Notre IDN pour développer notre employabilité | Carine Rochard | TEDxIleDeNantes

35 ans à surfer sur les vagues d’innovations technologiques et d’usage, Carine est aujourd’hui spécialiste de l’IDentité Numérique (IDN) des entreprises et des entrepreneurs. Dans son intervention, elle appréhende notamment la difficulté des seniors (vous êtes senior si vous avez plus de 45 ans !) à se valoriser sur le marché du travail. Carine relate son propre parcours et celui d'autres seniors qu'elle a accompagnés pour constater que malheureusement, en France, on se comporte avec les seniors comme avec nos vieux meubles de famille : on les respecte, on a de l’affection… mais dans un nouvel environnement, on s’en lasse… alors on s’en débarrasse… L’intervention de Carine nous permet de construire notre IDN au plus près de notre ADN et si possible de nos valeurs pour être alignés avec ce qui nous singularise et nous différencie des autres. Car nous les seniors, nous sommes de véritables cadeaux pour les entreprises !

En 1984, quand Carine démarre sa carrière, mille ordinateurs étaient connectés à internet. Aujourd’hui, le nombre d’appareils connectés se compte en plusieurs dizaines de milliards. Pendant ce temps de ruptures technologiques et d’émergence de nouveaux usages, Carine a su, avec passion et intuition, surfer sur chaque vague d’innovation et conquérir de nouveaux marchés. Forte de cette expérience et de son envie de transmettre, Carine est aujourd’hui spécialiste de l’IDentité Numérique des entreprises et entrepreneurs. « L’Identité Numérique, effet miroir de notre personnalité via le prisme d’internet et des réseaux sociaux. »

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

(Chante)
Ne me quitte pas

Il faut oublier

Tout peut s'oublier

C'est comme ça que ça s'est
passé quand je suis née,

le médecin chantait,

et puis il s'est arrêté,

et il a dit :

« Hé, il y a un deuxième bébé.
Il y en a un autre. »

Sans échographie, et avec nos cœurs
qui battaient simultanément,

c'était une véritable surprise.

Derniers d'une fratrie de cinq enfants,

on nous appelait toujours les « jumeaux ».

Mais j'ai vite appris que
pour trouver ma juste place,

il allait falloir me singulariser,

parce que même si nous étions proches
et très liés l'un à l'autre,

nous avons chacun notre ADN,

puisque nous sommes des êtres
uniques et singuliers.

Quelques dizaines d'années plus tard.

A l'ère du numérique,

nous sommes tous

virtuellement et potentiellement
reliés les uns aux autres.

On fait partie d'un tout

et les traces que nous laissons
sur internet

représentent notre identité numérique.

Cette année, le 21 juillet,

nous allons fêter les 50 ans
du premier pas de l'Homme sur la Lune.

Savez-vous quelle est la différence

entre les traces de pas de Neil Armstrong

sur le sol lunaire
lors de ses explorations en 1969

et celles que nous laissons
aujourd'hui en 2019 sur Internet ?

Elles sont toujours là,

et elles le seront pendant
longtemps encore.

Ces traces, elles sont
volontaires ou involontaires.

Volontaires, c'est quand vous effectuez
un achat sur un site de e-commerce,

ou quand vous exprimez
une opinion ou un avis,

ou même une émotion,

sur le site d'une grande marque.

Volontaires, c'est quand,
pratiquement tous,

vous avez créé un profil
sur un réseau social personnel,

et éventuellement professionnel.

Ça a renforcé votre identité numérique.

Involontaires, c'est, par exemple,

quand vous découvrez une photo de vous -

en fait, vous avez été identifié par
une amie du lycée qui, tout d'un coup,

a eu envie de retrouver
ses copains d'avant.

Sauf que cette photo, elle n'est
vraiment pas à votre avantage.

Pour ma part, quand je vais
sur un réseau social professionnel réputé,

je suis souvent frustrée

par le décalage qu'il y a entre
la richesse personnelle et professionnelle

de ceux que je connais, que je côtoie,

et de ce que je vois de leurs profils,
qui sont souvent très peu alignés.

Alors,

j'ai acquis une conviction profonde :

notre IDN,

notre identité numérique,

devrait être la plus proche
possible de notre ADN,

et si possible de nos valeurs,

parce que cet alignement

représente ce qui va nous singulariser
et nous différencier des autres.

La plupart des jeunes ici
ont créé des profils

sur les réseaux sociaux
professionnels aujourd'hui,

et ils sont à l'aise avec Internet.

Ils y vont pour se nourrir d'information,
pour se forger une opinion,

pour partager des idées avec des personnes
avec lesquelles ils sont en concordance

et ils y vont aussi pour développer leur
employabilité et trouver leur premier job.

Mais qu'en est-il des seniors ?

Et notamment de ce qui doivent ou qui
veulent trouver leur dernier job ?

On va faire un petit intermède :

je vais proposer à tous
les seniors de la salle -

ceux qui osent -

de se mettre debout et de le rester.

(Rit)

Merci à ceux qui osent !

(Rit)

Ouf ! Je ne suis pas toute seule !

(Rit)

Maintenant je vais proposer à tous ceux
qui ont plus de 45 ans de rester debout,

de rejoindre ceux qui sont se sont
levés et de rester debout également.

Bravo !
(Applaudissements)

Eh bien, vous savez quoi ?

Nous tous debout,

eh oui ! nous sommes tous des seniors !

Vous pouvez vous rasseoir.

(Rit)

Merci !

45 ans,

je vous l'annonce :

pour ceux qui ne le savent pas,

c'est l'âge de la séniorité
professionnelle.

C'est d'ailleurs inscrit dans
la loi de formation 2019,

pour avoir la liberté de choisir
notre vie professionnelle,

pour gagner en employabilité

et en capacité d'adaptation
à des nouveaux métiers.

En France,

pour autant,

on considère les seniors un peu comme,
vous savez, nos vieux meubles de famille.

On les respecte,

on a souvent de l'affection,

et puis, en plus,
ils ont été bien amortis.

Pour autant, quand il y a
un nouvel environnement,

on s'en lasse ;

finalement, ils ont fait leur temps,

et alors on s'en débarrasse.

C'est un peu ce que j'ai expérimenté -

bon, c'est une image -

lors de mon entretien professionnel -

légal pour les plus de 50 ans :

j'ai été convoquée et mon manager,
du haut de ses 35 ans,

m'a demandé avec un air un peu gêné :

« Et toi, Carine, qu'as-tu prévu pour la
suite de ta carrière professionnelle ? »

(Rires)

Pendant 25 ans dans cette grande
entreprise de l'informatique,

j'avais surfé
sur l'innovation technologique -

les premiers e-mails, les smartphones,
les solutions mobiles,

Internet pour mieux connaître les clients,

les réseaux sociaux pour
les acheteurs de nos clients -

et tout d'un coup, c'était mon tour.

Je prenais conscience que les perspectives
allaient être moins ouvertes

et la pression pour un départ,
plus ou moins volontaire, plus forte.

(Rires)

Je vais à nouveau partager
une petite histoire personnelle.

La crise du pétrole de 1973

a frappé de plein fouet
tous les chantiers des travaux publics

et mis au chômage
des milliers de personnes,

dont mon père,
directeur de grands travaux.

À la cinquantaine,

il a pendant dix ans subi des conditions
financières et sociales assez pitoyables.

Mais de nature optimiste et enthousiaste -

c'est de famille -

il gardait toujours espoir
parce qu'il avait toujours en tête

les rêves de voyages
qu'il ferait à la retraite,

à 60 ans, l'âge légal à l'époque.

Sauf qu'il est décédé
six mois avant la retraite.

Il était hors de question que j'attende,

il était hors de question
que je prenne la poussière.

J'avais fait le tour
de cette grande entreprise,

j'avais encore tant de choses à faire.

Alors j'ai créé ma petite entreprise.

Et d'ailleurs, il était largement temps

que je transmette ce que
j'avais appris et expérimenté,

les méthodes, les techniques
pour accompagner les entreprises,

les dirigeants et leurs équipes,

et les individus,

dans la transition numérique.

C'était le bon moment.

C'est comme cela que j'ai formé
des managers de transition,

tous des seniors de plus de 45 ans,

à se vendre

pour trouver de nouvelles missions
et développer leur employabilité.

Je leur disais :

« Vous êtes un cadeau.

Avec vos savoir-faire, vos savoir-être,

avec vos capacités, vos compétences,

avec vos expertises, vos expériences,

hé, vous êtes un cadeau ! »

Le problème, c'est que c'est compliqué
de révéler ce cadeau aux entreprises,

parce que notre éducation, notre culture,

ne nous ont pas poussés
à nous valoriser, à nous singulariser.

Or les dirigeants d'entreprise
et les recruteurs

sont sur les réseaux
sociaux professionnels ;

ils y cherchent la perle rare
parmi des milliers de profils.

Ils y sont, il faut y être.

Avec ces seniors,

nous avons constitué
leur identité numérique

en optimisant leur profil
sur les réseaux sociaux professionnels

et leur présence sur Internet.

Avec une IDN bien travaillée,
proche de l'ADN,

je vois bien aujourd'hui
que ces seniors rebondissent.

Ils n'ont plus peur de se vendre,
ils ont confiance,

ils osent même s'exposer

et entrer en relation
avec les dirigeants et les recruteurs

avec lesquels ils peuvent
être en concordance.

Un senior cadeau, c'est par exemple
cet homme que j'accompagne.

Il a passé toute sa vie
dans le domaine de l'aérien.

Il a parcouru le monde,

eu de grandes responsabilités, acquis une
expérience multiculturelle exceptionnelle.

Mais à 54 ans,

son dernier entretien avec une société
de recrutement s'est soldé par un :

« Désolé Monsieur,
il n'y a rien dans l'aérien. »

Quel manque d'imagination !

L'aérien est réputé à l'international

comme étant un secteur d'activité
extrêmement exigeant et très réglementé.

Savez-vous que tous les
secteurs d'activité aujourd'hui

subissent une réglementation
extrêmement forte, très exigeante.

Ce qu'il avait appliqué dans l'aérien,

évidemment, il pouvait l'adapter
dans les autres secteurs d'activité.

Il a donc optimisé son identité
numérique pour devenir la perle rare

que les dirigeants
qui vont à l'international

auront envie de rencontrer.

Pour ma part,

j'assume une présence sur Internet
assez gourmande.

Je revendique un profil sur les réseaux
sociaux professionnels très copieux.

C'est qu'en tant que
femme, senior et geek -

et au départ je n'avais aucune
appétence pour la technique -

je suis assez fière de témoigner que le
numérique m'aura permis de me singulariser

et de trouver ma juste place,

de développer mon employabilité

et de contribuer, même
modestement, à la communauté.

Alors vous, seniors et jeunes,

êtes-vous prêts à développer
votre employabilité

en créant une identité numérique
au plus proche de votre ADN ?

Parce que vous savez,

vous aussi, vous êtes tous des...

cadeaux !

(Rit)

Merci pour votre attention.

(Applaudissements)