Trouver le bonheur : comment pardonner ma mère a radicalement changé ma vie | Sonia Weyers | TEDxFHNW

Comment pardonner un proche peut complètement changer votre vie ? Cette conférence TEDx décrit les diffcultés d'une enfant qui se sentait malaimée par sa maman et comment pardonner les personnes les plus importantes dans sa vie lui a apporté un profond épanouissement.

Ayant un Doctorat de la Stanford Business School et un Executive Masters in Consulting and Coaching for Change de l'INSEAD, Sonia travaille maintenant comme révélatrice de bonheur, auteure et Gestalt-thérapeute. Dans toutes ses activités, elle vous guide vers plus de bonheur. Dans ses ateliers en groupe, elle vous fait découvrir et cultiver votre aptitude au bonheur. Dans ses accompagnements personnalisés, elle vous aide à résoudre vos difficultés liées au passé et à réaliser vos objectifs pour un avenir meilleur. Dans ses conférences et avec ses publications, elle vous sensibilise à la possibilité d’améliorer votre expérience de vie et vous invite à vous mettre en mouvement. Dans cette conférence TEDx, elle partage ses apprentissages les plus importants sur son chemin du vide intérieur vers le bonheur.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

J'ai 10 ans, je suis allongée sur mon lit,

blottie dans mes couvertures et je pleure.

Je me sens triste,
mon cœur est lourd et à vif

Mes parents sont assis sur mon lit,
ma maman derrière mon papa.

Je viens de me disputer avec ma maman
et ils m’ont tous les deux suivie en haut.

Mon papa me regarde attentivement
et, avec sincérité, il me demande :

« Que se passe-t-il ? »

Au travers de mes larmes, je lui réponds :

« Ma maman ne me comprend pas. »

Du coin de l’œil, je vois qu’elle
me regarde avec un sourire malaisé

qui me confirme
qu’elle ne me comprend pas ;

et mon chagrin s’intensifie.

Je me sens confuse,
les larmes coulent sur mes joues,

mon esprit s’embue et
mes jambes sont faibles.

Je ne trouvais pas la connexion
que je cherchais avec ma maman

et au fil des ans, ça m'a causé beaucoup
de chagrin, de désespoir, de la colère,

même de la rage.

Être enfant unique semblait juste
empirer les choses.

C'était comme un vide profond en moi,

comme un trauma invisible et silencieux,

dont je ne parvenais pas à m'échapper.

Quand j’étais jeune, je semblais
réussir tout ce que je faisais.

Mais mes relations avec les gens
me paraissaient être un échec.

Je cherchais l’amour de ma maman
chez tout le monde.

Ça ne pouvait pas marcher !

La relation défectueuse avec ma maman
imprégnait sournoisement toute ma vie.

Et l’amour de mon papa
ne pouvait pas combler le vide.

Ce que j’ai compris bien plus tard,

c’est que je pouvais guérir de cette
relation brisée avec ma mère.

Et avec cette guérison,

toutes mes relations ont été transformées.

Mais le parcours pour y arriver
m’a pris plus de 30 ans...

J’ai commencé la thérapie à 20 ans.

Quoi qu’il se passât dans ma vie
entre les séances, j’arrivais

et pendant une heure,
je parlais anxieusement de ma mère

et de toutes les choses qu’elle faisait
ou disait, qui me semblaient dingues.

Je me souviens comme si c’était hier
de la sensation de vouloir être vue,

et aimée, mais surtout vue comme j’étais.

Ce n’était pas tant que
ma mère ne me comprenait pas

mais plutôt qu'elle ne pouvait pas
me voir comme j’étais vraiment.

C’était comme si elle avait une image
de qui elle voulait que je sois.

La théorie de l’attachement nous dit que :

« pour développer une vision
authentique de lui-même,

le nourrisson dépend de ce qu’il voit

dans les réponses faciales de la mère,

comme dans un miroir. »

Je n'arrivais simplement pas à me voir
clairement dans le regard de ma mère.

Et au fil du temps, ça a commencé
à m'impacter, à des degrés divers.

Il m’était extrêmement
difficile de sentir ce que je voulais.

Par exemple pour choisir
quoi manger au restaurant

ou pour penser à quoi faire
quand je serais grande.

Parfois je me trouvais
en train de courir dans la nuit,

tentant d’échapper à la douleur
que je sentais en moi.

Ma première relation amoureuse
fut merveilleuse.

Je sentais l’amour et l’intimité
dont j’étais assoiffée

et c'était joyeux pour nous
d'être ensemble.

Mais à l'âge de 18 ans, j'ai rompu.

Et au passage, j’ai brisé mon propre cœur.

Je ne pouvais pas accueillir
tant d’amour et de bonheur.

Six ans plus tard, je me suis mariée.

J’étais tombée amoureuse d’un homme

avec qui je sentais la même douleur
qu’avec ma mère.

J’avais l’impression qu’il ne m’aimait pas
vraiment, comme ma mère.

Je l'ai senti presqu’immédiatement, mais
c'était la relation dont j’avais besoin.

J’allais tout arranger.

Vous voyez, j'étais convaincue que
si j’arrivais à faire changer ma mère,

si je pouvais faire qu'elle ou mon mari
m’aime comme j'avais soif d'être aimée,

tout irait bien !

17 ans et quatre enfants plus tard,
nous avons entamé une lente séparation.

Je n'ai pas pu tout arranger.

Mais avec l’aide de plusieurs thérapeutes
sur de nombreuses années,

j’ai commencé à mieux saisir qui j'étais

et à changer ma façon de voir.

Un jour, ça m’est tombé dessus,
un truc m’a submergée.

Il n’avait jamais été possible
de tout arranger…

Et j’avais tellement essayé,
pendant tellement longtemps...

Alors je me suis assise et j’ai sangloté…

J’ai sangloté pendant très longtemps,

et lorsque j’ai intégré ceci,
quelque chose en moi a enfin lâché.

Je m’étais rendu compte que je ne pouvais
changer personne d’autre que moi.

Une amie m’a dit que
je lui semblais bien moins en colère.

C'est juste, j’étais très fâchée
que mes besoins ne soient pas satisfaits !

Mais enfin je savais… ma mère avait fait
de son mieux, et mon mari aussi…

J'aurais tant aimé me
rendre compte de ça plus tôt.

La partie la plus importante
de ma transformation est

d’être arrivée à profondément accepter
que les gens sont comme ils sont.

En prenant conscience de ça,

j’ai arrêté de chercher l’amour
et la validation des autres

et j’ai pu interagir avec eux ouvertement,

être curieuse d’eux,
plutôt que de tout ramener à moi.

Ceci a absolument tout changé pour moi.

Il y a quelques années, ma mère a commencé
à montrer des signes de déclin cognitif

et, pendant la dernière année de sa vie,

j’ai pu être avec elle,
vraiment avec elle.

Je ne cherchais plus à obtenir
quoi que ce soit d’elle.

Elle avait le droit d’être
comme elle était

et moi j’avais le droit
d’être qui j’étais.

Nous avons passé bien du temps ensemble
cette année-là

et j'ai aimé
les moments simples avec elle.

Comme quand on a brodé cette
poule de Pâques ensemble,

elle faisait les lignes,
et moi, les tournants.

Pendant les derniers mois de sa vie,
elle me repoussait souvent

lorsque j'allais la voir.

Mon papa était triste pour moi

mais je ne le prenais jamais à cœur,
je lui donnais un bisou en disant :

« Tu ne veux pas me voir aujourd’hui ?
Pas grave, je reviendrai plus tard. »

J’avais trouvé la paix,
avec elle et dans ma vie.

C’est vraiment à la dure que j’ai appris

à prendre la responsabilité
de mes propres besoins

mais en chemin, j’ai découvert
trois façons, trois étapes,

qui peuvent vraiment
faire une énorme différence.

Et j’aimerais que vous pensiez
à une relation vous pose des difficultés.

Numéro 1:

commencez par vous intéresser
intimement à vos besoins émotionnels.

Familiarisez-vous vraiment avec eux

et prenez conscience du fait
que ce sont vos besoins.

C’était peut-être le boulot de ce parent
de s’occuper de ces besoins

mais ce sont vos besoins.

Numéro 2 :

trouvez en vous la rancune
que vous nourrissez.

Et demandez-vous à voix haute :

« Hum, que faudrait-il pour que
je lâche cette rancune ? »

Lorsque vous savez,
voyez si vous voulez bien.

Souvent, il nous paraît impossible
de pardonner,

nous pensons que ça libérerait l’autre.

Eh bien, c’est en fait vous
que vous libéreriez.

Numéro 3 :

identifiez au moins une similitude

et une différence
entre vous et cette personne.

Ensuite, observez que vous
avez le droit d’être vous-même

et que l'autre personne
a le droit d’être elle-même.

Ayant péniblement suivi ce parcours,
je peux vous dire

que j’ai maintenant une relation
amoureuse formidable,

qui me rappelle beaucoup
mon premier amour.

Je peux maintenant accueillir
tant d’amour et de bonheur.

J’ai des relations chaleureuses et
positives avec mes quatre enfants.

J’ai des amitiés riches et profondes.

Et j’aime mon travail qui consiste
à aider les autres

à devenir des versions d'eux-mêmes
plus en paix et plus heureuses.

Pouvez-vous imaginer un monde dans lequel
nous suivrions tous ces étapes ?

Où nous ferions le choix
de faire ce qu’il faut

pour guérir nos relations passées, et
pouvoir savourer nos relations présentes ?

Nous sommes en novembre 2018,
le téléphone sonne :

ma maman vient d’être emmenée à l'hôpital

après s’être presque étouffée à mort

et elle est très agitée.

Alors que j’entre dans sa chambre,
elle m’accueille avec soulagement.

Irremplaçable !

Plusieurs heures plus tard, mon papa
et moi sommes toujours à ses côtés.

Tout d’un coup, elle cherche et attrape

nos deux mains
et elle les serre contre elle.

J’ai vraiment dû sortir mon téléphone
de ma poche et saisir cette photo...

Cette photo...

Six semaines plus tard, je dis au revoir
à mes parents, avant de partir en voyage.

Ma maman est un peu agitée
et elle me repousse.

Je ressens un brin de préoccupation
superstitieuse et j'insiste un peu

mais je cherche mon endroit d'acceptation.

Alors je lui fais juste un bisou
en disant :

« Ce n'est pas grave, je reviendrai
te voir à mon retour. »

Je ne réalisais pas que
je ne la reverrais jamais.

Mais par bonheur, j'avais trouvé
une façon de pardonner à ma mère.

Ça m’a pris plus de 30 ans
mais je l’ai fait !

Et ça a radicalement changé ma vie.

J’ai trouvé un bonheur
que je n’aurais jamais cru possible.

Alors pensez-y.

Y a-t-il quelqu’un dans votre vie
à qui vous pouvez pardonner

pour atteindre votre bonheur ?

Merci beaucoup.

(Applaudissements)