Return to Video

Le vrai risque du pardon - et pourquoi il en vaut la peine | Sarah Montana | TEDxLincolnSquare

  • 0:06 - 0:09
    Pendant l'été 2006,
    j'ai fait la meilleure chose qui soit :
  • 0:09 - 0:12
    quitter mon travail
    dans un fonds d'investissement
  • 0:12 - 0:15
    pour écrire une pièce
    sur le meurtre de ma famille.
  • 0:15 - 0:16
    (Soupir)
  • 0:17 - 0:20
    J'ai dit à mes amis et ma famille
    qu'il s'agissait d'art,
  • 0:20 - 0:23
    mais en vérité, je me lançais
    dans une quête spirituelle.
  • 0:23 - 0:25
    Je voulais mettre fin à une relation
    avec une personne
  • 0:25 - 0:27
    que je connaissais à peine -
  • 0:27 - 0:29
    l'enfant qui a tué ma mère et mon frère.
  • 0:30 - 0:34
    C'était un ami de mon plus jeune frère,
    un gamin du quartier.
  • 0:34 - 0:38
    Il était venu des centaines de fois
    piller le placard à gâteaux à la maison.
  • 0:38 - 0:41
    Ma mère avait l'habitude de le saluer
    depuis le van et disait :
  • 0:41 - 0:42
    « Il traverse une période difficile,
  • 0:42 - 0:45
    je veux juste être sûre
    qu'il sache que je le voie. »
  • 0:45 - 0:48
    Il s'est introduit dans notre maison
    peu avant Noël,
  • 0:48 - 0:51
    cherchant des objets
    qu'il pourrait revendre.
  • 0:51 - 0:53
    Lorsqu'il a vu mon frère Jim
    endormi sur le canapé,
  • 0:53 - 0:56
    il a paniqué, lui a tiré dessus
    et a pris la fuite.
  • 0:57 - 0:59
    Et il a réalisé qu'il avait oublié
    son manteau.
  • 1:00 - 1:03
    Le temps qu'il fasse demi-tour,
    ma mère avait trouvé Jim.
  • 1:03 - 1:05
    Il savait qu'elle allait le reconnaître,
    et je le cite,
  • 1:05 - 1:08
    « parce qu'elle n'arrêtait pas
    de hurler, »
  • 1:08 - 1:10
    il lui a tiré dessus et l'a tuée.
  • 1:10 - 1:13
    Il a été condamné deux fois à perpétuité,
  • 1:13 - 1:16
    et se trouve en prison en Virginie.
  • 1:17 - 1:18
    (Soupir)
  • 1:20 - 1:24
    Durant les sept années qui ont suivi,
    j'ai réussi à ne pas le haïr,
  • 1:24 - 1:27
    mais ma peine et mon traumatisme
    ont déformé ma vision.
  • 1:27 - 1:29
    Il a cessé d'être humain à mes yeux.
  • 1:29 - 1:32
    Il n'était plus un homme,
    mais le visage de tous les maux,
  • 1:32 - 1:34
    une tornade qui avait ravagé notre maison
  • 1:34 - 1:37
    en l'envoyant dans une version
    cauchemardesque d'Oz,
  • 1:37 - 1:39
    mais il n'était plus le garçon de 17 ans -
  • 1:39 - 1:43
    ou, je le réalise maintenant,
    un homme de 24 ans.
  • 1:43 - 1:46
    Un homme devenu adulte dans une cellule,
    s'il était même devenu adulte.
  • 1:47 - 1:50
    Et tandis que je me posais pour écrire
    sur le méchant de ma pièce et de ma vie,
  • 1:50 - 1:55
    j'ai réalisé que j'avais un nom,
    quelques souvenirs d'enfance fracturés,
  • 1:55 - 1:59
    un court document de la Cour de justice
    mais rien de plus pour avancer.
  • 2:00 - 2:03
    Je me suis tournée vers la réponse
    à toutes les questions : Google.
  • 2:04 - 2:06
    J'ai cherché son numéro
    de prisonnier sur Google.
  • 2:06 - 2:09
    C'est là que cet idiot d'Internet
    m'a mis une claque.
  • 2:09 - 2:11
    Les deux-tiers des prisonniers
    dans sa prison
  • 2:11 - 2:15
    passent 23 heures par jour à l'isolement,
  • 2:15 - 2:18
    dans une pièce de 2,5 mètres par 3,
    avec des volets cachant la lumière.
  • 2:19 - 2:21
    Les conditions sont si mauvaises
    qu'en 2012,
  • 2:21 - 2:24
    la prison entière a fait
    une grève de la faim.
  • 2:24 - 2:27
    Alors que je faisais défiler
    la liste des violations
  • 2:27 - 2:29
    des droits de l'homme dans cette prison,
  • 2:29 - 2:32
    tout à coup, il est redevenu
    une personne à mes yeux.
  • 2:34 - 2:38
    Quand j'ai vu les corps de Maman
    et de Jim au funérarium la première fois,
  • 2:38 - 2:40
    ma main s'est brusquement retirée
  • 2:40 - 2:42
    en sentant la petite
    et destructive supernova
  • 2:42 - 2:44
    que la balle avait faite à l'arrière
    de crâne de Jim.
  • 2:45 - 2:48
    Le visage de ma mère s'était
    affaissé sur lui-même.
  • 2:48 - 2:51
    Ce n'était plus elle,
    juste de la chair et des os
  • 2:51 - 2:55
    dans cette robe noire que nous avions
    achetée une semaine avant à Kiabi.
  • 2:55 - 2:57
    Ce sont mes souvenirs les plus douloureux.
  • 2:59 - 3:01
    Mais lorsque je l'imagine,
  • 3:01 - 3:06
    battu, affamé, pleurant
    dans une cellule obscure,
  • 3:07 - 3:09
    oui, c'était étrangement
    tout aussi douloureux.
  • 3:09 - 3:12
    Parce que nous étions toujours connectés.
  • 3:12 - 3:14
    Ce traumatisme, ce lien d'acier
  • 3:14 - 3:17
    avec lequel il m'avait harponnée
    lorsqu'il les avait tués,
  • 3:17 - 3:18
    était toujours là,
  • 3:18 - 3:21
    et je luttais contre sa traction,
    le traînant dans la boue
  • 3:21 - 3:24
    pendant ces sept dernières années,
    consciemment ou non.
  • 3:25 - 3:27
    Et j'ai compris avec horreur
  • 3:27 - 3:31
    que si lui les avait tués, j'étais celle
    qui avait choisi de rester connectée.
  • 3:31 - 3:33
    Après avoir pesé toutes les options -
  • 3:33 - 3:36
    vraiment toutes les options
    à ma disposition,
  • 3:36 - 3:40
    j'ai compris que la seule façon de me
    débarrasser de lui était de le pardonner.
  • 3:40 - 3:43
    C'était une conclusion douloureuse.
  • 3:43 - 3:44
    (Rires)
  • 3:44 - 3:47
    Parce qu'en réalité, je pensais
    l'avoir déjà pardonné
  • 3:47 - 3:50
    J'avais dit à mes amis, à ma famille,
    que je l'avais pardonné,
  • 3:50 - 3:53
    j'avais même dit « Je te pardonne »
    dans les média nationaux.
  • 3:53 - 3:57
    Et si dire que vous pardonnez quelqu'un
    n'est pas la même chose que le faire,
  • 3:57 - 4:01
    pourquoi ce gars était-il toujours
    accroché à moi, m'entraînant avec lui,
  • 4:01 - 4:06
    me faisant faire des choses débiles comme
    quitter mon travail pour écrire une pièce.
  • 4:06 - 4:09
    Il se trouve qu'on ne peut pas
    feindre le pardon,
  • 4:09 - 4:12
    bien que ce soit ce que la société
    attende de nous.
  • 4:12 - 4:16
    Alors comment pardonner réellement,
    une fois pour toutes ?
  • 4:17 - 4:20
    J'étais telle Alice dans le terrier,
    une question menant à une autre,
  • 4:20 - 4:22
    puis une recherche théologique,
  • 4:22 - 4:25
    et enfin une recherche
    psychiatrique et médicale.
  • 4:25 - 4:29
    Jusqu'au jour où mon mari s'est
    retrouvé face à une femme frénétique,
  • 4:29 - 4:32
    faisant les 100 pas dans l'appartement,
    crachant des statistiques :
  • 4:32 - 4:36
    « Tu savais qu'il y a 62 passages
    dans la Bible avec le mot pardonner,
  • 4:36 - 4:37
    et 27 avec le mot pardon ?
  • 4:37 - 4:39
    Mais aucun passage
    ne dit comment faire ! »
  • 4:39 - 4:40
    (Rires)
  • 4:40 - 4:42
    Ils disent juste à quel point c'est bien !
  • 4:42 - 4:45
    C'est comme Nike et son fameux
    « Just do it » (fais-le)
  • 4:45 - 4:47
    (Rires)
  • 4:47 - 4:49
    Et il y a ce docteur Wayne qui dit :
  • 4:49 - 4:53
    « Pour pardonner, il suffit de laisser
    aller et être comme l'eau. »
  • 4:53 - 4:56
    Qu'est-ce que ça veut dire ?
  • 4:56 - 4:58
    Mon mari s'est approché de moi
    très doucement.
  • 4:58 - 5:00
    « Chérie, qu'est-ce que tu fais ? »
  • 5:00 - 5:01
    (Rires)
  • 5:01 - 5:04
    « J'essaye de pardonner le gamin
    qui a tué ma famille,
  • 5:04 - 5:05
    mais personne ne me dit comment. »
  • 5:05 - 5:09
    Oh, il n'y a que des avis 5 étoiles
    pour le pardon sur Yelp.
  • 5:09 - 5:14
    Les arguments de vente sont fantastiques,
    mais comment faire en réalité ?
  • 5:17 - 5:19
    Je ne me posais pas la bonne question :
  • 5:19 - 5:22
    il s'agissait moins de comment
    mais pourquoi pardonner.
  • 5:22 - 5:24
    Pourquoi pardonner ? Pourquoi le faire ?
  • 5:25 - 5:29
    Et j'ai découvert que nous pardonnons
    pour les mauvaises raisons.
  • 5:29 - 5:31
    Certaines victimes, comme moi,
    pardonnent tout de suite
  • 5:31 - 5:33
    parce que c'est la bonne chose à faire.
  • 5:33 - 5:34
    Mais soyons honnête,
  • 5:34 - 5:38
    il n'y a que 3 raisons pour lesquelles
    une victime pardonne automatiquement.
  • 5:38 - 5:41
    Un : vous pensez que pardonner rapidement
    fera de vous une bonne personne.
  • 5:41 - 5:44
    C'est une erreur facile à commettre, non ?
  • 5:44 - 5:47
    Si le pardon est bon, une bonne personne
    doit pardonner immédiatement.
  • 5:47 - 5:51
    Mais dans toutes mes recherches, je n'ai
    pas trouvé de chronologie pour le pardon.
  • 5:51 - 5:54
    Tout le monde nous pressait
    désespérément de le faire ;
  • 5:54 - 5:56
    ils savaient que
    nous ne voulions pas le faire.
  • 5:56 - 5:58
    Même Jésus, lorsqu'il parle
    de tendre l'autre joue,
  • 5:58 - 6:00
    ne parle pas de pardon.
  • 6:00 - 6:01
    Il parle de non-violence.
  • 6:01 - 6:03
    Il doit bien y avoir un intermédiaire
  • 6:03 - 6:05
    entre l'absolution immédiate
  • 6:05 - 6:07
    et l'application de la loi du talion.
  • 6:07 - 6:13
    Deux : les victimes ressentent
    beaucoup de pression pour pardonner.
  • 6:13 - 6:16
    Ça peut venir de vos amis,
    de votre famille, des média,
  • 6:16 - 6:19
    de messages religieux de tous ordres.
  • 6:19 - 6:21
    En vérité, ils veulent que
    vous pardonniez rapidement
  • 6:21 - 6:25
    pour pouvoir retourner à leur vie
    confortable et tourner la page.
  • 6:25 - 6:27
    C'est une raison assez foireuse.
  • 6:27 - 6:32
    Trois : vous pensez que le pardon
    est un raccourci vers la guérison ;
  • 6:32 - 6:34
    qu'en allant directement
    à la fin de l'histoire,
  • 6:34 - 6:36
    vous passerez outre vulnérabilité,
    colère, confusion
  • 6:36 - 6:38
    et les conneries de l'acceptation.
  • 6:38 - 6:41
    Attention, sachez que prendre un raccourci
    va vous retomber dessus.
  • 6:41 - 6:43
    Pour moi, c'était les trois à la fois.
  • 6:43 - 6:46
    Je veux être une bonne personne,
    j'aime faire plaisir aux autres,
  • 6:46 - 6:50
    et je déteste la vulnérabilité, la colère,
    et la confusion liée à l’acceptation.
  • 6:50 - 6:54
    Mais il se trouve que le pardon
    est d'une telle puissance
  • 6:54 - 6:57
    qu'aucune de ces raisons n'était
    assez forte pour durer.
  • 6:57 - 6:58
    C'est comme l'amour.
  • 6:58 - 6:59
    Si votre motivation est égoïste,
  • 6:59 - 7:02
    même une chose légitimement égoïste
    comme l'acceptation,
  • 7:02 - 7:05
    va exploser comme une étoile mourante.
  • 7:06 - 7:08
    Alors pourquoi le faire ?
    Pourquoi pardonner ?
  • 7:08 - 7:12
    Ça ne vous soignera ni ne vous guérira,
    ni vous ni l'autre ;
  • 7:13 - 7:16
    ça ne fera pas de vous une bonne personne
    - du moins pas en tant que tel,
  • 7:16 - 7:18
    parce que le pardon
    n'est pas fait pour ça.
  • 7:18 - 7:21
    Le pardon est fait pour vous libérer.
  • 7:21 - 7:24
    Lorsque vous dites « Je te pardonne »,
    en réalité vous dites :
  • 7:24 - 7:26
    « Je sais ce que tu as fait,
  • 7:26 - 7:31
    ce n'est pas normal, mais je reconnais
    que tu es plus que ça.
  • 7:32 - 7:35
    Je ne veux pas nous rendre captifs
    de cette chose plus longtemps.
  • 7:35 - 7:38
    Je veux guérir, et je n'ai besoin
    de rien venant de toi. »
  • 7:41 - 7:44
    Quand vous avez dit ça,
    et que vous le pensez,
  • 7:44 - 7:45
    il n'y a plus que vous.
  • 7:46 - 7:48
    Pas de chaînes, pas de prisonniers.
  • 7:48 - 7:53
    Juste le bon, la brute ou le truand
    que cette personne était au départ.
  • 7:54 - 7:56
    Dans notre culture, la vengeance
    représente la liberté,
  • 7:56 - 7:58
    mais c'est une véritable prison.
  • 7:58 - 8:01
    Tout acte de violence,
    qu'il soit émotionnel ou physique,
  • 8:01 - 8:03
    est une forme étrange
    et perverse d'intimité.
  • 8:03 - 8:04
    Les Grecs disent :
  • 8:04 - 8:07
    mourir de la main d'un homme bon
    est une bonne mort.
  • 8:07 - 8:08
    Pensez-y.
  • 8:08 - 8:11
    À chaque fois que quelqu'un se souvient
    de ma mère et mon frère,
  • 8:11 - 8:13
    ils pensent à leur absence,
  • 8:13 - 8:16
    et puis ils pensent au gamin
    qui a fait ça.
  • 8:16 - 8:19
    Cet unique acte de violence lie
    ces trois personnes ensemble,
  • 8:19 - 8:22
    dans l'esprit des gens, pour l'éternité.
  • 8:22 - 8:25
    En optant pour la vengeance,
    nous signons en fait un pacte de sang
  • 8:25 - 8:29
    qui lie notre histoire à nos ennemis,
    pour toujours.
  • 8:29 - 8:32
    Le pardon est le seul vrai chemin
    vers la liberté.
  • 8:33 - 8:37
    Mais pour se libérer,
    il faut être très précis
  • 8:37 - 8:40
    sur ce que vous voulez
    pardonner exactement,
  • 8:40 - 8:44
    parce que vous ne pouvez pas pardonner
    une chose qui ne vous est pas arrivée.
  • 8:44 - 8:48
    J'ai découvert une idée du Judaïsme
    qui m'a frappée en plein cœur :
  • 8:48 - 8:50
    la famille ne peut pardonner
    les meurtriers,
  • 8:51 - 8:53
    parce qu'ils n'ont pas
    été tués par ceux-ci.
  • 8:53 - 8:56
    Ils peuvent seulement pardonner
    la peine, la douleur et le chagrin
  • 8:56 - 8:58
    que cette perte leur cause.
  • 8:58 - 9:00
    Ce fut une révélation pour moi.
  • 9:00 - 9:03
    Je devais cloisonner mes lésions :
  • 9:03 - 9:06
    pas ce qui était arrivé
    à Maman et Jim, à ma famille,
  • 9:06 - 9:08
    ou ce qui était arrivé à la société,
  • 9:08 - 9:10
    mais ce qu'il m'était arrivé, à moi.
  • 9:10 - 9:13
    C'est pourquoi la justice semble
    parfois très froide pour les victimes.
  • 9:13 - 9:17
    La Justice a pour mission
    d'estimer ce qui est dû.
  • 9:17 - 9:22
    Le système judiciaire a pour mission
    d'estimer ce qui est dû à la société.
  • 9:23 - 9:24
    Pas aux victimes.
  • 9:24 - 9:30
    C'est à nous, individuellement,
    d'être très clair sur ce qu'on nous doit.
  • 9:31 - 9:34
    Vous ne pouvez pas pardonner
    votre père de battre votre mère.
  • 9:34 - 9:36
    Vous ne pouvez que le pardonner
    pour la tristesse,
  • 9:36 - 9:40
    l'aliénation et la colère
    que ça vous fait ressentir.
  • 9:40 - 9:43
    Je ne pouvais pas le pardonner
    pour le meurtre de Maman et Jim.
  • 9:43 - 9:44
    Je suis toujours de ce monde.
  • 9:44 - 9:46
    Je devais évaluer mes lésions.
  • 9:46 - 9:51
    Mon mariage, auquel
    ils n'ont pas pu assister.
  • 9:51 - 9:55
    Des parts de mon être que mon mari
    et mes enfants ne comprendront jamais
  • 9:55 - 9:57
    car ils n'ont pas connu
    ma mère et mon frère.
  • 9:57 - 10:00
    La façon dont ma vie était censée
    commencer à 22 ans,
  • 10:00 - 10:02
    et comment il l'avait détruite.
  • 10:02 - 10:05
    Mon sens inné de la sécurité
    et d'appartenance,
  • 10:05 - 10:09
    qui, pour être honnête,
    ne reviendra sûrement jamais.
  • 10:10 - 10:11
    Voilà mes lésions.
  • 10:16 - 10:18
    Nous évitons le pardon comme la peste
  • 10:18 - 10:21
    parce que nous ne voulons pas
    regarder nos blessures.
  • 10:21 - 10:23
    Les blessures font peur,
    elles sont sales, dégoûtantes -
  • 10:23 - 10:26
    nous détournons le regard
    en donnant notre sang.
  • 10:26 - 10:28
    C'est bien plus facile de prendre
    toutes ces émotions
  • 10:28 - 10:31
    et de les canaliser dans la rage
    contre une autre personne.
  • 10:31 - 10:34
    Je vais être honnête avec vous :
    faites-le.
  • 10:35 - 10:36
    (Rires)
  • 10:36 - 10:38
    Vous pensiez qu'il s'agissait de pardon ?
  • 10:38 - 10:40
    C'est une partie importante du processus.
  • 10:40 - 10:44
    La colère est importante,
    c'est le feu qui cautérise nos plaies
  • 10:44 - 10:46
    et qui les cicatrise et les soigne.
  • 10:46 - 10:49
    Mais trop de colère, et vous aurez
    des brûlures au troisième degré,
  • 10:49 - 10:52
    trop peu, vous ne cicatriserez jamais
  • 10:52 - 10:54
    et vous ne saurez jamais
    ce qui vous est arrivé.
  • 10:54 - 10:56
    Et si vous ne savez pas
    ce qui vous est arrivé,
  • 10:56 - 10:58
    vous ne pouvez pas savoir
    pourquoi vous pardonnez.
  • 10:59 - 11:01
    Mais dès que vous savez
    ce qui vous est arrivé,
  • 11:01 - 11:04
    c'est qu'il est l'heure pour
    cette bonne vieille justice.
  • 11:04 - 11:06
    Désolée, j'ai épousé un Texan.
  • 11:06 - 11:07
    (Rires)
  • 11:07 - 11:11
    Alors à quoi ai-je droit
    au nom de la justice ?
  • 11:11 - 11:14
    Une excuse ? Une explication ?
  • 11:15 - 11:17
    Un siège au premier rang
    dans cette salle de torture ?
  • 11:17 - 11:19
    Peut-être - sauf la dernière partie,
  • 11:19 - 11:21
    mais peut-être avez-vous
    le droit à ces choses.
  • 11:21 - 11:25
    Neuf fois sur dix, si vous demandez
    ces choses, vous les obtiendrez.
  • 11:25 - 11:29
    C'est pour ça que pardonner n'est souvent
    pas la meilleure chose à faire.
  • 11:30 - 11:32
    Le pardon n'est adéquat
  • 11:32 - 11:36
    que lorsqu'attendre notre dû
    est trop difficile.
  • 11:38 - 11:41
    Pendant toutes ces années,
    avec ce gars enchaîné à mes côtés,
  • 11:41 - 11:42
    j'ai accompli beaucoup de choses.
  • 11:42 - 11:46
    J'ai eu mon diplôme,
    j'ai épousé un homme merveilleux,
  • 11:46 - 11:49
    j'ai débuté une carrière
    qui me plait vraiment.
  • 11:49 - 11:53
    Mais j'ai fait tout cela un peu plus
    lentement, et je ne traînais pas que lui,
  • 11:53 - 11:56
    je traînais aussi ma mère et mon frère,
  • 11:56 - 11:59
    les attachant tous les trois
    inextricablement avec ces chaînes.
  • 11:59 - 12:03
    Assez vite, ce petit groupe a commencé à
    me supplanter dans mon propre corps,
  • 12:03 - 12:05
    et dans ma propre expérience.
  • 12:05 - 12:08
    Et un jour, me perdre moi-même
  • 12:08 - 12:12
    pour le punir et maintenir
    les deux autres en vie,
  • 12:12 - 12:14
    est devenu un poids trop lourd à porter.
  • 12:17 - 12:20
    C'est à cet instant,
    à cette croisée des chemins,
  • 12:20 - 12:22
    que j'ai su ce qui m'était arrivé.
  • 12:22 - 12:25
    Je savais ce qu'on me devait,
  • 12:25 - 12:29
    et j'ai décidé que me choisir était
    plus important que d'être juste.
  • 12:29 - 12:31
    C'est là que j'ai su que
    j'étais prête à pardonner.
  • 12:33 - 12:37
    Je me suis éloignée de Google,
    je n'ai plus posé de questions,
  • 12:37 - 12:38
    et je lui ai écrit une lettre.
  • 12:38 - 12:42
    J'ai même déchiré des pages vierges
    des cahiers de ma mère,
  • 12:42 - 12:43
    et j'ai écrit.
  • 12:43 - 12:49
    Je lui ai dit que ce qui était arrivé
    le 19 décembre 2008 n'était pas normal,
  • 12:49 - 12:52
    et que ça ne le serait probablement
    jamais pour aucun de nous.
  • 12:52 - 12:56
    Mais ça ne voulait pas dire
    qu'il me devait quoique ce soit -
  • 12:56 - 13:01
    ni une excuse, ni une explication,
    ni son rôle de méchant à mes yeux.
  • 13:02 - 13:04
    Je lui ai dit que je détestais
    être réduite
  • 13:04 - 13:07
    à une chose qui m'était arrivée un jour.
  • 13:07 - 13:10
    J'aspirais à être plus, à être entière,
  • 13:10 - 13:15
    et je ne pensais pas pouvoir faire ça
    si je regardais une autre personne
  • 13:15 - 13:18
    et si je la réduisais à une chose
    qu'elle avait faite un jour,
  • 13:18 - 13:20
    la réduisant à la somme de tous les maux.
  • 13:21 - 13:24
    Je lui ai dit que je lui souhaitais
    une vie pleine d'acceptation,
  • 13:25 - 13:27
    et que je le pardonnais.
  • 13:28 - 13:31
    Sans réfléchir, j'ai posté cette lettre
  • 13:31 - 13:34
    au croisement de Flatbush Avenue
    et de Church.
  • 13:34 - 13:38
    Les dix premiers pas, je ressentais
    une certaine légèreté,
  • 13:39 - 13:41
    qui s'est transformée
    en poids dans l'estomac,
  • 13:41 - 13:44
    une sorte de court-circuit spirituel.
  • 13:44 - 13:46
    Ma poitrine s'est dénouée, elle a explosé,
  • 13:46 - 13:50
    et tout à coup, j'étais seule
    avec moi-même.
  • 13:50 - 13:54
    J'étais vraiment toute seule,
    donnant naissance à une étrangère,
  • 13:54 - 13:59
    saluant une fille à qui je n'avais pas
    parlé pendant sept ans.
  • 14:01 - 14:02
    (Soupir)
  • 14:03 - 14:05
    Parfois il me manque.
  • 14:05 - 14:05
    (Rires)
  • 14:05 - 14:08
    Pas lui, le monstre que j'avais créé.
  • 14:08 - 14:11
    Les choses étaient plus dures,
    en noir et blanc,
  • 14:11 - 14:13
    mais aussi plus simples
    avec un méchant à combattre,
  • 14:13 - 14:14
    et plus familières.
  • 14:14 - 14:17
    Tant qu'il était là,
    Maman et Jim n'étaient jamais très loin.
  • 14:17 - 14:21
    C'était des personnages
    attendant dans les coulisses,
  • 14:21 - 14:23
    tandis que nous autres,
    sur scène, parlions d'eux.
  • 14:24 - 14:28
    Mais mon histoire a toujours été
    à propos de ces trois-là.
  • 14:28 - 14:32
    Pour me libérer, je devais être claire
    sur le contrat que je déchirais.
  • 14:32 - 14:36
    Cette mise au point faite,
    je me suis retrouvée seule,
  • 14:36 - 14:39
    au centre de la scène,
    sous les projecteurs,
  • 14:40 - 14:43
    faisant face à des possibilités infinies.
  • 14:44 - 14:47
    Le vrai pardon nécessite de renoncer
    à toutes les attentes.
  • 14:47 - 14:49
    Vous ne pouvez pas espérer
    un dénouement précis,
  • 14:49 - 14:50
    attendre qu'ils vous répondent.
  • 14:50 - 14:54
    Vous ne savez même pas quelle personne
    vous allez être en sortant de scène.
  • 14:54 - 14:57
    Le pardon est vraiment délicat.
  • 14:57 - 14:59
    C'est un de ces outils qui n'est efficace
  • 14:59 - 15:04
    que si nous avons déjà assez guéri
    pour ne plus rien avoir à perdre.
  • 15:04 - 15:06
    Si votre douleur est toujours
    hémorragique,
  • 15:06 - 15:08
    c'est qu'il est trop tôt pour pardonner.
  • 15:08 - 15:11
    Si vous ne pouvez pas relever vos manches,
    me montrer vos cicatrices
  • 15:11 - 15:13
    et me dire ce qu'il vous est arrivé,
  • 15:13 - 15:16
    c'est qu'il est trop tôt pour pardonner.
  • 15:16 - 15:18
    Il n'est jamais trop tard
    pour laisser partir vos méchants
  • 15:18 - 15:20
    et vous retrouver.
  • 15:20 - 15:23
    Et si vous êtes prêt
    à tout laisser aller,
  • 15:23 - 15:27
    le chagrin, la douleur,
    la colère, le traumatisme -
  • 15:27 - 15:30
    et que vous êtes prêt à découvrir
    qui vous êtes,
  • 15:30 - 15:33
    au lieu d'essayer de vous prouver
    votre valeur,
  • 15:33 - 15:35
    je vais être honnête avec vous,
  • 15:37 - 15:39
    toute cette frénésie du pardon
    est légitime !
  • 15:39 - 15:40
    (Rires)
  • 15:40 - 15:44
    Dix sur dix, cinq étoiles,
    je recommande complètement.
  • 15:44 - 15:45
    Merci,
  • 15:45 - 15:47
    (Applaudissements)
Title:
Le vrai risque du pardon - et pourquoi il en vaut la peine | Sarah Montana | TEDxLincolnSquare
Description:

Pardonner est délicat. Tout le monde vous dit que vous devriez pardonner, mais personne ne vous dit comment faire précisément. Et est-ce toujours possible-même dans le cas d'un traumatisme lié à de la violence armée ? Dans une conférence pleine de vulnérabilité et de sincérité, l'auteur Sarah Montana nous fait partager son voyage lors duquel elle a pardonné celui qui a tué sa famille. Elle nous offre sur ce que nous risquons lorsque nous choisissons de pardonner, et un aperçu optimiste sur la liberté qui attend de l'autre côté du chagrin.

Sarah Montana vit à New-York, elle est écrivain, éditrice, et productrice de contenus pour des marques. Elle a servi de nègre à des célébrités, dont les livres ont été vendus à des éditeurs pour plusieurs millions. Elle crée des contenus pour des auteurs, des chefs d'entreprise, des ebooks, des pitchs de TV réalité, des articles, des mémoires et des documents marketing. Elle écrit également des pièces et crée son propre contenu. Sa pièce la plus récente, « La fille, les fantômes et le Minotaure » a été sélectionnée pour une lecture publique en 2017 dans le cadre du « Proof of Concept Reading Series » du Life Jacket Theater à New York.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:54

French subtitles

Revisions