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Title:
Abigail DeVille Ecoute de l’Histoire | Art21 “Zoom sur New York”
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Description:
Comment une artiste exprime t-elle la joie et la douleur d’histoires poignantes ?
Au travers de ses performances en immersion, et ses exercices d’installation, Abigail DeVille célébre la bravoure et l’optimisme ; en remémorant aussi la souffrance, scellée à l’expérience afro-américaine. En appelant l’histoire américaine officielle “déchet”, Deville utilise du matériel jeté, comme des vieux meubles et des drapeaux en lambeaux pour construire de grandes installations complexes qui évoquent un aperçu, des histoires des noirs américains dans tout son désordre et grandeur. “Il y a quelque chose, si vous êtes assez silencieux et vous écoutez.” dit l’artiste, “vous êtes guidé ou dirigé pour découvrir des pièces spécifiques d’information.”
“La nouvelle migration” de Deville, présentée par le musée Studio et présentée dans les rues de Harlem en 2014, a été inspirée par les hommes et femmes de la Grande Migration ; des millions d’afro-américains qui ont fui le racisme systématique et l’état de violence du sud de Jim Crow au vingtième siècle. Dirigé par la collaboratrice Charlotte Brathwaite et aussi représenté dans l’Anacostia et Baltimore, “La nouvelle migration” est une grande procession de musiciens dans la rue, des danseurs, des bandes de marcheurs, et des membres de la communauté de tous les âges portant les sculptures portables de Deville, qui pour l’artiste signifie le poids de l’histoire.
Le projet fait aussi référence à la courante gentrification de villes américaines comme Harlem et Chicago comme la prochaine migration forçant les communautés de couleur. Le règlement de compte facilité par les festivités, la performance de la communauté collaborative de DeVille honore le pouvoir et l’espoir des communautées noires aujourd’hui. “C’est quelque chose pour moi dont il faut toujours se rappeler”, dit DeVille, “c’est nous, qui en tant que peuple, qui allons y arriver”.
Présentant l’installation de l’artiste “C’est seulement quand il fait suffisamment noir que vous pouvez voir les étoiles” au The Contemporary, Baltimore, et l’Anacostia de 2014 dont la performance est accueillie par le centre d’art Anacostia. Il y a aussi “The national Great Blacks” au musée Wax. Aussi en présentation la musique de Artem Bemba, Burnt Sugar, The Arkestra Chamber, Cloudjumper, Jade Hicks, Justin Hicks, Kenita Miller-Hicks, New Edition Legacy Marching Band, et Pedro Santiago.
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[ Zoom sur New York ]
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Il y a une chose, si vous êtes silencieux
et que vous écoutez
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vous êtes guidé, dirigé pour découvrir
d’autres pièces de l’information.
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On cherche toujours à creuser,
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comme pour résusciter la vie
de ces fragments perdus.
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[ Abigail Deville ; Ecoute l’Histoire ]
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[ La contemporaine au musée
Peale de Baltimore ]
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Les matériaux que je choisie
parlent d’eux-mêmes,
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en parlant du passé
de façon intuitive.
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L’Histoire est profonde.
Elle est obscure.
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Elle impacte tout ce qui se passe,
même cet instant.
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C’est comme une roche.
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On peut essayer de déméler ces pièces
pour se faire un chemin avec le matériel
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ou à travers l’espace.
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[ Abigzil Deville, artiste ] L’Histoire
c’est le conte des vainqueurs, oui ?
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C’est du déchet.
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C’est du déchet.
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Les dents en bois de George Washington,
étaient en fait celles d’esclaves.
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Mon Dieu !
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Ça donne la nausée.
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C’est plus que ce que vous voulez
en savoir, vous savez ?
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[ Les grands noirs nationaux
au musée Wax de Baltimore ]
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La première chose à voir avec l’Histoire
ce sont les atrocités.
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On ne veut pas y penser.
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C’est le truc dont il faut se débarasser.
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Recouvrir, blanchir, est attribué
à l’incapacité à surmonter l’esclavage.
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C’est la gueule de bois
qui ne veut pas passer.
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Il y a du mérite
à tenter de faire quelque chose
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qui parle de quelque chose
de plus grand que vous.
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Les gens sont sales,
l’Histoire est sale.
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Le travail doit...
[ Rires ] en être le reflet.
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En pensant à la bureaucratie
avec les choses qui s’accumulent.
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En pensant à toutes les voix
qui se sont perdues.
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Si les choses sont douloureuses
les gens veulent en parler.
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Mais on ne peut pas oublier
la catégorie des gens invisibles
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qui étaient présents à toutes
les frontières et à tout moment
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dans la formation de ce pays
et de ses mythes.
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L’incroyable beauté et force
des afro-américains
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c’est leur propension
à la joie et à l’endurance,
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malgré tout.
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Il y a de la joie qui occupe l’espace
en direct opposition au discours dominant.
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[ La nouvelle migration,
Harlem, New York ]
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[ Chant et percussion ]
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La nouvelle migration, processionnelle,
a été plus humaine.
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Il y a habituellement des guerres
de performance.
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Elles ne s’affichent pas.
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Vous les voyez ou pas.
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[ Chants ]
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[ Deville ]
Ce qui m’a inspiré à faire ça
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est basé sur la migration des gens.
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[ Homme ] Je comprends le concept,
mais où je m’y retrouve ?
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[ Deville ]
Où tu t’y retrouves ?
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Où veux tu t’y retrouver ?
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[ Homme ]
N’y réponds pas...
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[ Deville ]
A toi de savoir !
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[ Homme ]
Je m’interroge
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[ Deville ]
Ok ! [ Rires ]
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De 1914 à 1970,
ce fût la grande migration
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et six millions d’afro-américains
sont partis vers le nord
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à la recherche
de nouvelles opportunités.
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Qu’arrive t-il maintenant
avec ce type de boulversement,
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avec des gens poussés loin
des lieux où ils se sont installés.
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C’était le nord ce qui ne veut pas dire
que la tension raciale n’y était pas.
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Car la suprématie blanche
c’est ce qu’il a pour dîner, vous savez ?
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[ Chant et musique ]
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[ “La nouvelle migration”,
Anacostia, Washington, D.C. ]
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Traîner.
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Marcher pieds nus.
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C’est le poids invisible avec lequel
les gens se promènent.
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Le poids de l’Histoire qui vous tient.
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J’ai pensé que c’était important
d’introduire les gens là où
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personne ne sait que les personnes
noires ont contribué à la société.
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[ Chant et musique ]
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[ Chant et musique ]
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Dans le dernier discours de Martin
Luther King “Mountaintop speech”,
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il dit “ C’est quand il fait assez sombre
que vous pouvez voir les étoiles.”
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J’ai immédiatement été attirée
par cet optimisme intrépide.
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L’amour c’est comme cette force puissante
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qui pourrait être plus influente
que la haine ne l’a jamais été.
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Je crois que la haine crée
une sorte de fatigue.
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C’est pour moi quelque chose
à ne pas perdre de vue,
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et à toujours se remémorer,
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que nous, le peuple,
nous allons y arriver.