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Jonathan Foley : L'autre vérité qui dérange.

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    Ce soir, je voudrais vous parler de
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    cette préoccupation mondiale incroyable
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    qui est au croisement de l'utilisation des sols, de l'alimentation, et de l'environnement,
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    une chose dans laquelle
    nous nous reconnaissons tous,
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    et que j'appelle l'autre vérité qui dérange.
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    Mais d'abord, je voudrais vous faire voyager.
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    D'abord, visitons notre planète, mais de nuit,
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    et vue de l'espace.
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    Voilà à quoi ressemble notre planète vue de l'espace
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    la nuit, si vous deviez voyager à bord d'un satellite
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    autour de la planète. La première chose
    que vous remarqueriez,
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    bien entendu, c'est la prédominance
    de la présence humaine
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    sur notre planète.
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    Nous voyons des villes,
    nous voyons des champs pétrolifères,
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    on peut même distinguer
    les flottes de pêche au large,
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    on voit que nous dominons
    la majeure partie de notre planète,
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    et essentiellement via l'utilisation des énergies
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    qu'on voit ici de nuit.
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    Mais revenons en arrière, creusons un peu
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    et regardons notre planète de jour.
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    Ce qu'on voit de jour, ce sont les paysages.
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    Voici une région du bassin de l'Amazone,
    un endroit appelé Rondônia
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    dans le centre sud de l'Amazonie brésilienne.
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    Si vous faites vraiment attention, vous apercevrez
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    dans le coin supérieur droit une fine ligne blanche,
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    qui est une route construite dans les années 70.
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    Si nous revenons à cet endroit en 2001,
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    nous découvrirons que ces routes
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    débouchent sur plus de routes,
    et encore plus de routes plus loin,
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    au bout desquelles se trouve
    une petite clairière dans la forêt tropicale
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    où il y aura quelques vaches.
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    Ces vaches sont élevées pour leur viande.
    Nous mangerons ces vaches.
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    Ces vaches sont consommées
    principalement en Amérique du Sud,
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    au Brésil et en Argentine.
    Elles ne sont pas transportées jusqu'ici.
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    Mais ce schéma de déforestation
    en forme de squelette de poisson
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    est un phénomène qu'on remarque
    beaucoup autour des tropiques,
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    surtout dans cette région du monde.
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    Si on va un peu plus vers le Sud
    dans notre petit tour du monde,
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    on peut aller à la frontière bolivienne de l'Amazonie,
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    ici aussi en 1975, si vous faites vraiment attention,
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    vous verrez une fine ligne blanche
    traverser le canevas,
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    et une ferme isolée
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    au milieu de la jungle primitive.
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    Revenons une nouvelle fois
    quelques années plus tard, ici en 2003,
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    et nous verrons que ce paysage ressemble en fait
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    beaucoup plus à l'Iowa qu'à une forêt tropicale.
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    En réalité, ce que vous voyez ici
    ce sont des champs de soja.
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    Ce soja est transporté
    vers l'Europe et la Chine
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    pour nourrir les animaux, surtout après
    la frayeur causée par la maladie de la vache folle,
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    il y a environ 10 ans, qui fait qu'on ne veut plus
    donner à des animaux
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    des protéines animales,
    parce que ça transmet la maladie.
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    Au lieu de ça, nous voulons les nourrir
    avec plus de protéines végétales.
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    Donc le soja est en pleine expansion,
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    ce qui montre à quel point
    le commerce et la mondialisation
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    sont réellement responsables
    des liens entre les forêts tropicales
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    et l'Amazonie -- un monde incroyablement étrange
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    et interconnecté que nous avons aujourd'hui.
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    Bon, encore une fois,
    ce que nous constatons quand nous regardons
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    autour du monde pendant notre petit tour,
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    c'est que les paysages les uns après les autres
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    ont été vidés et modifiés
    pour faire pousser de la nourriture
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    et d'autres récoltes.
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    Une des questions que l'on a posées est :
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    quelle part de ce monde est utilisée
    pour faire pousser de la nourriture,
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    et où exactement, et comment peut-on changer ça
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    dans l'avenir, et qu'est-ce que cela signifie ?
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    Eh bien, notre équipe a étudié la question
    à une échelle mondiale,
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    en utilisant des données satellite
    et des données de terrain pour essayer de suivre
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    l'agriculture à une échelle mondiale.
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    Voilà ce que nous avons trouvé,
    et c'est effrayant.
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    Cette carte montre la présence d'agriculture
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    sur la planète Terre.
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    Les zones vertes sont les zones utilisées
    pour faire pousser des cultures,
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    comme le blé, le soja, le maïs ou le riz, etc.
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    C'est l'équivalent de 16 millions de km² de terres..
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    Si on rassemblait tout en un seul endroit,
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    ça ferait la taille de l'Amérique du Sud.
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    La seconde zone, en marron,
    représente les pâturages mondiaux
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    où les animaux vivent.
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    Ça représente environ 30 millions de km²,
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    ou environ la surface de l'Afrique,
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    une quantité monstrueuse de terres,
    ce sont les meilleures terres, bien entendu,
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    c'est ce que vous voyez. Et ce qui reste, est,
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    disons, le milieu du désert du Sahara, ou la Sibérie,
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    ou le milieu d'une forêt tropicale.
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    Nous utilisons déjà l'équivalent d'une planète.
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    Si on examine ça attentivement,
    on découvre que c'est environ 40%
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    de la surface des sols de la Terre
    qui sont consacrés à l'agriculture,
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    et c'est 60 fois plus grand
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    que toutes les zones dont nous nous plaignons,
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    les zones de banlieues et les villes
    dans lesquelles nous vivons essentiellement.
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    La moitié de l'humanité vit
    dans les villes de nos jours,
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    mais une zone 60 fois plus grande
    est consacrée à la culture d'aliments.
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    C'est un résultat étonnant,
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    et ça nous a vraiment choqués
    quand nous nous en sommes rendu compte.
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    Nous utilisons donc une énorme quantité
    de terres pour l'agriculture,
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    mais nous utilisons aussi énormément d'eau.
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    Voici une photographie de l'Arizona, prise d'avion,
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    et quand vous la regardez, votre réaction est
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    "Qu'est-ce qu'ils font pousser là-bas ?" En réalité,
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    ils font pousser des laitues au beau milieu du désert
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    en vaporisant de l'eau dessus.
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    L'ironie est qu'elles sont probablement vendues
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    dans nos supermarchés
    à Minneapolis et St Paul, nos Villes Jumelles.
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    Mais ce qui nous intéresse vraiment,
    c'est que cette eau doit venir
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    de quelque part, et elle vient d'ici,
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    du fleuve Colorado en Amérique du Nord.
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    Bon, le Colorado, un jour type dans les années 50,
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    n'était simplement ni en crue,
    ni en période de sécheresse,
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    un jour plutôt normal, il ressemblait
    à quelque chose comme ça.
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    Mais si nous revenons à nos jours,
    dans des conditions normales,
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    au même endroit exactement,
    voilà ce qu'il reste.
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    La différence est principalement qu'il sert
    à irriger le désert pour les cultures,
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    ou peut-être les terrains de golf à Scottsdale,
    comme vous voulez.
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    Ça représente beaucoup d'eau,
    et encore une fois, nous puisons de l'eau
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    et l'utilisons pour faire pousser des aliments,
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    et aujourd'hui, si vous allez vers l'aval du Colorado,
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    il s'assèche complètement et
    ne s'écoule plus dans l'océan.
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    Nous avons littéralement consommé
    une rivière entière d'Amérique du Nord
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    pour des besoins d'irrigation.
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    Mais ce n'est même pas le pire exemple au monde.
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    Le pire exemple est probablement la Mer d'Aral.
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    Beaucoup d'entre vous ont étudié ça
    en cours de géographie.
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    Elle se trouve dans l'ancienne Union Soviétique
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    entre le Kazakhstan et l'Ouzbekistan,
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    une des plus grandes mers intérieures du monde.
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    Mais il y a ici un paradoxe, parce que l'on dirait
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    qu'elle est entourée de déserts.
    Pourquoi donc y a-t-il une mer à cet endroit ?
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    La raison de sa présence ici
    est que sur la rive droite,
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    vous voyez 2 petites rivières qui descendent
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    au travers du sable, et alimentent le bassin en eau.
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    Ces rivières drainent la neige fondue
    qui vient des montagnes
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    très loin à l'Est, où la neige fond,
    et descend jusqu'à la rivière
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    en traversant le désert,
    ce qui forme la grande Mer d'Aral.
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    Eh bien, dans les années 50,
    les Soviétiques ont décidé de dévier cette eau
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    pour irriguer des plantations de coton
    dans le désert, croyez-le ou non,
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    au Kazakhstan, pour ensuite vendre le coton
    sur le marché international
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    et attirer les devises étrangères en Union Soviétique.
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    Ils avaient vraiment besoin d'argent.
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    Vous imaginez ce qui s'est passé. Vous coupez
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    l'arrivée d'eau de la Mer d'Aral, que va-t-il se passer ?
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    Ici nous sommes en 1973,
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    1986,
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    1999,
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    2004,
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    et il y a 11 mois environ.
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    C'est assez extraordinaire.
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    Une grande partie d'entre nous dans le public
    aujourd'hui vit dans le Midwest.
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    Imaginez si c'était le Lac Supérieur.
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    Imaginez si c'était le Lac Huron.
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    C'est un changement incroyable.
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    Ce n'est pas seulement
    un changement par rapport à l'eau
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    et à son niveau, c'est un changement
    dans les fondamentaux
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    de l'environnement de cette région.
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    Commençons par ceci.
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    L'Union Soviétique n'avait pas
    vraiment de Sierra Club.
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    Disons-le de cette manière.
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    Ce que vous trouvez au fond de la Mer d'Aral n'est pas joli.
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    Il y a beaucoup de déchets toxiques,
    beaucoup de choses
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    qui ont été jetées là et qui sont
    maintenant en suspension dans l'air.
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    Une de ces petites îles qui était isolée
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    et impossible à rejoindre était un lieu
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    de test des armes biologiques soviétiques.
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    Vous pouvez y aller à pied aujourd'hui.
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    Les modèles météorologiques ont changé.
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    19 des 20 espèces uniques de poissons
    que l'on trouvait uniquement
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    dans la Mer d'Aral ont désormais disparu
    de la surface de la Terre.
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    C'est un véritable désastre environnemental.
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    Mais revenons chez nous.
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    Voici une photo qu'Al Gore m'a donnée
    il y a quelques années
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    qu'il a prise quand il était en URSS
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    il y a très très longtemps,
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    et qui montre les flottes de pêche dans la Mer d'Aral.
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    Vous voyez le canal qu'ils creusent ?
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    Ils voulaient tellement faire flotter les bateaux
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    dans ce qu'il restait d'eau,
    mais ils ont finalement dû abandonner
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    parce que les piles d'amarrage
    ne correspondaient jamais
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    avec les rives qui reculaient.
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    Je ne sais pas ce que vous en pensez,
    mais je suis terrifié à l'idée que les futurs
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    archéologues creuseront là et
    écriront des histoires sur
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    notre époque dans l'Histoire et se demanderont,
    "Mais à quoi pensiez-vous ?"
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    C'est pourtant ce qui nous attend.
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    Nous utilisons déjà environ 50%
    de l'eau douce sur Terre
  • 8:04 - 8:06
    qui est durable, et l'agriculture à elle seule
  • 8:06 - 8:08
    utilise 70% de cette quantité.
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    Nous utilisons donc beaucoup d'eau,
    beaucoup de terres pour l'agriculture.
  • 8:11 - 8:15
    Nous utilisons aussi beaucoup
    de l'atmosphère pour l'agriculture.
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    Généralement quand nous pensons à l'atmosphère,
  • 8:17 - 8:20
    nous pensons au changement climatique
    et aux gaz à effet de serre,
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    et surtout à tout ce qui tourne autour de l'énergie,
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    mais il se trouve que l'agriculture
    est l'un des plus gros producteurs
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    de gaz à effet de serre.
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    Si vous regardez le dioxyde de carbone qui provient
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    des forêt tropicales qu'on brûle,
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    ou au méthane qui provient des vaches et du riz,
  • 8:33 - 8:36
    ou aux oxydes nitreux
    qui proviennent de l'usage excessif d'engrais,
  • 8:36 - 8:39
    il s'avère que l'agriculture représente
    30% des gaz à effet de serre
  • 8:39 - 8:42
    produits par l'activité humaine
    et qui vont dans l'atmosphère.
  • 8:42 - 8:44
    C'est plus que ce que produisent
    les moyens de transport.
  • 8:44 - 8:46
    C'est plus que ce que produit l'électricité.
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    C'est plus que ce produisent
    toutes les autres industries, en fait.
  • 8:48 - 8:51
    A elle seule, c'est le plus grand émetteur
    de gaz à effet de serre
  • 8:51 - 8:54
    parmi toutes les activités humaines au monde.
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    Et pourtant, nous n'en parlons pas beaucoup.
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    Nous avons cette incroyable prééminence
    de l'agriculture aujourd'hui
  • 8:59 - 9:01
    qui domine notre planète,
  • 9:01 - 9:04
    que ce soit 40% de la surface de nos terres,
  • 9:04 - 9:06
    70% de l'eau que nous utilisons,
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    30% de l'émission des gaz à effet de serre.
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    Nous avons doublé les flux d'azote et de phosphore
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    dans le monde rien qu'en utilisant des engrais,
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    ce qui entraîne d'énormes problèmes
    de qualité de l'eau des rivières,
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    des lacs, et même des océans ;
    et c'est aussi le plus grand
  • 9:19 - 9:22
    moteur de destruction de la biodiversité.
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    Sans l'ombre d'un doute, l'agriculture est
  • 9:24 - 9:28
    l'unique plus grande puissance
    déchaînée sur cette planète
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    depuis la fin de l'ère glacière.
    Aucun doute là-dessus.
  • 9:31 - 9:34
    Elle est aussi importante
    que le changement climatique.
  • 9:34 - 9:36
    Et tout cela se passe au même moment.
  • 9:36 - 9:39
    Mais ce dont il faut vraiment se rappeler, c'est
  • 9:39 - 9:42
    que tout n'est pas négatif. Je ne dis pas
    que l'agriculture est une mauvaise chose.
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    En fait, nous en sommes complètement dépendants.
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    Ce n'est pas une option. Ce n'est pas un luxe.
    C'est une nécessité absolue.
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    Nous devons produire de la nourriture et nourrir,
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    produire des textiles et même des biocarburants
    pour quelque 7 milliards de personnes
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    dans le monde aujourd'hui,
    et nous allons voir plutôt
  • 9:57 - 9:59
    une augmentation de la demande
    concernant l'agriculture
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    dans l'avenir. Elle ne disparaîtra pas.
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    Elle va même grossir, principalement à cause de
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    l'augmentation de la population.
    Nous sommes 7 milliards aujourd'hui
  • 10:07 - 10:09
    probablement au moins 9 demain,
  • 10:09 - 10:12
    et 9 et demi avant de disparaitre.
  • 10:12 - 10:15
    Plus important, le changement de régimes.
  • 10:15 - 10:18
    Alors que le monde s'enrichit
    et que sa population s'accroit,
  • 10:18 - 10:21
    on constate des augmentations
    dans la consommation de viande,
  • 10:21 - 10:24
    ce qui nécessite beaucoup plus de ressources
    qu'un régime végétarien.
  • 10:24 - 10:28
    Résumons : plus de gens, qui mangeant plus,
    et plus riche,
  • 10:28 - 10:31
    et évidemment, une crise de l'énergie
    qui survient au même moment,
  • 10:31 - 10:35
    quand on doit remplacer le pétrole
    par d'autres sources d'énergie
  • 10:35 - 10:37
    qui devront au final intégrer
    des biocarburants sous une forme ou une autre
  • 10:37 - 10:39
    et des sources de bio-énergie.
  • 10:39 - 10:42
    Vous combinez tout ça.
    Il est vraiment difficile de voir
  • 10:42 - 10:44
    comment nous allons pouvoir finir ce siècle
  • 10:44 - 10:49
    sans au moins doubler
    la production mondiale agricole.
  • 10:49 - 10:51
    Comment allons-nous faire ?
    Comment allons-nous
  • 10:51 - 10:53
    réussir à doublier la production agricole
    dans le monde ?
  • 10:53 - 10:56
    Eh bien, nous pourrions essayer
    de cultiver plus de terres.
  • 10:56 - 10:59
    Voici une analyse que nous avons réalisée :
    sur la gauche vous voyez
  • 10:59 - 11:02
    où sont les cultures aujourd'hui, et sur la droite,
    où elles pourraient être en nous basant sur
  • 11:02 - 11:05
    la composition des sols, du climat, en partant
    du principe que le changement climatique
  • 11:05 - 11:07
    ne modifie pas trop tout ça,
  • 11:07 - 11:09
    ce qui n'est pas une hypothèse correcte.
  • 11:09 - 11:11
    On pourrait cultiver plus de terres, mais le problème
  • 11:11 - 11:14
    est que les terres restantes sont des zones sensibles.
  • 11:14 - 11:16
    Elles ont une grande biodiversité,
    beaucoup de carbone,
  • 11:16 - 11:19
    des choses que nous voulons protéger.
  • 11:19 - 11:21
    On pourrait alors obtenir plus de nourriture
    en étendant les zones cultivées,
  • 11:21 - 11:23
    mais il ne vaudrait mieux pas,
  • 11:23 - 11:26
    parce que c'est une chose très,
    très dangereuse sur le plan écologique.
  • 11:26 - 11:29
    En revanche, on pourrait geler les effets
  • 11:29 - 11:33
    de l'agriculture et mieux cultiver les terres
    dont nous disposons.
  • 11:33 - 11:35
    Voilà le travail que nous faisons pour essayer
    de mettre en évidence les endroits
  • 11:35 - 11:38
    dans le monde où on pourrait améliorer le rendement
  • 11:38 - 11:40
    sans nuire à l'environnement.
  • 11:40 - 11:42
    Les zones vertes ici montrent
    où les rendements de maïs,
  • 11:42 - 11:44
    le maïs étant juste un exemple,
  • 11:44 - 11:47
    sont déjà élevés, probablement au maximum
    de ce qu'on peut
  • 11:47 - 11:50
    trouver sur Terre de nos jours avec ce climat et ces sols,
  • 11:50 - 11:52
    mais les zones marrons et jaunes sont des endroits où
  • 11:52 - 11:55
    on ne récolte peut-être que 20 ou 30% du rendement
  • 11:55 - 11:56
    qu'on pourrait espérer obtenir.
  • 11:56 - 11:58
    Vous voyez beaucoup de ces zones en Afrique,
    même en Amérique latine,
  • 11:58 - 12:01
    mais, et c'est intéressant,
    en Europe de l'Est, où étaient
  • 12:01 - 12:03
    l'URSS et les membres du Bloc de l'Est,
  • 12:03 - 12:06
    au niveau agricole, rien n'est fait.
  • 12:06 - 12:08
    Mais cela nécessiterait l'utilisation
    de nutriments et d'eau.
  • 12:08 - 12:10
    Cela sera bio, traditionnel
  • 12:10 - 12:12
    ou un mélange des deux.
  • 12:12 - 12:14
    Les plantes ont besoin d'eau et de nutriments.
  • 12:14 - 12:18
    Mais nous pouvons y arriver, il existe
    des opportunités pour que ça fonctionne.
  • 12:18 - 12:20
    Mais nous devons le faire d'une manière censée
  • 12:20 - 12:23
    pour répondre aux besoins alimentaires
    de base pour l'avenir
  • 12:23 - 12:26
    et aux besoins environnementaux
    de base pour l'avenir
  • 12:26 - 12:29
    Nous devons trouver le compromis entre
  • 12:29 - 12:33
    cultiver la nourriture et avoir un environnement sain.
  • 12:33 - 12:35
    En ce moment, c'est plutôt "tout ou rien".
  • 12:35 - 12:37
    On peut faire pousser des aliments en arrière-plan --
  • 12:37 - 12:38
    voyez ici un champ de soja --
  • 12:38 - 12:42
    dans ce diagramme en fleur, vous voyez que
    nous faisons pousser beaucoup de nourriture,
  • 12:42 - 12:44
    mais nous n'avons pas beaucoup d'eau potable,
    nous ne stockons pas
  • 12:44 - 12:47
    beaucoup de carbone, nous n'avons pas
    beaucoup de biodiversité.
  • 12:47 - 12:49
    Au premier plan, nous avons cette prairie
  • 12:49 - 12:51
    qui est merveilleuse du point de vue environnemental,
  • 12:51 - 12:54
    mais vous ne pouvez rien en tirer.
    Qu'y a-t-il à manger là ?
  • 12:54 - 12:56
    Nous devons trouver un moyen
    de cumuler les deux fonctions,
  • 12:56 - 13:01
    dans un nouveau genre d'agriculture
    qui les réunirait.
  • 13:01 - 13:03
    Quand je parle de tout ça,
    les gens me disent souvent :
  • 13:03 - 13:06
    "Eh bien, doit-on choisir ?" --
    nourriture bio,
  • 13:06 - 13:11
    aliments locaux, OGMs,
    produits de substitution, lois sur l'agriculture --
  • 13:11 - 13:14
    et oui, il y a là beaucoup de bonnes idées,
  • 13:14 - 13:17
    mais aucune d'entre elles n'est un remède miracle.
  • 13:17 - 13:20
    En réalité, je pense que
    c'est surtout un tir groupé
  • 13:20 - 13:22
    J'adore le principe du tir groupé.
    Si vous en combinez les effets,
  • 13:22 - 13:24
    vous obtenez quelque chose de vraiment puissant,
  • 13:24 - 13:27
    mais vous devez les combiner.
  • 13:27 - 13:29
    Ce qu'il nous reste à faire, je pense,
    c'est inventer un nouveau genre
  • 13:29 - 13:32
    d'agriculture qui mixe les meilleures idées
  • 13:32 - 13:35
    de l'agriculture commerciale
    et de la révolution écologique
  • 13:35 - 13:39
    avec les meilleures idées
    de la culture bio et locale
  • 13:39 - 13:42
    et les meilleures idées
    de la protection de l'environnement,
  • 13:42 - 13:44
    afin qu'elles ne s'opposent pas,
  • 13:44 - 13:48
    mais qu'elles collaborent
    pour former une nouvelle agriculture,
  • 13:48 - 13:52
    quelque chose que j'appelle la "terraculture",
    ou l'agriculture pour toute une planète.
  • 13:52 - 13:55
    Cette discussion a été très difficile,
  • 13:55 - 13:57
    et nous faisosn le maximum pour
    présenter ces points-clefs
  • 13:57 - 14:00
    aux gens pour limiter la controverse,
  • 14:00 - 14:01
    et augmenter la collaboration.
  • 14:01 - 14:04
    Je veux vous montrer une courte vidéo qui présente
  • 14:04 - 14:06
    les efforts que nous faisons
    en ce moment même pour rapprocher ces deux partis
  • 14:06 - 14:10
    autour d'une même discussion.
    Laissez-moi vous le montrer.
  • 14:10 - 14:13
    (Musique)
  • 14:13 - 14:17
    ("Institut de l'Environnement,
    Université du Minnesota : Vers la Découverte")
  • 14:17 - 14:19
    (Musique)
  • 14:19 - 14:20
    ("La population mondiale augmente
  • 14:20 - 14:23
    de 75 millions de personnes chaque année.
  • 14:23 - 14:26
    Cela représente presque la taille de l'Allemagne.
  • 14:26 - 14:29
    Aujourd'hui, nous approchons
    des 7 milliards de personnes.
  • 14:29 - 14:31
    A ce rythme, nous atteindrons
    les 9 milliards d'ici 2040.
  • 14:31 - 14:33
    Nous avons tous besoin de nourriture.
  • 14:33 - 14:34
    Mais comment faire ?
  • 14:34 - 14:37
    Comment allons-nous nourrir un monde
    en expansion sans détruire notre planète ?
  • 14:37 - 14:41
    Nous savons déjà que le changement climatique
    est un gros problème.
  • 14:41 - 14:42
    Mais ce n'est pas le seul.
  • 14:42 - 14:45
    Nous devons faire face
    à "l'autre vérité qui dérange."
  • 14:45 - 14:47
    Une crise agricole mondiale.
  • 14:47 - 14:54
    Augmentation de la population + consommation de viande + consommation de produits laitiers + coûts de l'énergie + production de bioénergie = tensions sur les ressources naturelles.
  • 14:54 - 14:57
    Plus de 40% des terres de la planète
    ont été défrichées pour l'agriculture.
  • 14:57 - 14:59
    Les terres cultivées recouvrent
    16 millions de km² dans le monde.
  • 14:59 - 15:02
    C'est presque la taille de l'Amérique latine.
  • 15:02 - 15:04
    Les pâturages couvrent
    30 millions de km² dans le monde.
  • 15:04 - 15:06
    C'est la taille de l'Afrique.
  • 15:06 - 15:11
    L'agriculture utilise 60 fois plus de terres
    que les zones urbaines et suburbaines combinées.
  • 15:11 - 15:14
    L'irrigation est le plus gros
    utilisateur d'eau sur Terre.
  • 15:14 - 15:19
    Nous utilisons 2 800 km cubes d'eau
    pour des récoltes chaque année.
  • 15:19 - 15:23
    C'est assez pour remplir 7305 fois
    l'Empire State Building chaque jour.
  • 15:23 - 15:26
    Aujourd'hui, de nombreux fleuves
    ont un débit réduit.
  • 15:26 - 15:28
    Certains s'assèchent tout simplement.
  • 15:28 - 15:32
    Regardez la Mer d'Aral, devenue un désert.
  • 15:32 - 15:35
    Ou le Colorado, qui ne se déverse plus dans l'océan.
  • 15:35 - 15:39
    Les engrais ont plus que doublé la quantité
    de phosphore et d'azote dans l'environnement.
  • 15:39 - 15:40
    Quelles sont les conséquences ?
  • 15:40 - 15:42
    Une pollution de l'eau à grande échelle
  • 15:42 - 15:45
    et une dégradation massive des lacs et des rivières.
  • 15:45 - 15:49
    C'est surprenant, mais l'agriculture est
    ce qui contribue le plus au changement climatique.
  • 15:49 - 15:51
    Elle génère 30% des émissions
    de gaz à effet de serre.
  • 15:51 - 15:54
    C'est plus que les émissions provenant
    de l'électricité ou de l'industrie,
  • 15:54 - 15:57
    ou des avions, des trains
    et des voitures du monde entier.
  • 15:57 - 15:59
    La plupart des émissions agricoles
    viennent de la déforestation tropicale,
  • 15:59 - 16:01
    du méthane des animaux et des champs de riz,
  • 16:01 - 16:03
    et les oxydes nitreux liés à l'usage intensif d'engrais.
  • 16:03 - 16:06
    Rien de ce que nous faisons ne transforme plus
    le monde que l'agriculture.
  • 16:06 - 16:09
    Rien de ce que nous faisons n'est plus crucial
    pour notre survie.
  • 16:09 - 16:11
    Voilà le dilemme...
  • 16:11 - 16:15
    Alors que le monde grossit
    de plusieurs milliards de gens,
  • 16:15 - 16:20
    nous allons devoir doubler, peut-être même tripler,
    la production mondiale de nourriture.
  • 16:20 - 16:21
    Que faisons-nous à partir de ce constat ?
  • 16:21 - 16:24
    Nous avons besoin d'une plus grande conversation,
    d'un dialogue international.
  • 16:24 - 16:26
    Nous devons investir dans de vraies solutions ;
  • 16:26 - 16:30
    des mesures incitatives pour les agriculteurs, de l'agriculture de précision, de nouvelles variétés de cultures, l'irrigation au goutte à goutte,
  • 16:30 - 16:34
    le recyclage des eaux usées, de meilleures façons
    de labourer, des régimes plus intelligents.
  • 16:34 - 16:36
    Nous avons besoin que tout le monde se mette
    autour de cette table.
  • 16:36 - 16:38
    Les représentants de l'agriculture commerciale,
  • 16:38 - 16:39
    de la préservation de l'environnement,
  • 16:39 - 16:41
    et de l'agriculture bio...
  • 16:41 - 16:43
    doivent travailler main dans la main.
  • 16:43 - 16:44
    Il n'existe pas de solution unique.
  • 16:44 - 16:46
    Nous devons collaborer,
  • 16:46 - 16:47
    imaginer,
  • 16:47 - 16:48
    rester déterminés,
  • 16:48 - 16:52
    parce que nous ne pouvons pas
    nous permettre d'échouer.
  • 16:52 - 16:55
    Comment allons-nous nourrir
    le monde sans le détruire ?"
  • 16:55 - 16:58
    Nous somme confrontés aujourd'hui à
    l'un des plus grands défis
  • 16:58 - 17:00
    de toute l'histoire de l'Humanité :
  • 17:00 - 17:03
    le besoin de nourrir 9 milliards de personnes
  • 17:03 - 17:07
    et ce, de manière durable, équitable et juste,
  • 17:07 - 17:08
    et en protégeant en même temps notre planète
  • 17:08 - 17:11
    pour cette génération et les suivantes.
  • 17:11 - 17:13
    Ce sera une des choses les plus difficiles
  • 17:13 - 17:15
    que nous ayons faites dans l'histoire de l'Humanité,
  • 17:15 - 17:18
    nous devons absolument le faire correctement,
  • 17:18 - 17:22
    et dès le premier et unique essai.
  • 17:22 - 17:26
    Merci beaucoup. (Applaudissements)
Title:
Jonathan Foley : L'autre vérité qui dérange.
Speaker:
Jonathan Foley
Description:

Une demande en nourriture qui atteint des sommets signifie que l'agriculture est devenue le plus gros responsable du changement climatique, de la destruction de la biodiversité, et de l'environnement. A TEDxTC, Jonathan Foley nous montre pourquoi nous avons désespérément besoin d'une "terraculture" -- une culture pour toute la planète. (Filmé à TEDxTC)

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:46
Jean-Louis Perrault edited French subtitles for The other inconvenient truth
Jean-Louis Perrault edited French subtitles for The other inconvenient truth
Olivier Chaput edited French subtitles for The other inconvenient truth
Elisabeth Buffard approved French subtitles for The other inconvenient truth
Elisabeth Buffard edited French subtitles for The other inconvenient truth
Elisabeth Buffard edited French subtitles for The other inconvenient truth
Elisabeth Buffard edited French subtitles for The other inconvenient truth
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