Return to Video

L'humain : la meilleure des technologies face à la pollution plastique | Simon Bernard | TEDxRennes

  • 0:25 - 0:28
    Ça, c'est une photo du septième
    continent de plastique.
  • 0:30 - 0:33
    Vous savez, cette zone où
    se concentrent les déchets de l'océan.
  • 0:34 - 0:35
    Ouais, je sais...
  • 0:35 - 0:39
    Vous vous attendiez peut-être
    à quelque chose comme ça plutôt, non ?
  • 0:41 - 0:45
    En discutant avec des scientifiques qui
    avaient été au cœur de ces fameuses zones,
  • 0:45 - 0:47
    j'ai compris que
  • 0:47 - 0:50
    les photos de déchets qui flottent,
    qu'on voit dans les médias,
  • 0:50 - 0:54
    sont en fait des manières
    d'illustrer cette pollution,
  • 0:54 - 0:57
    mais sont en général prises
    le long des côtes
  • 0:57 - 0:59
    et ne reflètent pas vraiment
    la réalité du problème.
  • 1:00 - 1:03
    Parce qu'en fait,
    quand le plastique arrive dans l'océan,
  • 1:03 - 1:07
    une partie coule, et le reste
    se décompose en micro-particules.
  • 1:08 - 1:11
    Ce qui fait qu'il y a bien
    énormément de plastique dans l'océan
  • 1:11 - 1:13
    mais plutôt sous forme de fragments.
  • 1:13 - 1:17
    Comme le montre cette photo prise cet été
    par la fondation Tara Expéditions,
  • 1:18 - 1:22
    au cœur de ce qu'on appelle
    les continents de plastique.
  • 1:22 - 1:26
    Alors quand on voit des photos comme ça,
    on se dit que ça va être un peu compliqué
  • 1:26 - 1:28
    d'aller nettoyer l'océan.
  • 1:29 - 1:32
    Mais, heureusement, on peut
    quand même limiter le problème
  • 1:32 - 1:34
    en arrêtant de déverser du plastique.
  • 1:34 - 1:40
    Chaque minute, c'est plus de 18 tonnes de
    plastique qui se déversent dans l'océan.
  • 1:40 - 1:42
    Chaque minute.
  • 1:42 - 1:45
    Comment est-ce qu'on en est arrivé là ?
  • 1:45 - 1:48
    Sur les six milliards de tonnes de
    déchets plastiques que l'humanité
  • 1:48 - 1:50
    a produits jusqu'à aujourd'hui,
  • 1:50 - 1:53
    10% seulement ont été recyclés,
  • 1:53 - 1:56
    10% ont été brûlés
  • 1:56 - 1:59
    et donc tout le reste se trouve
    actuellement dans la nature
  • 1:59 - 2:02
    et se déverse en partie dans l'océan.
  • 2:02 - 2:05
    Dans les pays riches,
    on ne voit pas vraiment le problème
  • 2:05 - 2:09
    puisqu'on a mis en place
    des moyens efficaces de collecte.
  • 2:09 - 2:11
    Les déchets restent un peu sous le tapis
  • 2:11 - 2:14
    puisqu'on continue d'en recycler
    qu'une très faible partie
  • 2:14 - 2:17
    et d'en envoyer une autre
    dans les pays les plus pauvres.
  • 2:17 - 2:22
    Justement dans ces pays,
    en Afrique, en Asie, en Amérique du sud,
  • 2:22 - 2:24
    là par contre,
    il y a très peu de collecte,
  • 2:24 - 2:27
    ce qui fait que le plastique
    s'accumule dans la nature,
  • 2:27 - 2:29
    ça provoque des maladies,
  • 2:29 - 2:32
    intoxique les animaux qui les prennent
    pour de la nourriture
  • 2:32 - 2:36
    et perfuse l'océan
    continuellement de déchets.
  • 2:38 - 2:39
    Alors je m'appelle Simon,
  • 2:39 - 2:42
    je suis ingénieur
    et officier de la marine marchande.
  • 2:42 - 2:44
    J'ai navigué pendant presque deux ans
    autour du monde
  • 2:44 - 2:48
    et quand j'ai pris conscience des ravages
    de cette pollution plastique,
  • 2:48 - 2:50
    j'ai eu envie d'agir.
  • 2:50 - 2:53
    Un jour, j'ai eu le déclic,
    je faisais escale à Dakar,
  • 2:53 - 2:55
    dans une des anses
    les plus polluées de la ville.
  • 2:55 - 2:58
    Il y avait du plastique
    partout sur la plage,
  • 2:58 - 3:01
    et à côté de ça,
    quelqu'un est venu me voir.
  • 3:01 - 3:05
    Il cherchait des petits boulots
    pour survivre, et je me suis dit :
  • 3:05 - 3:08
    « Mais, avec tout le plastique qui est là,
    qui a de la valeur,
  • 3:08 - 3:12
    est-ce qu'on ne pourrait pas faire vivre
    des gens grâce à cette ressource,
  • 3:12 - 3:15
    et donc éviter que le plastique
    arrive dans l'océan ? »
  • 3:16 - 3:19
    Transformer les déchets plastiques
    en ressources, on sait faire,
  • 3:19 - 3:21
    il y a plein de solutions.
  • 3:21 - 3:23
    On peut faire
    des matériaux de construction,
  • 3:23 - 3:26
    des parpaings pour construire des maisons.
  • 3:26 - 3:30
    Il y a même des technologies pour refaire
    du carburant à partir du plastique,
  • 3:30 - 3:33
    un peu comme Doc
    dans « Retour vers le futur ».
  • 3:33 - 3:36
    Il met les déchets dans le réservoir
    de sa DeLorean
  • 3:36 - 3:39
    et ça lui fait du carburant pour avancer.
  • 3:39 - 3:42
    Eh bien, grâce à la pyrolyse du plastique,
    à partir d'un kilo de déchets,
  • 3:42 - 3:46
    on peut faire jusqu'à un litre
    de diesel et d'essence.
  • 3:46 - 3:48
    Alors avec la quantité
    de plastique qu'on a,
  • 3:48 - 3:51
    on va pouvoir en faire vivre des gens.
  • 3:51 - 3:54
    Sur ce constat, j'ai lancé
    il y a deux ans avec trois coéquipiers,
  • 3:54 - 3:56
    le projet Plastic Odyssey.
  • 3:56 - 4:00
    Notre ambition est de développer des
    petits centres de recyclage à bas coût,
  • 4:00 - 4:04
    accessibles au plus grand nombre
    pour réduire la pollution de l'océan
  • 4:04 - 4:07
    et la pauvreté en même temps.
  • 4:08 - 4:11
    Alors pour y arriver,
    il y a quand même deux grands défis.
  • 4:11 - 4:14
    D'abord, il faut s'assurer que
    ces machines soient adoptées,
  • 4:14 - 4:17
    que les gens se les approprient
    localement, les utilisent,
  • 4:18 - 4:21
    et ensuite, il faut
    les faire connaître au monde entier
  • 4:21 - 4:25
    pour recycler un maximum de déchets.
  • 4:25 - 4:29
    Pour mettre toutes les chances de
    notre côté, on a fait un choix radical :
  • 4:30 - 4:34
    on a décidé de construire ces machines
    sans brevet, en open source.
  • 4:34 - 4:38
    On rend disponibles les plans
    de nos prototypes sur une plateforme,
  • 4:38 - 4:40
    et les utilisateurs
    peuvent les reconstruire
  • 4:40 - 4:43
    pour vraiment répondre à leurs besoins.
  • 4:43 - 4:47
    Comme ça, on est sûr d'avoir des solutions
    qui sont vraiment adaptées.
  • 4:47 - 4:51
    Grâce à l'intelligence collective,
    le système évolue d'un pays à l'autre
  • 4:51 - 4:54
    et peut être reconstruit
    avec les matériaux
  • 4:54 - 4:56
    et les outils qu'on trouve sur place.
  • 4:56 - 5:00
    On est sûr d'avoir des solutions
    qui sont vraiment adaptées,
  • 5:00 - 5:03
    bien loin de nos idées
    préconçues d'Occidentaux.
  • 5:03 - 5:09
    Ensuite, pour les faire connaître
    à un maximum de monde, là, on a un plan.
  • 5:10 - 5:14
    On va transformer un navire
    d'exploration de 35 mètres
  • 5:14 - 5:17
    en atelier flottant du recyclage.
  • 5:17 - 5:21
    Imaginez, à bord de cette
    calypso du plastique,
  • 5:21 - 5:25
    des prototypes fonctionnels pour trier,
  • 5:25 - 5:27
    séparer les différents
    types de plastiques,
  • 5:27 - 5:30
    les broyer, les refaire fondre
    pour en faire des nouveaux matériaux,
  • 5:30 - 5:33
    ou les transformer en carburants
    quand on ne peut plus rien en faire.
  • 5:33 - 5:37
    Des solutions qui ne demandent qu'une
    chose : être modifiées et améliorées.
  • 5:37 - 5:41
    Alors pour ça, à chaque escale, l'équipage
    qui sera constitué d'ingénieurs
  • 5:41 - 5:43
    mais aussi d'anthropologues,
  • 5:43 - 5:48
    iront tester localement ces solutions
    pour les adapter à chaque contexte.
  • 5:48 - 5:50
    Faire des parpaings pour
    construire des maisons,
  • 5:50 - 5:54
    des tuiles pour les toits,
    alimenter des bateaux de pêche,
  • 5:54 - 5:57
    faciliter l'accès à l'énergie
    dans les hôpitaux et les écoles,
  • 5:57 - 6:00
    bref, on va pouvoir faire vivre
    des milliers de personnes,
  • 6:00 - 6:03
    et éviter que tout ce plastique
    arrive dans l'océan.
  • 6:03 - 6:07
    Ce navire partira en 2020
    pour trois ans d'expédition
  • 6:07 - 6:09
    le long des côtes des
    continents les plus pollués :
  • 6:09 - 6:12
    l'Afrique, l'Amérique du sud et l'Asie.
  • 6:15 - 6:20
    Mais avant de partir, il nous reste
    une dernière chose à ajouter.
  • 6:21 - 6:22
    En présentant le projet,
  • 6:22 - 6:26
    on s'est vite rendu compte que les
    réactions sont souvent les mêmes.
  • 6:26 - 6:29
    « C'est super ce que vous faites,
    heureusement que vous êtes là,
  • 6:29 - 6:31
    on compte sur vous ! »
  • 6:31 - 6:35
    Et là on s'est dit :
    « Il faut être réaliste,
  • 6:35 - 6:37
    la technologie ne va pas
    pouvoir tout résoudre.
  • 6:37 - 6:40
    Si d'un côté, on tente de rattraper
    les erreurs du passé,
  • 6:40 - 6:43
    mais que de l'autre on continue
    de reproduire ces mêmes erreurs,
  • 6:43 - 6:45
    on ne va pas s'en sortir. »
  • 6:45 - 6:49
    C'est pourtant ce qu'il se passe puisque
    la production de plastique s'accélère,
  • 6:49 - 6:51
    on génère de plus en plus de déchets.
  • 6:51 - 6:56
    Alors si pendant qu'on traite un kilo,
    on en jette deux de plus,
  • 6:56 - 6:57
    on ne va pas s'en sortir.
  • 6:59 - 7:02
    Et c'est quelque chose
    qu'on remarque souvent
  • 7:02 - 7:06
    quand on essaye de résoudre un problème
    uniquement avec de la technologie
  • 7:06 - 7:09
    sans prendre en compte le facteur
    humain qu'il y a derrière.
  • 7:09 - 7:12
    C'est ce qu'il s'est passé
    avec les voitures.
  • 7:12 - 7:16
    En 30 ans, on a imaginé plein de manières
    de réduire leur consommation :
  • 7:16 - 7:18
    éteindre le moteur au feu,
  • 7:18 - 7:22
    ajouter des capteurs électroniques pour
    mieux doser l'injection de carburant.
  • 7:22 - 7:26
    On est passé
    de 8 litres aux 100 à 5 litres,
  • 7:26 - 7:30
    mais à côté de ça,
    l'usage de la voiture s'est intensifié,
  • 7:30 - 7:34
    donc quand on regarde les émissions de
    gaz à effet de serre liées aux voitures,
  • 7:34 - 7:36
    elles n'arrêtent pas d'augmenter.
  • 7:36 - 7:40
    Ça, ça a un nom, c'est l'effet rebond.
  • 7:40 - 7:43
    Alors si on ne veut pas reproduire
    cet effet avec le plastique,
  • 7:43 - 7:46
    il faut prendre en compte
    ce facteur humain,
  • 7:46 - 7:48
    comprendre le rapport
    que l'on a à ce matériau
  • 7:48 - 7:52
    et trouver des manières
    de limiter notre consommation.
  • 7:54 - 7:56
    Voilà notre dernier ingrédient.
  • 7:56 - 7:58
    Notre navire embarquera
    des solutions concrètes
  • 7:58 - 8:01
    pour limiter l'usage du plastique.
  • 8:01 - 8:04
    Depuis les cabines qui seront des exemples
    pour les chambres d'hôtels,
  • 8:04 - 8:09
    jusqu'à la cuisine qui sera une source
    d'inspiration pour les restaurants,
  • 8:09 - 8:12
    la salle de travail regroupera
    les meilleures alternatives
  • 8:12 - 8:17
    aux emballages jetables pour donner
    des idées à ceux qui les utilisent encore.
  • 8:17 - 8:21
    Bref, on veut montrer qu'utiliser
    moins de plastique est un geste simple
  • 8:21 - 8:23
    que chacun peut faire facilement.
  • 8:26 - 8:28
    Il faut se rendre à l'évidence,
  • 8:28 - 8:31
    même si la technologie est une part
    importante de la solution,
  • 8:31 - 8:34
    on ne peut pas compter uniquement dessus.
  • 8:35 - 8:39
    Laissons de côté ce fantasme
    de tout résoudre à coup de tech :
  • 8:39 - 8:41
    aspirateur géant pour nettoyer l'océan,
  • 8:41 - 8:45
    robot pollinisateur pour pallier
    la disparition des abeilles.
  • 8:45 - 8:49
    On a même imaginé des aérosols géants
    pour pulvériser les nuages
  • 8:49 - 8:51
    et réduire le réchauffement climatique.
  • 8:51 - 8:53
    Vous y croyez, vous ?
  • 8:55 - 8:58
    Non, laissons de côté ce fantasme.
  • 8:58 - 9:02
    Remettons l'humain au cœur des
    solutions, au cœur du changement.
  • 9:02 - 9:06
    Prenons conscience que nos modes de vie,
    nos actions, nos comportements
  • 9:06 - 9:10
    ont beaucoup plus de pouvoir que toutes
    les machines qu'on pourra inventer.
  • 9:10 - 9:14
    L'humain reste la meilleure technologie
    face à la pollution plastique.
  • 9:14 - 9:17
    Alors, n'attendez plus que des ingénieurs
    trouvent des solutions miracles
  • 9:17 - 9:21
    mais engagez-vous aussi avec passion,
    soyez le changement.
  • 9:21 - 9:24
    Comme ces crapauds fous
    qui ne suivent pas la troupe,
  • 9:24 - 9:27
    prenez un autre chemin,
    le chemin de l'humain.
  • 9:27 - 9:28
    Merci.
  • 9:28 - 9:32
    (Applaudissements)
Title:
L'humain : la meilleure des technologies face à la pollution plastique | Simon Bernard | TEDxRennes
Description:

Nous fondons beaucoup d'espoirs dans les nouvelles technologies pou répondre aux problèmes environnementaux. La pollution plastique de l’Océan en est un bon exemple. Mais est ce vraiment la meilleure approche ? Simon Bernard, co-fondateur de Plastic Odyssey nous explique en quoi la dimension humaine joue un rôle primordial dans la résolution des défis qui nous attendent. Simon Bernard est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime (ENSM). Il a vogué sur des navires de commerce autour du monde comme officier en charge de la navigation et officier mécanicien. Passionné par les défis environnementaux et sociétaux, il entreprend plusieurs projets et travaux sur la réduction du CO2 des navires, l’économie circulaire, les pesticides ou encore les low technologies pour les pays émergents. En 2016, il reçoit le prix avenir de l’Institut Français de la mer et devient lauréat Green Tech Verte du Ministère de l’environnement. Il s’intéresse par la suite à la pollution des mers par le plastique et à l’innovation collaborative. Il fonde alors avec trois associés le projet Plastic Odyssey, dont l’objectif est de démontrer que les déchets plastiques sont une ressource qui ne devrait pas être déversée dans les océans.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
09:47

French subtitles

Revisions