Ce que vacciner les chauves-souris vampires nous apprend sur les pandémies
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0:01 - 0:03Je vais vous raconter une histoire,
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0:03 - 0:05qui a commencé pour moi, en 2006.
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0:05 - 0:09C'est à ce moment-là que j'ai entendu
parler d'une mystérieuse maladie -
0:09 - 0:12qui se propageait dans
la forêt amazonienne, au Pérou. -
0:13 - 0:15Les gens qui attrapaient cette maladie,
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0:15 - 0:18avaient des symptômes horribles,
cauchemardesques. -
0:18 - 0:19Ils avaient de fortes migraines,
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0:20 - 0:21ne pouvaient ni boire, ni manger.
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0:21 - 0:23Certains avaient des hallucinations –
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0:23 - 0:24étaient confus, agressifs.
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0:25 - 0:27Le plus tragique dans tout ça,
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0:27 - 0:29c'est que de nombreuses victimes
étaient des enfants. -
0:29 - 0:32Et de tous ceux qui sont tombés malades,
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0:32 - 0:33aucun n'a survécu.
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0:35 - 0:37Il s'est avéré qu'un virus tuait ces gens,
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0:37 - 0:40mais ce n'était ni Ebola, ni Zika,
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0:40 - 0:43ce n'était même pas un nouveau virus
jamais observé auparavant. -
0:44 - 0:46Ces personnes mouraient
d'un mal très ancien, -
0:46 - 0:48que nous connaissons depuis des siècles.
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0:48 - 0:50Elles mouraient de la rage.
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0:51 - 0:54Toutes ces personnes avaient en commun
d'avoir été mordues dans leur sommeil, -
0:54 - 0:59par le seul mammifère
qui se nourrit exclusivement de sang : -
0:59 - 1:00la chauve-souris vampire.
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1:01 - 1:04Les épidémies se transmettant
des chauves-souris aux humains -
1:04 - 1:07sont de plus en plus fréquentes
ces dernières décennies. -
1:07 - 1:09En 2003, c'était le SRAS.
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1:09 - 1:12Des marchés d'animaux chinois,
il s'est répandu dans le monde. -
1:12 - 1:17Les chauves-souris étaient à l'origine
de ce virus, de même qu'au Pérou. -
1:17 - 1:20Elles l'abritaient sans doute
depuis des siècles, clandestinement. -
1:20 - 1:25Puis, on a découvert Ebola,
en Afrique de l'Ouest, 10 ans plus tard, -
1:25 - 1:27ce qui a surpris tout le monde,
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1:27 - 1:29car, selon les scientifiques de l'époque,
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1:29 - 1:31Ebola n'était pas censé exister
dans la région. -
1:32 - 1:35Ce qui a causé la plus importante
épidémie d'Ebola -
1:35 - 1:37de l'histoire.
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1:38 - 1:40C'est une tendance inquiétante,
n'est-ce pas ? -
1:40 - 1:44Des virus mortels apparaissent dans
des endroits où ils ne sont pas anticipés -
1:44 - 1:46et, en tant que professionnels de santé,
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1:46 - 1:47nous sommes pris de court.
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1:47 - 1:50Nous courons constamment
vers la prochaine urgence virale, -
1:50 - 1:52dans un cycle perpétuel,
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1:52 - 1:56essayant d'éradiquer des épidémies
une fois qu'elles ont débuté. -
1:56 - 1:58Donc, comme de nouvelles maladies
apparaissent chaque année, -
1:59 - 2:01il est grand temps
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2:01 - 2:03que l'on commence à réfléchir
à des solutions. -
2:04 - 2:06Si nous n'agissons pas avant
le prochain Ebola, -
2:06 - 2:08il sera peut-être trop tard.
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2:08 - 2:10On sera peut-être confrontés
à un nouveau virus, -
2:10 - 2:11plus mortel,
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2:12 - 2:14qui se propage plus facilement
dans la population, -
2:14 - 2:17ou qui est complètement intraitable
par nos vaccins traditionnels, -
2:17 - 2:19nous laissant sans défense.
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2:20 - 2:23Peut-on anticiper les pandémies ?
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2:23 - 2:24Peut-on les arrêter ?
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2:24 - 2:28Il est difficile de répondre
à ces questions, -
2:28 - 2:30car les pandémies –
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2:30 - 2:32celles qui se propagent mondialement,
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2:32 - 2:34et que nous voulons vraiment anticiper –
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2:34 - 2:36sont extrêmement rares.
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2:36 - 2:39Et pour nous, les humains,
c'est une bonne chose – -
2:39 - 2:41c'est la raison pour laquelle
nous sommes toujours là. -
2:41 - 2:46Mais d'un point de vue scientifique,
c'est problématique. -
2:47 - 2:49Car, si quelque chose
se produit une ou deux fois, -
2:49 - 2:52cela ne suffit pas
à identifier des tendances. -
2:52 - 2:55Des tendances pouvant prédire où et quand
aurait lieu la prochaine pandémie. -
2:56 - 2:57Que pouvons-nous faire ?
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2:58 - 3:03Eh bien, je pense que l'une des solutions
est d'étudier des virus -
3:03 - 3:06qui se propagent
des animaux sauvages à l'homme, -
3:07 - 3:09aux animaux de compagnie ou au bétail,
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3:10 - 3:12même s'il ne s'agit pas des mêmes virus
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3:12 - 3:14qui vont créer des pandémies.
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3:14 - 3:17Si nous pouvons utiliser
ces virus mortels communs -
3:17 - 3:18afin d'identifier des tendances
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3:19 - 3:22sur la contamination
d'une espèce à une autre, -
3:22 - 3:25et, éventuellement, comment y mettre fin,
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3:25 - 3:27nous serions mieux préparés
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3:27 - 3:30face aux virus se propageant
d'espèce en espèce, plus rares, -
3:30 - 3:32mais avec un potentiel pandémique élevé.
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3:32 - 3:35La rage, aussi terrible soit-elle,
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3:35 - 3:39est plutôt un bon virus pour cela.
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3:40 - 3:43Voyez-vous, la rage fait peur,
elle est mortelle. -
3:44 - 3:45Elle est fatale dans 100% des cas.
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3:45 - 3:49Donc, si vous attrapez la rage
et que vous n'êtes pas traité rapidement, -
3:49 - 3:51on ne peut rien y faire.
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3:51 - 3:52Il n'y a pas de traitement.
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3:52 - 3:53Vous allez mourir.
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3:55 - 3:58La rage n'est pas un problème du passé.
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3:59 - 4:03Encore à ce jour, la rage tue
50 à 60 000 personnes par an. -
4:04 - 4:07Mettez donc ce chiffre en perspective.
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4:07 - 4:10Imaginez l'épidémie d'Ebola
en Afrique de l'Ouest – -
4:10 - 4:12qui a duré deux ans et demi ;
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4:12 - 4:14condensez toutes les personnes
décédées de ce virus, -
4:14 - 4:15sur un an.
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4:15 - 4:17Cela fait beaucoup.
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4:17 - 4:19Ensuite, multipliez ce chiffre par quatre,
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4:19 - 4:21c'est ce qui se produit
avec la rage chaque année. -
4:24 - 4:28La différence entre la rage et Ebola,
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4:28 - 4:30c'est qu'une fois contractée,
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4:30 - 4:32elle a tendance à ne pas se propager.
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4:33 - 4:37Ce qui signifie qu'à chaque fois
qu'une personne contracte la rage, -
4:37 - 4:39c'est parce qu'elle a été mordue
par un animal enragé, -
4:39 - 4:41souvent un chien ou une chauve-souris.
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4:41 - 4:45Mais cela veut aussi dire
que le passage d'espèce à espèce, -
4:45 - 4:49si important à comprendre
mais si rare pour la plupart des virus, -
4:49 - 4:52se produit par milliers
dans le cas de la rage. -
4:53 - 4:56Dans un sens, la rage est
comme la drosophile -
4:56 - 4:58ou le rat de laboratoire
des virus mortels. -
4:59 - 5:03C'est un virus que l'on peut étudier
pour identifier des tendances -
5:03 - 5:06et potentiellement tester
de nouvelles solutions. -
5:06 - 5:09Donc, lorsque j'ai entendu parler
de l'épidémie de rage -
5:09 - 5:10en Amazonie péruvienne,
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5:10 - 5:12elle m'a frappé par son grand potentiel
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5:12 - 5:16car le virus pouvait passer
d'une chauve-souris à un autre animal -
5:16 - 5:19assez souvent pour que l'on soit
en capacité de l'anticiper... -
5:19 - 5:20Et même de l'arrêter.
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5:21 - 5:24J'étais étudiant
en première année d'université -
5:24 - 5:26avec de vagues souvenirs
des cours d'espagnol du lycée. -
5:26 - 5:29J'ai sauté dans un avion
à destination du Pérou, -
5:29 - 5:31à la recherche de chauves-souris vampires.
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5:31 - 5:35Les premières années de ce projet
furent très dures. -
5:36 - 5:40J'avais plein de projets très ambitieux
pour éradiquer la rage d'Amérique Latine, -
5:40 - 5:42mais, en même temps,
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5:42 - 5:45il semblait y avoir autant
de glissements de terrain, de crevaisons, -
5:45 - 5:49de coupures d'électricité et de gastros
qui m'empêchaient d'avancer. -
5:49 - 5:51Mais ce n'était rien d'anormal
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5:51 - 5:53en travaillant en Amérique Latine,
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5:53 - 5:55et pour moi, ça faisait aussi
partie de l'aventure. -
5:56 - 5:59Mais ce qui m'a permis de continuer,
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5:59 - 6:01c'est de savoir que,
pour la première fois, -
6:01 - 6:04le travail que je faisais
pouvait avoir une vraie influence -
6:04 - 6:05sur la vie des gens à court terme.
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6:05 - 6:07Et ce qui m'a le plus marqué
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6:07 - 6:09quand nous sommes allés
dans la jungle amazonienne -
6:09 - 6:12pour tenter d'attraper des
chauves-souris vampires, -
6:12 - 6:15c'est qu'il suffisait d'aller
dans un village et de demander : -
6:15 - 6:18« Qui a été mordu par
une chauve-souris récemment ? » -
6:18 - 6:20Et les gens levaient la main
-
6:20 - 6:22parce que, dans ces villages,
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6:22 - 6:25les morsures de chauves-souris
sont quotidiennes, -
6:25 - 6:26ça arrive tous les jours.
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6:27 - 6:30Ensuite, nous nous rendions
à la bonne maison, -
6:30 - 6:31nous placions un filet,
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6:31 - 6:32pour revenir la nuit
-
6:32 - 6:36attendre les chauves-souris
en quête de sang humain pour se nourrir. -
6:37 - 6:43De voir un enfant avec une morsure
sur la tête ou du sang sur ses draps, -
6:43 - 6:45c'était plus qu'assez pour me motiver
-
6:45 - 6:47à dépasser chaque obstacle
logistique ou physique -
6:47 - 6:49que je pouvais rencontrer ce jour-là.
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6:51 - 6:53Comme nous travaillions toute la nuit,
-
6:53 - 6:57j'avais le temps de penser à comment
je pouvais résoudre ce problème -
6:57 - 7:00et deux questions primordiales
me sont apparues. -
7:00 - 7:04Premièrement, nous savons
que les gens sont mordus tout le temps, -
7:04 - 7:06mais qu'il n'y a d'épidémie de rage
à chaque fois – -
7:06 - 7:09tous les deux ans
ou tous les dix ans seulement -
7:09 - 7:10se produit une épidémie de rage.
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7:10 - 7:14Donc, si nous pouvions anticiper où et
quand aurait lieu la prochaine épidémie, -
7:14 - 7:16ce serait une véritable occasion
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7:16 - 7:18de pouvoir vacciner les gens
préventivement -
7:18 - 7:20avant qu'il n'y ait des morts.
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7:20 - 7:23Le revers de la médaille,
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7:23 - 7:26c'est que la vaccination est
un simple pansement. -
7:26 - 7:28C'est une stratégie
pour limiter les dégâts. -
7:28 - 7:31Évidemment elle sauve des vies,
c'est important et nécessaire -
7:31 - 7:33mais, au bout du compte,
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7:33 - 7:35quel que soit le nombre de vaches,
d'humains vaccinés, -
7:35 - 7:39il y aura toujours autant de cas de rage
chez les chauves-souris. -
7:39 - 7:42Le risque de morsure
n'aura pas changé du tout. -
7:42 - 7:43Deuxièmement :
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7:43 - 7:47« Peut-on stopper le virus à la source ? »
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7:47 - 7:51Si nous pouvions réduire les cas de rage
chez les chauves-souris, -
7:51 - 7:53cela changerait la donne.
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7:53 - 7:54Nous passerions
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7:54 - 7:57d'une stratégie de limitation des dégâts
à de la prévention. -
7:59 - 8:01Comment faire pour en arriver là ?
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8:01 - 8:03La première chose est de comprendre
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8:04 - 8:06le fonctionnement de ce virus
chez ses hôtes – -
8:06 - 8:07chez les chauves-souris.
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8:07 - 8:10C'est un défi de taille
pour n'importe quelle maladie, -
8:10 - 8:14surtout concernant des espèces isolées
comme les chauves-souris, -
8:14 - 8:16mais il faut bien commencer quelque part.
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8:16 - 8:19Nous avons donc étudié
des données historiques. -
8:20 - 8:23Où et quand ces épidémies
sont-elles apparues dans le passé ? -
8:23 - 8:26Nous avons découvert
que la rage est un virus -
8:26 - 8:27constamment en mouvement.
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8:28 - 8:29Il ne peut pas rester en place.
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8:29 - 8:32Le virus se diffuse dans une zone
pendant un an, voire deux, -
8:32 - 8:36mais à moins de trouver des chauves-souris
pour propager la maladie, -
8:36 - 8:37il est pratiquement voué à disparaître.
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8:38 - 8:43Nous avions donc résolu une partie
du problème de la transmission de la rage. -
8:44 - 8:46Nous faisions face à
un virus en mouvement, -
8:46 - 8:48mais on ne pouvait pas prédire
où il allait. -
8:49 - 8:53Ce que je voulais, c'était une sorte de
système type Google Maps disant : -
8:53 - 8:56« Quelle était la destination du virus ?
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8:56 - 8:58Quelle route va-t-il emprunter
pour y arriver ? -
8:58 - 9:00A quelle vitesse ? »
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9:01 - 9:05Pour ce faire, je me suis tourné
vers le génome de la rage. -
9:05 - 9:09Comme beaucoup d'autres virus,
la rage a un tout petit génome, -
9:09 - 9:11mais qui évolue très, très vite.
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9:12 - 9:16Tellement vite, que le temps que le virus
passe d'un endroit à un autre, -
9:16 - 9:19il aura eu le temps d'effectuer
plusieurs mutations. -
9:19 - 9:22Ce que nous devons faire,
c'est créer les liens -
9:22 - 9:24au sein du processus évolutif.
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9:24 - 9:27Ils nous diront par où le virus
est passé auparavant -
9:27 - 9:29et comment il s'est propagé.
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9:29 - 9:32Je suis donc allé récupérer
des cerveaux de vaches, -
9:32 - 9:34car c'est là qu'on trouve
le virus de la rage. -
9:35 - 9:40A partir des séquences de génomes prélevés
des virus de ces cerveaux de vaches, -
9:40 - 9:41j'ai pu estimer
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9:41 - 9:44que ce virus avançait
de 15 à 30 kilomètres par an. -
9:45 - 9:49Une fois que nous avons
la vitesse maximum du virus, -
9:49 - 9:53il nous manque une information clé,
à savoir sa destination. -
9:54 - 9:59Pour cela, il fallait que je me mette
dans la peau d'une chauve-souris, -
9:59 - 10:00car la rage est un virus –
-
10:00 - 10:02il ne se propage pas tout seul,
-
10:02 - 10:04il se déplace via son hôte :
la chauve-souris. -
10:04 - 10:08Je devais donc réfléchir à
la distance et à la fréquence de vol. -
10:08 - 10:11Je n'ai pas réussi à grand-chose
juste avec mon imagination, -
10:11 - 10:15ni avec les traceurs GPS digitaux
que nous avons mis sur les chauves-souris. -
10:15 - 10:17Nous n'arrivions pas à obtenir
cette information. -
10:17 - 10:20Nous avons donc étudié
l'accouplement des chauves-souris. -
10:20 - 10:22Nous avons identifié
certaines parties de leur génome -
10:22 - 10:26qui nous informaient que
des groupes de spécimens s'accouplaient -
10:26 - 10:27et d'autres étaient plus isolés.
-
10:27 - 10:32Et le virus suivait la piste tracée par
les génomes des chauves-souris. -
10:33 - 10:36Pourtant, l'une de ces pistes
s'est révélée un peu surprenante – -
10:36 - 10:37difficile à croire.
-
10:38 - 10:42Elle semblait passer
au-dessus des Andes péruviennes, -
10:42 - 10:44de l'Amazonie à la côte Pacifique,
-
10:44 - 10:47et c'était plutôt difficile à imaginer,
-
10:47 - 10:49car, comme je l'ai dit,
-
10:49 - 10:52les Andes sont très hautes,
environ 6 700 mètres d'altitude, -
10:52 - 10:55beaucoup trop haut
pour une chauve-souris vampire. -
10:56 - 10:57Mais –
-
10:57 - 10:58(Rires)
-
10:58 - 11:00en y regardant de plus près,
-
11:00 - 11:02nous avons trouvé au nord du Pérou,
-
11:02 - 11:05tout un réseau de vallées
qui ne sont pas trop hautes -
11:05 - 11:08pour que les chauves-souris
des deux régions s'accouplent. -
11:08 - 11:10En regardant encore de plus près –
-
11:10 - 11:13bien entendu, la rage
se propageait dans ces vallées, -
11:13 - 11:15en avançant d'environ 16 km par an.
-
11:15 - 11:18C'est exactement ce qu'avaient prédit
nos modèles évolutionnistes. -
11:19 - 11:20Ce que je n'ai pas dit
-
11:20 - 11:22et qui a son importance,
-
11:22 - 11:26c'est qu'il n'y avait jamais eu de rage
sur le versant ouest des Andes, -
11:26 - 11:29ou sur toute la côte Pacifique
de l'Amérique du Sud. -
11:29 - 11:33Nous sommes donc témoins en temps réel
d'une invasion historique -
11:33 - 11:36d'une grande partie de l'Amérique du Sud.
-
11:36 - 11:37La question qui se pose est :
-
11:37 - 11:39« Que pouvons-nous y faire ? »
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11:40 - 11:43La réponse évidente sur le court terme
est de dire aux gens : -
11:43 - 11:46« Vaccinez-vous, vaccinez vos animaux :
-
11:46 - 11:47la rage arrive. »
-
11:48 - 11:49Mais sur le long terme,
-
11:49 - 11:52ce serait encore plus efficace
d'utiliser cette information -
11:52 - 11:55pour arrêter complètement
l'arrivée du virus. -
11:56 - 11:59Bien sûr, impossible de dire
aux chauves-souris : « Ne volez pas ». -
11:59 - 12:03Mais nous pouvons peut-être éviter
que le virus voyage avec elles. -
12:04 - 12:07Et voici l'enseignement clé
que nous avons appris -
12:08 - 12:10de tous les plans de gestion
de la rage dans le monde, -
12:10 - 12:15que ce soit pour les chiens, les renards,
les mouffettes, les ratons-laveurs, -
12:15 - 12:18en Amérique du Nord,
en Afrique et en Europe. -
12:18 - 12:21La seule façon d'éradiquer la maladie
est de vacciner l'animal source. -
12:22 - 12:25Est-il possible de vacciner
des chauves-souris ? -
12:27 - 12:29On vaccine tout le temps
des chiens et des chats, -
12:29 - 12:32mais pas les chauves-souris.
-
12:33 - 12:35La question peut paraître folle,
-
12:35 - 12:40mais, bonne nouvelle, il existe déjà
des vaccins antirabiques comestibles -
12:40 - 12:42spécialement créés pour
les chauves-souris. -
12:42 - 12:44Et encore mieux,
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12:44 - 12:48ces vaccins peuvent se transmettre
entre chauves-souris. -
12:48 - 12:51Il faut juste en mettre sur l'une d'elles,
-
12:51 - 12:53et laisser le toilettage participatif
-
12:53 - 12:55faire le reste du travail à votre place.
-
12:55 - 12:57Ce qui veut dire, au moins,
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12:57 - 13:01qu'il n'y a pas besoin de vacciner des
millions de chauves-souris une par une, -
13:01 - 13:02avec de minuscules seringues.
-
13:02 - 13:04(Rires)
-
13:04 - 13:07Mais le fait d'avoir cet outil
ne présuppose pas de savoir s'en servir. -
13:07 - 13:10Il nous reste tout un tas de questions.
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13:10 - 13:12Combien de chauves-souris
faut-il vacciner ? -
13:12 - 13:14A quelle période de l'année
faut-il les vacciner ? -
13:14 - 13:17Combien de fois par an
faut-il les vacciner ? -
13:18 - 13:21Toutes ces questions sont fondamentales
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13:21 - 13:23pour déployer une campagne de vaccination,
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13:23 - 13:26mais on ne peut pas y répondre
depuis un laboratoire. -
13:26 - 13:29Au lieu de ça, nous utilisons
une méthode plus originale. -
13:29 - 13:33Nous utilisons de vraies chauves-souris
sauvages avec de faux vaccins. -
13:34 - 13:36Grâce à des gels luminescents comestibles
-
13:36 - 13:40et de la poudre UV fluorescente
qui se propage avec leurs interactions, -
13:40 - 13:43nous pouvons étudier les possibilités
de transmission d'un vaccin -
13:43 - 13:45dans ces colonies de chauves-souris.
-
13:46 - 13:48Nous sommes au tout début de notre étude,
-
13:48 - 13:51mais les résultats sont déjà
très encourageants. -
13:51 - 13:54Ils suggèrent que recourir
à des vaccins existants -
13:54 - 13:58pourrait réduire drastiquement
l'ampleur des épidémies de rage. -
13:59 - 14:01Et c'est important car, souvenez-vous,
-
14:01 - 14:04la rage est un virus
en mouvement constant. -
14:04 - 14:07En diminuant donc
la taille d'une épidémie, -
14:07 - 14:09nous réduisons aussi la probabilité
-
14:09 - 14:11que le virus contamine une autre colonie.
-
14:11 - 14:14Nous brisons un maillon
de la chaîne de transmission. -
14:14 - 14:16Chaque fois que nous le faisons,
-
14:16 - 14:19le virus se rapproche
de plus en plus de l'extinction. -
14:19 - 14:24Pour moi, l'idée d'un futur proche
-
14:24 - 14:27dans lequel la rage aurait été
totalement éradiquée, -
14:27 - 14:29est extrêmement
encourageante et palpitante. -
14:30 - 14:32Revenons à la question initiale.
-
14:32 - 14:34Pouvons-nous éviter les pandémies ?
-
14:34 - 14:38Eh bien, il n'y a pas de remède miracle,
-
14:38 - 14:42mais mes expériences sur la rage
me remplissent d'optimisme. -
14:42 - 14:44Je pense que nous sommes
proches d'un futur -
14:44 - 14:48où nous utiliserons le génome
pour prévoir les épidémies. -
14:48 - 14:50Nous aurons de nouvelles technologies,
-
14:50 - 14:53comme des vaccins comestibles
auto-transmissibles, -
14:53 - 14:56pour se débarrasser
de ces virus à la source -
14:56 - 14:58avant qu'ils ne contaminent des humains.
-
14:59 - 15:01Dans le combat contre les pandémies,
-
15:01 - 15:03le saint Graal n'est pas si loin.
-
15:04 - 15:05Et il me semble
-
15:05 - 15:07qu'une façon d'y parvenir
-
15:07 - 15:10est d'utiliser des problèmes
que nous avons déjà, -
15:10 - 15:11comme la rage –
-
15:11 - 15:14comme un astronaute utilise
un simulateur de vol, -
15:14 - 15:16pour voir ce qui fonctionne ou non ;
-
15:16 - 15:17et renforcer nos outils
-
15:17 - 15:19pour que, face à la taille des enjeux,
-
15:19 - 15:21nous ne volions pas à vue.
-
15:21 - 15:22Merci.
-
15:22 - 15:26(Applaudissements)
- Title:
- Ce que vacciner les chauves-souris vampires nous apprend sur les pandémies
- Speaker:
- Daniel Streicker
- Description:
-
Pouvons-nous anticiper la prochaine grande épidémie, ou arrêter un virus comme Ebola avant qu'il ne se propage ? Dans cette conférence sur la recherche scientifique de pointe, l'écologue Daniel Streicker nous emmène dans la forêt amazonienne, au Pérou, où il suit le déplacement des chauves-souris vampires afin de prévoir et d'empêcher les épidémies de rage. Avec l'étude de ces tendances pathologiques, Daniel Streicker nous montre comment arrêter à sa source la prochaine pandémie.
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 15:39
eric vautier edited French subtitles for What vaccinating vampire bats can teach us about pandemics | ||
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Jules Daunay accepted French subtitles for What vaccinating vampire bats can teach us about pandemics | ||
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