Return to Video

Comment être normal, et pourquoi ne pas l'être | Jolene Stockman | TEDxNewPlymouth

  • 0:13 - 0:16
    En me regardant, vous ne pouvez pas
    dire que je suis Maori,
  • 0:16 - 0:17
    mais c'est le cas.
  • 0:18 - 0:21
    En me regardant, vous ne pouvez pas
    dire que je suis autiste,
  • 0:21 - 0:22
    mais c'est le cas.
  • 0:22 - 0:26
    On ne peut plus dire qui est qui
    juste avec la vue.
  • 0:26 - 0:28
    Il n'y a pas de « normal ».
  • 0:29 - 0:30
    Il n'y a pas de « monde réel »,
  • 0:30 - 0:34
    seulement celui dont on décide,
    et celui que l'on crée.
  • 0:35 - 0:37
    Vous savez ce que l'on n'entend jamais ?
  • 0:37 - 0:40
    Ceci : « Comment
    est ton enfant à l'école ?
  • 0:40 - 0:43
    - Oh, elle est ordinaire !
    Nous sommes si fiers ! »
  • 0:43 - 0:45
    Ou : « Passe une bonne journée
    à l'école, fiston.
  • 0:45 - 0:47
    Sois normal. »
  • 0:47 - 0:49
    Personne n'a envie de « normal »,
  • 0:49 - 0:53
    et pourtant nous avons toujours
    peur de « différent ».
  • 0:54 - 0:58
    Pour neuf garçons avec un autisme
    à haut niveau de fonctionnement,
  • 0:58 - 1:00
    on diagnostique une fille.
  • 1:00 - 1:02
    Nous ne sommes pas rares.
    Nous sommes cachées.
  • 1:02 - 1:06
    Notre capacité à camoufler nos symptômes
    et à reproduire la normalité
  • 1:06 - 1:09
    nous transforme en défi à identifier
    et diagnostiquer.
  • 1:09 - 1:13
    Comme moi, de nombreux autistes ne sont
    diagnostiqués qu'à l'âge adulte,
  • 1:13 - 1:19
    soit par le diagnostic de leur enfant,
    soit à cause d'une crise trop importante.
  • 1:20 - 1:23
    Quand on m'a diagnostiquée,
  • 1:23 - 1:26
    j'ai soudainement découvert ma vie
    selon un filtre différent.
  • 1:26 - 1:28
    J'allais bien.
  • 1:28 - 1:30
    Mes faiblesses étaient des forces !
  • 1:30 - 1:33
    Mes forces étaient des super-pouvoirs !
  • 1:33 - 1:37
    Brusquement, je n'étais pas bizarre,
    je n'étais pas seule...
  • 1:38 - 1:40
    (Maori) ā nei ā nei ō...
  • 1:40 - 1:42
    C'est moi.
  • 1:43 - 1:45
    J'ai toujours été différente.
  • 1:45 - 1:48
    Bébé, je pleurais devant les pubs
    tristes à la télévision.
  • 1:48 - 1:50
    Enfant, j'écrivais des scénarios d'horreur
  • 1:50 - 1:54
    mais je m'évanouissais en apprenant
    l'histoire de la crucifixion.
  • 1:54 - 1:57
    J'étais très intelligente,
    mais très bizarre :
  • 1:57 - 1:59
    hypersensible, trop sensible.
  • 2:00 - 2:02
    De l'extérieur,
  • 2:02 - 2:03
    j'étais bonne élève,
  • 2:03 - 2:05
    j'avais un nombre correct d'amis,
    je m'intégrais,
  • 2:06 - 2:09
    mais à l'intérieur, je savais que j'étais
    différente, comme une alien.
  • 2:09 - 2:11
    Je n'étais pas réelle.
  • 2:11 - 2:14
    Je n'étais pas comme les autres,
    je n'étais comme personne.
  • 2:15 - 2:17
    Entre humains,
    nous cherchons des similarités.
  • 2:17 - 2:19
    Nous sommes biologiquement conçus ainsi.
  • 2:20 - 2:21
    C'est la survie,
  • 2:21 - 2:24
    car l'inverse de normal est différent,
  • 2:24 - 2:26
    et différent, c'est la mort.
  • 2:27 - 2:29
    Vous voyez, quand on sait
    que quelqu'un est différent,
  • 2:29 - 2:30
    un peu étrange ?
  • 2:31 - 2:33
    On sait que vous savez.
  • 2:33 - 2:36
    Vous le montrez par des changements
    de langage corporel,
  • 2:36 - 2:39
    vos micro-expressions,
    les mots que vous utilisez,
  • 2:39 - 2:41
    tous les petits signes de rejet
  • 2:41 - 2:45
    que j'ai appris à lire enfant,
    et auxquels je me suis adaptée
  • 2:45 - 2:47
    pour que vous ne sachiez pas
    que je suis étrange,
  • 2:47 - 2:49
    pour faire croire que je suis normale.
  • 2:50 - 2:51
    C'est épuisant !
  • 2:52 - 2:54
    J'ai excellé à l'école,
  • 2:54 - 2:56
    à mon permis,
  • 2:56 - 2:57
    la théorie en tout cas,
  • 2:57 - 3:02
    car j'ai échoué à l'examen pratique
    encore et encore.
  • 3:02 - 3:05
    Si j'avais su que les autistes
    ne conduisaient pas,
  • 3:05 - 3:06
    limitaient leur conduite,
  • 3:06 - 3:08
    ou avaient leur permis plus tard,
  • 3:08 - 3:10
    aurais-je tenté de le passer ?
  • 3:10 - 3:13
    Aurais-je persévéré jusqu'à l'obtenir ?
  • 3:14 - 3:17
    Le travail où on m'a virée
    car je faisais les cent pas,
  • 3:17 - 3:19
    le travail où je pleurais sous mon bureau,
  • 3:19 - 3:21
    le travail où je défiais l'autorité,
  • 3:21 - 3:25
    le travail où je réagissais physiquement
    aux mensonges...
  • 3:25 - 3:27
    Si j'avais su que c'était
    des signes d'autisme,
  • 3:27 - 3:32
    si j'avais su que plus de 80 %
    d'entre nous ne travaillaient pas,
  • 3:32 - 3:36
    aurais-je été plus bienveillante envers
    moi-même alors que je cherchais ma place ?
  • 3:37 - 3:39
    Bref, je pleurais
    dans une cabine téléphonique.
  • 3:39 - 3:40
    J'étais adolescente,
  • 3:40 - 3:44
    j'allais pour la première fois à
    une réunion de Toastmasters.
  • 3:44 - 3:46
    Ça ne s'est pas bien passé.
  • 3:46 - 3:49
    J'attendais ma mère qui venait
    me chercher,
  • 3:49 - 3:51
    et à cette réunion,
  • 3:51 - 3:54
    des gens que je ne connaissais pas
    me consolaient et disaient :
  • 3:54 - 3:55
    « Allons, allons. »
  • 3:55 - 3:59
    J'avais parlé de façon si rapide,
    erratique et embarrassée
  • 3:59 - 4:01
    qu'ils pensaient
    que je ne reviendrais pas.
  • 4:01 - 4:03
    Ils avaient totalement raison.
  • 4:04 - 4:07
    Comment une autre chose pouvait être
    si incorrecte pour moi ?
  • 4:09 - 4:11
    Je pleurais.
  • 4:11 - 4:12
    Puis, ça m'a frappée :
  • 4:12 - 4:15
    « Je ne veux plus qu'il y ait des choses
    incorrectes pour moi. »
  • 4:15 - 4:18
    Je savais que je voulais être remarquable.
  • 4:18 - 4:20
    Et si je voulais faire
    quelque chose comme ça,
  • 4:20 - 4:22
    je devais au moins être capable de parler.
  • 4:22 - 4:25
    60 secondes de normalité ne devaient pas
    être trop demander.
  • 4:25 - 4:27
    J'allais retourner à Toastmasters,
  • 4:27 - 4:31
    j'y retournerais autant de fois que
    nécessaire, et j'allais réussir.
  • 4:32 - 4:34
    J'étais mineure à l'époque.
  • 4:34 - 4:35
    Toastmasters est pour les majeurs.
  • 4:35 - 4:37
    Qui l'eût cru ?
  • 4:37 - 4:39
    Personne ne s'attendait à une enfant.
  • 4:39 - 4:42
    Personne n'a rien demandé, et j'allais
    aux réunions chaque semaine.
  • 4:42 - 4:46
    Et toutes les semaines, je priais
    pour un accident de la route.
  • 4:46 - 4:47
    (Rires)
  • 4:47 - 4:48
    Pas un gros.
  • 4:48 - 4:51
    Mais suffisant pour aller à l'hôpital,
  • 4:51 - 4:53
    puis continuer ma journée,
    sans allocution publique.
  • 4:53 - 4:55
    Je n'ai jamais eu d'accident,
  • 4:55 - 4:57
    mais je me suis améliorée.
  • 4:57 - 4:59
    Je suis toujours paralysée
    avant de parler en public,
  • 4:59 - 5:04
    mais la texture de ce sentiment ressemble
    plus à de l'excitation que de la peur.
  • 5:04 - 5:06
    Toastmasters était mon université.
  • 5:06 - 5:08
    C'était aussi un égaliseur important
  • 5:08 - 5:09
    car, comme Seinfeld le dit :
  • 5:09 - 5:11
    « Qui que vous soyez ou que vous fassiez
  • 5:11 - 5:14
    tout le monde préfèrerait
    être dans le cercueil
  • 5:14 - 5:15
    plutôt que de faire l'éloge funèbre. »
  • 5:15 - 5:17
    (Rires)
  • 5:17 - 5:19
    La neurodiversité est la compréhension
  • 5:19 - 5:22
    que nous avons
    des fonctions cérébrales différentes.
  • 5:22 - 5:25
    Cela comprend un déficit d'attention
    et de l'hyperactivité,
  • 5:25 - 5:27
    le syndrome de la Tourette, la douance,
  • 5:27 - 5:29
    entre autres.
  • 5:29 - 5:33
    La neurodiversité, c'est travailler avec
    Windows, quand tout le monde est sur Mac.
  • 5:33 - 5:36
    Ce n'est pas mauvais,
    c'est juste différent.
  • 5:36 - 5:40
    Le fait est que quand on se sent
    différent sans raison,
  • 5:40 - 5:42
    sans diagnostic,
  • 5:42 - 5:44
    on culpabilise.
  • 5:44 - 5:47
    Tous les autres s'en sortent, avec toutes
    ces choses parfaitement normales.
  • 5:47 - 5:50
    Personne n'a envie de vomir quand
    un emploi du temps change.
  • 5:50 - 5:53
    Personne ne préfèrerait s'arracher la peau
  • 5:53 - 5:55
    plutôt que de porter un jean trop dur.
  • 5:55 - 6:00
    Personne ne panique parce que
    le supermarché est un cauchemar.
  • 6:01 - 6:03
    Personne ne bronche au contact visuel,
  • 6:03 - 6:05
    même si ça brûle
  • 6:05 - 6:08
    comme une éponge qu'on jette
    dans un seau rempli d'eau,
  • 6:08 - 6:11
    ou comme une encyclopédie
    qu'on feuillette devant un lecteur,
  • 6:11 - 6:13
    c'est beaucoup d'informations :
  • 6:13 - 6:17
    le contact visuel, un élément de base
    de la communication humaine.
  • 6:17 - 6:19
    À l'évidence, j'étais défectueuse.
  • 6:19 - 6:23
    J'étais faible, seule, et je devais
    juste travailler plus dur.
  • 6:23 - 6:27
    J'ai appris à passer outre
    les signes du stress.
  • 6:28 - 6:31
    Quand mon corps disait :
  • 6:32 - 6:34
    « Tout le monde conduit,
    mais je n'ai pas envie.
  • 6:35 - 6:36
    - Fais-le ! »
  • 6:36 - 6:38
    « Tout le monde sort ensemble,
    je n'ai pas envie.
  • 6:38 - 6:39
    - Fais-le ! »
  • 6:39 - 6:43
    J'ai appris à passer outre ces signaux.
  • 6:44 - 6:45
    Et...
  • 6:46 - 6:47
    Ils se sont accumulés.
  • 6:51 - 6:56
    Dévoiler mon autisme ne change
    en rien qui je suis.
  • 6:56 - 6:59
    J'ai toujours été autiste,
    je ne le savais juste pas.
  • 6:59 - 7:00
    Je peux imiter la normalité,
  • 7:01 - 7:03
    mais mon autisme est toujours là.
  • 7:03 - 7:05
    Ce n'est juste plus votre problème.
  • 7:10 - 7:12
    Donc j'imite ce qui est normal.
  • 7:13 - 7:15
    Je fais croire que des choses
    ne font pas mal,
  • 7:15 - 7:16
    qu'elles ne m'horripilent pas:
  • 7:17 - 7:18
    lumières trop vives, trop brusques,
  • 7:18 - 7:20
    sons trop forts, trop nombreux,
  • 7:20 - 7:22
    un salut monotone est bizarre,
  • 7:22 - 7:25
    le contact visuel est presque physique,
  • 7:26 - 7:29
    le contact physique
    ressemble à une marque.
  • 7:30 - 7:33
    Et puis, il y a les vêtements,
    les meubles, les textures,
  • 7:34 - 7:35
    la nourriture...
  • 7:36 - 7:39
    Vous pouvez l'imaginer,
    c'est très drôle de vivre avec moi.
  • 7:39 - 7:40
    (Rires)
  • 7:40 - 7:44
    Si j'avais su que 9%
    des autistes se mariaient,
  • 7:44 - 7:47
    aurais-je cru qu'une relation
    était possible ?
  • 7:48 - 7:52
    Qui décide si les sentiments sont
    normaux ou appropriés ?
  • 7:55 - 7:59
    Je pleure toujours devant des pubs,
    car pour moi, certaines sont tristes.
  • 7:59 - 8:01
    Mais pour moi,
    le divorce n'est pas triste.
  • 8:02 - 8:03
    Des adultes se séparent.
  • 8:03 - 8:06
    Ils sont différents
    et heureux de leur côté.
  • 8:06 - 8:07
    Enterrements, magnifiques :
  • 8:07 - 8:10
    des personnes connectées par
    l'amour dans une même pièce,
  • 8:10 - 8:13
    racontant des histoires
    sur leur ami génial, c'est...
  • 8:13 - 8:16
    ah, c'est si beau, j'adore.
  • 8:16 - 8:19
    Qui décide ce qui est approprié ou non ?
  • 8:20 - 8:23
    Dans mon cas, mon diagnostic
    vient d'un arrêt mental.
  • 8:24 - 8:27
    J'étais dans un centre commercial.
  • 8:27 - 8:31
    À ce stade, en plus de plusieurs années
    à trop travailler,
  • 8:31 - 8:34
    faire trop semblant, me forcer...
  • 8:34 - 8:38
    j'avais maintenant les lumières, les sons,
    les voix, les odeurs...
  • 8:38 - 8:41
    Je ne pouvais pas respirer ni bouger,
  • 8:41 - 8:42
    encore moins parler.
  • 8:42 - 8:45
    Mes os paraissaient lourds,
    j'étais paralysée.
  • 8:45 - 8:47
    Je suis allée m'assoir,
    mais je n'étais plus présente.
  • 8:47 - 8:50
    J'étais tout au fond, là où c'est calme.
  • 8:51 - 8:53
    Je ne sais pas comment je suis rentrée.
  • 8:53 - 8:54
    Je remercie mon mari pour ça.
  • 8:55 - 9:00
    Mais je me souviens me réveiller quelques
    jours plus tard et avoir vraiment peur.
  • 9:00 - 9:03
    Mon corps en avait assez d'être traîné
    par mon cerveau.
  • 9:03 - 9:04
    C'était la fin.
  • 9:05 - 9:06
    Voilà la vérité :
  • 9:06 - 9:09
    un arrêt mental résulte
    d'une surcharge sensorielle.
  • 9:09 - 9:13
    Cela peut se produire d'un coup,
    ou sur une longue durée.
  • 9:13 - 9:16
    Il peut s'agir d'un arrêt, comme moi,
  • 9:16 - 9:17
    ou d'un effondrement.
  • 9:17 - 9:19
    Les gens connaissent souvent ce dernier.
  • 9:19 - 9:22
    C'est une perte de contrôle temporaire,
    ou une manifestation physique :
  • 9:22 - 9:24
    pleurer, hurler, ruer.
  • 9:25 - 9:27
    C'est différent d'un accès de colère.
  • 9:27 - 9:29
    Ça n'a rien à voir avec
    être gâté ou vilain.
  • 9:29 - 9:34
    Ce n'est pas dû à des mauvais parents
    ou à un manque de sang-froid.
  • 9:35 - 9:37
    C'est une réaction physique,
  • 9:37 - 9:39
    comme éternuer, sourire.
  • 9:39 - 9:43
    C'est un point de rupture
    après une montée en pression.
  • 9:44 - 9:47
    Donner ce qu'il veut à celui
    qui est en colère, et il se calmera.
  • 9:47 - 9:52
    Pour une personne autiste,
    le point de rupture ou d'arrêt...
  • 9:52 - 9:54
    c'est trop tard.
  • 9:54 - 9:57
    Pour nos proches, il s'agit juste
    de braver la tempête
  • 9:57 - 9:58
    du mieux qu'ils le peuvent.
  • 9:58 - 10:00
    Spéciale dédicace aux proches ;
  • 10:00 - 10:04
    les sœurs, les frères, les compagnons,
    les enfants,
  • 10:04 - 10:06
    qui changent leur vie,
  • 10:06 - 10:09
    qui font honneur à nos sensibilités
    même s'ils ne les ressentent pas.
  • 10:09 - 10:12
    Ils coupent les étiquettes des vêtements,
  • 10:12 - 10:15
    ils limitent leurs activités,
    modulent leur volume.
  • 10:15 - 10:17
    Vous changez des centaines de choses
    dans vos vies,
  • 10:18 - 10:19
    juste pour nous inclure dedans,
  • 10:19 - 10:21
    et c'est vraiment précieux.
  • 10:21 - 10:23
    Le diagnostic est tombé :
  • 10:23 - 10:24
    « Autiste ! »
  • 10:24 - 10:26
    « Ce n'est pas possible !
  • 10:26 - 10:29
    Je connais l'autisme, j'ai vu Rain Man ! »
  • 10:29 - 10:30
    (Rires)
  • 10:30 - 10:31
    « Je ne suis pas comme ça.
  • 10:31 - 10:33
    L'autisme est un handicap.
  • 10:33 - 10:34
    C'est un trouble. »
  • 10:34 - 10:35
    Non.
  • 10:35 - 10:37
    L'autisme est une façon
  • 10:38 - 10:40
    d'affronter le monde,
  • 10:40 - 10:43
    et je suis exactement comme ça.
  • 10:43 - 10:46
    Je suis classée comme
    « haut niveau de fonctionnement » !
  • 10:46 - 10:48
    C'est nul !
  • 10:48 - 10:50
    Autant que dire que
    quelqu'un est « bas niveau »
  • 10:50 - 10:52
    revient à écarter leurs forces,
  • 10:52 - 10:55
    et dire que je suis « haut niveau »
    écarte mes arrêts.
  • 10:55 - 10:59
    Cela ignore toutes les manières
    de gérer ma vie pour soulager le stress,
  • 10:59 - 11:02
    les millions de petites décisions
  • 11:02 - 11:03
    et techniques que j'ai utilisées
  • 11:03 - 11:06
    pour survivre en faisant
    croire que j'étais normale.
  • 11:10 - 11:13
    « Haut niveau » est pour moi aussi naturel
  • 11:13 - 11:17
    que demander à quelqu'un de refaire
    les branchements de qui il est vraiment
  • 11:17 - 11:19
    pour plaire à la majorité.
  • 11:19 - 11:22
    C'est aussi facile que d'envoyer Ellen
    dans un camp de conversion
  • 11:22 - 11:25
    ou de rendre tout le monde gaucher.
  • 11:26 - 11:31
    Quand vous vous cassez une jambe,
    personne ne dit : « Continue à marcher ! »
  • 11:31 - 11:32
    On sait qu'en un instant,
  • 11:32 - 11:36
    on peut créer des dommages physiques
    qui prennent des semaines à réparer.
  • 11:36 - 11:38
    C'est pareil pour une crise.
  • 11:38 - 11:39
    Je peux sembler normale.
  • 11:39 - 11:42
    Je peux utiliser mon cerveau désensibilisé
    pour bouger.
  • 11:42 - 11:44
    Je peux sourire, hocher la tête, parler,
  • 11:44 - 11:47
    mais je vais rentrer et dormir
    pendant deux jours.
  • 11:47 - 11:49
    Cinq, après aujourd'hui.
  • 11:50 - 11:52
    Je peux persévérer.
  • 11:52 - 11:53
    Mais est-ce une bonne idée ?
  • 11:55 - 11:56
    Je serais encore plus brisée
  • 11:56 - 12:00
    car tout en moi se bat contre mon corps,
    qui me dit de ralentir.
  • 12:01 - 12:06
    Le mieux, dans mon diagnostic tardif, est
    que je n'ai pas été élevée handicapée.
  • 12:06 - 12:09
    Je n'ai pas eu les préjugés,
    les étiquettes...
  • 12:10 - 12:13
    Mais pas non plus de compréhension,
  • 12:13 - 12:14
    pas de conscience de moi-même,
  • 12:15 - 12:20
    aucune idée pour ralentir et me protéger.
  • 12:21 - 12:23
    Et pas de place de parking réservée.
  • 12:23 - 12:25
    (Rires)
  • 12:26 - 12:27
    Pardon.
  • 12:28 - 12:32
    Je peux continuer à me cacher au milieu
    des autres, mais je n'en ai plus envie.
  • 12:32 - 12:34
    Donc voilà, c'est comme ça.
  • 12:35 - 12:36
    Je continue à apprendre.
  • 12:36 - 12:38
    Je m'habitue au langage.
  • 12:38 - 12:41
    Pour moi, je n'ai pas d'autisme,
  • 12:41 - 12:43
    je ne souffre pas d'autisme.
  • 12:43 - 12:46
    Je suis (Maori) tangata wai takiwatanga :
  • 12:46 - 12:47
    une personne autiste.
  • 12:47 - 12:50
    Je suis comme ça.
  • 12:51 - 12:54
    Jusqu'ici, je ne l'ai pas dit
    à beaucoup de monde.
  • 12:54 - 12:58
    Je ne veux pas être traitée différemment,
    ni être dorlotée ou tolérée.
  • 13:05 - 13:07
    Mais je veux l'étiquette,
  • 13:07 - 13:09
    car elle est associée à la liberté
  • 13:09 - 13:12
    d'être qui je suis et
    de savoir que tout est possible
  • 13:13 - 13:17
    malgré et grâce à ma configuration.
  • 13:23 - 13:26
    J'ai fait semblant d'être normale
    pendant longtemps,
  • 13:26 - 13:28
    et j'ai l'habitude d'être étrange.
  • 13:28 - 13:32
    Je n'ai pas l'habitude que les gens
    acceptent cette étrangeté.
  • 13:32 - 13:36
    J'ai l'habitude de lutter contre
    mon instinct, pour avoir l'air normal.
  • 13:36 - 13:38
    Clairement, je n'y arrive pas.
  • 13:38 - 13:40
    Quand je dis que je suis autiste,
  • 13:40 - 13:43
    les gens sont bien moins choqués
    ou fascinés que prévu.
  • 13:43 - 13:44
    (Rires)
  • 13:46 - 13:49
    Mais je suis soulagée.
  • 13:49 - 13:51
    Je peux respirer !
  • 13:52 - 13:53
    Et je veux m'en sortir.
  • 13:53 - 13:57
    Pas littéralement. Je vais rester
    à l'intérieur encore un peu.
  • 13:57 - 14:01
    Mais je veux cette liberté,
    cette étiquette.
  • 14:01 - 14:05
    Tout est possible, peu importe
    la façon dont vous fonctionnez.
  • 14:09 - 14:10
    Je veux que tous sachent
  • 14:10 - 14:14
    que parce que vous vous sentez bizarre
    ou différent...
  • 14:14 - 14:17
    Vous êtes peut-être juste
    au mauvais endroit.
  • 14:18 - 14:22
    Vous n'êtes peut-être pas à votre place
    au travail, en classe,
  • 14:22 - 14:25
    en ville, en famille,
  • 14:25 - 14:27
    mais vous faites partie de ce monde.
  • 14:28 - 14:31
    Que quelqu'un soit autisme
    ne veut pas dire qu'il a un don.
  • 14:31 - 14:36
    Ils ont un don, des dons,
    car ils sont humains.
  • 14:36 - 14:38
    Nous le sommes tous.
  • 14:38 - 14:39
    C'est votre ticket !
  • 14:39 - 14:42
    Vous êtes né, vous êtes ici,
    vous êtes arrivé !
  • 14:43 - 14:46
    Vous faites partie de ce monde.
  • 14:46 - 14:49
    (Maori) He waka eke noa.
  • 14:49 - 14:50
    Nous sommes sur le même bateau.
  • 14:53 - 14:55
    Nous pouvons tant faire
  • 14:55 - 14:58
    quand on utilise notre énergie
    non pas à faire semblant d'être normal,
  • 14:58 - 15:01
    mais à faire ce qu'on aime et
    ce pour quoi on est doué.
  • 15:03 - 15:06
    Vous ne pouvez pas dire que je suis Maori,
  • 15:06 - 15:07
    mais c'est le cas.
  • 15:07 - 15:09
    Vous ne pouvez pas dire
    que je suis autiste,
  • 15:10 - 15:11
    mais c'est le cas.
  • 15:11 - 15:16
    Vous ne pouvez rien dire
    des gens en les regardant.
  • 15:17 - 15:18
    Il n'y a pas de normal.
  • 15:18 - 15:20
    Il n'y a pas de monde réel,
  • 15:20 - 15:23
    juste celui dont on décide,
    et celui que l'on crée.
  • 15:23 - 15:26
    Vous pouvez vous sentir étrange
    et différent,
  • 15:26 - 15:27
    mais vous êtes à votre place.
  • 15:27 - 15:31
    Votre existence, notre existence
    redéfinit le normal.
  • 15:34 - 15:35
    (Applaudissements)
  • 15:35 - 15:38
    (Acclamations) (Applaudissements)
Title:
Comment être normal, et pourquoi ne pas l'être | Jolene Stockman | TEDxNewPlymouth
Description:

Jolene Stockman peut sembler normale à l'extérieur. Mais c'est ce qui est invisible qui lui donne un super-pouvoir. Jolene raconte sa vie depuis son diagnostic d'autisme.

Jolene Stockman est une écrivain Taranaki enthousiaste et reconnue par plusieurs prix. En 1998, elle a créé Braincandy, une société de media spécialisée dans la transformation de la communication. Elle a rencontré un franc succès en créant des ressources pédagogiques et en soutenant la croissance d'entreprises à l'aide de ses écrits et de ses vidéos, tous remplis de positivité et d'humour. Jolene a publié trois livres pour les jeunes adultes, a remporté des prix dans les domaines des médias, de l'éducation et du monde de l'entreprise, et est devenue l'une des personnes les plus jeunes au monde à recevoir le Distinguished Toastmaster Leadership Award.

Mais Jolene a toujours été la personne la plus étrange dans une pièce. Elle l'est toujours ; désormais, elle sait pourquoi. Il est temps de redéfinir la normalité. Jolene est une conférencière dynamique, inspirée par les thèmes de l'identité, la neurodiversité et la domination mondiale. Préparez-vous pour des étincelles !

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:46

French subtitles

Revisions