer quels signaux suivre
    et lesquels ignorer.
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    Vous analysiez les polices.
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    Quand vous achetez un nouveau produit,
  • 1:55 - 1:58
    vous réfléchissez si c'est cher,
  • 1:58 - 2:01
    ou bon marché, facile à acheter, ou pas.
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    Ce qui est curieux,
  • 2:03 - 2:05
    et ça pourrait ne pas
    vous paraître insolite,
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    mais à l'instant où
    une chose semble étrange,
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    vous la détectez immédiatement.
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    (Rires)
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    J'aime la typographie,
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    et les polices, et Futura,
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    parce que l'objet de mon étude
    est présent partout.
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    Les rues que je parcours,
    les livres que je touche,
  • 2:22 - 2:27
    tout ce que je lis est imprégné
    de l'objet de ma passion.
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    Dès qu'on a la compréhension de l'histoire
    et de ce qui arrive avec les typographies,
  • 2:31 - 2:35
    on a sous les yeux l'histoire de tout.
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    Voici la police Futura.
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    Comme je vous l'ai dit,
    c'est du modernisme minimaliste.
  • 2:40 - 2:43
    Elle a catalysé la diffusion
    du modernisme dans notre pays
  • 2:43 - 2:46
    et est devenue la police
    la plus populaire et la plus omniprésente
  • 2:46 - 2:48
    du XXe siècle.
  • 2:48 - 2:52
    « Moins, c'est mieux, »
    une des maximes du modernisme.
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    Le même phénomène est apparu
    dans les arts visuels.
  • 2:54 - 2:57
    Observons les basiques,
    les formes de base,
  • 2:57 - 2:58
    la géométrie.
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    Futura y est très attachée.
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    Vous remarquerez que
    les formes inhérentes de Futura
  • 3:03 - 3:05
    sont des cercles,
    des carrés, des triangles.
  • 3:05 - 3:07
    Certaines formes sont
    basées sur le cercle,
  • 3:07 - 3:08
    le O, le D ou le C,
  • 3:08 - 3:12
    et d'autres ont la pointe du triangle.
  • 3:12 - 3:15
    D'autres encore semblent avoir été conçues
    avec une règle et un compas.
  • 3:15 - 3:18
    Elles paraissent géométriques,
    mathématiques et précises.
  • 3:18 - 3:22
    En fait, ce système est prégnant
    dans la conception de la police.
  • 3:22 - 3:26
    Pour ne pas ressembler à une autre police
    et être totalement neuve.
  • 3:26 - 3:30
    La voici avec des graisses légères,
    moyennes et grasses.
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    La famille de police est composée
    de différents éléments.
  • 3:33 - 3:35
    C'est en rupture consciente avec le passé
  • 3:35 - 3:38
    car elle semble avoir été conçue
    par une machine, et non à la main.
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    À la main signifie ceci.
  • 3:40 - 3:42
    C'est ce que nous imaginons souvent
  • 3:42 - 3:46
    quand on pense à une police
    calligraphiée au pinceau ou au stylo :
  • 3:46 - 3:47
    l'épaisseur des traits varie.
  • 3:47 - 3:51
    Des polices plus traditionnelles,
    comme Garamond,
  • 3:51 - 3:52
    conservent ces vestiges du passé
  • 3:52 - 3:56
    où le sommet du A est légèrement plus fin
  • 3:56 - 3:57
    et sa base est plus épaisse,
  • 3:57 - 3:59
    pour ressembler à une forme manuscrite.
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    Mais Futura a été conçue
  • 4:01 - 4:04
    pour donner l'impression
    qu'aucun homme n'y a touché,
  • 4:04 - 4:05
    qu'une machine l'a conçue,
  • 4:05 - 4:07
    pour une ère industrielle de la machine.
  • 4:07 - 4:10
    La dextérité de la main
    y est toutefois présente.
  • 4:10 - 4:13
    Paul Renner, le graphiste qui
    a conçu Futura en 1927, y a veillé.
  • 4:13 - 4:15
    Quand on observe comment
  • 4:15 - 4:18
    la forme circulaire
    rejoint le fut vertical,
  • 4:18 - 4:21
    on constate un léger biseautage.
  • 4:21 - 4:23
    C'est une des centaines de manières
  • 4:23 - 4:26
    qui donnent aux polices
    une apparence géométrique parfaite,
  • 4:26 - 4:28
    mais pas mathématiquement parfaite.
  • 4:28 - 4:30
    C'est ce que font
    les graphistes tout le temps
  • 4:30 - 4:33
    pour réussir leurs polices.
  • 4:33 - 4:37
    D'autres graphistes y ont aussi réfléchi
    en Europe et en Amérique.
  • 4:37 - 4:39
    Il y a eu quelques très bons
    exemples en Europe
  • 4:39 - 4:43
    de tentatives pour créer des choses neuves
    pour une ère nouvelle.
  • 4:43 - 4:44
    On en trouve en Allemagne,
  • 4:44 - 4:46
    d'une certaine manière,
    semblables à Futura,
  • 4:46 - 4:49
    mais avec un centre de gravité
    et des proportions différents.
  • 4:49 - 4:52
    Pourquoi Futura a-t-elle
    conquis le monde ?
  • 4:52 - 4:57
    Dans ce cas-ci, le nom des polices
    est parfois difficile à prononcer :
  • 4:57 - 5:02
    Erbar, Kabel Light,
    Berthold-Grotesk, Elegant-Grotesk.
  • 5:02 - 5:05
    Ce ne sont pas des mots courants.
  • 5:05 - 5:07
    En comparaison, Futura,
  • 5:07 - 5:11
    on constate que l'équipe marketing
    a fait un choix judicieux.
  • 5:11 - 5:12
    Ce qui est incroyable avec ce nom,
  • 5:12 - 5:15
    tout ce que contient le nom,
  • 5:15 - 5:19
    c'est l'évocation de l'espoir et d'une
    idée de ce que sera l'avenir.
  • 5:19 - 5:21
    Ce n'est même pas le mot
    allemand pour avenir.
  • 5:21 - 5:24
    Ce n'est pas un mot en allemand,
    ils ont choisi un terme
  • 5:24 - 5:27
    qui ferait écho chez un public
    plus large et universel.
  • 5:27 - 5:29
    Comparons-la à ce qui
    se faisait aux États-Unis.
  • 5:29 - 5:33
    Voici des polices étasunienne
    de la même époque, les années 20,
  • 5:33 - 5:35
    Bold, Brash, Braggadocios.
  • 5:35 - 5:39
    Elles évoquent les fluctuations erratiques
    des marchés financiers
  • 5:39 - 5:41
    dans les années 20.
  • 5:41 - 5:44
    La comparaison met en avant
    le côté révolutionnaire de Futura.
  • 5:44 - 5:48
    J'aimerais prendre du recul
    et montrer l'usage d'une police.
  • 5:48 - 5:51
    Nous connaissons tous
    ce magazine : « Vanity Fair ».
  • 5:51 - 5:55
    Voici sa mise en page, à l'été 1929.
  • 5:55 - 5:58
    Il n'y a rien hors du commun
    dans son graphisme.
  • 5:58 - 6:01
    C'est très typique des années 20.
  • 6:01 - 6:03
    Il y a la photo d'un homme important,
  • 6:03 - 6:05
    Franklin Roosevelt ici,
    alors gouverneur de New York.
  • 6:05 - 6:08
    Tout est centré et symétrique.
  • 6:08 - 6:10
    Il reste quelques ornements,
  • 6:10 - 6:13
    sans doute les vestiges
    de l'époque victorienne,
  • 6:13 - 6:15
    pas encore totalement moderne.
  • 6:15 - 6:16
    Mais tout paraît robuste.
  • 6:16 - 6:19
    Il y a même des lettrines,
    pour guider le lecteur.
  • 6:19 - 6:22
    Mais tout ça a changé brusquement
    en octobre 1929.
  • 6:22 - 6:25
    Un graphiste de Berlin
    a redessiné « Vanity Fair ».
  • 6:25 - 6:28
    Voici sa mise en page avec Futura.
  • 6:28 - 6:30
    Pour remplacer le gouverneur,
  • 6:30 - 6:33
    on a une photo abstraite et magnifique,
  • 6:33 - 6:34
    l'océan, ici.
  • 6:34 - 6:36
    Les lettrines ont disparu.
  • 6:36 - 6:41
    L'asymétrie remplace
    la pagination centrée.
  • 6:41 - 6:44
    Plus on lit, plus le graphisme
    devient radical,
  • 6:44 - 6:46
    Ici, avec l'asymétrie.
  • 6:46 - 6:49
    Les illustrations de Pablo Picasso
    se meuvent dans la page,
  • 6:49 - 6:53
    ignorant la gouttière
    entre les deux pages.
  • 6:53 - 6:55
    Il y a plus radical encore.
  • 6:55 - 6:58
    En observant attentivement,
    on constate une chose :
  • 6:58 - 6:59
    c'est presque imperceptible,
  • 6:59 - 7:03
    mais il n'y a pas de majuscules
    dans les titres et les chapeaux.
  • 7:03 - 7:05
    Ça peut vous sembler peu remarquable,
  • 7:05 - 7:07
    mais quel que soit le magazine
    ou le site Internet,
  • 7:07 - 7:10
    vous n'en trouverez pas facilement
    sans de lettre capitale.
  • 7:10 - 7:13
    C'est une idée révolutionnaire.
  • 7:13 - 7:14
    Pourquoi ?
  • 7:14 - 7:17
    Car le sens véhiculé
    par les lettres capitales
  • 7:17 - 7:19
    dénote quelque chose d'important,
  • 7:19 - 7:21
    qu'il s'agisse de notre nom
    ou de nos titres.
  • 7:21 - 7:24
    Ou du nom de nos entreprises,
  • 7:24 - 7:26
    voire des marques.
  • 7:26 - 7:29
    D'une certaine manière, l'Amérique est
    la patrie de la lettre capitale.
  • 7:29 - 7:31
    On adore utiliser des capitales partout.
  • 7:31 - 7:33
    (Rires)
  • 7:33 - 7:35
    Imaginez combien il est révolutionnaire
  • 7:35 - 7:39
    de diffuser un magazine qui a retiré
    toutes les lettres capitales.
  • 7:39 - 7:41
    Ça a dû avoir le même impact politique
  • 7:41 - 7:45
    que nous octroyons aujourd'hui
    à des éléments comme le genre des pronoms.
  • 7:45 - 7:47
    Les années 20,
  • 7:47 - 7:51
    ce sont les années qui suivent
    la révolution communiste en Russie.
  • 7:52 - 7:57
    Ce graphisme représente l'infiltration
    du socialisme aux États-Unis.
  • 7:57 - 8:01
    Les minuscules signifient l'égalitarisme,
  • 8:01 - 8:05
    l'abaissement complet de tout
    sur ce terrain d'égalitarisme.
  • 8:05 - 8:07
    C'est là qu'est l'idée révolutionnaire.
  • 8:07 - 8:09
    Pensez à comment les lettres capitales
  • 8:09 - 8:11
    confèrent du pouvoir,
    du prestige aux choses.
  • 8:11 - 8:15
    Pour ces gens, Futura véhiculait
    cette idée à travers ce moyen.
  • 8:15 - 8:18
    D'autres graphistes ont utilisé
    Futura autrement,
  • 8:18 - 8:21
    et lui ont attaché
    d'autres idées du modernisme,
  • 8:21 - 8:23
    que ce soit avec des nouveaux
    styles d'illustration,
  • 8:23 - 8:26
    ou des illustrations donnant
    l'illusion de collage.
  • 8:26 - 8:30
    Ou des nouvelles couvertures de livres
    provenant d'Europe.
  • 8:30 - 8:33
    Le sel de la typographie
    dans les années 20,
  • 8:33 - 8:35
    c'est que pour utiliser
    une nouvelle police,
  • 8:35 - 8:37
    on ne pouvait évidemment pas
    la télécharger.
  • 8:37 - 8:39
    On avait besoin de pièces en plomb.
  • 8:39 - 8:41
    Les Américains qui voulaient l'adopter
  • 8:41 - 8:43
    et l'intégrer dans leur propre système,
  • 8:43 - 8:46
    en tant qu'élément typographique
    ordinaire,
  • 8:46 - 8:48
    dans des publicités ou tout autre support,
  • 8:48 - 8:50
    devaient posséder des poinçons.
  • 8:50 - 8:53
    En tant que parfaits capitalistes,
    qu'ont fait les Américains ?
  • 8:53 - 8:54
    On a fait plein de copies.
  • 8:54 - 8:56
    Des copies sans rien à voir
    avec le nom Futura
  • 8:56 - 8:58
    mais qui lui étaient identiques,
  • 8:58 - 9:00
    que ce soit Spartan ou Tempo.
  • 9:00 - 9:02
    Quand la Deuxième Guerre
    mondiale a commencé,
  • 9:02 - 9:06
    les entreprises américaines essayaient
    de boycotter les produits nazis.
  • 9:06 - 9:08
    Elles ont proposé d'utiliser
    les copies américaines :
  • 9:08 - 9:11
    « Utilisez 20th Century, Spartan,
    Vogue ou Tempo.
  • 9:11 - 9:13
    Elles sont identiques à Futura. »
  • 9:13 - 9:16
    On ne prenait même pas
    la peine d'utiliser le nouveau nom.
  • 9:16 - 9:18
    On continuait de les appeler Futura.
  • 9:18 - 9:21
    Bref, les Américains
    ont adopté cette police,
  • 9:21 - 9:23
    ils l'ont conquise
    et se la sont appropriée.
  • 9:23 - 9:26
    À la fin de la guerre,
  • 9:26 - 9:28
    les Américains l'utilisaient partout,
  • 9:28 - 9:30
    dans les catalogues, les atlas,
  • 9:30 - 9:33
    les encyclopédies, dans des tableaux,
    des graphiques,
  • 9:33 - 9:37
    des calendriers, des tracts politiques,
  • 9:37 - 9:40
    pour les logos des nouvelles équipes
    de football
  • 9:41 - 9:45
    et même pour certaines des publicités
    les plus influentes du XXe siècle.
  • 9:45 - 9:48
    C'est dans ce contexte d'après-guerre
    que le gouvernement américain,
  • 9:48 - 9:52
    au moment de choisir une police
    pour ses cartes et ses projets,
  • 9:52 - 9:53
    a choisi Futura.
  • 9:53 - 9:56
    Ce n'était pas un choix
    étonnant ou radical.
  • 9:56 - 9:58
    Ça n'avait rien à voir avec le communisme.
  • 9:58 - 10:01
    Mais on l'a utilisée sur
    les cartes les plus importantes,
  • 10:01 - 10:03
    comme cette carte
    de l'armée de l'air en 1962,
  • 10:03 - 10:06
    ou ces cartes utilisées au Vietnam en 66.
  • 10:07 - 10:08
    Ce n'est donc pas surprenant
  • 10:08 - 10:11
    qu'au moment où les astronautes
    ont initié le programme Mercury,
  • 10:11 - 10:13
    lançant John Glenn en orbite
    autour de la Terre,
  • 10:13 - 10:16
    Futura soit sur les tableaux et cartes.
  • 10:16 - 10:20
    Quand Mercury est devenu Apollo,
  • 10:20 - 10:22
    le projet intégrait de plus en plus
    de ses éléments.
  • 10:22 - 10:25
    Ici, par exemple, le plan de sécurité,
  • 10:25 - 10:28
    les tableaux de bord,
  • 10:28 - 10:29
    les aides à la navigation.
  • 10:29 - 10:33
    Même les diagrammes représentant
    le fonctionnement du système.
  • 10:33 - 10:34
    Ce qui est encore plus incroyable,
  • 10:34 - 10:37
    c'est que Futura n'a pas uniquement
    envahi les documents.
  • 10:37 - 10:39
    On a commencé à l'utiliser comme interface
  • 10:39 - 10:43
    d'un système qui aidait les astronautes
    à manipuler les instruments.
  • 10:43 - 10:47
    La NASA n'était pas une grande entreprise
    produisant tout en interne.
  • 10:47 - 10:49
    Il y avait des centaines
    de sous-traitants,
  • 10:49 - 10:52
    Boeing, IBM, McDonnell Douglas,
    qui fabriquaient des équipements.
  • 10:52 - 10:56
    Que se serait-il passé si les astronautes
    avaient dû user des polices différentes
  • 10:56 - 11:00
    pour chaque composant de leur navette ?
  • 11:00 - 11:03
    Ça aurait été impossible de naviguer
    et ils auraient eu une surcharge cognitive
  • 11:03 - 11:06
    chaque fois qu'ils utilisaient
    un nouveau système.
  • 11:06 - 11:09
    Dès lors, Futura,
    en devenant leur interface,
  • 11:09 - 11:12
    les a aidés à gérer la complexité
    en la clarifiant.
  • 11:12 - 11:15
    Futura était sur les boutons,
    les étiquettes,
  • 11:15 - 11:17
    les rations alimentaires,
  • 11:17 - 11:19
    et les boîtes à outils.
  • 11:19 - 11:23
    Elle expliquait comment utiliser
    les manettes et les leviers de commande.
  • 11:23 - 11:29
    Dans des endroits où des choses complexes
    devaient apparaître simplement,
  • 11:29 - 11:31
    les instructions étaient
    imprimées en Futura,
  • 11:31 - 11:34
    pour leur permettre de savoir
    quoi faire à ce moment précis.
  • 11:34 - 11:36
    Inutile de tout mémoriser,
  • 11:36 - 11:40
    tout était apparent,
    écrit et lisible pour tous.
  • 11:40 - 11:42
    Futura a contribué à mettre
    sur pied ce système,
  • 11:42 - 11:45
    à rendre ce système très complexe
    et difficile à naviguer,
  • 11:45 - 11:46
    un peu moins complexe.
  • 11:47 - 11:50
    D'ailleurs, la première et dernière chose
    qu'un astronaute voyait
  • 11:50 - 11:52
    au moment d'entrer ou de sortir
    de sa navette
  • 11:52 - 11:54
    était sans doute du Futura.
  • 11:54 - 11:57
    Un de mes exemples favoris
    sur l'impact de Futura
  • 11:57 - 11:58
    est cet appareil photo.
  • 11:58 - 12:03
    C'est un Hasselblad conçu
    par une entreprise suédoise.
  • 12:03 - 12:06
    C'est un très bon boîtier que vous avez
    peut-être utilisé vous-même.
  • 12:06 - 12:09
    C'est un objet de qualité
    très apprécié des photographes.
  • 12:09 - 12:12
    Si vous vous y connaissez
    un peu en appareil photo,
  • 12:12 - 12:14
    vous aurez remarqué
    quelques modifications :
  • 12:14 - 12:17
    Les étiquettes sur les boîtiers des films
  • 12:18 - 12:20
    et sur d'autres parties du boîtier.
  • 12:20 - 12:22
    Ça a permis à la NASA
  • 12:22 - 12:26
    de tirer le meilleur, l'extraordinaire,
    de ses astronautes.
  • 12:26 - 12:29
    Les astronautes ne sont
    ni photographes, ni artistes.
  • 12:29 - 12:32
    Ils voulaient que les astronautes
    utilisent correctement l'appareil photo
  • 12:32 - 12:34
    guidés par des notices en Futura.
  • 12:34 - 12:38
    Dans ce cas précis, Futura leur a permis
    de gagner la légitimité
  • 12:38 - 12:41
    pour manipuler les objets
    qui leur avaient été confiés.
  • 12:41 - 12:44
    Par exemple, éviter de retirer
    le film avant son exposition.
  • 12:44 - 12:48
    Sans cela, nous n'aurions jamais obtenu
    certaines de leurs photos incroyables.
  • 12:48 - 12:54
    En observant un objet décoratif,
    comme cet écusson commémoratif,
  • 12:54 - 12:56
    ou cette plaque laissée sur la Lune,
  • 12:56 - 12:59
    on comprend que Futura
    transcendait le cérémonial,
  • 12:59 - 13:04
    que c'était davantage
    qu'un simple graphisme.
  • 13:04 - 13:07
    Futura avait en fait autorité,
  • 13:07 - 13:09
    légitimité et pouvoir,
    puisqu'elle avait été choisie.
  • 13:09 - 13:13
    J'aimerais conclure avec ceci :
  • 13:13 - 13:16
    Futura nous raconte une histoire.
  • 13:16 - 13:20
    C'est ça qui me passionne,
    toutes les polices relatent un récit.
  • 13:20 - 13:23
    Futura relate l'histoire
    particulièrement marquante
  • 13:23 - 13:26
    de l'assimilation d'un élément
    importé aux États-Unis
  • 13:26 - 13:29
    et qui est devenu une partie
    intégrante de sa culture.
  • 13:29 - 13:32
    C'est là où l'Amérique excelle,
    pour le meilleur et pour le pire :
  • 13:32 - 13:34
    nous assimilons des choses à notre culture
  • 13:34 - 13:37
    puis nous les recrachons
    tout en les revendiquant.
  • 13:37 - 13:40
    Futura reflète ce qui s'est passé
    avec cette technologie
  • 13:40 - 13:41
    soutenant un système entier.
  • 13:41 - 13:44
    Futura est une police allemande
    que nous avons assimilée
  • 13:44 - 13:46
    avant d'en faire un produit de base.
  • 13:46 - 13:47
    D'autres technologies aussi :
  • 13:47 - 13:50
    les fusées et les scientifiques
    venaient tous d'Allemagne.
  • 13:50 - 13:53
    Une police allemande
    sur une plaque américaine
  • 13:53 - 13:56
    reflète parfaitement
    le sort de cette technologie.
  • 13:56 - 13:57
    Dans ce cas,
  • 13:57 - 14:03
    l'histoire nous permet de prendre
    conscience que la police sur la Lune
  • 14:03 - 14:05
    représente la légitimité et l'autorité
  • 14:06 - 14:09
    et que cela leur a offert
    le pouvoir d'aller sur la Lune.
  • 14:09 - 14:10
    Merci.
  • 14:10 - 14:13
    (Applaudissements)
Title:
Comment une police de caractères a lancé Apollo
Speaker:
Douglas Thomas
Description:

Quand l'humanité a atterri sur la Lune en 1969, elle était accompagnée par la police de caractères Futura. Le graphiste Douglas Thomas nous relate l'extraordinaire histoire de cette police et le rôle qu'elle a joué dans le lancement d'Apollo 11. Il nous explique comment Futura est devenue une des polices de caractères les plus courantes au monde.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:26

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