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Mine de rien... | Johan Yans | TEDxUNamur

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    Voilà, ça y est.
  • 0:17 - 0:20
    J'ai pu réserver mon prochain week-end
    à la mer, avec mon épouse.
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    Ce sera bien.
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    On va y aller en train.
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    Avec tout ce qu'on entend sur la planète,
    le développement durable,
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    les sociétés en transition.
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    Puis, ça va nous donner bonne conscience
    avec notre chaudière au mazout,
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    nos deux bagnoles,
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    nos trois enfants.
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    Alors, sur les 100 km qu'on va faire
    pour aller jusqu'à la mer,
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    20, 30 peut-être seront associés
    à des combustibles fossiles.
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    Parce que l'électricité
    qui va faire fonctionner le train,
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    elle est produite aujourd'hui en Belgique
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    par des centrales thermiques au gaz,
    au pétrole et au charbon.
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    Et 50 autres km vont être associés
    indirectement à de l'uranium.
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    Une autre matière extraite du sous-sol.
  • 1:03 - 1:05
    Parce que ce sont les centrales nucléaires
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    qui font fonctionner environ 50 %
    de l'électricité aujourd'hui en Belgique.
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    C'est du propre, tout ça !
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    Heureusement,
    on sera nombreux dans le train.
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    On va pouvoir partager
    les déchets radioactifs,
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    les émissions de CO₂.
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    Mais ouf !
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    Les 20 derniers kilomètres,
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    entre Bruges et Ostende,
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    seront associés
    à des énergies renouvelables.
  • 1:27 - 1:28
    Tranquille !
  • 1:28 - 1:32
    Mais là aussi, il va falloir pas mal
    d'énergie et de ressources du sous-sol
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    car pour fabriquer un aimant
    d'une éolienne, il va falloir du néodyme
  • 1:36 - 1:38
    et plein d'autres éléments terre rare.
  • 1:38 - 1:41
    Vous voyez les éléments que Mendeleïev
    a mis en bas dans son tableau.
  • 1:41 - 1:43
    Il allait avoir plein d'ennuis avec ça.
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    Il les a mis en bas,
    du néodyme et d'autres.
  • 1:46 - 1:49
    Pour des panneaux photovoltaïques,
    il va me falloir de l'indium,
  • 1:49 - 1:53
    du gallium, du cuivre, de l'argent
  • 1:53 - 1:56
    et plein d'autres éléments,
    du silicium notamment.
  • 1:56 - 1:57
    Mais heureusement,
  • 1:58 - 1:59
    j'ai pu réserver en me connectant.
  • 1:59 - 2:00
    Tranquille !
  • 2:00 - 2:01
    Alors, ça !
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    C'est un véritable consommateur
    de ressources du sous-sol.
  • 2:07 - 2:08
    Du lithium pour sa batterie,
  • 2:08 - 2:11
    de l'indium pour son écran plat,
  • 2:11 - 2:13
    du cuivre, de l'argent,
  • 2:13 - 2:15
    du tantale pour son électronique
  • 2:15 - 2:17
    et encore plein de terres rares
    pour le faire fonctionner.
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    Si j'avais l'idée
    de téléphoner dans le train,
  • 2:20 - 2:23
    je serais un vrai pilleur
    de ressources du sous-sol.
  • 2:23 - 2:25
    Vous allez dire :
    « Mais qu'est-ce qu'il a ce type ? »
  • 2:25 - 2:29
    Il ne parle que de terres rares,
    de sous-sol.
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    Mais je suis géologue.
  • 2:30 - 2:33
    Mon métier, c'est de suivre les filons
    pour faire carrière.
  • 2:34 - 2:37
    Mais j'ai plutôt bonne mine sur la photo,
    je ne vais pas me plaindre.
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    Car il y a beaucoup
    de cailloux sympathiques
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    qui viennent des entrailles de la Terre.
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    Des saphirs,
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    des émeraudes - parfait !
  • 2:46 - 2:47
    des rubis,
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    des diamants et les diamants,
    ça, c'est durable,
  • 2:50 - 2:51
    c'est éternel.
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    Mais si on prend une image de la cité
    de demain telle qu'on l'imagine,
  • 2:56 - 2:59
    on voit le vol majestueux des oiseaux,
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    le gaillard qui promène son chien,
  • 3:01 - 3:02
    il y a mon train,
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    on voit un vélo.
  • 3:04 - 3:06
    Tout est si harmonieux et verdâtre.
  • 3:06 - 3:09
    Mais si je mets mes lunettes de géologue,
  • 3:09 - 3:10
    qu'est-ce que je vois ?
  • 3:10 - 3:11
    Vous me voyez venir !
  • 3:11 - 3:13
    Du néodyme pour les aimants des éoliennes.
  • 3:14 - 3:17
    Tous les métaux qui seront nécessaires
    pour les panneaux photovoltaïques.
  • 3:18 - 3:20
    Le fer, le manganèse pour les silos.
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    Je ne vous raconte pas pour le train.
  • 3:22 - 3:25
    Le calcaire, l'argile, le sable, le ciment
  • 3:25 - 3:27
    et même les charges métalliques
  • 3:27 - 3:30
    qu'on va observer pour donner
    la couleur rouge du graffiti.
  • 3:30 - 3:32
    Il faut des charges métalliques.
  • 3:32 - 3:35
    Ce n'est pas qu'une préoccupation
    des géologues actuels.
  • 3:35 - 3:38
    C'est une vieille histoire,
    les ressources du sous-sol.
  • 3:38 - 3:40
    Votre prof d'histoire vous l'a dit.
  • 3:40 - 3:42
    Toutes les sociétés se basent
    sur les minerais,
  • 3:43 - 3:44
    les techniques et les produits.
  • 3:44 - 3:47
    À l'Âge de la pierre,
    on exploitait des pierres.
  • 3:47 - 3:49
    Et puis, il y a eu l'Âge du cuivre.
  • 3:49 - 3:51
    Et un gars a pensé :
    « Si j'ajoute un métal au cuivre,
  • 3:51 - 3:54
    je vais passer à l'Âge du bronze,
    ce sera mieux pour moi. »
  • 3:54 - 3:56
    Puis, il y a l'Âge du fer.
  • 3:56 - 3:59
    Nous quittons actuellement
    l'ère des combustibles fossiles,
  • 3:59 - 3:59
    trop lentement,
  • 3:59 - 4:01
    et on entre dans l'Âge de l'électron.
  • 4:01 - 4:04
    On exploite tous les éléments
    du tableau de Mendeleïev,
  • 4:04 - 4:06
    en haut, en bas, quels qu'il soit.
  • 4:06 - 4:08
    Les Romains connaissaient
    déjà sept métaux,
  • 4:08 - 4:12
    associés aux sept astres
    facilement visibles à l'époque,
  • 4:12 - 4:15
    chaque astre et chaque métal
    associé à un jour de la semaine.
  • 4:15 - 4:17
    Et évidemment à un dieu.
  • 4:17 - 4:19
    Vous verrez, c'est marrant,
    on va faire le jeu.
  • 4:19 - 4:20
    Lundi,
  • 4:20 - 4:21
    Maandag en néerlandais,
  • 4:21 - 4:23
    c'est le jour de la Lune.
  • 4:23 - 4:27
    La Lune, c'est un grand disque
    d'argent dans le ciel.
  • 4:27 - 4:28
    Mardi,
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    Mars, le dieu, la planète,
    c'est le jour du fer.
  • 4:32 - 4:35
    Mercredi, aujourd'hui, Mercure,
  • 4:36 - 4:39
    la planète, le métal
    et un messager des dieux.
  • 4:39 - 4:41
    Jeudi, Jupiter, c'est l'étain.
  • 4:42 - 4:43
    Vendredi.
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    Vénus, la déesse de l'amour.
  • 4:47 - 4:50
    Et le symbole de la féminité,
    c'est le symbole du cuivre.
  • 4:51 - 4:53
    Samedi, Saturday en anglais.
  • 4:54 - 4:57
    Saturne, mais la maladie du plomb,
    c'est le saturnisme.
  • 4:58 - 4:59
    Samedi, le jour du plomb.
  • 4:59 - 5:02
    Dimanche, Sunday, le jour du soleil,
  • 5:02 - 5:06
    et le soleil est un grand disque d'or
    dans le système.
  • 5:06 - 5:08
    Alors, depuis les Romains,
  • 5:08 - 5:09
    on a plutôt de la veine,
  • 5:09 - 5:12
    on a largement intensifié nos extractions.
  • 5:12 - 5:16
    On extrait autant depuis 30 ans
    que depuis toute l'histoire de l'humanité.
  • 5:17 - 5:22
    On extrait chaque année, 2,2 milliards
    de minerai de fer sur Terre,
  • 5:22 - 5:24
    bien plus qu'il y a 10 ans.
  • 5:24 - 5:26
    Qui parle encore
    de rationalité là-dessus ?
  • 5:26 - 5:28
    Mais on a besoin
    des ressources du sous-sol.
  • 5:28 - 5:30
    Soyons pragmatique, c'est de saison.
  • 5:31 - 5:34
    Soyons pragmatique mais comment fait-on ?
  • 5:34 - 5:35
    Eh bien on creuse.
  • 5:35 - 5:37
    Vous connaissez sûrement les grands trous,
  • 5:37 - 5:41
    les grandes carrières
    alimentées par de grands camions
  • 5:41 - 5:44
    de grandes multinationales
    aux capitaux gigantesques
  • 5:44 - 5:47
    et qui quotidiennement
    améliorent leurs processus
  • 5:47 - 5:51
    et tentent tant que faire se peut,
    de diminuer leur impact environnemental.
  • 5:52 - 5:54
    Mais si je mène un peu l'enquête
  • 5:54 - 5:57
    et que je prends mon déguisement
    de géologue un peu baroudeur,
  • 5:57 - 6:00
    je peux vous dire
    qu'il y a une autre façon d'extraire.
  • 6:00 - 6:03
    On appelle ça les creuseurs artisanaux
    assez pudiquement.
  • 6:03 - 6:05
    Alors, les gars, ils creusent à la pelle.
  • 6:05 - 6:07
    Et ils vont remplir des sacs.
  • 6:07 - 6:10
    Et ces sacs sont le fil conducteur
    de tout le chemin.
  • 6:11 - 6:13
    Les sacs sont parfois
    remplis par les enfants.
  • 6:14 - 6:17
    Et ce qui a dans les sacs
    est parfois lavé par les dames
  • 6:17 - 6:19
    qui sont totalement à la botte,
  • 6:19 - 6:21
    il n'en a qu'une, du contre-maître local.
  • 6:22 - 6:25
    Les gamins transportent
    les minerais dans les sacs.
  • 6:25 - 6:29
    Et ils transportent tout ça dans le coffre
    des voitures, comme vous le voyez.
  • 6:29 - 6:32
    Les voitures transportent
    les sacs sur des camions.
  • 6:32 - 6:34
    Et nous, on reste dans notre voiture
  • 6:34 - 6:37
    car on sent que ça va être chaud,
    cette histoire.
  • 6:37 - 6:40
    Les camions embarquent les sacs
    devant ces grandes balustrades.
  • 6:40 - 6:43
    Vieux zinc, vieux bronze, vieux aluminium.
  • 6:43 - 6:47
    On se demandait c'est quoi
    ces deux tuyaux juste au-dessus ?
  • 6:47 - 6:50
    Quand la balustrade s'ouvre,
    on voit que ce sont des hauts-fourneaux.
  • 6:50 - 6:51
    Vous reconnaissez les sacs.
  • 6:52 - 6:54
    On va sortir les minerais de sacs
  • 6:55 - 7:00
    pour couler des lingots artisanaux,
    moins beaux que les lingots légaux.
  • 7:00 - 7:03
    Ça représente d'après la banque mondiale,
  • 7:03 - 7:04
    pour certains minerais,
  • 7:05 - 7:06
    dans certains produits,
  • 7:06 - 7:08
    de 60 à 90 % de l'extraction aujourd'hui.
  • 7:09 - 7:12
    Pour les ONG,
    c'est de l'esclavagisme moderne.
  • 7:12 - 7:15
    Mais toujours selon la Banque Mondiale,
    en RP du Congo uniquement,
  • 7:15 - 7:17
    c'est 500 000 à 2 millions de creuseurs
  • 7:18 - 7:21
    qui font vivre jusqu'à
    10 millions de personnes, aujourd'hui.
  • 7:21 - 7:23
    Si on va un peu plus au nord, en Afrique.
  • 7:23 - 7:26
    Là, les géologies affluent évidemment.
  • 7:26 - 7:28
    On prend la route
    et que voit-on à côté de la route ?
  • 7:28 - 7:31
    Des gars qui creusent
    avec les moyens du bord.
  • 7:32 - 7:34
    Ils creusent ce type de choses.
  • 7:36 - 7:38
    Ils vont mettre les minerais
    dans des sacs,
  • 7:38 - 7:41
    toujours les mêmes sacs en toile de jute,
    partout où vous allez.
  • 7:41 - 7:43
    Ces sacs vont aller sur le dos des ânes.
  • 7:44 - 7:46
    Les ânes apportent les sacs
    dans les coffres des voitures.
  • 7:46 - 7:49
    Les coffres des voitures apportent
    les sacs sur des camions.
  • 7:50 - 7:51
    Mais,
  • 7:51 - 7:52
    tout bien pesé,
  • 7:53 - 7:54
    s'il faut creuser,
  • 7:54 - 7:55
    préfères-tu qu'on creuse
  • 7:55 - 7:58
    à la pelle ou à la pelleteuse ?
  • 7:58 - 7:59
    On pourrait se dire :
  • 8:00 - 8:02
    « Essayons d'extraire
    tout près de chez nous
  • 8:02 - 8:04
    plutôt que d'aller si loin. »
  • 8:04 - 8:07
    Bonne idée, un petit circuit court
    pour les ressources du sous-sol.
  • 8:07 - 8:08
    Dans mon jardin.
  • 8:08 - 8:12
    Oui, parce que je fais des travaux
    chez moi, j'analyse le sous-sol.
  • 8:12 - 8:13
    Qu'y a-t-il dans mon jardin ?
  • 8:13 - 8:14
    Des éléments majeurs.
  • 8:15 - 8:17
    Plus de 99,6 % :
  • 8:17 - 8:19
    silicium, aluminium, fer etc.
  • 8:19 - 8:22
    Dans mon jardin, j'ai tous les éléments
    du tableau de Mendeleïev.
  • 8:22 - 8:23
    Tous.
  • 8:23 - 8:27
    Mais ils sont en éléments mineurs,
    il n'y a pas de jeu de mots.
  • 8:27 - 8:29
    On les dose en ppm, partie par million,
  • 8:29 - 8:33
    un atome d'un élément
    pour un million d'autres atomes.
  • 8:33 - 8:36
    Et dans mon jardin,
    j'ai 27 ppm de néodyme.
  • 8:36 - 8:37
    Super !
  • 8:37 - 8:40
    0,0027 % de néodyme.
  • 8:40 - 8:45
    Donc, transformer ça en un aimant
    d'éolienne va demander une telle énergie,
  • 8:45 - 8:46
    que non, vraiment...
  • 8:46 - 8:50
    l'idée de faire une gisement de néodyme
    dans mon jardin a du plomb dans l'aile.
  • 8:51 - 8:52
    Mais heureusement,
  • 8:52 - 8:55
    nous avons d'autres ressources
    du sous-sol en Wallonie.
  • 8:55 - 8:59
    On a été premier producteur
    de plomb, de zinc, au XIXe siècle.
  • 8:59 - 9:00
    Mais il y a encore de la ressource.
  • 9:00 - 9:02
    Notamment dans la région de Namur.
  • 9:02 - 9:03
    Dans l'est de la Belgique,
  • 9:03 - 9:06
    dans un village qu'on appelle Plombières.
  • 9:06 - 9:08
    Deux ressources : du plomb
  • 9:09 - 9:10
    (Rires)
  • 9:11 - 9:12
    et de la bière.
  • 9:12 - 9:15
    Vous imaginez une grande mine
    de plomb aux alentours de Namur ?
  • 9:15 - 9:16
    C'est nickel, ça !
  • 9:17 - 9:18
    Mine de rien, cette idée,
  • 9:18 - 9:22
    aussi prometteuse soit-elle
    pour un circuit court,
  • 9:22 - 9:26
    serait rapidement minée par les réactions
    caustiques des riverains.
  • 9:26 - 9:27
    L'effet NIMBY.
  • 9:27 - 9:29
    « Not In My BackYard »
    [pas dans mon jardin]
  • 9:30 - 9:32
    « Je suis tout à fait d'accord
  • 9:32 - 9:35
    d'utiliser l'ensemble des métaux
    qui sont dans cet appareil,
  • 9:35 - 9:37
    mais, heu, pas dans le « Yard »,
  • 9:37 - 9:38
    c'est une expression anglophone,
  • 9:38 - 9:40
    qui est derrière chez moi.
  • 9:40 - 9:43
    Et puis, les extractions, elles ont laissé
  • 9:43 - 9:47
    des souvenirs un peu bizarres en Wallonie
    avec des noms comme Germinal,
  • 9:47 - 9:48
    silicose,
  • 9:49 - 9:50
    coup de grisou.
  • 9:50 - 9:52
    Non : l'histoire de l'extraction,
    loin de chez moi !
  • 9:52 - 9:54
    En favorisant bien sûr
  • 9:54 - 9:56
    une approche strictement locale
  • 9:56 - 9:59
    et en négligeant l'approche globale
    du développement durable.
  • 10:00 - 10:03
    Alors, s'il n'y a pas moyen d'extraire
    avec des extractions, comment faire ?
  • 10:04 - 10:05
    On recycle, en effet.
  • 10:06 - 10:07
    On peut tenter de recycler
  • 10:07 - 10:10
    et pour certains,
    c'est une vraie mine d'or.
  • 10:10 - 10:13
    Et puis le recyclage, c'est sympa,
    ça ne paie pas de mine.
  • 10:13 - 10:16
    Mais si je mets à nouveau
    mes lunettes de géologue,
  • 10:16 - 10:17
    qu'est-ce que je peux vous dire ?
  • 10:17 - 10:21
    Recycler les plusieurs dizaines
    de métaux qu'il y a là-dedans,
  • 10:21 - 10:23
    mais chaque métal en très petite quantité,
  • 10:23 - 10:24
    ce n'est pas simple.
  • 10:25 - 10:28
    Même si on arrivait
    à recycler à plus de 90 %,
  • 10:28 - 10:29
    au premier recyclage,
  • 10:29 - 10:30
    90 %.
  • 10:31 - 10:35
    Au deuxième recyclage,
    90 % de 90 % : 80 %.
  • 10:35 - 10:38
    Puis 73 %, 66 %,
  • 10:38 - 10:41
    59 %, 53 %.
  • 10:41 - 10:44
    Dès le septième recyclage, je n'ai plus
    la moitié de ce que j'avais au début.
  • 10:47 - 10:49
    Je constate que
    je plombe un peu l'ambiance.
  • 10:50 - 10:54
    On pourrait imaginer, tous ensemble
    car on est devenus géologues,
  • 10:55 - 10:57
    on pourrait imaginer que le concept
    de développement durable
  • 10:57 - 10:59
    basé sur trois piliers :
  • 11:00 - 11:02
    social, économique et environnemental,
  • 11:02 - 11:05
    que ce concept, avec une soutenabilité
    forte que j'aime bien
  • 11:05 - 11:09
    car on a la nature qui englobe le social
    qui englobe l'économique.
  • 11:09 - 11:13
    Donc, pas d'économie sans social
    et pas d'économie et social sans nature.
  • 11:13 - 11:18
    Ce concept exclut les ressources
    non renouvelables du sous-sol.
  • 11:19 - 11:22
    Mais en réalité, homo sapiens n'a jamais
    épuisé les ressources de son sous-sol.
  • 11:22 - 11:24
    Quand on a quitté l'Âge de la pierre,
  • 11:25 - 11:26
    il y avait encore des pierres.
  • 11:27 - 11:30
    Quand on a quitté l'Âge du cuivre,
    il y en avait encore.
  • 11:30 - 11:33
    Et on s'est dit : « Ce serait mieux
    de passer à l'Âge du fer.
  • 11:33 - 11:35
    Mon bien-être en sera amélioré. »
  • 11:35 - 11:38
    Quand on quitte l'Âge du fer,
    il y a encore du fer.
  • 11:38 - 11:40
    Nous quitterons l'Âge
    des combustibles fossiles
  • 11:40 - 11:42
    et il en restera encore.
  • 11:42 - 11:44
    Pétrole, gaz, charbon.
  • 11:44 - 11:46
    Mais nous aurons décidé, nous, citoyens,
  • 11:46 - 11:50
    que ce sera quand même mieux
    de passer dans l'âge de l'électron.
  • 11:50 - 11:53
    Même s'il y a plein de soucis,
    il ne faudra pas attendre l'épuisement,
  • 11:53 - 11:54
    propre ou figuré.
  • 11:54 - 11:55
    On pourra y aller
  • 11:55 - 11:58
    car le quatrième pilier
    du développement durable,
  • 11:58 - 11:59
    c'est la participation citoyenne.
  • 12:01 - 12:04
    À partir de maintenant, je vous invite
    à ne plus rester de marbre.
  • 12:05 - 12:06
    À aller au charbon.
  • 12:06 - 12:09
    À regarder le monde qui nous entoure
    avec des yeux de géologue.
  • 12:09 - 12:10
    En scrutant un peu,
  • 12:11 - 12:14
    en creusant tous les métaux
    présents dans tous les produits.
  • 12:14 - 12:16
    « Pas mal cet indium
    pour ton nouvel écran. »
  • 12:17 - 12:20
    « Je te demanderais bien un peu
    de diatomite pour filtrer ma bière. »
  • 12:20 - 12:23
    « Tu n'aurais pas du calcaire
    pour fabriquer mon sucre ? »
  • 12:23 - 12:26
    Je t'échangerais bien un peu de rhodium
    contre du fer et du manganèse
  • 12:26 - 12:28
    pour fabriquer mon acier. »
  • 12:28 - 12:31
    Conscient de l'omniprésence
    des ressources du sous-sol
  • 12:31 - 12:33
    dans notre environnement quotidien,
  • 12:33 - 12:37
    il nous sera plus facile d'adopter
    un comportement adéquat de citoyen
  • 12:38 - 12:40
    en rejetant certains produits.
  • 12:40 - 12:42
    Mon fils et ma fille doivent être
    terrorisés.
  • 12:44 - 12:46
    Ou en réduisant certains produits !
    (Gros soupir).
  • 12:46 - 12:48
    Ouf, réduire.
  • 12:48 - 12:50
    Ou en réparant
  • 12:50 - 12:54
    et les « fair phone » ont la particularité
    de pouvoir se réparer plus facilement.
  • 12:55 - 12:56
    En réutilisant.
  • 12:56 - 12:59
    En rentrant ce soir,
    vous ouvrirez le tiroir-là :
  • 12:59 - 13:00
    « On ne sait jamais ! »
  • 13:00 - 13:02
    Vous allez voir tous les trésors
    qu'il y a dedans.
  • 13:02 - 13:04
    Ou en recyclant.
  • 13:05 - 13:07
    Et puis, l'effet NIMBY,
    « Not In My BackYard »,
  • 13:07 - 13:12
    c'est moi qui décide de la sphère locale,
    régionale ou environnementale.
  • 13:13 - 13:16
    Mais ne jetons la pierre à personne
    et revenons aux Romains.
  • 13:16 - 13:20
    Ils avaient déjà une approche transversale
    car ils mélangeaient les disciplines.
  • 13:21 - 13:22
    Transdisciplinaire, systémique.
  • 13:22 - 13:25
    Eh bien, on revient
    à cette approche transversale.
  • 13:25 - 13:28
    En effet, la lente fin de l'ère
    des combustibles fossiles
  • 13:28 - 13:32
    qui sont à la base de l'émission de
    40 giga tonnes de CO₂ dans l'atmosphère.
  • 13:33 - 13:35
    Une tonne de gaz,
    c'est environ une montgolfière.
  • 13:35 - 13:38
    40 giga tonnes, c'est qu'on émet par an,
  • 13:38 - 13:41
    40 milliards de montgolfières de CO₂.
  • 13:42 - 13:44
    Eh bien, la lente fin de l'ère
    des combustibles fossiles
  • 13:44 - 13:46
    va nous éviter bien des soucis.
  • 13:46 - 13:48
    Mais elle va en créer d'autres,
  • 13:48 - 13:50
    aussi diversifiés en termes d'implications
  • 13:51 - 13:54
    environnementales, sociétales,
  • 13:54 - 13:55
    sociales,
  • 13:55 - 13:56
    économiques,
  • 13:57 - 13:58
    géopolitiques,
  • 13:58 - 13:59
    technologiques,
  • 14:00 - 14:01
    théologiques,
  • 14:01 - 14:02
    philosophiques,
  • 14:03 - 14:04
    chouïa géologiques quand même.
  • 14:04 - 14:08
    En réalité, nous avons largement besoin
    d'une approche transversale
  • 14:08 - 14:10
    vers laquelle doivent
    aller les universités,
  • 14:11 - 14:14
    en modifiant quelque peu
    leurs cursus de bachelier, de master,
  • 14:14 - 14:16
    un peu plus transdisciplinaire.
  • 14:16 - 14:19
    Une approche vers laquelle
    doivent aller les administrations
  • 14:19 - 14:21
    et les politiques,
    en restructurant la fiscalité.
  • 14:21 - 14:25
    Une approche transversale vers laquelle
    doivent aller les compagnies privées
  • 14:25 - 14:29
    en modifiant la sphère sociale
    de travail de leurs employés.
  • 14:29 - 14:33
    Une approche transversale vers laquelle
    doivent aller les citoyens,
  • 14:33 - 14:37
    munis de plusieurs paires de lunettes
    facilement ajustables et interchangeables.
  • 14:37 - 14:40
    En réalité, l'avenir est entre nos mains,
    à nous, citoyens,
  • 14:40 - 14:43
    pour une gestion durable des ressources
    non renouvelables du sous-sol.
  • 14:44 - 14:47
    Une approche résolument
    transdisciplinaire à plusieurs échelles :
  • 14:47 - 14:49
    locale, NIMBY,
  • 14:49 - 14:51
    régionale,
  • 14:51 - 14:52
    globale,
  • 14:52 - 14:57
    pour que nos enfants aussi
    puissent jouir de noces d'argent,
  • 14:58 - 14:59
    de platine,
  • 14:59 - 15:00
    d'or, de diamant,
  • 15:00 - 15:03
    car le mariage, c'est aussi
    une affaire de géologue.
  • 15:03 - 15:05
    Je vous souhaite un moral d'acier,
  • 15:05 - 15:07
    une santé de fer,
  • 15:07 - 15:08
    pas trop de pieds de plomb.
  • 15:08 - 15:10
    Merci.
  • 15:10 - 15:12
    (Applaudissements)
Title:
Mine de rien... | Johan Yans | TEDxUNamur
Description:

« Mon métier, c'est de suivre les filons pour faire carrière. »

Johan Yans, géologue, balaie avec nous l'histoire géologique jusqu'à aujourd'hui où les terres rares sont de plus en plus exploitées pour le développement des technologies. Qu'en est-il des modes d'exploitation? Du recyclage? De notre comportement de consommateur? Un talk tout en réflexion sur la manière dont nous exploitons la Terre depuis des milliers d'années.

Docteur en Sciences de la Terre, Johan consacre sa carrière à la gestion des ressources géologiques dans le Monde. Après avoir exercé à l’Université d’Oxford, à l’Université de Mons et au F.N.R.S., il est Professeur ordinaire à l’Université de Namur. L’utilisation future des ressources minérales, essentielles mais aujourd’hui très peu médiatisées, est une de ses préoccupations, au travers de son enseignement, sa recherche, ses nombreuses conférences et expertises en Belgique, France, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, notamment.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:18

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