Return to Video

Le pouvoir des vers de terre | Lucas Bonnie | TEDxUniversitedeTours

  • 0:09 - 0:13
    Je vais vous parler d'un pastis
    qui a changé ma vie,
  • 0:15 - 0:19
    d'un vélo, et d'un trésor
    qui dort sous nos pieds -
  • 0:19 - 0:23
    un vaste programme avec beaucoup
    d'éléments, je le conçois,
  • 0:23 - 0:26
    mais tous ces éléments
    s'imbriquent dans une histoire,
  • 0:26 - 0:28
    et cette histoire,
    je vais vous la raconter.
  • 0:29 - 0:33
    En 2013, obtention du bac,
    devant moi, c'est le vide.
  • 0:34 - 0:36
    Comme la plupart de mes
    camarades, je ne suis animé
  • 0:36 - 0:40

    par aucune passion universitaire,
    aucun métier ne m'attire,
  • 0:40 - 0:42
    et la vie d'adulte me terrifie.
  • 0:44 - 0:48
    Lorsque je choisis la faculté de biologie,
    c'est parce que c'est à côté de chez moi
  • 0:48 - 0:50
    et que ça a l'air super
    chouette d'être étudiant.
  • 0:53 - 0:57
    Eh bien, je n'avais aucune idée
    de ce que j'allais y rencontrer,
  • 0:57 - 0:59
    et je n'ai pas été déçu.
  • 0:59 - 1:02
    Je me souviens de mon professeur
    de biologie des organismes
  • 1:03 - 1:09
    me conter les aventures extraordinaires
    et érotiques des vers de terre.
  • 1:11 - 1:14
    Houah ! Mais quelle entrée en matière !
  • 1:15 - 1:18
    J'avoue que je n'ai pas
    beaucoup appris pendant ce cours,
  • 1:18 - 1:22
    excepté peut-être comment reconnaître
    un mâle d'une femelle ver de terre.
  • 1:22 - 1:26
    En même temps, je n'ai aucun mérite :
    ils sont hermaphrodites.
  • 1:28 - 1:30
    Ça me fait une belle jambe de savoir ça !
  • 1:30 - 1:32
    A quoi bon ?
  • 1:32 - 1:34
    A quoi ça va me servir plus tard ?
  • 1:35 - 1:37
    Je me posais plein de questions.
  • 1:38 - 1:39
    (Rires)
  • 1:39 - 1:41
    « Mais il y a bien... pourtant...? »
  • 1:41 - 1:45
    J'ai arrêté de me poser ces questions
    et j'ai obtenu ma licence.
  • 1:46 - 1:49
    Mais il y a pourtant bien
    une question qui va changer ma vie,
  • 1:49 - 1:53
    c'est celle que me pose mon pote
    Nicolas, un soir d'août 2013 :
  • 1:53 - 1:57
    « Lucas, est-ce que ça te dirait de faire
    un tour d'Asie du Sud-Est en vélo ? »
  • 1:58 - 2:00
    « Waouh !
  • 2:00 - 2:05
    Pas du tout ! Mais alors
    pas du tout, pas du tout ! »
  • 2:07 - 2:10
    Un : je n'ai pas de vélo -
    question pragmatique -
  • 2:11 - 2:15
    et deux : depuis quand on
    traverse des pays à vélo ?
  • 2:16 - 2:18
    Je ne comprenais pas, ça me dépassait.
  • 2:19 - 2:21
    Et pourtant si je suis là...
  • 2:21 - 2:23
    Et pourtant !
  • 2:23 - 2:26
    Et pourtant, c'est au cinquième pastis
  • 2:26 - 2:28
    (Rires)
  • 2:28 - 2:30
    que le projet « V'asie roule ! » est né.
  • 2:33 - 2:36
    Alors oui, Nicolas sait être convaincant,
  • 2:36 - 2:39
    même si je le soupçonne beaucoup
    d'avoir été aidé par le pastis.
  • 2:40 - 2:42
    Alors qu'est-ce que c'est
    « V'asie roule ! » ?
  • 2:42 - 2:44
    « V'asie roule ! », c'est une association.
  • 2:44 - 2:46
    C'est Nicolas et moi.
  • 2:46 - 2:49
    C'est 6 148 km
  • 2:49 - 2:52
    sur les routes chaotiques
    qui traversent le Vietnam,
  • 2:52 - 2:55
    le Laos, le Cambodge et la Thaïlande.
  • 2:56 - 3:00
    C'est un pont éducatif entre les écoliers
    français de tout horizon social
  • 3:00 - 3:03
    et les écoliers asiatiques
    en grande difficulté financière.
  • 3:04 - 3:08
    C'est trois caméras, deux micros,
    et deux reporters.
  • 3:11 - 3:14
    « V'asie roule ! », c'est aussi
    mon voyage initiatique.
  • 3:15 - 3:20
    C'est mon voyage de sept mois à bivouaquer
    en plein milieu de la jungle du Laos.
  • 3:21 - 3:24
    C'est mon voyage à grignoter des rats,
  • 3:24 - 3:26
    des cafards, des fourmis, et des crapauds
  • 3:26 - 3:30
    comme tombés
    par inadvertance dans ma soupe.
  • 3:32 - 3:36
    C'est mon voyage à partager
    ma couche avec une mygale.
  • 3:37 - 3:41
    C'est mon voyage à rouler
    sur des pentes tellement pentues
  • 3:41 - 3:44
    que j'ai cru que j'allais les finir
    en rampant à côté de mon vélo,
  • 3:44 - 3:47
    en me demandant sincèrement
    si avec un ou deux pastis en moins,
  • 3:47 - 3:49
    j'aurais été tranquillement dans mon lit
  • 3:49 - 3:52
    en train de bouquiner
    et de siroter un thé.
  • 3:55 - 3:59
    Mais malgré ça, « V'asie roule ! »,
    ça a été extraordinaire.
  • 4:00 - 4:02
    Nous avions fait le choix
    de ne pas prendre de tentes
  • 4:02 - 4:05
    et de compter sur la bonne volonté
    des gens pour nous accueillir.
  • 4:06 - 4:08
    Et nous n'avons pas été déçus.
  • 4:08 - 4:13
    Je me souviens des modestes soupers
    partagés avec les paysans de Baneshwar,
  • 4:14 - 4:16
    et des dizaines de gens rencontrés.
  • 4:17 - 4:21
    « V'asie roule ! » m'a arraché
    de mon confort et m'a ouvert les yeux.
  • 4:21 - 4:23
    Ça a été une révélation pour moi.
  • 4:24 - 4:26
    Je suis sorti du schéma
    social conventionnel,
  • 4:27 - 4:29
    et j'ai suivi ma volonté.
  • 4:30 - 4:32
    Et j'étais épanoui.
  • 4:33 - 4:37
    J'ai trouvé du sens
    à mes études de biologie
  • 4:37 - 4:39
    grâce à une rencontre.
  • 4:40 - 4:42
    Au bout de 3 000 kilomètres,
  • 4:43 - 4:47
    nous arrivons chez les Gia Raï,
    une minorité ethnique du centre Vietnam.
  • 4:49 - 4:51
    Cette minorité ethnique a la particularité
  • 4:51 - 4:54
    de vivre en parfaite osmose
    avec la Nature.
  • 4:55 - 4:57
    Du moins autrefois,
    mais depuis quelques années,
  • 4:57 - 5:00
    ils ont décidé de mettre
    leurs enfants à l'école vietnamienne
  • 5:00 - 5:04
    pour y apprendre les clés du développement
    et à s'ouvrir au monde moderne.
  • 5:05 - 5:08
    C'est ici que je parraine la petite H'mai,
  • 5:09 - 5:11
    neuf ans.
  • 5:12 - 5:14
    Depuis la mort de sa mère,
  • 5:14 - 5:18
    H'mai vit avec ses grands-parents,
    autrefois riziculteurs.
  • 5:20 - 5:22
    Ils m'invitent chez eux.
  • 5:23 - 5:26
    Ils vivent dans une petite
    maison de 20 m2 :
  • 5:26 - 5:28
    à même le sol,
    une dalle de béton brut
  • 5:28 - 5:31
    fracturée et gondolée
    par les périodes de mousson,
  • 5:31 - 5:33
    une natte en guise de salle à manger,
  • 5:33 - 5:36
    et deux lits dans les coins opposés.
  • 5:38 - 5:39
    Je rejoins la grand-mère
  • 5:41 - 5:44
    qui m'explique comment elle est
    passée de la culture du riz
  • 5:44 - 5:46
    à la culture des poivriers.
  • 5:49 - 5:53
    Un jour, une société de micro-finance
    leur a proposé 1 200 euros,
  • 5:53 - 5:56
    une somme colossale pour les Gia Raï,
  • 5:56 - 5:59
    1 200 euros afin d'emprunter
    pour planter des poivriers.
  • 6:00 - 6:03
    Pour eux, c'était la solution
  • 6:03 - 6:05
    qui permettrait
    aux grands-parents de H'mai
  • 6:05 - 6:09
    de subvenir à ses besoins éducatifs.
  • 6:11 - 6:13
    Ça ne s'est pas du tout passé comme prévu.
  • 6:13 - 6:16
    Ça a été une catastrophe,
  • 6:16 - 6:21
    car 75% des poivriers sont morts
    au cours des deux premières années.
  • 6:25 - 6:28
    Dans l'impossibilité de rembourser,
    ils ont fait appel à une ONG,
  • 6:28 - 6:32
    c'est là que j'ai reçu le dossier
    de parrainage dans la boîte aux lettres.
  • 6:32 - 6:35
    Je regardais la grand-mère
    touiller sa soupe,
  • 6:35 - 6:39
    sa peau abîmée, ses yeux un peu
    luisants par cette histoire,
  • 6:39 - 6:41
    et les questions m'assaillaient.
  • 6:41 - 6:44
    Pourquoi les poivriers de H'mai
    étaient-ils morts ?
  • 6:44 - 6:48
    Le climat subtropical du Vietnam
    est très propice à cette culture,
  • 6:49 - 6:51
    alors que s'était-il passé ?
  • 6:52 - 6:54
    Ces questions me taraudent
    jusqu'à mon retour.
  • 6:54 - 6:58
    Et je peux vous dire que, sur un vélo,
    on a le temps de gamberger un petit peu,
  • 6:58 - 7:01
    surtout avec 100 km par jour.
  • 7:03 - 7:07
    Aurait-on pu changer le cours
    de cette triste histoire ?
  • 7:08 - 7:09
    De retour en France,
  • 7:09 - 7:12
    je m'inscris au Master
    « Plantes et société » à Tours,
  • 7:12 - 7:15
    un master scientifique
    qui inclut la pédo-biologie,
  • 7:15 - 7:17
    l'étude de la vie des sols.
  • 7:17 - 7:19
    « Pédo », ça veut dire sol ;
  • 7:19 - 7:23
    « bio », ça veut dire vivant ;
    et « logie », c'est l'étude scientifique.
  • 7:27 - 7:30
    On n'imagine pas
    ce qui se passe sous nos pieds,
  • 7:30 - 7:32
    toute la vie qui y réside.
  • 7:32 - 7:36
    Du coup, je vous propose tous
    de prendre vos pelles
  • 7:36 - 7:38
    et d'aller voir
    ce qui se passe sous nos pieds.
  • 7:39 - 7:40
    Après quelques coups de pelle,
  • 7:40 - 7:43
    voici le sol typique que l'on
    pourrait trouver au Vietnam.
  • 7:43 - 7:49
    Alors maintenant, imaginez
    un gâteau avec trois parfums :
  • 7:50 - 7:54
    chocolat blanc, chocolat au lait,
    chocolat noir,
  • 7:54 - 7:56
    et un glaçage à la menthe.
  • 7:56 - 8:00
    Oui, moi aussi, j'ai faim, je n'ai pas
    encore mangé, mais ce n'est pas grave.
  • 8:01 - 8:04
    Eh bien, le sol, c'est pareil.
  • 8:04 - 8:09
    Le sol, c'est trois couches et une
    surface, quatre compositions différentes,
  • 8:09 - 8:12
    sauf qu'il faut imaginer que
    ce gâteau s'imprègne de ces saveurs,
  • 8:12 - 8:13
    il se mélange.
  • 8:16 - 8:18
    Nos trois couches sont composées
    des mêmes éléments
  • 8:18 - 8:21
    mais en quantités totalement différentes.
  • 8:21 - 8:26
    Notre couche du haut, notre glaçage,
    est composée de matières mortes.
  • 8:26 - 8:31
    Elle est composée de déjections,
    de cadavres d'animaux, de feuilles.
  • 8:32 - 8:35
    On va retrouver ces feuilles,
    cette matière morte,
  • 8:35 - 8:39
    dans notre couche de chocolat noir,
    mais cette fois en décomposition.
  • 8:39 - 8:41
    C'est ce que l'on appelle
    « la matière organique »,
  • 8:41 - 8:44
    la matière qui provient du vivant.
  • 8:46 - 8:49
    Plus on va descendre vers
    notre couche de chocolat blanc,
  • 8:49 - 8:51
    plus cette matière organique
  • 8:51 - 8:55
    va être remplacée par la matière minérale
    qui ne provient pas du vivant,
  • 8:55 - 8:57
    « la matière inorganique ».
  • 8:59 - 9:03
    Et donc, elle provient de cette couche
    de chocolat blanc qui est la roche.
  • 9:06 - 9:10
    Et c'est là où rentre en jeu
    notre couche de chocolat au lait.
  • 9:10 - 9:12
    Notre couche de chocolat au lait,
  • 9:12 - 9:16
    c'est la cohésion entre la matière
    organique et la matière minérale.
  • 9:16 - 9:21
    C'est cette cohésion entre la matière
    vivante et la matière non vivante
  • 9:21 - 9:25
    qui permet à un sol de retenir
    ses nutriments, de retenir l'eau.
  • 9:27 - 9:32
    Vous me direz : « Comment fait la matière
    pour bouger à l'intérieur du sol ? ».
  • 9:32 - 9:36
    Eh bien, revenons-en à nos petites
    bestioles du début de mon TED :
  • 9:36 - 9:37
    les vers de terre.
  • 9:37 - 9:42
    En fait, nos vers de terre,
    ce sont des mini-ascenseurs.
  • 9:42 - 9:45
    Ils absorbent la matière et la recrachent
  • 9:45 - 9:48
    à différents endroits dans le sol
    sous forme de déjections.
  • 9:48 - 9:52
    Ils transportent,
    ils redescendent, ils remontent.
  • 9:54 - 9:57
    Et ils aèrent le sol
    en y creusant des galeries.
  • 9:57 - 10:00
    Les vers de terre, ce sont
    un peu nos ingénieurs du sol.
  • 10:00 - 10:02
    Mais ils ne travaillent pas seuls.
  • 10:02 - 10:05
    Ils travaillent main dans la main -
    enfin, si je puis dire -
  • 10:05 - 10:08
    avec des micro-organismes.
  • 10:09 - 10:12
    Et ces micro-organismes
    vont décomposer notre matière,
  • 10:12 - 10:14
    qu'elle soit organique ou minérale.
  • 10:14 - 10:18
    Ils vont faire de cette matière quelque
    chose d'assimilable pour nos plantes.
  • 10:18 - 10:20
    Alors je simplifie bien sûr.
  • 10:20 - 10:24
    Imaginez bien qu'il y a
    des milliers d'espèces de vers de terre
  • 10:24 - 10:26
    et qu'il y a des milliards
    de micro-organismes.
  • 10:27 - 10:29
    Pour vous donner une idée,
  • 10:29 - 10:32
    une cuillère à café de terre
    comporte plus de micro-organismes
  • 10:32 - 10:35
    qu'il n'y a d'humains sur cette planète.
  • 10:36 - 10:40
    Alors maintenant que je vous ai donné
    la composition de ce gâteau,
  • 10:41 - 10:44
    je me doute qu'il doit être un tout petit
    peu moins appétissant pour vous,
  • 10:45 - 10:47
    ou alors il faut s'inquiéter !
  • 10:48 - 10:50
    Mais pour les plantes, c'est un régal.
  • 10:50 - 10:52
    Ça, c'est le gâteau qu'il faut.
  • 10:54 - 10:56
    Les plantes ont besoin
    de puiser via leurs racines,
  • 10:56 - 10:59
    des nutriments et de l'eau,
  • 10:59 - 11:02
    Eh bien, ce sont les vers de terre
    et les micro-organismes
  • 11:02 - 11:06
    qui vont concocter, cuisiner,
    ces nutriments.
  • 11:10 - 11:15
    Alors, maintenant que vous êtes
    de parfaits experts en sol,
  • 11:15 - 11:18
    revenons-en à la problématique de H'mai,
  • 11:19 - 11:21
    parce que c'est pour ça
    que je suis ici au départ.
  • 11:21 - 11:25
    Théoriquement, le terreau
    est idéal au Vietnam
  • 11:25 - 11:27
    pour planter des poivriers,
    c'est ce que je vous ai dit.
  • 11:27 - 11:30
    Le sol avait-il
    une constitution déséquilibrée ?
  • 11:30 - 11:33
    Pourquoi était-elle déséquilibrée,
    cette constitution ?
  • 11:34 - 11:36
    Eh bien,
  • 11:36 - 11:39
    je vous ai donné un indice tout à l'heure.
  • 11:39 - 11:43
    Les grands-parents de H'mai
    étaient riziculteurs à la base,
  • 11:43 - 11:47
    et le Vietnam est le deuxième
    plus grand exportateur de riz.
  • 11:47 - 11:49
    Pour avoir un titre pareil,
  • 11:49 - 11:52
    il faut ajouter
    des outils technologiques :
  • 11:52 - 11:56
    des engrais chimiques, des pesticides
    et un labour deux à trois fois par an.
  • 11:57 - 12:00
    Cette intensification
    de cette agriculture,
  • 12:00 - 12:04
    elle va entraîner plusieurs choses,
    elle va dérégler notre gâteau.
  • 12:04 - 12:06
    Premièrement,
  • 12:07 - 12:12
    nos micro-organismes
    et nos vers de terre vont disparaître.
  • 12:12 - 12:15
    Ils ne vont plus pouvoir
    exercer leurs fonctions.
  • 12:16 - 12:19
    Cela entraîne un autre problème.
  • 12:20 - 12:24
    C'est que notre couche
    de chocolat au lait va disparaître.
  • 12:25 - 12:29
    Étant donné que la matière ne peut plus
    être décomposée, ne peut plus bouger,
  • 12:30 - 12:34
    il n'y aura plus cette couche de chocolat
    au lait si importante pour la plante.
  • 12:34 - 12:38
    C'est là où la plante vient
    puiser ses nutriments et l'eau.
  • 12:38 - 12:40
    Le sol va s'appauvrir de ces nutriments.
  • 12:40 - 12:42
    L'eau va s'en aller.
  • 12:43 - 12:46
    Mais ce n'est pas effectivement
    le seul problème.
  • 12:46 - 12:49
    Le deuxième problème,
    c'est lors de fortes pluies.
  • 12:49 - 12:53
    Lors de fortes pluies,
    notre glaçage va s'en aller,
  • 12:53 - 12:55
    tout comme notre matière organique.
  • 12:55 - 13:00
    Pour donner une importance
    de ce lessivage des couches supérieures,
  • 13:00 - 13:04
    sachez que pour faire
    un centimètre de sol,
  • 13:04 - 13:06
    il faut mille ans.
  • 13:07 - 13:12
    D'après la FAO, l'Organisation des Nations
    Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation,
  • 13:12 - 13:16
    33 % de nos sols sont gravement
    ou modérément dégradés.
  • 13:18 - 13:21
    Alors le but d'un TED, ce n'est pas
    de vous laisser sur une idée négative.
  • 13:22 - 13:25
    Je ne vais pas vous laisser en plan,
    je vais vous donner une solution.
  • 13:25 - 13:27
    L'une des solutions envisagées,
  • 13:27 - 13:31
    c'est de redonner à la terre cette
    matière morte, ce glaçage à la menthe.
  • 13:31 - 13:35
    Pour ça, il faut limiter le labour,
    les engrais chimiques, les pesticides.
  • 13:36 - 13:38
    Ainsi on boostera,
  • 13:38 - 13:42
    on va booster notre biodiversité,
  • 13:42 - 13:45
    la vie qu'il y a dans le sol.
  • 13:47 - 13:50
    En boostant cette biodiversité,
    on va pouvoir trouver
  • 13:50 - 13:54
    une couche de chocolat
    au lait fonctionnelle,
  • 13:55 - 13:57
    une couche qui va marcher,
  • 13:57 - 14:00
    qui va retenir les nutriments,
    qui va retenir l'eau.
  • 14:01 - 14:05
    C'est ce à quoi s'est attelée l'entreprise
    Recology, une entreprise californienne,
  • 14:05 - 14:08
    qui récolte les ordures organiques
  • 14:08 - 14:11
    de San Francisco et de ses alentours.
  • 14:12 - 14:14
    Tenez-vous bien,
  • 14:14 - 14:18
    ils peuvent produire 600 tonnes de
    compost par jour juste avec ces déchets.
  • 14:19 - 14:23
    Des pédo-biologistes aident
    les agriculteurs du coin.
  • 14:23 - 14:25
    Ils viennent sur les terres,
    analysent le sol,
  • 14:25 - 14:29
    et ils disent quels sont les nutriments
    qui manquent à ce sol.
  • 14:32 - 14:36
    Ensuite, ils vont faire un compost
    différent pour chaque terre.
  • 14:37 - 14:42
    Les pédo-biologistes sont un peu ceux
    qui font les élixirs de santé de nos sols.
  • 14:44 - 14:48
    D'ailleurs, dans 72 heures,
    je m'envole pour la Guyane,
  • 14:48 - 14:52
    dans le cadre du projet Guyafer
    avec l'entreprise Solicaz.
  • 14:55 - 14:57
    Ce projet compte sensibiliser les paysans
  • 14:57 - 15:01
    à réduire le labour, les pesticides
    et les engrais chimiques,
  • 15:01 - 15:04
    et utiliser à la place, la matière
    organique qu'ils n'utilisent pas,
  • 15:04 - 15:07
    les déjections, leurs épluchures.
  • 15:10 - 15:15
    Je vais tenter de chérir au maximum
    les millions d'employés à ma charge :
  • 15:15 - 15:18
    les vers de terre guyanais oubliés.
  • 15:19 - 15:22
    Ce ne serait pas une renversante
    ironie, ça quand même ?
  • 15:22 - 15:25
    C'est ça, c'est cette solution
  • 15:25 - 15:29
    qui permettra aux grands-parents
    de H'mai de redonner vie à ces poivriers,
  • 15:31 - 15:33
    qui permettra d'avoir
    une récolte fructueuse.
  • 15:34 - 15:37
    C'est le rôle de l'agroécologie.
  • 15:37 - 15:40
    C'est le rôle de l'agriculture de demain.
  • 15:40 - 15:44
    C'est notre rôle de redonner
    au sol sa biodiversité.
  • 15:45 - 15:50
    C'est ce qui permettra à H'mai d'aller
    à l'école sans avoir besoin de mon aide.
  • 15:50 - 15:53
    C'est ce qui permettra à H'mai
    d'aller dans des facultés illustres
  • 15:53 - 15:57
    où des professeurs de biologie
    des organismes lui conteront
  • 15:57 - 16:00
    comment faire pour améliorer
    la qualité de ses sols,
  • 16:01 - 16:06
    comment faire pour améliorer la qualité
    de sa communauté tout entière,
  • 16:08 - 16:11
    une vision à long terme,
    cette fois, qui inclut
  • 16:12 - 16:13
    la Nature,
  • 16:13 - 16:15
    le climat
  • 16:15 - 16:17
    et la justice sociale.
  • 16:17 - 16:19
    Merci.
  • 16:19 - 16:21
    (Applaudissements)
Title:
Le pouvoir des vers de terre | Lucas Bonnie | TEDxUniversitedeTours
Description:

Après un tour d’Asie en vélo pour prendre conscience des enjeux humanitaires du développement durable, intégrer la première promotion du Master « Plantes et Société » à l’université de Tours a permis à Lucas Bonnie de trouver sa voie. Ses acquis en sciences végétales lui permettent de trouver des solutions viables en agro-écologie, pharmacologie ou en aménagement des paysages ruraux. C’est l’expérience, au delà de ses lectures, qui éveille sa conscience et sa rage de proposer des alternatives à nos modes de vie.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:32

French subtitles

Revisions