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Pourquoi l'empathie est garante de l’éthique | Joëlle Huaux | TEDxUCLouvain

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    Il y a quelques années,
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    j'ai décidé avec une amie
    de passer la journée au spa.
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    On arrive vers 10 heures
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    et là on réalise que tous les transats
    sont déjà occupés.
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    Il y en a une centaine par deux personnes,
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    tout le reste ce sont des objets,
    des livres, des magazines,
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    des serviettes de bain, des peignoirs.
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    Mon amie me dit :
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    « Regarde, on est arrivé trop tard.
    Il n'y a plus une place de libre ».
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    Je lui dis :
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    « Isa, il y a un panneau qui dit :
    'Veuillez ne pas réserver de transats' ».
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    Ces transats sont prévus
    pour des personnes,
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    pas pour des objets.
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    Donc on se choisit deux places,
    on rassemble toutes les affaires,
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    et on les dispose sur
    les deux transats d'à côté.
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    Une demi-heure plus tard,
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    un couple se rapproche de nous,
    l'air contrarié,
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    et sans un regard, l'air vexé,
    récupère la totalité des affaires.
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    Là on réalise qu'ils n'avaient pas
    réservé deux, mais quatre transats.
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    Je dis à mon amie :
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    « Tu vois, ça,
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    C'est un exemple typique de comment
    on crée la rareté dans le monde. »
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    C'est comme un réflexe.
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    Vous avez vu, sur les buffets à volonté,
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    plus il y a, plus on se sert,
    plus on gaspille
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    et peu importe que ce soit
    au détriment des autres.
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    Le monde va mal à cause
    de ce genre d'excès.
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    On est huit milliards à se partager,
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    bientôt huit milliards,
    à se partager la planète.
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    Bien sûr qu'elle devient trop petite
    pour offrir deux transats par personne.
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    Vous trouvez ça normal, vous ?
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    Que parce que deux milliards d'entre nous
    vivent dans le luxe et l'opulence,
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    six milliards n'ont plus de transats.
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    On a perdu la clé, si jamais
    on l'a déjà trouvée, du vivre-ensemble.
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    On est tellement équipé à vivre
    chacun pour soi
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    qu'on ne se soucie plus
    les uns des autres.
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    La compétition est devenue
    la règle de base.
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    Peu importe qu'elle crée la rivalité
    au cœur des relations humaines.
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    Quant à l'éthique, l'équité, la justice,
    ce sont de très jolis concepts,
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    mais qui ne tiennent pas la route
    quand il s'agit d'intérêts et de profits.
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    Je suis coach depuis 2006
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    et j'accompagne de plus en plus
    de gens en burn out.
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    Les chiffres montrent qu'une personne
    sur quatre fera un burn out dans sa vie.
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    J'en suis à ma deuxième génération.
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    Avant, c'était des gens de mon âge,
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    qui croyaient dans le système et qui
    s'épuisaient à être dans le système.
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    Aujourd'hui, ce sont des jeunes
    qui ne croyaient pas déjà dans le système,
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    mais qui ne peuvent plus et
    ils ne veulent plus y participer.
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    C'est une bonne nouvelle.
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    Pour moi, l'épidémie de burn out
    est une chance.
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    Elle nous donne la chance
    de nous réveiller.
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    Elle est comme un signal d'alarme
    qui nous invite à nous reconsidérer chacun
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    comme des petites planètes,
    pleines de ressources,
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    dont on doit apprendre à prendre soin
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    comme on doit apprendre
    à prendre soin de la grande.
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    Notre humanité est menacée.
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    On doit créer un monde
    beaucoup plus organique,
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    partout : dans les maisons,
    dans les entreprises.
  • 4:11 - 4:12
    C'est tout simple.
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    Il faut juste se reconnecter
    à notre intelligence cellulaire,
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    à notre sagesse physiologique.
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    On a une biologie qui a fait ses preuves.
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    Ça fait trois millions d'années
    qu'elle s'adapte à notre environnement.
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    On peut faire confiance à cette biologie.
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    Pour moi, le grand défi de demain
    serait d'apprendre à partager.
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    J'ai une super bonne nouvelle,
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    c'est qu'on est tous physiologiquement
    câblé pour partager.
  • 4:58 - 5:03
    Savez-vous que la neurobiologie
    a découvert
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    qu'on est en connexion non-stop
    les uns avec les autres ?
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    Derrière nos yeux se cache un gigantesque
    réseau de neurones miroirs
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    qui ne sont rien de moins que les neurones
    de l'empathie.
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    Cent mille millions de neurones miroirs
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    créent sans cesse
    des milliers de connexions.
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    Si ça, ce n'est pas de la performance !
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    Notre cerveau est conçu pour être en lien
    non-stop avec le monde,
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    mais aussi avec le monde
    des autres cerveaux.
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    J'ai deux exemples
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    pour illustrer cette connexion humaine
    innée, constante et inconsciente.
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    C'est le sourire et le bâillement,
    il n'y a rien de plus contagieux.
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    Vous ne devez même pas
    connaître la personne.
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    Vous avez déjà remarqué aussi qu'il suffit
    de vous promener dans la rue
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    et si vous êtes avec un grand sourire
    et vous croisez le regard de quelqu'un,
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    il va s'arrêter et va dire :
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    « On se connaît ? »
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    C'est génial.
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    On doit vraiment protéger
    cette connexion humaine.
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    C'est vraiment important
    si on veut protéger notre espèce.
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    Pour ça, on doit protéger notre empathie.
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    En fait, c'est un sixième sens
    et il est le garant de notre humanité.
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    Hélas, comme tous nos sens,
    que ce soit le goût, l'odorat, etc.
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    il est très fragile
    et il peut être perverti.
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    Si mon regard est détourné de toi
    parce que je suis trop pressée,
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    ou bien je suis épuisée, fascinée par
    mes écrans, focalisée sur mon nombril,
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    je m'insensibilise.
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    Du coup, tu n'es plus rien pour moi.
    Je ne te calcule plus.
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    Je trouve horrible cette expression,
    « Je ne te calcule plus ».
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    Ce qui t'arrive m'indiffère.
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    Mais par contre, si tu menaces
    mes intérêts,
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    je vais m'arranger pour
    me débarrasser de toi.
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    Par contre, si on prend le temps
    de se regarder, de se connecter,
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    de se mettre en lien
    les uns avec les autres,
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    c'est tout magique.
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    La connexion se fait automatiquement.
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    Mes neurones miroirs me permettent
    de me mettre à ta place,
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    de sentir ce que tu sens,
    de vivre ce que tu vis.
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    On n'est plus des étrangers.
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    Ta considération va réveiller la mienne,
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    et si je vois que tu n'as pas de transats
    et que j'en ai deux,
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    je vais avoir, mais très naturellement,
    l'envie de partager.
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    On est tous câblés pour cette empathie.
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    On est tous câblés pour partager.
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    Alors, pourquoi est-ce
    qu'on ne le fait pas ?
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    Parce que c'est un choix.
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    C'est un choix et une responsabilité
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    de donner de la valeur et aussi
    de la chaleur aux gens.
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    Pour ça, c'est tout simple.
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    Il faut reprendre l'habitude
    de lever nos yeux,
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    de regarder autour de nous
    et de regarder ceux qui vivent avec nous.
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    Trois secondes de connexion
    permettent de créer le lien,
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    permettent de créer cette reliance
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    qui fait qu'au-delà de nos différences,
    on est tous de la même espèce.
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    Alors voilà trois heures que vous êtes là,
    assis les uns à côté des autres.
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    On va faire une petite expérience.
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    Ne vous inquiétez pas.
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    Ça ne va pas durer longtemps et ce sera
    important de garder le silence.
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    Alors, pour ce qui le peuvent,
    je vous propose de vous lever,
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    et de vous tourner vers votre voisin.
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    En prenant soin, peut-être que le maximum
    de personnes puissent faire l'expérience.
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    C'est vrai que dans la salle
    il y a des rangs impairs.
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    Si vous ne pouvez pas faire l'expérience,
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    je vous propose juste de regarder.
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    Ce qu'on va faire, c'est que face à
    notre voisin, on va fermer les yeux.
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    Chut.
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    Respirez.
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    Connectez-vous à votre bienveillance,
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    à votre sensibilité.
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    À mon signal, je vous demanderai
    d'ouvrir les yeux,
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    et d'accueillir le regard de votre voisin,
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    pendant trois vraies secondes.
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    (Rires)
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    Vous êtes prêts ?
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    Ouvrez les yeux.
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    Restez en silence.
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    Vous pouvez fermer les yeux.
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    Sentez à l'intérieur de vous.
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    Est-ce un exercice facile ou difficile ?
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    Maintenant vous pouvez ouvrir
    les yeux et vous rasseoir.
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    On est un peu plus conscient
    de la présence les uns des autres.
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    J'ai envie de terminer par ça.
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    L'être humain est un génie.
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    Chacun de ses progrès
    a façonné la planète.
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    Aujourd'hui, la planète va mal.
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    C'est pour ça que c'est important
    de questionner nos progrès.
  • 11:50 - 11:55
    Quels sont ceux qui sont
    véritablement et honnêtement
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    de grands pas pour l'humanité ?
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    Nous venons d'échanger des regards.
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    Imaginez que ces regards se multiplient,
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    dans la rue, dans le bus,
    dans les maisons, à l'école,
  • 12:11 - 12:15
    au bureau, dans les réunions politiques.
  • 12:17 - 12:21
    Je suis certaine qu'on prendrait
    de meilleures dispositions
  • 12:21 - 12:23
    pour les personnes et pour la planète.
  • 12:23 - 12:26
    Je suis bien certaine
    d'une autre chose aussi.
  • 12:27 - 12:34
    C'est qu'on ne trouverait plus le courage
    de fermer les yeux, de fermer les portes,
  • 12:34 - 12:37
    de fermer les frontières,
    de dresser des murs
  • 12:37 - 12:40
    pour nous détourner de nos semblables.
  • 12:42 - 12:47
    Le grand progrès de demain est un progrès
    qui est à l'intérieur de nous.
  • 12:47 - 12:50
    Il s'agit de développer chacun
    notre humanité.
  • 12:51 - 12:54
    Il n'y a pas de petits
    gestes d'attention,
  • 12:54 - 12:57
    pas de petits gestes de considération,
  • 12:57 - 12:59
    si on est des milliers à le faire.
  • 13:00 - 13:02
    Je vous passe le relais.
  • 13:03 - 13:07
    (Applaudissements)
Title:
Pourquoi l'empathie est garante de l’éthique | Joëlle Huaux | TEDxUCLouvain
Description:

Dans ce talk, Joëlle Huaux remet en question notre rapport à l'autre dans le contexte du burn-out planétaire, et nous explique comment ce rapport à l'autre repensé est l’une des clés pour relever les défis sociétaux actuels. Elle questionne le regard que détient l’être humain sur lui-même et l’impact que son comportement peut causer, et propose ainsi une réflexion anthropocentriste sur la perception de soi - et par conséquence des autres - et sur la nécessaire reconnexion avec les êtres humains qui nous entourent.

Joëlle Huaux est licenciée en communication et psychologie à l’UCLouvain . Elle a travaillé durant 17 ans dans la publicité et également en tant que business coach (avec focus sur les enjeux relationnels, cartographie des talents, etc) ainsi que life coach. Actuellement, elle est coach à l'IAD et UCM.

Cette présentation a été donnée lors d’un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : https://www.ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
13:10

French subtitles

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