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Climat : pourquoi on est toujours en retard ? | Christian DE PERTHUIS | TEDxBelfort

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    Nous allons donc parler ensemble
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    de climat,
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    d'émissions de CO2
  • 0:15 - 0:16
    et d'économie.
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    Alors vous pouvez vous
    interroger peut-être :
  • 0:21 - 0:22
    « Bizarre !
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    Pourquoi inviter un économiste
    pour parler du climat ? »
  • 0:27 - 0:28
    Et effectivement,
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    il y a encore 20 ans, en 2000, on m'aurait
    demandé ce qu'était l'effet de serre,
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    je ne suis pas sûr
    que j'aurais su répondre.
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    Mais j'ai changé complètement mon
    activité professionnelle d'économiste
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    dans les années 2000.
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    J'ai eu la chance
    de rencontrer des climatologues,
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    des gens qui travaillent
    sur la science du climat,
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    et qui nous expliquent la question
    du changement climatique.
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    Écoutons-les cinq minutes
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    car si l'économiste n'est pas capable
    d'écouter les climatologues,
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    il risque de dire beaucoup
    de bêtises sur le climat.
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    Nous accumulons
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    dans l'atmosphère
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    un stock de gaz à effet de serre
    dont le principal est le CO2.
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    Et ce stock, il est là pour longtemps.
  • 1:22 - 1:23
    Ce stock,
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    nous l'augmentons
    chaque fois que nous émettons
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    du CO2 ou d'autres gaz à effet de serre,
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    et puis le milieu naturel
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    va au contraire stocker une partie
    du CO2 qui est dans l'atmosphère,
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    dans les océans
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    et dans la nature
    avec les plantes, la photosynthèse.
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    Ce que nous disent les climatologues,
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    c'est que si nous ne sommes
    pas capables très rapidement
  • 1:50 - 1:55
    de complètement modifier le
    fonctionnement de ce système du carbone
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    en visant la neutralité
    carbone dans le monde,
  • 2:00 - 2:01
    à savoir si nous ne sommes pas capables
  • 2:02 - 2:05
    d'avoir une société dans laquelle
  • 2:05 - 2:08
    le montant de nos émissions sera
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    au moins au niveau de la captation
    dans l'océan et dans les plantes,
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    nous allons vers des risques
    climatiques considérables.
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    Et le dernier rapport du GIEC
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    nous rappelle que
    nous n'avons pas de temps.
  • 2:25 - 2:28
    Il faut aller très vite.
  • 2:28 - 2:29
    Alors que faire
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    pour transformer notre économie
    qui, aujourd'hui,
  • 2:33 - 2:37
    remplit l'atmosphère
    de gaz à effet de serre
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    pour aller vers une économie
    qui sera neutre en carbone ?
  • 2:42 - 2:43
    Et le faire vite !
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    Alors,
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    il faut faire deux grandes choses.
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    La première,
  • 2:51 - 2:54
    c'est conserver la capacité
    du milieu naturel à stocker le carbone,
  • 2:54 - 2:56
    les forêts, l'océan.
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    Et puis simultanément,
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    il faut drastiquement et rapidement
  • 3:01 - 3:04
    réduire les émissions
    de gaz à effet de serre,
  • 3:04 - 3:05
    et notamment
  • 3:05 - 3:09
    toutes celles qui viennent de l'énergie,
    qui est la première source
  • 3:10 - 3:13
    d'émission de gaz à effet de serre.
  • 3:14 - 3:15
    Alors interrogeons-nous.
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    Comment fonctionne
    aujourd'hui l'économie ?
  • 3:20 - 3:21
    Et,
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    souvent lorsqu'on parle de ces questions
    climatiques, on regarde la Chine, l'Inde,
  • 3:25 - 3:27
    des pays où l'augmentation est très forte,
  • 3:27 - 3:30
    mais regardons chez nous.
  • 3:31 - 3:32
    2015,
  • 3:32 - 3:33
    2016,
  • 3:34 - 3:35
    2017,
  • 3:36 - 3:37
    embellie de l'économie,
  • 3:38 - 3:42
    ça va mieux ou moins mal qu'avant,
    suivant qu'on est optimiste ou pessimiste.
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    Et puis il vient s'ajouter
    un autre phénomène :
  • 3:47 - 3:49
    baisse du prix du pétrole,
    contre-choc pétrolier.
  • 3:50 - 3:51
    Nos émissions augmentent
  • 3:52 - 3:53
    en 2015,
  • 3:53 - 3:54
    en 2016, en 2017.
  • 3:55 - 3:58
    Donc dans le fonctionnement
    actuel de l'économie,
  • 3:59 - 4:00
    lorsque l'économie va mieux,
  • 4:01 - 4:03
    et lorsque le prix l'énergie est bas,
  • 4:03 - 4:06
    nous augmentons rapidement
    nos émissions de gaz à effet de serre.
  • 4:06 - 4:08
    Et nous accentuons dramatiquement
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    le changement climatique.
  • 4:11 - 4:13
    Et nous prenons du retard,
  • 4:13 - 4:17
    car les climatologues nous expliquent
    que l'horloge climatique
  • 4:17 - 4:19
    tourne irrémédiablement.
  • 4:19 - 4:23
    Et chaque année d'émissions
    supplémentaires va retarder
  • 4:23 - 4:26
    l'avènement de cette société
    neutre en carbone.
  • 4:29 - 4:31
    Alors que peuvent faire les économistes ?
  • 4:32 - 4:33
    C'est là que, peut-être,
  • 4:33 - 4:38
    nous avons une certaine utilité
    avec nos amis les climatologues.
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    Grâce à ces rencontres
    avec des climatologues,
  • 4:41 - 4:44
    j'ai créé la chaire de recherche
    d'économie du climat,
  • 4:44 - 4:47
    et nous travaillons
    avec beaucoup de jeunes
  • 4:48 - 4:49
    sur comment
  • 4:50 - 4:53
    changer les règles de l'économie
    pour faire en sorte que demain,
  • 4:54 - 4:55
    nous ayons une économie qui,
  • 4:55 - 4:58
    lorsqu'on va mieux eux, eh bien,
  • 4:58 - 5:03
    on accélère les réductions d'émissions
    au lieu de les augmenter.
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    Comment faire ?
  • 5:06 - 5:08
    Nous autres économistes,
  • 5:08 - 5:10
    on est intéressés par
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    les échanges,
  • 5:12 - 5:13
    les prix.
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    Lorsque je regarde le fonctionnement
    de l'économie, je vois que
  • 5:17 - 5:22
    les prix sont loin d'exprimer toutes
    les valeurs environnementales.
  • 5:23 - 5:29
    Lorsque nos grandes compagnies pétrolières
    importent du pétrole et le raffinent,
  • 5:29 - 5:31
    elles payent un prix du pétrole,
    un coût de raffinage,
  • 5:31 - 5:34
    mais où est le coût associé
    aux émissions de CO2,
  • 5:34 - 5:36
    le coût du changement climatique ?
  • 5:36 - 5:38
    Il n'est pas dans les prix.
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    Lorsque nous autres citoyens,
    nous faisons nos choix
  • 5:42 - 5:44
    sur les produits que nous achetons
  • 5:44 - 5:45
    pour l'alimentation,
  • 5:45 - 5:47
    pour le transport et l'énergie,
  • 5:47 - 5:52
    lorsque nous faisons notre plein
    de fioul pour le chauffage l'hiver,
  • 5:52 - 5:54
    le gaz, les carburants.
  • 5:55 - 5:56
    La valeur associée
  • 5:57 - 5:58
    aux dégâts climatiques,
  • 5:58 - 6:01
    elle n'est que très faiblement
    intégrée dans les prix.
  • 6:02 - 6:03
    Comment faire ?
  • 6:03 - 6:05
    Changer le système des prix.
  • 6:05 - 6:07
    Comment changer le système des prix ?
  • 6:07 - 6:08
    Intégrer
  • 6:08 - 6:12
    dans les valeurs qui s'échangent
    au plan international,
  • 6:12 - 6:13
    au plan national,
  • 6:13 - 6:16
    les coûts associés
    aux dégâts environnementaux,
  • 6:16 - 6:21
    qu'il s'agisse du changement climatique
    ou des dégâts environnementaux locaux.
  • 6:23 - 6:24
    En France,
  • 6:24 - 6:28
    l'agence sanitaire nationale
    nous dit que pour 2016,
  • 6:29 - 6:31
    68 000 décès prématurés.
  • 6:32 - 6:36
    C'est un coût considérable ! Ce n'est pas
    dans les prix du gazole qu'on achète.
  • 6:36 - 6:39
    Donc nous autres économistes,
    nous pensons
  • 6:39 - 6:41
    qu'il faut effectivement intégrer
  • 6:42 - 6:44
    la valeur de l'environnement
    dans les prix,
  • 6:44 - 6:48
    via des mécanismes qui peuvent être soit
    de la taxe, soit des marchés de permis.
  • 6:48 - 6:51
    Pourquoi on ne le fait pas ?
    Pourquoi est-ce si difficile ?
  • 6:51 - 6:54
    Pour des raisons de justice,
  • 6:54 - 6:56
    pour des raisons d'équité.
  • 6:57 - 6:59
    Deux exemples en France.
  • 7:00 - 7:03
    Il ne vous a pas échappé que,
    actuellement, il y a quelques difficultés
  • 7:03 - 7:08
    dans l'augmentation de la taxation
    du carbone et du diesel,
  • 7:10 - 7:11
    qui se cristallisent
  • 7:11 - 7:13
    sur les carburants. Pourquoi ?
  • 7:14 - 7:17
    Parce qu'il n'y a pas
    les mesures d'accompagnement social
  • 7:17 - 7:19
    et de redistribution nécessaires.
  • 7:19 - 7:20
    Or,
  • 7:20 - 7:23
    une taxe carbone est anti-redistributive.
  • 7:25 - 7:26
    En moyenne,
  • 7:26 - 7:29
    les riches consomment plus
    d'énergie que les pauvres,
  • 7:30 - 7:33
    mais en proportion du budget du ménage,
  • 7:34 - 7:36
    le coût de l'énergie est bien plus élevé.
  • 7:37 - 7:41
    Et si vous avez des faibles revenus
    et que vous êtes loin du centre-ville...
  • 7:41 - 7:42
    Depuis trente ans,
  • 7:42 - 7:45
    nos politiques ont sorti
    les pauvres des centre-villes
  • 7:45 - 7:47
    pour les mettre dans le milieu périurbain.
  • 7:47 - 7:50
    Vous êtes encore beaucoup plus affecté.
  • 7:51 - 7:52
    Donc,
  • 7:52 - 7:53
    dans notre pays,
  • 7:54 - 7:57
    il faut absolument
    accélérer l'augmentation
  • 7:57 - 8:02
    de la taxation du carbone
    et des nuisances environnementales
  • 8:02 - 8:03
    si nous voulons
  • 8:04 - 8:07
    aller dans le sens de ce que
    nous disent les climatologues,
  • 8:07 - 8:11
    mais il faut le faire
    avec un accompagnement social
  • 8:11 - 8:13
    beaucoup plus important
  • 8:13 - 8:14
    pour éviter que
  • 8:15 - 8:18
    ces systèmes de valorisation
    de l'environnement
  • 8:19 - 8:22
    ne se fassent au détriment de la justice.
  • 8:24 - 8:26
    Prenons le plan international.
  • 8:28 - 8:32
    Vous avez entendu parler des conférences
    climatiques sous l'égide de l'ONU
  • 8:33 - 8:36
    et notamment celle de Paris
    en décembre 2015.
  • 8:37 - 8:40
    Quel est fondamentalement
    le problème posé ?
  • 8:41 - 8:44
    Si nous voulons que l'économie
    internationale change son fonctionnement,
  • 8:45 - 8:48
    intègre la question du climat
    dans les échanges entre les pays,
  • 8:49 - 8:53
    aboutisse à des choix radicalement
    différents en matière énergétique -
  • 8:53 - 8:55
    et aujourd'hui, on a les technologies.
  • 8:56 - 8:59
    Le coût du solaire est
    en train de s'effondrer,
  • 8:59 - 9:03
    la question de l'hydrogène, question très
    intéressante, fait des grands progrès,
  • 9:03 - 9:07
    le stockage de l'électricité
    fait des progrès.
  • 9:08 - 9:09
    Qu'est-ce qui manque ?
  • 9:09 - 9:11
    Un levier économique,
  • 9:11 - 9:14
    un prix international du carbone
  • 9:15 - 9:17
    qui fasse que, dans les échanges mondiaux,
  • 9:19 - 9:21
    dans tous les flux incroyables
  • 9:22 - 9:24
    qui vont d'Asie en Europe,
    en Amérique du Nord,
  • 9:26 - 9:32
    on intègre dans les échanges la valeur
    des dommages associés au climat.
  • 9:32 - 9:36
    Et on aura une économie qui va
    fonctionner complètement différemment.
  • 9:37 - 9:41
    Pourquoi on n'arrive pas à le faire ou
    pourquoi c'est si difficile à faire ?
  • 9:42 - 9:45
    Parce qu'au plan international,
  • 9:45 - 9:47
    la même question se pose,
  • 9:49 - 9:51
    et à une autre dimension,
  • 9:51 - 9:53
    entre les pays riches et les pays pauvres.
  • 9:55 - 9:56
    Et si nous voulons avoir
  • 9:57 - 9:59
    une valeur internationale du carbone
  • 9:59 - 10:02
    qui guide les grandes
    décisions économiques,
  • 10:04 - 10:05
    il faut associer
  • 10:05 - 10:07
    à cette valeur internationale du carbone
  • 10:07 - 10:10
    ce prix international du carbone,
  • 10:10 - 10:13
    un énorme mécanisme de redistribution
  • 10:14 - 10:15
    depuis les riches
  • 10:15 - 10:16
    vers les pauvres.
  • 10:17 - 10:20
    Avec un nombre croissant de pays
    qui sont la classe intermédiaire.
  • 10:21 - 10:23
    Ça, c'est très difficile à obtenir,
  • 10:25 - 10:29
    parce que beaucoup de pays riches,
    beaucoup de classes aisées riches,
  • 10:29 - 10:32
    n'ont pas envie de changer
    leur mode de vie et leurs privilèges.
  • 10:32 - 10:36
    Donc la question de la justice climatique
    est une question absolument essentielle
  • 10:36 - 10:39
    et liée à la tarification du carbone.
  • 10:41 - 10:43
    Le travail des économistes,
  • 10:43 - 10:46
    le travail des jeunes chercheurs
    de la chaire « Économie du climat »,
  • 10:46 - 10:51
    consiste à essayer de trouver les
    mécanismes qui vont permettre de concilier
  • 10:52 - 10:54
    l'efficacité économique,
  • 10:55 - 10:57
    la justice climatique internationale
  • 10:58 - 11:02
    et la réduction massive des émissions
    de gaz à effet de serre pour aller
  • 11:02 - 11:04
    vers une société neutre en carbone
  • 11:05 - 11:09
    qui est l'objectif que nous
    assignent les climatologues.
  • 11:11 - 11:12
    Et si demain,
  • 11:13 - 11:17
    nous parvenons à changer
    les mécanismes de l'économie
  • 11:17 - 11:19
    grâce à cette tarification du carbone
  • 11:19 - 11:22
    associée à de la redistribution
    et de la justice climatique,
  • 11:22 - 11:24
    le fonctionnement de l'économie
  • 11:25 - 11:26
    va complètement changer,
  • 11:27 - 11:28
    et on va passer
  • 11:29 - 11:31
    de l'impossible actuel -
  • 11:32 - 11:36
    nos émissions de gaz à effet de serre
    qui augmentent, 2015, 2016, 2017,
  • 11:36 - 11:37
    parce que l'économie va mieux -
  • 11:38 - 11:39
    au possible -
  • 11:41 - 11:42
    une économie bas carbone
  • 11:43 - 11:46
    où on va intégrer
    dans nos décisions économiques,
  • 11:46 - 11:49
    que nous soyons des ménages,
    des entreprises ou des États,
  • 11:49 - 11:51
    la valeur du climat dans nos échanges.
  • 11:52 - 11:53
    Et pour y parvenir,
  • 11:53 - 11:57
    un immense effort de justice
    et de redistribution
  • 11:58 - 12:00
    est absolument indispensable.
  • 12:01 - 12:05
    De l'impossible au possible
    grâce au prix du carbone.
Title:
Climat : pourquoi on est toujours en retard ? | Christian DE PERTHUIS | TEDxBelfort
Description:

Professeur à l’université Paris-Dauphine, Christian de Perthuis a dirigé la « Mission climat » de la Caisse des Dépôts, puis a fondé la Chaire Économie du Climat à l’université. Il a conduit différentes missions pour les pouvoirs publics, dont la présidence du Comité pour la Fiscalité Écologique à l’origine de l’introduction de la taxe carbone. Il est auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en anglais et en chinois. Il a publié un roman : « Le complot climatique ».

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
12:07

French subtitles

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