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Les histoires qu'il faut raconter au monde | Leslie Iwerks | TEDxTorinoSalon

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    Quand un vieillard meurt,
    c'est une bibliothèque qui brûle.
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    Je tiens ce proverbe africain
    d'un de mes amis
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    qui m'a comparée à un pompier ;
    pendant ma carrière,
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    j'ai sauvé du feu les histoires
    qu'il fallait raconter.
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    Avez-vous déjà regretté
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    de n'avoir jamais interviewé
    quelqu'un avant sa mort,
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    vos grands-parents, vos parents ?
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    Ou alors, pensé à interviewer quelqu'un
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    sans jamais en trouver le temps ?
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    Chacun de nous a une histoire
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    et qu'on le sache ou non,
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    on est influencé par
    les histoires qui nous entourent.
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    Depuis 15 ans,
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    j'ai eu la chance de raconter
    les plus incroyables histoires.
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    J'ai voyagé à travers les sept continents,
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    j'ai pu découvrir des mondes
    auxquels je ne m'attendais pas
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    et interviewer des gens que
    je ne n'aurais pas imaginé rencontrer.
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    J'ai filmé des portraits de visionnaires
    et de héros du quotidien ;
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    des histoires de créativité
    et de technologie ;
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    des enquêtes
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    sur des thèmes humanitaires
    et environnementaux.
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    Mais quand je pense à ma carrière
    dans la réalisation,
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    je comprends qu'elle a été
    très influencée par mon enfance.
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    Mon père et mon grand-père,
    tous deux lauréats d'Oscars,
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    travaillaient aux studios Walt Disney
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    et ils ont conçu et développé
    les cameras et le système de projection
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    des films Disney et des parcs à thème.
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    De temps en temps,
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    mon père devait aller
    travailler à Disneyland
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    et si j'avais de la chance,
    il m'emmenait avec lui.
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    Mais on ne prenait pas
    l'entrée principale comme les autres,
  • 1:37 - 1:39
    on passait par la porte de service.
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    Et croyez-moi,
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    c'était comme arriver
    au Pays des merveilles.
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    Tirer le rideau et voir
    la magie des coulisses
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    me fascinait plus que
    ce qui se passait sur scène.
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    On appelait « Imaginieurs »
    les concepteurs du parc
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    et en grandissant, j'ai appris
    l'histoire légendaire
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    de la construction de Disneyland.
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    Comment faire chanter et danser
    les fantômes dans le Manoir hanté,
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    comment faire briller les lucioles
    dans la croisière Pirates des Caraïbes,
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    ou comment faire bouger le corps
    et les mains d'Abraham Lincoln
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    pour l'attraction
    « Rencontre avec Mr. Lincoln ».
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    D'ailleurs, voici la main de Lincoln,
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    et quand j'étais petite, elle traînait
    toujours dans notre maison
  • 2:21 - 2:25
    parce que les mains de mon père ont servi
    de modèle pour celles de Lincoln.
  • 2:25 - 2:27
    Ma mère par contre
  • 2:27 - 2:30
    n'aimait pas tellement la trouver
    dans le congélateur.
  • 2:30 - 2:31
    (Rires)
  • 2:31 - 2:33
    mais j'insiste, c'était la faute
    de ma sœur.
  • 2:33 - 2:35
    Bien entendu,
  • 2:35 - 2:38
    j'ai adoré grandir
    dans les coulisses.
  • 2:38 - 2:40
    Diplômée de l'école de cinéma
    de Los Angeles,
  • 2:41 - 2:43
    j'ai trouvé un boulot
    d'assistante réalisatrice
  • 2:43 - 2:45
    à Hollywood sur des films à gros budget.
  • 2:45 - 2:47
    Et c'était super
  • 2:47 - 2:51
    parce que je pouvais voir les coulisses,
    comment on réalisait un film.
  • 2:51 - 2:54
    Mais à la fin du film,
    la production terminée,
  • 2:54 - 2:57
    je me souviens que mon travail
    avait perdu son intérêt.
  • 2:57 - 3:03
    Et je me souviens, j'étais dans les
    embouteillages de LA, comme chaque matin
  • 3:03 - 3:06
    pour faire ma longue liste de corvées
    pour le réalisateur,
  • 3:06 - 3:10
    vous savez, comme promener le chien -
    je déteste devoir l'admettre -
  • 3:10 - 3:14
    accueillir l'aide ménagère, faire le café.
  • 3:14 - 3:15
    Et je me suis dit,
  • 3:15 - 3:18
    c'est ça que je suis censée faire
    avec mon diplôme de cinéma ?
  • 3:19 - 3:23
    Un jour, pendant ce long trajet ennuyeux,
    une image m'est venue à l'esprit,
  • 3:23 - 3:25
    une photo prise par mon grand-père
  • 3:25 - 3:27
    en 1924
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    quand il traversait le pays
    vers Hollywood.
  • 3:30 - 3:32
    Je l'ai toujours vue au mur
    chez mes grand-parents
  • 3:32 - 3:34
    quand j'étais enfant, cette photo.
  • 3:34 - 3:36
    Mon grand-père avait rencontré Walt Disney
  • 3:36 - 3:39
    4 ans avant, à Kansas City
    dans le Missouri.
  • 3:39 - 3:43
    Jeunes artistes, ils travaillaient
    dans une agence de pub.
  • 3:43 - 3:46
    L'animation les passionnait tous les deux.
  • 3:46 - 3:49
    Ils ont décidé de monter
    leur propre société, Iwerks-Disney,
  • 3:49 - 3:51
    mais elle n'a survécu qu'un mois.
  • 3:52 - 3:54
    Walt a alors décidé de partir de son côté
  • 3:54 - 3:56
    et de monter un studio
    nommé Laugh-O-Grams,
  • 3:56 - 3:59
    filmant des dessins animés
    pour les cinémas locaux.
  • 3:59 - 4:00
    Mon grand-père l'a vite rejoint
  • 4:00 - 4:02
    et ils ont inventé
    des petits dessins animés,
  • 4:02 - 4:04
    bricolé des caméras d'animation
  • 4:04 - 4:06
    et ils ont inventé de supers
    dessins animés novateurs
  • 4:06 - 4:09
    dont un qui montrait
    une fillette en live-action
  • 4:09 - 4:11
    sur un fond animé,
  • 4:11 - 4:13
    quelque chose qui n'avait jamais été fait.
  • 4:13 - 4:16
    Mais très vite, Walt a été
    à court d'argent et il a fait faillite.
  • 4:16 - 4:19
    Il est donc parti à Hollywood
    pour trouver du travail
  • 4:20 - 4:22
    et mon grand-père est
    retourné à l'agence de pub
  • 4:22 - 4:24
    qui lui offrait un emploi stable.
  • 4:24 - 4:26
    Deux ans après,
  • 4:26 - 4:28
    mon grand-père a reçu une lettre de Walt
  • 4:28 - 4:30
    qui lui demandait de venir à Hollywood
  • 4:30 - 4:34
    pour devenir l'animateur en chef
    d'une nouvelle série de dessins animés.
  • 4:34 - 4:37
    Mon grand-père avait le choix :
  • 4:37 - 4:39
    ranger la lettre dans un tiroir,
  • 4:39 - 4:40
    ne pas prendre de risques,
  • 4:40 - 4:44
    ou alors, et bien,
    bouleverser sa vie entière,
  • 4:44 - 4:45
    traverser le pays,
  • 4:45 - 4:49
    et aller travailler sur un dessin animé
    chimérique qui pouvait faire faillite.
  • 4:49 - 4:51
    Et qu'est-ce qu'il fait ?
  • 4:51 - 4:55
    Il fait confiance à son instinct,
  • 4:55 - 4:57
    il a traversé le pays
  • 4:57 - 5:00
    et suivit une longue route difficile
    vers un futur incertain.
  • 5:01 - 5:04
    En termes narratifs, on parle
    d'élément déclencheur
  • 5:04 - 5:05
    ou de catalyseur.
  • 5:06 - 5:09
    Les événements antérieurs
    correspondent au passé du personnage.
  • 5:09 - 5:11
    Tout ce qui vient après,
  • 5:11 - 5:12
    c'est son histoire.
  • 5:13 - 5:16
    C'est le moment qui détermine
    le personnage.
  • 5:16 - 5:18
    Dans notre histoire,
  • 5:18 - 5:21
    deux ans après l'arrivée de
    mon grand-père à Hollywood,
  • 5:21 - 5:24
    Walt Disney a coulé de nouveau,
  • 5:24 - 5:27
    avec un nouveau dessin animé,
    « Oswald le lapin chanceux ».
  • 5:27 - 5:30
    Quand son équipe d'animation
    a quitté le navire,
  • 5:30 - 5:33
    le seul animateur
    qui est resté à ses côtés,
  • 5:33 - 5:34
    c'est Ub Iwerks.
  • 5:35 - 5:38
    Il s'apprêtait à concevoir et animer
  • 5:38 - 5:41
    le nouveau personnage
    qui allait changer le monde :
  • 5:41 - 5:42
    Mickey Mouse.
  • 5:42 - 5:44
    Ou Topolino, comme vous l'appelez
    ici, en Italie.
  • 5:45 - 5:47
    À la mort de mon grand-père,
    je n'étais pas née
  • 5:47 - 5:48
    et bien entendu,
  • 5:48 - 5:51
    j'étais très déçue
    de ne pas l'avoir connu.
  • 5:51 - 5:53
    Au collège,
  • 5:53 - 5:55
    j'ai dû faire un compte-rendu
    sur une célébrité
  • 5:55 - 5:58
    et j'ai décidé de travailler sur Ub.
  • 5:58 - 6:00
    J'ai commencé à étudier des livres
  • 6:00 - 6:03
    sur l'histoire de l'animation et
    des biographies de Walt Disney.
  • 6:03 - 6:06
    J'ai constaté que ce que je lisais
  • 6:06 - 6:09
    était différent de ce qu'on
    racontait dans ma famille,
  • 6:09 - 6:12
    la contribution d'Ub à l'animation
    et aux effets spéciaux
  • 6:12 - 6:16
    et à la conception de
    Mickey et Minnie Mouse.
  • 6:16 - 6:19
    J'ai compris que l'histoire
    d'un partenariat avait disparu,
  • 6:20 - 6:22
    et avec elle, une part
    de l'histoire de l'animation.
  • 6:23 - 6:25
    Cette contradiction
    m'avait toujours dérangée.
  • 6:26 - 6:27
    Et j'étais là,
  • 6:27 - 6:31
    dans les embouteillages du matin pour
    aller promener le chien du réalisateur.
  • 6:32 - 6:34
    Et l'idée m'est venue :
  • 6:34 - 6:36
    je pouvais sauver cette bibliothèque.
  • 6:36 - 6:37
    Et si j'allais interviewer
  • 6:37 - 6:40
    ceux qui avaient connu mon grand-père
    avant leur mort à eux ?
  • 6:40 - 6:44
    Je pourrais peut-être écrire un livre
    ou faire un film, un documentaire
  • 6:44 - 6:46
    et faire connaître son histoire
    au monde entier.
  • 6:46 - 6:49
    Je ne le savais pas encore,
    mais c'était mon catalyseur.
  • 6:50 - 6:52
    Peu de temps après,
  • 6:52 - 6:55
    j'ai vu Roy E. Disney, le neveu de Walt,
  • 6:55 - 6:57
    et je lui ai présenté mon idée
    de documentaire.
  • 6:57 - 7:00
    Il m'a dit qu'il avait toujours eu
    beaucoup de respect pour Ub
  • 7:00 - 7:04
    et que non seulement c'était une bonne
    chose de raconter son histoire,
  • 7:04 - 7:06
    mais aussi que c'était nécessaire.
  • 7:06 - 7:09
    Il a donc convaincu le studio
    de financer le documentaire
  • 7:09 - 7:12
    et avant d'avoir pu dire ouf,
    je racontais l'histoire de mon grand-père.
  • 7:12 - 7:15
    J'ai passé les huit mois suivants
    à reconstituer leur parcours
  • 7:15 - 7:17
    à Kansas City et Hollywood.
  • 7:17 - 7:19
    J'ai visité leurs anciens locaux,
  • 7:19 - 7:21
    le bâtiment du Laugh-O-Gram
    où tout a commencé.
  • 7:21 - 7:24
    Et j'ai interviewé ceux
    qui le connaissaient.
  • 7:24 - 7:27
    J'ai appris que Ub et Walt étaient
    comme le yin et le yang
  • 7:27 - 7:29
    de la créativité et de la technologie.
  • 7:29 - 7:31
    Walt, à gauche sur la photo,
  • 7:31 - 7:34
    quand il avait une idée d'histoire,
  • 7:34 - 7:37
    Ub trouvait une solution technique
    ou artistique pour la raconter.
  • 7:37 - 7:40
    Quand Ub trouvait une
    invention technique,
  • 7:40 - 7:43
    Walt imaginait la manière idéale
    pour l'utiliser.
  • 7:43 - 7:45
    Ils repoussaient les limites.
  • 7:45 - 7:49
    C'était mon premier documentaire,
    et je m'amusais comme une folle
  • 7:49 - 7:51
    mais je savais que
    je devais faire mes preuves.
  • 7:52 - 7:56
    Et quand j'ai dû montrer les premières
    images aux directeurs du studio,
  • 7:56 - 7:59
    je me souviens de mon angoisse.
  • 7:59 - 8:01
    Je m'apprêtais à leur montrer
  • 8:01 - 8:05
    une réécriture du récit fondateur de
    Mickey Mouse avec un potentiel polémique.
  • 8:05 - 8:08
    Vous voyez, c'était
    selon la perspective d'Ub.
  • 8:08 - 8:12
    Et s'ils n'étaient pas d'accord ?
    Et s'ils voulaient des changements ?
  • 8:12 - 8:14
    Comment est-ce-que je pourrais négocier ?
  • 8:14 - 8:18
    Après tout, Walt est connu pour
    avoir probablement dit,
  • 8:18 - 8:20
    « Tout commença par une souris. »
  • 8:20 - 8:21
    Heureusement,
  • 8:21 - 8:25
    parce que c'était une réécriture
    modérée, juste et honnête,
  • 8:25 - 8:27
    le studio ne l'a pas uniquement adorée,
  • 8:27 - 8:30
    ils l'ont montrée à Hollywood
    et diffusée dans le monde entier.
  • 8:30 - 8:33
    Tout le monde pouvait ressentir la magie
  • 8:33 - 8:35
    qui a inspiré sa vie et la mienne.
  • 8:35 - 8:38
    Et j'ai pu apprendre
    à connaitre mon grand-père.
  • 8:38 - 8:40
    Peu de temps après,
  • 8:40 - 8:43
    je suis tombée sur John Lasseter,
    co-fondateur des studios Pixar Animation
  • 8:44 - 8:45
    et il m'a invitée
  • 8:45 - 8:48
    à venir projeter mon film
    au studio pour ses employés.
  • 8:49 - 8:53
    Je me souviens qu'après le film,
    quelqu'un m'a demandé,
  • 8:53 - 8:57
    si j'avais pu faire une chose différemment
    pendant mon documentaire,
  • 8:57 - 8:59
    qu'est-ce-que j'aurais fait ?
  • 8:59 - 9:01
    Et je me souviens avoir pensé,
  • 9:01 - 9:03
    « Si j'avais pu remonter le temps
  • 9:03 - 9:06
    et être une mouche tapie sur le mur,
    voir la création de Mickey,
  • 9:06 - 9:10
    enregistrer ces premiers films et
    des scènes dans les coulisses,
  • 9:11 - 9:13
    j'aurais adoré avoir cette chance. »
  • 9:13 - 9:17
    Ma réponse a dû donner une idée à John,
  • 9:17 - 9:20
    car il m'a ensuite parlé de
    leur aventure longue et risquée
  • 9:20 - 9:22
    pour créer l'animation par ordinateur.
  • 9:23 - 9:28
    Puis il m'a invitée à devenir
    cette mouche sur le mur,
  • 9:28 - 9:32
    à venir dans les coulisses
    et filmer les mécanismes
  • 9:32 - 9:34
    du processus créatif
    des studios d'animation Pixar.
  • 9:34 - 9:36
    C'était vraiment formidable.
  • 9:36 - 9:39
    Je me souviens de
    mon interview avec Steve Jobs.
  • 9:39 - 9:45
    Il m'adit que Pixar avait allié
    la culture créatrice d'Hollywood
  • 9:45 - 9:48
    à la culture hi-tech de la Silicon Valley.
  • 9:48 - 9:51
    Deux cultures qui, auparavant,
    ne se comprenaient pas.
  • 9:51 - 9:54
    Pixar est un endroit où,
    selon John Lasseter,
  • 9:54 - 9:58
    « L'art stimule la technologie
    et la technologie inspire l'art. »
  • 9:59 - 10:01
    Mais même toutes les avancées
    dans l'animation par ordinateur
  • 10:01 - 10:05
    n'ont pas changé la nécessité
    de créer des mondes convaincants
  • 10:05 - 10:07
    remplis de personnages bien vivants.
  • 10:07 - 10:11
    Comme le dit tout animateur, il faut que
    les personnages aient des émotions.
  • 10:11 - 10:12
    Je me suis dit,
  • 10:12 - 10:16
    « Si j'avais été une mouche sur le mur
    pendant la création de Mickey Mouse,
  • 10:16 - 10:19
    est-ce que ça aurait ressemblé à ça ? »
  • 10:19 - 10:23
    Voilà une scène filmée pendant
    la réalisation de « Nemo ».
  • 10:23 - 10:27
    Un échange entre le réalisateur Andrew
    Stanton et l'animateur Doug Sweetland.
  • 10:30 - 10:31
    [Dernière réunion pour « Nemo »]
  • 10:31 - 10:33
    (Vidéo) Femme : Doug passe après.
  • 10:33 - 10:35
    Père : Dis donc, tu sais quoi ?
  • 10:35 - 10:36
    Nemo : Quoi ?
  • 10:36 - 10:37
    Père : Les tortues de mer ?
  • 10:37 - 10:39
    Et bien j'en ai rencontrée une !
  • 10:39 - 10:43
    Et elle avait 150 ans.
  • 10:43 - 10:47
    AS : Nemo devrait regarder son père
    au début de la scène.
  • 10:47 - 10:49
    DS : Tout le temps ?
    AS : Oui, on dirait qu'il est mort.
  • 10:49 - 10:51
    On dirait qu'il a abandonné.
  • 10:51 - 10:52
    (Rires)
  • 10:52 - 10:54
    Là, il a regardé son père
    puis sa nageoire,
  • 10:54 - 10:57
    et il devrait chercher son approbation
    pendant toute la scène.
  • 10:57 - 11:00
    Ils pourraient toucher la nageoire,
    se regarder dans les yeux.
  • 11:00 - 11:02
    (Rires)
  • 11:05 - 11:07
    (Musique)
  • 11:11 - 11:12
    [Doug Sweetland, animateur]
  • 11:12 - 11:17
    DS : Je me concentrais seulement
    sur le père et pas du tout sur Nemo.
  • 11:17 - 11:21
    Du coup, j'ai juste donné à Nemo
    ce regard fixe vers l'avant par défaut,
  • 11:21 - 11:24
    sans même penser à la façon dont
    ce serait perçu,
  • 11:24 - 11:27
    en espérant juste
    qu'on regarderait le père.
  • 11:27 - 11:29
    Mais Andrew l'a remarqué,
  • 11:29 - 11:32
    et il a raison, Nemo a l'air
    complètement indifférent.
  • 11:32 - 11:34
    (Rires)
  • 11:34 - 11:38
    Maintenant, je dois m'intéresser à Nemo
    comme je l'ai fait pour son père.
  • 11:39 - 11:42
    Mais vous voyez,
    je n'ai pas à repartir de zéro,
  • 11:42 - 11:45
    je dois juste imprégner
    ce personnage de quelque chose.
  • 11:45 - 11:48
    Ce que je peux faire,
    c'est retourner aux croquis,
  • 11:48 - 11:52
    et réutiliser les mêmes dessins.
  • 11:55 - 11:57
    Ce sera bien.
    La scène sera vraiment meilleure.
  • 11:57 - 12:04
    J'ai fait tout ça aussi, autour de
    la nageoire comme symbole du film.
  • 12:04 - 12:05
    Accepter son fils
  • 12:05 - 12:08
    c'est aussi se détacher du passé,
    de la perte, du traumatisme,
  • 12:08 - 12:11
    et prendre la main de quelqu'un.
  • 12:11 - 12:12
    Ce n'est pas juste une occasion
  • 12:12 - 12:16
    de toucher physiquement son fils
    et se rapprocher de lui,
  • 12:16 - 12:19
    ça marque aussi leur nouvelle relation.
  • 12:19 - 12:21
    (Musique)
  • 12:22 - 12:24
    Père : Je te demande pardon, Nemo.
  • 12:32 - 12:34
    (Fin de la musique)
  • 12:36 - 12:38
    (Sur scène)
    LI : Cet accès aux coulisses
  • 12:38 - 12:40
    m'a vraiment permis de mieux comprendre
  • 12:40 - 12:43
    le voyage humain
    dans le processus créatif,
  • 12:43 - 12:45
    et le courage de la création.
  • 12:45 - 12:46
    En faisant des films, j'ai appris
  • 12:46 - 12:49
    que prendre des risques,
    c'est suivre son instinct
  • 12:49 - 12:53
    et être assez sûr de soi
    pour suivre un chemin difficile.
  • 12:53 - 12:57
    Exactement comme mon grand-père
    et comme les fondateurs de Pixar.
  • 12:58 - 13:01
    Quand j'ai commencé à recevoir
    des lettres d'étudiants
  • 13:01 - 13:04
    qui me disaient que le film
    sur l'histoire de Pixar
  • 13:04 - 13:07
    les avait poussés à faire
    carrière dans l'animation,
  • 13:07 - 13:10
    j'ai été encore plus motivée
    pour dénicher d'autres histoires
  • 13:10 - 13:12
    qui devaient être racontées,
  • 13:12 - 13:15
    d'autres histoires de risques et
    de survie, de risques et d'adversité.
  • 13:15 - 13:18
    Et comment les trouve-t-on,
    ces histoires ?
  • 13:19 - 13:20
    Et bien
  • 13:20 - 13:22
    on les trouve souvent
  • 13:22 - 13:25
    là où on s'y attend le moins.
  • 13:25 - 13:27
    Jamais je n'aurais pensé
  • 13:27 - 13:30
    que mon film d'après
    m'emmènerait dans les ordures,
  • 13:30 - 13:31
    littéralement.
  • 13:31 - 13:36
    Dans la décharge de Guatemala City,
    la plus grande d'Amérique centrale,
  • 13:37 - 13:41
    où des milliers de familles fuyant
    la guerre civile qui règne depuis 36 ans
  • 13:41 - 13:44
    ont trouvé refuge
    et recyclent les ordures de la ville.
  • 13:45 - 13:47
    Les étrangers les considèrent
    comme des dégénérés,
  • 13:47 - 13:51
    mais moi je vois des survivants
    qui travaillent dur.
  • 13:51 - 13:55
    Les vautours, les chiens errants
    et les gens se battaient
  • 13:55 - 13:59
    pour la même banane à moitié mangée
    à peine jetée du camion-poubelle.
  • 13:59 - 14:01
    Et pourtant, les enfants étaient joyeux.
  • 14:01 - 14:05
    Ils s'amusaient avec des jouets cassés
    et des hula-hoops.
  • 14:05 - 14:07
    Et même avec des figurines Mickey.
  • 14:07 - 14:09
    On a demandé à une femme,
  • 14:09 - 14:12
    « Quelle est la meilleure chose
    que vous ayez trouvée dans la décharge ? »
  • 14:12 - 14:15
    Elle a répondu, « Mon mari. »
  • 14:16 - 14:22
    Voilà une histoire de risque, de courage
    de survie et de dignité.
  • 14:22 - 14:26
    J'ai grandi à Disneyland,
    et voilà leur terrain de jeux.
  • 14:27 - 14:32
    Je voyais des points communs
    entre mon enfance et la leur.
  • 14:32 - 14:35
    Quand on a su que
    je faisais un documentaire
  • 14:35 - 14:37
    sur des gens qui vivaient
    dans une décharge,
  • 14:37 - 14:39
    tout le monde a cru que j'étais folle.
  • 14:40 - 14:44
    Mais avec sa nomination pour un Oscar,
  • 14:44 - 14:48
    et les projections qui ont permis
    de récolter trois millions de dollars
  • 14:48 - 14:51
    pour construire des écoles
    autour de la décharge,
  • 14:51 - 14:53
    notre film « Recycled Life » prouve
  • 14:53 - 14:57
    que les histoires importantes
    peuvent faire la différence.
  • 14:57 - 15:02
    J'ai réalisé qu'en vieillissant,
    on revient sur les histoires de notre vie.
  • 15:02 - 15:04
    On veut combler les trous
  • 15:04 - 15:07
    et répondre aux questions
    qu'on n'a jamais pensé à poser,
  • 15:07 - 15:10
    parce qu'on était trop occupé
    à vivre et à agir.
  • 15:10 - 15:14
    Mais quand on commence à « être », notre
    propre histoire prend de l'importance.
  • 15:15 - 15:18
    Si on avait pu profiter
    d'un jour de plus avec un proche,
  • 15:18 - 15:23
    si on avait pu être une mouche sur le mur
    et connaitre leur façon de penser,
  • 15:24 - 15:27
    leur point de vue, leurs leçons de vie.
  • 15:27 - 15:29
    Les histoires sont partout autour de nous.
  • 15:29 - 15:33
    Et comme jamais auparavant,
    on a les outils et la technologie
  • 15:33 - 15:36
    pour aller les saisir et les partager.
  • 15:36 - 15:39
    Je vous mets au défi, si vous l'osez :
    allez-y.
  • 15:39 - 15:43
    Trouvez ces histoires si magiques,
    celles des autres puis la vôtre.
  • 15:43 - 15:46
    Car quand on écoute son instinct,
  • 15:46 - 15:48
    qu'on obéit à son catalyseur,
  • 15:49 - 15:51
    notre histoire devient un don
    pour les autres.
  • 15:52 - 15:55
    Elle devient un héritage collectif
    à transmettre.
  • 15:55 - 15:57
    Souvenez vous de
    ce vieux proverbe africain :
  • 15:57 - 16:02
    quand un vieil homme, ou une femme,
    meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
  • 16:02 - 16:05
    Osez sauver une bibliothèque qui brûle !
  • 16:05 - 16:06
    Merci.
  • 16:06 - 16:09
    (Applaudissements)
Title:
Les histoires qu'il faut raconter au monde | Leslie Iwerks | TEDxTorinoSalon
Description:

Si vous pouviez être une mouche sur le mur et assister à la rencontre de l'art et de la technologie, là où les esprits créateurs donnent vie à d'incroyables personnages, qu'entendriez-vous ? Que verriez-vous ? Vous allez découvrir les coulisses de ces grands inventeurs. Et avec ce regard neuf, pourquoi ne pas aller trouver une élégance et une créativité semblables, même dans les conditions de vie les plus difficiles et dans les environnements les plus singuliers ? Vous allez découvrir les histoires extraordinaires qui vous entourent, des histoires essentielles pour votre vie future.

Leslie Iwerks est une réalisatrice couronnée de succès, très engagée sur les questions humanitaires de la scène internationale. Elle dédie son premier documentaire « La main derrière la souris : l'histoire d'Ub Iwerks » (1999) à son grand-père, Ub Iwerks, co-créateur de Mickey Mouse. En 2006, elle réalise « Recycled Life », nominé pour un Oscar, en 2007, « The Pixar Story  » nominé pour un Emmy Award et elle réalise en 2010 « Industrial Light & Magic: Creating the Impossible ».

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:19

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