TED Global 2013 Found in Translation - Hetain

Durant la séance TED Found in Translation, suivant sa présentation, Hetain et un panel international de traducteurs de TED s'intéressent à l'influence des langues sur notre manière de nous comporter.

Bonjour à tous.

Bienvenue à l'Open Translation Lounge
de TEDGlobal 2013.

Les séances se déroulent toute la semaine,

où des intervenants de TED rencontreront
des traducteurs, ici en Écosse,

et d'autres nous rejoindront par Skype
de partout dans le monde.

Aujourd'hui nous accueillons Hetain Patel,
qui a fait une excellente présentation.

Si nous devions choisir
un intervenant parmi tous,

qui convienne parfaitement
à cet événement, c'est bien lui.

Parlant du langage et de l'identité

et de comment, entre autres,
le langage modèle l'identité.

La discussion promet d'être passionnante,

car beaucoup de traducteurs sont présents.

Nous avons avec nous,
Sebastian d'Espagne,

Palash du Bangladesh,

Keumseong de Corée,

et Katja d'Allemagne.

Et à distance via Skype,
sont avec nous : Lidia d'Espagne,

Jenny Chen de Taïwan,

Jenny Yang qui est à Chicago,

et Lazarus avec nous depuis la Grèce.

Bonjour à tous, comment allez-vous ?

Mon introduction portait sur le langage,

et l'importante part de notre identité
qui se développe autour de lui.

Et j'ai justement réalisé,
par rapport à la session de ce matin,

qui était entièrement en arabe,

que j'ai passé une bonne partie
de la semaine,

parmi les traducteurs,
utilisant tous leur seconde langue,

j'ai remarqué que les gens s'exprimant
dans leur langue maternelle

semblaient différents.

Leur langage corporel et leur personnalité
semblaient différents.

La question que je me pose est donc,
si vous parlez plusieurs langues,

avez-vous plusieurs personnalités,
étant donné la nature de votre travail ?

Je suis juste curieux.

Hetain : Peut-être est-ce le cas.

Les théoriciens du langage tendent à dire
qu'on pense dans notre langue maternelle,

et que notre compréhension du monde
et de toute langue que l'on apprend,

se fait au travers de ces sortes
de codes, de constructions,

et de règles, de notre langue maternelle.

Mais j'imagine que dès l'enfance,
les personnes bilingues et polyglottes

se posent la question de savoir
laquelle de ces langues

modèlera leur façon de penser.

Par exemple, ma langue maternelle
est l'indien Gujarati,

mais j'ai l'impression que l'anglais
est ma langue maternelle,

car à un certain moment,
leur ordre s'est inversé.

Si je devais décrire en quelle langue
je réfléchis, je répondrais en anglais,

mais ce n'est peut-être même pas
en anglais, ni en indien, ou en gujarati,

mais un mélange entre les trois,
ou quelque chose d'autre.

En ce qui concerne, réfléchir autrement
et avoir plusieurs personnalités,

comme vous le demandiez,

je pense qu'on se sent
évidemment différent

lorsqu'on s'exprime dans une autre langue.

Je parle un peu français,

et quand je parle français,

je trouve que le langage
de mon corps est différemment.

Comme vous l'avez décrit,
c'est presque de l'imitation,

comme si je me rappelais
les Français avec qui j'ai échangé.

Vous savez, ma femme est française.

Et dans leur manière de s'exprimer,
tout rentre en jeu.

Mais, peu importe que ce soit
une langue étrangère ou non,

les sujets variés que vous discutez,
ou même avec qui vous le faites,

tous ces facteurs ont une influence
sur votre langage corporel

et sur ce que communiquent
vos gestes et vos mots.

En passant, Keumseong, pensez-vous
avoir plusieurs personnalités ?

Est-ce que votre personnalité
anglaise diffère des autres ?

Keumseong : Eh bien,
oui cela fait une différence,

mais ma situation est légèrement
éloignée des exemples d'Hetain,

de ce qu'il a dit,

parce que parfois je m'embrouille
entre mes deux langues.

Je parle coréen et un peu d'anglais.

Dans mon pays, s'exprimer
en utilisant des gestes

n'est pas pris au sérieux
lors d'une conversation.

Nous, on va plutôt s'exprimer,

en se redressant,

et en parlant lentement sans bouger
les mains, ni quoi que ce soit.

Comme je parle anglais, je comprends
et agis de la même manière que vous.

Et donc il est difficile de comprendre
le lien entre ces deux langues.

Très bien. Revenons à Skype.

Jenny Yang, qui êtes-vous lorsque
vous parlez en anglais et en chinois ?

(Elle rigole)

J'ai parlé avec Crystal à ce propos.

[Inaudible]

Elle m'a dit que lorsqu'elle
va sur la côté Ouest,

les gens pensent
qu'elle vient de New-York.

Et quand elle est à New-York,
ils pensent qu'elle est de la côte Ouest.

Donc, je vis à Chicago
et je viens de Shanghai,

je parle anglais quotidiennement,
dans le cadre de mon travail.

Quand je parle avec des anglophones,

je ne me sens pas
particulièrement différente.

Je me sens bien intégrée
parmi mes collègues.

Cela dit, une chose intéressante
se produit lorsque je rentre en Chine.

Si je parle anglais à Shanghai,
je me sens totalement différente.

Et les gens trouvent que je m'exprime
comme si je venais d'un autre pays.

Ok Hetain, pour en revenir à toi,
tu travailles beaucoup sur l'humour.

Il se perd souvent quand on passe
d'une langue à l'autre.

Lorsqu'on parle dans une langue étrangère,

essayer d'être drôle dans cette langue

est parfois bien plus difficile
que l'être dans sa propre langue.

Peux-tu nous en parler ?

Hetain : Oui, j'imagine.

Dans mes travaux, j'aime utiliser
l'humour car j'aborde beaucoup l'identité,

qui peut parfois être
un sujet tellement sérieux.

J'essaye de créer un lien avec le public
ou la personne à qui je m'adresse.

L'humour semble être une bonne méthode
pour accrocher l'attention de quelqu'un.

J'imagine que je suis influencé
par le type d'humour que j'utilise,

qui est très basé sur l'humour anglais,
des comédies que j'apprécie.

Donc naturellement, c'est aussi
le style que j'utilise dans mon travail.

La question était plus de savoir
si ça marcherait en dehors du Royaume-Uni.

J'étais inquiet à l'idée de venir à TED,
devant une assistance si internationale,

et de voir si ça passerait ou non.

Recevoir une réponse si positive
était quelque peu inattendu.

Et je pense qu'une partie de ça...

En fait, je serais intéressé d'entendre
ce que pensent les autres sur le sujet,

mais il y a tant de choses rentrant en jeu
dans la communication que juste des mots.

Ça ne s'applique pas qu'aux idées,

mais aussi à ce qui touche l'humour,
la chaleur humaine, le type de relation,

le langage corporel dont nous avons parlé,
l'expression du visage, le ton de voix.

Merveilleux.

La session va bientôt commencer,

donc nous allons conclure rapidement.

Juste une autre réponse.

J'espérais que Katja puisse
nous donner son avis.

Comment traduire l'humour ?

Katja : Pour nous c'est assez drôle,
car on parle trois langues à la maison.

Je suis allemande, mon mari est turc,
mes enfants vont à l'école internationale.

Ils parlent anglais.

Donc parfois, on rencontre
des situations assez amusantes

où on change de langue tout en parlant.

Je pense que quelqu'un
qui n'est pas dans notre cas

ne comprendrait pas les blagues cachées.

Donc nous profitons vraiment
de cette expérience multilingue.

Et parfois, nous en rions beaucoup.

Donc, pas de blague du style :
« Toc Toc, qui est là ? ».

Très bien, il faut conclure.

Merci à tous d'être venus,

et vous êtes tous invités à la session
suivante et à celle de demain matin.

Merci beaucoup, à bientôt.