L'acrasie aura-t-elle votre peau ? | Thomas Durand | TEDxArtsetMétierBordeaux
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0:08 - 0:09Mesdames et messieurs, bonsoir.
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0:09 - 0:11Nous sommes des êtres humains, je crois.
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0:11 - 0:14Et notre espèce est épatante.
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0:15 - 0:18Aujourd'hui, nous envoyons
en orbite des hommes et des femmes, -
0:19 - 0:22nous décryptons le génome pour
soigner des maladies par centaines, -
0:22 - 0:24nous explorons les fonds marins,
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0:24 - 0:27nous allons creuser pour prendre
du pétrole au fond de l'océan, -
0:27 - 0:31mais on a du mal à ne pas regarder
deux épisodes de trop sur Netflix le soir. -
0:31 - 0:32(Rires)
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0:32 - 0:34On a du mal à ne pas cliquer
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0:35 - 0:38sur le petit lien pourri
avec un peu de scandale - on a du mal. -
0:38 - 0:42Nous commettons tous les jours
des kyrielles de petites conneries -
0:42 - 0:44en connaissance de cause.
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0:44 - 0:48Quand on sait qu'il vaut mieux faire A
que B mais qu'on fait B quand même, -
0:49 - 0:50on est dans l'acrasie.
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0:50 - 0:54L'acrasie est un mot grec qui vient
d'« akrasia », qui veut dire acrasie. -
0:54 - 0:55Et...
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0:55 - 0:57(Rires)
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0:57 - 0:59L'étymologie est importante,
j'aime beaucoup. -
1:00 - 1:01C'est un peu la différence qu'il y a
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1:01 - 1:03entre les idées et les actions,
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1:04 - 1:05entre la théorie et la pratique.
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1:05 - 1:09Peut-être connaissez-vous
la différence entre les deux ? -
1:09 - 1:11En théorie, il n'y en a pas,
mais en pratique, si. -
1:11 - 1:12(Rires)
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1:13 - 1:16Parce que certaines logiques ne
règnent pas partout dans le monde. -
1:16 - 1:18Si on était tous parfaitement logiques,
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1:18 - 1:20je ne serais pas là
à parler de l'acrasie - -
1:20 - 1:22qui vient du grec « akrasia »
qui veut dire acrasie. -
1:22 - 1:25Parce que voilà, on sait bien -
on a plein d'exemples -
1:26 - 1:28où on rate une occasion de
se comporter comme il faudrait. -
1:29 - 1:32On va prendre quelques
exemples, vous allez vous y reconnaître. -
1:32 - 1:34On a des abus d'alcool -
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1:35 - 1:37je ne dis pas ça pour vous mais voilà... -
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1:37 - 1:40des abus de nourriture, de drogues,
des excès de vitesse. -
1:41 - 1:42On abuse et on sait bien
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1:43 - 1:44qu'il ne faudrait pas.
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1:44 - 1:45On a la procrastination :
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1:45 - 1:48c'est le plaisir ressenti quand
on repousse à demain ou après-demain -
1:48 - 1:51les tâches chiantes
qu'on doit faire aujourd'hui. -
1:51 - 1:52On sait bien qu'on devrait.
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1:52 - 1:55On a quand on est méchant.
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1:55 - 1:58Tous les jours, on est
mesquin, on fait des remarques, -
1:58 - 2:00on se laisse aller à un mauvais penchant.
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2:00 - 2:02On sait bien qu'on a tort !
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2:04 - 2:05Le silence parle pour vous.
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2:05 - 2:07(Rires)
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2:07 - 2:08On a des comportements actuels
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2:08 - 2:12où les gens vont acheter des stocks
de masques chirurgicaux, -
2:12 - 2:14des stocks de gels hydro-alcooliques -
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2:14 - 2:17ce qui est très con car en fait,
l'épidémie va s'arrêter : -
2:17 - 2:20soit on sera mort, soit on sera
guéri, sans tout consommer, -
2:20 - 2:23alors qu'il vaudrait mieux partager
pour protéger les plus fragiles. -
2:23 - 2:26On a d'autres comportements
stupides comme les conférenciers -
2:26 - 2:28qui se préparent la veille,
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2:28 - 2:29très tard le soir.
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2:29 - 2:30(Rit)
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2:30 - 2:32On a d'autres comportements terribles,
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2:32 - 2:35comme ceux qui hésitent
à vacciner leurs enfants -
2:35 - 2:37car ils ont entendu
des histoires effrayantes. -
2:37 - 2:40En fait, on a les données
scientifiques et médicales : -
2:40 - 2:45les risques à ne pas vacciner les enfants
sont beaucoup plus importants -
2:45 - 2:46que ceux à les vacciner.
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2:47 - 2:49On a d'autres trucs pas terribles.
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2:49 - 2:53Quand on invite un orateur pour
une conférence TED comme ceci, -
2:54 - 2:56et qu'on n'a pas vérifié s'il est expert
de ce qu'il raconte, -
2:56 - 3:02peut-être était-il sous le coup
de 500 signalements à la Miviludes, -
3:02 - 3:05des gens qui surveillent
les dérives sectaires. -
3:05 - 3:07On sait bien
qu'on n'aurait pas dû le faire. -
3:08 - 3:09Mais quand on l'a fait quand même,
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3:09 - 3:13on sait bien qu'on devrait
s'excuser de l'avoir fait. -
3:13 - 3:16En tout cas, l'acrasie est partout,
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3:16 - 3:20c'est pénible, y compris sur
les plateaux TED et ailleurs - -
3:20 - 3:22ailleurs, c'est pire, dirons-nous.
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3:22 - 3:25Indépendamment de nos qualités,
on est un peu acratique. -
3:25 - 3:27Prenez par exemple Saint Augustin.
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3:28 - 3:29Un homme charmant paraît-il,
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3:29 - 3:32brillant et qui savait très bien
ce qu'il fallait vouloir, -
3:32 - 3:34mais qui avait du mal à assumer.
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3:34 - 3:35Dans ses Confessions, il dit :
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3:35 - 3:39« Seigneur, donne-moi
la chasteté et la continence, -
3:39 - 3:40mais pas tout de suite. »
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3:40 - 3:42(Rires)
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3:42 - 3:45On sent le conflit dans l'homme.
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3:46 - 3:49Il sait ce qu'il faut faire mais
n'a pas envie de le faire de suite. -
3:49 - 3:51Donc, à ce stade-là, attention,
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3:51 - 3:53ne nous pensons pas immunisé
contre l'acrasie. -
3:53 - 3:56Le fait de donner un nom à ce phénomène -
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3:56 - 3:59acrasie, du grec akrasia -
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3:59 - 4:02donne l'illusion qu'on a compris un truc
et qu'on domine le sujet. -
4:02 - 4:06Cela donne un sentiment de puissance
et de confort qui nous rend content. -
4:06 - 4:09Et c'est ce sentiment qui va motiver
à partager des vidéos sur Internet - -
4:10 - 4:13quand on est gentil, on partage -
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4:13 - 4:17mais ce sentiment est trompeur
et peut nous rendre imprudent. -
4:18 - 4:21Imaginez vouloir dire à un astrologue
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4:22 - 4:25qu'il se plante parce qu'il n'a pas tenu
compte de la précision des équinoxes. -
4:26 - 4:29C'est important la précision
des équinoxes, vous avez raison. -
4:29 - 4:32Mais vous ne pouvez pas
lui expliquer ce que ça veut dire. -
4:32 - 4:33[Inaudible]
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4:34 - 4:35Donc, l'acrasie, c'est bien,
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4:35 - 4:39mais d'abord potassez
avant de faire un truc, heu, voilà... -
4:39 - 4:42Donc, aujourd'hui,
on parle beaucoup de climat. -
4:42 - 4:44On va prendre l'acrasie
par rapport à la question du climat. -
4:44 - 4:46On va voir ce que ça donne.
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4:46 - 4:50Pour le climat, mesdames et messieurs,
il y a un consensus scientifique -
4:50 - 4:54qui établit que le climat de la Terre -
c'est là où on vit - -
4:54 - 4:56change de manière importante et rapide
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4:56 - 4:59et que c'est dû en grande partie
aux activités humaines. -
5:00 - 5:01Je ne suis pas climatologue,
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5:01 - 5:04mon travail n'est pas de vous montrer
pourquoi on sait depuis 30 ans -
5:04 - 5:07que les modèles climatiques
s'améliorent, s'affinent. -
5:07 - 5:11Les conclusions montrent
qu'il y a un consensus scientifique. -
5:11 - 5:13C'est la recherche, c'est ainsi.
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5:13 - 5:14Faites avec,
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5:15 - 5:16je ne sais pas,
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5:16 - 5:18pour négocier.
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5:18 - 5:20Quand il y a des faits, on ne négocie pas.
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5:20 - 5:23Donc il y a deux parties :
le débat scientifique, -
5:23 - 5:24qui lui est fini.
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5:24 - 5:26On continue à chercher mais c'est fini.
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5:26 - 5:28Et il y a le débat sociétal :
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5:28 - 5:31que fait-on en tant que société
quand on sait ce qu'on est censé savoir ? -
5:31 - 5:34Pour décider en tant que société,
-
5:34 - 5:36on se base sur ce qu'on sait
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5:36 - 5:38pour prendre les meilleures
décisions possibles, -
5:38 - 5:40donc ne pas être acratique.
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5:40 - 5:41Que sait-on ?
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5:41 - 5:43On sait que si on continue ainsi,
-
5:43 - 5:47à exploiter les ressources
notamment fossiles, -
5:47 - 5:50on va provoquer des canicules
et des événements extrêmes. -
5:50 - 5:52Ça arrive déjà.
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5:52 - 5:54La désertification va s'accentuer.
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5:54 - 5:59On voit la fonte des glaciers
et de la banquise - et c'est triste. -
5:59 - 6:01On voit la fonte du permafrost.
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6:01 - 6:03Le permafrost, quand il fond,
-
6:03 - 6:05il va libérer des milliards
de micro-organismes -
6:05 - 6:07qui pourraient être pires
que le coronavirus. -
6:08 - 6:11On va bouleverser la biodiversité,
-
6:11 - 6:14on va créer des flux de migration
humaine sans précédent, -
6:14 - 6:17et l'intensité de cela va dépendre
du temps qu'on va mettre à réagir. -
6:18 - 6:20Ça, c'est ce que nous savons.
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6:20 - 6:24Il n'y a pas à négocier, on le sait,
alors, que devons-nous faire ? -
6:24 - 6:27Cela va dépendre de ce qu'on pense
des conséquences de ce qu'on sait. -
6:27 - 6:28On peut dire,
-
6:31 - 6:33qu'éventuellement, on s'en fout.
-
6:33 - 6:36On n'en a rien à faire puisque
de toute façon, on va tous mourir. -
6:37 - 6:40On va tous mourir mais
on pourrait mourir mieux, -
6:40 - 6:41(Rires)
-
6:41 - 6:45dans des meilleures conditions
et on va essayer de faire quelque chose -
6:45 - 6:47pour empêcher ces conséquences négatives.
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6:47 - 6:50Bon, puisqu'on peut faire quelque chose,
on passe à : comment on fait ? -
6:50 - 6:51Et là, paf !
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6:51 - 6:53Problème du raisonnement motivé.
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6:54 - 6:58Il y a des choses dans la vie
qui sont sympas à croire, et d'autres non. -
6:58 - 7:00En fait vous avez le brocoli, je suppose,
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7:01 - 7:04enfin, le truc vert,
c'est un légume, c'est dégueulasse. -
7:04 - 7:05(Rires)
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7:05 - 7:05Et donc,
-
7:05 - 7:09une idée légumière, dégueulasse,
on ne veut pas y croire. -
7:09 - 7:12Alors on se demande
si on est obligé d'y croire. -
7:12 - 7:16Et puis, de l'autre côté,
une idée vachement plus sympa, -
7:16 - 7:17qui me met en valeur,
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7:17 - 7:19qui (Marmonne)
et là, on se dit : -
7:19 - 7:21« Est-ce que j'ai le droit d'y croire ? »
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7:21 - 7:23Ce n'est pas du tout la même la question.
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7:23 - 7:27On a une sorte de mauvaise foi,
d'hypocrisie, qui est spontanée. -
7:29 - 7:30Ce raisonnement motivé, c'est :
-
7:30 - 7:32on va croire ça très très fort
-
7:32 - 7:34et très fort pas croire ça
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7:34 - 7:36alors que peut-être c'était vrai.
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7:36 - 7:37Ce raisonnement motivé
-
7:39 - 7:42nous pousse peut-être à ne pas vouloir
faire ce qu'on doit faire. -
7:43 - 7:45Or, si on doit le faire,
-
7:46 - 7:47on doit le faire.
-
7:48 - 7:51Ce qu'on doit faire,
je ne vous en fais pas la liste - -
7:51 - 7:54la liste sur l'écran
est juste un exemple - -
7:54 - 7:57en gros, on doit consommer
des produits durables et recyclables -
7:57 - 8:00et arrêter de prendre
des trucs qu'on jette. -
8:00 - 8:01Il faut consommer moins de viande.
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8:03 - 8:05Ça ne fait rire personne mais c'est ainsi.
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8:05 - 8:09Il faut consommer
plus de produits locaux et de saison. -
8:10 - 8:14Si on consomme local mais que ça requiert
des grandes serres chauffées au pétrole... -
8:14 - 8:16Il faut choisir
des énergies moins carbonées. -
8:16 - 8:19Par rapport à ça,
le nucléaire, c'est plutôt pas mal. -
8:19 - 8:21Je n'ai pas dit que c'était bien en soi.
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8:21 - 8:24Le gaspillage, etc. -
il y a plein de trucs à faire, -
8:24 - 8:28et il y a plein de gens
qui peuvent affirmer savoir quoi faire. -
8:28 - 8:29Mais est-ce qu'on veut le faire ?
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8:30 - 8:33L'acrasie est là pour...
-
8:33 - 8:35L'acrasie, c'est que voilà...
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8:35 - 8:38On sait bien mais pfff, si on pouvait
faire autrement, ce serait mieux. -
8:38 - 8:40Ce problème d'actualisation hyperbolique,
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8:40 - 8:41ce n'est pas très grave,
-
8:41 - 8:42c'est hyper simple :
-
8:43 - 8:46l'être humain préfère une récompense
tout de suite, maintenant, -
8:46 - 8:49plutôt qu'une plus forte mais plus tard.
-
8:49 - 8:52On a montré ça
avec le test du marshmallow. -
8:52 - 8:55On prend des gamins
et on les met sur une chaise. -
8:55 - 8:58Et on leur donne un marshmallow
en disant : -
8:58 - 9:01« Si tu ne le manges pas,
quand je reviens, tu en auras deux. » -
9:02 - 9:06On sort en laissant le gamin seul
avec son marshmallow et son désespoir. -
9:06 - 9:08Le gamin est là et il veut...
-
9:08 - 9:12Le circuit de récompense à courte durée
lui donne envie de ce marshmallow. -
9:12 - 9:15Nous, on est pareil,
le marshmallow, c'est la Terre. -
9:15 - 9:17On veut tout bouffer
mais on ne devrait pas -
9:17 - 9:19car après il ne restera plus rien.
-
9:19 - 9:25Le problème du marshmallow,
c'est un exemple de choix intertemporel. -
9:26 - 9:28N'ayez pas peur ;
j'ai marqué ça au tableau. -
9:28 - 9:31Ce sont des décisions
qui mettent en jeu des arbitrages -
9:31 - 9:34entre des coûts et des bénéfices
mais à différents moments. -
9:36 - 9:40Un exemple classique, c'est La Fontaine :
un Tiens vaux mieux que deux Tu l'auras. -
9:40 - 9:41Vous avez tous compris ?
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9:41 - 9:43C'est une marque déposée.
-
9:43 - 9:45En tout cas, le choix intertemporel,
-
9:47 - 9:49le climat, évidemment,
-
9:49 - 9:52tout ce qu'on va faire aura
des conséquences dans longtemps. -
9:52 - 9:54On se trouve avec
un problème à long terme. -
9:54 - 9:58Or notre cerveau va réfléchir
à l'échelle de notre nombril, de nous, -
9:58 - 10:00ou du mandat électoral.
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10:01 - 10:04Et on est en pleine élection...
-
10:04 - 10:07c'est compliqué de dire aux gens
qu'ils vont en chier pendant 10 ans. -
10:08 - 10:09Du coup, ils ne vont pas être élus.
-
10:10 - 10:11Ce problème-là, c'est que,
-
10:11 - 10:14on est face à une équation
avec des sacrifices immédiats : -
10:15 - 10:16vous, maintenant,
-
10:16 - 10:19et puis des bénéfices potentiels futurs,
-
10:19 - 10:22vous peut-être si vous êtes encore en vie,
dans 20 ou 30 ans. -
10:22 - 10:25Et du coup, le cerveau se dit : « Heu... »
-
10:27 - 10:31La plus belle illustration de ce problème
apparaît dans ce cartoon de Joel Pett. -
10:31 - 10:32On est à un congrès
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10:33 - 10:34où on travaille sur le climat.
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10:35 - 10:36Un mec se lève :
-
10:36 - 10:38« Si ça se trouve, tout ça c'est du flan.
-
10:38 - 10:41Et si on fait plein d'efforts et qu'on
rend le monde meilleur pour rien ? » -
10:42 - 10:45Ça a l'air con,
mais une partie de votre cerveau se dit : -
10:45 - 10:47« Ce n'est peut-être pas si bête que ça. »
-
10:47 - 10:51Une partie ducerveau est égoïste
et se demande pourquoi faire des efforts. -
10:51 - 10:55Là, on est face au problème
du paradoxe de l'action collective. -
10:55 - 10:57Quand on est nombreux
-
10:57 - 10:59à avoir un but commun,
-
10:59 - 11:02on sait qu'on a intérêt à se mobiliser
alors que fait-on ? -
11:02 - 11:03On agit.
-
11:04 - 11:07Ça paraît logique sauf qu'on ne
le fait pas toujours. Pourquoi ? -
11:07 - 11:11Quand les bénéfices sont collectifs
et que l'effort est individuel, -
11:12 - 11:13un type de comportement -
-
11:15 - 11:16qu'on va appeler un f(t) -
-
11:18 - 11:19un égoïste,
-
11:19 - 11:20un passage clandestin dira :
-
11:20 - 11:24« Je veux bien les bénéfices,
par contre les efforts, non. » -
11:25 - 11:28Et ça, c'est théorisé et connu,
-
11:28 - 11:30c'est un comportement rationnel
à son échelle -
11:31 - 11:34qui, quand on le ramène au général,
-
11:34 - 11:35devient acratique.
-
11:35 - 11:37De acrasie, de akrasia.
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11:38 - 11:41On a de l'ingénierie sociale qui apparaît
-
11:41 - 11:44car si on a des gens qui font ça
mais qu'il ne faudrait pas faire ça, -
11:44 - 11:46il faudrait qu'ils fassent mieux.
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11:46 - 11:48On peut mettre en place des stratégies.
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11:48 - 11:50L'ingénierie sociale, c'est quoi ?
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11:50 - 11:53C'est une pratique d'actions sociales
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11:53 - 11:57visant à faire évoluer les formes
d'actions individuelles et collectives, -
11:57 - 12:00dans une approche coopérative,
démocratique et participative. -
12:00 - 12:01Et ça, c'est sympa.
-
12:01 - 12:04Mais ça ressemble à la théorie
du consentement -
12:04 - 12:07qui est le résultat de la propagande
et de la manipulation de masse. -
12:07 - 12:08Ça, c'est moins sympa.
-
12:08 - 12:10Comme on ne sait pas les distinguer,
-
12:10 - 12:12logiquement, en pratiquant ça,
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12:12 - 12:14il y a une forme de résistance.
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12:14 - 12:15Les gens ne sont pas d'accord,
-
12:15 - 12:17ils ne veulent pas être manipulés.
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12:17 - 12:21Et c'est relativement cohérent
et logique de résister à ça. -
12:21 - 12:24Je n'ai pas de solution à tout ça,
c'est très compliqué. -
12:24 - 12:27Mais le problème, je vois où il est.
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12:27 - 12:30J'arrive à le localiser très précisément
dans votre crâne, -
12:31 - 12:33dans le mien aussi, on a un cerveau
-
12:33 - 12:36et il est possible que
le cerveau humain ne soit pas -
12:36 - 12:39un outil adapté pour répondre
aux défis du climat. -
12:39 - 12:43Le cerveau humain répond
à des impressions passagères et fugaces, -
12:43 - 12:45des intuitions, des anecdotes
et des rumeurs, -
12:45 - 12:48et il rationalise tout cela.
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12:49 - 12:50Souvent, ça donne de bons résultats,
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12:50 - 12:54mais sur un problème de cette échelle-là,
ça ne marche pas très bien. -
12:54 - 12:58Et donc, cela ne va pas
être facile tout seul. -
12:58 - 13:01Et comme on est tous des humains,
là, je viens sans solution. -
13:02 - 13:05Je viens vous dire qu'il y a
un problème, et qu'on va en chier -
13:05 - 13:07et... voilà.
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13:07 - 13:10Je pourrais certes faire des efforts,
personnellement, -
13:10 - 13:13si je savais qu'on peut tous
se faire confiance. -
13:13 - 13:14Je l'ai écrit en gros.
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13:16 - 13:17La confiance.
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13:17 - 13:19Or, la société aujourd'hui
nous donne-t-elle des gages -
13:20 - 13:24qu'on peut faire confiance
aux décisions prises en notre nom ? -
13:24 - 13:25Hein ?
-
13:26 - 13:27Je ne suis pas sûr.
-
13:27 - 13:29Sans ça, on n'assumera pas les décisions,
-
13:29 - 13:32car en fait,
c'est nous qui sommes impliqués. -
13:32 - 13:34Je n'ai pas la réponse ;
-
13:34 - 13:37je suis un bête humain
qui passe trop de temps devant Netflix -
13:38 - 13:42et qui a procrastiné à mort sa conférence
et qui l'a terminée hier dans la nuit, -
13:42 - 13:43qui n'a pas dormi assez.
-
13:43 - 13:45Voilà, je vous fais ma confession :
-
13:45 - 13:47je suis acratique moi-même.
-
13:47 - 13:48Je sais que j'ai des défauts.
-
13:48 - 13:50Je ne dis pas que ce n'est pas grave.
-
13:50 - 13:52Au contraire, je sais que j'ai des défauts
-
13:52 - 13:56et qu'à mon échelle, je suis incapable
de faire les efforts suffisants. -
13:56 - 13:58Donc, j'ai besoin qu'on fasse
des efforts collectifs. -
13:58 - 14:01À tous les échelons depuis le local.
-
14:01 - 14:02Donc, j'ai besoin de votre aide.
-
14:03 - 14:04Merci beaucoup.
-
14:04 - 14:07(Applaudissements)
- Title:
- L'acrasie aura-t-elle votre peau ? | Thomas Durand | TEDxArtsetMétierBordeaux
- Description:
-
Le changement climatique est devenu un enjeu crucial. Nous savons tous que l'activité humaine a un impact direct sur notre environnement. Face à ce constat, la plupart d'entre nous essaient de vivre avec responsabilité pour créer un avenir meilleur. Mais si nous n'agissions pas vraiment pour un mieux ? Et si nous connaissions les meilleures options mais que nous agissions en les ignorant ? Dans ce cas, ce serait l'acrasie. Thomas nous explique en quoi l'acrasie influence notre prise de décision et comment contrecarrer ce phénomène. Thomas utilise sa formation scientifique pour diffuser ce savoir sur Internet avec sa chaîne YouTube La Tronche en Biais. Il a pour objectif de susciter l'esprit critique.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 14:15
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Claire Ghyselen edited French subtitles for L'acrasie aura-t-elle votre peau ? | Thomas Durand | TEDxArtsetMétierBordeaux |