Offrir des calories aussi, c'est sauver des vies | Marc Subilia | TEDxGeneva

Dans une partie du monde, des personnes se pourrissent la santé par excès de calories - tandis qu'ailleurs des personnes meurent par manque de calories! Face à cette situation paradoxale, Marc Subilia fait une proposition originale : il est possible de jeûner une fois par semaine et faire don de la somme économisée pour que d'autres puissent manger. Il partage avec nous comment, concrètement, le jeûne volontaire peut faire du bien à l'humanité.

Marc Subilia a un parcours professionnel fort inhabituel! Attiré par la médecine, il a obtenu son diplôme à Lausanne. Après un voyage de découverte en Inde, il s’est spécialisé en médecine interne, principalement à Lausanne et à La Chaux-de-Fonds. En 1981, pour approfondir la dimension spirituelle de la vie, il a entrepris des études de théologie à Lausanne. Il s´est perfectionné ensuite en accompagnement pastoral clinique au Québec. Consacré pasteur de l’Eglise réformée du canton de Vaud, il a travaillé dans plusieurs paroisses de ce canton. Il poursuit son activité pastorale dans un lieu d’écoute et d’accompagnement à Renens. Dans une nouvelle étape de sa vie, le médecin devenu pasteur s’investit dans la démarche « Offrez des calories pour la vie! » qu’il a initiée il y a deux ans.
Elle permet d´expérimenter que le bonheur des uns fait le bonheur des autres!

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Vous est-il déjà arrivé,
sur un site web ou dans le journal,

d’être heurtés par deux images
qui s’entrechoquent ?

D’un côté, une nourriture trop abondante,

à quoi peuvent s’ajouter
une alimentation mal équilibrée,

des petits repas entre les repas.

Résultat,

le pèse-personne indique l’excès

et des régimes vont s’efforcer
de brûler ces calories en excès,

des régimes parfois fort coûteux.

Trop de calories déforment le corps,

fatiguent les articulations,

usent le cœur,

peuvent provoquer des maladies
potentiellement mortelles.

Et de l’autre côté,

c’est un manque de calories
qui va provoquer finalement

la mort d’hommes, de femmes, d’enfants,

au terme d’un long parcours de souffrance.

Que peut-on faire ?

Cette question déjà me préoccupait

lorsque je travaillais comme médecin
dans différents hôpitaux.

Et puis, quand bien des années plus tard,

je suis devenu pasteur.

Je me suis demandé :

mais que faire ?

Allons regarder de plus près.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.

Chaque année, selon des données récentes -

mais il s’agit bien sûr d’une estimation -

il y a environ 36 millions de personnes
qui meurent par manque de calories,

et pendant une année, également,

29 millions de personnes vont décéder
des conséquences d’excès alimentaires.

La situation est paradoxale.

Elle est scandaleuse.

Que peut-on faire ?

Ce qui a été tenté par les uns,
c’était de diminuer les excès,

une nourriture plus raisonnable,

une chasse au gaspillage.

Ce qui a été tenté de l’autre côté,
c’était de secourir les plus démunis,

de faire des donations.

Ce qui vous est proposé, ici,

c’est une démarche qui joint
« excès » et « manque »

et qui vise à diminuer les excès,

corriger autant que faire
se peut les manques

pour arriver à une situation d’équilibre
où tout le monde est gagnant.

Offrez des calories pour la vie,

luttez contre la faim
et portez-vous mieux!

Sauvez des vies

sans devoir sortir un franc
de plus que d’ordinaire !

Concrètement,

il s’agit de renoncer
à un repas par semaine,

de préférence un repas du soir,

et d’offrir la contre-valeur,
c’est-à-dire l’argent ainsi économisé,

à une œuvre de votre choix,

qui vous tient à cœur

et qui lutte efficacement contre la faim.

La simple idée de devoir
renoncer à un repas,

se limiter,

peut donner un sentiment un peu pénible,

mais il est vrai aussi

que lorsqu’on offre un cadeau à quelqu’un,
on ne se sent ni lésé ni frustré.

Le cadeau fait plaisir
non seulement à celui qui le reçoit,

mais également au donateur.

Concrètement,

le soir de la semaine
où je vais me coucher sans souper,

le ventre creux,

il y a des gargouillis,
l’estomac proteste,

les entrailles réclament leur dû,
ont peur de manquer,

mais je n’ai pas faim…

J’ai une envie de manger
et c’est autre chose.

Et quand j’ai envie de manger,
je pense autrement à ceux qui ont faim

et qui auront faim le lendemain,
les semaines suivantes,

et ceci jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Cela fait appel à l’empathie.

Il y a un sentiment de « compassion »,

« souffrance avec »

avec ceux qui sont
littéralement condamnés à mort.

Et les jours suivants ?

Eh bien, déjà le lendemain,
bonne surprise :

je n’éprouve pas une faim
particulièrement importante.

Je me lève avec le corps
et le cœur dispos.

Et par la suite,

je deviens plus conscient
de la manière dont je me nourris.

Je peux éviter certains automatismes,

comme dévorer le grand paquet
de chips tout entier

en regardant un match à la télé.

Et je me libère petit à petit
de ce traquenard

qui voudrait nous faire croire
que on peut compenser

les petites contrariétés, frustrations,
inquiétudes de chaque jour

par un remplissage alimentaire excessif.

Et puis, je suis plus conscient
de la qualité de ce que je mange.

Mon assiette recèle de la nourriture
qui est précieuse.

Et je sais que ce n’est pas un dû,
que ce n’est pas automatique.

De tout temps,

l’homme a mis toute son énergie
et toutes ses forces

pour trouver moyen de s’alimenter,

jour après jour.

La manière dont nous nous nourrissons,

sur cette terre,

dit quelque chose de
notre manière de vivre ensemble.

Est-ce que je mange seul dans mon coin ?

Est-ce que je partage avec des autres ?

C’est pour chacun
une question spirituelle.

Pour moi, qui suis chrétien,
cette question se fait pressante :

qu’est-ce que nous faisons

lorsque nous prions
dans le Notre Père cette demande,

« donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour » ?

C’est quand même autre chose que
« donne-moi mon petit pain chaque jour ».

Il y a cette dimension communautaire,

cette demande qui est faite
qu’il y ait de la nourriture

pour tous les enfants
de la famille du Père.

Mais si nous pensons

que Dieu compte sur nous
pour pourvoir à tous les besoins

les uns des autres,

ne risquons-nous pas d’être écrasés
devant l’étendue des besoins ?

Pour moi, je mets
ma confiance en Jésus-Christ

qui, à partir du petit peu
qui est donné librement et joyeusement,

peut faire croître et multiplier au-delà
de tout ce que nous pouvons imaginer.

J’aimerais encore dire ceci :

si en renonçant à un repas par semaine

vous pouvez sauver de la mort de faim
une personne, voire une famille,

qu’est-ce qui vous empêche
de commencer tout de suite ?

Quelle joie de pouvoir faire
quelque chose de concret,

indépendamment des décisions
de gouvernements,

d’inertie de certains organismes !

Cela dépend de soi-même,

cela peut être mis en œuvre immédiatement.

Il y a des personnes
de toutes situations sociales

qui entrent dans
cette démarche, en disant :

« Mais quel bonheur de pouvoir
faire quelque chose de concret,

sans devoir sortir un seul franc
de plus que d’habitude

de son porte-monnaie ».

Et il y a des personnes de tous âges,
des jeunes, des personnes âgées

qui me disent être heureuses
de pouvoir faire ce cadeau.

La joie intérieure qu’elles éprouvent
entretient leur motivation

de semaine en semaine.

Et c’est ce qui leur permet
de tenir dans la durée.

Ils font l’expérience

qu’ici, le bonheur des uns
fait aussi le bonheur des autres !

Tout à la fois,

diminuer les souffrances
des affamés et se sentir mieux,

c’est vraiment une joie
à vivre et à faire connaître !

Ainsi,

je vous invite, vous aussi,

à offrir des calories
pour sauver des vies!

(Applaudissements)