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AA Bronson a toujours supporté la culture des
initiatives fondées par des artistes depuis les années 60
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En particulier avec la formation de General Idea,
avec Felix Partz et Jorge Zontal, en 1969
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collectif célébré et exposé internationalement
jusqu’à la mort de Felix et Jorges victimes du SIDA, en 1994
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ils ont travaillé sur les codes de les institutions de culture populaire, les systèmes bureaucratiques, l’identité artistique, le glamour, les concours, et le VIH
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General Idea recherchaient à créer leurs propres institutions, comme d’autres au Canada à cette époque
(Bank Image, N.E. Thing Co)
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À propos de la professionnalisation du métier d’art,
et N.E. Thing Co a été mentionné comme ayant
succombé à la mentalité entrepreneuriale
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mais le contexte était différent: à la fin des années 60 il y avait de l’innocence et de l’expérimentation de la part des artistes
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ils se considéraient comme faisant partie d’une scène artistique
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dans les années 80 et 90, tout cela est devenu un système
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et dans les années 2000, ce système est devenu une industrie, avec des millions de dollars investis
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nécessitant de nouveaux protocoles
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pour en revenir à AA Bronson
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je l’ai d’abord connu à travers le magazine FILE
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une initiative fondée par les artistes de General Idea
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pour les artistes
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et qui a créé sa propre scène
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à travers le réseau le plus sophistiqué de l’époque: la poste
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FILE est une trace très riche des mouvements d’art de l’époque:
une œuvre d’art en soi
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apportant des possibilités immenses pour les artistes de l’époque
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dans un monde qui était tellement limité pour beaucoup d’artistes
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à partir de 1974 General Idea a fondé Art Metropole à Toronto, un centre de distribution pour les livres d’artistes, pièces sonores, vidéos et éditions limitées imprimées et objets
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Art Metrople existe encore aujourd’hui, avec une vitalité nécessaire pour la scène locale
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en 1987, AA Bronson a écrit un des premiers livres sur la culture artistique indépendante au Canada, “From Sea To Shining Sea”
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qui avait été imprimée sur du mauvais papier,
et je pense qu’il devrait être ré-édité
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de 2004 à 2010, AA Bronson a été directeur de Printed Matter à New York, un des plus grands distributeurs (librairie) de livres d’artistes
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et il a fondé la New York Art Book Fair en 2005
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il a toujours continué à travailler en tant qu’artiste en parallèle
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son travail affirme le rôle de l’artiste tout en le remettant en question
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il teste les limites de la vocation artistique
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depuis la mort de ses collaborateurs, son travail explore
la mort, le deuil et la guérison
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pas vraiment des thèmes courants dans l’art contemporain
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en 2009 il a fondé avec Kathryn Reklis
l’institut pour l’art, la religion et la justice sociale
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il rêve de fonder l’école “AA Bronson pour les jeunes chamans”
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AA Bronson croit en l’esprit de collaboration et se concentre sur la possibilité de vivre une vie comme une sculpture sociale
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Je dois dire que je suis étonné qu’il y ait plus que 5 personnes ici
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Je ne viendrais pas si tôt un dimanche
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Je suis devant vous, à 10h du matin
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le 11ème matin du 10ème mois
de la 12ème année du 21ème siècle
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Je suis devant vous, dans une institution appelée
Goldcorp Centre for the Arts
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Invité par la Simon Fraser University
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dans le quartier de Gastown en pleine gentrification
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dans la ville de Vancouver, dans la province
de la Colombie Brittanique
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sur la côte Ouest du Canada, au Nord de l’Amérique
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sur ce globe qu’on appelle “chez soi”
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je suis né ici, sur ce globe, sur ce continent…
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un matin de juin 1946
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il y a 66 ans
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je m’adresse à ceux qui ont fait
de ce festival un succès (…)
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je m’adresse à vous, les artistes qui y participent,
venant de tout le monde
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je m’adresse à ceux qui ont subsidié ce projet
et à ceux qui ne l’ont pas fait
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ceux qui ont donné généreusement
et ceux qui n’ont rien donné
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je m’adresse aux étudiants rassemblés ici aujourd’hui
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et spécifiquement les étudiants en art
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je m’adresse à la communauté queer,
à la communauté aborigène
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ceux de couleur, toutes les communautés marginalisées
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pour être rassemblés aujourd’hui
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et autant qu’aux vivants, je m’adresse aux morts
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je m’adresse à l’artiste Emily Carr
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qui reste un modèle pour moi
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pour avoir vécu exactement comme elle pensait qu’il serait juste
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je m’adresse aux esprits de Alvin Balkind, Jack Shadbolt
et Dora Shadbolt, et Arthur Erickson
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et plus particulièrement Kate Craig
qui devrait être avec nous aujourd’hui
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la richesse des musiciens, artistes, écrivains, poètes, acteurs, danseurs, compositeurs, directeurs, architectes
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et les autres qui ont animé la richesse culturelle de Vancouver
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et vécu dans des temps difficiles
de manières imaginatives et innovatrices
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je m’adresse aux morts, ceux qui ont été persécutés
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pour leurs différences, ceux qui ont été tués, ceux qui ont souffert d’abus en tant qu’enfants ou adultes
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ceux qui se sont suicidés à cause de leur impossibilité de vivre pleinement comme ceux qu’ils se sentaient être
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ceux qui sont décédés du SIDA
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je m’adresse aux dépossédés et aux abandonnés
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à tous ceux qui sont morts mais
qui ne peuvent pas quitter cet endroit
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je les invite à nous rejoindre ici
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dans cette discussion sur l’art, les artistes,
l’auto-détermination, et les institutions
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car nous sommes une communauté des vivants et des morts
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je parle en tant qu’artiste
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invité à participer à cette conférence
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“Institutions créées par des artistes”
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je parle devant un groupe constitué,
principalement je l’espère, d’artistes
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je suis chanceux d’être le type de personnes qui se demande ce qu’il fera quand il grandira
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dans les années 60, j’ai arrêté l’école d’architecture à Winnipeg
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tous les meilleurs gens de ma génération ont aussi arrêté
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et avec un groupe d’amis nous avons créé une communauté,
une école libre, appelée simplement “l’école”
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et un journal undergound
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c’était ma première expérience de création d’une institution
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avec l’idée d’édition indépendante et d’auto-gouvernance
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J’étais intéressé en auto-détermination
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je ne voulais pas travailler dans un bureau, suivre des ordres
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et je ne voulais pas vivre selon les idées d’autres personnes
sur comment je devrais être
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j’était intoxiqué par l’idée de créer ma propre institutions
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comme Michel Foucault l’a dit, à partir de sa vie
on peut faire une œuvre d’art
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j’ai toujours voulu être un artiste
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et je réalise maintenant que ma vie pourrait être cette œuvre d’art
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aujourd’hui je parle de moi-même comme un “faiseur d’institutions”
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ceci est une sorte d’invocation pour débuter cette conférence
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budgets, budgets, budgets
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je ne suis pas un comptable, je suis un artiste
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je déteste faire la comptabilité
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on sait bien que les artistes ne sont
même pas sensés voir de l’argent
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oui, mais on n’est pas non plus sensés être à la TV, AA
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on est sensés être là, sur les bords de la société
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entre le chaos et notre sensibilité tout fraîche
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on est sensés être romantiques, purs
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pendant que nos œuvres sont dans le marché
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l’objet des investissements de fétichistes
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c’est comme ça que le capitalisme opère
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il espère tout le temps de nouveaux marchés
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il capture le chaos, comptant sur le changement
pour ensuite le réintégrer au mainstream
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à grand profit évidemment
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et le problème est “comment travailler hors du système”?
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non, le problème est “comment travailler dans le système”?
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parce qu’il n’y a plus de dehors
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à moins que tu sois très romantique…
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ah les années 60!
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c’est pour ça qu’on travaille le format des média, AA
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on ne veut pas détruire la télévision
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on veut y ajouter quelque chose,
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on veut l’étendre jusqu’à ce qu’elle perde forme
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imagine, toutes ces nouvelles sensibilités
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prenant de plus en plus de place
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tout ce chaos réinjecté dans le mainstream
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exagéré au point qu’il en devient impossible d’avoir une vue d’ensemble
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tu voudrais remplacer le mode du profit
par celui du changement, non?
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oui, pense le capitalisme comme un format supplémentaire
qu’on peut occuper et remplir de notre contenu.
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qui paie pour cette tournée?
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General Idea a commencé en 1969
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une amie mutuelle, Mimi, nous a convaincus d’habiter cette maison
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mon souvenir préféré dans cette maison est
qu’elle n’avait pas de douche
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donc on utilisait un tuyau dans la cave avec un bassin
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nous voilà — sans moi parce que je prends la photo
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cette maison était située dans un quartier de Toronto avec des fleurs peintes dans les rues, dont les couleurs étaient passées
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il y avait une vitrine au rez de chaussée dans notre salon
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on était tous sans boulots, on s’ennuyait, on avait vraiment rien d’autre à faire…
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donc on a commencé à ouvrir une série de faux magasins
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comme le Belly Store
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il y avait dans le quartier une boutique de livres qui liquidait son stock de livres de romances d’infirmières
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et on en a fait une vitrine de librairie
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on avait mis un panneau sur la porte
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“de retour dans 5 minutes”
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il y avait une résidence d’infirmières dans le quartier
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et on était derrière à les regarder se demander de quoi il s’agissait
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le Belly Store était la première de nos boutiques
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1969 était le début de notre occupation du monde commercial
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voilà notre premier produit, Belly Food
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et dans les 30 jours d’ouverture du Belly Store
on en a pas vendu un seul
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mais ils valent beaucoup plus d’argent aujourd’hui
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ensuite il y a eu Betty‘s, au même endroit
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on avait trouvé un magasin d’habits de femmes de 1948 qui venait de fermer
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on a pu tout racheter pour 150 dollars
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et ensuite on a ré-ouvert le magasin dans notre salon
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c’était avant l’époque des habit rétro
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on a eu un article entier dans le journal, pas dans la section art, mais à la première page de la section “femmes”
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tout s’est vendu
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à part 13 pièces de cette horrible robe
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c’est le dernier projet qu’on a fait dans cet espace
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avant qu’on déménage dans un loft
dans le quartier des finances de Toronto
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mais on avait encore les 13 robes
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donc on a inventé le concours de beauté de Miss General Idea 1971
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de vendeurs, on est devenus
organisateurs de concours de beautés
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puis organisateurs de “spectacles de média”
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c’est Grenada (?), rétroactivement appelée Miss General Idea 68
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elle tient les kits de participation au concours
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c’est la conception de l’artiste
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une image qu’on avait trouvé dans un magazine pornographique — j’imagine que c’est un homme
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on a envoyé la robe à 13 artistes en leur demandant de renvoyer une photo de la personne de leur choix pour concourir
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ça c’est Dr Venus (je ne peux pas dire son nom parce que c’est une sénatrice Canadienne)
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c’est le gagnant: Michael Morris, qui s’est nommé
Marcel Idea à cette occasion
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les juges étaient de vrais juges: Dorothy Cameron et David Silcox
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David Silcox était le chef du Canada Council
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Dorothy Cameron était une consultante en art estimée
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et ils ont choisi Marcel parce qu’il capturait le glamour sans tomber dedans
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c’est le premier numéro de FILE, en 1972
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et on a encore changé de rôles:
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d’organisateur de spectacles de média, on est devenus architectes
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architectes d’un autre type d’institution,
le Miss General Idea Pavillion
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le Pavillon était un concept d’une architecture décentralisée
et non-existante
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notre idée était d’avoir différentes installations,
comme des portions du Pavillon
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sans devoir être assemblées dans un bâtiment
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voici Art Metropole, qu’on a fondé en 1974
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fondé comme l’archive et la boutique du Pavillon
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le Pavillon était la métaphore du musée
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on construisait notre propre monde
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FILE représentait les médias de masse
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le concours de beauté représentait le processus de création
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Miss General Idea était l’œuvre d’art
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le Pavillon était la métaphore du musée
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c’est la boutique du Pavillon
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la première exposition a eu lieu à Amsterdam en 79
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à la même époque que la vidéo dont on a vu un extrait
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à l’occasion de cette exposition, on a réalisé que la boutique du musée ne vendait pas nos pièces
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et on a donc voulu créer notre propre boutique de musée
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la boutique a été exposée plein de fois
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mais on ne nous a permis d’y vendre
des choses qu’une seule fois
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les boutiques des musées ne permettent pas
la compétition
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c’est spécial, parce que les parties boutiques et restaurant des musées sont toujours considérées comme secondaires
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mais on a alors réalisé qu’elles priment
sur toutes les autres parties
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c’est un des multiples qu’on a fait dans la période “liquid assets”
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un support à cocktail
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la boisson ultime du post-modernisme
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car elle combinent des ingrédients pour créer de nouvelles choses
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le voici ici sur la couverture de FILE
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Andy Warhol était un de nos premiers abonnés
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j’allais à New York pour lui donner son numéro
en personne
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je l’avais interviewé à propos d’argent dans le magazine,
et il y avait ce signe $ sur la couverture
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et ses peintures de signes $ sont apparues 9 moins plus tard
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Poodles…
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pas le temps d’en parler, long story…
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voilà le labyrinthe, pour le Pavillon, jamais construit
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on l’avait proposé pour une exposition
dans un centre commercial abandonné de Montréal
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c’est le rendu de l’intérieur du labyrinthe, basé sur les
labyrinthes qu’on trouvait dans les saunas gay dans les années 70
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il n’a apparemment pas pu être construit parce qu’il n’était pas accessible aux fauteuils roulants
-
les armoiries du Pavillon
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on voyageait en Europe et on était intéressés par l’héraldique, premier language visuel occidental
-
donc on a traduit nos images en images héraldiques
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voilà une série de pièces du Pavillon
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pas vraiment imaginaires, mais pas vraiment
vraies dans le sens normal du terme
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elles contiennent plusieurs indice du futur…
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voici un auto-portrait de General Idea avec les trois queues
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“9 vies”
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inspiré par le drapeau de la ville d’Amsterdam
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portant déjà des signes de ce qui allait arriver
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en 87, on a été invités à faire un projet, un pièce à vendre
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à la première levée de fond pour la recherche autour du SIDA
-
on a proposé cette grande peinture
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on est donc entrés dans une nouvelle phase
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d‘architectes on est devenus une compagnie de publicité
-
on a passé les 7 années suivantes à monter une sorte de
campagne promotionnelle pour une maladie
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une maladie qui a cette époque n’était pas nommée à voix haute
-
par le président des États Unis par exemple
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voilà les posters qu’on a mis dans les rues de NY, San Francisco, Toronto, Berlin…
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à ce moment, on s’est rendus compte que le musée
fasait partie de la culture de masse
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à partir de la fin des années 80 ce n’était plus un espace de recherche, de réflexion
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donc on a commencé à utiliser le musée
comme un espace publicitaire
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on a fait une sculpture à Hambourg, qui allait
se retrouver pleine de graffitis et de posters
-
l’idée était qu’elle devienne une sorte de conversation,
qu’elle collecte des informations sur la maladie
-
et qu’elle agisse comme un point physique de rassemblement
-
mais après elle est passée par plusieurs plusieurs musées,
qui malgré les indications l’ont nettoyée
-
voilà à quoi elle ressemble maintenant
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SF Moma avait promis qu’ils ne la nettoieraient pas,
et pourtant ils l’ont la veille de l’exposition
-
j’imagine qu’ils ne veulent pas donner des idées aux gens
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Et puis Felix a été diagnostiqué atteint du SIDA
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mais il ne nous l’a pas dit avant 1980
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et en 1980 Jorge a été aussi diagnostiqué atteint du SIDA
-
notre vie a alors été remplie de pilules
-
que nous avons incorporé dans notre travail
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comme un objet sculptural de choix
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voilà un calendrier
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qui représentait toutes les pilules de Felix prenait à l’époque
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mais apparemment il demandait aussi au pharmacien
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des capsules vides avec des couleurs qu’il aimait
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c’est un an de traitement et un jour de traitement
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5 par jour, organisée en calendrier
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plus de 1800 pilules par an
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les pilules au centre sont les doses journalières
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il est facile d’imaginer des corps à l’intérieur
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c’est le Magi© Bullet
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une installation faite de ballons comme ceux qu’on prend à l’hopital
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avec la forme de capsules
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ils représentent le médicament qu’on rêvait tous de découvrir
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qui n’attaque que la cellule infectée
-
cette pièce se désinstalle toute seule
-
quand les ballons se dégonflent les gens peuvent les prendre et les ramener chez eux
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une pièce qui se répand dans la ville
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c’est la pièce Fantasy ***, faite de 300 feuilles de styrofoam
et de 3 bébé phoques canadiens
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partout considérés comme une espèce en voie de disparition
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et considérés au Canada en surpopulation
-
cette pièce est très blanche et a une odeur particulière
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les trois docteurs de General Idea,
qui écoutent le coeur de chacun
-
en 1993, Felix et Jorge étaient très malades
-
et on a décidé de rassembler nos activités de New York à Toronto
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parce que là-bas le système permettait aux malades en phase terminale d’être soignés à la maison et pas à l’hôpital
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et finalement de pouvoir mourir à la maison
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donc on a commencé à beaucoup travailler,
on n’avait plus beaucoup de temps
-
on a produit cette série: les Mondrians infectés
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le jaune des tableaux a été remplacé par du vert,
que Mondrian détestait
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ils sont peints sur du styrofoam
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c’était donc plus comme un décor de film que de vraies peintures
-
c’est le dernier projet qu’on a fait ensemble,
publié après leur mort
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XXX Voto
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basé sur le texte d’Yves Klein, pour Saint Theresa
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dans notre cas voué à l’esprit de Miss General Idea
-
la remerciant des bons temps passés ensemble
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j’avais envie d’amener General Idea dans cette conférence
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j’aurais pu parler de beaucoup d’autres choses
-
j’aurais pu parler de la plus vieille institution menée par des artistes qui existe toujours
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la Wiener Secession, fondée en 1895
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mais j’ai pensé que ça serait plus approprié de
parler de ce que je fais, vu le temps limité
-
en fait… General Idea était un assemblage
d’institutions derrière nous
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c’est un portrait que j’ai fait de Felix sur son lit de mort
-
une photo prise 3 heures après sa mort
-
c’est comme ça qu’il se présentait quand ses amis
venaient le visiter pendant les dernières semaines
-
ses yeux sont ouverts, il ne lui restait plus assez
de peau pour les fermer
-
il n’était pas vraiment malade, il s’est juste désintégré
-
et c’est un portrait de Jorge, une semaine avant sa mort
-
il était aveugle, et il m’a demandé de prendre cette photo
-
il pensait qu’il ressemblait à son père quand il a été libéré de Auschwitz
-
Jorge est en fait né dans un camp de concentration
-
ça a été produit comme une série de posters
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affichés dans la ville de Vienne
-
sans texte
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ça a commencé cette discussion sur les intersections entre l’histoire du SIDA et de l’holocauste
-
et ensuite j’ai fait un troisième portrait mortuaire,
celui de la part de moi-même qui est morte avec eux
-
je suis alors devenu un artiste solo, en commençant par leur mort
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je me suis retrouvé suspendu dans un espace
dans lequel je ne savais pas quoi faire
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inspiré de la figure sur les cartes de tarot, l’homme pendu
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j’avais pris beaucoup de cours pour devenir un guérisseur
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pour devenir un accoucheur pour les mourants
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et 10 ans plus tard je suis allé retourné à un cours
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et j’ai remarqué que j’étais au moins aussi bon que les professionnels
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donc je suis retourné à New York
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où j’ai commencé à travailler 40 heures par semaine en tant que guérisseur
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mon identité de AA Bronson en tant que General Idea était partie
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et j’étais dans ma nouvelle identité de AA Bronson guérisseur
-
j’ai créé des projets avec cette nouvelle identité
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par exemple cette installation murale
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qui était aussi un panneau d’affichage pour ma pratique de soigneur
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revenant sur l’idée de créer des institutions,
j’ai monté ce spa de guérison sur place
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les gens pouvaient prendre des rendez-vous le matin
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avant que le musée ouvre
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tout guérisseur professionnel dans General Idea
doit avoir ses propres huiles et bougies
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voici les miennes
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Printed Matter a été fondée en 1976 par
Lucy Lippard, Sol Lewitt et d’autres
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on y vendait nos livres
-
à la fin des années 90 on m’a invité à être dans l’équipe de direction
-
et l’espace avait beaucoup de difficultés à survivre
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9/11 est arrivé, Printed Matter venait de déménager et n’a pas pu avoir d’aides financières
-
on a arrêté toutes les ventes pendant 6 mois
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New York était un désastre pendant cette période
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on m’a demandé si je pouvais en devenir le directeur
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et essayer de sauver le lieu
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c’est la première exposition de Jenny Holzer
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et celle de Richard Prince
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réalisée par Lucy Lippard
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la première chose que j’ai fait était de déplacer
Printed Matter dans un espace avec vitrine
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et de recentrer l’espace sur son but originel:
un espace pour les artistes, par les artistes
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on a essayé d’être attentifs aux jeunes
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on s’est débarassés des catalogues qui y étaient en vente
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au début on pensait que si on ne vendait pas de livre un peu mainstream
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on ne survivrait pas
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mais en fait en ne le faisant plus les ventes ont augmenté
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en 2006 on a commencé le New York Art Book Fair
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pour relancer la position de New York sur la scène du livre d’art(iste)
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ce qui a eu un succès immédiat
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avec 70 participants à la foire
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la foire mélange les genres: fanzines, antiquaires
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mais toujours mettant en avant les artistes
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la dernière a eu plus de 2000 visiteurs
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la fin du livre n’est pas encore là
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pour les livres d’art en tout cas, c’est plutôt le contraire,
il y a une explosion de livres, de maisons d’édition…
-
il y avait aussi des performances, des conférences
-
je montre le distributeur d’argent (ATM machine)
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qui est la meilleure partie de la foire: 80'000
sont partis en quelques heures après l’ouverture
-
il y a donc bien de l’argent pour les livres