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Des photos époustouflantes des Everglades, une nature menacée

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    J'ai eu l'immense privilège
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    de voyager dans
    des endroits incroyables,
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    de photographier des paysages
    distants et des cultures isolées
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    dans le monde entier.
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    J'adore mon travail.
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    Les gens pensent que mon travail
    est une série d'épiphanies,
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    de levers de soleil et d'arcs-en-ciel,
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    alors qu'en réalité, ça ressemble plutôt
    à quelque chose comme ça.
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    (Rires)
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    Voici mon bureau.
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    Passer la nuit dans des endroits
    chics est trop cher,
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    alors nous dormons souvent dehors.
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    Tant que nous restons au sec,
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    c'est un bonus.
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    Les beaux restaurants
    sont aussi trop chers pour nous.
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    Alors nous mangeons tout
    ce qui est sur le menu local.
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    Et si vous êtes
    dans le Páramo équatorien,
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    vous mangerez un gros rongeur
    appelé cochon d'Inde.
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    (Rires)
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    Ce qui rend nos expériences
    peut-être un peu différentes
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    et un peu plus uniques
    de celles d'une personne lambda,
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    c'est que nous avons
    cette chose en tête qui nous démange.
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    Même dans nos moments les plus durs
    et dans les moments de désespoir,
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    nous pensons :
    « Il y a peut-être une photo à faire ici,
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    il y a peut-être
    une histoire à raconter. »
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    Pourquoi les histoires
    sont-elles importantes ?
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    Elles nous aident à nous rapprocher
    de notre patrimoine culturel et naturel.
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    Et dans le sud-est,
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    il y a un décalage
    alarmant entre le public
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    et les régions naturelles qui nous
    permettent d'être là en premier lieu.
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    Nous sommes des créatures visuelles,
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    alors nous utilisons ce que nous voyons
    pour apprendre ce que nous savons.
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    La majorité d'entre nous
    ne va pas aller d'elle-même
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    s'enfoncer dans un marais.
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    Alors comment pouvons-nous
    attendre de ces mêmes personnes
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    qu'elles militent pour leur protection ?
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    Nous ne pouvons pas faire ça.
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    Mon travail est donc d'utiliser la photo
    comme outil de communication,
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    pour aider à combler le fossé
    entre la science et l'esthétique,
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    pour faire parler les gens,
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    pour les faire penser,
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    et enfin pour, je l'espère,
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    qu'ils se sentent concernés.
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    J'ai commencé à faire ça il y a 15 ans
    ici-même à Gainesville,
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    ici-même dans mon jardin.
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    Je suis tombé amoureux
    de l'aventure et de la découverte,
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    l'exploration de tous ces endroits
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    à quelques minutes
    de chez moi.
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    Il y a beaucoup d'endroits
    magnifiques à trouver.
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    Malgré toutes ces années,
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    je vois toujours le monde
    avec un regard d'enfant,
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    et j'essaie d'incorporer
    ce sens de l'émerveillement
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    et ce sens de la curiosité
    dans mes photographies
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    aussi souvent que possible.
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    Nous sommes chanceux
    parce qu'ici, dans le sud,
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    nous avons encore la chance
    d'avoir une toile relativement vierge,
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    que nous pouvons remplir
    des aventures les plus fantaisistes
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    et des expériences les plus incroyables.
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    La seule question est où
    notre imagination nous conduira.
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    Beaucoup de gens
    regardent ça et disent :
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    « Oh oui, d'accord, c'est un bel arbre. »
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    Je ne vois pas qu'un arbre.
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    Je le regarde et je vois une opportunité.
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    Je vois un weekend entier.
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    Parce que quand j'étais enfant,
    c'était ce genre d'images
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    qui me sortaient du canapé
    et me défiaient d'explorer,
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    me défiaient de trouver les bois,
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    de mettre ma tête sous l'eau
    et de regarder ce qu'il y avait.
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    Et mes amis, j'ai fait des photos
    tout autour du monde
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    et je vous promets,
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    ce que nous avons ici dans le sud,
    dans le Sunshine State,
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    défie tout ce que j'ai pu voir.
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    Pourtant, notre industrie touristique
    ne met en avant que les mauvais aspects.
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    À l'age de 12 ans, la plupart des enfants
    ont été plus de fois à Disney World
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    qu'ils ne sont montés dans un canoé
    ou qu'ils n'ont campé sous un ciel étoilé.
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    Je n'ai rien contre Disney ou Mickey ;
    j'y allais moi aussi.
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    Mais ils ratent
    ces relations fondamentales
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    qui créent un vrai sentiment
    de fierté et de possession
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    envers l'endroit qu'ils considèrent
    comme leur maison.
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    Cette situation est amplifiée
    par ce problème :
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    les paysages qui définissent
    notre patrimoine naturel
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    et alimentent notre aquifère
    pour notre eau potable
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    sont jugés effrayants,
    dangereux et lugubres.
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    Lorsque nos ancêtres sont arrivés ici,
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    ils ont dit : « Éloignez-vous
    de ces endroits, ils sont hantés.
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    Ils sont pleins de mauvais esprits
    et de fantômes. »
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    Je ne sais pas comment
    ils en sont arrivés à cette idée.
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    Mais ça a mené
    à un décalage très réel,
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    à une mentalité très négative
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    qui a gardé le public
    désintéressé, silencieux,
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    et en fin de compte,
    notre environnement est en danger.
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    Notre État est entouré
    et défini par l'eau.
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    Pourtant, depuis des siècles,
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    les marais et milieux humides
    sont considérés
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    comme des obstacles à surmonter.
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    Nous les avons traités comme
    des écosystèmes de seconde classe,
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    parce qu'ils ont très peu
    de valeur monétaire,
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    et bien sûr, ils sont connus pour abriter
    des alligators et des serpents —
  • 4:32 - 4:36
    qui, je l'admets, ne sont pas
    les ambassadeurs les plus câlins.
  • 4:36 - 4:37
    (Rires)
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    On a donc assumé qu'un bon marais
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    était un marais asséché.
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    Assécher un marais pour faire de la place
    à l'agriculture et au développement
  • 4:46 - 4:50
    était considéré comme l'essence même
    de la conservation il n'y a pas longtemps.
  • 4:50 - 4:52
    Mais nous faisons marche arrière,
  • 4:52 - 4:55
    parce que plus nous en apprenons
    sur ces paysages détrempés,
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    plus nous commençons à en découvrir
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    sur les relations entre espèces
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    la connectivité des habitats, des bassins
    hydrologiques et des voies de migration.
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    Prenez cet oiseau par exemple :
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    c'est la Paruline orangée.
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    J'aime cet oiseau parce qu'il est
    en tous points un oiseau des marais.
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    Ils font leurs nids, s'accouplent
    et se reproduisent dans ces vieux marais,
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    dans ces forêts inondées.
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    Après avoir élevé leur progéniture,
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    ils parcourent des milliers de kilomètres
    au-dessus du golfe du Mexique,
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    jusqu'en Amérique Centrale
    et Amérique du Sud.
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    Et après l'hiver, le printemps redémarre
    et ils reviennent.
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    Ils survolent pendant des milliers
    de kilomètres le golfe du Mexique.
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    Et où vont-ils ? Où atterrissent-ils ?
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    Directement dans le même arbre.
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    C'est dingue.
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    Cet oiseau fait la taille
    d'une balle de tennis —
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    je veux dire, c'est fou !
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    J'ai utilisé un GPS
    pour venir ici aujourd'hui,
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    et c'est ma ville natale.
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    (Rires)
  • 5:51 - 5:52
    C'est dingue.
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    Que se passe-t-il donc quand cet oiseau
    survole le golfe du Mexique
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    vers l'Amérique Centrale pour l'hiver,
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    puis le printemps revient,
    il fait le chemin inverse,
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    et il revient vers ça :
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    un terrain de golf fraîchement tondu ?
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    C'est un récit au dénouement
    bien trop commun
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    ici, dans cet État.
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    Ce processus naturel existe
    depuis des milliers d'années
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    et nous venons tout juste de le découvrir.
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    Vous imaginez tout ce que nous avons
    à apprendre de ces paysages
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    si nous les préservons d'abord.
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    Malgré la richesse de tout cette vie
    qui abonde dans ces marais,
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    ils ont toujours une mauvaise réputation.
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    Beaucoup de gens ne sont
    pas à l'aise à l'idée de barboter
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    dans les eaux noires de la Floride.
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    Je peux le comprendre.
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    Mais ce que j'ai aimé en grandissant
    dans le Sunshine State,
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    c'est que beaucoup d'entre nous vivons
    avec cette peur latente mais très palpable
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    que lorsque nous trempons
    nos orteils dans l'eau,
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    il pourrait y avoir quelque
    chose de bien plus ancien
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    et de bien plus adapté que nous.
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    Savoir que nous ne sommes
    pas les meilleurs
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    est une gêne bienvenue, je trouve.
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    Combien de fois, dans cet âge
    moderne, urbain et digital,
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    avons-nous la chance
    de nous sentir vulnérables,
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    ou de considérer que le monde n'aurait
    pas été fait seulement pour nous ?
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    Ces dix dernières années,
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    j'ai commencé à chercher ces endroits
    où le béton cède face à la forêt,
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    où les pins se transforment en cyprès,
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    et j'ai vu tous ces moustiques
    et ces reptiles,
  • 7:18 - 7:20
    tous ces désagréments,
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    comme des affirmations
    que j'avais trouvé la vraie vie sauvage,
  • 7:23 - 7:26
    et je les ai entièrement acceptées.
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    En tant que photographe de
    conservation obsédé par l'eau noire,
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    il est logique qu'au bout du compte,
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    je finisse dans le marais
    le plus célèbre de tous :
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    les Everglades.
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    En grandissant ici,
    j'ai été bercé par ces noms enchanteurs,
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    des endroits comme Loxahatchee
    et Fakahatchee,
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    Corkscrew, Big Cypress.
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    J'ai commencé ce qui est devenu
    un projet sur cinq ans
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    dans l'espoir de présenter
    les Everglades sous un nouveau jour,
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    sous un jour plus inspirant.
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    Je savais que ce serait un défi.
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    Il y a un endroit qui fait près du tiers
    de l'État de la Floride, c'est immense.
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    Lorsque je dis Everglades,
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    la plupart des gens disent :
    « Oh, le parc national. »
  • 8:04 - 8:09
    Les Everglades ne sont pas qu'un parc ;
    c'est un bassin hydrologique entier,
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    qui commence avec la chaîne
    de lacs de Kissimmee au nord,
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    puis lorsque la pluie tombe en été,
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    ces averses tombent
    dans le lac Okeechobee,
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    puis le lac Okeechobee se remplit,
    il inonde ses berges,
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    et il se répand vers le sud, doucement,
    avec la topographie,
  • 8:23 - 8:26
    atterrit dans la rivière d'herbe,
    les Sawgrass Prairies,
  • 8:26 - 8:28
    avant de se mêler
    aux innombrables cyprès,
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    avant de descendre plus au sud
    dans les mangroves,
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    puis finalement — finalement —
    atteindre la baie de Floride,
  • 8:35 - 8:36
    le joyau d'émeraude des Everglades,
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    le grand estuaire,
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    l'estuaire de 1360 km².
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    Alors bien sûr, le parc national
    est l'extrémité sud de ce système,
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    mais ce qui le rend unique
    sont ces apports,
  • 8:48 - 8:51
    l'eau douce qui commence
    à 160 km au nord.
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    Aucune de ces frontières
    politiques ou invisibles
  • 8:54 - 8:59
    ne protège le parc des eaux polluées
    ou du manque d'eau.
  • 8:59 - 9:02
    Et malheureusement,
    c'est précisément ce que nous avons fait.
  • 9:03 - 9:04
    Ces soixante dernières années,
  • 9:04 - 9:08
    nous avons drainé, endigué
    et dragué les Everglades
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    à un tel point que maintenant, seulement
    un tiers de l'eau qui atteignait la baie
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    l'atteint aujourd'hui.
  • 9:15 - 9:18
    Cette histoire n'est pas toute rose,
    malheureusement.
  • 9:19 - 9:21
    Pour le meilleur ou pour le pire,
  • 9:21 - 9:24
    l'histoire des Everglades
    est intrinsèquement liée
  • 9:24 - 9:27
    aux hauts et aux bas
    de la relation de l'humanité
  • 9:27 - 9:29
    avec le monde naturel.
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    Je vais vous montrer
    ces belles images,
  • 9:31 - 9:33
    parce que ça va vous motiver.
  • 9:33 - 9:36
    Pendant que j'ai votre attention,
    je peux vous raconter la vraie histoire.
  • 9:36 - 9:38
    C'est que nous prenons ça,
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    et nous l'échangeons pour ça,
  • 9:41 - 9:43
    à une vitesse alarmante.
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    Tellement de gens ne réalisent pas
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    l'échelle même de ce dont nous parlons.
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    Les Everglades ne sont pas seulement
    responsables de l'eau potable
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    de 7 millions de Floridiens ;
  • 9:53 - 9:56
    aujourd'hui, elles fournissent
    aussi les champs agricoles
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    pour les tomates
    et les oranges toute l'année,
  • 9:58 - 10:01
    pour plus de 300 millions d'Américains.
  • 10:02 - 10:06
    Et c'est cette même cadence
    saisonnière d'eau en été
  • 10:06 - 10:10
    qui a construit la rivière
    d'herbe il y a 6000 ans.
  • 10:10 - 10:13
    De façon ironique,
    elles sont aussi responsables
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    de plus d'un demi-million d'hectares
    de la rivière sans fin de cannes à sucre.
  • 10:18 - 10:20
    Ce sont les mêmes cultures responsables
  • 10:20 - 10:24
    du déversement excessif d'engrais
    dans le bassin hydrologique,
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    ce qui a à jamais changé le système.
  • 10:27 - 10:30
    Pour que vous compreniez
    le fonctionnement de ce système
  • 10:30 - 10:32
    mais que vous vous sentiez
    également concernés,
  • 10:32 - 10:35
    j'ai décidé de découper l'histoire
    en plusieurs parties.
  • 10:35 - 10:38
    Je voulais que cette histoire
    commence au lac Okeechobee,
  • 10:38 - 10:41
    le cœur du système des Everglades.
  • 10:41 - 10:43
    Pour ce faire, j'ai choisi un ambassadeur,
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    une espèce iconique.
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    C'est le milan des marais.
  • 10:48 - 10:49
    C'est un bel oiseau,
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    et ils étaient des milliers
    à faire leur nid
  • 10:51 - 10:53
    dans les Everglades du nord.
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    Ils sont descendus
    à environ 400 couples aujourd'hui.
  • 10:56 - 10:58
    Et pourquoi ça ?
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    C'est parce qu'ils ne se nourrissent
    que des escargots Ampullariidae,
  • 11:01 - 11:04
    un gastéropode aquatique
    de la taille d'une balle de ping-pong.
  • 11:04 - 11:07
    Alors que nous avons commencé
    à construire des barrages,
  • 11:07 - 11:11
    à endiguer le lac Okeechobee
    et à assécher les marais,
  • 11:11 - 11:13
    nous avons perdu l'habitat de l'escargot.
  • 11:13 - 11:16
    La population de milans a donc décliné.
  • 11:16 - 11:20
    Je voulais une photo
    qui communiquerait le rapport
  • 11:20 - 11:23
    entre le marais, l'escargot et l'oiseau,
  • 11:23 - 11:25
    mais je voulais aussi
    une photo qui communiquerait
  • 11:25 - 11:28
    à quel point ce rapport était incroyable,
  • 11:28 - 11:32
    et à quel point c'est important qu'ils en
    soient venus à dépendre l'un de l'autre,
  • 11:32 - 11:34
    ce riche marais et cet oiseau.
  • 11:34 - 11:36
    J'ai donc planché sur cette idée.
  • 11:36 - 11:39
    J'ai commencé à dessiner
    ces plans pour faire une photo,
  • 11:39 - 11:42
    et je les ai envoyés au biologiste
    de la faune d'Okeechobee —
  • 11:42 - 11:45
    c'est un oiseau menacé,
    donc il faut une permission spéciale.
  • 11:45 - 11:47
    J'ai construit cette plateforme
  • 11:47 - 11:50
    qui maintiendrait les escargots
    à la surface de l'eau.
  • 11:50 - 11:54
    J'ai passé des mois
    à planifier cette idée folle.
  • 11:54 - 11:57
    J'ai amené cette plateforme
    au lac Okeechobee
  • 11:57 - 11:59
    et j'ai passé plus
    d'une semaine à patauger,
  • 11:59 - 12:03
    de l'eau jusqu'à la taille, neuf heures
    par jour, de l'aube au crépuscule,
  • 12:03 - 12:06
    pour prendre la photo qui pourrait
    communiquer cette impression.
  • 12:06 - 12:08
    Voici le jour où ça a enfin fonctionné :
  • 12:08 - 12:11
    [Vidéo : (Narration : Mac Stone)
    Après l'installation,
  • 12:11 - 12:14
    je vois un milan voler
    au-dessus des quenouilles.
  • 12:14 - 12:16
    Je le vois scruter et chercher.
  • 12:16 - 12:17
    Il vole au-dessus du piège,
  • 12:17 - 12:19
    et je vois qu'il l'a vu.
  • 12:19 - 12:22
    Et il se précipite
    tout droit vers le piège.
  • 12:22 - 12:25
    À cet instant, tous ces mois
    de planification, d'attente,
  • 12:25 - 12:27
    les coups de soleils,
    les piqûres de moustiques —
  • 12:27 - 12:29
    tout d'un coup, tout en valait la peine.
  • 12:29 - 12:34
    (Mac Stone dans le film)
    Oh mon Dieu, je n'y crois pas ! ]
  • 12:34 - 12:36
    Vous imaginez mon degré
    d'excitation à cet instant.
  • 12:36 - 12:40
    Mais l'idée était que pour quelqu'un
    qui n'a jamais vu l'oiseau
  • 12:40 - 12:42
    et qui n'a aucune raison
    de s'en soucier,
  • 12:42 - 12:45
    ces photos, ces nouvelles perspectives
  • 12:45 - 12:48
    vont aider à apporter un nouvel
    éclairage sur une seule espèce
  • 12:48 - 12:52
    qui rend ce marais si incroyable,
    si précieux, si important.
  • 12:53 - 12:56
    Je sais bien que je ne peux
    pas venir ici à Gainesville
  • 12:56 - 12:58
    et vous parler des animaux des Everglades
  • 12:58 - 13:00
    sans parler des alligators.
  • 13:00 - 13:02
    Depuis tout petit, j'adore les alligators.
  • 13:02 - 13:06
    Mes parents disaient que ma relation
    avec les alligators était malsaine.
  • 13:06 - 13:07
    Ce que j'aime chez eux,
  • 13:07 - 13:10
    c'est qu'ils sont l'équivalent
    d'eau douce des requins.
  • 13:10 - 13:12
    Ils sont craints, ils sont haïs,
  • 13:12 - 13:14
    et ils sont tragiquement incompris.
  • 13:14 - 13:18
    Parce qu'ils sont une espèce unique,
    pas seulement le prédateur ultime.
  • 13:18 - 13:19
    Dans les Everglades,
  • 13:19 - 13:22
    ils sont les architectes
    même des Everglades.
  • 13:22 - 13:24
    Quand le niveau de l'eau
    baisse en hiver
  • 13:24 - 13:25
    durant la saison sèche,
  • 13:25 - 13:28
    ils commencent à creuser ces trous
    appellés trous d'alligators,
  • 13:28 - 13:31
    pour que quand le niveau
    de l'eau baisse,
  • 13:31 - 13:34
    ils puissent rester
    dans l'eau et fourrager.
  • 13:35 - 13:37
    Ça ne les affecte pas qu'eux,
  • 13:37 - 13:39
    d'autres animaux dépendent
    aussi de ce rapport,
  • 13:39 - 13:42
    ainsi ils deviennent
    aussi une espèce clé.
  • 13:43 - 13:47
    Comment fait-on en sorte qu'un prédateur
    ultime, un reptile ancien,
  • 13:47 - 13:49
    ait tout à la fois l'air
    de dominer le système,
  • 13:49 - 13:52
    et en même temps,
    ait l'air vulnérable ?
  • 13:53 - 13:57
    Eh bien, vous avancez dans une fosse
    d'environ 120 d'entre eux,
  • 13:57 - 13:59
    puis vous espérez
    avoir pris la bonne décision.
  • 13:59 - 14:01
    (Rires)
  • 14:02 - 14:04
    J'ai encore tous mes doigts, c'est cool.
  • 14:04 - 14:08
    Mais je comprends, je sais que je ne vais
    pas rallier les troupes
  • 14:08 - 14:11
    pour « sauvez les Everglades
    pour les alligators ! »
  • 14:11 - 14:13
    Ça n'arrivera pas
    parce qu'ils sont omniprésents,
  • 14:13 - 14:14
    on les voit maintenant,
  • 14:14 - 14:18
    ils sont l'une des plus grandes réussites
    de la conservation aux USA.
  • 14:18 - 14:20
    Mais, et peu importe
    qui vous soyez, il y a une espèce
  • 14:20 - 14:24
    que l'on ne peut s'empêcher d'aimer,
    et c'est la spatule rosée.
  • 14:24 - 14:28
    Ces oiseaux sont géniaux, mais ils ont
    traversé des périodes très difficiles.
  • 14:28 - 14:31
    Au départ, ils étaient des milliers
    de couples dans la baie de Floride,
  • 14:31 - 14:34
    et au début du 20e siècle,
  • 14:34 - 14:37
    ils étaient descendus à deux —
    deux nids.
  • 14:37 - 14:39
    Et pourquoi ?
  • 14:39 - 14:42
    Parce que les femmes les trouvaient
    plus jolis sur leurs chapeaux
  • 14:42 - 14:44
    qu'à voler dans le ciel.
  • 14:44 - 14:47
    Puis nous avons banni
    le commerce des plumes,
  • 14:47 - 14:49
    et leur nombre a commencé à se rétablir.
  • 14:49 - 14:51
    Tandis que leur nombre se rétablissait,
  • 14:51 - 14:54
    les scientifiques ont fait attention,
    ils ont commencé à étudier ces oiseaux.
  • 14:54 - 14:56
    Voici ce qu'ils ont trouvé :
  • 14:56 - 14:58
    le comportement de ces oiseaux
    est intrinsèquement lié
  • 14:58 - 15:01
    au cycle annuel de retrait de l'eau
    dans les Everglades,
  • 15:01 - 15:04
    la chose qui définit
    le marais des Everglades.
  • 15:04 - 15:06
    Ils ont découvert
  • 15:06 - 15:09
    que ces animaux faisaient leur nid
    en hiver à la descente des eaux,
  • 15:09 - 15:13
    parce que ce sont des mangeurs tactiles —
    ils doivent toucher ce qu'ils mangent.
  • 15:13 - 15:16
    Alors ils attendent ces groupements
    concentrés de poissons
  • 15:16 - 15:18
    pour s'approvisionner
    pour nourrir leurs petits.
  • 15:19 - 15:22
    Ces oiseaux devinrent
    l'icône même des Everglades —
  • 15:22 - 15:25
    une espèce indicatrice
    de la santé globale du système.
  • 15:25 - 15:29
    Alors même que leur nombre
    croissait au milieu du 20e siècle —
  • 15:29 - 15:33
    montant jusqu'à 900, 1000, 1100, 1200 —
  • 15:33 - 15:37
    à ce même moment, on a commencé
    à assécher le sud des Everglades.
  • 15:37 - 15:41
    Nous avons empêché les deux-tiers
    de cette eau de descendre vers le sud.
  • 15:41 - 15:43
    Les conséquences ont été drastiques.
  • 15:43 - 15:46
    Alors que ces nombres
    avaient commencé à atteindre leur pic,
  • 15:46 - 15:49
    malheureusement, aujourd'hui,
    la vraie histoire de la spatule,
  • 15:49 - 15:54
    la photo qui montre la réalité ressemble
    plutôt à quelque chose comme ça.
  • 15:55 - 16:00
    Nous sommes à moins de 70 couples
    dans la baie de Floride aujourd'hui,
  • 16:00 - 16:02
    parce que nous avons
    tant perturbé le système.
  • 16:02 - 16:05
    Toutes ces différentes
    associations s'écrient :
  • 16:05 - 16:08
    « Les Everglades sont fragiles !
    Elles sont fragiles ! »
  • 16:08 - 16:09
    Elles ne le sont pas.
  • 16:09 - 16:10
    Elles sont résistantes.
  • 16:10 - 16:14
    Parce qu'en dépit de tout
    ce que nous avons pris, fait et asséché,
  • 16:14 - 16:16
    et endigué, et dragué,
  • 16:16 - 16:19
    des bouts du marais sont toujours là,
    attendant d'être rassemblés.
  • 16:19 - 16:21
    C'est ce que j'ai aimé en Floride du Sud.
  • 16:21 - 16:25
    Dans un endroit, la force impérieuse
    de l'humanité
  • 16:25 - 16:28
    rencontre l'objet immobile
    de la nature tropicale.
  • 16:29 - 16:33
    C'est à cette nouvelle frontière
    que nous sommes forcés de réévaluer.
  • 16:33 - 16:35
    Que vaut la nature ?
  • 16:35 - 16:38
    Quelle est la valeur de la biodiversité
    ou de notre eau potable ?
  • 16:39 - 16:42
    Heureusement, après des décennies
    de discussions,
  • 16:42 - 16:45
    nous commençons enfin
    à agir face à ces questions.
  • 16:45 - 16:47
    Nous entreprenons lentement ces projets
  • 16:47 - 16:50
    pour ramener plus
    d'eau douce dans la baie.
  • 16:50 - 16:53
    Mais c'est à nous, en tant que citoyens,
    résidents, gardiens,
  • 16:53 - 16:56
    de rappeler nos représentants
    élus à leurs promesses.
  • 16:57 - 16:59
    Que pouvez-vous faire pour aider ?
  • 16:59 - 17:00
    C'est si facile.
  • 17:00 - 17:02
    Allez dehors, sortez d'ici.
  • 17:02 - 17:04
    Emmenez vos amis, vos enfants,
  • 17:04 - 17:06
    emmenez votre famille.
  • 17:06 - 17:08
    Prenez un guide de pêche.
  • 17:08 - 17:10
    Montrez à l'État que protéger la nature
  • 17:10 - 17:14
    a du sens d'un point de vue écologique,
    mais aussi d'un point de vue économique.
  • 17:14 - 17:18
    C'est très amusant, allez-y —
    mettez vos pieds dans l'eau.
  • 17:18 - 17:20
    Le marais va vous changer, je le promets.
  • 17:21 - 17:23
    Au fil des années,
    nous avons été si généreux
  • 17:23 - 17:26
    avec ces autres paysages dans notre pays,
  • 17:26 - 17:29
    les revêtant de la fierté américaine,
  • 17:29 - 17:32
    des endroits qui selon nous
    nous définissent :
  • 17:32 - 17:35
    le Grand Canyon, Yosemite, Yellowstone.
  • 17:35 - 17:37
    Nous utilisons ces parcs
    et ces zones naturelles
  • 17:37 - 17:40
    comme signaux
    et comme repères culturels.
  • 17:41 - 17:43
    Malheureusement,
    les Everglades sont très souvent
  • 17:43 - 17:45
    écartées de cette conversation.
  • 17:46 - 17:48
    Elles sont tout aussi iconiques
    et emblématiques
  • 17:48 - 17:50
    de qui nous sommes en tant que pays
  • 17:50 - 17:53
    que n'importe lesquels
    de ces autres espaces naturels.
  • 17:53 - 17:55
    C'est juste un différent type de nature.
  • 17:56 - 17:57
    Mais j'ai de l'espoir.
  • 17:57 - 18:00
    Il semblerait que nous ayons
    enfin franchi une étape,
  • 18:00 - 18:03
    parce que ce qui était jadis
    considéré comme un marais,
  • 18:03 - 18:05
    est aujourd'hui un site
    du patrimoine mondial.
  • 18:05 - 18:08
    C'est un marais
    d'importance internationale.
  • 18:09 - 18:12
    Nous revenons de loin,
    depuis ces 60 dernières années.
  • 18:12 - 18:16
    C'est le plus ambitieux projet
    de restauration des marais
  • 18:16 - 18:20
    et le projecteur international est braqué
    sur nous, dans le Sunshine State.
  • 18:20 - 18:22
    Si nous pouvons guérir ce système,
  • 18:22 - 18:26
    il deviendra une icône
    pour la restauration des marais
  • 18:26 - 18:27
    tout autour du monde.
  • 18:28 - 18:33
    C'est à nous de décider à quel héritage
    nous voulons associer notre drapeau.
  • 18:34 - 18:37
    On dit que les Everglades
    sont notre test le plus important.
  • 18:38 - 18:41
    Si nous le réussissons,
    nous pouvons garder la planète.
  • 18:42 - 18:43
    J'adore cette citation,
  • 18:43 - 18:45
    parce que c'est un défi,
    c'est une incitation.
  • 18:45 - 18:47
    Pouvons-nous
    et allons-nous le faire ?
  • 18:47 - 18:49
    Il le faut.
  • 18:50 - 18:52
    Mais les Everglades
    ne sont pas qu'un test.
  • 18:52 - 18:54
    Elles sont aussi un cadeau,
  • 18:54 - 18:56
    et au bout du compte,
    notre responsabilité.
  • 18:57 - 18:58
    Merci.
  • 18:58 - 19:02
    (Applaudissements)
Title:
Des photos époustouflantes des Everglades, une nature menacée
Speaker:
Mac Stone
Description:

Depuis des siècles, les gens considèrent les marais et les milieux humides comme des obstacles à éviter. Mais pour Mac Stone, un photographe qui documente les histoires de la vie sauvage dans les Everglades en Floride, le marais n'est pas une entrave — c'est un trésor national. À travers ses superbes photographies, Stone porte un regard différent sur une nature négligée, ancienne et importante. Son message : sortez et découvrez-le par vous-même. « Allez-y — mettez vos pieds dans l'eau, dit-il. Le marais va vous changer, je vous le promets. »

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
19:15

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