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L'irrationnel pour des meilleurs soins médicaux

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    Avril 2017,
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    le gouverneur du New Jersey, Jon Corzine,
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    a un terrible accident de voiture.
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    Il est assis à la place
    du convoyeur de son 4x4
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    quand il a un accident
    sur la Garden State Parkway.
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    Il est transporté aux urgences.
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    Il a de multiples fractures et coupures.
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    Il doit être opéré immédiatement,
    il lui faut sept poches de sang,
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    un respirateur mécanique
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    et plusieurs opérations supplémentaires
    pour survivre.
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    C'est un miracle qu'il ait survécu.
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    Ce qui était encore plus incroyable,
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    c'est qu'il n'avait pas mis sa ceinture.
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    D'ailleurs, il ne la mettait jamais.
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    Les policiers de l'État
    qui lui servaient de chauffeurs
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    le suppliaient de la mettre,
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    mais il ne le faisait pas.
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    Avant que Corzine devienne gouverneur,
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    il était le sénateur du New Jersey.
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    Et avant ça, il était le PDG
    de Goldman Sachs.
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    Il avait présidé son entrée en bourse,
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    et fait des millions
    de dollars de bénéfice.
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    Peu importe ce qu'on pense
    de Corzine en tant que politicien
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    ou de la manière dont il s'est enrichi,
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    personne ne peut dire qu'il est stupide.
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    Et pourtant,
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    il a eu un accident alors
    qu'il n'avait pas mis sa ceinture,
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    quand tous les Américains savent que les
    ceintures de sécurité sauvent des vies.
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    Cette histoire illustre
    une faiblesse fondamentale
  • 1:15 - 1:18
    dans notre approche pour améliorer
    les comportements liés à la santé.
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    Presque tout ce que nous enseignons
    aux docteurs et disons aux patients
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    est basé sur l'idée que
    nous agissons rationnellement.
  • 1:25 - 1:29
    Si j'apprends quelque chose
    de nouveau, je vais y réfléchir
  • 1:29 - 1:31
    et je vais changer mon comportement.
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    Pensez-vous que Corzine ignorait
    que les ceintures sauvent des vies ?
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    Qu'il n'était pas au courant ?
  • 1:37 - 1:38
    (Rires)
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    Le problème n'était pas
    ses connaissances lacunaires,
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    mais son comportement.
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    Ce n'était pas qu'il ne le savait pas,
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    il le savait très bien.
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    C'était qu'il ne le faisait pas.
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    Je pense plutôt à l'esprit
    comme à quelque chose de très résistant.
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    Changer l'avis de quelqu'un
    en l'informant est déjà difficile.
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    Changer son comportement en l'informant
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    l'est davantage encore.
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    La seule manière dont nous pouvons
    faire de vraies avancées
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    en termes de santé et soins médicaux
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    est de faire de vrais progrès
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    en termes des comportements
    liés à la santé et aux soins médicaux.
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    Si vous frappez mon tendon rotulien
    avec un marteau,
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    ma jambe va faire un bond en avant,
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    et elle va le faire de manière
    beaucoup plus rapide et prévisible
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    que si je devais y réfléchir moi-même.
  • 2:25 - 2:26
    C'est un réflexe.
  • 2:26 - 2:30
    Nous devons trouver
    nos réflexes comportementaux
  • 2:30 - 2:33
    et baser les soins médicaux sur eux.
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    Et pourtant,
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    la plupart des approches conventionnelles
    de la motivation humaine
  • 2:38 - 2:41
    sont basées sur la notion d'éducation.
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    Nous présumons que si les gens
    n'agissent pas comme il faut,
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    c'est parce qu'ils sont ignorants.
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    « Si les gens savaient que fumer est
    dangereux, ils ne fumeraient pas. »
  • 2:50 - 2:52
    Ou nous pensons en termes économiques.
  • 2:52 - 2:55
    Nous présumons que
    nous calculons, tout le temps,
  • 2:55 - 2:57
    les coûts et avantages
    de chacune de nos actions
  • 2:57 - 3:01
    et que nous maximisons ça pour
    prendre la décision la plus rationnelle.
  • 3:01 - 3:03
    Si c'était vrai, il faudrait juste
  • 3:03 - 3:06
    trouver le système de paiement
    parfait pour les docteurs
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    ou le système de remboursements
    parfait pour les patients
  • 3:08 - 3:10
    et tout fonctionnerait parfaitement.
  • 3:10 - 3:14
    L'économie comportementale
    offre une meilleure approche.
  • 3:14 - 3:17
    Elle reconnaît que
    nous sommes irrationnels.
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    Nos décisions sont influencées
    par nos émotions,
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    le contexte social, la manière
    dont la situation est définie.
  • 3:22 - 3:26
    On ne fait pas toujours ce qui est
    dans notre meilleur intérêt à long terme.
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    Mais sa contribution la plus importante
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    n'est pas d'avoir reconnu
    que nous sommes irrationnels,
  • 3:32 - 3:37
    c'est d'avoir reconnu que nous sommes
    irrationnels de façon très prévisible.
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    C'est la prévisibilité
    de nos faiblesses psychologiques
  • 3:40 - 3:43
    qui nous permet de développer
    des stratégies pour les surmonter.
  • 3:43 - 3:45
    Être prévenu, c'est être préparé.
  • 3:45 - 3:48
    D'ailleurs les économistes
    comportementaux utilisent souvent
  • 3:48 - 3:52
    les mêmes réflexes
    qui nous posent des problèmes
  • 3:52 - 3:54
    et les inversent pour nous aider
  • 3:54 - 3:56
    plutôt que nous faire du mal.
  • 3:56 - 3:58
    Parfois notre irrationalité se manifeste
  • 3:58 - 4:01
    sous la forme
    d'une préférence pour le présent,
  • 4:01 - 4:05
    selon laquelle les résultats
    dans un avenir proche sont plus motivants
  • 4:05 - 4:09
    que des résultats encore plus importants
    dans un avenir lointain.
  • 4:10 - 4:13
    Si je suis au régime -
    et je suis toujours au régime -
  • 4:13 - 4:14
    (Rires)
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    et que quelqu'un m'offre
    un gâteau au chocolat,
  • 4:19 - 4:22
    je sais que je ne devrais pas le manger.
  • 4:22 - 4:27
    Il va atterrir directement - et de façon
    permanente - sur la partie de mon corps
  • 4:27 - 4:30
    dans laquelle ce genre de nourriture
    s'installe naturellement.
  • 4:30 - 4:31
    Mais ce gâteau a l'air tellement bon
  • 4:31 - 4:33
    et il est juste devant moi,
  • 4:33 - 4:36
    mon régime peut attendre demain.
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    Avant j'adorais le comédien Steven Wright.
  • 4:38 - 4:40
    Il inventait ces pseudo-proverbes Zen.
  • 4:40 - 4:42
    Mon préféré, c'était :
  • 4:42 - 4:44
    « Travailler dur porte ses fruits
    à long terme,
  • 4:44 - 4:47
    mais être paresseux porte ses fruits
    tout de suite. »
  • 4:47 - 4:48
    (Rires)
  • 4:48 - 4:51
    Les patients ont aussi
    une préférence pour le présent.
  • 4:51 - 4:53
    Si vous souffrez
    d'hypertension artérielle,
  • 4:53 - 4:55
    même si vous voulez vraiment éviter un AVC
  • 4:55 - 4:58
    et que vous savez que prendre
    vos médicaments antihypertenseurs
  • 4:58 - 5:01
    est un des meilleurs moyens de le faire,
  • 5:01 - 5:04
    l'AVC que vous éviteriez paraît lointain
  • 5:04 - 5:06
    et prendre des médicaments est maintenant.
  • 5:06 - 5:10
    Ainsi presque la moitié des patients
    à qui on a prescrit des antihypertenseurs
  • 5:10 - 5:12
    arrêtent de les prendre
    dans l'année qui suit.
  • 5:13 - 5:15
    Pensez à toutes les vies
    que nous pourrions sauver
  • 5:15 - 5:18
    si nous pouvions résoudre
    ce simple problème.
  • 5:20 - 5:24
    Nous avons tendance à surestimer
    l'importance des petites probabilités.
  • 5:24 - 5:27
    Ça explique pourquoi
    le Loto est si populaire
  • 5:27 - 5:30
    même si la majorité des joueurs
    perdent de l'argent.
  • 5:30 - 5:32
    Certains d'entre vous
    y participent peut-être -
  • 5:32 - 5:35
    c'est excitant,
    vous pourriez devenir riche,
  • 5:35 - 5:36
    mais soyons honnêtes :
  • 5:36 - 5:39
    ce serait un très mauvais moyen
    d'investir votre retraite.
  • 5:40 - 5:43
    Une fois, j'ai vu un autocollant
    sur une voiture qui disait :
  • 5:43 - 5:48
    « Le Loto est une taxe pour les gens
    qui ne savent pas compter. »
  • 5:48 - 5:50
    (Rires)
  • 5:50 - 5:52
    Ce n'est pas que
    nous ne savons pas compter,
  • 5:52 - 5:54
    c'est que nous ne pouvons pas
    ressentir les maths.
  • 5:55 - 5:57
    Et nous donnons aussi trop
    d'importance au regret.
  • 5:58 - 6:00
    Nous avons peur de passer
    à côté de quelque chose.
  • 6:00 - 6:02
    Récemment, il y a eu ce Loto
  • 6:02 - 6:04
    avec un gros jackpot,
  • 6:04 - 6:07
    quelque chose d'énorme,
    de l'ordre d'un milliard de dollars.
  • 6:07 - 6:10
    Tout le monde à mon travail a participé
    à un pot commun pour acheter des tickets,
  • 6:10 - 6:12
    et ça m'énervait.
  • 6:12 - 6:14
    Je m'évertuais à leur dire :
  • 6:14 - 6:17
    « Le Loto est une taxe pour les gens
    qui ne savent pas compter. »
  • 6:17 - 6:18
    (Rires)
  • 6:18 - 6:20
    Mais d'un coup, j'ai réalisé :
  • 6:20 - 6:21
    « Oh oh.
  • 6:21 - 6:23
    Et s'ils gagnaient ?
  • 6:23 - 6:24
    (Rires)
  • 6:24 - 6:27
    Je serais le seul
    à venir travailler demain. »
  • 6:27 - 6:28
    (Rires)
  • 6:28 - 6:30
    Ce n'est pas que je ne voulais pas
    que mes collègues gagnent.
  • 6:30 - 6:33
    Mais je ne voulais pas
    qu'ils gagnent sans moi.
  • 6:33 - 6:33
    (Rires)
  • 6:33 - 6:37
    Je me suis dit que ça aurait été
    plus simple de mettre juste 20 dollars
  • 6:37 - 6:39
    dans la déchiqueteuse,
  • 6:39 - 6:41
    le résultat aurait été le même.
  • 6:41 - 6:43
    Même si je savais que je ne devais pas,
  • 6:43 - 6:46
    j'ai donné mes 20 dollars,
  • 6:46 - 6:48
    et je ne les ai jamais revus.
  • 6:48 - 6:49
    (Rires)
  • 6:49 - 6:53
    Nous avons fait beaucoup
    de tests avec des patients
  • 6:53 - 6:55
    dans lesquels nous leur donnons
    des flacons électroniques
  • 6:55 - 6:58
    qui nous permettent de savoir
    s'ils prennent leurs médicaments.
  • 6:58 - 7:00
    Nous les récompensons avec des lotos.
  • 7:02 - 7:03
    Ils gagnent des prix,
  • 7:03 - 7:06
    mais seulement
  • 7:06 - 7:08
    s'ils ont pris leurs pilules
    le jour précédent.
  • 7:08 - 7:11
    Sinon, ils reçoivent un message du genre :
  • 7:11 - 7:13
    « Vous auriez pu gagner 100 dollars
  • 7:13 - 7:16
    mais vous n'avez pas pris vos pilules,
    pas de chance ! »
  • 7:16 - 7:18
    Eh bien, les patients détestent ça.
  • 7:18 - 7:21
    Ils détestent ressentir
    qu'ils ratent quelque chose,
  • 7:21 - 7:23
    et parce qu'ils anticipent
    ce sentiment de regret
  • 7:23 - 7:25
    et qu'ils veulent l'éviter,
  • 7:25 - 7:28
    ils ont beaucoup plus de chances
    de prendre leurs pilules.
  • 7:28 - 7:32
    Exploiter cette peur
    du regret est efficace.
  • 7:32 - 7:35
    Et ça nous mène
    à une conclusion plus générale,
  • 7:35 - 7:38
    qui est la suivante : quand on reconnaît
    que les gens ne sont pas rationnels,
  • 7:38 - 7:42
    on est dans une bien meilleure position
    pour les aider.
  • 7:42 - 7:47
    Ce genre d'irrationalité fonctionne
    même dans les toilettes des hommes.
  • 7:47 - 7:52
    Pour ceux qui ne fréquentent pas
    les urinoirs,
  • 7:52 - 7:54
    laissez-moi vous expliquer.
  • 7:54 - 7:55
    (Rires)
  • 7:55 - 7:56
    Le sol est recouvert de pisse.
  • 7:56 - 7:59
    (Rires)
  • 7:59 - 8:01
    Et il s'avère qu'on peut
    résoudre ce problème
  • 8:01 - 8:05
    en plaçant l'image d'une mouche
    dans le fond de l'urinoir.
  • 8:06 - 8:09
    (Rires) (Applaudissements)
  • 8:09 - 8:11
    Et c'est tout à fait logique.
  • 8:11 - 8:12
    (Rires)
  • 8:12 - 8:14
    Si je vois une mouche,
  • 8:14 - 8:15
    je veux avoir cette mouche.
  • 8:15 - 8:19
    (Rires)
  • 8:19 - 8:21
    Cette mouche va crever.
  • 8:21 - 8:23
    (Rires)
  • 8:23 - 8:26
    C'est à se demander,
    si les hommes peuvent viser,
  • 8:26 - 8:29
    pourquoi pissent-ils sur le sol ?
  • 8:29 - 8:30
    Et s'ils vont pisser sur le sol,
  • 8:30 - 8:32
    pourquoi pisser en face de l'urinoir ?
  • 8:32 - 8:34
    Ils pourraient le faire n'importe où.
  • 8:34 - 8:34
    (Rires)
  • 8:34 - 8:38
    C'est la même chose en soins médicaux.
  • 8:38 - 8:41
    Nous avions un problème à l'hôpital :
  • 8:41 - 8:45
    les médecins prescrivaient
    des médicaments de marque
  • 8:45 - 8:47
    même quand des génériques existaient.
  • 8:47 - 8:51
    Chaque ligne sur ce graphique
    représente un médicament différent.
  • 8:51 - 8:53
    Ils sont listés selon la fréquence
  • 8:53 - 8:56
    avec laquelle ils sont prescrits
    en version générique.
  • 8:56 - 8:59
    Pour ceux en haut, la version générique
    est prescrite 100% du temps.
  • 8:59 - 9:03
    Pour ceux en bas, la version générique
    est prescrite moins de 20% du temps.
  • 9:03 - 9:06
    Nous avons eu de nombreuses
    réunions et formations,
  • 9:06 - 9:08
    mais rien ne marchait -
  • 9:08 - 9:10
    toutes les lignes restent
    plus ou moins horizontales.
  • 9:11 - 9:14
    Jusqu'au jour où quelqu'un
    a installé un petit logiciel
  • 9:14 - 9:16
    dans les dossiers de santé électroniques
  • 9:16 - 9:20
    qui préselectionnait les médicaments
    génériques à la place de ceux de marque
  • 9:20 - 9:22
    pour les prescriptions.
  • 9:22 - 9:24
    Pas besoin d'un statisticien
  • 9:24 - 9:27
    pour se rendre compte que
    ça a réglé le problème d'un coup,
  • 9:27 - 9:29
    et c'est resté le cas.
  • 9:29 - 9:36
    Ça a permis à l'hôpital de sauver
    32 millions de dollars en 2 ans et demi.
  • 9:36 - 9:39
    Je répète : 32 millions de dollars.
  • 9:39 - 9:43
    Et tout ce qu'on a fait, c'était
    de permettre aux docteurs
  • 9:43 - 9:48
    de faire plus facilement
    ce qu'ils voulaient faire depuis le début.
  • 9:49 - 9:53
    Exploiter les notions de perte
    est aussi efficace.
  • 9:54 - 9:58
    Nous avons fait ça avec un concours
    pour aider les gens à marcher plus.
  • 9:59 - 10:02
    Nous voulions que tout le monde
    fasse au moins 7 000 pas par jour,
  • 10:02 - 10:04
    et nous avons mesuré leur nombre de pas
  • 10:04 - 10:06
    avec le podomètre de leur portable.
  • 10:07 - 10:12
    Nous disions juste au groupe A
    s'ils avaient fait 7 000 pas ou non.
  • 10:13 - 10:16
    Nous offrions des récompenses
    financières au groupe B.
  • 10:16 - 10:21
    Nous leur donnions 1,40 dollar chaque jour
    où Ils faisaient 7 000 pas.
  • 10:21 - 10:24
    Le groupe C avait aussi
    une motivation financière,
  • 10:24 - 10:27
    mais elle était structurée
    de manière négative :
  • 10:27 - 10:29
    1,40 dollar par jour équivaut
    à 42 dollars par mois,
  • 10:29 - 10:34
    donc nous leur donnions 42 dollars
    au début de chaque mois
  • 10:34 - 10:36
    dans un compte virtuel
    qu'ils pouvaient voir,
  • 10:36 - 10:40
    et nous retirions 1,40 dollar chaque jour
    où ils ne faisaient pas 7 000 pas.
  • 10:41 - 10:45
    Un économiste dirait que
    ces deux motivations sont identiques.
  • 10:45 - 10:49
    Chaque jour où vous marchez 7 000 pas,
    vous gagnez 1,40 dollar.
  • 10:49 - 10:53
    Mais un économiste comportemental
    dira qu'elles sont différentes,
  • 10:53 - 10:57
    car nous sommes beaucoup plus motivés
    à éviter une perte de 1,40 dollar
  • 10:57 - 11:00
    qu'à les gagner.
  • 11:00 - 11:02
    C'est exactement ce qu'il s'est passé.
  • 11:03 - 11:10
    Le groupe B n'avait pas plus de chances
    d'atteindre leur objectif que le groupe A.
  • 11:10 - 11:12
    La motivation financière ne marchait pas.
  • 11:12 - 11:18
    Mais ceux du groupe C atteignaient
    leur objectif 50% plus souvent.
  • 11:18 - 11:21
    C'est illogique économiquement,
    mais pas psychologiquement
  • 11:21 - 11:24
    car les pertes semblent
    plus importantes que les gains.
  • 11:24 - 11:27
    Maintenant nous utilisons des incitations
    structurées comme des pertes
  • 11:27 - 11:31
    pour aider les patients à marcher plus,
    perdre du poids, prendre leurs pilules.
  • 11:32 - 11:33
    L'argent peut être une motivation.
  • 11:34 - 11:35
    Nous le savons tous.
  • 11:35 - 11:40
    Mais c'est beaucoup plus efficace
    quand on utilise aussi la psychologie.
  • 11:41 - 11:43
    Et l'argent, bien sûr, a ses désavantages.
  • 11:43 - 11:47
    Mon exemple préféré
    est celui d'une crèche.
  • 11:47 - 11:50
    La pire chose que vous puissiez
    faire avec les crèches,
  • 11:50 - 11:52
    c'est d'être en retard
    pour récupérer vos enfants.
  • 11:52 - 11:54
    Personne n'est content.
  • 11:54 - 11:56
    Vos enfants pleurent parce que
    vous ne les aimez pas.
  • 11:56 - 11:57
    (Rires)
  • 11:57 - 12:00
    Les auxiliaires sont mécontents
    car ils doivent finir tard.
  • 12:00 - 12:02
    Et vous vous sentez coupable.
  • 12:02 - 12:06
    Une crèche en Israël a décidé
    de résoudre ce problème,
  • 12:06 - 12:09
    et ils ont fait quelque chose que
    beaucoup de crèches font aux États-Unis :
  • 12:09 - 12:12
    une amende pour les parents en retard.
  • 12:12 - 12:16
    L'amende était de 10 shekels,
    environ 3 dollars.
  • 12:17 - 12:19
    Et vous savez quoi ?
  • 12:19 - 12:21
    Le nombre de retards a augmenté.
  • 12:22 - 12:25
    Si vous y réfléchissez, c'est logique.
  • 12:25 - 12:26
    Quelle affaire !
  • 12:26 - 12:28
    Pour 10 shekels -
  • 12:28 - 12:29
    (Rires)
  • 12:29 - 12:31
    vous gardez mes enfants toute la nuit !
  • 12:31 - 12:33
    (Rires)
  • 12:33 - 12:37
    Ils ont pris une motivation intrinsèque
    forte pour ne pas être en retard,
  • 12:37 - 12:39
    et ils l'ont bradée.
  • 12:39 - 12:42
    Pire encore, quand ils ont
    réalisé leur erreur
  • 12:42 - 12:44
    et éliminé l'amende,
  • 12:44 - 12:47
    le nombre de retards n'a pas diminué.
  • 12:47 - 12:50
    Ils avaient déjà affaibli
    le contrat social.
  • 12:50 - 12:54
    Le domaine des soins médicaux
    regorge de motivations intrinsèques.
  • 12:54 - 12:58
    Les docteurs et patients veulent déjà
    faire ce qu'il faut.
  • 12:58 - 13:01
    Les incitations financières peuvent aider,
  • 13:01 - 13:05
    mais nous ne devrions pas compter dessus
    pour faire toute la différence.
  • 13:06 - 13:10
    A la place, une des choses qui influencent
    le plus nos comportements liés à la santé
  • 13:10 - 13:12
    est nos interactions sociales.
  • 13:12 - 13:15
    La pression sociale est à l’œuvre
    dans le domaine de la santé,
  • 13:15 - 13:17
    et elle va dans deux directions.
  • 13:18 - 13:22
    D'une part, nous nous soucions réellement
    de ce que les autres pensent de nous.
  • 13:22 - 13:26
    Donc un des moyens les plus efficaces
    de changer notre comportement
  • 13:26 - 13:29
    est de rendre nos activités
    visibles par les autres.
  • 13:30 - 13:33
    Nous nous comportons différemment
    quand nous sommes observés.
  • 13:33 - 13:37
    J'ai été à des restaurants qui n'ont pas
    de lavabo dans les toilettes.
  • 13:37 - 13:39
    Le lavabo est à l'extérieur,
  • 13:39 - 13:40
    dans la salle principale
  • 13:40 - 13:43
    où tout le monde peut voir
    si on se lave les mains ou pas.
  • 13:43 - 13:44
    Je ne suis pas certain,
  • 13:44 - 13:47
    mais je pense que beaucoup plus
    de gens se lavent les mains
  • 13:47 - 13:48
    dans ce contexte-là.
  • 13:48 - 13:52
    Nous nous comportons toujours mieux
    quand nous sommes observés.
  • 13:52 - 13:54
    D'ailleurs, il y a une étude sur le sujet
  • 13:54 - 13:57
    qui a été réalisée dans une unité
    de soins intensifs en Floride.
  • 13:58 - 14:01
    Peu de gens se lavaient les mains,
    ce qui est bien sûr dangereux
  • 14:01 - 14:03
    car ça favorise
    la transmission des infections.
  • 14:03 - 14:08
    Des chercheurs ont collé l'image
    d'une paire d'yeux au-dessus du lavabo.
  • 14:08 - 14:10
    Ce n'était pas une personne,
    juste une photo.
  • 14:10 - 14:14
    Ce n'était même pas tout un visage
    mais juste des yeux qui vous fixaient.
  • 14:14 - 14:15
    (Rires)
  • 14:15 - 14:17
    Deux fois plus de gens
    se lavaient les mains.
  • 14:17 - 14:20
    Nous nous soucions tellement
    de l'opinion des autres
  • 14:20 - 14:22
    que notre comportement s'améliore
  • 14:22 - 14:25
    même si nous imaginons seulement
    que nous sommes observés.
  • 14:26 - 14:29
    Et non seulement nous nous soucions
    de l'opinion des autres,
  • 14:29 - 14:33
    mais nous modelons aussi nos
    comportements sur ce que les autres font.
  • 14:34 - 14:36
    Pour en revenir
    aux ceintures de sécurité,
  • 14:37 - 14:42
    quand j'étais enfant, j'adorais
    la série « Batman » avec Adam West.
  • 14:42 - 14:45
    Tout ce que Batman et Robin faisaient
    était tellement cool,
  • 14:45 - 14:48
    et la chose la plus cool
    était la Batmobile.
  • 14:48 - 14:52
    Cette série a été diffusée de 1966 à 1968
  • 14:52 - 14:56
    et à cette époque, les ceintures
    étaient accessoires dans les voitures.
  • 14:57 - 15:00
    Mais les producteurs de la série
    ont fait une chose très importante.
  • 15:00 - 15:02
    Quand Batman et Robin
    utilisaient la Batmobile,
  • 15:02 - 15:04
    la caméra se concentrait sur leurs genoux,
  • 15:04 - 15:07
    et on pouvait les voir
    mettre leur ceinture.
  • 15:07 - 15:09
    Et si Batman et Robin faisaient ça,
  • 15:09 - 15:12
    vous pouviez être sûrs
    que j'allais le faire aussi.
  • 15:12 - 15:15
    Je suis sûr que cette série
    a sauvé des milliers de vies.
  • 15:15 - 15:17
    Et ça marche aussi
    dans le domaine de la santé.
  • 15:17 - 15:21
    Les docteurs utilisent mieux
    les antibiotiques
  • 15:21 - 15:23
    quand ils voient comment
    d'autres docteurs les utilisent.
  • 15:23 - 15:28
    Il y a beaucoup d'activités en médecine
    que les autres ne voient pas
  • 15:28 - 15:30
    mais les médecins sont des animaux sociaux
  • 15:30 - 15:35
    et ils sont plus performants quand
    ils voient ce que d'autres médecins font.
  • 15:35 - 15:38
    Donc l'influence sociale a un impact
    dans le domaine de la santé,
  • 15:38 - 15:41
    d'autant plus si elle est associée
    au regret ou à l'aversion à la perte.
  • 15:42 - 15:45
    Nous ne penserions jamais
    à exploiter ça si nous pensions
  • 15:45 - 15:49
    que tout le monde était
    tout le temps rationnel.
  • 15:49 - 15:52
    Que les choses soient claires :
    je ne condamne pas l'irrationalité.
  • 15:52 - 15:54
    Je veux dire, ce serait
    vraiment irrationnel.
  • 15:54 - 15:59
    Nous savons tous que ce sont les parties
    irrationnelles de notre cerveau
  • 15:59 - 16:03
    qui fournissent notre courage,
    notre créativité, notre inspiration
  • 16:03 - 16:05
    et tout ce qui suscite la passion.
  • 16:05 - 16:07
    Et nous savons aussi autre chose.
  • 16:07 - 16:09
    Nous savons que nous pouvons
    être bien meilleurs
  • 16:09 - 16:12
    à améliorer les comportements
    liés à la santé
  • 16:12 - 16:16
    si nous utilisons les côtés irrationnels
    de notre nature
  • 16:16 - 16:19
    plutôt que de les ignorer
    ou de les combattre.
  • 16:19 - 16:21
    En matière de soins médicaux,
  • 16:21 - 16:26
    comprendre notre irrationalité
    est juste un autre outil.
  • 16:26 - 16:28
    Et exploiter cette irrationalité -
  • 16:28 - 16:32
    c'est peut-être bien
    la chose la plus rationnelle.
  • 16:32 - 16:34
    Merci.
  • 16:34 - 16:38
    (Applaudissements)
Title:
L'irrationnel pour des meilleurs soins médicaux
Speaker:
David Asch
Description:

Pourquoi prenons-nous des décisions que nous savons mauvaises pour notre santé ? Dans ce talk honnête et drôle, l'économiste comportemental et expert en politique de la santé David Asch nous explique pourquoi notre comportement est souvent irrationnel - de façons très prévisibles - et nous montre comment exploiter cette irrationalité pour prendre de meilleures décisions et améliorer notre système de soins médicaux en général.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:53

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