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L'acrasie aura-t-elle votre peau ? | Thomas Durand | TEDxArtsetMétierBordeaux

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    Mesdames et messieurs, bonsoir.
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    Nous sommes des êtres humains, je crois.
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    Et notre espèce est épatante.
  • 0:15 - 0:18
    Aujourd'hui, nous envoyons
    en orbite des hommes et des femmes,
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    nous décryptons le génome pour
    soigner des maladies par centaines,
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    nous explorons les fonds marins,
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    nous allons creuser pour prendre
    du pétrole au fond de l'océan,
  • 0:27 - 0:31
    mais on a du mal à ne pas regarder
    deux épisodes de trop sur Netflix le soir.
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    (Rires)
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    On a du mal à ne pas cliquer
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    sur le petit lien pourri
    avec un peu de scandale - on a du mal.
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    Nous commettons tous les jours
    des kyrielles de petites conneries
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    en connaissance de cause.
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    Quand on sait qu'il vaut mieux faire A
    que B mais qu'on fait B quand même,
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    on est dans l'acrasie.
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    L'acrasie est un mot grec qui vient
    d'« akrasia », qui veut dire acrasie.
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    Et...
  • 0:55 - 0:57
    (Rires)
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    L'étymologie est importante,
    j'aime beaucoup.
  • 1:00 - 1:01
    C'est un peu la différence qu'il y a
  • 1:01 - 1:03
    entre les idées et les actions,
  • 1:04 - 1:05
    entre la théorie et la pratique.
  • 1:05 - 1:09
    Peut-être connaissez-vous
    la différence entre les deux ?
  • 1:09 - 1:11
    En théorie, il n'y en a pas,
    mais en pratique, si.
  • 1:11 - 1:12
    (Rires)
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    Parce que certaines logiques ne
    règnent pas partout dans le monde.
  • 1:16 - 1:18
    Si on était tous parfaitement logiques,
  • 1:18 - 1:20
    je ne serais pas là
    à parler de l'acrasie -
  • 1:20 - 1:22
    qui vient du grec « akrasia »
    qui veut dire acrasie.
  • 1:22 - 1:25
    Parce que voilà, on sait bien -
    on a plein d'exemples
  • 1:26 - 1:28
    où on rate une occasion de
    se comporter comme il faudrait.
  • 1:29 - 1:32
    On va prendre quelques
    exemples, vous allez vous y reconnaître.
  • 1:32 - 1:34
    On a des abus d'alcool -
  • 1:35 - 1:37
    je ne dis pas ça pour vous mais voilà... -
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    des abus de nourriture, de drogues,
    des excès de vitesse.
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    On abuse et on sait bien
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    qu'il ne faudrait pas.
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    On a la procrastination :
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    c'est le plaisir ressenti quand
    on repousse à demain ou après-demain
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    les tâches chiantes
    qu'on doit faire aujourd'hui.
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    On sait bien qu'on devrait.
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    On a quand on est méchant.
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    Tous les jours, on est
    mesquin, on fait des remarques,
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    on se laisse aller à un mauvais penchant.
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    On sait bien qu'on a tort !
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    Le silence parle pour vous.
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    (Rires)
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    On a des comportements actuels
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    où les gens vont acheter des stocks
    de masques chirurgicaux,
  • 2:12 - 2:14
    des stocks de gels hydro-alcooliques -
  • 2:14 - 2:17
    ce qui est très con car en fait,
    l'épidémie va s'arrêter :
  • 2:17 - 2:20
    soit on sera mort, soit on sera
    guéri, sans tout consommer,
  • 2:20 - 2:23
    alors qu'il vaudrait mieux partager
    pour protéger les plus fragiles.
  • 2:23 - 2:26
    On a d'autres comportements
    stupides comme les conférenciers
  • 2:26 - 2:28
    qui se préparent la veille,
  • 2:28 - 2:29
    très tard le soir.
  • 2:29 - 2:30
    (Rit)
  • 2:30 - 2:32
    On a d'autres comportements terribles,
  • 2:32 - 2:35
    comme ceux qui hésitent
    à vacciner leurs enfants
  • 2:35 - 2:37
    car ils ont entendu
    des histoires effrayantes.
  • 2:37 - 2:40
    En fait, on a les données
    scientifiques et médicales :
  • 2:40 - 2:45
    les risques à ne pas vacciner les enfants
    sont beaucoup plus importants
  • 2:45 - 2:46
    que ceux à les vacciner.
  • 2:47 - 2:49
    On a d'autres trucs pas terribles.
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    Quand on invite un orateur pour
    une conférence TED comme ceci,
  • 2:54 - 2:56
    et qu'on n'a pas vérifié s'il est expert
    de ce qu'il raconte,
  • 2:56 - 3:02
    peut-être était-il sous le coup
    de 500 signalements à la Miviludes,
  • 3:02 - 3:05
    des gens qui surveillent
    les dérives sectaires.
  • 3:05 - 3:07
    On sait bien
    qu'on n'aurait pas dû le faire.
  • 3:08 - 3:09
    Mais quand on l'a fait quand même,
  • 3:09 - 3:13
    on sait bien qu'on devrait
    s'excuser de l'avoir fait.
  • 3:13 - 3:16
    En tout cas, l'acrasie est partout,
  • 3:16 - 3:20
    c'est pénible, y compris sur
    les plateaux TED et ailleurs -
  • 3:20 - 3:22
    ailleurs, c'est pire, dirons-nous.
  • 3:22 - 3:25
    Indépendamment de nos qualités,
    on est un peu acratique.
  • 3:25 - 3:27
    Prenez par exemple Saint Augustin.
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    Un homme charmant paraît-il,
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    brillant et qui savait très bien
    ce qu'il fallait vouloir,
  • 3:32 - 3:34
    mais qui avait du mal à assumer.
  • 3:34 - 3:35
    Dans ses Confessions, il dit :
  • 3:35 - 3:39
    « Seigneur, donne-moi
    la chasteté et la continence,
  • 3:39 - 3:40
    mais pas tout de suite. »
  • 3:40 - 3:42
    (Rires)
  • 3:42 - 3:45
    On sent le conflit dans l'homme.
  • 3:46 - 3:49
    Il sait ce qu'il faut faire mais
    n'a pas envie de le faire de suite.
  • 3:49 - 3:51
    Donc, à ce stade-là, attention,
  • 3:51 - 3:53
    ne nous pensons pas immunisé
    contre l'acrasie.
  • 3:53 - 3:56
    Le fait de donner un nom à ce phénomène -
  • 3:56 - 3:59
    acrasie, du grec akrasia -
  • 3:59 - 4:02
    donne l'illusion qu'on a compris un truc
    et qu'on domine le sujet.
  • 4:02 - 4:06
    Cela donne un sentiment de puissance
    et de confort qui nous rend content.
  • 4:06 - 4:09
    Et c'est ce sentiment qui va motiver
    à partager des vidéos sur Internet -
  • 4:10 - 4:13
    quand on est gentil, on partage -
  • 4:13 - 4:17
    mais ce sentiment est trompeur
    et peut nous rendre imprudent.
  • 4:18 - 4:21
    Imaginez vouloir dire à un astrologue
  • 4:22 - 4:25
    qu'il se plante parce qu'il n'a pas tenu
    compte de la précision des équinoxes.
  • 4:26 - 4:29
    C'est important la précision
    des équinoxes, vous avez raison.
  • 4:29 - 4:32
    Mais vous ne pouvez pas
    lui expliquer ce que ça veut dire.
  • 4:32 - 4:33
    [Inaudible]
  • 4:34 - 4:35
    Donc, l'acrasie, c'est bien,
  • 4:35 - 4:39
    mais d'abord potassez
    avant de faire un truc, heu, voilà...
  • 4:39 - 4:42
    Donc, aujourd'hui,
    on parle beaucoup de climat.
  • 4:42 - 4:44
    On va prendre l'acrasie
    par rapport à la question du climat.
  • 4:44 - 4:46
    On va voir ce que ça donne.
  • 4:46 - 4:50
    Pour le climat, mesdames et messieurs,
    il y a un consensus scientifique
  • 4:50 - 4:54
    qui établit que le climat de la Terre -
    c'est là où on vit -
  • 4:54 - 4:56
    change de manière importante et rapide
  • 4:56 - 4:59
    et que c'est dû en grande partie
    aux activités humaines.
  • 5:00 - 5:01
    Je ne suis pas climatologue,
  • 5:01 - 5:04
    mon travail n'est pas de vous montrer
    pourquoi on sait depuis 30 ans
  • 5:04 - 5:07
    que les modèles climatiques
    s'améliorent, s'affinent.
  • 5:07 - 5:11
    Les conclusions montrent
    qu'il y a un consensus scientifique.
  • 5:11 - 5:13
    C'est la recherche, c'est ainsi.
  • 5:13 - 5:14
    Faites avec,
  • 5:15 - 5:16
    je ne sais pas,
  • 5:16 - 5:18
    pour négocier.
  • 5:18 - 5:20
    Quand il y a des faits, on ne négocie pas.
  • 5:20 - 5:23
    Donc il y a deux parties :
    le débat scientifique,
  • 5:23 - 5:24
    qui lui est fini.
  • 5:24 - 5:26
    On continue à chercher mais c'est fini.
  • 5:26 - 5:28
    Et il y a le débat sociétal :
  • 5:28 - 5:31
    que fait-on en tant que société
    quand on sait ce qu'on est censé savoir ?
  • 5:31 - 5:34
    Pour décider en tant que société,
  • 5:34 - 5:36
    on se base sur ce qu'on sait
  • 5:36 - 5:38
    pour prendre les meilleures
    décisions possibles,
  • 5:38 - 5:40
    donc ne pas être acratique.
  • 5:40 - 5:41
    Que sait-on ?
  • 5:41 - 5:43
    On sait que si on continue ainsi,
  • 5:43 - 5:47
    à exploiter les ressources
    notamment fossiles,
  • 5:47 - 5:50
    on va provoquer des canicules
    et des événements extrêmes.
  • 5:50 - 5:52
    Ça arrive déjà.
  • 5:52 - 5:54
    La désertification va s'accentuer.
  • 5:54 - 5:59
    On voit la fonte des glaciers
    et de la banquise - et c'est triste.
  • 5:59 - 6:01
    On voit la fonte du permafrost.
  • 6:01 - 6:03
    Le permafrost, quand il fond,
  • 6:03 - 6:05
    il va libérer des milliards
    de micro-organismes
  • 6:05 - 6:07
    qui pourraient être pires
    que le coronavirus.
  • 6:08 - 6:11
    On va bouleverser la biodiversité,
  • 6:11 - 6:14
    on va créer des flux de migration
    humaine sans précédent,
  • 6:14 - 6:17
    et l'intensité de cela va dépendre
    du temps qu'on va mettre à réagir.
  • 6:18 - 6:20
    Ça, c'est ce que nous savons.
  • 6:20 - 6:24
    Il n'y a pas à négocier, on le sait,
    alors, que devons-nous faire ?
  • 6:24 - 6:27
    Cela va dépendre de ce qu'on pense
    des conséquences de ce qu'on sait.
  • 6:27 - 6:28
    On peut dire,
  • 6:31 - 6:33
    qu'éventuellement, on s'en fout.
  • 6:33 - 6:36
    On n'en a rien à faire puisque
    de toute façon, on va tous mourir.
  • 6:37 - 6:40
    On va tous mourir mais
    on pourrait mourir mieux,
  • 6:40 - 6:41
    (Rires)
  • 6:41 - 6:45
    dans des meilleures conditions
    et on va essayer de faire quelque chose
  • 6:45 - 6:47
    pour empêcher ces conséquences négatives.
  • 6:47 - 6:50
    Bon, puisqu'on peut faire quelque chose,
    on passe à : comment on fait ?
  • 6:50 - 6:51
    Et là, paf !
  • 6:51 - 6:53
    Problème du raisonnement motivé.
  • 6:54 - 6:58
    Il y a des choses dans la vie
    qui sont sympas à croire, et d'autres non.
  • 6:58 - 7:00
    En fait vous avez le brocoli, je suppose,
  • 7:01 - 7:04
    enfin, le truc vert,
    c'est un légume, c'est dégueulasse.
  • 7:04 - 7:05
    (Rires)
  • 7:05 - 7:05
    Et donc,
  • 7:05 - 7:09
    une idée légumière, dégueulasse,
    on ne veut pas y croire.
  • 7:09 - 7:12
    Alors on se demande
    si on est obligé d'y croire.
  • 7:12 - 7:16
    Et puis, de l'autre côté,
    une idée vachement plus sympa,
  • 7:16 - 7:17
    qui me met en valeur,
  • 7:17 - 7:19
    qui (Marmonne)
    et là, on se dit :
  • 7:19 - 7:21
    « Est-ce que j'ai le droit d'y croire ? »
  • 7:21 - 7:23
    Ce n'est pas du tout la même la question.
  • 7:23 - 7:27
    On a une sorte de mauvaise foi,
    d'hypocrisie, qui est spontanée.
  • 7:29 - 7:30
    Ce raisonnement motivé, c'est :
  • 7:30 - 7:32
    on va croire ça très très fort
  • 7:32 - 7:34
    et très fort pas croire ça
  • 7:34 - 7:36
    alors que peut-être c'était vrai.
  • 7:36 - 7:37
    Ce raisonnement motivé
  • 7:39 - 7:42
    nous pousse peut-être à ne pas vouloir
    faire ce qu'on doit faire.
  • 7:43 - 7:45
    Or, si on doit le faire,
  • 7:46 - 7:47
    on doit le faire.
  • 7:48 - 7:51
    Ce qu'on doit faire,
    je ne vous en fais pas la liste -
  • 7:51 - 7:54
    la liste sur l'écran
    est juste un exemple -
  • 7:54 - 7:57
    en gros, on doit consommer
    des produits durables et recyclables
  • 7:57 - 8:00
    et arrêter de prendre
    des trucs qu'on jette.
  • 8:00 - 8:01
    Il faut consommer moins de viande.
  • 8:03 - 8:05
    Ça ne fait rire personne mais c'est ainsi.
  • 8:05 - 8:09
    Il faut consommer
    plus de produits locaux et de saison.
  • 8:10 - 8:14
    Si on consomme local mais que ça requiert
    des grandes serres chauffées au pétrole...
  • 8:14 - 8:16
    Il faut choisir
    des énergies moins carbonées.
  • 8:16 - 8:19
    Par rapport à ça,
    le nucléaire, c'est plutôt pas mal.
  • 8:19 - 8:21
    Je n'ai pas dit que c'était bien en soi.
  • 8:21 - 8:24
    Le gaspillage, etc. -
    il y a plein de trucs à faire,
  • 8:24 - 8:28
    et il y a plein de gens
    qui peuvent affirmer savoir quoi faire.
  • 8:28 - 8:29
    Mais est-ce qu'on veut le faire ?
  • 8:30 - 8:33
    L'acrasie est là pour...
  • 8:33 - 8:35
    L'acrasie, c'est que voilà...
  • 8:35 - 8:38
    On sait bien mais pfff, si on pouvait
    faire autrement, ce serait mieux.
  • 8:38 - 8:40
    Ce problème d'actualisation hyperbolique,
  • 8:40 - 8:41
    ce n'est pas très grave,
  • 8:41 - 8:42
    c'est hyper simple :
  • 8:43 - 8:46
    l'être humain préfère une récompense
    tout de suite, maintenant,
  • 8:46 - 8:49
    plutôt qu'une plus forte mais plus tard.
  • 8:49 - 8:52
    On a montré ça
    avec le test du marshmallow.
  • 8:52 - 8:55
    On prend des gamins
    et on les met sur une chaise.
  • 8:55 - 8:58
    Et on leur donne un marshmallow
    en disant :
  • 8:58 - 9:01
    « Si tu ne le manges pas,
    quand je reviens, tu en auras deux. »
  • 9:02 - 9:06
    On sort en laissant le gamin seul
    avec son marshmallow et son désespoir.
  • 9:06 - 9:08
    Le gamin est là et il veut...
  • 9:08 - 9:12
    Le circuit de récompense à courte durée
    lui donne envie de ce marshmallow.
  • 9:12 - 9:15
    Nous, on est pareil,
    le marshmallow, c'est la Terre.
  • 9:15 - 9:17
    On veut tout bouffer
    mais on ne devrait pas
  • 9:17 - 9:19
    car après il ne restera plus rien.
  • 9:19 - 9:25
    Le problème du marshmallow,
    c'est un exemple de choix intertemporel.
  • 9:26 - 9:28
    N'ayez pas peur ;
    j'ai marqué ça au tableau.
  • 9:28 - 9:31
    Ce sont des décisions
    qui mettent en jeu des arbitrages
  • 9:31 - 9:34
    entre des coûts et des bénéfices
    mais à différents moments.
  • 9:36 - 9:40
    Un exemple classique, c'est La Fontaine :
    un Tiens vaux mieux que deux Tu l'auras.
  • 9:40 - 9:41
    Vous avez tous compris ?
  • 9:41 - 9:43
    C'est une marque déposée.
  • 9:43 - 9:45
    En tout cas, le choix intertemporel,
  • 9:47 - 9:49
    le climat, évidemment,
  • 9:49 - 9:52
    tout ce qu'on va faire aura
    des conséquences dans longtemps.
  • 9:52 - 9:54
    On se trouve avec
    un problème à long terme.
  • 9:54 - 9:58
    Or notre cerveau va réfléchir
    à l'échelle de notre nombril, de nous,
  • 9:58 - 10:00
    ou du mandat électoral.
  • 10:01 - 10:04
    Et on est en pleine élection...
  • 10:04 - 10:07
    c'est compliqué de dire aux gens
    qu'ils vont en chier pendant 10 ans.
  • 10:08 - 10:09
    Du coup, ils ne vont pas être élus.
  • 10:10 - 10:11
    Ce problème-là, c'est que,
  • 10:11 - 10:14
    on est face à une équation
    avec des sacrifices immédiats :
  • 10:15 - 10:16
    vous, maintenant,
  • 10:16 - 10:19
    et puis des bénéfices potentiels futurs,
  • 10:19 - 10:22
    vous peut-être si vous êtes encore en vie,
    dans 20 ou 30 ans.
  • 10:22 - 10:25
    Et du coup, le cerveau se dit : « Heu... »
  • 10:27 - 10:31
    La plus belle illustration de ce problème
    apparaît dans ce cartoon de Joel Pett.
  • 10:31 - 10:32
    On est à un congrès
  • 10:33 - 10:34
    où on travaille sur le climat.
  • 10:35 - 10:36
    Un mec se lève :
  • 10:36 - 10:38
    « Si ça se trouve, tout ça c'est du flan.
  • 10:38 - 10:41
    Et si on fait plein d'efforts et qu'on
    rend le monde meilleur pour rien ? »
  • 10:42 - 10:45
    Ça a l'air con,
    mais une partie de votre cerveau se dit :
  • 10:45 - 10:47
    « Ce n'est peut-être pas si bête que ça. »
  • 10:47 - 10:51
    Une partie ducerveau est égoïste
    et se demande pourquoi faire des efforts.
  • 10:51 - 10:55
    Là, on est face au problème
    du paradoxe de l'action collective.
  • 10:55 - 10:57
    Quand on est nombreux
  • 10:57 - 10:59
    à avoir un but commun,
  • 10:59 - 11:02
    on sait qu'on a intérêt à se mobiliser
    alors que fait-on ?
  • 11:02 - 11:03
    On agit.
  • 11:04 - 11:07
    Ça paraît logique sauf qu'on ne
    le fait pas toujours. Pourquoi ?
  • 11:07 - 11:11
    Quand les bénéfices sont collectifs
    et que l'effort est individuel,
  • 11:12 - 11:13
    un type de comportement -
  • 11:15 - 11:16
    qu'on va appeler un f(t) -
  • 11:18 - 11:19
    un égoïste,
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    un passage clandestin dira :
  • 11:20 - 11:24
    « Je veux bien les bénéfices,
    par contre les efforts, non. »
  • 11:25 - 11:28
    Et ça, c'est théorisé et connu,
  • 11:28 - 11:30
    c'est un comportement rationnel
    à son échelle
  • 11:31 - 11:34
    qui, quand on le ramène au général,
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    devient acratique.
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    De acrasie, de akrasia.
  • 11:38 - 11:41
    On a de l'ingénierie sociale qui apparaît
  • 11:41 - 11:44
    car si on a des gens qui font ça
    mais qu'il ne faudrait pas faire ça,
  • 11:44 - 11:46
    il faudrait qu'ils fassent mieux.
  • 11:46 - 11:48
    On peut mettre en place des stratégies.
  • 11:48 - 11:50
    L'ingénierie sociale, c'est quoi ?
  • 11:50 - 11:53
    C'est une pratique d'actions sociales
  • 11:53 - 11:57
    visant à faire évoluer les formes
    d'actions individuelles et collectives,
  • 11:57 - 12:00
    dans une approche coopérative,
    démocratique et participative.
  • 12:00 - 12:01
    Et ça, c'est sympa.
  • 12:01 - 12:04
    Mais ça ressemble à la théorie
    du consentement
  • 12:04 - 12:07
    qui est le résultat de la propagande
    et de la manipulation de masse.
  • 12:07 - 12:08
    Ça, c'est moins sympa.
  • 12:08 - 12:10
    Comme on ne sait pas les distinguer,
  • 12:10 - 12:12
    logiquement, en pratiquant ça,
  • 12:12 - 12:14
    il y a une forme de résistance.
  • 12:14 - 12:15
    Les gens ne sont pas d'accord,
  • 12:15 - 12:17
    ils ne veulent pas être manipulés.
  • 12:17 - 12:21
    Et c'est relativement cohérent
    et logique de résister à ça.
  • 12:21 - 12:24
    Je n'ai pas de solution à tout ça,
    c'est très compliqué.
  • 12:24 - 12:27
    Mais le problème, je vois où il est.
  • 12:27 - 12:30
    J'arrive à le localiser très précisément
    dans votre crâne,
  • 12:31 - 12:33
    dans le mien aussi, on a un cerveau
  • 12:33 - 12:36
    et il est possible que
    le cerveau humain ne soit pas
  • 12:36 - 12:39
    un outil adapté pour répondre
    aux défis du climat.
  • 12:39 - 12:43
    Le cerveau humain répond
    à des impressions passagères et fugaces,
  • 12:43 - 12:45
    des intuitions, des anecdotes
    et des rumeurs,
  • 12:45 - 12:48
    et il rationalise tout cela.
  • 12:49 - 12:50
    Souvent, ça donne de bons résultats,
  • 12:50 - 12:54
    mais sur un problème de cette échelle-là,
    ça ne marche pas très bien.
  • 12:54 - 12:58
    Et donc, cela ne va pas
    être facile tout seul.
  • 12:58 - 13:01
    Et comme on est tous des humains,
    là, je viens sans solution.
  • 13:02 - 13:05
    Je viens vous dire qu'il y a
    un problème, et qu'on va en chier
  • 13:05 - 13:07
    et... voilà.
  • 13:07 - 13:10
    Je pourrais certes faire des efforts,
    personnellement,
  • 13:10 - 13:13
    si je savais qu'on peut tous
    se faire confiance.
  • 13:13 - 13:14
    Je l'ai écrit en gros.
  • 13:16 - 13:17
    La confiance.
  • 13:17 - 13:19
    Or, la société aujourd'hui
    nous donne-t-elle des gages
  • 13:20 - 13:24
    qu'on peut faire confiance
    aux décisions prises en notre nom ?
  • 13:24 - 13:25
    Hein ?
  • 13:26 - 13:27
    Je ne suis pas sûr.
  • 13:27 - 13:29
    Sans ça, on n'assumera pas les décisions,
  • 13:29 - 13:32
    car en fait,
    c'est nous qui sommes impliqués.
  • 13:32 - 13:34
    Je n'ai pas la réponse ;
  • 13:34 - 13:37
    je suis un bête humain
    qui passe trop de temps devant Netflix
  • 13:38 - 13:42
    et qui a procrastiné à mort sa conférence
    et qui l'a terminée hier dans la nuit,
  • 13:42 - 13:43
    qui n'a pas dormi assez.
  • 13:43 - 13:45
    Voilà, je vous fais ma confession :
  • 13:45 - 13:47
    je suis acratique moi-même.
  • 13:47 - 13:48
    Je sais que j'ai des défauts.
  • 13:48 - 13:50
    Je ne dis pas que ce n'est pas grave.
  • 13:50 - 13:52
    Au contraire, je sais que j'ai des défauts
  • 13:52 - 13:56
    et qu'à mon échelle, je suis incapable
    de faire les efforts suffisants.
  • 13:56 - 13:58
    Donc, j'ai besoin qu'on fasse
    des efforts collectifs.
  • 13:58 - 14:01
    À tous les échelons depuis le local.
  • 14:01 - 14:02
    Donc, j'ai besoin de votre aide.
  • 14:03 - 14:04
    Merci beaucoup.
  • 14:04 - 14:07
    (Applaudissements)
Title:
L'acrasie aura-t-elle votre peau ? | Thomas Durand | TEDxArtsetMétierBordeaux
Description:

Le changement climatique est devenu un enjeu crucial. Nous savons tous que l'activité humaine a un impact direct sur notre environnement. Face à ce constat, la plupart d'entre nous essaient de vivre avec responsabilité pour créer un avenir meilleur. Mais si nous n'agissions pas vraiment pour un mieux ? Et si nous connaissions les meilleures options mais que nous agissions en les ignorant ? Dans ce cas, ce serait l'acrasie. Thomas nous explique en quoi l'acrasie influence notre prise de décision et comment contrecarrer ce phénomène. Thomas utilise sa formation scientifique pour diffuser ce savoir sur Internet avec sa chaîne YouTube La Tronche en Biais. Il a pour objectif de susciter l'esprit critique.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
14:15

French subtitles

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